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Love me tonight

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MessageSujet: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeMar 24 Fév - 10:53

Rappel du premier message :



Love me tonight

Personnage(s) Principal(aux) : Les maraudeurs, OC
Résumé : Un prédateur rode dans la Forêt Interdite, une créature dangereuse, un être qu’il ne vaut mieux pas rencontrer. Pourtant, il y aura une personne pour croiser son chemin . . . Et débuter une toute nouvelle vie.
Rating : M
Pseudo de l'auteur : Mayra
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Fiche par Chadot pour Riddikulus
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeMar 7 Avr - 18:21

Chapitre 25 : Journée riche en émotions

Je change la page de mon livre et jette un œil sur le diagramme qui s’offre à mes yeux. Les runes qui y sont inscrites me semblent incompréhensibles au premier abord, puis, après en avoir reconnu quelques unes, je comprends un peu mieux ce qu’il reflète. En face de moi, Camille mordille une plume en sucre, l’air ailleurs. Son regard reste scotché au ciel bleu qui apparaît à travers la fenêtre, son livre ouvert à la même page depuis une demi-heure. Je ne dis rien, ne fais aucune réflexion. Je connais cet air. Elle avait le même quand elle a commencé à s’intéresser à Fred, il y a deux ans. Je souris en me concentrant sur mes révisions. J’apprécie qu’elle soit passée à autre chose, et qu’elle ait commencé à remarquer les autres garçons. Après la mort de Fred, il y avait eu quelques signes de jeunes hommes souhaitant s’approcher d’elle, mais elle était restée hermétique. Visiblement, l’un d’entre eux a fini par percer le rempart. Je me demande qui est l’heureux élu, mais sais aussi que je ne saurais rien tant que Camille n’aura pas décidé de se confier à moi. Je ne suis pas pressée, alors je lui laisse le temps de savourer sa nouvelle idylle.
Je note quelques lignes sur le parchemin à propos du diagramme puis repose mes yeux sur le livre. L’épais bouquin aurait de quoi faire fuir n’importe quel étudiant, mais j’ai besoin des informations qui y sont pour mes révisions. Les ASPIC’s arrivent à grands pas à présent, il ne nous reste plus qu’un mois pour nous y préparer. Les dates des examens sont d’ailleurs tombées, ce qui n’a pas manqué de faire paniquer ceux qui se la coulaient douce. Je jette un œil sur Camille. Elle tripote son grain de beauté. Agacée, je lui file une tape sur la main, ce qui a le don de la ramener sur terre. Je lui montre alors son parchemin du bout de ma plume et elle me sourit avant d’attaquer ses révisions. C’est alors à mon tour de rêvasser. Malheureusement, c’est une chose qui m’arrive de plus en plus souvent ces derniers temps, ce qui étonne passablement Camille. Mais elle ne dit rien, parce que je reste muette comme une tombe sur l’objet de mes rêves. Il faut dire qu’ils ne sont pas partageables, puisqu’autrement, je serais encore plus embêtée que je ne le suis déjà. Et ce n’est pas peu dire.
Mon esprit vogue alors vers un certain Gryffondor aux cheveux noirs et au regard gris. Comme à chaque fois, je nous revois partageant ce baiser. Je le sens de nouveau plaquer son corps contre le mien, me coincer contre le mur et s’emparer avidement de ma bouche. Je ressens la texture de ses cheveux, de sa peau, l’odeur de son sang, j’entends son cœur battre précipitamment, son souffle irrégulier contre moi. Nous n’avons partagé qu’un seul moment comme celui-ci, et il m’a déroutée au-delà des mots, pour plusieurs raisons. La première, Sirius m’a embrassée, moi. La deuxième, je ne me suis même pas défilée. La troisième, et pas des moindres, notre baiser a dégénéré sans qu’aucun de nous deux ne comprenne ce qu’il s’était passé, comme l’attestait notre regard quand nous nous sommes séparés.
Je ferme les yeux en inspirant profondément, envoyant ces pensées très loin. En face de moi, Camille relève la tête et me jette un regard interrogateur. Je n’y réponds pas et replonge dans mon travail. Camille ne sait rien de ce qu’il s’est passé ce jour-là, je ne le lui ai jamais dit. C’est pour ça qu’elle a été très étonnée quand je me suis mise à éviter Sirius, et par conséquent, les maraudeurs dans leur intégralité. Elle les côtoie toujours, mais j’ai forcément une raison de me défiler quand elle m’annonce qu’on va les voir. A plusieurs, reprises elle m’a aussi interrogée à ce sujet, sans résultats. Peut-être a-t-elle fait le rapport entre les maraudeurs et mes rêvasseries, mais elle n’en a jamais fait mention.
Un raclement de chaise interrompt le silence qui régnait dans la bibliothèque. Je tourne la tête vers Lily et son amie Sanves qui révisent plus loin, l’une d’elle a rapproché sa chaise de la table, puis je replonge dans mon livre de runes. Alors que moi, je me suis mise à éviter Sirius comme la peste, lui me piste avec le flair d’un fin limier. Je le distance, grâce à ma vitesse, mais il finit inlassablement par me retrouver, où que je sois, dès que l’envie lui prend de me voir. Pendant les deux semaines qui se sont écoulées depuis l’incident entre nous, j’ai réussi à prendre la fuite à temps avant qu’il ne me coince pour parler. Car je sais que c’est de cela qu’il s’agit. Remus, Peter et James ont essayé de me convaincre de laisser une chance à Sirius, bien qu’il me semble qu’aucun des trois maraudeurs ne sache exactement de quoi il en retourne entre nous. Mais je n’en ai pas la moindre envie. J’ai trop peur de ce qu’il se dirait. Ou de ce qu’il se passerait.
- Mandy ?
Je relève la tête à l’interpellation de Camille. Elle me montre une Rune du bout de son doigt et me demande une vérification de ce qu’elle pense en être la traduction. Je confirme son hypothèse et retourne à mon devoir. Je dois arrêter de penser à Sirius. Je me suis promise de ne plus le faire. Toute cette histoire d’Appel est trop compliquée pour moi. Considérer le Gryffondor comme un apport de nourriture était déjà passable, mais savoir qu’il est aussi apparemment le seul être au monde avec qui je serai un jour parfaitement heureuse est déstabilisant. Loin de moi l’idée de l’enchaîner à ma personne. Et tant pis si, sur le long terme, je dois souffrir de la perte de mon Calice.
Je me secoue mentalement. Je me promets d’arrêter de penser à tout ça, mais je continue pourtant. C’est carrément de l’auto-flagellation à ce niveau. Je préfère penser à autre chose. Instantanément, comme si mon esprit ne pouvait pas se tourner vers un sujet autre que les vampires, l’image de Tony s’imprime sur ma rétine. Un léger sourire m’échappe. C’est assez drôle quand j’y repense, mais pourtant ça ne devrait pas l’être. L’enquête sur les meurtres stagnant à défaut de réels indices, Tony a décidé de passer son temps autrement, en attendant que mon créateur réapparaisse, et au grand dam de Severus Rogue. Le pauvre garçon se retrouve avec un vampire tricentenaire qui n’a de cesse de lui faire la cour. Certes, cela reste encore discret aux yeux des élèves, mais plus le temps passe et plus Tony s’enhardit, et bientôt tout le monde s’en apercevra. Rogue n’aura alors pas d’autres choix que de devenir très désagréable avec le vampire pour qu’il cesse de l’importuner, et Tony se retrouvera de nouveau au trente-sixième sous-sol. Ce sera alors à moi de récupérer les restes du vampire.
Soudain, m’arrachant à mes réflexions, un cri de colère perturbe le silence de la bibliothèque, surprenant tout le monde. Je relève la tête, croise les regards de Camille et Lily, aussi étonnés que le mien, puis Dan Smith, capitaine de l’équipe de Serdaigle, apparaît entre deux rayons, s’avançant vers nous d’un air meurtrier. Camille ouvre de grands yeux épouvantés et lâche :
- Oh Merlin ! J’ai complètement oublié !
Je la regarde, surprise, alors qu’elle se lève et qu’elle range précipitamment ses affaires dans son sac.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? Demandé-je.
Elle secoua la tête, mortifiée.
- J’ai complètement oublié notre entraînement de ce matin, dit-elle au moment où Dan se poste derrière elle, avec l’air d’être à deux doigts de l’étrangler.
Mais il ne peut pas dire un mot puisque Mme Pince, qui n’a sans doute pas aimé son intervention bruyante, lui saute dessus avec la vélocité d’un guépard et le traîne hors de sa bibliothèque en hurlant plus fort que lui précédemment. Camille me fait un sourire hésitant avant de quitter sa place en courant. Je sais pourquoi elle doit s’entraîner, bien sûr, mais j’avais moi aussi oublié le match Serdaigle contre Poufsouffle de l’après-midi même. Ce n’est pas un match décisif, juste une compétition amicale instaurée par le professeur Dumbledore pour alléger l’atmosphère alourdie par les meurtres, mais Dan tient à la victoire, alors…
Je croise le regard de Lily et nous partageons un sourire complice. Elle roule des yeux, signifiant qu’elle est exaspérée, et je devine qu’elle parle de Dan. Comme le match opposant les Gryffondor aux Serpentard est la semaine prochaine, j’imagine que James doit être pareil avec ses joueurs et que c’est pour ça que Lily me comprend et est aussi exaspérée que moi. Avec un dernier regard et un dernier sourire à Lily, je range mes affaires, remets le livre de runes à sa place et quitte la bibliothèque à mon tour. Camille partie, je vais m’intéresser aux Sortilèges, puisque je lui ai promis de travailler les Runes avec elle.
Une fois hors de la bibliothèque, je constate que le château est plutôt frais. Le soleil ardant ne parvient pas à réchauffer la pierre. C’est agréable. En prenant la route de la tour de Serdaigle, je croise Crow et Grayson, occupées à astiquer les armures de tout un couloir. Un sourire amusé étend mes lèvres. J’ai longtemps eu l’idée de me venger pour le sortilège de Crâne Chauve, mais j’ai finalement abandonné. L’humiliation qu’elles subissent depuis deux semaines me ravit, surtout qu’elles n’en sont qu’à la moitié. D’ailleurs, les menaces conjuguées de Sirius et du corps enseignant ont fonctionné puisque je n’entends plus rien venir du fan-club. En même temps, il faut dire qu’on ne me voit plus trop dans les pattes de leur idole.
Je dépasse le couloir où travaillent Crow et Grayson, quand tout à coup, une idée me vient. Je me suis régulièrement demandé depuis la chute de mes cheveux, geste particulièrement sadique, s’il n’y avait pas autre chose derrière les agissements de Crow. Je comprends qu’elle jalouse une fille qui s’approche d’un mec auquel elle s’intéresse mais de là à prendre de telles mesures ! Alors, je fais demi-tour et pénètre dans le couloir. Grayson est loin, Crow proche. Je pense pouvoir lui parler sans que son amie ne nous entende, ni ne nous dérange. Je tapote alors l’épaule de Crow. Elle se retourne, surprise, puis prend un air agacé quand elle s’aperçoit que c’est moi.
- Dawn, soupire-t-elle. Qu’est-ce que tu veux ?
- Te poser une question, fais-je avec toute la franchise dont je suis capable. C’est vraiment seulement parce que tu t’intéresses à Sirius que tu m’as fait tout ça, ou il y a autre chose ?
Ses yeux s’abaissent sur mon visage alors qu’elle se redresse. Je n’aime pas quand elle fait ça. Je suis déjà bien assez embêtée avec ma taille, sans qu’elle me rappelle continuellement que j’atteins le mètre soixante seulement en me hissant sur le bout des pieds. Je la regarde droit dans les yeux et je sais qu’elle s’apprête à nier. Heureusement, Tony m’a appris un petit machin assez pratique. Je ne sais pas si ça marche que sur le sexe opposé ou sur tout le monde, mais ça ne coûte rien d’essayer. Alors, je laisse mon charisme s’exprimer autant qu’il le souhaite. Crow écarquille légèrement les yeux. Apparemment, ça fait son petit effet sur toutes personnes confondues. Je souris gentiment, comme pour l’apaiser. Elle me sourit en retour, le regard un peu vague. Cela illumine son visage et je la trouve vraiment jolie. Elle a quand même un certain charme. Pourquoi Sirius ne s’est pas intéressé à elle ?
- Y a-t-il autre chose derrière toute cette histoire ? Demandé-je de nouveau.
- Oui, approuve Crow. J’aime Sirius et nous sommes fiancés.
- Hein ?
Elle acquiesce d’un signe de tête.
- Oui, depuis que nous avons onze ans
J’ai l’impression que mon charisme n’est pas tout à fait au point. Parce que bon, des fiançailles à onze ans, c’est quand même pas courant. Elle serait pas en train de disjoncter ?
- Et comment ça se fait ? Interrogé-je, curieuse de savoir si c’est vraiment mes pouvoirs vampires qui ne sont pas au point.
- Nos parents nous ont fiancé, m’explique-t-elle. Nos sommes tous les deux issus de familles au sang-pur, et les mariages de convenances sont monnaie courante encore aujourd’hui, pour conserver la pureté du sang. Alors, il a été décidé que nous nous marierons à la fin de nos études à Poudlard.
Je suis trop abasourdie pour vouloir continuer à la tenir sous mon charme. Je remets mon charisme en veilleuse et Crow secoue la tête, comme pour sortir d’un songe.
- Mais, pourquoi je t’ai dit tout ça moi ? S’étonne-t-elle à voix haute en fronçant les sourcils.
J’hausse les épaules.
- T’avais peut-être besoin de te confier à quelqu’un. Enfin bref, Sirius n’a jamais parlé de ça ! M’exclamé-je.
Elle affiche un sourire désabusé.
- Sirius a été renié par sa famille. Nos fiançailles sont officiellement rompues.
- C’est une chose que tu n’as pas l’air d’avoir compris visiblement, répliqué-je en haussant un sourcil.
- Je ne perds pas espoir de voir un jour Sirius revenir à la raison. Il reviendra vers sa famille. Ce n’est que . . . la crise d’adolescence, il a besoin de se rebeller. Ca lui passera.
C’est bien connu, l’amour rend aveugle. Mais apparemment, ça rend obtus aussi. Je secoue la tête en inspirant profondément. Maintenant que je comprends un peu mieux ses réactions, j’avoue avoir encore moins de griefs contre elle. Elle est amoureuse, vraiment amoureuse, et elle espère revoir l’homme qu’elle aime revenir vers elle et finir par l’épouser, comme prévu. On ne peut pas vraiment lui en vouloir d’espérer être heureuse. Qui sait à qui d’autre ses parents la colleront pour conserver la « pureté du sang » ?
Je relève les yeux vers Crow qui me regarde, indécise quant à l’attitude à adopter. Je lui souris.
- Si tu veux bien je propose qu’on enterre la hache de guerre. Comme tu l’as constaté, je ne m’intéresse pas à Sirius, et tu remarqueras rapidement j’espère, que tu te berces d’illusions le concernant. Du peu que j’en sais, il hait cordialement sa famille. Ca m’étonnerait qu’il revienne.
Je voudrais bien ajouter qu’elle devrait elle aussi envoyer paître ses parents et épouser quelqu’un qu’elle aimera et qu’elle aura choisi, mais je ne suis pas sûre qu’elle le prenne bien. Alors, je me tais, lui fais un signe de tête sans attendre sa réponse et fais demi-tour. Maintenant, j’ai deux mots à dire à un certain Gryffondor.
Sac sur l’épaule, je parcours les couloirs du château à la recherche des maraudeurs pendant plusieurs minutes. Je croise plusieurs personnes, leur demande s’il ne les ont pas vus, mais ils semblent être aux abonnés absents. C’est malin, quand je ne veux pas les voir, ils sont partout et quand je les cherche, ils disparaissent de la surface de la planète. Au bout d’une demi-heure, exaspérée, je finis par sortir dans le parc et par rejoindre le stade de Quidditch pour y retrouver Camille. L’heure d’entraînement étant terminée, je vais pouvoir récupérer ma meilleure amie.
En entrant sur le terrain, je constate qu’il n’y a pas que du bleu et bronze de présent. Il y a aussi du rouge et or. J’arrive pile au moment où la transition entre les deux équipes se fait. Évidemment, j’aurais dû penser aux entraînement un peu plus tôt. Mon agacement revigoré, je m’avance vers l’équipe de Quidditch de Gryffondor encore au sol, alors que celle de Serdaigle atterrit pour rejoindre les vestiaires. Remus et Peter qui sont là s’aperçoivent alors de ma présence.
- Salut Mandy, me salue Remus avec un grand sourire en même temps que Peter me fait un signe de la main. Ca fait longtemps qu’on ne t’a pas vue.
- Bonjour, fais-je en m’arrêtant à son niveau. Sirius est là ?
Un rictus amusé apparaît sur les lèvres de Remus.
- J’en connais un qui va être content, dit-il en me montrant l’équipe, me confirmant ce que je pensais.
Je le remercie et m’avance vers le groupe. James est en train d’expliquer le plan d’entraînement à son équipe. Il est toujours aussi gestuel dans ses explications et je vois certains qui sourient, amusés. Je m’immisce dans leur cercle, occasionnant une grande surprise. James, tout aussi étonné que les autres, me reconnaît le premier.
- Hey, salut Mandy ! Tu viens nous espionner ? Plaisante-t-il.
Je lui fais un vague salut de la main, les yeux fixés sur Sirius, posté à sa droite. Ce dernier, surpris, sourit et ouvre la bouche pour parler, et me saluer sans doute, mais je ne lui en laisse pas le temps. Je pointe un doigt dans sa direction que je presse fortement contre sa poitrine, mécontente.
- Espèce de débile atrophié du bulbe, dis-je quelques décibels trop haut. T’as même pas été foutu de te souvenir que t’étais fiancé à Jessie Crow depuis que t’avais onze ans !
Il ouvre de grands yeux surpris. Puis, un éclair de génie passe dans son regard.
- Ah mais c’est ça ! Je savais bien que sa tête me disait quelque chose !
Je colle une solide claque sur son bras droit en grimaçant de rage. Il laisse échapper une exclamation de douleur non feinte. J’ai dû mal contrôler ma force.
- Et après je m‘étonne de me retrouver avec de la fiente de véracrasse dans les cheveux, des serpents dans mon sac, ou plus un seul poil sur le caillou. T’aurais pas pu t’en souvenir plus tôt non ? T’es vraiment qu’un crétin, Black !
Pas calmée, mais au moins contente d’avoir pu faire part à Sirius de ce que je pensais de sa mémoire de poisson rouge, je fais demi-tour et quitte le stade de Quidditch, mais non sans entendre James dire avec humour :
- Tu dois être content Patmol, toi qui désespérais parce qu’elle ne voulait plus te parler !
Le rire tonitruant de James qui suit sa réplique m’accompagne jusque dans le parc.


O0o0O

La tête nauséeuse que tire Camille aurait de quoi m’amuser si je n’étais pas occupée à traiter Dan Smith de tous les noms à voix basse. C’est le déjeuner, le match commence dans une demi-heure, et mon amie a toujours la même tête de malade depuis qu’elle est revenue de son entraînement. Apparemment, elle aurait pris un cognard mal placé, et son imbécile de capitaine n’a pas cru nécessaire de l’envoyer à l’infirmerie. J’ai une affreuse envie de tordre le cou à quelqu’un, surtout que je ne me suis toujours pas remise de mon agacement envers Sirius.
Smith semble sentir mon regard sur sa nuque et il tourne ses yeux vers moi. Je lui fais une grimace de colère en montrant Camille d’un signe de la tête. Il la regarde, fronce des sourcils, et hausse des épaules dans ma direction avant de retourner à son repas. Je vais faire de la bouillie à véracrasse de ce crétin ! Je me lève, prête à dire les autres vérités à Smith, quand Camille me retient par la main.
- Laisse tomber, me dit-elle.
- Laisser tomber ? Non mais, est-ce que tu t’es regardée ? Tu ferais peur à un mort !
Un sourire fugace passe sur son visage mais elle ne me lâche pas. Alors, je me rassois en soupirant, excédée. J’essaye de la raisonner.
- Va au moins prendre une potion à l’infirmerie. Je te jure, t’as vraiment pas bonne mine. Et puis, si ça se trouve, il t’a cassé quelque chose ce fichu cognard.
Elle secoue la tête.
- Ca va aller, je te dis.
- Tu te sens capable de jouer ? Fais-je avec un soupçon d’incertitude dans la voix. Le poste de poursuiveur n’est pas le plus tranquille, tu le sais mieux que personne.
- Ca ira, je te dis. T’inquiète. D’ailleurs, il faut que j’y aille maintenant.
Elle se lève et je fais de même, désireuse de l’accompagner jusqu’au terrain, histoire de vérifier qu’elle ne tourne pas de l’œil en cours de route. Si je voulais, je pourrais la porter sur mon dos et l’amener de force à l’infirmerie, mais quelque chose me dit qu’elle ne le prendrait pas bien, alors je m’abstiens. On passe devant la table des Gryffondor, que j’ignore, et une interpellation se fait entendre.
- Camille, est-ce que ça va ?
La voix inquiète de Peter résonne dans mes oreilles alors que je le regarde se lever de table pour s’approcher de mon amie. Sourcils froncés, il semble vraiment inquiet de son état de santé. Camille tente un sourire timide pour le rassurer. Inutile de dire que c’est un échec. Peter me regarde alors.
- Il faut l’emmener à l’infirmerie, dit-il.
Je lâche un rire désabusé.
- Bon courage, lui souhaité-je.
Il ne comprend pas et prend la main de Camille en lui disant qu’il l’accompagne voir Pomfresh. La réaction ne se fait pas attendre. Elle s’arrache de la poigne de Peter en reculant et dit d’une voix irritée :
- Mais non à la fin, je dois jouer ce match. Laissez-moi tranquille, je vais très bien.
Et elle s’éloigne d’un pas chancelant, pas du tout crédible. Je lui donne dix minutes de match, avant de tomber de son balai. Et une fois Camille bien au chaud dans un lit à l’infirmerie, Smith va entendre parler du pays. Peter se tourne alors vers moi, abasourdi par le comportement de mon amie. J’hausse des épaules.
- Elle est très forte au jeu de l’autruche. Même une fois à moitié dans les choux, elle te dira encore qu’elle se porte comme un charme.
Peter roule des yeux, excédé. Je sais ce que c’est, ça fait sept ans que je la connais. J’entends alors James, qui était assis à côté de Peter, se lever de sa place, un morceau de pudding dans la bouche qu’il termine d’engloutir.
- On avait l’intention d’aller voir le match, m’annonce-t-il. Ca te dérange si on s’installe avec toi ? Sauf si, bien sûr, tu as encore l’intention de traiter Sirius d’imbécile atrophié du bulbe.
Peter, James et Remus se marrent dans leurs barbes. Apparemment, ils ont apprécié ma courte visite de ce matin. A la tête que tire Sirius de l’autre côté de la table, lui, beaucoup moins. Le temps d’une seconde, je réfléchis à la proposition de James et pèse le pour et le contre. Sirius ne pourra pas me parler de ce qu’il s’est passé deux semaines auparavant puisque nous serons entourés. Et j’ai envie de passer un peu de temps avec eux, ça fait longtemps.
- C’était débile atrophié du bulbe, rectifié-je, et non, ça ne me dérange pas. Mais on y va maintenant, j’aimerais rattraper Camille avant qu’elle n’atteigne les vestiaires, au cas où.
Remus et Sirius se lèvent alors et remontent la Grande Salle entre les tables de Gryffondor et Serpentard, pendant que James, Peter et moi filons droit vers les portes. Nous nous y rejoignons avant de passer dans le hall puis de sortir dans le parc. Camille est juste devant. Bien sûr, vu l’état dans lequel elle est, elle ne peut pas marcher vite. Peter et moi courons pour la rejoindre, mais nous ne disons rien. Elle va s’énerver autrement. Derrière, les trois autres maraudeurs nous suivent aussi en silence. Lorsque nous arrivons aux vestiaires, elle est la première sur place et nous la laissons se changer seule. Nous allons prendre place dans les gradins, dans la tribune des Serdaigle.
- Ca fait bizarre de se retrouver de ce côté-ci du terrain, fait James en se penchant sur la rambarde pour jeter un œil au sol, vingt mètres plus bas. Pas vrai, Sirius ?
Son ami le rejoint près de la rambarde, alors que Remus, Peter et moi prenons place sur le premier banc. Derrière nous, des Serdaigle s’installent à leur tour.
- Ouais, sans parler du fait qu’en première année on était dans les tribunes de Gryffondor, dit Sirius.
Il jette un œil circulaire sur le terrain, puis les deux amis viennent s’asseoir. Je ne comprends pas pourquoi Remus, assis à ma gauche, se décale soudainement. Sauf quand je vois Sirius prendre la place nouvellement libérée. C’est une blague ? Sirius me sourit, comme si c’était tout à fait normal. Comme si le fait que je l’évite depuis deux semaines, et que je l’ai envoyé bouler tout à l’heure n’avaient aucune importance. J’écarquille les yeux. Mais à quoi il joue ?
- Tu sais que je ne suis pas prêt de lâcher le morceau ?
La voix de Sirius me ramène sur terre.
- Quel morceau ? demandé-je.
- Ce qu’il s’est passé l’autre jour, dit-il. Et j’en ai parlé avec Tony ce matin. Faut qu’on ait une discussion, toi et moi.
Mon cœur loupe un battement et un frisson dégringole le long de ma colonne vertébrale. Autour de nous, les conversation vont bon train, noyant la nôtre.
- T’as parlé du baiser à Tony ? Sifflé-je avec colère entre mes dents.
Les yeux de Sirius s’illuminent quand je mentionne notre échange. Il doit se rappeler avec justesse ce moment. Je me mets à rougir, mais mon agacement ne diminue pas.
- Pourquoi justement Tony ? Parmi tous les êtres qui vivent à Poudlard, pourquoi lui ?
- Ca n’a pas l’air de te faire plaisir, répond-t-il avec un sourire et un regard mutin.
- Vu la manière dont il se mêle de mes affaires, effectivement non. Maintenant est-ce que je peux savoir ce qu’il s’est dit entre vous, histoire de me préparer pour quand il me tombera sur le dos ?
- Je lui ai demandé si . . . La réaction que nous avons eu lors de notre baiser était dû à l’Appel.
J’hausse un sourcil, l’air blasé. Non mais, même moi j’avais deviné que c’était le cas. Pourquoi il a été poser la question ?
- Il a dit que non.
Je cligne des yeux.
- Quoi ?
- Visiblement, ce n’est pas la réponse à laquelle tu t’attendais, dit-il, apparemment très amusé par notre échange. Tony m’a assuré que le désir ne peut pas être issu de l’Appel sans une morsure au préalable. Donc, il en a déduit que . . . Comment il a dit ? . . . Que c’était une réponse à la tension sexuelle apparemment évidente qui règne entre nous.
J’ouvre la bouche, outrée, prête à nier véhément. Mais ma voix s’est faite la malle. Alors, je referme la bouche. Je passerai mes nerfs sur Tony plus tard. Après tout, il en a l’habitude, entre ses boulettes avec Sirius et sa chasse au Severus. Je relève les yeux sur Sirius et je constate avec étonnement que son regard est vrillé sur mes lèvres. Je ne suis pas longue à comprendre à quoi il pense, surtout quand il se penche dangereusement vers moi. Je suis tétanisée par l’appréhension - et l’excitation. Malgré tout ce que je peux penser, j’ai envie de recommencer. J’ai envie de sentir de nouveau ses lèvres sur les miennes, son corps pressé contre le mien, ses mains sur ma peau.
Soudain, un coup de sifflet retentit, suivi par la présentation par le commentateur des joueurs qui s’envolent. Je me redresse rapidement - je n’avais même pas conscience de m’être penchée sur Sirius - et jette un œil sur le stade, les joues brûlantes. Mince, j’avais failli recommencer ! Il suffisait d’un regard de sa part, d’une simple pensée pour que je me fasse avoir. Je n’ai vraiment aucune volonté. Je glisse un œil en biais sur le profil du Gryffondor. Lui aussi regarde le match à présent. Je constate qu’il a les poings serrés sur les cuisses, comme pour les empêcher de faire quelque chose. Puis, il me jette un coup d’œil à la dérobée. Un sourire coquin étire ses lèvres quant il remarque que mes yeux sont sur lui. Je cesse aussitôt de le regarder, les joues aussi rouges qu’elles le peuvent. Puis je me lève brusquement, suscitant des réactions de surprise chez les gens qui m’entourent, avant de quitter le gradin au pas de course.
Une fois dans le parc, je m’autorise à souffler, le cœur battant et les larmes aux yeux. Je n’aurais vraiment pas dû accepter la proposition de James. Je ne savais pas que Sirius aurait parlé du baiser en présence de ses amis et des autres élèves. Je ne pensais pas que j’étais aussi faible face à lui, face à son regard. Mais je ne peux pas m’empêcher de le désirer. Je laisse tomber mon visage entre mes mains. Zut à la fin ! Je ne peux pas, c’est clair pourtant ! Je ne dois pas laisser mon amitié envers Sirius évoluer. Il est absolument hors de question de l’enchaîner à moi. Il a droit à une vie normale, comme tout bon sorcier qui se respecte, et ne pas avoir à être enchaîné au vampire que je suis. Je sais que ses sentiments le poussent vers moi, mais s’il pouvait les oublier, il pourrait s’intéresser à quelqu’un d’autre. A une humaine. Une larme roule sur ma joue, que je n’ai pas pu retenir.
- Amandine !
Je me retourne instinctivement à l’appel. Sirius s’approche et s’arrête à cinq pas de moi, les yeux écarquillés.
- Tu pleures ? Constate-t-il. Qu’est-ce que . . .
Je n’écoute pas la fin de sa phrase et m’enfuis en courant, à une vitesse à laquelle il ne pourra pas me suivre. J’arrive en moins de dix secondes dans les escaliers de marbre, les yeux rivés au sol en essayant de sécher mes larmes, et je bouscule quelqu’un. La personne me rattrape par les épaules. Vue la vitesse à laquelle j’étais, ça ne peut être qu’une personne.
- Mandy ? S’étonne Tony. Pourquoi tu pleures ?
Je relève la tête vers lui.
- S’il te plait, dis à Sirius que je veux rien de lui, d’accord. Ni sang, ni quoi que ce soit. Qu’il me laisse tranquille, c’est tout ce que je veux.
Derrière moi, j’entends les pas de Sirius qui coure, encore ténus. Il se rapproche peu à peu.
- S’il te plait, Tony, fais-le lui comprendre. Je ne veux pas qu’il souffre à cause de moi. Il mérite mieux qu’un vampire.
Puis, je m’arrache à son étreinte et reprends la direction de ma tour, ignorant la douleur dans ma poitrine. Ça m’a coûté de prononcer ces mots. J’y pensais depuis des jours, solution radicale à mon problème, sans n’avoir jamais osé le dire. Un sanglot m’échappe. C’est douloureux de repousser ainsi Sirius, même si je ne l’ai pas fait directement. Je ne pense pas que j’aurais pu le faire de toute façon. Je monte les escaliers mobiles quatre à quatre, et prends le couloir qui mène à la tour des Serdaigle. J’espère avoir réussi à éloigner Sirius, à avoir éteint les sentiments qu’il a commencé à développer. Peut-être même qu’il me détestera, ce qui sera mieux, même si ce n’est pas ce que je souhaite.
Je pénètre dans la salle commune, monte directement dans mon dortoir vide et m’écrase sur mon lit. Je laisse libre cours à mon chagrin. J’ignore quand exactement j’ai commencé à m’intéresser à Sirius. Peut-être quand Camille et Tony ont semé le doute dans mon esprit ? Quand nous nous sommes embrassés ? Quand il a accepté ma nature de vampire ? Ou même, avant tout ça, quand on a commencé à se côtoyer ? Je l’ignore, je ne veux même pas le savoir, ce n’est pas important. Ce qui l’est par contre, c’est d’oublier cet amour naissant, d’arrêter de penser à son contact électrisant, de ne plus respirer son odeur envoûtante. Je dois le laisser partir. Je préfère le voir vivre loin de moi, plutôt que de le condamner à la mort en le gardant à mes côtés.


O0o0O

Un mal de crâne impressionnant me vrille les tempes. J’ai l’impression que quelqu’un s’acharne à me faire un trou dans la cervelle. J’essaye de faire passer la douleur en massant, mais rien à faire. C’est bien la première fois depuis ma transformation que j’ai mal comme ça. J’en avais presque oublié à quel point c’est désagréable. En même temps, je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même, c’est entièrement de ma faute. Je n’avais qu’à pas autant pleurer.
Les paupières lourdes, je redresse la tête au moment où la porte de l’infirmerie s’ouvre. Je pivote légèrement sur mon tabouret pour voir qui pénètre ici à cette heure, après le couvre-feu. Il est près de onze heures du soir, personne n’a le droit d’être là. C’est Dan Smith, vêtu à la moldue, tortillant ses mains en me lançant des coups d’œil anxieux et repentants. Mon sang ne fait qu’un tour quand je le vois et je me lève instantanément de mon siège pour le rejoindre devant la porte.
- Dix points en moins pour non-respect du couvre-feu, Smith, déclaré-je en murmurant pour ne pas réveiller la malade. Maintenant, si tu ne veux pas vivre le restant de tes jours avec un membre en moins, je te conseille de partir très vite.
Smith me lance un regard agacé. Je me retiens non sans peine de gronder pour lui faire comprendre à quel point je suis sérieuse dans mes menaces.
- Je suis désolé, me murmure-t-il.
- Désolé ! Sifflé-je entre mes dents. Non mais t’as vu la tête qu’elle a ?
En parlant, je désigne d’un geste de la main le lit auprès duquel j’étais installée depuis quinze heures de l’après-midi. Camille y est bordée délicatement. Elle est inconsciente depuis plusieurs heures. Comme je l’avais prédit, elle n’a pas tenu sur son balai, et elle ne doit d’être à peu près entière qu’aux réflexes d’un de ses co-équipiers, qui l’a récupérée avant qu’elle ne se fracasse le crâne par terre. Elle a fait une chute de quarante mètres. Et tout ça parce que son abruti de capitaine n’a pas daigné s’inquiéter de ce fichu cognard qui l’avait frappée à l’entraînement et qui lui avait brisé trois côtes. Cette idiote de Camille a supporté la douleur en silence pour son équipe. Elle aussi elle va m’entendre quand elle sera éveillée.
- Je sais ! J’aurais dû l’envoyer à l’infirmerie dès que le cognard l’avait touchée, mais . . .
- Bien sûr que t’aurais dû !
- Elle ne s’est pas plainte !
- On parle de Camille, là ! Quand est-ce que tu l’as déjà entendue se plaindre ?
Smith pince des lèvres. Maintenant, nous sommes tous les deux énervés, ce qui ne nous avance pas à grand-chose. Je prends une profonde inspiration en croisant les bras sous ma poitrine. Smith baisse son regard sur moi et j’ajoute :
- Ce n’est pas à moi que tu dois des excuses, mais à elle, même si je sais qu’elle te dira que ce n’était pas de ta faute et tout le tralala. Et t’as intérêt à faire amende honorable, parce qu’autrement, je risque de vraiment me mettre en pétard.
Smith fronce des sourcils, après avoir jeté un œil sur la silhouette endormie de mon amie.
- Qu’entends-tu par « faire amende honorable » ?
- Tout le temps de sa convalescence, tu devras l’aider au mieux. Elle va devoir rester ici quelques jours, et donc ne pourra pas assister aux cours. Je ne pourrais être toujours avec elle, alors quand je ne serais pas là, je veux que tu lui tiennes compagnie. C’est le moins que tu puisses faire, puisque c’est de ta faute.
Smith acquiesce. J’avais cru qu’il serait plus dur à convaincre. Je lui tourne le dos et retourne sur mon tabouret. Je passe une main sur le visage de mon amie, écarte une mèche blonde qui vole autour de sa bouche et que je glisse derrière son oreille.
- Tu vas rester ici toute la nuit ? Me demande Smith depuis la porte de l’infirmerie.
- Non, réponds-je, je vais bientôt retourner à la tour. Par contre, toi, tu devrais déjà être dans ton dortoir. Rentre avant de te faire attraper par Rusard.
Je l’entends bouger, signe qu’il suit mon conseil. La porte s’ouvre, mais avant qu’elle ne se referme, il s’adresse encore une fois à moi.
- Je suis vraiment désolé. Je n’avais pas vu que c’était aussi grave. Tu sais bien que ce n’est pas dans ma nature d’aimer voir souffrir les autres. Je serais plus attentif la prochaine fois.
Puis, la porte se referme et son odeur déserte la pièce. Je suis de nouveau seule avec Camille. Je soupire. Mince, quand le préfet de cinquième année est venu me chercher en catastrophe cet après-midi en me disant que Camille avait fait une chute de son balai, j’avais vraiment peur que le pire fût arrivé. Je ne pense pas que j’aurais pu supporter ça. Camille m’est trop précieuse pour que je me remette si sa mort devait survenir. Elle est le seul membre de ma famille inexistante.
Lâchant le visage de Camille du regard, je me lève, me baisse pour poser une bise sur la joue de mon amie et me dirige vers la porte. La soif commence à brûler ma gorge. Je quitte l’infirmerie en silence et cours dans les couloirs du château jusqu’à sortir par les portes de chêne. Je traverse le parc rapidement et m’enfonce dans la noirceur de la Forêt Interdite. Je me mets immédiatement en chasse. J’ai la chance de tomber sur un loup imposant qui, à lui seul, parvient à me satisfaire amplement. Une fois cela fait, je décide de revenir vers le parc à vitesse humaine. Il n’est pas tard, et savoir que Camille ne sera pas à la tour pour m’accueillir ne me donne pas envie de me presser.
En traversant le parc, je prends le temps d’admirer le ciel étoilé, exempt de tout nuage. J’admire les constellations et, sans que je ne puisse m‘en empêcher, mon regard s’attarde sur celle du chien. Sirius. Je prends une profonde inspiration, refusant à mes larmes de s’écouler à nouveau. J’ai déjà trop pleuré et ma tête ne supporterait pas plus de douleur. Je me demande si Tony a bien fait passer mon message au Gryffondor. J’imagine que oui, il était juste derrière moi. A l’heure qu’il est, Sirius doit m’en vouloir terriblement. Il ne m’adressera plus la parole. Ses amis non plus, peut-être. Ils me manquent déjà. Il me manque, lui. Mais c’est mieux ainsi. Si je n’avais pas été un vampire, je lui aurais sans doute laissé une chance, peut-être aurions nous fait un bout de chemin ensemble dans la vie. Mais avec ma soif de son sang, le risque que je le tue est trop grand. Lui donner la mort m’est inconcevable. La mort, ou l’immortalité. Ni l’un, ni l’autre. Il se doit de rester lui-même pour pouvoir poursuivre la vie, telle qu’il l’a commencée. Je sais à quel point il est heureux avec les maraudeurs, il me l’a déjà dit. James, Remus et Peter sont toute sa vie, ils sont ses piliers. Si je lui arrache ça, il sombrera, même si je suis là. Je ne suis pas eux après tout.
Je lâche le ciel du regard et reprends la route qui mène au château. M’éloigner de Sirius est la meilleure décision que je puisse prendre. Sans aucun lien avec mon Calice, tout rentrera dans l’ordre. Sirius poursuivra sa vie, comme si je n’y étais jamais entrée, et je rejoindrais Lucinda à Vienne, pour un nouveau départ. Je couperais la plupart des relations qui me rattachent à l’Angleterre et je me choisirais enfin ma vie. C’est mon souhait.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeSam 11 Avr - 12:06

Chapitre 26 : De retour à Poudlard

Chère Mandy,
J’espère que tout se passe bien en Écosse et que tu as réussi à t’acclimater au caractère quelque peu particulier de mon ami Tony.
Je t’envoies ce petit mot pour t’apprendre que je serais bientôt de retour à Poudlard. Tony m’a communiqué ses notes sur l’enquête et tout cela me semble bien mystérieux. Les autorités vampires ont donc décidés que je serais plus utile en Écosse qu’ici. Ce message te parviendra sans doute tout juste avant mon arrivée. Tony connaît déjà la date et l’heure exact.
Dans l’attente de te revoir, je t’embrasse fort,
Lucinda.


Je pose la lettre sur la table, souriant malgré moi. Je ne pensais pas que j’aurais pu revoir Lucinda aussi vite. J’avais imaginé devoir attendre la fin de mes études. Mais je suis contente de la savoir en route. Je récupère la lettre, la fourre dans mon sac et quitte la salle commune pour chercher Tony. Je prends tout d’abord la direction de ses appartements, bien que je ne sois pas certaine qu’il y soit : il n’a toujours pas abandonné la chasse au Severus. Ce dernier a d’ailleurs, depuis peu, développé un don pour se faire oublier. Malheureusement, ça marche moyennement bien sur les vampires dont les sens sont exacerbés.
Arrivée aux appartement de Tony, je frappe deux coups. Pas de réponse. Je soupire. Je n’ai plus qu’à courir dans tout le château pour essayer de le trouver, à moins d’attendre l’heure du dîner, ce qui me semble totalement inconcevable. Je jette un œil à ma montre. Il est près de treize heures et je dois avoir quatre heures de potions. Severus y sera, Tony est peut-être déjà dans le coin. Je fais marche arrière et descends jusqu’au sous-sol. Des élèves sont déjà présents devant la salle de classe, dont les maraudeurs et Camille qui est sortie le matin-même de l’infirmerie. Mais aucune trace du vampire ou du Serpentard. Je rejoins donc mon amie, qui s’est installée entre un Poufsouffle et Crow.
En me postant face à Camille, je souris à Crow. Elle a accepté ma trêve, ce qui fait que l’ambiance dans le dortoir est beaucoup plus cordial. Il nous ait même arrivé une fois de discuter, afin d’échanger des avis sur un cours de Sortilèges. Je ne dis pas que nous sommes amies, c’est une chose qui n’arrivera sans doute jamais, mais au moins elle ne me tire plus dans les pattes, ce qui est excellent, pour nous deux. Je regarde ensuite Camille. Elle est comme d’habitude, on pourrait presque croire qui ne lui ait rien arrivé, sauf que Smith depuis l’autre bout du couloir n’arrête pas de la fixer, mal à l’aise. Il s’en veut encore, malgré tous les services qu’il lui a rendu, comme je le lui avais demandé. Il a tellement bien fait son travail d’ailleurs, que je n’avais plus qu’à tenir compagnie à mon amie. Tous les cours, il les lui donnait.
- Alors, ce courrier ? Pourquoi il n’est pas arrivé ce matin avec le reste ?
Je souris à Camille. Un troisième année est venu me chercher pendant le déjeuner pour me dire qu’une chouette avec une lettre à mon nom attendait dans la salle commune, et qu’elle ne laissait personne l’approcher. Ils avaient de sacrés volatiles en Autriche. Les informations étaient bien gardées avec eux.
- C’est Lucinda, dis-je. Elle m’annonce qu’elle vient à Poudlard. Tony stagne avec l’enquête et elle aimerait pouvoir l’aider.
Camille acquiesce, un sourire s’épanouissant progressivement sur son visage.
- Tu dois être contente, fait-elle alors.
J’hoche de la tête, au moment où le professeur Slughorn ouvre la porte de sa salle de classe. Il nous demande de prendre place, et je me retrouve avec Camille, sur une des tables de la seconde rangée. Nous sortons nos affaires, pendant que le professeur nous informe que nous allons confectionner la Goutte du mort-vivant. C’est une potion apprise en sixième année, mais depuis quelques semaines, tous les cours ne sont que des révisions, afin de se perfectionner pour les ASPIC’s. Les professeurs sont plus cool avec nous, plus patient avec nos erreurs. Ça nous permet de ne pas trop stresser pour les examens, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Certains d’entre nous ont vraiment des têtes de déterrés depuis quelque temps.
Lorsque le professeur Slughorn termine son discours, un élève de chaque binôme se lève pour aller chercher les éléments nécessaire à la confection de la potion. Camille s’avance vers la réserve, pendant que je mets notre chaudron sur la table, et que j’allume un feu en dessous. J’y verse ensuite de l’eau avec ma baguette, et attends l’ébullition ainsi que le retour de Camille. Je pose ma baguette sur la table, m’assied sur mon siège et relis les étapes de la confection. J’en suis à la quatrième, quand je vois un morceau de parchemin atterrir sur ma table, juste sous mon nez. Étonnée, je le prends et le déplie. Une écriture que je ne connais pas en pattes de mouches s’étend sur le papier, en une seule phrase.
Il faut qu’on parle.
Je me retourne, scanne la pièce du regard pour découvrir qui m’a envoyé ce message non signé, et s’il est bien adressé à moi. Je croise alors les pupilles noires de Rogue qui sont fixés sur moi. Je l’interroge du regard et il hoche très discrètement la tête. Je me remets alors droite. Pourquoi le Serpentard veut-il me parler ? Et de quoi ? Je ne vois que Tony, c’est la seule chose qui nous lie d’une quelconque manière. Je prends ma plume, et marque ma réponse sous la phrase de Rogue.
Rendez-vous au tableau de la nymphe manchot, 17h30. Je t’y attendrais.
Je vérifies que le professeur Slughorn ne me regarde pas, tout en chiffonnant le morceau de parchemin, me retourne et vise la table de Rogue. La boulette de papier atterrit pas loin du feu de son chaudron, et il réussit à la récupérer avant qu’elle ne brûle. Il lit le message et, sans me regarder, hoche de nouveau la tête. Rendez-vous est prit. Je me remet face à ma table, au moment où Camille se ramène, les bras chargés. Je la déleste de tout ce qui déborde et nous commençons notre potion.
Quatre heures et deux potions plus tard, nous quittons les cachots. Camille parle autant qu’elle peut sur nos réussites et les chances d’avoir un Optimal pour les potions. J’avoue ne pas être trop attentive à ce qu’elle dit, du moins, jusqu’à ce que l’on arrive au troisième étage avec les escaliers mobiles. Là, elle se tourne vers moi et dit :
- Il faut que je te laisse, je vais voir Peter, il a besoin d’un coup de main. On se voit au dîner.
J’acquiesce, l’esprit un peu ailleurs. Camille passe de plus en plus de temps, seule avec Peter. Je me demande s’ils ne font vraiment que réviser. Un sourire amusé étire mes lèvres alors que je prends la direction du tableau à la nymphe manchot. Si elle est avec lui, je leur souhaite plein de bonheur. Camille en a bien besoin, et je pense que Peter aussi. Je n’ai pas souvenir de l’avoir déjà vu avec une fille.
Le bruit de mes pas résonnent dans cette partie du château désaffectée. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui passent par là, puisque aucun cours n’y est donné, et qu’aucun des lieux communs ne s‘y trouvent. Il n’y a que ceux qui veulent un peu de solitude qui s’y rende, puisque le coin est encore en assez bon état, comparé à d’autres. Je m’arrête devant le portrait souhaité, jette un œil à la jeune fille qui danse autour d’un arbre, les bras en moins, et m’adosse au mur de pierre en croisant les chevilles. Je n’attends qu’une dizaine de minutes, avant de voir Rogue apparaître. Il s’arrête juste devant moi, et je me détache du mur, levant la tête pour le regarder dans les yeux.
- De quoi voulais-tu me parler ?
Il plisse des yeux, et une lueur de colère et d’impatience traverses son regard.
- De ton ami vampire. Je commence à en avoir marre de le voir me courir après.
J’hausse des épaules.
- Que veux-tu que j’y fasse au juste ? C’est un grand garçon, il fait ce qu’il veut.
Il fronce des sourcils.
- Je sais que tu peux l’arrêter. Tu en es capable, avec ou sans magie. Tu es comme lui après tout.
Mon cœur s’arrête de battre l’espace d’une seconde, avant de repartir à toute allure. Je fronce des sourcils à mon tour, et tente de savoir quand est-ce qu’il a pu l’apprendre. Mon esprit se tourne immédiatement vers le jour où j’ai mené Rogue à Tony. C’est le seul moment où il aurait pu l’apprendre, et je me souviens vaguement avoir entendu Tony me dire  « ton Calice ». Rogue n’a pas dû être très long à faire le lien, et difficile pour moi dé réfuter ce qu’il a deviné.
- Effectivement, je suis comme lui, mais je ne peux rien faire pour autant. Tony a été transformé il y a près de trois cent ans, et moi il y a à peine cinq mois. Je ne suis pas assez forte pour retenir un vampire de son âge.
- Convainc-le.
Ça sonne comme un ordre. Cela me hérisse le poil.
- C’est à toi de le faire, c’est toi son Calice. Moi je n’ai rien à voir là-dedans. Si tu veux qu’il te lâche, dis-lui que tu réfléchiras à la question, mais que d’ici là, il doit te laisser tranquille. Peut-être que ça marchera.
Je vois Rogue prendre une grande inspiration, pour calmer sa colère.
- Peut-être ? Relève-t-il. J’ai besoin de certitude. Je n’ai pas envie de le voir me coller au train jusqu’à la fin de ma vie.
Je roule des yeux. Il commence à m’agacer. Il croit sans doute que c’est simple ? Qu’il existe une solution miracle ? Il se trompe totalement. Et je peux absolument rien y faire.
- Écoute Rogue, je ne peux rien pour toi, je te l’ai déjà dit. Quoi que je puisse dire à Tony n’y changera rien, c’est une vraie tête de bois. Seul toi peut y arriver. Tu es un Serpentard non ? Tu es rusé ? Alors utilises ta tête à bon escient pour une fois.
Il plisse des yeux.
- N’es-tu pas censée être intelligente ? Rétorque-t-il en sifflant entre ses dents.
- L’intelligence n’a rien à voir là-dedans. Peu importe ton QI, il faut être malin pour échapper à un vampire, surtout si le vampire en question n’abandonne pas l’idée de faire de toi son compagnon.
Rogue grimace.
- Par pure curiosité, Rogue, fais-je alors, qu’est-ce qui te rebute le plus : l’idée de donner ton sang en nourriture ou avoir une relation intime avec un homme ?
Il ne peut empêcher ses joues de rougir, bien que son regard soit fermement planté dans le mien. Il a beaucoup de fierté, peut-être même un peu trop pour son propre bien.
- Les deux, crache-t-il ensuite avec colère.
- C’est dommage. Tony est un chic type, je suis sûre que tu serais bien avec lui. Un vampire fait toujours tout pour le bonheur de son Calice, il nous est inconcevable de vous faire du mal.
J’ai l’impression d’être l’hôpital qui se fout de la charité. Je pousse le Calice de Tony dans ses bras, alors que je fais tout pour éviter le mien. Rogue plisse alors des yeux et un sourire étire ses lèvres fines. Je crois qu’il vient d’avoir une idée.
- Bien je crois que finalement j’ai eu ce que je voulais, dit-il avant de tourner les talons.
Je le regarde partir, sans un merci ni un au revoir, mais je ne m’en offusque pas. Les Serpentard sont des gens très mal élevés, tout le monde le sait. Je m’en vais moi aussi, et prends la direction opposée pour rejoindre ma tour. En y arrivant, j’ai la surprise de découvrir Tony, assis devant le portrait. Quand il me voit, il se lève en souriant.
- Justement, je voulais te voir, dis-je en arrivant à sa hauteur. J’ai reçue une lettre de Lucinda.
Il hoche de la tête.
- Je sais, j’étais venue te voir pour ça aussi. Elle m’a précisé de te donner la date et l’heure de son arrivée.
Impatiente, je le presse de m’en dire plus.
- Alors ? Elle sera là quand ?
Un sourire amusé lui mange la moitié du visage.
- Elle est déjà arrivée, m’apprend-t-il, il y a deux heures.


O0o0O

La porte s’ouvre presque immédiatement après que Tony y ait toqué deux coups brefs. Le profil de Lucinda apparaît alors, vêtu d’un pantalon noir en coton léger et d’une chemisette rouge cintrée. Elle nous sourit et, heureuse que je suis de la revoir, je m’avance pour la prendre dans mes bras. Elle fait une tête de plus que moi, mais ça ne m’empêche pas de nicher mon visage contre le haut de sa poitrine et de respirer son odeur. C’est fou ce qu’elle a pu me manquer. Lucinda rigole légèrement et me rend mon étreinte, me pressant contre elle.
- Moi aussi je suis contente de te revoir, petite sœur, me dit-elle.
Je me recule légèrement et lui souris, puis elle regarde Tony, avant de nous inviter à entrer dans les appartements qu’elle avait déjà la dernière fois. Nous nous installons dans les fauteuils qui entourent le feu de cheminée ronflant, et je me retrouve encerclée par les deux vampires.
- Comment ça s’est passé à Vienne ? Demande Tony. Qu’ont-ils dit ?
- Que les crimes ne devaient pas rester impunis. Nous devrons amener le vampire responsable des meurtres en Autriche dès que nous l’aurons capturé. La Reine souhaite savoir pourquoi il agit comme il le fait.
Lucinda me jette ensuite un coup d’œil et demande :
- Est-il réapparu depuis ta lettre ?
J’acquiesce.
- Une fois seulement mais pas à Poudlard. C’était à Pré-au-Lard, un village exclusivement sorcier à un ou deux miles d’ici. Nous l’avons aperçus, Tony et moi, mais il a transplané avant qu’on ait pu lui mettre la main dessus. Depuis, rien du tout. Ca remonte à il y a un moins environ.
Tony confirme d’un hochement de tête. Lucinda se renfonce dans son fauteuil en soupirant et glisse une mèche de ses cheveux auburn derrière son oreille.
- Que pense la Reine de tout cela ? Demande Tony.
Lucinda secoue la tête.
- Rien de spécial pour l’instant. Elle attend de connaître la fin de toute cette histoire.
Tony, les bras posés sur ses cuisses, et penché en avant, fixe Lucinda d’un air penseur. Sans comprendre pourquoi, je sens comme un sous-entendu dans ce regard. Le vampire a une attitude envers Lucinda que j’ai du mal à cerner, une sorte de profond respect. Cela se lit dans son regard. Je les regarde à tour de rôle, sans réussir à comprendre, puis je romps le silence qui s’est installé.
- Tony a ressenti l’Appel, annoncé-je, plutôt abruptement, à notre nouvelle arrivante.
Lucinda me lance un regard surpris avant de reporter son attention sur Tony.
- Sérieusement ? Demande-t-elle.
Tony, l’air gêné - une première ! - acquiesce tout en évitant son regard. Puis, Lucinda sourit, visiblement ravie pour son ami.
- Je suis contente pour toi.
Tony redresse la tête et lui rend son sourire. Puis, il me glisse une œillade mutine. Je sens qu’il va encore se mêler de ce qu’il ne le regarde pas.
- Et Mandy a décidé de rejeter son Calice.
Lucinda tourne sa tête vers moi si vite que j’ai presque cru qu’elle allait se l’arracher. Puis, elle s’offusque :
- Tu rejettes ton Calice ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce que tu n’as pas compris dans l’explication que je t’ai donné à ce sujet ?
Je me renfrogne.
- Parlons-en, tiens, de tes explications. Tu m’as seulement dit qu’il serait de la nourriture pour moi, pas un compagnon à vie.
- Pourquoi, ça pose un problème ? Riposte-t-elle. Je voulais que tu le découvres par toi-même, que tu expérimentes cela comme une grande fille.
Je grimace.
- Et comment j’aurais fait sans personne pour m’arrêter au cas où j’irais trop loin ? Je pourrais le tuer, sans même m’en rendre compte, trop obnubilée par ma soif. Je tiens beaucoup trop à mon Calice à présent, pour vouloir tenter l’expérience.
Tony ouvre la bouche, sans doute pour répliquer, mais Lucinda l’en empêche d’un signe de la main. Ce dernier lui lance alors un regard surpris.
- Ne dis rien. Je suppose que c’est toi qui lui a dit pour le côté sentimental du Calice, donc c’est de ta faute si elle réagit de cette manière. Tu aurais dû te taire ce jour-là.
Puis, elle se tourne vers moi.
- Tu comprendras rapidement à quel point ce que tu fais est irréalisable.
Je décide de ne même pas l’écouter. Elle n’imagine pas à quel point je peux être têtue quand j’ai décidé quelque chose. J’ai pris ma décision, je suis prête à souffrir pour que Sirius garde sa vie telle qu’il la connaît, et je ne reviendrais pas là-dessus.
Je jette un œil sur la pendule murale de l’appartement. Elle indique pratiquement dix-neuf heures, l’heure du dîner. Je me lève.
- Nous devrions y aller, le dîner va bientôt être servi. J’imagine que vous allez manger avec le professeur Dumbledore.
Tony soupire en secouant la tête d’un air fataliste. Je l’interroge du regard, mais c’est Lucinda qui m’explique pourquoi une telle réaction de la part du vampire.
- Ton directeur est un homme très curieux. Il va sans doute encore profiter de ce dîner pour nous abreuver de questions sur ce qu’il ne sait pas des vampires.
J’hausse des épaules.
- J’avoue ne rien savoir à son propos, sauf qu’il est un puissant sorcier. J’imagine que c’est légitime de sa part de vouloir connaître toutes les facettes des vampires, dont l’un est une de ses élèves.
Lucinda se lève avec une moue peu convaincante.
- Je ne pense pas que ce soit la seule raison, me dit-elle alors que Tony se lève à son tour et que nous sortons des appartements.
Nous nous dirigeons vers la Grande Salle. Tony prend des nouvelles de personne que je ne connais pas auprès de Lucinda, je les écoute d’une oreille distraite. Je repense à Camille et à ce que j’ai deviné de son rendez-vous avec Peter. Je vais sans doute lui poser la question, pour en avoir le cœur net. Si elle sort avec lui, je vais avoir du mal à continuer d’éviter les maraudeurs. Je suis déjà surprise que Camille n’ait rien fait à ce propos, me laissant m’éloigner tranquillement. J’imagine qu’elle est trop prise par son propre bonheur, ce qui facilite mes affaires. J’espère qu’elle ne se réveillera pas avant la fin de l’année.
Nous pénétrons dans la Grande Salle, déjà presque pleine. Les repas viennent d’être servis, si j’en juge d’après l’enthousiasme avec lequel la majorité de Poudlard se sert en nourriture. Je repère Camille à la table des Serdaigle, et je quitte Lucinda et Tony sur un signe de la main. Quelques élèves se retournent sur eux quand ils les voient passer, mais la plupart ne remarquent même pas le retour de Lucinda. Je me glisse sur le banc face à mon amie et jette un œil sur son assiette. Cette fois-ci, elle s’est servie d’une généreuse part de poulet avec des frites. Je prends la même chose en portions amoindries, et la regarde engloutir la peau grillé de sa volaille.
- Alors, ces révisions ? Demandé-je.
- Très bien, répond-t-elle. Peter fait des progrès, j’ai bon espoir qu’il décroche au moins un Effort Exceptionnel aux ASPIC’s.
- Potions ? demandé-je.
Elle confirma d’un signe de tête, tout en engloutissant une frite.
- Et toi, ces retrouvailles avec Lucinda ? Ça s’est bien passé ?
J’acquiesce tout en tripatouillant le contenue de mon assiette. Je lève les yeux et aperçois le profil de Rogue. Il regarde Tony du coin de l’œil, le surveille. Le vampire est en train de le désigner à Lucinda, je devine qu’elle lui a demandé qui était l’heureux élu. Cela n’a pas l’air de mettre le Serpentard particulièrement en joie. Autour de lui, ses amis tentent de lui parler, mais il ne les écoute visiblement pas, préférant fusiller Tony du regard.
- Mandy ?
Je m’arrache à la contemplation de la scène quand Camille m’interpelle.
- Oui ?
Elle fronce des sourcils. Je sens que ce qu’elle va me dire ne va pas me mettre en joie, et qu’elle en est consciente. Pourtant, elle se lance quand même.
- Je sais que ce que je vais dire ne va pas te faire plaisir, j’ai bien vu que depuis quelques temps, te parler des maraudeurs te met d’humeur maussade, mais je vais quand même le dire. Peter et moi quand nous nous voyons, il nous arrive de discuter, et il m’a récemment confié que . . . Enfin, qu’entre toi et Sirius, ça ne va pas fort. Il semblerait que ce soit toi qui mette une distance. Est-ce que tu veux en parler ?
Je regarde Camille avec circonspection. Qu'est-ce qu'a bien pu lui dire Peter ? Et qu'est-ce que Sirius a bien pu dire à son ami ? Je n'ai rien dit à Camille, au sujet du baiser et de tout ce qui a suivi, notamment mes décisions. Je sais qu'elle ne serait pas d'accord avec ce que j'ai choisi de faire, mais cette fois-ci, je ne peux pas la laisser interférer dans mes affaires. C'est ma vie sur le long terme qui est en jeu, c'est à moi seule de prendre la décision, même si je ne suis sans doute pas la mieux placée pour cela. Je relève la tête et regarde mon amie. Elle attend visiblement une réponse de ma part. Je prends une grande inspiration et me lance.
- Écoute, je sais que tu ne veux que m’aider, mais s’il te plait, ne te mêle pas de ça. Je sais déjà ce que tu me dirais, et je n’ai pas besoin de t’entendre me le dire, de te voir insister auprès de moi. Tu sais à quel point je peux détester ça. Alors, je préfère que tu ignores ce qu’il s’est passé. Je peux juste te confier que j’ai dit certaines choses à Sirius qui font qu’il me déteste maintenant, et c’est exactement ce que je veux.
Camille fronce de nouveau des sourcils, l’accentuant.
- Sirius te déteste ? Répète-t-elle, visiblement surprise. Ce n’est pas ce que m’a dit Peter tout à l’heure. Il m’a même confié que vous vous êtes embrassés et que ça a plu à Sirius, et qu’il ne demande qu’à recommencer.
- Il n’a pas parlé de ce que lui a dit Tony ? M’étonné-je, ignorant volontairement son allusion au baiser, bien que je sache que je risque de passer à la casserole sous peu.
Camille penche la tête sur le côté, intriguée.
- Si, et c’est justement pour ça que Sirius ne tente rien. Tony lui a dit ce week-end qu’il devrait te laisser aller à ton rythme, de ne pas te brusquer.
J’ouvre des grands yeux éberlués. Tony a dit quoi ?
- Mais . . . Mais . . .
Je suis tout juste capable de balbutier ces quelques mots sous le regard de plus en plus surpris et intrigué de mon amie. Je tourne alors mes yeux vers la table des professeurs où les deux vampires tiennent compagnie au directeur. Tony n’a absolument pas fait passer le message à Sirius. Il l’a même arrangé à sa sauce ! Mais quand est-ce que ce fichu vampire va apprendre à faire ce qu’on lui demande et rien de plus ! La colère s’emparant peu à peu de moi, je déglutis, sers les poings et ferme les yeux dans l’espoir de me calmer et de ne pas créer une esclandre en pleine Grande Salle. Sentant que ça ne sert à rien, je préfère me lever de table et de quitter la pièce. Une fois dans le couloir, je m’adosse contre le mur et m’y laisse glisser jusqu’à m’asseoir par terre. Soupirant, je ressers mes genoux contre mon torse et pose mon menton dessus. Je n’ai plus qu’à attendre que Tony sorte, histoire d’avoir une explication. D’ici là, il faut que me calme. Je passe les minutes suivantes à respirer profondément et calmement.
Soudain, l’odeur de Rogue se rapproche. Je relève la tête et regarde les portes de la Grande Salle. Il en sort, le nez plongé dans un bouquin, sans même me remarquer. Il prend la direction des cachots et c’est alors qu’il a à peine posé le pied sur la première marche que Sirius sort à son tour de la Grande Salle. Lui non plus ne semble pas me remarquer. Par contre, il ne rate pas la présence de Rogue. Sous mes yeux éberlués, je vois le Gryffondor sortir sa baguette de sa poche et interpeller le Serpentard. Ce dernier se retourne, surpris, puis avisant Sirius, sort lui aussi sa baguette de sa poche.
- Black, crache ce dernier. Qu’est-ce que tu veux ?
- Seulement te poser une question. Qu’est-ce que tu voulais à Amandine pendant le cours de Potions ?
- Rien qui ne te concerne.
Déstabilisée parce qu’il se passe sous mon regard, je me lève. Rogue m’aperçois alors enfin, alors que Sirius lui dit :
- Je sais que tes amis l’ont menacés le mois dernier. Je serais toi, je me tiendrais loin d’elle, surtout si tu ne veux pas avoir à faire à moi.
Debout derrière Sirius, les sourcils froncés, je croise les bras sous ma poitrine. Je me demande à quoi il joue. Qu’est-ce qu’il lui prend de vouloir me défendre comme ça ? Il croit peut-être que je ne peux pas me débrouiller toute seule ? C’est qui l’effrayant vampire ici, lui ou moi ? Puis, Rogue émet un rire sardonique.
- Je pense que ta Serdaigle est suffisamment grande pour prendre soin d’elle. Et elle ne va pas tarder à te le faire comprendre.
Sur ces paroles, il donne un coup de tête dans ma direction. Sirius se retourne et me voit. Il affiche un air de surprise totale et Rogue en profite pour prendre la tangente. Il semble aussi courageux que moi.
- Amandine ? Il y a longtemps que tu es là ? Me demande Sirius.
Je le regarde, agacée.
- J’étais dans le couloir avant toi, je te signale. Je peux savoir à quoi tu joues là ? Pourquoi t’en prendre à Rogue de cette manière ? Il n’a rien fait.
Sirius fronce des sourcils et range sa baguette en constatant que le Serpentard est parti.
- Je n’ai pas confiance en lui. Et Camille m’a dit que ses amis t’avaient menacé.
- Je n’ai pas besoin de ta protection. Je suis assez forte pour prendre soin de moi, bien mieux que tu ne pourrais le faire. N’oublies pas qui je suis.
- Je n’oublies pas, m’assure-t-il en s’avançant. Au fait, est-ce que ça va mieux depuis la dernière fois ? Tony m’a dit que tu étais déboussolée et que je devais te laisser tranquille jusqu’à ce que tu viennes à moi. Mais j’avoue que ça me gène. Si ça ne va pas, j’aimerais pouvoir t’aider.
Je me force à ignorer ce qu’il vient de dire.
- Un conseil, dis-je alors, ne t’en prends pas à Rogue, ni toi, ni tes amis. Autrement, c’est à Tony que vous aurez à faire, et je ne pourrais rien pour vous.
Il fronce des sourcils. J’imagine qu’il ne comprend pas le lien entre le vampire et le Serpentard, mais ce n’est pas à moi de le lui dire. Je ne suis pas sûre que cela le regarde de toute façon. Décidant que j’ai dis tout ce que j’avais à lui dire, je décide de reprendre ma place assise, par terre, là où j’étais avant que les deux garçons ne sortent de la Grande Salle. Je suis consciente que ne pas m’en aller tout de suite va inciter Sirius à continuer à me parler, à me tirer les vers du nez. Mais je suis fatiguée de fuir. Il est plus simple de l’ignorer. Cela accomplira ce que Tony n’a pas fait, même si ça m’est douloureux.
Heureusement pour moi, le reste des maraudeurs, sans doute alertés par l’absence de leur amis, le rejoignent. Ils nous jettent des regards surpris, puis James passe son bras autour des épaules de Sirius.
- Tu as fini de manger ? Avec Remus et Peter, on a décidé d’aller faire une partie de bataille explosive dans le parc.
- Tu veux venir avec nous ? Ajoute alors Remus en se tournant vers moi.
Je secoue la tête.
- Merci, mais j’attends Tony et Lucinda.
Remus acquiesce et tous les quatre se dirigent vers le hall d’entrée. Sirius n’oublie pas en partant de m’adresser un sourire. Je ne le lui rends pas, et évite son regard, gênée, en fixant le sol de pierre. Après leur départ, les élèves quittent peu à peu le dîner pour retourner à leurs maisons ou aller errer dans le parc sous le soleil déclinant. Camille sort à son tour et elle attend Tony et Lucinda avec moi. Je la remercie silencieusement de ne pas remettre les maraudeurs sur le tapis, et je n’ose pas le faire en lui demandant pour Peter. La réponse attendra un autre jour. Les deux vampires finissent alors par quitter la Grande Salle. Camille salue Lucinda et après quelques échanges, il est décidé que mon amie peut nous accompagner jusque dans les appartements de la vampire. Nous en prenons la direction.
- Vous êtes en Écosse pour longtemps ? Demande Camille à Lucinda alors que nous passons dans les escaliers mobiles.
- Cela dépendra de la vitesse à laquelle nous appréhendons la créateur de Mandy. Nous ne pouvons pas le savoir, mais nous espérons que ce sera rapide. Il y a déjà eu bien trop de morts.
Je vois une ombre passer dans le regard de mon amie. Lucinda aussi sans doute, puisqu’elle change de conversation en lui demandant des informations sur sa famille. C’est alors que Camille lui raconte le jour où j’ai envoyé son agaçant petit frère dans une poubelle, que je capte une odeur de sang dans l’air. Du sang frais et humain. Les deux autres aussi et nous nous arrêtons tous les trois, Camille ensuite avec un temps de retard, ne comprenant pas. Nous nous mettons alors à renifler pour deviner d’où vient l’odeur. Plus loin dans un couloir adjacent aux escaliers, une porte s’ouvre. L’odeur se fait plus forte. Nous nous ruons là-bas, mais au bout de deux pas, je m’arrête, reconnaissant une autre odeur. Mon créateur sort alors de la pièce. Avisant Lucinda et Tony qui courent dans sa direction, il prend la fuite. Tous trois disparaissent alors au coin du couloir, à vitesse de vampire.
- Mandy ? M’interpelle Camille avec une voix hésitante.
Je me retourne vers elle.
- Va à la Grande Salle. Préviens le directeur qu’il y a eu une autre attaque. Dépêche-toi.
Bien que légèrement tétanisée, elle acquiesce et finit par courir dans les escaliers et disparaître à son tour. Je me rue ensuite vers la pièce d’où s’échappe l’odeur de sang et me précipite sur le corps qui y est étendu par terre, très pâle. Je m’agenouille près du jeune homme allongé et pose ma main contre son cou, d’où son sang continue à s’échapper. Je cherche un pouls, un souffle. Mais il n’y en a plus. Nous sommes arrivés trop tard. Le jeune Serpentard est mort.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Avr - 10:56

Chapitre 27 : Seconde morsure




Les professeurs arrivent quelques minutes après que j’ai constaté le décès du Serpentard. J’ai quitté la pièce, refermé la porte, puis attendu l’arrivée du corps enseignant dans le couloir en me rongeant les ongles. Lorsqu’ils arrivent, accompagnés de Camille, je leur fais face et indique la pièce d’un signe de la main. Le professeur Dumbledore s’y rue, ses collègues, les professeurs McGonagall et Gray ainsi que l’infirmière, sur les talons. Je m’approche ensuite de Camille et glisse mes bras autour de son cou pour l’approcher de moi et glisse sa tête contre mon épaule, au moment où elle éclate en sanglots.

- C’est qui ? Demande-t-elle entre deux pleurs.

- Je ne sais pas. Un Serpentard d’après l’uniforme, mais je ne le connais pas personnellement.

Camille glisse ses bras autour de ma taille et s’accroche au bas de mon chandail, tirant dessus désespérément. Je lui caresse la tête, dans l’espoir vain de la réconforter ne serait-ce qu’un peu. Je sais qu’elle revoit la mort de Fred dans cette nouvelle attaque, et que ça va être dur pour elle. Lorsque j’entends le professeur McGonagall ressortir de la pièce, je me retourne pour la regarder. Elle a le teint pâle et me fixe.

- Savez-vous où sont miss De Tore et monsieur Esperanza ? Me demande-t-elle.

- Oui, professeur, ils ont pris le meurtrier en chasse.

La femme sursaute, ne s’attendant visiblement pas à cette réponse. Moi-même, j’ai le cœur qui bat à cent à l’heure. J’espère qu’ils vont réussir à l’avoir. J’espère qu’ils vont mettre fin à ces meurtres en série. Les autres adultes quittent alors la pièce, et l’infirmière court hors du couloir, sans doute à l’infirmerie. Le professeur Dumbledore se glisse alors au côté de la directrice adjointe et lui demande :

-Minerva, s’il vous plait, envoyez les élèves dans leurs dortoirs. Je ne voudrais pas que l’un d’entre eux se fasse attaquer alors que le meurtrier est toujours entre les murs de Poudlard.

La femme acquiesce et quitte le couloir à son tour. Le professeur Dumbledore se tourne alors vers moi, glisse un œil triste sur Camille, puis me dit :

- Miss Dawn, monsieur Stevens est en train de se transformer, son pouls est très faible et le venin commence déjà à agir. Pouvez-vous intervenir ?

Mon sang se glace. Je revois le liquide vermeil qui entourait la tête du Serpentard, le sang qui continuait à s’échapper de son corps. Mince, mon créateur ne l’a pas vidé. Il va se transformer en Faucheur. Je m’éloigne de Camille, sous son air surpris et épouvanté.

- Je ne sais pas monsieur. Je . . . Enfin, il n’est pas encore mort, alors . . . Je ne pense pas pouvoir . . . Le tuer.

Je baisse le regard, refusant d’affronter ses yeux pleins d’inquiétude et de compréhension. Je voudrais pouvoir dire que je suis capable d’éviter au Serpentard une renaissance malsaine, mais je ne peux pas. Je ne me vois pas en train d’ôter la vie à un être, sans raisons réellement valables.

- Si vous le permettez, professeur, je serais plus à l’aise avec ça quand la métamorphose sera terminée. Autrement, Lucinda ou Tony pourront sans doute s’en charger.

- Bien sûr, miss Dawn, je comprends. Je vous demanderais de bien vouloir rejoindre vos dortoirs, maintenant.

Nous nous exécutons, et je glisse un dernier regard sur le directeur avant de lui tourner le dos. Camille, toujours aussi secouée, passe son bras sous le mien et se colle contre mon corps.

- Oh, miss Dawn, m’interpelle alors le directeur, me faisant m’arrêter et me retourner. Si vous vouliez bien attendre un peu avant de sortir chasser ce soir. Les élèves risquent de veiller tard et de vous voir sortir.

J’acquiesce et nous quittons finalement le couloir. L’escalier mobile est vide, et nous sommes au cinquième étage quand la voix du professeur McGonagall résonne dans tout le domaine, comme il arrive que cela se passe lorsque des annonces importantes sont faites.

- Chers élèves, je vous demande de bien vouloir rejoindre vos dortoirs dès à présent. Veillez regagner vos quartiers dans le calme et ne restez pas seuls. Les membres du personnel de l’école patrouillent dans les couloirs et dans le parc pour vérifier que personne ne désobéisse.

Le message d’information se termine, et nous continuons à monter jusqu’au septième. Là, nous prenons le couloir pour rejoindre la maison de Serdaigle, et nous nous glissons dans la salle commune, une fois le mot de passe donné au portrait. J’installe Camille dans le sofa qui fait face au feu de cheminée ronflant et je me glisse à côté d’elle pour la prendre par les épaules. Elle a cessé de pleurer, mais son regard est vague, fixé sur le feu. J’imagine qu’elle repense à la mort de Fred. Je soupire et frictionne son dos. Je revois moi aussi les visages de ceux qui ont déjà eu affaire à mon créateur. Betty, étendue sur le sol, pâle comme la mort, puis ensuite de nouveau debout, mais sous une autre forme, terrifiante et mortelle celle-là. Son corps, quand j’en ai eu fini avec elle, et la bile que je ressens à chaque fois à ce souvenir. James, dans son cachot, acculé contre le mur, le visage déformé par la peur. Le Serpentard, les yeux grands ouverts, figés sur une expression de surprise. J’imagine Fred, le corps raide et les yeux à jamais clos. Je frissonne et cligne des yeux, éradiquant les larmes qui menacent d’y perler.

- Le Serpentard, fait soudain Camille, il va se transformer . . . En vampire de la Caste ?

Je me tourne vers elle, surprise. Son regard reflète une lueur d’espoir, que je me dois d’éteindre. Je secoue la tête. Son regard s’assombrit, au moment où le portrait livre le passage aux autres Serdaigle qui parlent entre eux avec curiosité. Ils se demandent ce qu’il se passe, certains commencent à le deviner. La lèvre de Camille tremblote et elle prend une courte et forte inspiration, comme pour s’empêcher de craquer.

- Allons dans le dortoir, dis-je en me levant. Nous y serons mieux.

Elle acquiesce, se lève à son tour et nous montons jusqu’à notre chambre. Camille s’installe d’autorité sur mon lit, enlève ses chaussures avec ses pieds et se glisse toute habillée sous mes draps, les remontant jusqu’au menton. Je referme la porte, et fais comme elle, me débarrassant en plus de mon chandail, avant de me glisser à son côté, sous les couvertures. Nous nous serrons l’une contre l’autre, nous faisant face. Des larmes coulent silencieusement sur le visage de Camille.

- Je ne veux pas que ça recommence, sanglote-t-elle. Je ne veux pas. Est-ce qu’on n’a pas déjà suffisamment souffert ? Pourquoi est-ce qu’il doit encore en tuer d’autres ? Pourquoi il fait tout ça ?

Ma gorge se serre, la tristesse étreignant mon cœur. Je colle mon front contre celui de mon amie. Moi non plus, je ne sais pas. Moi non plus, je ne veux pas que ça recommence. Moi aussi, je trouve qu’on a suffisamment souffert comme ça. A moi aussi, toute cette histoire me fait terriblement mal. Mais nous n’y pouvons rien. La vie est faite ainsi. Alors, impuissante face au drame qui nous entoure, je ne peux que verser moi aussi des larmes, blottie dans la chaleur de Camille.

Mon amie s’endort deux heures plus tard. Nous sommes toujours serrées l’une contre l’autre. Camille a glissé ses bras autour de ma taille, et niché son visage dans le creux que forment mon épaule et mon cou. Pendant toute la période où nous avons pleuré ensemble, cachées sous ma couette, j’ai vaguement entendu les autres filles pénétrer elles aussi dans le dortoir. Elles ne nous ont rien dit, ne sont pas venues nous voir, ce qui est très bien ainsi. Je suppose que, tout comme nous, elles ont été déstabilisées par l’incident. Comme la précédente attaque remontait à plusieurs semaines, nous avions commencé à espérer que c’était terminé. Nous rêvions haut en couleurs.

Doucement, je m’arrache à l’étreinte de Camille, me recule et sors du lit. Je voudrais pouvoir faire comme elle, pouvoir me blottir sous la chaleur de mes couvertures, fermer les yeux et tout oublier pour la nuit. Mais je ne dors qu’une heure par jour, alors cela m’est impossible. Je dois veiller toute la nuit, avec l’image en tête de ce pauvre garçon, et l’idée que je vais devoir, à lui aussi, lui ôter sa seconde vie dès le lendemain soir. Je sais que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, mais je n’en ai pas la moindre envie. J’espère que Lucinda ou Tony s’en chargera.

Une fois hors du lit, j’ôte mon uniforme et enfile une jupe plissée rouge et noir à carreau, ainsi qu’un tee-shirt blanc. J’enfile ensuite mes chaussettes montantes blanches et noires et glisse mes pieds dans mes bottes. Je jette un dernier coup d’œil sur Camille, attrape ma baguette laissée dans ma cape et la glisse dans la poche de ma jupe, puis quitte la chambre. Crow et Grayson dorment elles aussi profondément, et j’espère que le reste de l’école fait de même, même si je ne sors que pour me balader, et non pour chasser dans l’immédiat. Je dévale les escaliers jusqu’à la salle commune occupée seulement par deux septièmes années qui se sont endormis près du feu, et me faufile hors de la pièce.

Dans les couloirs, je déambule à vitesse modérée, regardant les tableaux, m’attardant dans certains coins que je n’ai jamais vraiment regardés. Malgré mes nuits écourtées, je n’ai jamais pensé à mettre ce temps à profit pour explorer le château. J’aurais dû, je suis sûre qu’il y a des endroits superbes à découvrir, bien plus intéressants que le parc ou la forêt que je parcours à longueur de nuits. A force de déambuler, je finis par me retrouver dans la volière, la tour la plus haute du château. Arrivée là, je m’approche alors à l’une des fenêtres, faisant fi des volatiles inquiets qui s’éloignent à tire-d’aile sur mon passage, et m’accoude au rebord de l’ouverture. Le ciel étoilé et sans nuages dévoile une lune presque pleine. Mes pensées dérivent alors vers Remus, qui doit se préparer à sa prochaine transformation, dans deux jours. Ses amis doivent l’attendre avec impatience, ils aiment se balader sous leur forme animagus avec le lycanthrope. Je souris en repensant à la proposition que James m’avait faite un jour, de les accompagner une nuit. J’avais été tentée, jusqu’à ce que je me souvienne que vampires et loups-garous ne font pas bon ménage et que ça risquait de finir en bataille rangée.

Soupirant, j’arrache mon regard du ciel et lance un œil sur ma montre. Mine de rien, j’ai marché pendant plus d’une heure, et minuit approche lentement mais sûrement. Je décide alors de quitter la volière et de reprendre mes déambulations. Je redescends de plusieurs étages, sans vraiment réfléchir à où je vais, puis je me retrouve dans un couloir qui me rappelle vaguement quelque chose. Je fais encore quelques pas, avant de m’arrêter devant une tapisserie ternie par le temps. Je me souviens alors d’une journée de mois de mars, à la sortie d’un cours de sortilège, où Sirius m’avait fait prendre le passage secret qui se cache derrière la tapisserie pour rejoindre le parc. Nous avions travaillé plusieurs heures en silence, jusqu’au dîner. J’avais ensuite trouvé le Gryffondor endormi contre un arbre. Je souris en repensant à cette soirée, puis le perds, comme je me remémore ce qui a suivi : l’agression de James.

Prise d’une envie subite, j’écarte la tapisserie, sors ma baguette et d’un sortilège illumine l’étroit boyau de pierre. Je me glisse dans le passage, fais quelques pas, et la fraicheur de la nuit emportée par le vent depuis la sortie du tunnel transporte des senteurs que je différencie et identifie sans mal. Celle de la pluie, celle de l’herbe, de la terre trempée, des fleurs qui bordent le château, et . . . Des maraudeurs. Je fronce des sourcils. Leurs odeurs se font plus présentes, à tous les quatre. Ils ne devraient pas être dans leur chambre à cette heure-ci ? Les bruits de leurs pas et de leurs discussions me parviennent ensuite. Je reconnais chacune de leurs voix, distinctement, et arrive même à distinguer leurs mots et leur sujet. Remus, James et Sirius asticotent Peter à propos de Camille. Comme je n’ai pas envie de les voir, je me retourne et m’apprête à faire demi-tour. Mais il me parvient alors une odeur du couloir, juste devant moi. Celle de mon créateur. Mon sang se glace. Il est tout près, et il s’approche trop vite. Malgré ma présence, il va sentir les maraudeurs, et James. Il devait le tuer, mais ne l’a pas fait. Aura-t-il l’idée de retenter son projet ?

Je me retourne de nouveau, faisant dos au couloir et m’avance de quelques pas vers les maraudeurs. Dans le boyau, j’aperçois alors la lueur de deux baguettes. J’éteins la mienne, ne voulant pas avoir les mains prises au cas où je devrais les protéger de mon créateur et cours dans leur direction, en faisant le plus de bruit possible pour les alerter. Ils arrêtent de discuter et je me stoppe à quatre pas d’eux, occasionnant leurs airs surpris. Je pose alors un doigt en travers de mes lèvres, pour leur intimer de se taire. Je tends l’oreille en direction du couloir et jette machinalement un œil derrière moi, même s’il n’y a rien à voir. Je sens toujours la présence de mon créateur, mais il a cessé de courir. J’imagine qu’il tente toujours d’échapper à Lucinda et Tony.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? Chuchote Peter.

Les trois autres le fusillent du regard alors que je leur fais dos pour me mettre face à l’entrée du passage secret. Je guette tout mouvement avec prudence. J’écarte un peu les pieds, m’offrant un appui à peu près sûr et sers les poings dans l’attente de mouvements. Mais rien ne se passe. J’entends les respirations inquiètes des quatre jeunes hommes, tout près, mais rien venant du couloir. Pourtant, je sais qu’il est encore là. Il sent sans doute les maraudeurs, ainsi que mon odeur. Il doit s’interroger sur ce qu’il doit faire. Moi aussi. Il faut l’arrêter, l’empêcher de quitter le château. J’ignore si Lucinda et Tony sont tout proches. Si ce n’est pas le cas, il faut que je m’occupe moi-même de mon créateur avant qu’il ne trouve un moyen de s’échapper - dont ce passage secret dans lequel nous faisons barrage.

Je fais un pas en avant, peu sûre de ce que je dois faire. Je voudrais l’arrêter, le ligoter, mais je sais aussi que je ne fais certainement pas le poids face à lui en corps à corps. Je suis un vampire trop jeune, lui doit avoir déjà pas mal d’expérience. L’odeur de James s’approche alors de moi, et il pose une main sur mon épaule, avant de chuchoter très bas contre mon oreille.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

J’hésite à lui répondre, pour ne pas alerter le vampire. Je pense aussi à leur faire signe de rebrousser chemin, mais j’ai peur qu’une fois dehors, mon créateur nous poursuive, et j’aurais alors trop de surface à protéger. M’avancer dans sa direction n’est pas une option. Alors il faut attendre.

- Il est là, chuchoté-je très bas à James. Le vampire est juste dans le couloir.

James met moins d’une seconde à faire le rapprochement, comme l’atteste sa prise qui se ressert inconsciemment sur mon épaule.

- Qu’est-ce qu’on fait ?

Je cogite toujours pour trouver une réponse à cette question. Surtout que je ne comprends pas pourquoi mon créateur reste devant la tapisserie. Est-il aussi indécis que moi ? Mais pourquoi le serait-il dans ce cas ? Entre quoi et quoi hésite-t-il ? Je sens que je ne vais pas tarder à avoir la réponse à ma question puisque la tapisserie se soulève et laisse apparaitre le profil de mon créateur. James relâche son emprise sur mon épaule et fait trois pas en arrière, effrayé. Je peux le comprendre, la dernière fois qu’il l’a vu, il a failli passer à la casserole.

Le vampire pose un pied dans le passage. Derrière moi, j’entends Remus émettre une injure, traduction de leur état à tous. Mon créateur relâche alors la tapisserie, et nous ne sommes alors éclairés que par les baguettes de Sirius et Peter. Avec ma vue, je distingue l’homme. Il a toujours les cheveux attachés sur sa nuque et son long manteau en cuir marron. Je vois qu’il porte une chemise en flanelle beige et un pantalon de cuir noir sur des bottes de même matière et de même couleur sous le manteau. Il s’approche prudemment, comme s’il était encore hésitant. Je remarque alors un détail insolite. Ce n’est pas James qu’il fixe sans ciller. C’est moi.

- Reculez, dis-je alors aux autres.

Je les entends obtempérer, et j’avance de deux pas. Mon créateur arrête d’avancer, se fige à mi-distance entre moi et l’entrée du passage. Il ne me quitte pas du regard, et je distingue un tourment dans son regard brun. Un frisson désagréable dégringole le long de mon dos quand je reconnais la lueur dans ses yeux. Celle de la faim. J’ai immédiatement un mauvais pressentiment, qui se confirme quand il court vers moi à toute vitesse et me saute dessus, canines en avant.

Je fais un pas en arrière, juste le temps d’assurer ma position, et il s’abat sur moi avec la force et la vitesse d’un boulet de canon. Le bruit que font nos deux corps qui s’entrechoquent violemment résonne comme un coup de feu dans le boyau de pierre, et j’entends Peter pousser un petit cri surpris et apeuré. Je me réceptionne durement contre un mur qui tremble un peu, puis je repousse le vampire de toute la force dont je suis capable, avant que sa mâchoire ne se referme sur mon cou. Je prends ensuite la fuite, en priant pour qu’il me suive hors du passage, jusque dans le couloir du château. Je repousse la tapisserie, et entends les pas du vampire derrière moi. Je me retourne, fais face à mon créateur quand il déboule à son tour du passage secret. Il se rue sur moi, et je le réceptionne, pied en avant, mue par mon instinct. Lorsque son torse entre contact avec la plante de mon pied, je le repousse de toutes mes forces, et son corps vient cogner contre le mur en face, juste à côté de la tapisserie. Il n’a même pas l’air sonné par le coup violent, ce qui me confirme dans ma supposition que je ne fais pas le poids face à lui. Je vais passer un sale quart d’heure.

Je fais quelques pas en arrière dans le couloir, m’éloigne du passage secret pour éviter aux maraudeurs des dommages collatéraux, et attends que le vampire repasse à l’attaque. Ce qu’il ne tarde pas à faire. Je le réceptionne avec mon poing dans la mâchoire, mais avant que le coup l’ait atteint, il attrape mon poignet et me tire vers lui. Surprise, je lâche un cri. Ses lèvres dévoilent ses canines, la soif et l’envie animant son regard. Je me débats comme je peux pour tenter de me soustraire à son emprise, mon corps glisse un peu loin de lui, mais il me plaque durement contre un mur pour m’empêcher de continuer ma tentative. Vif, il plonge alors sa bouche contre le creux de mon cou et ses dents déchirent ma peau. Je pousse un puissant cri aigu de douleur quand ses crocs s’enfoncent dans ma chair et que je le sens aspirer mon sang. Trop effrayée par ce qu’il m’arrive, je ne suis même pas consciente de ce qui m’entoure, n’arrive pas à savoir si les maraudeurs sont toujours dans le passage ou s’ils ont réussi à prendre la fuite.

Plaquée contre le mur, je tente quand même d’échapper à la prise du vampire, mais plus il boit mon sang, et moins j’ai de force. Je finis par devenir pantelante, mes jambes ne me soutiennent plus et il doit me tenir debout. Puis soudain, il n’est plus là, arraché en arrière. Je m’écroule au sol et vois à travers mon regard embrumé, Tony et Lucinda qui le plaquent contre le mur en face. Je porte une main à mon cou, d’où s’échappe un flot de sang régulier, bien qu’amoindri. Ma blessure commence à se refermer. La faim se réveille. Mon regard s’égard du côté des maraudeurs qui sont sortis du passage et qui regardent la scène d’un air effaré. Mes yeux se posent sur Sirius, mes sens s’attardent sur son odeur. Je prends une brusque inspiration sifflante de douleur.

- Lucinda ! Ai-je tout de même la force de crier.

Mais c’est Tony qui se retourne, alors que la vampire entreprend de maitriser mon créateur. Tony se précipite sur moi, porte un regard abasourdi sur ma blessure et se retourne pour prévenir Lucinda de mon état. Je vois des points noirs apparaitre dans mon champ de vision. Je ne pense pas que ce soit bon signe.

- Il l’a mordue ? S’exclame Lucinda avec effarement.

- Il lui a même pris beaucoup trop de sang. Elle est en train de perdre conscience. Elle a besoin de se nourrir, tout de suite.

Je ferme les yeux, agacée par toutes les lueurs bizarres qui se collent sur ma rétine. Je sens mon esprit qui me hurle de lâcher prise et de laisser la noirceur m’entourer, mais je refuse. Je force mon attention à se fixer sur ce qui se dit autour de moi, la main toujours sur ma blessure d’où le sang ne s’écoule plus.

- Je peux . . .

C’est Sirius qui vient de parler, mais il est coupé par Lucinda et Tony qui crient un « non » direct et sans concession.

- Mais . . . , tente-t-il ensuite de plaider, avant d’être encore coupé.

- On sait, dit Lucinda, mais le jour où elle se nourrira de ton sang, c’est qu’elle l’aura décidé, et pas autrement.

Ma respiration se fait plus difficilement, mes poumons et mon cœur ont tendance à ne pas fonctionner correctement. Ca non plus, ça ne doit pas être bon signe. Mon corps penche dangereusement sur le côté, mais je suis réceptionnée par une poigne forte, mais douce. Je devine à l’odeur que c’est Tony.

- Lucinda, ce n’est plus connaissance qu’elle perd là, c’est la vie. Le venin est en train de la tuer.

- L’infirmerie, intervient alors Remus, dont le ton reflète une grande inquiétude. Mme Pomfresh a du sang en réserve pour elle au cas où.

- Tony, emmène-la, je m’occupe du vampire.

Je tousse violemment et je sens quelque chose passer à travers ma gorge puis hors de ma bouche. Je n’ouvre pas les yeux, de peur de constater que c’est du sang. Je me sens quitter le sol, portée par Tony, mais je n’ai même pas la force de me retenir à lui. Mon esprit me harcèle toujours pour que je sombre dans l’inconscience, et je n’ai plus la force de lui résister.

C’est le noir complet.




O0o0O




Je papillonne des yeux, avant de tourner dans mon lit et de me retrouver sur le flanc droit, mes mains glissées sous l’oreiller. Peu à peu, mes sens s’éveillent à leur tour, et je constate que le soleil réchauffe mon corps enveloppé dans des draps. Mes oreilles captent des sons de pas qui résonnent dans la pièce. Je reconnais celui de Mme Pomfresh, ainsi que son odeur dans l’air. J’en déduis que je suis à l’infirmerie. Je me remets sur le dos et décide d’ouvrir les yeux. Le blanc immaculé fortement présent dans la pièce agresse ma rétine. Je pose ma main sur mes yeux pour éviter d’être rendue subitement aveugle, et permets à la lumière de passer progressivement entre mes doigts, pour habituer ma vue. Je lance un regard autour de moi, mais il n’y a personne. L’infirmière doit être dans son bureau, donc je remets tous mes sens à niveau humain, comme chaque matin.

C’est alors que je jette un œil sur mes vêtements posés sur une chaise que les raisons de ma présence à l’infirmerie se rappellent peu à peu à moi. Encore effrayée par le fait que j’ai frôlé la mort de très près - ça ne fera que la seconde fois en moins de six mois - je soupire en repoussant mes cheveux en arrière. Les mèches retrouvent leurs places indisciplinées, mais je m’en contrefiche. La sensation des dents de mon créateur déchirant ma peau me revient, et je plaque ma main sur mon cou. La présence de deux petites boules de chair me fait grimacer.

J’enlève ma main et repousse les couvertures pour poser pied à terre. Je ne sais pas si je me suis suffisamment remise pour sortir du lit, alors je teste mon équilibre avant d’y aller franco. Je tangue juste un tout petit peu, mais tout parait globalement dans l’ordre. Je jette un œil sur ma tenue : on m’a enfilé une chemise de nuit blanche légère. Elle m’appartient, bien que je ne la mette que rarement puisque je trouve que le tissu est un brin transparent. Je regarde ensuite la porte du bureau de Mme Pomfresh et décide de m’y rendre. J’y vais d’un bon pas, sans fatigue, ce qui me rassure, puis je toque deux coups à la porte. De l’autre côté du battant, j’entends l’infirmière faire grincer sa chaise sur le sol en la repoussant, puis les bruits de ses pas qui viennent vers moi. La porte s’ouvre ensuite, pour laisser passer le visage surpris de l’infirmière.

- Vous êtes réveillée ? S’exclame-t-elle. Voilà une bonne nouvelle.

Elle me prend par le bras et me ramène jusqu’à mon lit, tout en me disant :

- On peut dire que vous nous avez fait une belle frayeur, miss. Entre vous et ce pauvre jeune homme, j’ai bien cru que cette chère Minerva allait nous faire une attaque.

Je m’assieds sur mon lit et elle sort sa baguette pour m’ausculter.

- Savez-vous si Lucinda et Tony ont appréhendé le meurtrier ? Demandé-je alors.

La femme pince des lèvres alors que sa baguette émet une lueur orangée qui me semble de bon augure.

- De ce que j’en sais, répond-t-elle, ils le détiennent quelque part dans le château pour l’interroger. Mais c’est tout. Le reste est confidentiel, je ne suis même pas sûre qu’Albus sache quoi que ce soit de plus.

J’acquiesce et ne pose pas plus de questions. J’aurais de toute manière rapidement l’occasion de questionner Lucinda ou Tony dès ma sortie. L’infirmière termine de m’ausculter puis abaisse sa baguette en souriant.

- Tout est en ordre, miss Dawn. Mais veillez à vous nourrir dès que vous avez faim, ce sont les recommandations de miss De Tore. Il faut que vous remplaciez tout le sang que vous n’avez plus, progressivement. Vous pourrez venir ici, j’ai constitué un petit stock pour vous. Je pense que c’est tout, alors vous pouvez rejoindre vos camarades pour le déjeuner et reprendre les cours.

J’acquiesce, la remercie, et attends qu’elle m’ait laissée seule pour enlever ma chemise de nuit. Je me déshabille complètement, puis m’habille des vêtements de la veille. Il y a encore un peu de sang sur le col de mon tee-shirt, j’espère pouvoir le nettoyer. Une fois vêtue, je m’assieds sur le lit pour enfiler mes bottes et me relève. En approchant de la porte, je crie un au revoir à Mme Pomfresh, qu’elle me renvoie, puis j’ouvre la porte et sors. Dans le couloir, j’ai alors la surprise de constater la présence de Sirius, debout face à moi. Je referme la porte, sans le lâcher des yeux, interrogative. Il fait un en avant.

- Comment tu vas ? S’enquiert-il. C’est bien prudent de te laisser sortir aussi vite ?

Je fronce des sourcils en comprenant qu’il s’inquiète de ma santé. Je le rassure aussitôt.

- Mon métabolisme se remet plus vite que celui d’un humain. Ma blessure était guérie avant même d’arriver à l’infirmerie. Je n’y suis restée que parce qu’il fallait un endroit pour me nourrir plus souvent que d’habitude. Il a bien fallu me rendre tout le sang que j’avais perdu.

De fait, je me souviens m’être réveillée régulièrement, sans comprendre ce qu’il se passait, pour me nourrir. Je ne pouvais pas bouger du lit, alors on me surélevait la tête et on me versait le sang dans la bouche. J’imagine que je dois tout cela à Tony et Lucinda. Ce sont sans doute eux qui se sont relayés à mon chevet toute la nuit.

- Et toi ? Et les autres ? Vous n’avez pas été blessés ?

Il secoue la tête.

- On a eu la peur de notre vie, mais autrement tout va bien. James risque d’avoir un peu plus de mal que nous à s’en remettre. J’avoue qu’il ne fait pas le fier depuis ce matin.

- Je le comprends, dis-je en prenant la direction de la Grande Salle, Sirius sur mes talons. Est-ce que tu peux me dire quelle heure il est s’il te plait ?

Il consulte sa montre avant de m’apprendre qu’il est près de midi et demi.

- Tu as mangé ? Demandé-je.

- Euh non, me dit-il en se grattant l’arrière du crâne. Je . . . J’attendais que tu te réveilles. Remus m’a promis de passer me filer un encas si jamais je ne venais pas à la Grande Salle ce midi.

Nous sommes dans les escaliers mobiles, quand je le regarde du coin de l’œil, surprise. Pourquoi est-ce qu’il fait tout ça pour moi ? Pourquoi est-ce qu’il s’inquiète autant ? Qu’est-ce que je suis pour lui ? Ses réactions me déstabilisent. Je l’ai rejeté à plusieurs reprises, et pourtant il s’accroche. Je n’arrive pas à le comprendre. Je me dis que c’est peut-être le bon moment pour mettre cette affaire à plat, lui faire comprendre qu’il se met en danger quand il reste auprès de moi. La tristesse empoigne immédiatement mon cœur, mais je la refoule aussi sec.

Je m’arrête alors à une jonction entre deux escaliers, surprenant Sirius, et lui fais face, décidée.

- Sirius, on doit parler.

Il est brièvement surpris, avant d’être attentif à ce que je m’apprête à dire. Je prends une grande inspiration pour me donner un peu de courage, puis dis :

- Je sais que ça peut paraitre incompréhensible, mais maintenant que tu sais tout à propos de moi, et plus particulièrement de nous, je préfère que nous en restions là. J’avoue ne m’être rapprochée de toi que pour avoir l’occasion de te parler de l’Appel sans te faire fuir à toute vitesse. Maintenant que tu es au courant, nous n’avons plus rien à nous dire. Nous pouvons en rester là.

J’évite son regard qui, tout au long de mon discours, s’est peu à peu teinté de tristesse et de douleur. Je ne pensais pas lui faire autant de mal en refusant de poursuivre notre relation amicale, mais c’est le cas. Et tout mon être se rebiffe à cette idée. Je n’ai jamais compris à quel point un vampire est incapable de faire souffrir son Calice. Maintenant je le sais. J’en tremble, tellement je m’empêche de m’excuser et de revenir sur ce que je viens de dire. Si ce que j’ai dit ne lui avait fait ni chaud ni froid, j’aurais pu m’en aller sans un regard en arrière. Mais ce n’est pas le cas. Je ferme douloureusement les yeux.

- Et si moi, je n’ai pas envie ?

Je rouvre les yeux subitement en le regardant. Qu’est-ce qu’il vient de dire ? Quelque chose ressemblant à de l’espoir gonfle mon cœur. Son regard est décidé. Je constate qu’il a les poings serrés et c’est tout juste si je peux discerner la douleur derrière la colère dans ses iris.

- Et si je veux rester avec toi ? Poursuit Sirius. De plus, je ne comprends ce qui te pousse à t’éloigner. Si j’ai bien tout compris, entre ce que tu m’as dit et les informations que m’a données Tony, je suis ce qu’il peut t’arriver de mieux dans la vie, et je ne trouverais personne qui me correspondra plus que toi. A quoi ça sert que tu t’éloignes, à part nous faire souffrir tous les deux ? Avec le passé que j‘ai, vide de bons sentiments, je me suis promis de tout faire pour que mon avenir soit comme je le souhaite, et je te veux dans cet avenir. Alors il est hors de question que je te laisse l’occasion de t’éloigner. Fuis autant que tu voudras, comme tu l’as déjà fait, mais cette fois-ci, je ne te lâcherai pas. Je serais toujours derrière toi, si proche que tu auras l’impression que je suis ton ombre, je te . . .

Je le coupe dans son plaidoyer en le prenant dans mes bras. J’enserre sa taille avec force et planque mon visage dans son torse, pour cacher les larmes qui s’écoulent silencieusement. Il a gagné. Je ne m’éloignerai plus. S’il ne le veut pas, je ne le ferai pas. Fini de lutter contre ce que je veux, si c’est lui aussi ce qu’il souhaite. Quant à ma peur de le vider de son sang, j’aviserai en temps et en heure. Pour l’instant, il n’est pas question de partage de sang entre nous. Les bras de Sirius se referment dans mon dos et il pose sa joue sur le dessus de mon crâne.

- Je t’ai fait changé d’avis ? Murmure-t-il dans mes cheveux.

Je ris légèrement.

- Oui. Je ferais ce que tu veux, c’est promis. Si tu veux que je reste, je resterai. Si tu veux que je parte, je m’en irai.

Je renifle et sa prise se raffermit autour de moi, me plaquant complètement contre son corps. Je respire son odeur à plein nez, un luxe que je ne me suis pas permis depuis longtemps. Sa fragrance animale s’insinue au plus profond de moi et réveille ma soif. Très violemment. Je me recule avec précaution, pour ne pas le brusquer.

- Il faut que je retourne à l’infirmerie, dis-je alors.

- Quoi ? S’inquiète-t-il aussitôt. Pourquoi ?

- J’ai faim, avoué-je. Ça risque d’être comme ça toute la journée, et comme ton odeur réveille ma soif, il serait peut-être mieux que l’on ne se voit pas trop aujourd’hui, ou jusqu’à ce que ma faim redevienne normale.

Sirius fronce des sourcils. Une idée folle et incongrue fait alors son chemin dans ma tête, lorsque je constate qu’il craint que c’est une ruse de ma part pour m’éloigner.

- Tu veux venir avec moi ? Ce ne sera pas long.

Il est d’abord décontenancé par ma proposition, puis il l’accepte. Je fais alors demi-tour. J’ai à peine fait deux pas que Sirius me rattrape et glisse sa main dans la mienne, entremêlant nos doigts. Un frisson part de cette zone pour envahir mon corps. Un frisson de plaisir et de contentement. Nous faisons le chemin jusqu’à l’infirmerie en silence. Pour ma part, je suis encore trop gênée par ce qu’il vient de se passer pour oser prononcer ne serait-ce qu’un seul mot. Pour lui, je ne sais pas.

Nous arrivons à l’infirmerie, et je pousse la porte. Mme Pomfresh entend notre entrée et sort de son bureau pour nous rejoindre. Elle s’étonne de mon retour, et je lui explique que j’ai soif. Elle va alors me chercher ce qu’il faut, puis revient avec une tasse fumante. Je jette un œil en coin à Sirius, qui n’affiche rien d’autre que la neutralité. Il regarde la tasse que je porte à mes lèvres, puis m’observe la vider sans un mot. Le goût sur ma langue me rappelle la chasse au loup. Je rends la tasse à Mme Pomfresh en lui réclamant une deuxième dose. Elle s’empresse de le faire et lance un regard en passant à nos mains entremêlées.

- Quel goût ça a ? me demande alors Sirius.

Je souris.

- Difficile à expliquer. Pour moi, c’est très bon, mais pour toi ce ne serait sans doute pas le cas. Garde à l’esprit que c’est du sang, tout juste sorti d’un animal.

- C’est différent de la chasse, non ? Tu préfères quel moyen ? Me demande-t-il ensuite.

- La chasse, naturellement. Rien ne remplace cette excitation, la peur de la proie juste avant que nous ne l’attrapions.

Sirius sourit.

- Je sais ce que c’est. J’aime chasser les papillons, même s’ils ne terminent pas dans mon estomac.

Je fronce des sourcils, ne comprenant pas. Il imite alors discrètement l’aboiement d’un chien. J’éclate de rire, en l’imaginant chasser les papillons sous sa forme animagus. L’infirmière revient alors avec ma tasse, et je me calme pour la vider. Cette fois-ci, je suis rassasiée. Je lui rends le récipient en la remerciant, puis nous quittons l’infirmerie, non sans que Mme Pomfresh m’ait rappelé que je pouvais revenir aussi souvent que nécessaire.

Dans les couloirs, alors que nous prenons la direction de la Grande Salle, Sirius m’interroge sur mon mode de vie. Je lui apprends alors que je chasse dans la forêt toutes les nuits pour me nourrir, et que je n’ai besoin de dormir qu’une heure par jour pour être en forme. Je lui dis aussi que mon métabolisme récupère plus vite que les humains, comme il l’a déjà constaté, et que le sang des humains à beau sentir bon, il m’est inconcevable de penser à en boire - excepté le sien. Il m’interroge ensuite sur Betty, une question à laquelle il a beaucoup pensé, me confie-t-il. Je lui raconte alors ce qu’il s’est passé la nuit où j’ai dû la neutraliser, en ajoutant qu’il est le seul à le savoir de tous mes amis, et que je souhaite que ça continue ainsi. Il comprend et me promet de conserver le secret.

Nous cessons de parler de moi quand nous arrivons près de la Grande Salle. Sirius nous arrête, juste avant que nous soyons en face de la pièce et me tourne face à lui.

- Je ne voudrais pas qu’il y ait d’ambiguïté, dit-il, occasionnant mon incompréhension.

Puis, il se penche vers moi et m’embrasse. Contrairement à la dernière fois, notre baiser reste chaste. C’est doux, agréable. C’est comme une promesse. Je me hisse alors un peu, encercle son cou entre mes bras, et il pose ses mains sur ma taille. Notre échange reste aussi sage qu’au départ. Aussi délicat. Puis, nous sommes interrompus.

- Ah, je crois que j’ai loupé un chapitre dans les aventures d’amours rocambolesques de Sirius, s’exclame avec humour la voix de James.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Avr - 8:59

Chapitre 28 : Interrogatoire

Assise dans un fauteuil et les pieds posés sur la table basse, j’attends que Camille revienne à la salle commune. Il est plus de dix heures du soir, et comme la bibliothèque vient de fermer, elle ne devrait pas tarder à revenir. Autour de moi, il reste peu d’élèves, la plupart ayant retrouvés leurs dortoirs pour être en forme pour profiter du premier jour du week-end. Certains ont encore du mal à se remettre du nouveau décès qui nous a frappé. L’élève était un Serpentard de cinquième année, Adrian Stevens, issue d’une famille de moldus. D’après les bruits de couloirs, c’était un garçon plutôt sympathique, rejeté par sa maison la plupart du temps. Je me souviens que c’est lui qui a trouvé le corps de Fred sans vie il y a quelques semaines, et qui a prévenu les professeurs. J’ai mal pour lui. Mais je me dis que nous avons enfin coincé le meurtrier et que maintenant les élèves n’ont plus rien à craindre.
Je jette un œil sur le fenêtre derrière moi. La nuit est tombée et il n’y a pas un seul nuage dans le ciel, me permettant de voir quelques étoiles. J’ôte mes pieds de la table, m’installe en travers du fauteuil et laisse mes cuisses reposer sur l’accoudoir pour pouvoir profiter de la vue dans une position à peu près agréable. Je repense au dîner. Le professeur Dumbledore a annoncé à toute l’école que l’auteur des meurtres qu’a subi l’école depuis le début de l’année a été appréhendé, et qu’il n’y a plus lieu de s‘inquiéter. Camille a été infiniment soulagée de l’apprendre.
Souriant à la lune, je repense à la réaction de mon amie. Lorsqu’elle a vu que j’étais sortie de l’infirmerie, j’ai bien cru que j’allais y retourner illico. Elle m’a sauté dessus, tenté de m’étrangler et de m’étouffer en me serrant contre elle, puis j’ai subi un feu nourri de remontrances à cause de mon escapade de la nuit dernière, qui a failli me coûter la vie. Camille a eu très peur pour moi. Heureusement, Peter et Remus - sous les rires de James - ont finis par la calmer en prétextant que son bonheur de me revoir sur mes deux pieds allait être gâché si elle me renvoyait à l’infirmerie aussitôt après ma sortie. Elle a alors cessé de me traiter de tous les noms d’oiseaux qu’elle connaissait et de me promettre moult tortures, et a enfin remarqué que je n’étais pas seule. Le regard qu’elle porta sur moi, après avoir constaté que Sirius me tenait par la main, fut assez amusant. Ainsi que la manière dont elle a frappé son front du plat de sa main. Avant de dire qu’elle ramasserait les morceaux après que Crow m’ait chopé dans un coin sombre.
De mon fauteuil, je jette alors un regard sur mes deux camarades de chambre, qui révisent un cours, installées à une table un peu plus loin. J’avais promis à Crow qu’elle serait au courant, le jour où il y aurait quelque chose entre Sirius et moi. Et je l’ai fait. Non sans me munir au préalable de ma baguette et de garder le sortilège du bouclier sur le bout des lèvres. Elle l’a plutôt bien pris, de mon point de vue. Visiblement, elle a fini par comprendre que son rêve de terminer un jour mariée à Sirius était utopique et totalement irréalisable. Je n’ai, certes, pas pu éviter les regards haineux, et notre nouvelle entente est tombée à l’eau, mais au moins, elle n’a pas touchée sa baguette ce qui est une excellente chose.
Crow sent mon regard sur elle, relève la tête et nos yeux se croisent. Elle commence à me fusiller du regard puis, très rapidement, seule l’indifférence brille dans ses iris. Ensuite, elle replonge dans son devoir. Je soupire en retournant mon attention sur le ciel étoilé. Il vaut sans doute mieux cela à ce qu’elle m’a fait précédemment. En me calant confortablement dans mon fauteuil, je pense à Sirius. J’ai encore un peu de mal à comprendre ce qu’il s’est passé. J’ai agis sous l’impulsion ce midi, et tout s’est passé rapidement. J’ai encore du mal à croire que Sirius et moi formons . . . Un couple. Puisque c’est ce que c’est. Il a l’air heureux de cette avancée entre nous, comme l’attestait le sourire ravi qu’il a gardé peint sur le visage toute l’après-midi, y compris en cours. Je dois avouer que j’étais moi-même très distraite pendant les cours de Rune et de Sortilèges. Nos états à tous les deux ont bien fait rires nos amis.
Je suis interrompue dans mes pensées par le bruit du passage qui s’ouvre. Je tourne la tête vers l’entrée et constate avec ravissement que c’est Camille qui rentre. Elle me voit presque immédiatement et se dirige vers moi avant de se laisser tomber dans le sofa qui fait face à la cheminée. Je la regarde. Elle est l’image même de la fatigue.
- Comment ça s’est passé ? Demandé-je.
Elle fait un vague signe de la main pour me signifier que tout s’est bien déroulé, puis elle plonge la main dans la poche de sa cape avant de me tendre une lettre. Surprise, je prends la missive en lui jetant un regard interrogateur.
- Tony me l’a donné à la bibliothèque, c’est pour toi. Il a dit que tu devais la lire dès que je te l’aurais remise.
Intriguée, je décachète la lettre et la déplie. Une écriture penchée et très fine s’étale, formant des lettres à l’aspect baroque, très appliqué. Je devine que ce sont là des mots de la main de Tony.

Mandy,
Retrouve nous ce soir à onze heures dans les appartements de Lucinda. Nous avons besoin de toi.
Tony


Je regarde le verso du parchemin, mais il n’y a rien de plus. Je m’en retrouve d’autant plus intriguée.
- Qu’est-ce qu’il veut ? Me demande Camille en se redressant.
- Je ne sais pas. Il me dit juste de venir les voir. Ca a l’air important.
Nous échangeons un regard avant que mon amie ne hausse des épaules, comme si le sujet n’était pas si important que ça. Je replie la lettre et la fourre dans la poche de mon jean. Je n’ai plus qu’à attendre l’heure de mon rendez-vous. Je jette un œil sur Camille, dont le regard pèse lourdement sur ma personne. Je soupire, et m’installe correctement dans le fauteuil, consciente de ce qu’il va suivre.
- Tu m’expliques alors ? S’impatiente-elle.
- Je m’étonnais que tu n’ais pas encore posé la question, aussi, rétorqué-je en maugréant.
Elle ne répond pas, se contentant de soulever un sourcil pour m’intimer de lui donner l’histoire en version détaillée. Je lui narre alors ce que je me souviens de ce qu’il s’est passé l’après-midi même entre Sirius et moi, ce qui ne me prend guère plus de deux minutes. Camille pose ensuite la question qui fâche.
- Et pour ce qui est de son sang ? Fait-elle à demi-voix, consciente que nous ne sommes pas seules dans la pièce.
Je prends une profonde inspiration que je relâche lentement, et dis :
- Pour l’instant, je préfère ne pas y penser. J’aviserai en temps voulu.
- Mais tu sais encore mieux que moi qu’au bout d’un moment tu ne pourras plus te retenir. Tu vas passer énormément de temps avec lui et tu vas même finir par ne plus pouvoir te débarrasser de son odeur. Tu l’auras constamment dans le nez. Comment tu vas faire ?
- Le jour où je sentirais que je ne peux plus me retenir, j’en discuterai avec lui.
- Tu es sûre que tu ne fuiras pas ? Demande-t-elle, dubitative.
Je fronce des sourcils.
- Il ne m’en laissera sans doute pas l’occasion, bougonné-je en évitant le regard de Camille.
Amusée, elle se renfonce dans son fauteuil et croise les bras sous sa poitrine. Je lui pose alors une question qui me taraude depuis quelques jours, sans vraiment être certaine qu’elle y répondra.
- Dis, Cam’, est-ce que tu sors avec quelqu’un en ce moment ?
La rougeur qui envahit immédiatement ses joues parle d’elle-même. C’est à son tour d’éviter mon regard maintenant. Je souris, heureuse pour elle.
- C’est Peter ? Demandé-je ensuite.
Elle enfonce sa tête dans ses épaules et acquiesce légèrement.
- Je suis contente pour vous. Je trouve que vous allez bien ensemble.
Elle rigole légèrement en place une mèche derrière son oreille d’un geste gêné. Je me penche en avant, croise les mains devant mes genoux et dis :
- Deux blonds aux yeux bleus. J’ai hâte de voir la tête de vos enfants.
J’évite de peu le coussin qui menace d’atterrir sur mon visage et Camille rétorque
- Tu peux parler, tiens ! Deux bruns, l’un les yeux gris, l’autre les yeux bleus.
- Sirius a les cheveux noirs, et non bruns, dis-je.
- On ne voit pas la différence ! Répond-t-elle en m’envoyant un second coussin que j’intercepte.
- Moi, je la vois ! Dis-je en lui renvoyant son projectile.
Elle l’évite en rigolant et s’ensuit une bataille de coussins, pendant laquelle nous courons l’une derrière l’autre tout autour de la salle commune, dérangeant les quelques élèves qui cherchent à travailler. La plupart finisse par monter dans leurs dortoirs, nous laissant à notre chamaillerie. Je sonne le signal d’arrêt quand je constate que l’horloge de la pièce affiche pratiquement onze heures. Je souhaite alors une bonne nuit à Camille et quitte la salle commune. Je parcours les couloirs au pas de course, pressée de savoir ce que me veulent les deux vampires.
Arrivée devant la porte des appartements de Lucinda, j’y toque deux coups secs. La porte s’ouvre presque immédiatement, et mon amie, habillée de sa belle robe noire qu’elle portait la première fois que je l’ai rencontré, me fait signe d’entrer. Dans le salon, Tony est affalé sur le sofa, le regard plongé dans le feu et les sourcils froncés. Je jette un œil à sa tenue, et remarque qu’il s’est changé depuis que je l‘ai croisé dans l’après-midi. Il porte à présent un jean sombre et une chemise bordeaux. Je fais deux pas dans la pièce et les regard alternativement.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? Demandé-je.
Lucinda s’assoit à côté de Tony dans le canapé, avant de me répondre.
- Nous interrogeons ton créateur depuis ce matin. Mais il n’a pas dit un mot, me répond-t-elle en jetant un coup d’œil vers une porte close à l’opposé de la pièce.
Je suis son regard par réflexe, et un frisson maedégringole le long du dos. Il est là, de l’autre côté du mur, l’ordure qui s’est amusé à faire peser une atmosphère de terreur et de chagrin sur le château. Celui qui a radicalement changé ma vie, sans même me demander mon autorisation au préalable. Je prends une brusque inspiration, croise les bras sous ma poitrine en pinçant des lèvres, et demande d’un ton plus sec que je ne l’aurais voulu :
- Quel est le rapport avec moi ?
- De toutes ses victimes, me répond Tony, tu es la seule qu’il a changé en vampire. Tous les autres sont morts, ou ont été changés en Faucheur. Nous pensons qu’il y a une raison derrière cette décision. C’est pourquoi, nous voulons que tu essayes de l’interroger. Il sera peut-être plus bavard avec toi.
Je fais un pas en arrière, frappée par l’incongruité de ce qu’il me demande.
- Quoi ? M’exclamé-je à mi-voix. Hors de question ! La dernière fois qu’on s’est retrouvé face à face, il m’a pratiquement vidé de mon sang !
Tony serre les mâchoires et une flamme de colère danse dans les iris de Lucinda. La colère qu’ils expriment est loin d’être proportionnelle à l’ampleur de l’attaque. Je sens qu’il y a autre chose, que j’ignore. Une idée fait alors son petit bonhomme de chemin dans ma tête, et je pose la question :
- Les vampires se nourrissent-ils entre eux ?
Le grondement sourd qui s’échappe de la gorge de Tony répond amplement à ma question. Non. Et cela a l’air d’être un crime particulièrement odieux.
- Jamais, fait alors Lucinda en levant une main pour calmer Tony d’une caresse sur le bras. Il est interdit de se nourrir d’un autre vampire, sauf exceptions tels que les Calices transformés. En t’attaquant une seconde fois, ton créateur a violé l’une de nos plus anciennes lois. Il n’y aura aucune rédemption pour lui, rien qu’avec ce crime.
J’opine, comprenant, et décroise les bras. Mon regard est sans cesse attiré par la porte derrière laquelle se cache mon créateur. Peu à peu, l’idée dont-ils m’ont fait part ne me semble pas irréalisable. Quelque part, au fond de mon cœur, la curiosité s’éveille, une envie de connaitre un peu plus cet être, de connaitre ses motivations, les raisons de ses agissements. Savoir pourquoi je suis à présent tel que je suis.
- Vous a-t-il dit au moins son nom ? Demandé-je.
Lucinda secoue la tête.
- Il n’a pas prononcé un mot depuis que nous l’avons enfermés, dit Tony. C’est pourquoi nous espérons qu’il sera plus loquace en ta présence.
Lucinda se lève et se rapproche de moi. Elle pose ses mains sur mes épaules et plonge ses chauds yeux marrons dans mon regard.
- Nous ne te forçons à rien, c’est seulement un service que nous te demandons. De plus, nous avons pensés que tu aurais quelques questions personnelles à lui poser.
J’acquiesce et me détache de sa poigne avant de m’avancer vers la porte d’un pas hésitant. Puis, je me retourne sur eux, alors qu’ils me regardent.
- Vous restez là ?
Ils opinent.
- Au moindre mouvement ou bruit suspect, on te sort de cette pièce, dit Tony. S’il le faut, hurle.
Je leur adresse un signe de tête et reprends ma route vers la porte. Je pose la main sur la poignée et l’abaisse avant de pousser le battant. La porte est lourde, me faisant penser qu’elle est doublée d’une quelconque matière, afin de tenir le prisonnier à l’écart de tout. Il n’a sans doute pas entendu notre conversation, ni mon arrivée. Je fais un pas dans la pièce, m’y glisse et referme derrière moi.
La salle est petite, et ne contient que deux chaises de bois en son centre. Les murs sont de pierres nues, des flambeaux installés à intervalles réguliers éclairent la pièce, et c’est tout. Je m’avance vers la seule chaise de libre et m’y laisse tomber, les bras et les jambes le plus loin de possible de l’être qui est assis dans l’autre chaise qui me fait face. L’homme a la tête baissée, et ses longs cheveux ne sont plus retenus, ce qui fait qu’ils lui tombent devant les yeux, sans me laisser le loisir de voir son visage. Il est vêtu des mêmes vêtements que la veille, lors de son attaque. Ne voyant qu’il ne bouge pas, je me racle bruyamment la gorge. Il relève enfin la tête et me regarde à travers le rideau de ses cheveux. Un sourire en coin, sans joie, apparait sur ses lèvres fines.
Je soupire en constatant qu’il n’a pas vraiment l’air bavard. Je ne sais pas mener d’interrogatoire, c’est même la première fois que je me retrouve face à un homme ligoté à une chaise. Je m’interroge brièvement sur la matière qui peut retenir ainsi prisonnier un vampire, puis croise les jambes. Mon créateur relève alors totalement la tête, renvoyant ses cheveux en arrière d’un mouvement. Il se renfonce dans son siège et me regarde, de la tête aux pieds. Son attention me fait frissonner, de la mauvaise manière. Je ne suis pas à l’aise avec son regard.
Je croise les jambes dans l’autre sens et pose mes mains sur les bords de la chaise, en attendant qu’il ait fini son inspection. Puis, son regard retrouve le mien et, sans pouvoir me retenir, je le fusille des yeux. Ma colère glisse sur lui comme de l’eau. Il continue d’arborer son sourire en coin. Il me semble alors las, comme fatigué de la vie. J’aurais sans doute trouvé le même visage sur un homme prêt à mettre fin à ces jours. Je ferme les yeux en inspirant profondément, puis les rouvre. Je me décide enfin à prendre la parole.
- J’imagine que vous savez qui je suis, fais-je. Vous vous souvenez de mon visage tout du moins. Je m’appelle Amandine Dawn, même si mon nom vous importe sans doute peu.
Il incline légèrement la tête sur la droite, comme pour m’encourager à poursuivre, curieux de savoir ce que j’ai d’autre à dire.
- Est-ce que je pourrais au moins savoir votre nom ? J’avoue me lasser de vous désigner seulement comme « mon créateur ». Je manque de vocabulaire pour vous nommer.
Mon cœur tressaute quand je vois sa bouche s’ouvrir et que j’entends sa voix retentir entre les murs de la pièce. Étonnamment, son timbre n’est pas grave, comme je l’avais imaginé, mais plus proche du ton d’une femme, bien que marqué par sa masculinité.
- William.
C’est tout ce qu’il me donne. Seulement un prénom, mais je prends ça comme un encouragement. C’est toujours plus que ce que Lucinda et Tony ont pu lui soutirer. Je dévisage William, m’attardant sur la cicatrice de sa joue, et devine que, si elle est toujours aussi voyante, c’est qu’elle date d’avant sa transformation. Je constate alors que ses vêtements comportent des coupures et que du sang les salit bien qu’aucune plaie ne soit apparente. Apparemment, la torture est monnaie courante chez les vampires. Je repose mes yeux sur son visage, et passe à la seconde question.
- Pourquoi vous m’avez attaqué, dans la forêt ? J’étais humaine, je n’aurais pas dû vous attirer.
Le chagrin emplit son regard et il remet sa tête droite. Ses yeux parcourent mon visage avec avidité, et je vois ses mains bouger, comme si il voulait se saisir de quelque chose.
- Tu lui ressembles tellement, chuchote-t-il d’une voix teinté de tristesse qui me surprend et m’intrigue. La même odeur, le même visage. Tes cheveux sont identiques aux siens. J’ai cru la voir revenir, j’ai cru que c’était elle.
Une larme carmin coule sur sa joue pâle et son regard se retrouve loin de moi, loin de Poudlard. Je ne vois qu’une raison pour qu’il parle d’une femme de cette manière.
- Votre Calice ? Demandé-je. Je ressemble à celle que vous aimez, n’est-ce pas ?
A ma question, il revient parmi nous. Son regard croise le mien, et ses sourcils se froncent.
- Je l’ai aimé, dit-il. Pendant trente merveilleuses années. Mais elle est morte maintenant. Elle est partie.
Je cligne des yeux, troublée. J’entrevois la raison qui l’a poussé à me mordre. Ce n’était pas essentiellement par soif, c’était un souvenir. Le souvenir de son Calice, celle qu’il a perdu. Mais cela n’explique pas les autres attaques. Collant mon dos contre le dossier de la chaise, je croise les bras sur mon ventre.
- Est-ce que vous voulez bien me dire pourquoi vous avez attaqués les autres élèves ? Ça ne peut pas être à cause de votre Calice, je le sais. Alors quelle est la raison de ces attaques ?
Il évite mon regard, préférant porter attention au mur de pierre sur sa gauche. Je pince des lèvres. Me parler de lui semble être acceptable, mais pas le reste. Alors, je continue sur cette voie.
- Quel âge avez-vous ?
- Cinq cent quatre-vingt dix-neuf ans.
Je cligne des yeux. Il est plus vieux que Tony. Peut-être même plus que Lucinda, dont j’ignore l’âge.
- Il y a longtemps que vous avez perdu votre Calice ?
- Un peu moins d’un an, chuchote-t-il.
Je frissonne. Il a attendu des siècles avant de pouvoir rencontrer son Calice, et il l’a perdu . Je peux comprendre, dans une certaine mesure, qu’il ait perdu la tête.
- Comment est-elle morte ? Demandé-je ensuite avec douceur, touchée par son chagrin.
Ses yeux s’emplissent de larmes au souvenir que je l’oblige à se remémorer avec ma question.
- De maladie. Un cancer, la leucémie. Elle avait tout juste quarante ans.
- Mais, pourquoi vous ne l’avez pas transformé ? M’étonné-je.
La colère froide remplace le chagrin dans ses prunelles. Un grondement sourd lui échappe. J’espère qu’il ne s’entend pas de l’autre pièce, où les deux vampires qui attendent vont débarquer aussi sec.
- Je n’en ai pas eu l’autorisation, grogne-t-il. Elle a refusé que je la transforme, sous prétexte que c’était la juste punition face à mes crimes.
Donc, avec Poudlard, il n’en était pas à son coup d’essai. Merveilleux. Mais qui est ce « elle » ? Et pourquoi une autorisation pour un Calice ? Cela ne devrait-il pas se faire automatiquement, sans même avoir à demander la permission ? N’en va-t-il pas de la santé du vampire ?
- L’autorisation ? Demandé-je avec curiosité. Et qui délivre ces autorisations ? Et pour quel crime elle a refusé ?
William ferme les yeux, la respiration précipitée.
- La Reine, lâche-t-il alors. C’est elle qui décide qui peut être transformé ou non. Et elle a refusé la vie éternelle à Alice, sous prétexte que je n’aurais pas dû alimenter l’armée d’un mage noir au Japon avec des Faucheurs, il y a trois cent ans.
Je cligne de nouveau des yeux et grimace. J’avoue comprendre un peu la Reine, même si la punition me semble particulièrement vicieuse.
- Est-ce pour vous venger de la Reine que vous avez assassiné les élèves ? Demandé-je alors.
Alors que jusqu’à maintenant le regard de William s’était tourné principalement vers les murs de pierres, plongé dans ses pensées, maintenant, il me regarde droit dans les yeux. Un sourire en coin s’étale sur ses lèvres, un sourire malicieux.
- C’est une conséquence de ma vengeance, me confie-t-il.
Il se penche un peu vers moi, aussi loin que le lui permettent ses liens. Son regard fouille mes yeux, comme si il y cherchait quelque chose, puis il poursuit.
- Je me suis tourné vers le Seigneur des Ténèbres, celui que vous appelez Voldemort. Je suis entré à son service, car la Reine a ordonné de ne pas nous mêler des affaires des sorciers. J’ai hâte de voir sa réaction quand elle va comprendre que les sorciers vont haïr les vampires grâce à ce que j’ai fait.
Un long et puissant frisson me dégringole le long de la colonne vertébrale. Ce n’est pas vrai, il plaisante ! Je secoue la tête, refusant de croire à ce qu’il dit.
- Vous-Savez-Qui vous a envoyé tuer les élèves ? Demandé-je, peu sûre de ce que j’ai deviné.
Il acquiesce lentement, fier de lui comme l’indique son sourire. Je repense à Betty, à James, à Fred et au Serpentard. Pourquoi vouloir assassiner des enfants ? Qu’est-ce que Vous-Savez-Qui pourrait bien faire de ces attaques ? A quoi lui serviront-elles ?
- Pourquoi ? Vous le savez ou pas ?
William se renfonce dans son siège et hausse des épaules.
- J’avoue ne pas avoir compris pourquoi, ce n’était pas non plus comme si il s’était donné la peine de me donner une explication. Mais les cibles n’étaient pas choisis au hasard, il m’a donné des photos pour reconnaitre les victimes. Il y a d’abord eu la jeune fille à la peau noire, puis ensuite le garçon aux cheveux bruns et à lunettes. Mais tu es intervenu pour celui-là.
Betty et James. Nom d’une gargouille, ils ont été choisis !
- Quand le Seigneur des Ténèbres a su que j’avais failli pour celui-là et que j’avais été vu, il a voulu brouiller les pistes. Je devais retourner à Poudlard et tuer le premier élève que je verrais. D’après ce que j’ai compris, c’était surtout pour embêter le directeur de l’école, ce meurtre-là.
Je baissai les yeux, refusant de regarder William plus longtemps. Fred a été tué, seulement parce que Vous-Savez-Qui a décidé de casser les pieds à Dumbledore ! Ma respiration se fait précipité. C’est insensé. Complètement fou.
- Celui d’hier aussi était une cible choisi, poursuit William, inconscient de mon émoi. Et je me suis fait prendre. Il y a peu de chances d’ailleurs, que le Seigneur des Ténèbres me revoit. Mais ce n’est pas grave, je commençais à me lasser de tout ça. Le sang humain n’a vraiment pas bon goût. Sauf le tien.
Je relève la tête précipitamment et le fusille du regard. Sa remarque sur mon goût était déplacé. Ainsi que le ton sur lequel il a parlé de tous les meurtres qu’il a commis. Pense-t-il ne serait-ce qu’une seule seconde que ce sont des personnes avec des sentiments et une vie dont il parle ? Des gens qui ont aimés et qui ont étés aimés ? Qu’il leur a arraché leur avenir, des années et des années d’existence ?
Furieuse et triste, je sers les dents pour empêcher mes sentiments de s’échapper avec violence, comme mon corps entier me presse de laisser faire. Je sers les poings, tremble de rage. Je revois Betty, totalement métamorphosée dans le parc, tentant de me mordre. Humaine, jamais elle n’aurait fait ça. Betty était toute en douceur. Fred aussi avait une vie, un avenir avec Camille. Ce n’est pas seulement lui que William a détruit, mais l’amour que mes deux amis se portaient. James . . . Si James était mort ce jour-là, c’est l’amitié la plus solide et la plus durable que je connaisse qui aurait vacillé. Les maraudeurs sont quatre, pas un de plus, pas un de moins. Sans James, tout cela ce serait terminé.
Je fixe William du regard. Il semble remarquer la colère qui tourbillonne dans mes yeux, celle qui ne demande qu’à sortir.
- Tu ne comprends pas, chuchote-t-il. Tu ne sais pas ce que ça fait de voir la personne la plus importante au monde disparaitre sur la décision d’une seule et unique personne. Tu ne peux pas me juger, pas sans tout comprendre. Tu ne sais ce qu’est l’Appel.
Véritablement furieuse, je me relève brusquement, faisant tomber ma chaise à la renverse. William me regarde, étonné.
- Vous avez tort ! Je sais parfaitement ce qu’est l’Appel ! Oh bien sûr, je n’ai pas perdu mon Calice, mais je sais déjà que même s’il venait à mourir, que ce soit de la faute de quelqu’un ou pas, je n’agirais jamais comme vous l’avez fait. A quoi ça sert de donner la mort ? Est-ce que votre Alice aurait accepté ce que vous avez fait ? Parmi tous ceux que vous avez attaqués ces dernières semaines, il y avait des amis à moi, des gens que j’ai aimé et que j’ai perdu. Tout cela parce que vous êtes incapable d’accepter vos propres erreurs et incapable d’accepter votre juste punition !
Soudain, la porte s’ouvre avec fracas. Mes cris ont attirés Lucinda et Tony. L’homme se précipite sur moi, pose une main sur mon bras.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? S’inquiète-t-il en fusillant William du regard.
Je ne dis rien, serre les dents. Je me contente de regarder mon créateur, avec toute la haine que je suis capable d’exprimer avec mes yeux. A son regard, je sais que ce que je lui ai dit ne lui a fait ni chaud ni froid. Il s’en fiche royalement. Je décide alors que je perds mon temps dans cette pièce, avec lui. J’ai ce que je veux.
- Mandy ? M’interpelle Lucinda d’une voix douce, comme pour me calmer.
Je me tourne vers elle.
- Sortons. Je n’ai plus rien à lui dire, et lui non plus. J’ai tout ce qu’il nous faut.
Tony et Lucinda sont surpris. William aussi. Je crois qu’il vient seulement de prendre conscience de ce que ses paroles ont faites. Mais ça ne semble pas l’inquiéter outre mesure. Après tout, qu’a-t-il à perdre maintenant, à part sa vie, qui ne vaut même plus la peine d’être vécu à ses yeux. Qu’il meurt lui importe peu, à présent qu’il n’a plus son Calice.
Je me détourne de William, dégoutée, et quitte la pièce. Tony et Lucinda me regardent faire, légèrement dépassés par les évènements, puis ils laissent William seul et verrouillent la pièce quand ils la quittent. Je m’arrête derrière le sofa et pose mes mains dessus en réfléchissant à ce que je dois faire. William est l’affaire des vampires. Que les meurtres soient orchestrés par Vous-Savez-Qui est clairement l’affaire des sorciers. Je me dois d’en référer à quelqu’un.
Je me tourne vers les deux vampires, qui attendent que je prenne la parole.
- Il s’appelle William, dis-je. Il a près de six cents ans, et s’il m’a attaqué, c’est parce que mon sang et mon physique lui rappelaient son Calice, qu’il a perdu il y a un an. C’est pour ça aussi qu’il m’a transformé, il répugnait à me voir mourir, c’était comme de voir son Calice mourir une seconde fois.
- Et pour les autres ? Demande Lucinda. Quelle excuse a-t-il donné ?
Je ferme les yeux douloureusement en me rappelant ce qu’il m’a dit.
- Il s’est engagé auprès d’un mage noir qui sévit au Royaume-Uni depuis quelques années. Il a attaqué les autres sur son ordre, pour se venger de la Reine.
Lucinda tique d’un mouvement de tête et Tony fronce des sourcils. Je poursuis :
- La Reine a refusé qu’on transforme son Calice en vampire, alors qu’elle mourrait d’une longue maladie. C’était une punition pour des crimes que William avait commis au Japon il y a quelques siècles. Il n’a pas accepté la sentence et s’est engagé auprès de Celui-Dont-On -Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom pour se venger de la Reine, et inciter la haine des sorciers envers les vampires.
Tony laisse sortir une exclamation de rage et, d’un mouvement brusque de la main, envoie valser un vase qui finit par se briser contre un mur. Je sursaute, surprise par le bruit que cela fait. Je suis surprise de sa réaction. Pourquoi est-ce que cela le touche autant ? Je me tourne vers Lucinda pour avoir une réponse, qu’elle me donne :
- La Reine a décidé il y a peu de révéler peu à peu notre existence aux yeux du peuple sorcier. L’action de William risque de ruiner tous nos efforts, les sorciers nous chasseront comme ils l’ont toujours fait.
J’acquiesce, en comprenant.
- Ils ne font pas la différence entre vampires de la Caste et Faucheurs, dis-je. La Reine veut marquer cette différence.
Lucinda opine, l’air grave. Je comprends ce que les meurtres orchestrés par William vont créer. Les vampires seront assimilés au mal, des aides de Vous-Savez-qui, à l’instar des Mangemorts et des détraqueurs. Je soupire en frissonnant. J’imagine que la Reine va reporter tout cela à plus tard maintenant. Et comme la longévité des vampires n’est pas la même que celle des humains, cette attente pourrait se compter en décennies.
Je relève la tête lorsque Tony se dirige vers le sofa et s’y laisse tomber, l’air las. Lucinda le rejoint et pose une main sur son épaule et s’installant à son côté, pour le calmer.
- Je dois aller parler au professeur Dumbledore, dis-je aux deux vampires. Il doit savoir pourquoi ses élèves ont été tués. Peut-être que lui pourra nous expliquer quel est le fil conducteur entre les trois élèves attaqués.
- Quatre, rectifie Lucinda. Il y en a eu quatre.
J’esquisse un sourire sans joie.
- Fred a été assassiné pour brouiller les pistes de l’enquête, pour embêter le professeur Dumbledore. Il n’a rien à voir avec les trois autres.
Lucinda acquiesce et je me dirige vers la porte. Une main sur la poignée, je suspend mon geste avant de demander :
- Vous allez bientôt partir ?
- Demain, ou dans deux jours au plus tard, répond Lucinda. Je partirais la première avec William, puisque Tony ne peut pas transplaner.
Je les regarde, surprise. Pourquoi cela ? Je me souviens pourtant parfaitement qu’à son arrivée, j’ai entendu le son d’un transplanage. Mais il est vrai que cela produit le même son que le bruit d’une branche qui craque, alors j’ai peut-être confondu. Je m’apprête à demander de plus amples explications, mais Lucinda m’en empêche.
- Va voir le directeur, nous aurons tout le temps d’en discuter plus tard. A tout à l’heure.
- D’accord, à tout à l’heure alors.
J’ouvre la porte, franchis le pas et referme derrière moi. Je prends ensuite la direction du bureau du professeur Dumbledore, tout en me demandant si j’arriverais à découvrir le nouveau mot de passe. Je parviens devant la gargouille en quelques secondes et m’arrête devant elle. Elle me jette un regard torve, comme seules de grandes statues de pierres hideuses peuvent le faire. Je fais la moue, un brin vexée.
- Peux-tu me laisse passer s’il te plait ? Il faut que je parle au professeur Dumbledore de toute urgence.
La gargouille se contente de ricaner. Dans ma poche, je tripote ma baguette. Et si je lui lançais un petit sort de derrière les fagots ? Il ferait moins le malin l’autre morceau de pierre. Je soupire et plisse des yeux. Il va m’être difficile de deviner le mot de passe, et ça ne servirait à rien de rester à attendre devant la gargouille à une heure du matin. Tout le monde doit dormir maintenant. Y compris le professeur Dumbledore. Je soupire de nouveau en prenant conscience de ma bêtise. Inutile de réveiller le directeur, ça peut bien attendre demain. En attendant, je n’ai plus qu’à remonter dans ma maison et d’entamer mes devoirs avant de partir à la chasse.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeMar 14 Avr - 10:20

Chapitre 29 : Une déclaration




Je me laisse tomber au sol sans bruits, les yeux rivés sur ma proie. Je m’approche lentement et discrètement pour ne pas la faire fuir. Elle s’abreuve à l’un des nombreux ruisseaux qui parcourent le forêt Interdite. Je me rapproche encore un peu plus d’elle. Son odeur m’entoure complètement. Je glisse une main sur mon visage pour ramener la mèche rebelle derrière mon oreille, et fixe mon regard sur le cou de ma proie. J’entends les battements réguliers de son cœur. Elle ne sait pas encore qu’elle est en danger. Je suis à présent à quelques centimètres d’elle. Et c’est là qu’elle me détecte.

La louve relève la tête, arrêtant de boire, et se tourne vers moi. Un grognement féroce s’échappe de sa gueule quand elle constate que, une fois n’est pas coutume, elle n’est pas le chasseur mais le gibier. Elle fait un pas en arrière, pose une patte dans l’eau et glapit lorsque le froid traverse sa fourrure et vient tétaniser sa peau. Je profite de cet instant pour lui sauter dessus avec vélocité et je plonge mon visage dans son cou. D’un coup de mâchoire sec, je plante mes canines dans la fourrure et la peau et le sang s’échappe de sa carotide. Je m’en abreuve immédiatement, avec grande soif.

Une fois mon repas terminé, et totalement repue, je laisse tomber le corps sans vie de la louve sur le rivage de la rivière. Au loin, j’entends déjà l’appel de ses semblables, probablement à sa recherche. Je me relève, jette un dernier coup d’œil à ma proie puis fais demi-tour rapidement. Je traverse la forêt, non pas à pied, mais par les arbres, comme j’aime le faire. Je me retrouve en peu de temps à l’orée de la forêt, et me sers de mon odorat pour savoir où Tony et Lucinda se sont retrouvés une fois leurs propres chasses terminées. Je trouve leur piste et les rejoins dans le parc. Ils sont tous les deux assis sur un banc, non loin du stade de Quidditch. A mon arrivée, ils discutent, tournés l’un vers l’autre.

- Je serais à Vienne après-demain sans doute, dit Tony.

Lucinda acquiesce. Je devine qu’ils parlent de leur retour en Autriche, mais je ne comprends toujours pas pourquoi Tony ne peut pas transplaner. Lucinda se tourne vers moi, me sourit.

- Bonne chasse ? Me demande-t-elle.

J’opine et pose la question qui me turlupine depuis que j’ai quitté les appartements de la vampire.

- Pourquoi Tony ne peut pas transplaner ?

Le vampire sourit, amusé, mais c’est Lucinda qui répond à ma question.

- Il n’est pas sorcier. Il est moldu. Les deux peuvent être transformés en vampire.

Je cligne des yeux, surprise. Je n’avais pas pensé à cette éventualité, persuadée que seuls les sorciers pouvaient devenir des vampires. C’était une réflexion idiote.

- C’est ta métamorphose qui te permet de voir Poudlard ? Demandé-je, me souvenant que l’école est invisible aux yeux des moldus.

Tony acquiesce.

- Bien que je sois né moldu, à présent que je suis un vampire, je suis considéré comme une créature magique, donc capable d’évoluer dans le monde sorcier. La seule différence est que je suis incapable de pratiquer la magie, puisque je n’ai pas ce don.

A peine Tony a-t-il fini de prononcer ces quelques mots, que Lucinda se lève du banc et enlève un grain de poussière imaginaire de sa robe.

- Je vais retourner au château. L’élève attaqué ne devrait plus tarder à se réveiller maintenant. Il faut le neutraliser avant qu’il quitte l’infirmerie.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je sais ce que Lucinda veut dire par « neutraliser ». On pourrait remplacer le terme par « éliminer ». Je mordille ma lèvre inférieure, chagrinée. Le Serpentard n’avait pas plus de quinze ans. Un âge trop jeune pour mourir. Je repense alors à ce que m’a confié William, sur ces attaques. Pourquoi donc Vous-Savez-Qui s’en est-il pris à ces élèves en particulier ? Et le Serpentard ? Cet élève, parmi tous les autres, aurait dû vivre grâce à sa maison. Alors pourquoi la mort pour lui ?

M’arrachant à mes pensées, je suis Lucinda du regard lorsqu’elle s’éloigne. Je reste en compagnie de Tony qui regarde le ciel libre de nuages, étoilé au possible. Il fixe un point en particulier, mais je ne sais si c’est pour une bonne raison, ou seulement au hasard. Un sourire triste s’étend sur ses lèvres. A quoi peut-il bien penser ?

- J’ai parlé avec Severus aujourd’hui, dit-il soudain. A peine quelques minutes, mais je lui ai quand même parlé. Il est venu vers moi de son propre chef.

Aux larmes écarlates qui remplissent les yeux du vampire, la discussion n’était pas de son goût. Severus est venu me voir pour savoir comment se débarrasser de Tony, et il semblerait que je lui ai donné l’information, sans le savoir. Je m’assieds à côté de Tony.

- Il m’a dit que ma présence l’insupportait, poursuit le vampire, et qu’il irait beaucoup mieux une fois que je ne serais plus dans son champ visuel. Qu’il attendait avec impatience le jour où je quitterai définitivement Poudlard. Que de me savoir derrière lui, à attirer son attention, lui causait du tord.

J’expire profondément. Severus a trouvé le seul moyen de repousser pour longtemps son vampire : lui faire comprendre qu’il souffrait par sa faute. Brillamment réussi, bravo. J’allais avoir une petite discussion avec le Serpentard, pour lui apprendre à faire autant de mal à une personne, qu’il soit sorcier ou vampire, hétéro ou homo. Compatissante, je pose une main sur le bras de Tony. Je sais ce que ça fait, ou du moins, j’ai peu de mal à l’imaginer.

- Dans deux jours, tu seras de retour à Vienne. Tu pourras penser à autre chose. Laisse Severus de côté, il ne te mérite pas. Ce n’est qu’un sombre abruti, qui tournera mal de toute manière. Crois-moi, tu mérites bien mieux que lui.

Je ne crois pas un mot de ce que je dis, je sais ce qu’est l’Appel. Mais ça ne coûte rien de faire semblant de croire en ces mots pour réconforter le cœur blessé d’un ami. Tony arbore un petit sourire amusé d’ailleurs, et il pose l’une de ses mains par dessus la mienne.

- Merci. Toi et moi ne pensons pas une seule seconde que ce soit la vérité, mais merci quand même. C’est très gentil à toi.

Il retire sa main, j’ôte la mienne. Il se lève du banc, s’étire, les bras levés vers le ciel puis me regarde.

- Il est tard, tu devrais aller dormir si tu veux pouvoir suivre tes cours.

Je ris en secouant la tête.

- C’est samedi, je n’ai pas cours. Et puis, j’ai déjà dormi. Mais je vais remonter dans ma tour pour rattraper mon cours de Défense Contre les Forces du Mal que j’ai raté ce matin.

Je me lève à mon tour, et j’accompagne Tony qui remonte le parc jusqu’au château. Il prend de nouveau la parole.

- Je t’ai vu cette après-midi, avec Sirius. Vous sembliez plutôt en bons termes. Il s’est passé quelque chose de bien ?

Je lève un peu la tête pour le regarder, mais je n’ai droit qu’à son profil gauche, alors qu’il fixe son regard droit devant lui, sur les grandes portes de chêne de l’entrée du château. C’est une question indiscrète, mais il s’est donné tellement de mal pour nous coller ensemble, Sirius et moi, que l’interrogation est sans doute légitime.

- J’ai accepté mes sentiments. Et les siens. Alors, je nous ai donné une chance. Je verrais bien où ça va nous mener.

- C’est une bonne décision. Tu verras, tu ne le regretteras jamais. Les quelques vampires que je connais, de près ou de loin, et vivant avec leurs Calices, m’ont toujours dit que c’est ce qui leur ait arrivé de mieux. Profites-en surtout.

J’acquiesce, alors que nous grimpons les quelques marches qui mènent aux doubles portes de chêne. Tony les ouvre, et nous passons dans le hall. Une odeur de pourriture m’agresse immédiatement le nez, la fragrance d’une chair en décomposition. Je grimace.

- Il semblerait que ton camarade se soit réveillé plus tôt que prévu et qu’il ait, par conséquent, échappé à Lucinda, commente Tony.

Je soupire bruyamment. Il a raison.

- Remonte dans ta salle commune, je m’occupe de lui.

Je me tourne vers lui.

- Sûr ? Demandé-je, heureuse d’échapper à cette corvée.

Il acquiesce, le regard rivé sur l’arcade qui mène aux cachots. Il est déjà en train de pister le Serpentard. Et un Faucheur de quelques minutes ne devrait pas échapper trop difficilement à un vampire de plus de deux cents ans.

- D’accord, bon courage alors. Et ne laisse pas trop de traces si jamais ça commence à devenir un peu sale. Autrement, vampire ou pas, Rusard t’étripera.

Un sourire en coin, il opine et disparaît dans le couloir qui descend. Je monte l’escalier de marbre et emprunte un passage secret qui m’évite de passer par les escaliers mobiles, rejoignant le couloir où se trouve l’entrée de ma tour. James a été assez gentil pour nous le montrer, à Camille et moi, un peu plus tôt dans la journée. Un cadeau de bienvenue, en tant que petites-amies de deux des maraudeurs. J’imagine que Lily a eut droit au même traitement. Une fois sortie du passage secret, caché par un tableau qui représente une porte en trompe l’œil et qui ne s’ouvre que si on fait rire le bébé qui se trouve dans le tableau voisin, je remonte le couloir sombre jusqu’à l’entrée de la tour de Serdaigle. Je donne le mot de passe au tableau, et le vieil homme, qui lit le même livre depuis des siècles sans parvenir à le terminer, m’ouvre le passage.

Je pénètre dans la salle commune, le portrait se refermant dans mon dos, et je m’approche de la cheminée dans laquelle le feu s’éteint petit à petit. D’un coup de baguette, je le ravive, puis je monte dans le dortoir et ouvre la porte sur une chambre silencieuse et endormie. Je m’approche de mon lit, m’agenouille près de mon sac de cours et en sors plume, encre et parchemins, avant de faire de même avec le sac de Camille et d’en retirer ses notes de Défense Contre les Forces du Mal. Une fois fait, je sors du dortoir et redescends dans la salle commune, où je m’installe près du feu, assise sur le tapis élimé face à la petite table de salon. Je jette un coup d’œil sur ma montre, elle affiche trois heures du matin. Heureusement, j’ai aussi pensé à prendre un roman emprunté à la bibliothèque quelques jours plus tôt.

Ce n’est que vers sept heures du matin, alors que le héros de mon roman sorcier est sur le point de coller la pâtée à un groupe de méchants, que les premiers élèves, parfaitement réveillés et habillés de pied en cape, commencent à quitter leurs dortoirs. La premier à me trouver dans la salle commune, allongée dans le sofa et le livre ouvert au dessus de moi, affiche un air clairement surpris. Il ne doit pas avoir pour habitude de trouver des filles en train de lire un samedi matin à une heure du début du service. Il ne dit rien et quitte la tour. Je décide que c’est là le signal silencieux qui me dit de remonter dans le dortoir pour me changer. Je ferme mon livre, me lève du sofa et vais dans mon dortoir. Grayson est déjà en train de se laver quand j’arrive. Crow se réveille doucement, assise dans son lit et Camille ronfle encore comme une bienheureuse. Je réveille mon amie à coup d’édredons sur la tête. Ses hurlements indignés prouvent qu’elle n’a pas aimé le traitement de faveur, et j’évite de peu un projectile non-identifié quand je m’écarte prudemment de son lit.

- Debout ! Dis-je avec force alors que je me sépare de mon tee-shirt et mon jean. On doit retrouver les maraudeurs à huit heures devant la Grande Salle, je te rappelle. Tu as trois quart d’heure pour te préparer, en conservant le quart d’heure de retard toléré à un rendez-vous.

Elle râle, se tourne dans son lit et colle son coussin sur sa tête au moment où je m‘apprêtais à aller dans la salle de bain. Je roule alors des yeux, m’avance jusqu’à son lit en sous-vêtements et lui arrache ses couvertures. Elle s’agenouille sur son matelas, le regard furieux.

- C’est bon, je me lève, maugréé-t-elle. Et toi, habille-toi au lieu de te balader à moitié nue, tu vas finir par attraper la mort.

J’hausse des épaules, parfaitement consciente de l’ineptie de ses paroles, et retourne dans la salle de bain où une cabine de douche est libre, et l’autre occupée par Grayson. Vingt minutes plus tard, dégoulinante d’eau, je laisse la place à Camille. Crow a déjà remplacé son amie, qui termine de s’habiller dans la chambre. En me séchant les cheveux, je fouille dans ma malle pour trouver des vêtements puis m’habille. Une fois vêtue convenablement, je soupèse l’idée de me sécher les cheveux avec un sort, jette un œil sur la salle de bain et décide que non. Camille est prête, et il nous reste tout juste le temps de descendre pour être à l’heure. J’attrape alors un chouchou et natte mes cheveux en suivant mon amie hors du dortoir.

Nous arrivons au rez-de-chaussée un quart d’heure plus tard. Le trajet nous a demandé plus de temps que prévu, puisque les couloirs et les escaliers étaient bondés et que Camille a dû s’arrêter dans la salle commune pour discuter avec Smith, qui l’a intercepté et qui a fini par descendre avec nous. Vu le nombre de fois où il converse avec nous maintenant, je me demande s’il n’aurait pas un faible pour mon amie, surtout depuis son accident au match de Quidditch. A quelques pas de la Grande Salle, Smith et Camille s’interrompent dans leur discussion puisque des cris aigus nous parviennent. Je reconnais immédiatement la voix du professeur McGonagall quand elle passe un sacré savon aux élèves, et plus généralement les maraudeurs. Camille et moi échangeons un regard lourd de sens. Nos amis ont encore frappés visiblement. Nous quittons les escaliers pour pénétrer dans la hall d’entrée. La voix de la directrice adjointe nous parvient toujours, mais nous ne voyons personne, alors que nous préparons à pénétrer dans la Grande Salle. Il n’y a même pas un seul élève en vue.

Curieuse, je laisse Camille et Smith pénétrer dans la haute pièce et je me retourne pour jeter un œil en bas des escaliers de marbre, d’où proviennent les cris. Je fais deux pas, et assiste à une scène étonnante. Le professeur McGonagall est bien en train d’hurler sur quelqu’un, à un niveau de décibel si haut qu’on ne comprend pas un mot, mais ce n’est pas à un élève qu’elle s’en prend. C’est à Tony. Plus que surprise, je fais un pas de plus et Tony lâche la femme du regard pour porter son attention sur moi. Il me fait une grimace d’excuse, finissant de me persuader qu’il a probablement fait une grosse boulette.

- Monsieur Esperanza ! Hurle soudain McGonagall, me faisant sursauter, quand elle constate que Tony ne fait plus attention à elle. Votre . . . Ce que . . . Il n’y a aucun mots pour le décrire !

J’hausse des sourcils, de plus en plus étonnée. Ce n’est qu’à ce moment que je remarque l’état des vêtements de Tony. Ils sont tâchés de sang. Beaucoup de sang. Frais. Je grimace. Quelque chose me dit que le Faucheur a passé un sale quart d’heure.

- Devant des premières années ! Est-ce que vous imaginez à quel point vous avez pu les traumatiser !

Je crois savoir ce qu’il s’est passé maintenant. Tony n’a pas du voir l’heure tourner et est remonté des cachots après avoir terminé de s’occuper du Serpentard, sans penser une seule seconde qu’il allait croiser des gens. Manque de chance le professeur McGonagall faisait aussi partie du groupe. Enfin, j’espère que c’est ça, parce que, s‘il s’est occupé du Faucheur sous les yeux du groupe de première année . . . alors là, je ne donne pas chère de sa peau. Secouant la tête, je fais demi-tour et laisse Tony à ses remontrances, en ignorant le dernier qu’il m’envoie, signifiant clairement un appel au secours.

Quand je pénètre dans la Grande Salle, je remarque immédiatement Camille, au milieu de l’allée entre les tables de Serdaigle et Gryffondor, se séparant de Smith. Je la rejoins alors qu’elle s’installe à côté de Peter. Du coin de l’œil, j’aperçois que le capitaine de Serdaigle m’adresse un signe de la main. Je le lui rends, un brin déboussolée, puis m’assieds entre Camille et James, en face de Sirius. Je réponds au sourire qu’il me tend, puis Camille m’interroge :

- Qu’est-ce qu’il se passe dans le hall ? Pourquoi le professeur McGonagall s’égosille à ce point ?

Remus relève la tête et jette un œil sur les portes ouvertes, laissant passer les cris de la directrice adjointe.

- Ca fait déjà cinq bonne minutes qu’elle est comme ça, commente Remus. Personne ne peut rester dans le hall sans récolter une retenue, Wilkes en a fait les frais.

Je jette un œil sur le Serpentard qui déjeune avec Rogue, dont parle Remus, et je réponds :

- Tony a fait une bêtise. Elle lui passe un savon.

Je vois James sourciller.

- C’est bien la directrice de notre maison, ça, dit le Gryffondor. Elle possède un courage hors-norme, et il faut au moins ça pour s’en prendre à un vampire de cette manière. Et quel genre de bêtise a-t-il fait ?

Je regarde mon assiette vide, hésitant à répondre. Je ne pense pas qu’ils aient besoin de connaitre les détails sanglants. Alors j’hausse des épaules.

- Je ne sais pas, je ne suis pas restée pour avoir des infos là-dessus, j’avais peur des dommages collatéraux.

Les maraudeurs éclatent de rire.




O0o0O




- En quelle année fut inventé le sortilège du patronus ? m‘interroge Camille.

- En 1538, réponds-je.

- Ce n’est pas 1548 ? Intervient Remus, le nez plongé dans un bouquin de potions.

- 1548, c’est l’année où le premier patronus corporel a été créé, contra Camille, en désignant le grimoire épais qu’elle tenait entre les mains. Donc Mandy a à moitié bon.

- Précise la prochaine fois, je ne suis pas censée deviner les questions, tu sais.

Camille hausse des épaules en souriant, fière d’elle. Je roule des yeux, exaspérée. Depuis que nous avons commencés à réviser dans le parc, après le petit-déjeuner, elle ne cesse de me coller des pièges dans ses questions. J’aurais préféré revoir mes cours avec James, au moins lui il ne pose pas de questions retors à Sirius.

Commençant à avoir des fourmis dans les jambes, j’abandonne la position du tailleur pour étendre les jambes devant moi, le dos calé contre un arbre. Je croise ensuite les bras sous ma poitrine, attendant la prochaine interrogation. Mais Camille semble plus intéressée par une chose qui se déroule dans mon dos. Intriguée, je me penche pour regarder derrière le saule pleureur. Je suis surprise de constater que ce qui attire ainsi l’attention de mon amie est Rogue, assis un peu plus loin et le nez plongé dans un long parchemin. Je me remets droite pour lancer un regard interrogateur à Camille.

- Qu’est-ce qu’il y a ? lui demandé-je.

- Il n’arrête pas de nous regarder depuis qu’il est installé, dit-elle. Qu’est-ce qu’il veut à ton avis ?

J’hausse des épaules.

- Comment veux-tu que je le sache ? Je ne suis pas dans sa tête. Tant qu’il fait que regarder, moi ça me va. Je n’ai pas envie de parler à cet abruti de première.

Camille fronce des sourcils.

- Il t’a fait quelque chose ? s’inquiète-t-elle alors. Je te connais depuis le temps, tu ne parles ainsi que des personnes qui te portent vraiment sur le système.

Je soupire en jetant un œil sur les maraudeurs qui ont laissé de côté leurs révisions pour s’intéresser à notre discussion.

- A moi, non. C’est à Tony qu’il a fait du tort.

Camille fronce des sourcils, puis semble se rappeler que Rogue est le Calice de mon ami vampire. Elle jette alors un autre regard sur le Serpentard, le fusillant des yeux. Elle a compris ce qu’il s’est passé.

- J’imagine qu’il n’a pas fait dans la dentelle, si tu réagis ainsi, commente-t-elle.

- Effectivement. Mais maintenant, c’est son problème. De toute manière, Tony ne sera plus là d’ici quelques heures.

- Ils partent à midi, c’est ça ? Me demande Camille.

J’acquiesce. J’ai croisé Lucinda un peu plus tôt, c’est alors qu’elle m’a appris qu’ils avaient déjà décidés de l’heure de leur départ. J’aurais aimé parler à Dumbledore avant qu’ils ne s’en aillent, mais il ne rentrera que dans l’après-midi d’après le professeur McGonagall. Alors, je n’ai plus qu’à prendre mon mal en patience. Soudain, me tirant de mes pensées, je sens un corps se glisser près du mien. Je tourne la tête pour croiser le visage espiègle de Sirius, très proche du mien. Et je ne l’ai même pas senti arriver, puisque nous avons passé toute la matinée ensemble et que j’ai son odeur dans le nez depuis plusieurs heures. C’est assez déstabilisant, je n’ai plus l’habitude de me faire surprendre de la sorte.

- Si tu veux, pour Rogue, on peut s’en occuper, dit-il. Ca nous permettra de réviser le cours de sortilège, hein James ?

Ledit James répond par un clin d’œil de connivence. Sirius me regarde, comme pour recevoir mon autorisation. Je secoue la tête, affligée par une telle gaminerie.

- Faites ce que vous voulez, de toute façon j’en suis pas. Et puis, ce n’est pas comme si vous aviez besoin d’une raison valable, non ?

Sirius éclate de rire. Je suis sidérée de voir à quel point son rire est proche de l’aboiement d’un chien. Est-ce une cause ou une conséquence de sa forme animagus ? Je ne suis pas sûre d’avoir un jour la réponse à cette question.

- Mandy dit vrai, intervient Peter. Je trouve d’ailleurs étonnant que vous ne lui ayez rien fait depuis plusieurs semaines.

James affiche une - fausse - mine chagrinée.

- Que ne ferais-je pas pour ma Lily, dit-il sur un ton théâtrale.

Tout le monde rigole.

- Vous préparez quelque chose pour la fin de l’année ? demande alors Camille. Histoire de fêter votre départ de Poudlard.

Les quatre garçons échangent des regards de connivence. Cela veut dire oui, mais ils n’en diront certainement pas plus. Les maraudeurs ont tendance a conserver précieusement leurs secrets. Pour preuve, Camille ne sait pas que Remus est un loup-garou, ni que son petit-ami est un animagus non-déclaré. J’espère pour lui qu’elle ne le saura jamais d’ailleurs, parce qu’autrement, il risque de passer un sale quart d’heure.

- Tiens, j’y pense Mandy, est-ce que Lucinda et Tony s’en vont parce qu’ils ont finis d’interroger l’autre vampire ? Demande Remus, sans doute pour changer de sujet.

La question jette un froid sur notre groupe, puis tous se tournent vers moi en l’attente de la réponse. J’hoche de la tête. Je n’ai encore parler à personne de l’interrogatoire de cette nuit. Je repense au visage de William, aux raisons qu’il m’a donné. Un frisson me parcourt le corps et je repousse les larmes qui menacent d’envahir mes yeux. Je ne veux pas que Camille sache que Fred a été une cible prise au hasard, qu’il a manqué de chance. Que sans leur dispute, il se serait retrouvé dans la Grande Salle avec nous à ce moment-là, et non dans les toilettes.

- C’est pour ça que Tony voulait te voir cette nuit, en déduit Camille, alors que Sirius passe un bras autour de mes épaules, comme s’il avait constaté mon émoi et voulut me réconforter.

Je me blottis contre sa chaleur.

- Oui, Tony et Lucinda voulait que je l’interroge, puisqu’il n’avait rien voulu leur dire.

- Il a répondu à certaines de tes questions ? Demande Peter.

- A toutes, sans exceptions.

Un silence s’ensuit. Je sais qu’ils meurent tous d’envie de me demander des détails, que je leur rapporte ce que je sais. Mais qu’ils n’oseront sans doute pas me questionner. Et je ne préfère pas qu’ils le sachent. La vérité est trop horrible. Même moi je ne m’en remets pas. Il serait inquiétant pour eux de savoir que le vampire a été enrôlé dans une guerre qui ne le regarde pas. Et James n’a pas besoin de savoir qu’il n’était pas une victime malchanceuse, mais une cible désignée.

Je baisse la tête, fixe l’herbe du regard. La poigne de Sirius autour de mes épaules se resserre. Puis, je relève la tête, alertée par la fragrance de Smith qui s’approche de nous. Je le regarde nous rejoindre, et mon attention sur lui attire celle des autres. Camille se lève immédiatement, comprenant qu’il vient certainement pour elle. Comme la saison de Quidditch est terminé pour cette année, je me demande ce qu’il lui veut, surtout qu’ils se sont déjà parlés le matin-même. En arrivant, il sourit et salut tout le monde. Mais, contrairement à ce que je pensais, c’est sur moi que se pose son attention, pas sur Camille.

- Dawn, est-ce que tu m’accorderais un peu de ton temps s’il te plait ? Je voudrais te parler seule à seul.

J’hausse des sourcils, surprise, puis acquiesce. Ca a l’air important. Je m’arrache de l’étreinte de Sirius, lui adresse un sourire alors qu’il regarde Smith avec méfiance, puis rejoins le Serdaigle. Il nous mène un peu plus loin, à l’écart, ce qui nous rapproche de Rogue, qui est toujours à la même place. Smith reste étonnamment silencieux. Je suis curieuse de savoir ce qu’il me veut. Finalement, il prend la parole.

- Je sens que je m’y prends trop tard, dit-il après avoir pris une profonde inspiration, mais qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas ?

Je papillonne des yeux. J’imagine que c’est normal si je ne comprends pas où il veut en venir. Alors j’attends la suite, histoire qu’il éclaire ma lanterne. Il m’adresse un sourire gêné, jette un œil sur mon groupe d’amis qui nous regarde avec insistance, puis me regarde de nouveau en nous faisant s’arrêter. Je remarque que nous sommes à deux pas de Rogue, qui nous fusille du regard parce que nous avons eu l’audace de faire halte à côté de lui. Smith se racle la gorge, attirant mon attention sur lui, et se lance :

- Je voulais te dire que j’apprécie beaucoup ta personnalité, et que tu es une personne qui gagne a être connu. Et, comment dire ? Si tu n’y vois pas d’inconvénients, j’aurais aimé que nous continuions à nous fréquenter, après Poudlard.

Je cligne des yeux, fronce des sourcils. Une telle proposition a l’air de lui demander beaucoup de courage. J’imagine, bien que ce serait particulièrement étonnant et inattendu, que si j’acceptais que l’on se voit après l’école, ce ne serait pas en tout bien tout honneur. Je lance un regard sur mes amis. Sirius est celui qui nous scrute avec le plus d’attention. Il a certainement compris dès le début ce que me voulait Smith. Seulement, avant de refuser, il faudrait que je sois sûre de mes suppositions. Un moment difficile à passer, quel que soit la réponse du Serdaigle.

- Se fréquenter de quelle façon ? demandé-je le cœur battant tellement qu’il devait certainement se voir. Ce n’est pas comme si on s’était beaucoup parlé depuis que nous nous connaissons, à part la fois où je t’ai passé un savon. D’ailleurs, il faudra que tu m’expliques comment à partir de si maigres informations sur moi, tu peux juger ma personnalité.

Smith rougit et évite mon regard. Intriguée par son comportement, j’incline la tête sur le côté et le fixe. Son odeur change légèrement. Il est anxieux. Je sens aussi le regard de Rogue sur nous, il semble attentif à ce qu’il se dit. Smith relève la tête.

- En fait, je . . . Je te regarde depuis deux ans, mais je n’ai jamais . . . Trouvé le courage de venir te parler. Tu sembles tellement fermée une fois que tu n’es plus avec tes amis, que c’est assez intimidant. Mais je me suis dit que je devais au moins te le dire avant de quitter Poudlard, enfin, te dire que tu me plais, autrement je le regretterais.

Je papillonne des yeux, déstabilisée. Pourtant, je l’avais deviné qu’il venait se confesser, mais c’est tout de même très étonnant. Je n’ai jamais remarqué qu’il me regardait. Ca devait être de trucs comme ça que Camille parlait quand elle disait que je loupais des opportunités en me contentant de ce que j’avais. Mais ce n’est pas comme si je regrettais. Devant le regard attentif de Smith, je me doute qu’il attend une réponse de ma part. Je mordille ma lèvre supérieure, ne sachant trop quoi dire.

- Eh bien, je suis touchée par ton intérêt, mais . . . Je suis déjà engagée avec quelqu’un. En tout cas, c’est très courageux à toi d’être venu me le dire.

- Ouais, ou très bête, commente soudainement une troisième voix.

Smith et moi nous tournons vers Rogue, qui affiche un sourire en coin amusé. Smith rougit de plus belle, mais il trouve quand même la force de répliquer.

- Occupe-toi de tes affaires, Rogue. Et n’espionne pas les autres.

Le Serpentard hausse des épaules en enroulant son parchemin d’un air narquois.

- C’est toi qui es venu discuter juste en face de moi. Je n’ai pas écouté, j’ai entendu, nuance. Et franchement, la réputation des Serdaigle est surfaite. Il ne faut pas être très intelligent pour aller se confesser à quelqu’un qui est déjà pris.

- Jaloux, Rogue ? Rétorqué-je, attirant sur moi le regard surpris de Smith. Te mettrais-tu à regretter une certaine décision ?

Rogue me fusille du regard. L’odeur de Sirius se fait plus présente. Il se rapproche en courant, suivit par nos amis. Le Serpentard se lève, s’approche de moi et je constate qu’il fait une tête de plus que moi. Mon amorce de courage fond comme neige au soleil. Je suis peut-être douée en Sortilèges, mais lui pratique les arts noirs. Je ne fais pas le poids.

- En aucune façon, dit-il d’une voix très froide. Et je suis bien content de savoir que je n’aurais plus à supporter sa vue.

Le courage est parti, mais la colère se réveille. Je sers les mâchoires, le corps tremblant de rage. De l’étonnement passe dans le regard de Rogue qui se recule légèrement. Sans doute a-t-il remarqué la colère et la détermination dans mon regard. Je plonge la main dans ma poche, sors ma baguette et la pointe sur Rogue, juste entre les deux yeux. Il amorce un mouvement pour sortir la sienne, mais j’ai déjà lancé mon sort informulé. Il affiche un air surpris et des poireaux lui sortent des oreilles. Derrière moi, mes amis pilent quand ils constatent que je n’ai pas eu besoin de leur aide. Puis, Smith éclate de rire, et pose la main sur mon épaule.

- Bien joué Dawn, me félicite-t-il en rigolant, belle performance.

Furieux, Rogue sort sa baguette et lance le contre-maléfice. Mais les poireaux sont toujours là. Il relance le contre-sort. Mais les légumes refusent de partir. Je suis brusquement tirée en arrière et j’atterris dans les bras de Sirius, qui me garde contre lui, baguette pointée sur Rogue. Si ce dernier avait eu des baguettes à la place des yeux, je serais morte en un sort. Mais je souris quand même. J’ai vengé Tony.

- Pourquoi le contre-maléfice ne fonctionne pas ? Ote le sort, Dawn ! S’égosille-t-il. Tout de suite !

Je secoue la tête, très fière de moi. Mes maléfices sont les plus coriaces, c’est aussi pour ça que je répugne à les utiliser. Sous l’effet de la colère, en dehors de moi, seul un professeur peut jeter le contre-sort. Mais cette fois-ci, je suis bien contente qu‘il n‘y ait pas de membres du corps enseignant dans les parages.

- Je ne sais pas ce que tu lui as dit, Rogue, fait Sirius, mais tu l’as bien mérité. Le prochaine fois tu te mêleras de ce qui te regarde.

Visiblement en rage, Rogue pointe sa baguette sur nous. Je redresse la mienne.

- C’est pour ce que tu as fait à Tony, dis-je. Tu le mérites amplement. Et ne viens pas pleurer le jour où tu prendra conscience que tu as fait le mauvais choix.

J’ignore les regards surpris de ceux qui ne connaissent pas l’histoire et abaisse ma baguette.

- Va voir l’infirmière, elle pourra te les enlever, lui conseillé-je.

Ce qui signifie pour lui de traverser tout le parc et tout le château avec cette tête. Je me retourne, me retrouve le nez collé au tee-shirt de Sirius et l’incite à reculer.

- Allez, laisse tomber, dis-je, il n’en vaut pas la peine, retournons réviser. Tu viens, Smith ? Ajouté-je, peu désireuse de laisser le Serdaigle en tête à tête avec Rogue.

Ce dernier acquiesce et nous faisons tout les deux demi-tour. Je remarque que James et Remus ont les mains plongées dans leurs poches, prêts à dégainer, et que Peter protège Camille de son corps. Courageux, mais un peu stupide. Le charme du bouclier aurait quand même été plus efficace. Nous faisons quelque pas tous ensemble, avant que Smith ne s’arrête.

- Je vous laisse entre vous. Dawn, merci de m’avoir écouté. Black . . .

Il regarde Sirius, hésite, puis finalement se décide :

- Prends soin d’elle. Ou je le ferais.

Sirius ricane.

- T’en auras pas l’occasion.

Je lui flanque un coup de coude dans le ventre, il étouffe une exclamation de douleur et se plie légèrement en deux.

- Contrôle ta force, marmonne-t-il.

- C’est ce que j’ai fait, rétorqué-je sous les rires du Serdaigle. A plus tard Smith.

Le jeune homme acquiesce puis s’éloigne de nous. Camille, James, Remus et Peter retournent là où nous étions installés et où nos livres nous attendent, puis je pose une main câline sur le ventre de Sirius.

- Je ne t’ai pas fait trop mal au moins ? M’inquiété-je, soucieuse de savoir si j’avais vraiment contrôlé ma force de vampire.

Sirius se redresse, sourit et secoue la tête.

- Non, ne t’inquiète pas, répond-t-il en me déposant un léger baiser sur les lèvres.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeMer 15 Avr - 10:54

Chapitre 30 : Les fourchettes du petit-déjeuner

Je jette un coup d’œil circulaire sur la pièce, vérifiant en même temps que Lucinda et Tony, qu’il ne reste plus aucun effet personnel. Mon amie vient de terminer ses valises - ou presque. Il lui reste encore un paquet à prendre, celui que Tony se charge d’aller détacher de sa chaise. Je regarder le vampire pénétrer dans la salle où William est retenu prisonnier, puis je fais face à Lucinda. Elle m‘adresse un sourire, et nous nous dirigeons vers la sortie des appartements, au moment où un bruit sourd retentit. Je sursaute, le son m’ayant fait l’effet d’un coup de canon. Lucinda pose une main rassurante sur mon épaule, mais je comprends ce qu’il s’est passé, au moment où Tony sort de la salle, William sur son épaule, jeté comme un vulgaire sac de farine : mon ami vient d’assommer mon créateur.

Nous quittons finalement l’appartement, puis prenons les escaliers mobiles pour rejoindre le hall d’entrée. C’est là que le professeur McGonagall leur dit au revoir, et les remercie de leur aide au nom du professeur Dumbledore, toujours absent. De la Grande Salle, devant laquelle nous sommes, me parvient les bruits des couverts qui raclent les assiettes, et le brouhaha des conversations. Je jette un œil dans la pièce à travers les portes ouvertes, et aperçois Camille déjeunant avec Lily et les maraudeurs, qui savent que je ne passerais pas le repas en leur compagnie.

Je m’arrache à la contemplation de mes amis quand Tony m’interpelle. Lucinda et lui ont déjà commencés à descendre l’escalier de marbre, et le professeur McGonagall s’apprête à aller déjeuner en présence des autres professeurs. Je rejoins les vampires et nous passons dans le parc. Pendant le chemin silencieux jusqu’aux limites du domaine, je ne lâche pas William du regard. Sa tête se balance au gré des pas de Tony. Les yeux clos et le visage lisse, il semble normal, un vampire - voire un être humain - comme les autres. Pourtant, je n’oublie pas qu’il est celui qui a commis tous ces crimes affreux.

Nous arrivons enfin aux grilles qui gardent les visiteurs indésirables loin de Poudlard, et Tony et Lucinda me font face. Je leur adresse un sourire.

- Prends-soin de toi, me dit Lucinda, et bon courage pour tes révisions.

- Laisse pas filer ton Calice surtout, renchérit Tony avec un clin d’œil.

Je pouffe en secouant la tête.

- Soyez prudents, surtout toi Tony.

Il hausse des épaules d’un air désinvolte, son paquet fait un soubresaut. Puis, il enlève William de son épaule et le colle dans les bras de Lucinda, qui le réceptionne comme s’il était aussi lourd qu’un nourrisson. Je me demande brièvement si moi aussi je serais capable de porter quelqu’un d’aussi lourd avec autant de désinvolture qu’elle. Je m’imagine essayer cela avec Sirius, mais devine que cela ne lui plairait pas. Sans doute que Camille serait plus coopérative, et plus emballée par l’idée.

- Rends-nous visite dès que tu peux, me dit Lucinda. J’aimerais te faire visiter Vienne, c’est une belle ville, et notre quarter est plus . . . Disons plus libre que le reste du monde. Là au moins, nous pouvons être nous, sans nous soucier des autres.

J’avoue avoir un peu de mal à visualiser ce dont elle parle, mais j’acquiesce tout de même.

- Je viendrais dès que je pourrais, mais ça risque d’être difficile. Je compte travailler un peu cet été pour me faciliter la vie à l’académie de Médicomagie. Et mes études dureront quatre ans, alors je ne sais vraiment pas.

Lucinda sourit avec amusement.

- Tu sais, il y a aussi des sorciers en Autriche, et eux aussi ont une université. Tu pourrais étudier la Médicomagie là-bas. Mais je comprends que tu préfères rester dans ton pays natal. Pense tout de même à nous écrire, ne serait-ce que si tu as des questions.

J’opine joyeusement, un grand sourire aux lèvres, puis Tony me prend dans ses bras pour un câlin d’adieu, et je fais de même avec Lucinda, en prenant bien soin de ne même pas frôler William - qui lui mériterait de solides coups de pieds aux fesses.

- Prévenez-moi s’il y a du nouveau dans le procès de William, j’aimerais être tenu au courant.

- Bien sûr, fait Lucinda. Fais attention à toi surtout. Au revoir.

Puis, sur ces mots, elle disparait dans un craquement. Je me tourne vers Tony, qui me sourit.

- J’ai un service à te demander, fait-il, un air mitigé inscrit sur le visage.

J’incline la tête légèrement sur le côté, intriguée. Que veut-il me demander ?

- Tu veux bien garder un œil sur Severus ? Tant que tu le peux. Et, enfin, s’il se passe quoi que ce soit d’important dans sa vie, et que tu viens à le savoir, de m’en faire part ?

Je cligne des yeux, le cœur serré. Visiblement, bien qu’il l’ait rejeté, Tony n’est pas près à abandonner Rogue. Je fais la moue et acquiesce à sa demande. J’espère quand même qu’il ne regrettera pas de s’accrocher ainsi. Visiblement content de ma réponse, Tony m’adresse un dernier sourire et un signe de la main, puis il s’éloigne du portail, empruntant le chemin en terre battue qui descend. Je reste le regarder jusqu’à ce qu’il disparaisse entre les arbres. Puis, je fais de mi-tour et entreprend de rejoindre le château. A peine deux pas plus tard, j’entends un craquement dans mon dos. Surprise, je me retourne pour constater que le professeur Dumbledore est revenu à l’école, un peu plus tôt que ce que le professeur McGonagall pensait.

- Oh, miss Dawn ! S’exclame le directeur en me voyant. Mais que faites-vous ici ?

Il s’avance et franchit le portail.

- Lucinda et Tony viennent de partir, réponds-je à sa question. Je les raccompagnais jusqu’à l’entrée du domaine. Mais ne deviez-vous pas revenir dans l’après-midi ? C’est du moins ce que le professeur McGonagall m’a affirmé.

Un joyeux pétillement anime le regard bleu du vieil homme, et il me dit en souriant :

- Ah, vous me cherchiez donc, miss. Sans doute pour me rapporter les informations auxquelles nos amis vampires veulent bien que j’accède. J’en déduis que votre créateur à répondu à certaines questions ?

Je baisse les yeux, repensant à cette nuit d’interrogatoire, alors que nous remontons le parc d’un pas modéré. Je mordille ma lèvre inférieure, en m’interrogeant sur la manière d’avouer au directeur tout ce que j’ai appris. J’imagine que la façon la plus direct est la meilleure, il n’est pas du genre à aimer tourner autour du pot lors de sujets graves. Je redresse la tête, et le regarde. Ses yeux se sont légèrement voilés de tristesse et d’appréhension, rendant son regard vif, plus sombre. Je me lance.

- En fait, l’histoire de William - mon créateur - est surtout liée aux vampires, donc je n’ai pas le droit de trop vous en dire, mais il faut que vous sachiez que Betty Namib, James Potter et Adrian Stevens ont tous étés des cibles désignées par avance. William s’était engagé auprès de Vous-savez-Qui, et c’est lui-même qui voulait la mort de ces élèves. Mais William ne savait pas pourquoi.

Le directeur fronce des sourcils et pourtant, dans son regard, je vois une flamme s’allumer, celle de la compréhension.

- Est-ce que vous avez une idée de ce qui a poussé Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom à s’en prendre à eux ?

Le professeur Dumbledore commence par soupirer longuement, puis me dit :

- J’ai une idée sur la question, et elle me semble particulièrement juste, c’est pourquoi je dirais qu’elle est certainement vraie. Miss Namib et Mr Potter sont tous les deux les enfants de personnes affluentes dans la communauté sorcière anglaise. Mr Namib a été l’un des tous premiers sorciers à comprendre le danger que représentait Lord Voldemort . . .

Je frissonne à l’entende du nom honni, réaction conditionné par des années de peur. Le directeur s’en aperçoit et se coupe dans sa phrase pour me dire :

- Miss Dawn, je ne crois pas qu’il soit logique d’avoir peur d’un nom. Peur de la personne, oui, mais de son nom . . . Surtout pour vous qui êtes, à présent, une créature magique qui pourrait aisément lui échapper en cas de besoin. Lord Voldemort ne devrait plus vous inspirer la même peur qu’il y a six mois. Faites-moi ce plaisir, miss, tentez de vous raisonner.

Son regard me dit qu’il est sérieux, qu’il pense ce qu’il dit. C’est facile pour lui, il est un puissant sorcier qui, d’après les rumeurs, lui a déjà fait face à plusieurs reprises et s’en est très bien sorti. Ce n’est pas le cas de la majorité des sorciers et sorcières de ce pays. Mais j’acquiesce tout de même, pour le forcer à laisser cette parenthèse de côté, et reprendre son explication.

- Vous disiez, à propos du père de Betty ?

Pas dupe pour deux noises, le directeur comprend que j’évite le sujet, mais poursuit tout de même, sans faire de remarques :

- Je disais que Mr Namib a été l’un des tous premiers sorciers à comprendre le danger qu’était Voldemort, c’est ainsi grâce à lui que plusieurs lieus hautement magique et important, tel que le Chemin de Traverse ou le Ministère, se sont vus doté très rapidement de puissants sortilèges de protection pour empêcher Voldemort et ses hommes de passer. Cependant, depuis le décès de sa fille, il s’est retiré, accablé par le chagrin.

Un adversaire de moins pour Vous-Savez-Qui. Je crois voir où il veut en venir. Je me rappelle aussi ce que James avait dit, le soir de la mort de Betty, sur son père.

- Et le père de James est l’un des Aurors qui a participé à la protection de Poudlard, dis-je.

- C’est même lui qui a convaincu le conseil de laissé les Aurors s’occuper de cela, me confie le directeur, alors que nous nous rapprochons du château. Et il est en bonne voie pour devenir le prochain directeur du bureau des Aurors. Si son fils était mort cette année, je pense que Mr Potter aurait pris sa retraite.

Et encore un de moins à faire face à Vous-Savez-Qui.

- C’est un genre de guerre psychologique, dis-je. Vous-Savez-Qui, au lieu d’attaquer les hommes de fronts et de s’en prendre à leurs corps, préfère attaquer leurs cœurs en s’en prenant à ce qu’ils ont de plus précieux : leurs enfants.

Le directeur acquiesce tristement.

- Mais, et Adrian Stevens ? Demandé-je, surprise. C’est un enfant de moldu.

- Oui, mais pas n’importe lequel, il est le fils du premier Ministre moldu. Mr Stevens, qui comme tout premier Ministre est au courant de l’existence des sorciers, fait tout son possible pour épargner les moldus dans la guerre qui sévit. Et cela, visiblement, dérange Voldemort.

Alors que nous posons le pied sur la première marche du château, je soupire, fermant les yeux devant la logique du raisonnement. Sur ce coup-là, il aurait été préférable que Vous-Savez-Qui naisse plus bête qu’il ne l’était. Je rouvre les yeux, au moment où nous dépassons les portes de chêne. Les discussions dans la Grande Salle nous entourent alors, et je suis presque surprise de découvrir qu’il y a encore des gens joyeux en ce bas monde.

- Professeur Dumbledore, il faut que je vous dise, pour Frederick, fais-je alors, au moment où nous grimpons l’escalier de marbre. William m’a dit qu’il n’était pas désigné. Vous-Savez-Qui l’a envoyé tuer le premier élève qu‘il verrait, pour brouiller les pistes après son échec avec James. William disait que c’était aussi pour vous atteindre vous, à travers les élèves.

Soudain, alors que le directeur baisse les épaules et le regard, je suis frappé par son grand âge. Malgré tout ce qu’il fait, malgré la force qu’il a, il n’est qu’un homme, ce que l’on a tendance à vite oublié tant il a confiance en lui-même et ses capacités. Mais je sens qu’avec cette nouvelle donnée, il devient de plus en plus las de la guerre. Nous arrivons devant la Grande Salle, et je lui jette un dernier regard, alors qu’il se dirige vers les escaliers mobiles et que je m’apprête à rejoindre mes amis, bien que ce ne fût pas prévu.

- Lucinda m’a promis de m’écrire, pour m’informer de l’avancement du procès de William, fais-je. Souhaitez-vous que je vous rapporte ce qu’elle m’apprendra ?

Le directeur est surpris de ma proposition. Je crois bien que c’est la première fois, on doit même ne pas être très nombreux à avoir réussi à ce petit jeu. Il est difficile à surprendre cet homme.

- Ce serait très aimable à vous, miss Dawn. Je vous demanderais cependant de ne parler de tout cela à personne d’autre, afin que nous puissions oublier cette histoire. Les vampires sont de nouveaux mauvais aux yeux des sorciers quel qu’ils soient, alors que cela avait fini par progresser. C’est bien dommage, vraiment.

- Vous n’aviez pas besoin de le dire. Je suis contente que tout cela soit dernière nous, à présent.

Le professeur Dumbledore opine, puis reprend son chemin, non sans m’avoir souhaité une bonne journée. Je pénètre alors dans la Grande Salle. Je suis aussi contente que ma vie reprenne son cours normal - ou presque.

O0o0O

Je glisse rapidement les livres dont j’ai besoin dans mon sac, vérifie que j’ai bien tout et me redresse. D’un coup d’œil circulaire sur la chambre, je constate que Camille est partie en première. Je hisse mon sac sur mon épaule et sors en trombe de la pièce, bien décidée à rattraper mon amie. Dans la salle commune que je traverse comme une flèche- humaine - j’adresse un signe de la main à Smith qui discute avec l’un de ses amis, puis passe le portrait qu’une première année vient d’ouvrir. Dans le couloir, je bifurque rapidement à droite et emprunte un autre corridor, celui-là même où est planqué le passage secret qui mène directement au rez-de-chaussée. Arrivée là, j’aperçois Camille qui patiente devant le portrait du bébé à faire rire.

- T’aurais pu m’attendre dans la chambre tout de même, dis-je en arrivant à sa hauteur. Ça aurait changé quoi ?

Camille jette un œil à sa montre bracelet, et me répond :

- Sachant que je suis arrivée il y a peu près dix secondes, je dirais qu’on a économisé au moins deux minutes. Tu as dû courir un petit peu plus vite que la moyenne pour être là aussi rapidement.

Je fronce des sourcils. Peut-être, effectivement, que j’ai un peu poussé sur le turbo. Mais c’était pour la bonne cause. Sans répondre à la remarque de mon amie, je lui fais signe d’ouvrir le passage. Elle s’amuse alors à faire les pires grimaces qu’elle connaisse au bébé, qui se met à rires aux éclats. La porte en faux trompe- l’œil s’ouvre et nous empruntons le passage.

- Ça devient fréquent que tu rentres si tard de tes chasses, me fait Camille alors que nous arrivons au rez-de-chaussée. Tu te lèves même après l’heure maintenant. Comment ça se fait ?

Je grimace légèrement.

- C’est à cause de Sirius. Il grappille la moindre minute qu’il peut lors de nos rendez-vous. Hier soir, j’ai été pratiquement obligé de l’assommer pour qu’il aille se coucher passé deux heures du matin. Je me demande comment il fait pour être aussi en forme la journée alors qu’il dort si peu.

Pour toutes réponses, Camille hausse des épaules. Elle non plus ne comprend pas.

- A mon avis, il risque de sentir le contrecoup plus tard, poursuivis-je. Pour l’instant, son corps accepte ses écarts, mais quand il n’en pourra plus, il ne va pas être beau à voir.

- Pas faux, dit Camille, avant de lever les bras pour faire de grands signes.

Comme nous nous sommes arrêtées aux pieds des escaliers mobiles, elle ne passe pas inaperçu. Pourtant, loin d’être gêné par son comportement, Peter lui rend son salut avec enthousiasme depuis le palier du premier étage. Je roule des yeux, agacée, puis je force Camille à baisser les bras. Elle me fusille du regard.

- C’est bon, tout le monde sait que vous vous êtes vus, pas besoin d’en rajouter, dis-je, sans parvenir à calmer son mécontentement.

Je me dirige ensuite vers la Grande Salle, pour éviter d’occasionner des ralentissements dans les escaliers, comme ça commence à le faire. Camille ne me suis pas du tout, mais je n’ai qu’à patienter vingt secondes avant qu’elle ne me rejoigne, accompagnée des maraudeurs et de Lily. Nous nous saluons tous, et allons prendre notre petit-déjeuner. Sirius se glisse ensuite près de moi et passe un bras autour de mes hanches, avant de se baisser pour piquer un baiser à la commissure de mes lèvres.

- Bien dormi ? Me demande-t-il.

- C’est plutôt à toi que je devrais demander, riposté-je. Tu as dormi combien de temps ? Quatre heures ?

- A peu près, répond-t-il avec un grand sourire ravi que j’ai envie de lui faire ravaler.

- Tu sais, le but n’est pas que tu rates tes ASPIC’s en t’endormant dessus. Alors pour cette nuit, tu oublies, on ne se verra pas.

- Quoi ! S’exclame-t-il, fanant son beau sourire, et visiblement pas d’accord avec ce que je viens de dire.

J’ignore sa réaction et empoigne Camille par le bras pour la séparer de Peter, et nous dirige vers notre table. Je me glisse à côté d’une quatrième année et force mon amie à s’installer près de moi. Elle n’a visiblement pas l’air contente que je l’ai arraché de cette manière à son copain.

- Pas besoin de me regarder de cette façon, tu vas passer toute la matinée avec lui à réviser. Tu n’es pas à une demi-heure près, si ?

Camille fait la moue, mais se sert quand même un toast. Un cri surpris retentit alors dans un coin de la salle, suivit d’un autre à l’autre bout de la pièce. Je me tourne vers le premier et Camille vers le second, mais je ne vois rien. Puis, un autre cri retentit suivit de plusieurs. Il y a ensuite des rires et des filles s’exclament en cœur « Comme il est mignon ! ». Avec tout cela, la Grande Salle devient brusquement silencieuse, même les professeurs s’interrogent sur ce qu’il se passe. Deux secondes plus tard, un lapin traverse la Grande Salle dans sa longueur, suivit par un renard affamé, et tout deux disparaissent dans le couloir.

- Heu . . ., fait Camille, les sourcils froncés, et résumant assez bien la situation.

Dans le silence de la pièce, un « Pop ! » résonne soudainement à la table des Serdaigle, et nous nous tournons pour voir ce qu’il vient de se passer. Un aigle royal plane à présent au-dessus de la tête de Smith, qui affiche de grands yeux écarquillés.

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Finit par demander l’un de ses amis.

- J’ai . . . J’ai juste toucher ma fourchette, s’explique Smith en protégeant sa tête de ses mains pour éviter que le rapace lui laboure le crâne avec ses griffes, et elle s’est transformé en aigle !

A peine dit, plusieurs personnes curieuses frôlent leurs fourchettes du doigt . . . Et c’est une vraie jungle qui s’invite au petit-déjeuner. Surprise par le fait que la fourchette de la seconde année en face de moi se soit subitement métamorphosée en couleuvre, je fais un bond en arrière, bousculant Camille. Je vois alors sa main se retenir à la table et caresser sa fourchette. Une seconde plus tard, plus de couvert, mais un chat noir aux yeux jaunes. Camille fait un bond de quinze mètres, mais pas à cause du chat, plutôt à cause du rat qui vient de lui filer entre les jambes. Sa fourchette-chat, sans doute alléchée par l’idée d’un bon repas, saute de la table et se met à courir après le rat gris. Les deux sont tout de suite rejoint par un chat tigré que tout le monde à Poudlard connait parfaitement puisque c’est l’animagus du professeur McGonagall. Je jette un œil sur la table des professeurs, où la directrice adjointe est présente. Je fronce des sourcils, ne comprenant pas, puis . . . La lumière se fait. Les fourchettes se transforment en l’animagus potentiel de celui qui l’a touché. Je ne vois qu’une personne qui ait pu faire ça. Ou plutôt, quatre.

Je me tourne vers la table des Gryffondor, où un gros chien noir et un cerf aux cornes imposantes se font la fête, sous les rires de Sirius et James. Je ne suis visiblement pas la seule à comprendre ce qu’il se passe, puisque le directeur, la voix magiquement amplifiée, réclame soudain le silence dans la pièce. Tout le monde se tait instantanément - sauf les animaux. Je cesse de regarder la table des Gryffondor et me tourne pour faire face au professeur Dumbledore. Je ne fais pas attention à mon mouvement et frôle un couvert . . . Qui se transforme en loup gris. Apparemment, le couvert était une fourchette. Camille, avisant l’imposant animal qui envoie valdinguer les plats, se lève précipitamment de la table, apeurée, et fait trois pas en arrière. Le loup colle alors son museau contre ma joue et me lèche comme si nous étions de vieux amis. J’imagine que c’est ce que ça donnerait si je décidais subitement de devenir un animagus.

- Messieurs, miss, dit le professeur Dumbledore alors que j’essaye de faire descendre le loup de la table, pas de panique. Visiblement, ce sort est sans danger, les animaux semblent . . . Amicaux.

L’hésitation du directeur est légitime, quand on voit un ours haut de deux mètres câliner un Serpentard de treize ans qui n‘en mène pas large. J’en frissonne. Heureusement que mon animagus reste dans la norme. Ce n’est rien qu’un gros chien qui s’amuse à présent à lécher mes doigts.

- Nous allons rechercher l’origine de ce sort, poursuit le directeur, et tenter de trouver une solution pour que tout revienne à la normale. Entretemps, j’imagine que nous allons devoir nous armer de patience. Somme toute, je vous souhaite un bon appétit - et évitez de toucher les fourchettes s’il vous plait.

Sur ce, il se rassoit et sourit à la fourchette-chat du professeur McGonagall qui vient laper du lait dans le broc du directeur. La directrice-adjointe, rouge comme une tomate, s’empare de son animagus et l’oblige à rester sur ses genoux. Puisque le discours du professeur est terminé, je me remets droite à ma table et vois le chat de Camille chiper un morceau de poisson dans un plat. Mon amie, qui s’est de nouveau assise entretemps, ne fait rien pour l’en empêcher.

- Je crois que l’on pense à la même chose en ce qui concerne les responsables de cette blague, non ? Me dit-elle en mangeant une saucisse avec ses doigts.

J’acquiesce d’un signe de tête.

- Toi qui voulais savoir le mois dernier ce que les maraudeurs préparaient pour leur départ de Poudlard, je crois que tu as la réponse, rétorqué-je, en essayant de repousser mon loup, qui voulait absolument quelque chose à manger et tentait de grimper sur la table.

Camille lança un regard sur mon animal.

- Je n’aurais jamais cru que ton animal totem serait un loup, fait-elle soudain. Mais d’un autre côté ce n’est pas si surprenant. Tu es une solitaire dans l’âme, mais tu sors les griffes et les crocs dès qu’il s’agit de protéger ta « meute ». Comme une louve en somme.

J’hausse des épaules. Dans le fond, elle n’a pas tort, j’aime passe du temps seule, mais j’aime aussi être en groupe, entourée d’amis - à défaut de ma famille. Et celui qui essaierait de faire du mal à ceux que j’aime risquerait d’avoir une drôle de surprise. Rogue pouvait parfaitement en témoigner. Sur ces pensées, j’attends que Camille termine son repas, puis nous nous levons pour sortir de la Grande Salle. Mon loup et son chat nous suivent docilement, sans que nous ayons eu à faire quoi que ce soit.

- Je ne crois pas que nous pourrons aller à la bibliothèque comme prévu, dis-je. Mme Pince n’acceptera sûrement pas les animaux.

- Le parc alors ? Propose Camille. Profitons du beau et rare soleil de juin.

Je redresse la bretelle de mon sac qui a légèrement glissé, et acquiesce à sa proposition.

- Attendons les autres, qu’ils sachent au moins où nous trouver, ajouté-je.

Ceci dit, nous nous rangeons dans un coin du couloir pour ne pas rester au milieu et déranger la circulation. Les élèves qui quittent le Grande Salle n’ont pas tous des animaux avec eux, ce qui me laisse penser que certains n’ont pas touchés à leur fourchette du petit-déjeuner. Je remarque aussi qu’un bon nombre de Gryffondor et de Serdaigle en ont. Sans doute la plupart d’entre eux l’ont-ils fait par curiosité.

A côté de moi, la louve se relève soudain et se met à renifler autour d’elle. Puis, elle jappe au moment où le gros chien noir, animagus de Sirius, court vers elle. Je fais la moue quand je constate que les deux animaux se tournent autour joyeusement, et finissent pas se battre amicalement. Les maraudeurs et Lily finissent par les rejoindre, suivis d’un rat, d’un cerf et d‘un petit hibou tacheté. En voyant le volatile tourner autour de Remus, j’en déduis que c’est là son animagus. Seule Lily n’en a pas.

- Hey ! S’exclame soudain Peter, c’est ton chat qui a voulu croquer mon rat tout à l’heure !

La remarque s’adresse à Camille, dont le matou s’approche insidieusement de l’animagus de Peter. Mon amie se précipite sur son animal pour éviter qu’il n’en fasse qu’une bouchée. Mais elle n’arrive pas à temps et le chat saute sur le pauvre rat apeuré qui tremble contre les jambes de Peter. Lily étouffe un cri dans les paumes de ses mains, mais sans raisons. Le chat ne fait que lécher le rongeur délicatement. Je secoue la tête, hallucinée. Il semblerait que les animagus soient plus comme des humains que comme des animaux.

- Sympa le loup ! s’exclame soudain Sirius en frottant le dessus de la tête de l’animal, entre ses deux oreilles. J’aime bien.

Il m’adresse un grand sourire ravi. Je roule des yeux en râlant à mi-voix. Je me serais bien passé de faire les frais d’une telle blague.

- Au moins, fait-je, Lily a eut de la chance, personne ne verra son intimité mise à jour avec autant de brusquerie. Ne savez-vous pas que les animagus représentent nos « moi » profonds ? Toute l’école n’a pas besoin de savoir qui nous sommes véritablement.

James hausse des épaules en même temps que Sirius.

- C’est marrant, c’est tout, fait le brun à lunettes. Et puis, c’est originale, non ? Et surtout, c’est plutôt de la belle magie. Crois-moi, on en a bavé pour arriver à ce résultat. Il nous en a fallu des tests !

Je glisse un œil sur Lily qui secoue la tête d’un air fataliste en regardant James. Apparemment, il n’y a pas que moi que ça exaspère. Seule Camille est ravie de la blague, comme l’atteste son comportement envers Peter et leurs deux animagus. Soupirant, je m’approche de la louve et enlève la main de Sirius de sa tête pour la pendre dans la mienne. Le Gryffondor me sourit doucement quand j’entrelace nos doigts et que je nous guide vers la sortie.

- Camille et moi, on a décidé de réviser les Sortilèges dans le parc. On s’est dit que Mme Pince n’aimerait pas nous voir débarquer avec notre zoo ambulant.

- Bonne idée, confirme Remus en forçant son hibou a rester sagement sur son épaule. Et il faudrait s’y mettre sérieusement là, les premières épreuves sont dans deux jours.

Mon estomac se noue quand il nous rappelle l’évidence. Il ne reste plus que trois semaines avant la fin de l’année. Trois semaines pendant lesquelles nous allons bûcher comme jamais, et trois semaines avant de faire nos adieux à l’école. J’ai hâte d’être en vacance, mais ma crainte de quitter à jamais ce que j’ai considéré comme ma maison pendant sept ans, est la plus forte. Soupirant, je ressers ma prise sur la main de Sirius, qui fait de même, comme pour me faire passer un message. Un message rassurant.

O0o0O
- Posez vos plumes, c’est terminé.

La voix fluette du professeur Flitwick retentit dans la pièce, et un soupir général parcourt les rangs. Comme demandé, je laisse tomber ma plume, et range ma copie du sujet dans mon sac. Je me penche ensuite légèrement en avant et jette un coup d’œil sur ma droite. Camille est juste dans mon champ de vision, sa table d’examen à côté de celle de Sirius. Elle se retourne, comme si elle avait sentit mon regard sur sa nuque, et m’adresse un signe de la main. Je lui souris en retour, puis me remets correctement.

- Silence ! Dit le professeur de Sortilèges aux quelques élèves qui ont commencés à discuter. Pas un mot pendant que je ramasse vos copies !

Le petit sorcier lève sa baguette et toutes nos feuilles d’examen s’envolent vers lui pour se poser en une pile docile sur sa table.

- Vous pouvez sortir maintenant.

Comme un seul homme, tous les septimes années se lèvent de leurs sièges, dans un brouhaha assourdissant, et se dirigent vers la sortie. Les portes de la Grande salle s’ouvrent pour nous permettre d’attendre dans le hall que la pièce retrouve son aspect habituel en vue du déjeuner. Je me glisse entre deux jeunes filles et parvint à rejoindre Lily qui se trouve pas très loin après moi dans l’ordre alphabétique.

- Alors, tu penses t’en être bien sortie ? Me demande-t-elle dès qu’elle me voit, en triturant son sujet d’examen d’un geste angoissé.

J’hausse des épaules, l’air peu convaincu.

- Je ne préfère pas me prononcer à l’avance, dis-je. Je suis plutôt confiante pour certaines questions, mais d’autres . . . T’as répondu quoi à la question 8b ? Demandé-je en lui désignant son sujet.

Fébrilement, elle feuillette sa liasse de feuilles, mai ne parvient pas jusqu’à ladite question, puisqu’on lui arrache son formulaire des mains, à peine avons-nous mis un pied hors de la Grande Salle. Le coupable n’est autre que James qui, tout sourire, proclame :

- Lily, l’examen est terminé. A présent, tu respires calmement et tu fais comme le commun des mortels : tu te ronges les sangs en silence et tu attends les résultats.

Un sourire amusé aux lèvres, je fais deux pas en arrière, sachant pertinemment ce qui va suivre. Je ne côtoies pas souvent la Préfète-en-Chef, mais j’en sais suffisamment à son sujet pour deviner que James a fait une grosse bourde en lui prenant son sujet d’examen de force. Lily ne laissera pas passer cet affront sans rien dire. Et j’ai raison, puisqu’elle lui saute dessus avec un cri digne d’une guerrière amazone et lui arrache les feuilles en le traitant de tous les noms d’oiseaux qui lui passent par la tête. La tête que tire James est hilarante, et je ne me gène pas pour le lui faire savoir en éclatant de rire.

- En même temps, dis-je en réponse au regard tueur que le Gryffondor m’adresse, t’avais qu’à le deviner. Tu devrais savoir que Lily ne supporte pas ce genre de choses.

James, vexé, croise les bras et boude. Je secoue la tête, amusée et exaspérée par son comportement d’enfant. Soudain, l’odeur de Sirius m’entoure et j’en déduis qu’il n’est pas loin, et suivit par Camille dont la fragrance s’approche elle aussi. Puis, un poids lourd s’abat sur mon dos et je me plie en deux pour le réceptionner. Deux bras s’enroulent autour de mon cou et des cheveux viennent me chatouiller le cou.

- Camille, rouspété-je, non mais t’as quel âge au juste !


Seul un rire me répond et je me redresse alors qu’elle descend de mon dos. Elle se poste sur ma droite, et Sirius s’approche de James qui boude toujours, pour lui demander :

- Remus et Peter ne sont pas sortis encore ?

James secoue la tête. Sirius, complètement paumé par le comportement inattendu de son ami, se penche pour voir son visage de plus près, et rajoute :

- C’est moi ou tu boudes ?

Je ne peux m’empêcher d’éclater à nouveau de rire. Ce qui accentue la vexation de James. Il me fusille du regard. Je continue à rire. Comprenant que rien de ce qu’il fait ne peut m’empêcher de rigoler, il se précipite sur moi et . . . Tente de coincer ma tête sous son bras, mais je me suis déjà dérobé. Je ricane cette fois-ci.

- Tu crois vraiment pouvoir me battre question vitesse ? Demandé-je.

Exaspéré, James lève les bras au ciel.

- Sirius, aide-moi, quoi ! T’es mon meilleur ami, non ?

Sirius secoue la tête.

- Hors de question que je choisisse entre ma petite amie et mon meilleur ami. Tu m’as pris pour un suicidaire ou quoi ?

James râle, puis abandonne.

- Ok, ok, capitule-t-il en me regardant. La prochaine fois, je laisserai Lily se morfondre toute seule sur ses résultats.

Ladite Lily qui n’était pas partie bien loin et était resté le nez plongé dans son sujet d’examen jusque là, lui file un solide coup de pied derrière le genou. James étouffe un cri de douleur.

- La compassion, tu connais pas ? S’exclame-t-elle. Tu peux te morfondre avec moi, non ?

Alors que James tente de se faire pardonner auprès de sa douce, Camille se penche sur mon oreille et murmure :

- On a combien de matières à passer encore ? Demande-t-elle.

Je soupire.

- Cam’, c’est la première épreuve que l’on passe et ce n’est que la partie théorique.

Elle acquiesce, l’air penseur.

- Tu crois que James survivra à toutes les épreuves ?

Je suis son regard sur le Gryffondor qui court après Lily pour avoir un câlin de réconciliation qu’elle refuse de lui donner. Lasse, j’hausse des épaules.

- Vu comment c’est parti, c’est pas dit.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeJeu 16 Avr - 10:50

Chapitre 31 : Derniers jours




Je tourne la page de mon grimoire, et tombe sur la photo d’un grand homme en complet sombre, le regard dur et la moustache abondante. En arrière plan, un mur de briques nues. Une note sous la photo précise qui est cet homme, et pourquoi il figure dans ce livre. C’était un grand guérisseur, quand il était encore en vie. Décédé depuis dix ans, il a permis à la Médicomagie de faire de grands progrès, sauvant des dizaines de vies dans le monde entier. Ça n’empêche qu’il n’avait pas l’air commode.

Deux mains apparaissent soudain dans mon champ de vision et vienne se plaquer contre mes yeux, me plongeant dans le noir. Amusée, je souris, alors qu’une voix grave me demande en me murmurant à l’oreille :

- Qui est-ce ?

Je pose mes mains sur celles qui obstruent ma vue, et les abaisse pour lever mon visage vers celui de Sirius.

- Tu ne crois tout de même pas que je ne t’avais pas senti et entendu venir ?

Sirius rigole un peu puis enjambe le banc pour s’asseoir à côté de moi.

- J’aime bien tenter l’impossible. Te surprendre est un sacré défi.

Sur ces mots, il se penche vers moi et m’embrasse. Ce n’est qu’une simple pression des lèvres, brève, mais ce simple contact ravive en moi une flamme de désir et d’envie que je pensais disparue. Je ne m’en étonne pas, puisqu’elle tend à se manifester de plus en plus souvent, et pour des geste de moins en moins intimes. Même un effleurement de la part de Sirius peut me donner envie de lui sauter dessus. Je suis tout de même assez fière de mon self-control. Mais il n’empêche que je me serais bien passée de ce genre d’effusions.

Sirius se redresse, je rouvre les yeux, inspirant profondément et serrant les poings pour éviter de faire un mouvement malencontreux. Pour m’occuper, je récupère mon livre que j’ai laissé tomber sur mes genoux et le referme. De toute manière, avec Sirius dans les parages, me concentrer sur ce bouquin serait un véritable exploit. Il n’aime pas trop quand je ne lui accorde pas toute mon attention lors de nos rendez-vous.

- Histoire de la Médicomagie, lit Sirius sur la couverture du livre lorsque je le referme. Ce n’est pas trop barbant comme lecture ?

J’hausse des épaules et caresse le cuir de l’ouvrage d’un geste semi-inconscient.

- Un peu, mais il faut bien que je me renseigne. Les examens d’entrées sont dans un mois, ce n’est pas le moment de me relâcher.

Il acquiesce et attrape ma main la plus proche pour l’enfermer dans la sienne. Je repousse l’envie de glisser mes doigts ailleurs que dans sa paume, et pose mon livre sur le banc à côté de moi.

- Qu’est-ce que l’on fait aujourd’hui ? Demandé-je.

Sirius hausse des épaules. Lui aussi commence à être à court d’idées quand il s’agit de s’occuper, en dehors des révisions. Il faut dire que les activités sont plutôt restreintes sur Poudlard, surtout depuis que les ASPIC’s et les BUSE’s sont terminés, et que nous attendons la fin de l’année. Il ne nous reste plus que deux jours avant de quitter l’école. Inconsciemment, je resserre me prise sur la main de Sirius. Il me vient une idée.

- Qu’est-ce que tu dirais de faire le tour du domaine ? Lui proposé-je. J’aimerais me souvenir convenablement de Poudlard.

Sirius affiche un visage surpris puis, souriant, acquiesce. Ma main toujours dans la sienne, il se lève, m’obligeant à faire de même. Je récupère au passage mon livre que je fourre dans mon sac, puis récupère le tout avant de me mettre en route. Nous prenons aussitôt la direction du stade de Quidditch. Cela m’aurait étonné d’ailleurs, si nous n’y avions pas été. Le terrain est vide lorsque nous arrivons et Sirius en profite pour se diriger vers la remise de balais. D’un sort, il déverrouille la porte et en sort deux vieux engins, qui m’ont tout l’air de ne plus savoir voler. Sirius revient vers moi, un grand sourire aux lèvres. Je comprends immédiatement ce qu’il a en tête.

- Certainement pas ! Refusé-je instantanément en faisant un pas en arrière. La dernière fois que je suis monté sur un de ces engins de malheur, j’ai failli devenir borgne.

Amusé, Sirius hausse les sourcils, un grand sourire accroché aux lèvres. Remarquant qu’il se moque de moi, je fais la moue et croise les bras sous ma poitrine.

- Tu n’es pas obligé de te fiche de moi, non plus, dis-je, on ne peut pas tous être de grands joueurs de Quidditch.

Sirius éclate de rire.

- Tu trouves que je suis un grand joueur ?

Gênée, je ne peux empêcher mes joues de se teinter subitement d’un rouge carmin qui fait chauffer mon visage.

- Pas du tout, tenté-je de me défendre, je ne fais que reprendre ce qu’il se dit dans les couloirs de l’école. D’ailleurs, on y parle pas seulement de toi, mais de James aussi, et de Smith.

Sirius plisse des lèvres, comme dérangé par le fait que je mentionne le Serdaigle et son meilleur ami. Mais c’est entièrement vrai, ce n’est pas comme si je m’intéressais particulièrement au Quidditch. Je regarde d’ailleurs les matchs seulement parce que Camille fait partie de l’équipe de Serdaigle, autrement je n’aurais même jamais mis les pieds au stade. Peu touché par ce que je viens de dire, Sirius me tend l’un des balais, celui qui me parait le moins vieux. Mais il n’empêche que le vernis du manche a disparu depuis longtemps et qu’une bonne partie des brindilles sont portées disparues. Je secoue la tête, bien décidée à ne pas accéder au désir du Gryffondor.

- Allez, insiste-t-il, je veux te voir au moins une fois sur un balai. Et surtout, je veux voir ce que donne un vampire dans les airs. Est-ce que tu seras aussi gracieuse que lorsque tu t’amuses à faire tes acrobaties dans les arbres de la forêt Interdite ou dans les escaliers ?

Ça sonne presque comme un défi. Je jette un œil sur le balai. Qu’ai-je à craindre de toute manière ? Ce n’est pas comme si une chute pouvait m’être fatale, et une blessure par accident est impossible. Ni le balai, ni Sirius n’ont la force pour y arriver. Je jette un autre regard sur l’objet avant de regarder Sirius. Mortellement sérieux, il attend que je prenne le balai, bras tendu en avant. Je soupire. Je connais le Gryffondor, quand il a une idée en tête, impossible de lui faire démordre. Alors, ce n’est pas comme si j’avais réellement le choix. Vaincue, je tends la main et attrape l’objet, ignorant volontairement le sourire ravi de Sirius. Ce dernier, une fois débarrassé du balai en trop, enfourche le sien et s’envole vers le ciel tel une flèche. Je grimace en jetant un regard sur mon propre balai, puis me résout. Je chevauche l’objet, attrape fortement le manche des deux mains et, d’un coup de pied au sol, file vers le haut.

Le décollage est un peu laborieux, le balai capricieux. Il tangue à droite et à gauche, un peu trop à mon goût, jusqu’à ce que j’arrive à le faire ralentir et à m’arrêter à peu près à la hauteur de Sirius. Il me demande alors si je suis prête. Je n’ai pas le temps de lui demander prête pourquoi, qu’il pousse son balai à la vitesse maximum et s’éloigne de moi. En partant, il me hurle que je ne serais sans doute jamais capable de le rattraper. Excédée, je roule des yeux. J’ai la forte envie de le planter là et de redescendre au sol, mais je sais qu’il le prendrait vraiment mal, comme toutes personnes normalement constituées. Alors, soupirant, je me mets à le courser.

Ce n’est que deux heures plus tard que Sirius accepte enfin que l’on retrouve le bien-aimé plancher des vaches. Il retrouve le sol avant moi, et je me pose juste derrière lui. Il récupère ensuite mon balai et range les deux objets dans la remise qu’il verrouille d’un sort. Pendant ce temps, je jette un œil sur le ciel. Le beau soleil du matin est recouvert d’épais nuages blancs, qui sont apparus pendant que nous volions, donnant à Sirius l’occasion d’aller jouer à cache-cache dans les épais volutes de fumées. Il y a franchement des fois où je me demande si son évolution intellectuel n’est pas resté bloqué à l’enfance, alors heureusement qu’il fait plus souvent preuve de maturité que l’inverse.

Quand Sirius revient à ma hauteur, il attrape ma main et me tire hors du stade pour continuer notre tour du domaine. Nous prenons ensuite la direction des serres, où nous apercevons le professeur Chourave qui prend soin de quelques uns de ses spécimens. Nous dépassons bien vite cette zone, pour nous retrouver non loin de la cabane de notre garde-chasse, Hagrid. Le grand homme se trouve d’ailleurs devant sa maison, avec le professeur Brulôpot qui s’occupe du cours de Soins aux créatures magiques. Tous les deux prennent soin d’une licorne blessée. Alors que nous sommes assez loin d’eux, Sirius adresse un grand signe de la main au garde-chasse. L’homme voit son mouvement et le lui rend, mais ne nous approchons pas.

- Tu le connais ? demandé-je, intriguée.

- Oui, à force de nous retrouver en retenue avec James, on a finit par apprendre à bien connaitre Hagrid. Parfois, on va lui filer un coup de main, comme il ne peut pas utiliser la magie.

Je fronce des sourcils.

- Ah bon ? Pourquoi cela ?

Sirius hausse des épaules.

- On ne lui a jamais vraiment demandé, on s’est dit que c’était peut-être un peu trop indiscret. Mais il est très gentil, malgré l’effet qu’il fait de par sa carrure.

J’acquiesce, alors que nous dépassons la maison. Nous faisons ensuite le tour du château, passant par des zones du parc peu utilisées, jusqu’à nous retrouver à l’une des extrémité du lac. Arrivés là, nous nous arrêtons quelques secondes avant de reprendre notre route et de poursuivre notre marche tout le long du lac sombre. En passant, je tente d’apercevoir un bout du calmar géant, dont les apparitions se sont faites discrètes ces derniers mois, sans y parvenir. Lorsque nous revenons non loin de notre point de départ, Sirius regarde sa montre.

- Il est dix-sept heures, m’apprend-t-il. Qu’est-ce que tu dirais de remonter au château ? James et Remus seront dans la salle commune, on peut les rejoindre si tu veux.

J’acquiesce à sa proposition. Je n’ai pas trop vu les deux maraudeurs ces derniers temps, puisque James passe beaucoup de temps avec Lily et que Remus semble éviter les couples. J’imagine que ‘il se sent mal à l’aise en notre présence. Nous remontons comme convenu sur le château, et sommes assez rapide à rejoindre le couloir de l’entrée de la tour des Gryffondor. Arrivés, là, Sirius donne le mot de passe à la Grosse Dame du portrait.

Comme à chaque fois que je pénètre dans la salle commune de la maison Gryffondor, je suis agressée par les couleurs criardes rouge et or de leur emblème. Il y en a partout dans la pièce, même sur les meubles. Je plisse des yeux en entrant et suis Sirius lorsqu’il rejoint une table à laquelle sont installés James et Remus. Les deux jeunes hommes semblent surpris de nous voir là.

- Vous ne deviez pas passer l’après-midi seuls ? Nous demande James.

- C’est ce que l’on a fait, réponds-je. Nous avons fait le tour de Poudlard. Et toi, tu n’es pas avec Lily aujourd’hui ?

James secoue la tête.

- Elle a promis à Gabrielle de passer la journée avec elle. Alors, j’en profite pour essayer de battre Remus aux échecs.

Ce n’est qu’à sa remarque que je vois l’échiquier posé entre eux deux, dépouillé d’une bonne partie de ses pions. De ce que j’en vois, Remus a fait échec au roi de James.

- Tu peux peut-être m’aider ? En parfaite Serdaigle, ce jeu doit être d’une simplicité enfantine pour toi.

- Hey, s’insurge Remus, tu dois jouer seul, autrement c’est de la triche.

Je ris.

- Ne t’inquiètes pas Remus, je serais bien incapable de l’aider en quoi que ce soit. Les pièces d’échecs ont tendances à ne jamais m’obéir, alors je n’ai jamais pu jouer convenablement une seule partie. Par conséquent, je ne suis pas du tout douée à ce jeu, et j’ai même plutôt tendance à m’en tenir éloigné le plus possible.

Les trois garçons sont amusés par l’anecdote, comme l’atteste les sourires qu’ils ne prennent même pas la peine de cacher. Je les laisse s’amuser à mes dépends, et m’installe à la dernière place de libre à la table, entre Sirius et Remus. James choisit ce moment pour déplacer une de ses pièces.

- Tu as commencé à faire tes valises ? Me demande-t-il sa pièce à peine posée sur sa nouvelle case.

- Non, réponds-je, J’ai l’attention de faire tout ça demain. D’ailleurs, vous savez quand on aura les résultats de nos ASPIC’s exactement ?

- Dans les premiers jours de juillet normalement, dit Remus en bougeant à son tour une de ses pièces. Echec et mat, James.

- Quoi ? S’insurge ce dernier en se penchant sur l’échiquier.

En constatant que c’est vrai, il râle un peu pour la cause, puis il range le jeu.

- Tu vivras où cet été ? Me demande alors Remus. Tu ne retournes pas à l’orphelinat, il me semble. Du moins, je me souviens que tu m’as dit qu’aux vacances de Noël, c’était la dernière fois que tu y allais.

- Effectivement, acquiescé-je, les parents de Camille vont m’héberger, jusqu’à ce que je trouve un appartement. Et comme ils m’ont proposés de partir en vacances quelques jours avec eux, c’est plus simple.

- Des vacances ? Relève James. Vous partez où ?

- Dans le sud de la France, pendant les deux dernières semaines d’août. Je ne saurais pas te dire où exactement par contre, seul Camille le pourrait.

- On pourra quand même se voir pendant les vacances ? S’inquiète subitement Sirius.

Il est vrai que nous n’avons pas encore vraiment parlé de ce qu’il se passerait entre nous après Poudlard. Pour ma part, j’imagine que nous essaierons de nous voir le plus souvent possible, tout en suivant nos cursus respectifs du mieux que nous pourrons.

- Oui, si possible, mais je vais chercher du travail. Je vais avoir besoin d’un peu d’argent pour mes études, surtout si je ne parviens pas à décrocher une bourse.

- Tu rentres à l’académie de Médicomagie, c’est ça ?

J’acquiesce à la question de James.

- Les examens d’entrées sont dans un mois, c’est là que je saurais exactement ce qu’il en est. Et vous ? Toujours prêts à entrer au bureau des Aurors ?

James et Sirius acquiescent. Je me tourne vers Remus.

- L’université de Londres ? Demandé-je.

- Toujours, confirme-t-il, au département de droit. J’irais m’inscrire une fois que nous aurons reçus les résultats des examens.

A peine a-t-il terminé la phrase que je vois une ombre passer dans les yeux des trois jeunes hommes. Je comprends que quelque chose les tracasse.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi vous tirez ces têtes ?

Sirius et James regardent Remus. Le problème le concerne, ils lui laissent alors le choix de m’en parler. J’incline la tête sur le côté, intriguée.

- C’est à cause de mon . . . Petit problème de fourrure comme dirait James, me confie Remus. Ce n’est pas dit que l’université m’accepte.

Je tique, surprise. Je ne suis pas tout à fait au courant de tout ce qu’il se passe chez les sorciers, mais je ne savais pas qu’ils faisaient autant preuves de discriminations. Je pensais que ce qu’on en disait en cours était exagéré.

- Et si ça se passe comme ça, qu’est-ce que tu feras ?

Remus hausse des épaules, un demi-sourire accroché aux lèvres.

- Je chercherai du travail, j’imagine. Je verrai bien.




O0o0O




Avec un dernier regard sur mon lit pour m’assurer que je n’oublie rien, je ferme d’un coup sec ma valise, et la verrouille d’un sort. Je la miniaturise ensuite et la glisse dans la poche de ma cape. Dans la chambre, il ne reste que Camille et moi. Crow et Grayson ont déjà désertées la pièce. Je fais un signe de main à mon amie, lui signifiant que je pars devant et m’avance vers la porte. Je passe devant le lit de Betty et j’ai une pensée pour sa famille. Je n’arrive pas à imaginer ce qu’ils doivent vivre, la douleur avec laquelle ils vont devoir passer le reste de leur existence, le vide qui ne sera jamais comblée. Tout au contraire, j’ai peu de mal à imaginer la vie qui aurait pu être celle de Betty : des études, des amis, un travail, une famille, un homme, des enfants, tout ce qui fait une vie en somme. Mais tout lui a été arraché, et je ne peux m’empêcher de me sentir un peu coupable, bien que cela n’ait rien à voir avec moi.

Soupirant, je m’arrache à la vue du lit vide de Betty et me décide enfin à quitter la chambre. Je descends l’escalier, passe dans la salle commune, et dépasse le portrait qui garde l’entrée de la tour. Quand je m’éloigne dans le couloir, je me retourne pour voir l’homme au livre du tableau me faire un salut d’adieu. Surprise, je le lui rends, alors que le portrait pivote pour laisser passer un quatrième année. Je poursuis ma route dans le couloir, l’adolescent roux me dépasse, et je bifurque dans les escaliers mobiles. Comme moi, certains choisissent la dernière minute pour rejoindre la gare, alors je ne suis pas la seule à me précipiter au rez-de-chaussée.

Une fois dans le hall, j’aperçois les maraudeurs et Lily qui attendent patiemment, vêtus comme des moldus, ce qui est rare pour les garçons. Je m’arrête à leur hauteur, jetant un œil sur l’horloge qui indique dix heures. Il nous reste encore une heure avant le départ du train.

- Où est Camille ? Me demande Peter, après que j’ai salué tout le monde.

- Plus très loin j’imagine, elle avait pratiquement terminé sa valise quand j’ai quitté le dortoir.

Sirius se glisse près de moi, passe son bras autour de mes hanches et me serre contre lui, collant son nez dans mes cheveux. La discussion se poursuit autour de Lily, que James tente de convaincre de venir passer une grande partie des vacances chez lui. Apparemment, Lily ne s’entend pas très bien avec le reste de sa famille, et elle cherche un endroit où déménager le plus vite possible. Mais seule. Ce que son petit-ami n’a pas l’air de vouloir comprendre.

- James, c’est très gentil à toi mais c’est non, et ça le restera. Je ne veux pas débarquer chez toi comme ça puisque je sais que Sirius y sera aussi. Pas besoin de donner plus de travail à ta mère, elle en aura déjà bien assez avec vous deux.

En imaginant le travail dont parle Lily, je ne peux m’empêcher de sourire. Rien qu’à voir les deux jeunes hommes à Poudlard, je sais déjà combien ils peuvent épuiser la pauvre Mme Potter. Sirius, qui aperçoit sans doute mon sourire amusé, me pince gentiment la hanche, sans réussir à me faire mal, bien que ce ne soit pas agréable comme sensation. En réponse, je lui file une tape sur la main.

Soudain, le visage de Peter s’éclaire d’un grand sourire. J’en déduis rapidement que Camille est enfin arrivée. Le Gryffondor se précipite vers elle pour la prendre dans ses bras, et nous en profitons pour descendre l’escalier de marbre et sortir dans le parc. Sirius à ma gauche et Remus à ma droite, je repense à ce que m‘a confié le lycanthrope peu de temps auparavant. J’y ai d’ailleurs consacré beaucoup de mon temps libre, agacée de savoir que par sa condition, on puisse lui refuser une vie normale alors que rien n’est de sa faute.

- Remus, tu retournes chez tes parents ? Lui demandé-je.

Le garçon acquiesce mollement.

- J’ai ton adresse, ajouté-je, alors si tu veux que l’on se voit pendant les vacances, il n’y a aucun souci.

Remus me sourit amicalement, avant de jeter un œil sur Sirius et que son sourire devienne malicieux. Intriguée, je lance un coup d’œil à mon tour au Gryffondor, mais rien ne transperce sur son visage. Alors, je regarde de nouveau Remus, les sourcils froncés et l’interrogeant du regard. Il pose sa main sur mon bras, nous arrête et laisse Lily et James nous dépasser.

- Sirius, tu veux bien nous laisse une minute ? Il faut que je parle à Mandy.

Bien qu’aussi surpris que moi, Sirius acquiesce et rejoint les deux Gryffondor, non sans se retourner en cours de route pour nous lancer un regard suspect. Puis, Peter et Camille nous dépassent à leur tour, et nous les laissons prendre un peu d’avance avant de nous remettre en route.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demandé-je enfin à Remus. De quoi veux-tu me parler ?

- Tu as dis à Sirius pour nous deux ? Que nous avions seulement fait semblant d’être ensemble, et pourquoi nous l’avons fait ?

Je secoue la tête.

- Pourquoi ? Tu l’as fait, toi ? Ou, tu comptes le faire ?

Remus secoue la tête à son tour.

- Je pense que c’est à toi de le faire. De plus, je ne sais toujours pas pourquoi tu as voulu te rapprocher de Sirius. Tu n’as jamais voulu me le dire.

Surprise, je quitte le chemin des yeux pour le regarder.

- Il ne vous l’a pas dit ? Demandé-je. A aucun de vous trois ?

Alors que Remus réfute pour la seconde fois, je comprends que c’est assez logique d’un côté. Comment Sirius aurait-il pu aborder un tel sujet, si tant est qu’il ait put en avoir l’envie. C’est déjà compliqué pour nous deux, j’imagine qu’il n’a pas voulu impliquer aussi ses amis. Ce n’est donc pas à moi de le faire.

- Pour ce qu’il s’est passé entre nous, fais-je une fois sortie de mes pensées, je lui en parlerai. Je ne sais pas quand, car j’imagine qu’il n’appréciera sans doute pas, mais je le ferai.

Remus acquiesce, visiblement heureux de ma décision, et je décide de reparler de ce que je voulais lui dire, avant qu’il ne demande à Sirius de s’éloigner.

- Au fait, Remus, ce que je voulais dire tout à l’heure, c’est que si jamais tu as besoin d’aide, tu peux venir me voir, d’accord ? Ne crois pas qu’il n’y a que les maraudeurs qui peuvent d’être d’un secours.

Remus affiche un air mi-amusé, mi-gêné.

- C’est très gentil à toi, mais je pense que tu auras suffisamment de problèmes comme ça, sans te coltiner un loup-garou. De plus, je ne suis pas sûr que Sirius apprécierait. Mine de rien, il est assez jaloux et possessif, surtout envers toi.

J’hausse des sourcils.

- Vraiment ? Je n’ai pas fait attention.

Cette fois-ci, il éclate de rire.

- Il suffit de voir la tête qu’il a tiré quand je lui ai demandé de nous laisser seuls. Je pense que l’idée que nous soyons sortis ensemble le gêne un peu.

- C’est pour ça que tu voudrais que je lui dise la vérité ?

- Un peu oui, m’avoue-t-il, tandis que nous dépassons les grilles de Poudlard, surplombés par les deux sangliers ailés, auxquels je lance un dernier regard. Je pense que ça apaiserait ses craintes sur la question.

Bien sûr, Remus ne connait pas les particularités de l’Appel, et encore moins que cela me concerne, alors il ne peut pas savoir que Sirius n’a aucune crainte à avoir. Mais Sirius lui-même n’est peut-être pas totalement rassuré sur ce point-là - et je dois avouer que moi non plus. Après tout, Sirius n’est pas un vampire, et ne ressent pas l’attirance que moi j’éprouve. Il pourrait me tourner le dos à tous moment, tel que Rogue l’a fait avec Tony.

Étranger à ce qu’il se passe dans ma tête, Remus me laisse seul et presse le pas pour rejoindre ses amis. Sirius ralentit ensuite pour me permettre d’arriver à sa hauteur. Il prend ma main et enlace nos doigts.

- Tu as l’air préoccupée. Qu’est-ce que Remus t’a dit ?

Ignorant sa question, je le regarde et détaille son visage, m’interrogeant. Comment réagirais-je si jamais Sirius venait à me laisser tomber pour une autre, même si je n’avais pas encore goûté à son sang ? Mon cœur se serre à cette idée, et je comprends que je ne le prendrais pas aussi bien que je l’aurais pensé. Je me suis trop attachée à lui pour accepter facilement qu’il s’éloigne de moi.

- Mandy ?

Arrachée à mes pensées, je lui souris. Inutile de l’inquiéter avec mes pensées.

- Remus et moi avons seulement parlé de deux ou trois petites choses. Je t’en parlerai plus tard, ok ? Rejoignons les autres.

Bien que surpris, Sirius accepte puis nous courrons un peu pour arriver à hauteur de nos amis. Sur le reste du chemin, nous échangeons des souvenirs sur nos années à Poudlard, les bêtises que nous avons faites, les scènes les plus marquantes et les cours les plus étranges - pour la plupart de Défense Contre les Forces du Mal. Mais nous arrivons rapidement à la gare, et il est temps de monter dans le train. Nous nous mettons à la recherche d’un wagon de libre, que nous trouvons tout à l’arrière du train, près des toilettes, et nous nous installons confortablement. Comme les compartiments sont prévus pour huit personnes nous avons de quoi nous mettre à l’aise. Personnellement, je choisis l’une des places près de la fenêtre, mes préférés dans le train, car j’adore regarder les paysages qui défilent. Puis, Camille s’assied en face de moi, Sirius prend naturellement celle à ma gauche, Peter prés de sa petite-amie, puis James et Lily sur la même banquette que moi, et Remus à côté de Peter.

Nous continuons à discuter de nos études, jusqu’à ce que le train siffle le départ et qu’il se mette en branle. Un silence s’installe alors entre nous, pas gênant mais plutôt méditatif. Je sens ensuite le regard de Camille sur moi, et je m’arrache à la contemplation de la campagne écossaise pour la regarder. Souriante, elle plonge la main dans l’une des poches de sa cape qu’elle a posé sur ses genoux et en ressort un petit paquet enveloppé. Peu surprise, mais étonnée qu’elle ait pu se retenir tout ce temps, j’hausse des sourcils et accepte le présent. Camille pose ensuite sagement ses mains sur ses genoux et attend patiemment que je me décide à l’ouvrir. Histoire de la faire languir, je porte le paquet à mon oreille et le secoue pour tenter de deviner ce qu’il renferme, mais rien ne bouge dans la boite. Il n’y a pas non plus d’indications sur la papier cadeau, j’en suis donc réduite à devoir l’ouvrir pour découvrir ce qu’il renferme.

Posant le paquet sur mes genoux, je dénoue d’abord le ruban blanc, puis décolle patiemment le papier doré. A présent, je sens les regards intrigués du reste du compartiment sur le cadeau, et en face de moi, Camille meurt peu à peu d’impatience. Si elle avait été à ma place, elle aurait déjà arraché tout le papier, mais j’adore prendre mon temps et faire durer la surprise - sans parler de faire monter la tension artérielle de mon amie. J’arrive enfin au bout du papier cadeau, et fais apparaitre une boite de forme rectangulaire, ordinairement utilisées dans les bijouteries. Intriguée, je l’ouvre pour faire apparaitre une bracelet en argent, tout simple. Touchée, je souris à mon amie et sors le bijou de sa boite pour le passer à mon poignet. Je lui fais alors signe de boucler le fermoir pour moi, ce qu’elle fait avec grand plaisir.

- Joyeux anniversaire, me chuchote-t-elle alors, comme elle le fait chaque année.

- Merci, répondis-je sur le même ton.

Je me recule ensuite et monte mon poignet à hauteur de mes yeux pour l’admirer de plus près. La voix de Sirius s’élève alors.

- C’est ton anniversaire aujourd’hui ? Me demande-t-il, bien qu’il me semble que la réponse est évidente.

J’acquiesce tout de même d’un mouvement de tête, et les yeux de mon petit-ami menacent de sortir de leur orbites.

- Mais, pourquoi tu ne me l’as pas dit ? S’insurge-t-il.

- Tu ne me l’as pas demandé, rétorqué-je.

Ma répartie à le don de lui couper la chique, et il se retrouve la bouche grande ouverte, sans être capable de prononcer une syllabe, ce qui fait bien rire James, Peter et Remus. Lily se lève alors, et me tend à son tour un paquet. Son geste me surprend.

- Ce n’est pas grand chose, me dit-elle, mais je me suis dit que ça pourrait te servir à l’occasion.

J’accepte son cadeau, et la remercie du bout des lèvres, gênée, avec un léger sourire en coin.

- Hey, pourquoi tu ne m’as pas prévenue toi non plus ? S’insurge Sirius.

- Je pensais que tu le savais déjà, répond Lily en haussant des épaules d’un air désinvolte alors que je déballe son paquet de la même manière que celui de Camille.

- Et moi ? Dit James. Pourquoi tu ne me l’as pas dit à moi ? On aurait pu lui faire un cadeau ensemble.

Je relève la tête, m’intéressant à la discussion, au moment où Peter et Remus font la même remarque. Je les regarde à tour de rôle, très surprise par le fait qu’il auraient tous voulus connaitre la date de mon anniversaire. Confuse, j’interviens :

- Non, mais c’est bon, ce n’est rien. N’accablez pas Lily de cette manière, elle l’a su par hasard, lors d’une discussion avec Camille. Et puis, bon, je n’attends rien de votre part, vous n’êtes pas obligés de réagir comme ça.

Pour toute réponse, Sirius me file une tape sur l’arrière de la tête. Je laisse échapper un cri d’indignation et le fixe, les yeux ronds.

- C’est pour t’apprendre à dire des bêtises, se justifie-t-il. Nous sommes tes amis, c’est normal que nous voulions te faire plaisir le jour de ton anniversaire. Alors, attends-toi à avoir de nos nouvelles d’ici peu, toi ! Je vais t’apprendre à cacher des trucs pareils !

- Mais, je ne l’ai pas caché ! Me défendis-je. C’est juste que l’occasion ne s’est jamais présenté pour vous le dire. Je te signale par ailleurs, que je ne connais pas non plus vos dates d’anniversaires.

- Le 9 février, m’annonce Sirius.

- Le 27 mars, renchérit James.

- Le 10 mars, poursuit Remus.

- Et le 6 avril, conclut Peter.

- Maintenant, plus d’excuses, reprend Sirius. On connait tous nos dates respectifs. Lily est du 31 janvier, toi du 30 juin et Camille . . .

Amusée, j’abhorre un sourire en coin pendant que Sirius prend conscience qu’il ne sait pas quand Camille est née. Heureusement pou lui, Peter vient à son secours.

- Le 13 août, dit son ami. Et tu ferais mieux de t’en souvenir.

Sirius acquiesce, puis se tourne vers James.

- Tu crois que tes parents accepteraient que l‘on organise une petite fête d’anniversaire chez toi la semaine prochaine ?

- Hey ! M’insurgé-je. J’ai franchement autre chose à faire Sirius, mon concours est dans un mois !

- Et une après-midi en moins de révisions ne te tuera pas. Alors, James ?

Alors que le Gryffondor répond que sa mère sera sûrement plus que ravie d’accueillir tout notre groupe, j’en suis à marteler Sirius de petits coups de poings, ulcérée qu’il m’organise une fête sans me demander mon avis. A cause de mes mouvements, le cadeau de Lily que j’avais finis par oublier, tombe à terre. Il roule sur le sol, restant intact, et je cesse de frapper Sirius. Je me penche alors et récupère l’objet, cette fois bien décidée à voir ce qu’il contient. Je termine de l’ouvrir et découvre un flacon de lissant pour cheveux, le même que celui utilisée par Lily le jour de la soirée de Slughorn.

Je relève la tête et croise le regard de la jeune femme. Je la remercie d’un sourire, comprenant mieux ce qu’elle voulait dire par « ça pourrait te servir à l’occasion ». Il est vrai que depuis ce soir-là, j’ai gardé mes cheveux bouclés sans jamais les avoir de nouveau lisse une seule minute. A côté de moi, James et Sirius planifient leur fête, aidés par Remus qui s’occupe de leur mettre des limites acceptables (un feu d’artifice me semble à moi aussi, un peu trop). Soupirant, je tourne ensuite mon visage vers la fenêtre, m’intéressant au décor, mes cadeaux serrés contre moi. J’avais toujours pensé que mon départ de Poudlard se ferait dans le pessimisme et la déprime, mais il semble que ce soit tout le contraire. Je suis entourée par mes amis, qui crient et rient à mes côtés, organisant ce qui sera ma première vraie fête d’anniversaire, et je me dirige vers un avenir qui semble radieux.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeVen 17 Avr - 10:51

Chapitre 32 : Fête d’anniversaire




Nous transplanons dans une ruelle moldue de Londres, vide de toute vie, où les ordures débordent des poubelles, leur odeur aggravées par la chaleur inhabituelle de ce mois de juin. Le nez plissé, je lève légèrement la tête pour apercevoir un bout de ciel bleu entre les toits des immeubles, plusieurs mètres au dessus de ma tête. A côté de moi, Camille râle car elle a transplané dans une crotte de chien et que sa chaussure est bonne pour le nettoyage à la main. Abandonnant le bout de ciel, je regarde mon amie s’escrimer à enlever le plus gros de l’excrément avec un morceau de bois qu’elle a dû trouver dans le coin. Je roule des yeux et me permets un sourire amusé en sortant ma baguette.

- Evanesco, murmuré-je, en pointant la chaussure de ma baguette.

La crotte de chien disparaît immédiatement, sous les yeux ronds de Camille. Je range ma baguette, mon amie repose le pied à terre et grommelle :

- J’aurais dû y penser.

Elle se redresse ensuite et regarde le bout de la ruelle, par laquelle me parvient les bruits et les odeurs d’une rue plus grande et plus utilisée. Je suis Camille, lorsqu’elle se dirige vers la sortie de la ruelle, pour pénétrer dans la rue marchande. La soirée étant bien entamée et le temps clément, il y a beaucoup de moldus qui se promènent. Nous nous faufilons entre eux sur le trottoir, jouons des coudes pour ne pas être ralentis par le flot des badauds, puis nous arrêtons devant notre destination : Le chaudron baveur. Camille pousse la porte parfaitement huilée, et je pénètre dans le bar à sa suite, refermant derrière moi. L’établissement est pleins à craquer de sorciers. Nous nous glissons entre les tables et les chaises, Camille fait un signe au barman en passant, puis nous sortons dans l’arrière cour, nous arrêtant devant le mur de briques rouges nu. Camille sort sa baguette et tapote trois fois sur l’une des pierres du mur, au dessus de poubelles. Le mur s’ouvre alors, pour laisser place à une large avenue bordée de boutiques qui n’est autre que le Chemin de Traverse.

Nous nous faufilons entre les deux pans de mur, Camille en première, puis descendons la rue sur quelques mètres, avant de nous arrêter devant le magasin de confiserie du père de Camille, Au paradis des gourmands. A l’intérieur, toutes sortes de bonbons, pâtisseries et glaces prennent une majeur partie de la place, laissant seulement quelques mètres carrés à ceux qui souhaiteraient s’installer pour consommer. Camille pousse la porte vitrée de la boutique, et un carillon retentit sur le thème de la panthère rose. Je souris, reconnaissant là l’amour de Mr Blaid pour les passe-temps de son épouse d’ascendance moldue.

Dans le magasin, il n’y a qu’un couple de jeunes gens, attablés devant une énorme glace, et sur la gauche, derrière le comptoir, Mr Blaid range l’une de ses vitrines. Il relève la tête, prêt à nous souhaiter la bienvenue en bon commerçant, puis reconnaît sa fille. Un sourire illumine son visage et il quitte sa place pour contourner le plan de travail et venir serrer Camille dans ses bras. Je reste légèrement en retrait le temps de leurs retrouvailles après six mois de séparation, puis Mr Blaid relâche sa fille pour se tourner vers moi.

- Bonjour Amandine, me salut-il en posant une main affectueuse sur mon épaule. Et bienvenue chez nous.

Je le remercie d’un sourire, puis nous le laissons pour rejoindre l’appartement d’au dessus, là où vit la famille Blaid. Nous traversons le magasin, et Camille écarte un rideau de parle qui masque un étroit un escalier montant. Vingt et une marches plus tard, nous tombons sur une solide porte en bois, que Camille ouvre. Aussitôt, des cris nous parviennent, et nous nous dépêchons d’entrer pour éviter que les bruits ne descendent trop longtemps jusque dans la boutique. Nous atterrissons dans un petit couloir comportant un meuble à chaussures. Nous en profitons pour nous séparer des nôtres et, pieds nus, nous faisons quelques pas avant de bifurquer sur la gauche, traversant une double porte ouverte qui donne sur le salon.

La pièce, joliment décorée dans des tons pastels et éclairée par une large fenêtre donnant sur le Chemin de Traverse, est parcourue par une tornade. Ou plutôt deux. Jason, le jeune frère de Camille, court dans le salon en beuglant comme un fou, poursuivit par sa mère. Mme Blaid semble vouloir faire porter un pull à son fils, un truc en laine couleur kaki, et pas très joli. Le jeune garçon de onze ans refuse catégoriquement de le mettre, ce qui donne la scène à laquelle nous assistons, Camille et moi, médusées.

- Je veux pas ! Martèle Jason en courant autour du canapé en un cercle sans fin. Je ne mettrai pas ton machin hideux !

- C’est un cadeau de grand-mère, tu vas le mettre ! Hurle Mme Blaid en réponse en tentant d’agripper le garçon par-dessus le dossier du canapé, sans succès.

A côté de moi, Camille secoue la tête, excédée face à un tel spectacle. Difficile de lui en vouloir en même temps, avec son petit frère, c’est presque toujours la même histoire. Ce n’est pas pour rien qu’il s’est retrouvé dans une poubelle par mes bon soins : il est un peu casse-pied par moments - pour ne pas dire tout le temps. Pourtant, Camille a quand même le courage de faire un pas en avant et de pénétrer un peu plus en avant. Le mouvement alerte sa mère qui nous jette un coup d’œil avant d’abandonner la chasse au Jason, qui part se réfugier dans un coin pendant la période de cesser le feu. Mme Blaid pose le pull hideux sur le dossier du canapé et se dirige vers sa fille, les bras grands ouverts. Camille disparaît dans l’étreinte de sa mère, et lui rend son embrassade. Quand elles se séparent, Mme Blaid m’aperçoit et, avec un sourire aussi grands que celui qu’elle a offert à mon amie, elle me fait signe d’avancer vers elle. Je m’exécute.

- Bienvenue parmi nous, Amandine, nous sommes heureux de t’avoir à la maison.

- Merci beaucoup, ai-je le temps d’articuler avant qu’elle ne m’englobe à mon tour dans l’étau de ses bras.

Je rends son câlin à Mme Blaid, maladroitement car encore peu habituée à ce genre d’effusions, puis fait un pas en arrière en respirant son odeur à plein nez. Comme Camille, la femme sent bon le chocolat chaud, mais avec une pointe de cannelle. Un mélange harmonieux pour mon odorat. Dans la pièce flotte aussi un autre parfum, celui de l’herbe ras et de la pluie. Je devine que c’est celle de Jason, ressemblant beaucoup à celle de son père que j’ai respiré un peu plus tôt et qui m’a fait pensé à un jour d’automne pluvieux.

- Comment s’est passé votre voyage ? Demande Mme Blaid en nous prenant chacune par une épaule pour nous guider hors du salon, et offrant un sacré répit à son fils.

- Très bien, répond Camille. Nous sommes un peu tristes d’avoir quitté Poudlard, mais on se fera à l’idée.

- Bien sûr que vous vous y ferez. Et vos ASPIC’s ? De bons pressentiments ?

Nous haussons toutes les deux des épaules. En bonnes Serdaigle, nous refusons d’établir le moindre pronostics, de peur d’être déçues. On a tendance à penser être meilleures que nous ne le sommes, même si parfois cela est vrai.

Dans le couloir, Mme Blaid nous fait dépasser la cuisine et la salle de bain, puis nous arrête devant la porte de la chambre de Camille.

- Comme tu vas rester un long moment avec nous cette fois-ci Amandine, j’ai pensé que vous apprécierez d’avoir une chambre un peu plus personnalisée. J’espère que vous aimerez.

J’échange un regard surpris avec Camille, au moment où Mme Blaid ouvre la porte. Le changement me saute immédiatement aux yeux. A la place de la grande pièce qui faisait quasiment vide avec le peu d’affaires qui y avait Camille, il y a maintenant tout en double. Deux lits une place, deux armoires, deux bureaux, deux tables de chevets, deux tapis, et le tout dans des couleurs complémentaires : jaune pâle et bleu ciel.

- Je prends le côté jaune ! S’écrie Camille, me prenant de court, avant de sauter sur le lit qu’elle s’est octroyée.

Amusée, je roule des yeux, et la suis plus modérément dans la pièce. Je me tourne ensuite vers Mme Blaid.

- C’est très gentil à vous Mme Blaid, mais vous savez que je ne serais là que pour quelques semaines. Vous n’étiez pas obligé de faire autant de changements.

La mère de Camille secoue ses cheveux blonds, identique à ceux de sa fille, avant de venir s’asseoir à côté de mon amie.

- Si tu n’y vois pas d’inconvénient, Patrick et moi avons pensés que, puisque nous ne sommes pas très loin de l’académie de Médicomagie, tu pourrais vivre ici le temps de tes études. Ce sera plus confortable pour toi, et tu ne nous dérangerais absolument pas. De plus, nous savons que Camille serait heureuse de t’avoir près d’elle.

Je ne sais quoi répondre. C’est très gentil à eux, et l’idée ne m’avait même pas effleuré l’esprit. Mais je suis gênée rien qu’à l’idée de vivre à leurs crochets. Ce n’est pas du tout mon genre. De plus, leur cacher ma transformation pendant deux mois sera simple, mais le faire pendant cinq ans deviendra vite compliqué.

- C’est très gentil à vous Mme Blaid. Je vais y réfléchir.

La femme me sourit, se lève et quitte la pièce, nous laissant seule. Je jette un regard sur le coin de la chambre qui m’est dévolu et retire la valise de la poche de ma cape pour l’agrandir et la poser sur le lit.

- Pourquoi tu n’as pas tout de suite dit oui ? Me demande alors Camille en s’approchant de moi. Ce serait génial que tu restes ici, tu n’aurais pas à t’en faire pour payer un loyer et tout ça.

- Cam’, tu oublies mon régime alimentaire. Je ne pourrais pas faire illusion pendant le temps que dureront mes études. Je vais en avoir pour cinq ans, je te rappelle.

Camille grimace, puis soupire. Elle a tendance à vite oublier ma nature, ce qui est dommage car cela pourrait nous conduire droit aux problèmes. Et si elle avait accepté en mon nom un peu plus tôt, comme il lui arrive parfois de prendre les décisions à ma place ? J’aurais ensuite été très embêtée. J’ouvre ma valise, ignorant mon amie qui s’installe sur mon lit, et commence à ranger mes affaires dans l’armoire.

- Dommage, dit-elle soudain. Ça aurait été sympa de t’avoir avec moi pendant les cinq prochaines années.




O0o0O




Lorsque treize heures sonne à la pendule du salon des Blaid, Camille et moi sommes encore en train de débarrasser la table du déjeuner. L’horloge sonne une fois, puis se tait. Je lâche les assiettes dans l’évier qui s’active à nettoyer les verres, puis attrape une éponge pour passer un coup d’eau sur la table. Camille ensorcelle un balai pour qu’il enlève les reste de notre repas du sol, puis file dans la chambre à la vitesse d’un boulet de canon. La table nettoyée, je rince l’éponge et la remet là où je l’ai trouvé, au moment où mon amie revient dans la cuisine.

- Tu es prête ? Me demande-t-elle.

Je jette un œil critique sur ma tenue avant de lui répondre. Pour l’occasion, j’ai fait un effort et abandonné mes ordinaires jeans et tee-shirt pour mettre quelque chose de plus féminin. Dans la semaine, j’ai eu l’occasion d’aller flâner dans les rues marchandes moldues et j’ai dégoté une petite robe à fleurs d’été, assez légère pour ne pas être inconfortable et assez couvrante pour ne pas être indécente. J’imagine que ma robe fera l’affaire, alors j’acquiesce à la question de mon amie.

Nous sortons de la cuisine, passons dans le couloir où nous enfilons nos chaussures, puis nous quittons l’appartement. Nous descendons dans la boutique, assez vide à cette heure avancée de l’après-midi, saluons Mr Blaid et sortons sur le Chemin de Traverse. La rue est peu fréquentée, l’heure du repas n’étant pas encore tout à fait terminée, et certaines boutiques sont encore fermées. Nous ne leur jetons qu’un bref coup d’œil avant de transplaner.

Nous réapparaissons dans une rue vide, entourées de maisons cossues et de jardins proprets. Tout à fait le dernier endroit où j’aurais imaginé vivre James Potter. Nous sommes dans le sud-ouest de l‘Angleterre, dans un village, où parait-il, ne vit principalement que des sorciers. Comme à Londres, il y règne un beau ciel bleu et un soleil resplendissant, faisant miroiter les ardoises des toits des maisons alignées. Camille et moi restons au milieu de la route poussiéreuse à regarder les alentours, avant de nous décider à chercher la maison numéro douze. Comme nous sommes devant le deux, donc tout au début de la rue, nous décidons logiquement de remonter.

En passant devant les habitations, je remarque qu’elles sont toutes faites sur le même modèle : maison à un étage, entourées d’un jardin assez vaste pour ne pas être gênés par les voisins bruyants ou curieux, et garnies de fleurs colorées. Quand nous arrivons au numéro douze, je constate que la maison des Potter n’échappe pas à la règle, bien que quelques plantes tentent de faire une crise de rébellion. Au rez-de-chaussée, une fenêtre ouverte laisse voler un rideau blanc sous la légère brise qui souffle et, au premier étage, je vois une silhouette masculine passer, sans parvenir à reconnaître la personne.

Camille, devant moi, pose la main sur le portail en bois bleu ciel et le pousse. Je pénètre dans la propriété à sa suite, et comprends immédiatement qu’elle est protégée par un sort : à peine ai-je mis un pied dans l’herbe grasse, qu’une musique déverser sans doute par une radio non loin, joue du tambour dans mes oreilles. Seul un sort d’Impassibilité peut empêcher le voisinage d’entendre ce tintamarre. Camille referme le portail dans mon dos et nous échangeons une grimace de malaise, dérangées par le bruit.

- James ! S’écrie soudain une voix inconnue et féminine, que j’imagine être celle de Mme Potter. Veux-tu bien cesser ce bruit ? Ton père essaye de se concentrer je te rappelle.

Immédiatement, la musique diminue et je soupire de bien être quand je constate que mon sens de l’ouïe capte enfin autre chose que les boums-boums incessants de tantôt. Je me régale des gazouillements d’un oiseau tout proche et des pas d’une créature dans le jardin ( à mon humble avis, il va y avoir bientôt besoin d’un bon dégnomage). A côté de moi, Camille fait quelques pas en avant, s’approchant de la porte d’entrée percées de petits carreaux de couleurs, et toque deux coups. Des bruit de pas retentissent en conséquence dans la maison, et c’est sur un visage joliment ridé que la porte s’ouvre.

- Bonjour miss, s’exclame la femme avec un grand sourire en nous faisant signe d’entrer. Vous devez être Camille et Amandine.

Nous acquiesçons tout en la saluant. Mme Potter, puisque je suppose que c’est elle, est une femme d’une cinquantaine d’années, sans doute très proche de la soixantaine même, aux cheveux essentiellement gris, gardant quelques traces de sa couleur châtain d’origine. Ses yeux marrons, sont les mêmes que son fils ne permettant pas de douter sur leurs origines. Ce jour -là, elle porte une longue robe de sorcière à la jupe ample et au bustier resserré, moulant sa poitrine généreuse. Tout en elle rappelle une beauté pas encore tout à fait disparue.

J’arrête de la détailler quand elle s’adresse à moi. Toujours souriante, elle me dit :

- Alors c’est vous qui venez d’avoir dix-huit ans. Joyeux anniversaire.

- Hm, oui, confirmé-je en rougissant légèrement, merci de nous accueillir chez vous aujourd’hui, c’est très gentil de votre part.

Mme Potter balaye ma remarque d’un geste de la main.

- Ce n’est rien du tout, voyons. James et Sirius avaient l’air tellement heureux à l’idée de faire cette fête que je n’ai pas eu le cœur à le leur refuser. Et entre vous et moi, ajouta-t-elle en se penchant vers moi, une lueur mutine dans les yeux, j’ai beaucoup de mal à refuser quoi que ce soit à mon fils. Je devrais sans doute perdre cette mauvaise manie.

Elle conclut sa phrase d’un léger rire, au moment où James et Sirius apparaissent dans le couloir, sortant d’une pièce attenante. Ils ont dû entendre Mme Potter parler, ce qui les a intrigué. James affiche un grand sourire quand il nous voit et il lève haut les bras. J’imagine que ça veut dire qu’il est content de nous voir. Sirius, lui, se contente de nous me sauter dessus pour me prendre dans ses bras et me faire tournoyer. A mon avis, ils ont commencés à fêter mon anniversaire sans moi. Pourtant, aucun des deux ne sent l’alcool.

- Sirius, tu veux bien me reposer s’il te plait ? Demandé-je, une fois qu’il a fini de me faire tourner.

Il me dépose sur mes pieds, pique un baiser à la commissure de mes lèvres et fait la bise à Camille. J’en profite pour aller saluer convenablement James.

- Vous avez trouvé facilement ? Me demande-t-il.

J’acquiesce et Mme Potter disparait dans une pièce, nous laissant seuls. Camille et Sirius nous rejoignent et James nous fait signe de le suivre. Nous quittons le couloir pour passer dans un grand salon décoré à la vieille mode anglaise. Je ne me sens pas très à l’aise dans ce décor, mais ne le montre pas, me contentant de m’asseoir dans la premier fauteuil que je trouve. Les trois autres s ’installent aussi et je devine que Camille et moi sommes les premières à être arrivées.

- Alors ces vacances, demande Sirius, comment ça se passe ?

Nous leur racontons brièvement ce que nous avons fait de notre première semaine de liberté, en majeure partie, flâner dans les rues moldues et sorcières de Londres, et eux nous racontent la leur, qu’ils ont majoritairement passé à jouer au Quidditch dans un champ non loin et à buller dans le jardin avec piscine contigu à la maison des Potter. C’est quand nous avons finis de parler de nos débuts de vacances que l’on sonne à la porte. Nous nous levons tous aussitôt, nous doutant que ce sont les derniers invités à être arrivés. Et effectivement, Mme Potter qui nous a devancé, ouvre la porte sur Remus, Peter et Lily. Après leur avoir souhaité la bienvenue chez elle, Mme Potter disparait de nouveau dans la même pièce que précédemment. Tout en faisant la bise aux derniers arrivés, je garde un œil sur cette pièce, me demandant si ce n’est pas la cuisine. Intriguée, je me tourne vers James.

- James, dis-moi, la pièce là-bas, c’est la cuisine ?

Je lui montre la porte que je scrute depuis plusieurs secondes et il suit mon geste du regard, avant de me répondre :

- Ouais, effectivement. Pourquoi ?

Je fronce des sourcils.

- Je me le demandais, parce que ta mère y est depuis qu’on est arrivés. Rassure-moi, ce n’est pas elle qui cuisine pour nous ?

James affiche un grand sourire et me fait signe que non de la tête. Quelque chose me dit qu’il a une idée derrière la tête, et Lily doit être du même avis que moi car elle affiche un air suspicieux avant de demander au jeune homme :

- Je n’aime pas quand tu fais cette tête, James. Qu’est-ce que tu as encore inventé ?

- Moi ? Fait-il, l’innocence même. Mais rien voyons. Sirius et moi avons juste décidés que nous allions cuisiner par nous-mêmes, à la manière moldue aujourd’hui.

J’échange un regard avec Lily et Camille. En dehors d’elles et moi, tous les autres ont étés élevés par des sorciers. Ils ne savent sans doute même pas ce que veut dire cuisiner, trop habitués à voir la magie tout faire. Soupirant, je leur demande :

- Vous avez fait les courses en prévision ou nous devons y aller ?

- On a ce qui faut, me certifie Sirius en s’approchant de moi pour passer un bras autour de mes épaules, même un livre de recettes. On a déjà choisi ce qu’on allait préparer, et on s’est dit que ce serait plus conviviale de faire tout ça ensemble. Mme Potter nous sort tous les ustensiles dont nous aurions besoin, et ensuite à nous la cuisine.

Je prends une profonde inspiration en regardant les visages réjouis des deux garçons. J’ai l’impression que cette journée va être mémorable. Mme Potter choisit ce moment-là pour sortir de la cuisine. En nous voyant, toujours rassemblés dans le couloir, elle nous sourit puis s’adresse à James.

- C’est bon, tout est prêt, vous pouvez y aller. N’oublie pas James, ton père et moi sommes à l’étage si il y a quoi que ce soit.

- Maman, nous sommes des grands, on va pouvoir se débrouiller, répond le Gryffondor en roulant des yeux.

Mme Potter, sans doute à peine rassurée, ce qui est compréhensible quand on connait son fils, nous adresse un dernier sourire et se faufile dans l’escalier. James nous fait alors signe de nous diriger vers la cuisine et nous obtempérons. Nous nous retrouvons à sept dans une cuisine de taille moyenne, où la table croule sous le poids des affaires qui y sont disposés. Je ne sais pas encore ce que les garçons ont choisis de cuisiner, mais vu le matériel, c’est du lourd.

Je me faufile près du plan de travail, attrape un ou deux objets pour les regarder de plus près, puis James se met bien en évidence devant nous en montrant son livre de cuisine moldue, ouvert sur la page d’une recette. Cette derrière est une charlotte aux fraises. Je soupire rien qu’à l’idée du travail que ça va nous demander, sans compter que ce n’est sans doute pas tout ce qui est prévu.

Nous attaquons tout de suite la tâche, nous répartissant les rôles. Comme c’est Lily qui a le plus l’habitude de cuisiner chez elle, nous la laissons prendre les choses en main et diriger les autres. Elle nous colle chacun à une tâche et c’est un peu dépassés par les évènements que nous commençons. Lily m’envoie à la découpe des fraises, et je me retrouve entre Sirius qui déballe les boudoirs et les installe dans le moule, et James qui prépare une salade de fruits de saison. Bien entendu, l’entente cordiale ne dure pas plus de dix minutes, et Sirius finit pas me chiper un morceau de fraise pour la balancer sur James. Ce dernier riposte par un dé d’ananas. Et c’est de là que part l’immense bataille de nourriture qui ne tarde pas à envahir la cuisine au départ immaculée.

Un bon quart d’heure plus tard, la bataille se termine, faute de munitions. Je me relève de derrière la table qui nous a servit de bouclier, à Camille, Remus et moi. J’ai réussi à éviter la plupart des projectiles - normal de la part d’un vampire - mais les autres ne peuvent pas en dire autant. Ni les murs et le plafond, qui ne sont plus aussi jaune qu’à notre arrivée. Après un rapide nettoyage sur nous-mêmes, nous lançons des Recurvite à tour de main et en quelques minutes, la pièce retrouve son apparence originelle, nous permettant de nous remettre convenablement à la cuisine.

Une heure plus tard environ, nous avons terminés et le gâteau au chocolat que Camille et Lily ont fait, cuit tout doucement dans le four. Nous quittons donc la cuisine pour rejoindre le jardin où James a prévu de dérouler la fête. Sirius et moi, à l’arrière du groupe, nous arrêtons avant d’atteindre le jardin, laissant les autres nous devancer. Je me tourne vers mon petit-ami, qui m’a attrapé par le bras pour m’empêcher d’aller plus loin. Un léger sourire accroché aux lèvres, il se penche vers moi.

- T’as du chocolat sur la joue depuis tout à l’heure, dit-il avant de lécher délicatement mon visage.

Surprise par son geste, je tressaute, mais sa poigne sur mon bras m’empêche de m’éloigner comme aurait dû le permettre mon sursaut. Puis ses lèvres dévient pour se poser sur ma bouche. Je réponds à son baiser, entrouvrant les lèvres pour lui permettre de venir jouer avec moi. Il ne se fait pas prier, et me pousse contre le mur le plus proche pour plus de confort. Penché sur moi, il pose ses main sur ma taille et je noue mes bras autour de son cou pour pouvoir rapprocher nos deux corps. Je reste tout de même sur mes gardes, veillant à ne pas laisser mes instinct s’exprimer, à ne pas laisser mes mains parcourir indécemment sur son corps comme tout mon être me hurle de le faire. L’une de ses mains quitte ma taille, son baiser se fait plus pressant, son souffle devient court. En réponse à son impatience, je plaque une main solide sur sa nuque pour l’empêcher de reculer de trop, et l’autre main se faufile entre les premiers boutons ouverts de sa chemise pour aller caresser le haut de son torse. L’une des siennes lâche ma hanche pour venir caresser plus haut, le long de mon flanc jusqu’à frôler ma poitrine. Mon cœur bat si fort que j’ai l’impression que le quartier tout entier peut l’entendre.

L’espace de quelques instants, Sirius se recule et met fin au baiser pour me regarder. Ses yeux ont une apparence peu commune, plus sombres et embrumés. Je comprends là que c’est l’effet de l’excitation qui monte en lui, et je me demande si mon état identique se voit tout autant. Comme il a cessé de m’embrasser, le besoin de le faire mien se fait moins présent, et je retrouve quelques unes de mes capacités intellectuelles, suffisamment pour me rappeler que nos amis nous attendent dans le jardin. J’enlève ma main de son torse, au moment où il se penche de nouveau sur moi pour m’embrasser, chastement. Puis, il me relâche. Sous mon regard étonnée, il me murmure à l’oreille :

- J’aurais bien continué sur ma lancée, mais j’ai peur que ce grand curieux de James vienne nous interrompre.

Le sourire amusé qui flotte sur ses lèvres ne suffit pas à cacher à quel point il est sérieux dans sa déclaration. Il attrape ma main et nous conduit hors du salon. Alors que nous passons dans le jardin ensoleillée, je songe à l’évolution de notre relation. Nous ne sommes ensemble que depuis deux mois, et je ressens déjà le besoin d’aller plus loin que de simples baisers. Des échos que j’ai pu avoir avec les autres filles de ma connaissance, l’envie de connaitre Sirius plus intimement est un peu précoce par rapport à l’âge de notre relation. Il est visiblement dans le même cas, mais j’ai l’intime conviction que je ne serais pas sa première partenaire et que donc son besoin est dû à un manque dont je ne peux souffrir. Je me demande si notre relation de vampire à Calice ne précipite pas un peu les choses, ce qui, je dois l’avouer, me fait très peur. Malgré toutes mes discussions à ce sujet avec Lucinda ou Tony, je ressens une point d’appréhension. J’ai peur de faire quelque chose de mal, de partir de travers et de tout foutre en l’air.

Sirius relâche sa prise sur ma main lorsque nous arrivons à près de la table de jardin où nos amis sont installés, puis nous nous asseyons. Il y a des boissons sur la table, et tous se sont déjà servis. Sirius me demande si je veux quelque chose. Je le regarde comme s’il était un idiot fini et Camille éclate de rire.

- Sirius, dit-elle, j’éviterais de lui parler de consommation si j’étais toi, elle en bave déjà assez avec ma mère.

- Désolé, s’excuse-t-il, j’ai encore un peu de mal à me faire à l’idée que tu ne manges ni ne bois.

- Je bois, le rectifié-je. Seulement, rien qui n’est sur cette table. Ni autour d’ailleurs.

Tous cachent leurs sourires amusés, sauf Camille qui peut comprendre le vrai comique de la situation, Lily qui ne doit sans doute rien comprendre, et Sirius qui se crispe légèrement. Je n’avais jusqu’ici jamais abordé de près ou de loin avec lui cet aspect de notre relation, et c’est donc la première fois que je le vois réagir. J’aurais pensé qu’il aurait plus eu peur à l’évocation de son statut de Calice, mais il semble seulement un peu gêné, comme s’il voulait simplement que l’on n’aborde pas le sujet.

- Je peux aller te chercher un lapin ou un truc dans le genre si tu veux, fait James, m’arrachant à la contemplation de Sirius. Il doit y en avoir plein dans le champ derrière.

D’un signe de la main, il me montre l’immense plaine au-delà des limites de leur jardin, un champ d’herbes hautes entrecoupés de bois éparses. Je souris.

- C’est gentil James, mais je n’ai pas soif. Ça attendra ma chasse de ce soir.

En face de moi, Lily ouvre de grands yeux ronds. J’imagine qu’on lui en dit trop ou pas assez et qu’elle commence à se demander de quoi on parle. James ne lui a visiblement rien dit sur moi, et vu comme c’est parti entre eux, il serait peut-être de bon ton que je la mette au courant de ma nature.

- Euh, est-il possible de savoir de quoi vous parlez au juste ? C’est quoi cette histoire de chasse aux lapins ?

Elle nous regarde chacun à notre tour, alors qu’un silence s’installe, et termine par moi. Je lui souris amicalement.

- En fait, Lily, il serait peut-être de temps que je te dise que je ne suis pas tout à fait comme tu le penses.

Elle fronce des sourcils.

- Je suis un vampire de la Caste, lui annoncé-je. J’ai été transformé en janvier dernier.

Il y a un instant de flottement, pendant lequel nous scrutons tous Lily, à la recherche de sa réaction. Elle se contente de me fixer longuement, puis, elle dévisage les gens présents, les uns après les autres, son regard exprimant clairement qu’elle s’attend à ce que nous lui annoncions que c’est une blague. Mais rien ne vint, puisque c’est la vérité, et loin d’être une plaisanterie. Elle finit par me regarder de nouveau, et me détaille alors, comme si elle cherchait un signe de ma nature différente.

- Ça ne se voit pas, dit-elle simplement. Tu es sûre ?

Pour toute réponse, je souris de toutes mes dents, et tapote discrètement mes canines tombantes et plus pointues que la norme humaine.

- Je ne bois que du sang animal, et je suis plus agile, plus rapide et mes sens sont plus développés. En somme, si je ne veux pas que tu le saches, ce n’est pas difficile de le cacher, comme tu as pu le constater.

Lily sourcille d’étonnement, puis demande à la cantonade :

- Et vous le savez depuis combien de temps, vous tous ?

- Le lendemain de sa transformation, répond Camille. Mais c’est normal, je suis sa meilleure amie.

- A peine quelques jours après, dit Remus, je l’ai appris par hasard.

Son mensonge ne choque personne d’autre que moi. Je ne vois toujours pas ce qu’il y a de mal à être un loup-garou, et je ne comprends pas qu’il ne fasse pas suffisamment confiance à Camille et Lily pour le leur dire.

- Et nous trois, depuis à peu près quatre mois, dit James. On l’a croisé dans la forêt Interdite alors qu’elle chassait.

Lily ouvre de grands yeux effarés. Je la rassure aussitôt.

- Je n’ai aucune attirance pour le sang humain, alors il ne leur ait rien arrivé, mais Tony chassait avec moi, et j’ai pris peur. Je les ai un peu engueulé, car il est dangereux pour un humain de se trouver sur le terrain de chasse d’un vampire. Dans l’excitation, on ne fait pas forcément attention, et il peut arriver des accidents fâcheux.

James éclate de rire.

- Je peux t’assurer qu’après cette rencontre, confie-t-il à Lily, on a fait bien attention à savoir quand ils chassaient pour ne pas avoir à les recroiser.

Les garçons éclatent de rire, mais Remus et nous, les filles, nous contentons de sourire, ne trouvant pas cela si drôle. Peter, James et Sirius prennent le danger un peu trop à la légère pour leur propre bien. Les garçons cessent de rire quand soudain, une lumière argentée traverse le jardin à toute vitesse et pénètre dans la maison, traversant l’un des murs. Je crois avoir reconnu un patronus corporel, mais je n’en suis pas sûr.

- Qu’est-ce que c’était ? Demande Camille.

James se lève, le visage grave et Sirius fronce des sourcils.

- Un message pour mon père, répond James. C’est le moyen de communication des Aurors. Il y a eu une attaque de Mangemorts quelque part.

A peine a-t-il prononcer ces quelques mots que mon ouïe détecte des mouvements précipités dans la maison. Il ne faut que quelques secondes à Mme Potter pour sortir de la maison, l’air échevelée, et les yeux emplies d’angoisse.

- Le Chemin de Traverse est attaqué !

Le corps frissonnant, j’échange un regard avec Camille dont le corps tout entier est tendu par la crainte. Sa famille entière est là-bas.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeSam 18 Avr - 11:34

Chapitre 33 : Sirius prend son envol




A peine Mme Potter nous a-elle annoncé où se situe l’attaque, que Camille et moi filons vers le salon. Mais Mr Potter, que je n’ai pas senti, inattentive, nous coupe la route. L’homme, grand et bâti comme une montagne, les cheveux et la moustache grisonnante, nous lance un regard à vous geler sur place. Camille et moi pilons, par réflexe, pour éviter de lui foncer dedans. Derrière nous, nos amis se sont aussi levés et nous ont suivis.

- Miss, je vous demanderai de ne pas paniquer, les Aurors sont déjà sur place, ils prennent les choses en main. Il ne servirait strictement à rien que vous vous rendiez sur les lieux de l’attaque.

- Ma famille est là-bas ! S’écrie Camille, angoissée à l’extrême. Je dois y aller !

La colère enfle en moi. Tout mon être me hurle de me rendre sur place pour porter secours à des gens que je considère comme ma famille, qui m’ont accueillis chez eux comme leur fille. Je ne supporte pas qu’on puisse m’empêcher de laisser parler ma nature, mon sang réclame d’aller sur les lieux, de voir de mes propres yeux ce qu’il se passe, si ceux que j’aime sont blessés et, le cas échéant, de faire le nécessaire. Mr Potter doit remarquer quelque chose dans ma position ou sur mon visage, car son visage se ferme.

- Miss, inutile de me regarder de cette manière, je ne reviendrai pas sur ma décision. Morgane, dit-il ensuite en se tournant vers sa femme, veille à ce qu’aucun d’entre eux ne quitte la maison.

La femme, les mains serrées l’une contre l’autre, acquiesce. Un grondement sourd m’échappe, et une main vient se poser sur mon épaule, celle de Sirius, ce qui m’apaise aussitôt. Heureusement, les deux adultes ne semblent pas avoir entendu le bruit que j’ai émis. Mr Potter s’en va et sa femme reste avec nous dans le jardin. Le soleil me semble soudain moins lumineux et l’ambiance plus morose. Je me tourne vers Camille, dont les yeux s’embuent progressivement. Elle est rongée par la peur.

Je m’approche d’elle et passe un bras autour de sa taille pour la serrer contre moi. Plus grande que moi, elle pose sa joue sur ma tempe et me laisse la réconforter. Peter, de l’autre côté, passe une main câline dans son dos pour l’apaiser, et le reste de nos amis l’entoure pour lui apporter leur soutien. Devant nous, Mme Potter mal à l’aise, nous fait un sourire figé et dit :

- Je vais chercher de quoi grignoter dans la cuisine.

Elle fait demi-tour, mais aucun de nous n’a véritablement faim, je pense. Tous ce que nous voulons, c’est savoir exactement ce qu’il se passe. Je lève mon regard vers le haut de la maison, puis sur le ciel. En quittant Poudlard, je savais que c’était la vraie vie qui nous attendait, la réalité effrayante de la guerre, mais je n’avais pas imaginé y être confronté aussi vite. J’ai encore du mal à me faire à l’idée que William a tué mes camarades de l’école, sur ordre de Vous-Savez-Qui. Je ne me sens pas prête à côtoyer cette guerre de plus près, mais je n’ai pas vraiment le choix.

Je me tourne pour regarder Sirius, qui échange quelques mots avec Remus. Il veut être Auror, comme le père de James, être envoyé au front dans des cas comme celui-là. Je comprends qu’il veuille se démarquer de sa famille, effacer de l’esprit des sorciers que le nom de Black est intimement associé à la magie noire, mais je commence à penser que j’aimerais le voir embrasser une autre profession. Je n’aime pas l’idée de le savoir en train de se battre, sans être certaine de son retour.

Je reporte mon attention sur Camille quand Mme Potter revient avec la charlotte aux fraises dans les bras. Avec un sourire hésitant, elle le pose sur la table et nous invite à nous rasseoir. Nous nous exécutons aussitôt, puisque nous n’avons pas vraiment le choix et nous guidons Camille jusqu’à sa place, la poussant un peu pour qu’elle ne reste pas debout à se morfondre. Une fois chacun d’entre nous installé, Mme Potter découpe la charlotte et nous en sert une part. Mais aucun de nous n’attaque le gâteau. Dépitée, Mme Potter finit par nous laisser seuls et retourne dans la maison. Mon ouïe m’apprend qu’elle ne va pas plus loin que le salon, sans doute pour nous surveiller.

Camille, à côté de moi, ne cesse de triturer ses mains, rongée par l’angoisse. Je voudrais pouvoir lui certifier que tout va bien pour sa famille, lui dire des paroles rassurantes, mais je me sentirais comme une hypocrite si c’était le cas. Je ne peux qu’espérer, comme elle. Attendre d’avoir des nouvelles. Maudire sur cet homme et ses partisans. Souhaiter que le mage noir n’est jamais existé.

Les minutes passent, défilent avec lenteur, le soleil descend sur l’horizon, l’air se rafraîchit progressivement, mais aucun de nous ne fait mine de vouloir quitter le jardin. Nous attendons un signe, le retour de Mr Potter. Sur la table, le gâteau a perdu sa splendeur, sans que nous nous en soucions. Mme Potter elle aussi est restée à attendre dans le salon. J’imagine qu’elle s’inquiète pour son mari. James aussi sans aucun doute, pourtant il ne cesse de jeter de légers coups d’œil sur Camille, comme nous tous.

Ce n’est que peu après que le carillon de l’horloge du salon des Potter ait sonné dix-huit heures, que j’entends du mouvement dans le salon. Alertée, je tourne la tête vers la porte fenêtre qui donne sur le jardin. Une brise m’apporte ensuite les fragrances présentes dans le salon, et je me lève, ayant reconnu celle de Mr Potter. Mes amis, surpris, me regardent faire avec les yeux ronds.

- Ton père est de retour, James, dis-je simplement.

A mon annonce, tout le monde se lève aussitôt, et Mr Potter sort dans le jardin. Il se dirige vers nous à grands pas. A ma droite, Camille attrape violemment ma main et la serre aussi fort qu’elle peut. Je la laisse faire, ne ressentant nulle douleur. Lorsque l’homme s’arrête devant nous, j’ai le cœur battant, comme si je sortais d’une chasse exaltante. J’en ai presque le tournis.

- Le Chemin de Traverse a été sécurisé, nous apprend-t-il, et j’ai pris des nouvelles de votre famille, miss Blaid. Ils vont bien, et ils aimeraient que vous rentriez immédiatement.

Camille soupire de manière audible à tous et le soulagement apparaît sur ses traits. L’attente angoissante qu’elle a subit se manifeste par les larmes qu’elle a retenu toute ses heures, et qui à présent ruissellent sur son visage. Peter s’empresse de la prendre dans ses bras pour la consoler. Moi-même, je ferme les yeux de soulagement et expire lentement pour calmer mon cœur. Derrière moi, Sirius se déplace et se rapproche dans mon dos, entourant mon corps de ses bras et posant son menton sur mon épaule.

- Ca va aller ? Me demande-t-il.

J’acquiesce d’un signe de tête. Ses bras resserrent leur prise sur moi et il m’embrasse sur la joue d’une caresse aérienne, avant de me relâcher. Je me retourne et attrape une de ses mains. Je n’ai pas envie qu’il s’éloigne. Sa présence et son contact sont rassurants. Il semble comprendre et vient se poster près de moi cette fois-ci, entrelaçant nos doigts. Je le remercie d’un sourire et colle mon corps contre le sien, en attendant que Camille aille mieux et qu’elle trouve la force de donner le signal de départ. Entre temps, James est allé discuter avec son père et je les entends parler de l’attaque. De ce que je comprends, les autorités ont réagis suffisamment vite pour limiter les victimes, mais malheureusement, ils n’ont fait aucune capture dans le camp adverse. Les dégâts matériels sont plus conséquents, certaines boutiques ayant été apparemment complètement rasées.

- Mandy ? M’interpelle Camille, m’arrachant à la discussion entre James et son père. Je voudrais qu’on rentre maintenant.

J’opine de la tête, et me tourne vers Sirius pour lui dire au revoir. Ce n’est qu’une simple pression des lèvres, mais le baiser m’électrise comme si c’était plus. Je relâche ensuite sa main et nous quittons le jardin non sans avoir salué tout le monde et remercier les Potter pour leur accueil. Une fois hors de la maison et de la propriété, nous transplanons. Nous ne nous embarrassons pas de détails et réapparaissons directement dans le salon des Blaid. Jason et ses parents sont assis dans le canapé, serrés les uns contre les autres. Mr Blaid a une espèce de patte orange sur le côté du visage qui fume légèrement. Je reconnais là une potion pour soigner rapidement les égratignures. Camille pousse un petit cri puis court dans les bras de ses parents. Inconsciemment, je fais un pas en arrière et me retrouve dans le couloir. Je décide de les laisser seuls et me dirige discrètement vers la chambre.

En m’asseyant sur mon lit, je soupire. Je suis soulagée de voir qu’ils n’ont rien de grave et que la maison est encore debout. Si c’est le cas, le magasin au rez-de-chaussée n’a pas dû subir de gros dégâts non plus, ce qui est rassurant puisqu’il est le seul apport d’argent de la famille. Je me penche sur mes chevilles et ôte mes chaussures avant de m’allonger confortablement sur le lit. Le regard fixé sur le plafond blanc, je repense à la journée. Elle avait admirablement commencé, la journée avait été amusante. Jusqu’à, bien sûr, ce qu’on apprenne l’attaque. Je prends à présent conscience du danger qui nous entoure. Réellement. Jusqu’à maintenant, il avait été assez abstrait pour moi, comme une rumeur, une chose qu’on pense ne jamais voir se réaliser, mais ce qui s’est passé aujourd’hui m’a frappé plus fort que cela n’aurait dû. J’ai admirablement joué l’autruche, mais cela doit changer. Nous sommes tous en danger.




O0o0O




- Une glace trois parfums s’il vous plait : fraise, chocolat et vanille, avec supplément dragées surprises.

Je fais un signe de tête à la jeune femme pour lui signifier que j’ai bien compris et, d’un coup de baguette, fait léviter une coupelle en plastique jusqu’à moi. Je prépare la glace de la personne, puis la lui tends.

- Ça vous fera une mornille et cinq noises s’il vous plait, dis-je.

La jeune femme me tend sa monnaie, le compte rond, puis s’éloigne avec sa glace. J’encaisse l’argent et attrape mon chiffon que j’avais laissé tomber pour service la cliente, afin de me remettre au nettoyage du comptoir. Un peu plus loin dans la salle, j’entends soudain un bruit de verre qui se brise, et je relève la tête de ma tâche pour voir Camille se précipite sur la table trois, où un enfant de cinq ans vient malencontreusement de casser son verre de jus de fruits en le faisant tomber par terre. Sa mère, gênée, ne cesse de s’excuser auprès de mon amie qui lui certifie que ce n’est rien, et que ça arrive souvent. Me souvenant de cette commande, j’abandonne de nouveau mon chiffon et sors de quoi refaire le jus de fruit du jeune garçon. Quand Camille revient derrière le comptoir pour mettre les bouts de verre de côté afin de le réparer, elle tombe nez à nez avec moi, le verre prêt à la main.

- T’es un amour, dit-elle en souriant après avoir déposé les bouts sur le comptoir.

- C’est le moins que je puisse faire, répondis-je

Elle s’éloigne pour apporter le verre au garçon et je me remets à ma tâche. Cela fait près d’un mois que je travaille au magasin de Mr Blaid. Quand il a su que je cherchais du travail, il m’a immédiatement proposé une place ici. Comme tous les étés il recherche quelqu’un pour les aider, lui et Camille au magasin, il a trouvé que c’était une excellente idée. Loin de moi l’idée de le contredire. De plus, c’est un travail bien payé et intéressant, et Mr Blaid est conciliant : il nous accorde les heures de pause que nous souhaitons, dans les limites du raisonnable.

Ayant terminé de nettoyer tout le comptoir, je me penche sur la vitrine réfrigérée pour me débarrasser des bacs de glace presque vide et le remplacer par des neufs, plus vendeurs. Derrière moi, la petite horloge sonne seize heures, et immédiatement après, le carillon de la porte retentit pour signifier l’arrivée de quelqu’un. Sirius entre dans la boutique. Un sourire grand comme le monde, que je ne peux repousser, s’affiche sur mon visage. Il me voit, m’adresse un signe de la main et s’installe à une table de libre. Je me dépêche de terminer ce que j’ai commencé, et Camille utilise ce temps pour aller discuter avec Sirius. Je les entends échanger sur les ASPIC’s, dont les résultats sont arrivés deux semaines auparavant, et sur ce qu’ils ont prévus de faire avec leurs résultats.

Ma tâche terminée, j’essuie mes mains sur mon tablier et l’enlève pour l’accrocher au clou qui lui revient, avant de quitter le comptoir et de me précipiter sur Sirius. Ce dernier s’étant levé, il me réceptionne avec l’aisance de l’habitude et me fait tournoyer en rigolant.

- J’adore quand tu fais ça, me confie-t-il.

Il me repose à terre et se penche vers moi, le temps de piquer un baiser sur mes lèvres. Camille, qui a assisté à toute la scène, nous couvre d’un regard attendri. Le regard que je lui lance la convainc d’effacer cet air de son visage immédiatement, et elle s’ébroue pour chasser les pensées qu’elle avait certainement en tête. Souriante, elle nous dit alors qu’elle reprend le travail avant que son père ne la trouve en train de bailler aux corneilles, et nous souhaite une bonne après-midi.

- Alors, qu’as-tu prévu pour aujourd’hui ? Demandé-je à Sirius, une fois que nous fûmes sortis de la boutique, main dans la main.

Sirius affiche un sourire espiègle, et tire sur ma main pour me guider à travers la foule du Chemin de Traverse.

- Il faut se rendre dans le Londres moldu pour voir ça. C’est une surprise, j’espère que tu l’apprécieras.

Sur ces mots, il nous conduit jusqu’au Chaudron Baveur plein à craquer que nous traversons, non sans difficultés, puis nous sortons sur le trottoir de la rue moldue. A allure plus modéré, nous prenons alors la direction du sud, et marchons près d’un quart d’heure, sans prononcer un mot. Je suis bien tentée de lui poser quelques questions sur la surprise, mais mon instinct me souffle que ma tête de bois de petit-ami ne répondra pas. Du coup, je le suis en silence, et en tentant de modérer les questions qui tourbillonnent dans ma tête.

Nous ne tardons pas à arriver dans un quartier de Londres que je connais bien, puisqu’il s’y trouve, entre autre, le Ministère de la magie et l’académie de Médicomagie. Bon nombres de sorciers vivent ici, incognito parmi les moldus. C’est un quartier réputé tranquille, avec appartements ou maisons au choix, et aux superficies diverses. J’en ai souvent entendu parler grâce à Bill qui m’en vantait les mérites pour le jour où je chercherais un studio où vivre pendant mes études. Lui-même vit dans ce quartier, ce qui explique son acharnement à cette idée.

Sirius nous conduit dans une rue où s’alignent des maisons de plein pied. Comme nous sommes samedi, les demeures sont pleines de vies, de rires et de cris d’enfants qui s’amusent sous le soleil tiède. Nous croisons un homme d’une quarantaine d’années qui nettoie sa voiture. Activité typique d’un moldu de cet âge. Et madame doit être en train de faire un gâteau dans la cuisine. Je cesse de regarder l’homme, qui a finit par me fixer à mon tour, puis reporte mon attention sur Sirius quand il s’arrête soudainement au milieu de la rue. Il me lâche la main, se met face à moi en reculant un peu et ouvre grand les bras.

- Tadam ! Fait-il sur un ton triomphant. Alors, qu’est-ce que tu en penses ?

Dire que je suis surprise est un euphémisme. De quoi il parle ? Puis, je comprends qu’il me montre la maison derrière lui, dont le portail est orné d’un panneau indiquant qu’elle a été récemment acheté. J’hausse les sourcils. Pourquoi veut-il mon avis sur cette baraque ?

- Sirius, je ne comprends pas.

Il soupire en secouant la tête, et baisse les bras. Il s’approche ensuite de moi et m’attrape par les épaules, avant de me regarder d’un air grave.

- Amandine franchement, il y a des fois où pour une Serdaigle, t’es pas très futée.

Je fais la moue, vexée, et croise les bras sous ma poitrine.

- Excuse-moi de ne pas comprendre ton engouement soudain pour une maison en plein cœur de Londres.

Sirius éclate de rire.

- Tu n’as vraiment pas compris ! S’exclame-t-il. Elle est à moi cette maison ! Je l’ai acheté il y a deux jours.

Il y a comme un grand blanc dans mon cerveau, le temps que l’information l’atteigne et qu’il en fasse des déductions logiques.

- Quoi ! Fais-je. Mais comment t’as fait pour te la payer ? T’as cambriolé Gringotts ?

Toujours rigolant, Sirius secoue la tête. Puis, il passe à côté de moi pour me prendre de nouveau la main et me conduire sur le terrain qu’il s’est apparemment offert.

- Pas du tout, me répond-t-il, et de toute façon, on en peut pas cambrioler Gringotts. En fait, mon oncle Alphard est décédé il y a peu, et il m’a légué tout ce qui lui appartenait. Je suis le seul de la famille qu’il appréciait parce qu’il n’y a que moi qui ait eu l’audace de me rebeller ouvertement - enfin, avec ma cousine Andromeda, qui a épousé un né-moldu. Du coup, je crois que je ça lui a donné un peu de sympathie pour moi, et voilà. Tonton ma légué une joli somme d’argent, dont une partie est partie dans cette maison sans grande prétention.

Le sourire qui orne le visage de Sirius m’indique à quel point il est heureux de cette acquisition. Il est encore plus heureux que le jour où Gryffondor a gagné la coupe des Quatre Maisons, ce qui n’est pas peu dire. Et ça me réchauffe le cœur de le voir aussi joyeux. Qui suis-je pour l’arracher à son bonheur ? Alors, je regarde la maison de plus près. C’est une demeure sur un seul niveau, entouré d’un jardin de taille moyenne. Elle semble avoir beaucoup de fenêtre, ce qui indique des pièces bien éclairées et chaleureuses.

- Viens, je te fais visiter, dit Sirius, m’arrachant à mon inspection.

Il me tire en avant et sort un trousseau de clé de la poche de son jean bleu moldu, qu’il insère dans la serrure. Deux tours de main plus tard, la porte d’entrée s’ouvre sur directement sur un large salon/salle à manger. Je fais un pas en avant. Les pièces sont bien sûr vides de meubles, mais je n’ai aucun mal à reconnaître les pièces. Sur ma droite, une large arcade de bois donne sur une cuisine aménagée. Sur ma gauche, une première porte fermée, je devine que ce doit être une chambre, et que derrière la seconde porte doit se cacher une salle d’eau. La décoration restée sur les murs et aux sols est un peu vieillotte et ça sent le renfermé, mais je ne doute pas que Sirius remédiera très vite à tout ça.

- C’est très joli, dis-je en me retournant pour faire face à Sirius. Je suis sûr que tu te seras chez toi ici. Tu dois avoir hâte d’emménager ?

Il esquisse un sourire en coin gêné, puis me répond :

- Effectivement. J’ai déjà posé la date de mon emménagement, ce sera le dix août. J’espère que tu pourras venir me filer un coup de main, j’aurais bien besoin de conseils féminins sur la déco, et je ne crois pas que mes amis feront l’affaire.

Je grimace.

- Je ne vais pas pouvoir, je suis désolée. Je passe mon examen d’entrée ce jour-là. Mais je pourrais vous rejoindre après, c’est à deux pas d’ici. Je viendrais vous aider à déballer les cartons.

Sirius semble déçu l’espace d’une seconde, puis il se fait une raison et sourit.

- Tu viendras quand tu pourras, m’assure-t-il. Mais je ne savais pas que tu avais déjà reçu ta date. C’est dans moins d’une semaine, tu te sens prête ?

J’hausse des épaules, pas trop sûre de moi. Je révise comme je peux durant mon temps libre, mais j’ai toujours l’impression qu’il va me manquer quelque chose et que je vais me planter lamentablement. Je sais que j’ai le niveau pour intégrer l’académie, mais j’ai peur de passer à côté de la bourse. Il me faudra être dans les trois meilleurs résultats pour la décrocher, et il y a des fois où cela me semble impossible.

- Ça va, je crois. Je fais de mon mieux du moins. Et toi, ton entrée chez les Aurors ?

- J’ai rendez-vous dans deux semaines pour un entretien, c’est là que ça se décidera. J’espère juste que je tomberais sur un bon mentor.

Amusée, je souris.

- Tu es si confiant que tu sais déjà que tu vas être admis ?

L’air suffisant, Sirius bombe le torse et dit d’une voix hautaine :

- Je suis un Black, miss, et rien ne résiste à un Black.

Je lui file une tape sur la main pour lui signifier qu’il est vraiment puéril et, hilare, il m’attrape pour me rapprocher de lui. Il me colle contre son corps et caresse mes cheveux d’une main câline. Il me semble tout à coup affreusement sérieux.

- Ce n’est pas que pour ça que je t’ai amené ici aujourd’hui, dit-il après un court instant de silence pendant lequel je me suis régalée de sa main sur ma tête. Je voulais aussi te demander si . . . Enfin, si tu accepterais de venir vivre avec moi.

Je me fige. J’ai bien entendu ? Je repousse Sirius et fais deux pas en arrière pour scruter son visage. Il est sérieux. Je fronce des sourcils. Je ne m’étais pas attendue à ça. Et ça va trop vite pour moi. Je ne me sens pas prête à vivre avec un homme, fusse-t-il celui que j’aime. Sirius doit comprendre ce qui me passe par la tête, parce qu’il s’empresse de me rassurer.

- Je ne t’oblige à rien, hein. C’est juste que je sais que ça ne va pas être facile pour toi bientôt, financièrement parlant, et je peux t’aider. Comme je connais ton secret, tu n’auras pas à cacher ce que tu es et il n’y a aucune obligation entre nous. La maison a deux chambres, juré. Tu peux vérifier par toi-même. Et promis, je ne te toucherai pas sans ton contentement.

Sirius a dû avoir interprété mon regard plus loin que moi pour réagir de cette façon.

- Me toucher sans mon autorisation ? relevé-je. Sirius, je te rappelle que je suis un vampire. Je peux te coller la raclée de ta vie si je veux, alors ne crois pas pouvoir être en mesure de me faire la moindre chose sans mon consentement.

Il cligne des yeux, surpris. Je souris en réponse, amusée - et rassurée.

- C’est vrai, finit-il par dire. J’ai tendance à oublier qu’entre nous, ce n’est pas moi le plus fort.

- Ni le plus rapide.

Il rigole légèrement et fait pas en avant pour se rapprocher de moi, mais avec prudence. Étonnamment, j’ai l’impression que c’est lui qui a le plus peur du sous-entendu. Me voulant rassurante, je parcours la distance qui nous sépare et retourne me nicher entre ses bras.

- Je vais réfléchir à te proposition. C’est assez tentant. Et je te fais confiance, tu sais.




O0o0O




Je repose la plume sur le bureau, repose ma liasse de parchemins que je viens de relire attentivement et lève la tête pour regarder autour de moi. Il y a près d’une cinquantaine de personnes dans la pièce, en train de bûcher sur l’examen, mais il y a seulement quinze places de disponibles. C’est un véritable combat. Je repose le regard sur mon parchemin et décide que je ne pourrai rien faire de plus. J’ai répondu du mieux que je pouvais aux différentes questions, c’est tout pour aujourd’hui. A présent, advienne que pourra. Je ramasse la liasse de feuilles, laisse la plume enchantée anti-tricherie à sa place, et remonte l’allée entre deux rangées de tables pour aller remettre mon examen au surveillant. L’homme récupère les feuilles sans un sourire, ni un regard. Soupirant, je quitte ensuite la pièce.

L’examen a eu lieu à l’académie de Médicomagie, bien entendu. La section fait partie d’un ensemble d’écoles regroupant différents départements, qui forment l’Université de Magie Supérieur. Les bâtiments alloués à la Médicomagie ne sont pas les plus grands, ni les plus luxueux, mais ils ont tout ce qu’il faut pour enseigner correctement aux élèves et c’est pour cela que je l’ai choisi. De plus, beaucoup des découvertes importantes ont été faites par des hommes et des femmes qui ont appris leur métier ici, et ce n’est sans doute pas une coïncidence.

Je traverse l’immense parc qui constitue le centre de l’Université et me dirige vers la sortie. Je dépasse de hautes grilles de fer forgés qui se referment dans mon dos, et l’enchantement remet en place l’illusion pour les moldus, qu’il y a une immense demeure et un manoir imposant en plein cœur de Londres. Sur le trottoir, deux femmes d’une trentaine d’années me dépassent et j’entends l’une d’elle chuchoter à son amie :

- Depuis vingt ans que je vis dans ce quartier, je n’ai jamais vu qui que ce soit entrer ou sortir de cette maison. Je me demande quel genre de personne peut bien y vivre tout de même.

Amusée, je souris, et prends la direction inverse de celle des deux moldues pour remonter la petite rue peu fréquentée et revenir sur une artère plus large et plus vivante. Je me glisse au milieu des moldus et marche d’un pas vif. Je ne mets qu’un quart d’heure pour arriver à mon but, le nouveau quartier de Sirius. En plein jour de la semaine et pendant les vacances, il n’y a que quelques rares enfants qui jouent dans la rue. Certains d’entre eux, polis, me disent bonjour et retournent à leurs jeux, sans que j’arrive à décider s’ils ont moldus ou sorciers.

Une fois devant la maison, je pousse le portail, écarte d’un mouvement de jambe le carton qui barre le chemin et m’avance jusqu’à la porte entrouverte. J’y frappe légèrement pour prévenir de mon arrivée, et la pousse entièrement pour pénétrer dans la maison. Je tombe alors sur un spectacle étonnant : des meubles sont à moitiés montés autour d’un canapé et des cartons attendant encore qu’ils soient vidés. Pourtant, Sirius et Remus sont collés à la baie vitré qui donne sur le jardin. Que peuvent-ils regarder avec autant d’attention ? Intriguée, je m’approche et regarde moi aussi par la fenêtre. James et Lily sont dans le vaste jardin. La jeune femme, baguette tendue, court après son petit-ami, lui jetant mille et un sort.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? Demandé-je.

Sirius sursaute, Remus esquisse un sourire. J’en ai surpris un sur deux, Remus ne doit pas être loin de la période de métamorphose pour m’avoir senti arriver et avoir reconnu mon odeur. C’est lui qui répond à ma question :

- Lily vient d’apprendre que James est un animagus non déclaré. Comme tu peux le constater, ça ne lui a pas véritablement fait plaisir.

Sirius m’embrasse pour me dire bonjour, m’empêchant de répondre immédiatement, mais je le fais quand même une fois qu’il s’est reculé.

- Comment l’a-t-elle appris ? Il le lui a dit ?

Sirius éclate de rire. Mon petit doigt me souffle que c’est sans doute lui qui a soufflé le secret à l’ancienne Gryffondor. Je roule des yeux, exaspérée. Il y a des fois, quand même, où Sirius mériteraient deux bonnes paires de claques.

- Et personne n’a l’idée de les interrompre ? Elle va finir par le tuer si elle continue comme ça.

- Aucun Gryffondor normalement constitué ne s’en prendrait à Lily quand elle est dans cet état, répond Remus. Nous savons tous à quel point elle peut se révéler être une vraie tigresse lorsqu’elle est en colère, y compris James.

J’acquiesce mollement, avant de reporter mon attention sur le jardin, où Lily a finit par bloquer James entre deux buissons, le bout de la baguette rougeoyante. Le jeune homme lui adresse alors une grimace d’excuse et se change en cerf, avant de courir loin de la portée des sorts de sa belle.

- Je ne suis pas sûr que ça va jouer en sa faveur, ça, dit Remus en se détournant de la baie vitrée.

Haussant des épaules, je fais de même et rejoins Remus dans la cuisine pour l’aider à mettre la vaisselle dans les placards.

- Comment s’est passé ton concours ? Me demande-t-il alors que je range une pile d’assiette sur une étagère.

Je fais un vague signe des épaules et de la tête pour lui signifier que je sais pas. La réponse semble lui convenir et il n’en demande pas plus.

- Et toi alors ? Des nouvelles du département de Droits ? Demandé-je en retour.

- Toujours pas. Mais les résultats de la sélection devraient arriver d’ici une semaine, alors je ne m’en fais pas pour l’instant.

S’ensuit un silence pendant lequel nous continuons à ranger les affaires de Sirius dans les meubles. Je ne cesse de penser à l’avenir de Remus, à ce qui va lui arriver. Je me suis un peu renseigné auprès de Mr Blaid pour savoir ce que le sorcier moyen pensait de ceux qui avaient été mordus par un loup-garou et qui se transformaient contre leur gré. La réponse ne m’avait pas plu, tous visiblement les craignent, un peu comme de la vermine qu’il faudrait exterminer, des monstres de cauchemars d’enfants. Alors, comme tous mes amis, j’ai peu d’espoir pour Remus. Et je culpabilise. Lui et moi ne sommes pas si différents dans le fond, nous sommes tous deux des créatures dangereuses et crains de tous, mais moi, j’ai l’opportunité de pouvoir me cacher facilement. Les loups-garous, eux, sont répertoriés au Ministère.

Un bruit de sabots m’arrachent à mes pensées, et l’odeur de James m’entoure. Je me retourne, il vient d’entrer dans la cuisine sous sa forme de cerf. Remus lui aussi le regarde arriver, les yeux ronds. Depuis le salon, nous parvient le rire de Sirius que, visiblement, ça ne dérange pas de voir son meilleur ami de se trimballer sous forme animagus dans sa maison.

- James ! S’écrie alors la voix furieuse de Lily.

Le cerf reprend forme humaine, et le jeune homme se précipite dans ma direction pour se mettre à couvert dans mon dos. J’ai à peine le temps de réagir que Lily est déjà dans la cuisine, la baguette tendue vers moi. Mon sang ne fait qu’un tour, et je me retrouve sans même m’en rendre compte à grogner sur la jeune femme. Ça a le don de refroidir tout le monde, y compris Sirius qui vient de nous rejoindre pour assister de plus près au meurtre de son meilleur ami. James d’ailleurs, a tôt fait de s’éloigner de moi mais j’ai déjà repris mes esprits.

- Désolée Lily, m’excuse-je. L’instinct de conservation. La prochaine fois, évite de me menacer de ta baguette s’il te plait.

Elle hoche de la tête, encore sous le choc et range sagement sa baguette à sa place. James éclate alors de rire et abat une main solide sur mon épaule, qui ne me fait même pas trembler.

- Chapeau ! Dit-il. Merci pour la diversion. Grâce à toi, Lily ne cherchera plus à me tuer.

J’entends Remus soupirer et je souris, amusée. Que ferais-je sans James pour détendre l’atmosphère ? Pour toutes réponses envers l’ex-Gryffondor, je lui tire la langue. Lily elle, ne perd pas le nord et dégaine de nouveau sa baguette. James me remet devant lui et je me retrouve encore face à la baguette de la jeune femme. Il y a quelque chose qu’il n’a pas dû comprendre le pauvre Potter. Cette fois-ci je me contrôle entièrement, et je me contente d’envoyer un sourire complice à Lily avant de me baisser subitement. Le sort que Lily a lancé frappe brutalement James, et ce dernier met ses deux mains devant sa bouche avant de reculer de trois pas. Curieuse, je fais volte-face et me glisse à côté de la jeune femme pour voir quel sort elle lui a envoyé. Je ne tarde pas à le découvrir puisque les mains de James ne peuvent pas cacher longtemps ses dent de devant qui prennent une longueur incroyable; A l’instar de Sirius et Remus, j’éclate de rire. Lily, fière d’elle, range sa baguette et croise les bras.

- Lanfe le conre-fort ! S’exclame James, ulcéré.

Double éclat de rire, alors que James, les dents poussant encore et toujours, supplie sa petite-amie de cesser sa torture. Les deux incisives ont presque atteint ses genoux et James panique à mort quand Lily se décide à arrêter le supplice. Elle lance le conteront et les dents arrêtent de pousser. Mais restent à la taille qu’elles ont adoptés.

James ouvre de grands yeux paniqués, Lily aussi. Je continue de rire, le spectacle étant des plus réjouissants.

- Je ne sais pas les rétrécir ! S’écrie-t-elle, paniquée en accourant vers le jeune homme qui commence réellement à paniquer.

Sirius et Remus, comprenant que Lily ne plaisante pas, cessent de rire et s’inquiète à leur tour pour lui. Pour ma part, je ne peux plus m’arrêter de rire et je sens mêmes des larmes perler au coin de mes yeux. Le corps plié en deux, je me retiens au meuble le plus proche pour ne pas tomber et pose une main sur mon ventre douloureux.

- Mandy ! S’écrie Lily, paniquée. Ce n’est pas drôle ! Personne ne connait le vrai contre-sort ! Il faut l’envoyer à St Mangouste !

Toujours riante, je lève une main pour signifier que j’ai quelque chose à dire. Mais je n’arrive pas à aligner deux syllabes. Alors, décidant que des actes valent mieux que des mots, je sors ma baguette et la pointe sur James.

- Qu’est-ce qu’elle fait ? S’interroge Lily à voix haute.

Le sort informulé fuse et le rayon jaune frappe James. Ses dents se mettent aussitôt à rétrécir, et je stoppe le sort quand je trouve qu’elles ont repris leur taille habituelle. Pendant le processus, j’ai eu le temps de me calmer, et je m’approche de lui pour vérifier que le sort a été correctement lancé.

- Ne panique pas comme ça, Lily, dis-je ensuite, toujours sourire. Je suis une ancienne Serdaigle, et une future guérisseuse. Pour ce genre de problèmes, appelle-moi, je devrais avoir la solution sous la main.

Lily soupire de soulagement et James me prend dans ses bras pour me remercier.

- Qu’est-ce que j’aurais fait sans toi ? Dit-il en me serrant fort contre lui.

- Tu aurais été à St Mangouste, répliqué-je, la voix étouffé par son enlacement brute.

- Ouais, mais j’aurais eu la honte de ma vie. Tu m’as épargné d’un grand mal, répond-t-il alors que Sirius tente de me délivrer de la poigne de jeune homme.

Comprenant que son meilleur ami n’apprécie pas qu’il me colle ainsi contre lui, James me relâche et Sirius, possessif au possible, me colle aussitôt contre lui. Sait-il qu’à présent, l’odeur de James est tout autour de moi, annihilant presque complètement la sienne ? J’en doute, mais c’est peut-être instinctif et bientôt, il n’y a plus que l’odeur de Sirius. C’est alors de nouveau un combat contre moi-même pour m’empêcher de lui sauter sauvagement dessus, lui arracher ses vêtements et m’abreuver à son sang. Je soupire silencieusement. Il y a des fois où j’aimerais bien que nous dépassions ces deux stades dans notre relation, rien que pour mettre fin à ces tentations. Mais pour moi, comme pour lui j‘imagine, c’est encore prématuré.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeLun 20 Avr - 15:02

Chapitre 34 : Dérapage




Dans la rue, malgré les nuages bas et le ciel menaçant, les gens se bousculent et s’activent. Travailleurs ou pas, menace des Mangemorts ou non, tous prennent le temps de flâner dans la rue, s’arrêtant devant les vitrines, discutant avec une connaissance croisée au hasard, Assise à une table devant la boutique, je regarde le Chemin de Traverse s’animer, le sourire aux lèvres. Sur la table en face de moi, une lettre décachetée que je viens d’ouvrir et de lire. J’en revois presque chaque mots pour l’avoir lu une bonne dizaine de fois :




Miss Amandine Dawn,

Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez été reçue à l’académie de Médicomagie pour la rentrée prochaine, avec un Optimal. Cela étant, nous pouvons répondre à votre demande de bourse par l’affirmative. Vous trouverez ci-joint un parchemin avec toutes les modalités à remplir.

En espérant que vous passerez une excellente scolarité au sein de notre département.

Cordialement,

Madame Olga Krieprick,

Directrice du département de Médicomagie.




Je n’avais osé espérer, même dans mes rêves les plus fous, y arriver aussi bien. J’avais pensé m’en sortir avec un Acceptable, mais c’est encore mieux que cela, et j’ai le droit à ma bourse tant souhaité. Que demander de plus ? C’est donc le cœur gonflé à bloc de joie et d’espoir que je me lève de la table pour reprendre mon service, ma pause étant terminée. Je contourne la table à laquelle j’étais installée et, trop plongée dans mes pensées sans doute, je percute une personne que je n’ai pas senti venir. Surprise, je relève la tête pour m’excuser. Je croise alors un regard noir et loin d’être amicale. Je fais un pas en arrière, par précaution, me souvenant de ce qu’il s’est passé la dernière fois que j’ai croisé Severus Rogue.

- Dawn, fait-il, une grimace de dégoût aux lèvres, comme si mon nom était une fiente d’oiseau dans sa bouche.

Je ne réponds pas, me contentant de le fixer. Étonnamment, il a grandi depuis la fin de Poudlard, un mois et demi plus tôt. Avec la ample robe sombre qu’il porte et ses cheveux tombant et lui cachant la moitié du visage, il ressemble à une espèce de créature malfaisante que l’on aurait pas envie de croiser au détour d’une ruelle mal éclairée. Je fais encore un pas en arrière, pour avoir une meilleure vue. Il semble terriblement maigre dans ses vêtements amples, et son teint me semble encore plus blafard que d’habitude. Un tic nerveux secoue son œil gauche. J’y décèle une trace d’angoisse, et d’impatience. Il ne veut pas s’attarder dans les parages, ce qui m’étonne encore plus que notre rencontre fortuite.

Rogue semble comprendre que mon regard analyse plus qu’il ne devrait, et c’est avec une grimace qu’il me dépasse, non sans m’administrer un solide coup d’épaule au passage pour me bousculer. Je me retourne à demi pour le suivre des yeux alors qu’il s’éloigne. Je m’interroge sur ce qui lui arrive. Il ne m’avait pas semblé si apeuré la dernière fois que nous nous étions vus. Qu’a-t-il bien pu lui arriver pour effacer si soudainement le fier et hautain Serpentard ?

- Mandy ! Qu’est-ce que tu fiches ? Viens !

Je laisse Rogue s’éloigner loin de mon regard et fait face Au paradis des gourmands, d’où la tête de Camille dépasse de la porte d’entrée. Elle me fait signe de la main de revenir à l’intérieur alors que la vitrine me laisse voir le monde qui s’y presse. Elle a besoin d’un solide coup de main pour pouvoir servir tout le monde en temps et en heure.

Je me glisse dans la boutique, récupère mon tablier que j’enfile et jette un œil sur la pièce. Constatant que Camille est déjà au service et que bon nombre de tables doivent être desservis, je m’empresse de faire un grand nettoyage. Je m’attaque à la première table, enlève les verres et les bols à glace, et d’un coup de baguette, fait disparaître toutes les traces du passage des clients. Je passe ensuite à la deuxième table, sans avoir le temps de la nettoyer : Camille m’interpelle. Je me retourne. Elle brandit une lettre au dessus du comptoir.

- Rattrape Rogue, me crie-t-elle, il a oublié sa lettre ici.

Je fronce des sourcils, n’ayant pas compris plus tôt que c’est parce qu’il sortait du glacier que je l’avais percuté et d’un geste de la baguette fait voler la lettre jusqu’à moi avant de me précipiter hors de la boutique. J’ai vu le jeune homme prendre sur la gauche et je m’empresser de prendre la même direction. Je cours un peu plus vite que la vitesse humaine pour être sûre de le rattraper et l’aperçois au bout de quelques secondes, figé au milieu de la rue et fouillant fébrilement dans ses poches. Je crois savoir ce qu’il cherche.

- Rogue ! Crié-je, en m’arrêtant de courir.

Il se retourne, visiblement surpris de se faire héler de cette manière, et je parcours les derniers mètres nous séparant en marchant, la lettre bien en vue.

- Tu as oublié ceci à la boutique, dis-je en lui tendant la missive, une fois près de lui.

Il récupère violemment sa possession, non sans me fusiller du regard.

- Tu l’as lu ?

J’hausse un sourcil.

- Pourquoi l’aurais-je fait ? Ta vie ne m’intéresse pas le moins du monde.

Mais suite à la question, je suis à présent curieuse de savoir ce que peut bien être le contenu de cette lettre. Est-ce à cause d’elle qu’il parait si anxieux ? Discrètement, je jette un œil sur la main qui glisse la lettre dans la poche de la robe et j’ai le temps d’apercevoir un sceau que je connais avant qu’elle ne disparaisse. Pourquoi est-il gêné par une lettre de l’Université de Magie Supérieure ?

Avant que je n’ai pu poser la moindre question, il se retourne et se fond dans la foule. Je pourrais aisément le rattraper, mais je n’en ai pas envie. Comme je l’ai dit, sa vie ne m’intéresse pas plus que cela, et j’ai du travail qui m’attend. A mon tour, je fais demi-tour et retourne au magasin. A l’intérieur, il y a toujours autant de monde. Le client que sert Camille n’est autre que notre ami Bill, qui vient de temps en temps prendre des nouvelles et en donner. Je termine de nettoyer les tables et, une fois que Camille l’a servi, Bill vient me voir. Une glace à cinq boules superposées en main, il tapote mon épaule pour me signifier sa présence, sans que cela soit vraiment nécessaire : agacée d’avoir été surprise par Rogue, j’ai réveillée légèrement mes sens de vampire.

- Salut Mandy, la forme ?

Je lui souris, rangeant ma baguette dans ma poche.

- Ça va, tu le sais très bien. Alors, verdict ?

Il sourit à son tour.

- Nous allons sans doute être de nouveau des camarades d’études, je viens de recevoir ma lettre d’acceptation. Et toi ?

J’hoche simplement la tête.

- Et ta bourse ?

Nouveau hochement. Un sourire aussi large que le monde barre son visage et il me prend dans ses bras pour me féliciter.

- C’est génial ! S’exclame-t-il. Je savais que tu allais y arriver !

Vraiment heureuse, je ne peux m’empêcher d’éclater de rire et de rendre son étreinte à Bill, alors qu’il me soulève pour me faire tournoyer.

- Ah, soupire-t-il en me reposant à terre, tu ne peux pas imaginer à quel point j’ai eu peur de me retrouver tout seul à la rentrée prochaine. J’ai fortement espéré que tu réussisses.

- Eh bien tu vois, tu n’as plus à t’en faire. Tu iras quand pour l’inscription finale ? On pourrait y aller ensemble.

- J’avais prévu de passer après-demain à l’Université. Ça t’irait ?

J’acquiesce prestement.

- C’est parfait. De toute manière, je ne pourrais le faire que dans les jours prochains, je n’aurais plus le temps ensuite.

- Ah oui, c’est vrai que vous partez dans deux jours. Tu dois avoir hâte.

J’hoche de la tête. Bill lèche sa glace, regarde sa montre et décrète :

- J’ai rendez-vous alors il faut que je te laisse. Je passerai te chercher à quatorze heures, ok ?

- Aucun souci, lui assuré-je. A dans deux jours alors.

Il me fait un clin d’œil, m’adresse un signe de la main et sort de la boutique en envoyant un baiser à Camille du bout des doigts. Mon amie, amusée, lui rend son salut puis se tourne vers moi avec un air interrogateur. Elle ne sait pas encore que j’ai reçu ma réponse, mais je sais déjà qu’elle sera très heureuse pour moi.




O0o0O




Je finis de boucler ma valise, gardant un œil prudent sur Camille qui vide son armoire à l’autre bout de la chambre. Ça fait déjà deux fois que je suis obligée de vérifier le contenu de mon bagage, car mon amie s’amuse à y rajouter des affaires qu’elle juge nécessaire et moi pas - hors de question d‘emmener cet affreux deux pièces orange -, et en retirer d’autres qu’elle dit inutile, mais dont je sens que je vais avoir besoin - on sait jamais, le ciré pourrait être d’un grand secours. Pour plus de sécurité, je jette même discrètement un sort sur le verrou au cas où elle essaierait de retenter l’expérience pendant que j’aurais le dos tourné.

- Amandine, cheminée !

Je relève la tête de ma valise, surprise. C’est bien la première fois depuis que je suis chez les Blaid que quelqu’un se donne la peine de me joindre par le réseau de communication de cheminées. Avec un dernier regard sur Camille, je quitte la chambre et passe dans le salon doté d’une modeste cheminée, qui ne sert guère plus à grand-chose depuis que Camille sait transplaner. Alors que j’entre dans la pièce, Mme Blaid en sort, souriante. En passant, elle pose une main sur mon épaule et me murmure à l’oreille :

- Il m’a tout l’air d’être un très gentil garçon.

Il y a franchement des fois où je ne comprends pas les gens. Mais la lumière se fait quand j’aperçois le visage de Sirius dans l’âtre. Il a dû lui parler de nos rapports pour qu’elle m’appelle. Je m’approche de la cheminée et m’agenouille devant, souriant aux flammes mouvantes.

- Quelle surprise ! M’exclamé-je. Comment ça se fait que tu passes par la cheminée ?

Sirius fronce des sourcils. J’en perds mon sourire. Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu avais été reçu à l’Académie de Médicomagie ? Je viens de l’apprendre par Peter, figures-toi !

J’ouvre la bouche, mais aucun son ne sort, je suis trop estomaquée. Puis, j’éclate de rire.

- Sirius, j’ai reçu ma lettre qu’hier ! Je n’ai pas encore eu le temps de te prévenir puisque l’on ne s’est pas vu. Peter l’a su avant toi parce que Camille est une vraie pipelette.

Sirius grimace toujours, l’air ronchon.

- Ce n’est quand même pas normal que ton petit-ami ne soit pas dans les premiers prévenus.

J’hausse des épaules.

- Désolée mais c’est ainsi. Et c’est seulement pour ça que tu m’appelles ? Alors que je serais chez toi dans moins de cinq minutes ?

C’est à son tour de hausser des épaules, l’air à peine gêné. Je roule des yeux en soupirant. De toute façon, il va bien falloir que je me fasse à son caractère.

- Écoute, je finis ce que j’ai à faire et j’arrive, d’accord ? Je transplanerai directement dans ton salon.

Visiblement plus content, Sirius acquiesce et coupe la communication. C’est à ce moment-là qu’une alarme se met à retenir dans l’appartement. A peine surprise, je me précipite vers la chambre, à l’instar de Mme Blaid qui semble paniquée. Dans la pièce, Camille se tient le plus loin possible de ma valise, courbée en deux et les mains sur les oreilles.

- Fais taire cet engin de malheur ! M’hurle-t-elle dès qu’elle me voit.

Un sourire victorieux aux lèvres, j’annule le sort d’un coup de baguette. Camille respire tout de suite mieux, mais ça ne l’empêche pas de soupirer de dépit.

- Tu y réfléchiras à deux fois la prochaine fois que tu voudras toucher mes affaires, dis-je alors que Mme Blaid retourne à la cuisine, rassurée sur l’origine du bruit.

- Je voulais seulement t’aider, râle Camille, mais t’es une vraie tête de mule ! Puisque je te dis que tu auras besoin du maillot.

Je secoue la tête, butée, vérifie que mon sort est toujours en place et adresse un signe de la main à mon amie pour lui signifier mon départ. Un battement de cils plus tard, je suis dans le salon de Sirius, et je fais face à la baie vitrée. Je tourne la tête vers la cuisine quand des éclats de voix me parviennent de là. J’ai alors la surprise de voir que Sirius a fait des travaux depuis mon dernier passage, puisque le mur séparant les deux pièces a disparu pour laisser place à un long comptoir. Sirius s’est offert une cuisine américaine.

Peter et lui sont installés de part et d’autre du comptoir, deux bouteilles de bièraubeurre décapsulées et pratiquement vide. Je vois que Peter venait tout juste de lui apprendre la nouvelle quand Sirius m’a contacté par cheminée. Lorsque les deux hommes s’aperçoivent de ma présence, ils se lèvent et Peter décrète :

- Je te laisse Sirius, on se verra une prochaine fois. A plus Mandy, et félicitations !

Je lui adresse un vague remerciement et il disparaît. Peter et moi ne nous voyons guère puisque je ne reste pas auprès de Camille quand elle est avec lui, et que lui ne reste pas avec Sirius quand il est avec moi. Il faudra que je pense à proposer une sortie entre couples, incluant aussi Lily et James, histoire d’avoir des nouvelles fraîches de tout le monde. Ça manque un peu ces temps-ci.

Inconscient des pensées qui passent dans la tête, Sirius s’approche de moi pour me serrer contre lui. Je lui rends son étreinte en refermant mes bras dans le bas de son dos. Il dépose un baiser aérien sur ma tête et je relève le visage.

- Bravo, dit-il, je suis heureux pour toi, future guérisseuse Dawn.

Amusée et fière, je me hisse sur la pointe de mes pieds pour arriver à peu près à hauteur du visage de Sirius puis j’approche ses lèvres des miennes pour y déposer un baiser chaste.

- Merci. Et toi alors ? Des nouvelles ?

- J’ai rendez-vous demain avec un certain Alastor Maugrey. Il parait que c’est un bon Auror, juste un peu bizarre sur les bords.

Tout en discutant et en me relatant son entretien au Ministère, Sirius nous guide jusqu’au canapé qui fait dos à la cuisine américaine et nous installe, me gardant serrée contre lui comme à son habitude. Et, comme toujours, je fais ce que je peux pour ne pas avoir son odeur trop présente en moi, et mets le plus distance entre nous qu’il est possible, c’est-à-dire pas grand-chose. Je n’ai pas envie de le vexer en lui laissant croire que je n’ai pas envie d’être proche de lui.

Pendant plusieurs minutes, je l’écoute me parler du métier d’Auror, de ce qu’il espère faire pendant son apprentissage, de ses projets une fois diplômé. Je partage à mon tour avec lui de ce que je vois pour mon avenir, passant consciemment sous silence sa place dans celui-ci. Ni lui, ni moi ne parlons jamais d’un futur entre nous, pas depuis qu’il m’a proposé d’emménager. Je crois qu’il attend toujours une réponse que je ne lui ai pas donné, encore indécise.

Pendant quelques minutes, un silence s’installe entre nous. Je remarque que la maison est silencieuse et qu’aucun bruit ne nous parvient de l’extérieur, me laissant deviner que Sirius a insonorisé sa maison. Sans doute était-il dérangé par les cris des enfants du voisinage. Alors que je laisse mon regard dériver sur le jardin fleuri, je sens la poigne de Sirius autour de mes épaules se tendre légèrement. Je lève la tête pour voir son visage. Il semble très concentré et perdu dans ses pensées.

- Sirius ? L’interpellé-je. Quelque chose ne va pas ?

Il semble surpris de m’entendre parler, comme l’atteste l’air étonné qu’il affiche lorsqu’il me regarde à son tour. Il hausse des sourcils.

- Non, tout va bien. Je réfléchissais juste à quelque chose.

- A quoi ? Demandé-je, intéressée.

Il secoue la tête, fermant brièvement les yeux, puis dépose un baiser sur mon front.

- Rien d’intéressant.

Sur ces mots, il se lève et va jusqu’à la cuisine pour récupérer sa bouteille de bièraubeurre. Il y boit une longue gorgée, alors que je réfléchis à son refus de me parler de ce à quoi il pense, alors qu’il est clairement visible que quelque chose le gêne. Je me lève à mon tour et le rejoins. Dans mon esprit, la supposition se fait, devenant une certitude.

- Tu attends ma réponse, c’est ça ? Sur ta proposition d’emménager.

Il repose sa bouteille, avale sa gorgée et évite mon regard. J’ai touché juste. A la tête qu’il tire, je sens que la suite ne va pas être drôle. Je pressens une discussion sérieuse et difficile.

- Entre autre, dit-il. Mais ce n’est pas tout.

Je ne réponds pas, l’encourageant à poursuivre. Il semble en avoir plein le cœur et je préfère qu’il me parle, plutôt que cela continue à le ronger, même si ce n’est pas plaisant à entendre. D’angoisse devant l’attente, j’ai l’impression que mon cœur va bientôt se briser en mille morceaux tellement il bat vite. Mais extérieurement, je reste stoïque. J’attends que Sirius poursuive.

- J’ai remarqué que tu mettais de plus en plus de distance entre nous, lâche-t-il finalement. Tu refuses tout ce qui va plus loin qu’un baiser, tu as souvent des excuses pour que l’on ne se voit pas trop souvent, tu sembles m’éviter. Je voudrais savoir ce qu’il se passe.

A ses yeux, je vois que la discussion ne lui plait pas plus qu’à moi, qu’il est rongé par l’interrogation et la déception. Soupirant, je pose les bras sur le dossier du tabouret qui me fait face. Il est clair que je lui dois une explication, mais j’ai peur de le faire fuir une fois que ce sera fait.

- Écoute, cela n’a rien à avec mes sentiments envers toi, c’est juste que . . . Passer du temps avec toi devient de plus en plus difficile parce que je dois tout le temps me contrôler, je ne peux pas me permettre de perdre ma vigilance un seul instant. Tu ne dois pas oublier que derrière notre relation de couple, il y aussi celle de vampire à Calice. J’ai soif de ton sang et plus je passe de temps en ta compagnie et plus grande est cette soif. Il m’est à présent de moins en moins plaisant de boire le sang d’animaux alors que je sais que tu es à portée de main. C’est à cause de ça que je prends mes distances, c’est pour pouvoir me nourrir normalement encore un moment, avant que l’inévitable ne se produise.

Sirius ne semble pas apeuré, plutôt soulagé. Un léger sourire apparaît même sur ses lèvres.

- Ce n’est pas censé te rendre joyeux, tu sais, le sermonné-je. On parle de ton sang là, de ta vie.

Toujours souriant, Sirius se décide enfin à me regarder dans les yeux.

- C’est étrange que tu es aussi peur de me mordre. Ne devrais-tu pas en avoir envie ? Il semblerait même que je sois plus réceptif à cette idée que toi.

Alors qu’il parle, je le vois s’approcher de moi. Mon instinct me souffle que, étrangement, Sirius semble se mettre en chasse. Et que je suis la proie. C’est inadmissible. Un grondement léger roule dans ma gorge et je fais un pas en arrière. Les yeux de Sirius se mettent à briller d’amusement. Ce petit jeu lui plait. J’aimerais pouvoir dire que ce n’est pas réciproque, mais ce n’est pas le cas. Tout mon être est excité par sa façon d’agir, alors que jamais je ne l’aurais accepté de qui que ce soit d’autre.

En silence, Sirius continue d’avancer, sans me lâcher des yeux. Je recule moi aussi, jusqu’à venir buter contre le canapé. L’amusement dans les iris de Sirius disparait alors et il tend un bras dans ma direction avant d’attraper ma main et de nous guider jusqu’à sa chambre. Bien que surprise et légèrement angoissée à l’idée de ce qu’il va se passer, l’excitation et l’impatience prennent le dessus et je me laisse gentiment faire. N’ayant jamais mis les pieds dans la chambre de Sirius, je la découvre. C’est une pièce de taille moyenne, où un grand lit trône, entouré d’une commode surplombée d’un miroir, et d’une porte laissant apercevoir un bout de la salle de bain attenante. Sirius s’assied sur le bord du lit au draps jaune pâle et me place debout face à lui, entre ses jambes. D’une main, il caresse ma joue.

- Amandine, j’ignore de quoi tu as peur exactement, mais il n’y a aucune raison à cela, je t’assure. Tu dois avoir plus confiance en toi.

Je papillonne des yeux, peu sûre d’avoir compris. Je sais qu’il parle de notre lien, mais pourquoi être venu dans la chambre pour ça ? Frissonnante, je fais un pas en arrière. Enfin, essaye. Sirius me retient d’une poigne de fer et je ne veux pas lui faire mal en tentant de m’en défaire.

- Sirius . . . Tu . . . , bégayé-je, le cœur battant, tu es conscient de ce que tu es train de dire ?

Il acquiesce sagement. Je secoue la tête, refusant d’y croire.

- Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas. Tu sembles oublier que si nous passons ce cap, tu devras passer ta vie avec moi. Ce n’est pas rien.

Il acquiesce de nouveau, me rapproche de lui autant que possible et pose nos front l’un contre l’autre.

- Et toi, tu sembles oublier que je t’ai dit que je ne laisserai jamais la moindre parcelle de bonheur m’échapper. Tu connais mon histoire, tu sais que je veux tout ce dont j’ai été privé durant mon enfance. Tu es ce qui m’est arrivé de mieux depuis mon entrée à Poudlard, et je ne te laisserai pas t’échapper. Je t’aime Amandine, et te donner mon sang ne m’effraie absolument pas. Je veux t’offrir cette part de moi, jusqu’à la fin de ma vie.

Je combats les larmes qui menacent de perler au coin de mes yeux, les clôturant.

- Nous ne sommes ensemble que depuis trois mois, tu ne peux pas déjà savoir si nous passerons notre vie ensemble. C’est trop tôt, c’est trop dangereux.

J’entends Sirius râler en soupirant. Je soulève les paupières alors qu’il attrape mon visage entre ses mains pour m’obliger à le regarder droit dans les yeux.

- Tu es un vampire et je suis ton Calice, rien ne pourrait nous séparer. Tu crois que je ne me suis pas renseigné sur ce lien quand tu m’as tout avoué ? Toi, tu ne l’as visiblement pas fait, mais Tony et Lucinda m’ont certifiés que tous les vampires qu’ils connaissent ne se sont jamais séparés de leur Calice. Jamais cette idée ne leur a même traversé l’esprit. Tu le sais, nous sommes parfaitement complémentaire, nous ne pourrons jamais trouver de compagnons plus parfaits. Alors ne parle plus jamais de séparation, d’accord ?

J’opine de la tête. C’est incroyable de voir à quel point Sirius peut me façonner selon ses envies. Je n’avais jamais été sûre de moi, mais il lui a suffit de me dire exactement la même chose que Tony et Lucinda pour que je le croie, lui. Je ferme les yeux, et expire longuement, le cœur apaisé. Je reste un moment dans cette position, à juste profiter de la main de Sirius qui voyage dans mes cheveux.

- Pourquoi faut-il que tu ais toujours raison ? Murmuré-je.

Sirius rigole mais ne répond pas. Je passe alors mes bras autour de sa nuque et le serre contre moi, nichant mon visage tout contre son cou. Je respire profondément, comme ça ne m’est pas arrivé depuis si longtemps que je ne me souviens plus quand et je profite allègrement de son odeur succulente.

- Tu es sûr de toi ? Chuchoté-je. Il n’y aura pas de retour en arrière possible.

Pour seule réponse, il pousse légèrement ma tête un peu plus contre son cou. Mes lèvres effleurent sa peau et, instinctivement, ma bouche s’ouvre, mes lèvres découvrent mes dents. Je laisse une seconde s’écouler pendant laquelle je reste dans cette position, me régalant de cet instant d’hésitation. Puis, je referme ma mâchoire sur sa jugulaire. Je transperce juste sa peau, avant de retirer mes canines. J’entends Sirius prendre une profonde inspiration et ses mains agrippent mes hanches. Sans prêter trop attention à ce qu’il fait, je referme ma bouche sur la plaie et aspire légèrement. A peine son sang es-t-il passé dans ma gorge et a-t-il inondé ma langue qu’un long frisson dégringole le long de mon dos. Son goût est au dessus de tout ce que j’aurais pu tenter d’imaginer, et son effet inattendu.

Comme la première fois où j’ai senti pleinement Sirius, sans interférences, dans ce couloir, je sens mon corps tout entier s’enflammer, les flammes prenant naissance au creux de mon intimité. J’aspire une seconde fois, une dernière avant que mon corps ne m’apprenne que je suis repue. Je me recule alors, la tête et le corps engourdie. Deux trainées de sang s’écoulent le long de la clavicule de Sirius. Je ne peux pas laisser cette plaie ouverte, où il se videra rapidement. Je sais instinctivement quoi faire. Me penchant de nouveau sur lui, je lèche délicatement la blessure, qui se referme quasiment instantanément. Je me recule ensuite de nouveau pour regarder Sirius dans les yeux. Ses yeux sont assombris alors qu’il croise mon regard, et je comprends qu’il est dans le même état que moi.

Sans prévenir, Sirius me tire alors à lui, et il nous fait rouler sur le lit, se plaçant d’autorité au dessus de moi. Il s’empare impérativement de mes lèvres, m’embrasse avec autant de passion que la toute première fois. Ses mains toujours sur mes hanches glissent progressivement vers le haut, soulevant mon tee-shirt dans son mouvement. Le contact de sa peau contre la mienne m’électrise. Je noue mes mains dans sa nuque, écarte suffisamment les jambes pour qu’il puisse s’installer plus confortablement et colle mon bassin contre le sien. Je sens immédiatement la légère raideur de son bas-ventre.

Les mains de Sirius ont finalement atteint mes épaules et je soulève le buste pour qu’il puisse ôter mon tee-shirt. Nos lèvres se séparent, le vêtement tombe au sol. La bouche de Sirius se colle alors dans mon cou, lèche, embrasse, suçote, tandis que mes mains se glissent sous la chemise, parcourent son dos, caressent, griffent, apaisent. La bouche de Sirius descend progressivement, jusqu’à parvenir à ma poitrine. Ses mains se glissent sous mon soutien-gorge, les miennes entreprennent de déboutonner sa chemise. Avec dextérité, je lui ôte son vêtement, ses doigts taquinent ma poitrine, faisant monter la chaleur. Le vêtement va retrouver mon tee-shirt, je glisse mes mains sur sa poitrine légèrement duveteuse, caresse et cajole. Sirius me force alors à soulever légèrement le buste de nouveau et passe ses mains dans mon dos pour dégrafer mon sous-vêtement. Ce dernier part retrouver ses congénères.

Sirius se tient à bout de bras, juste au dessus de moi et parcoure mon corps d’un regard avide, sans un mot. Nul besoin. D’un geste, je l’invite à revenir près de moi et il s’exécute. Pliant les jambes, je le serre contre moi et il grogne de satisfaction. Sans se laisser démonter, il abaisse le visage sur mon torse et reprend le travail initial de ses mains, cette fois-ci avec la bouche. J’halète, parcourus d’un frisson de plaisir. Sirius continue son traitement, m’empêchant de faire quoi que ce soit d’autre que de profiter de ses attentions. Puis, alors qu’il relève la tête, je glisse mes mains dans l’espace qu’il a créé pour aller taquiner le bord de son pantalon. Sirius se fixe, attentif à la suite, et je déboutonne le vêtement. Son regard se plante dans le mien, comme un défi. Comme s’il me mettait au défi de le faire. Avec un sourire en coin, j’abaisse ensuite la braguette et d’un coup sec, descend le pantalon jusque sous les fesses. Sirius ferme brièvement les yeux, exhalant doucement. Je me redresse légèrement, m’appuie sur un bras et passe mon autre main entre nous, allant effleurer le caleçon.

Sirius halète, rouvre les yeux. Ses prunelles grises sont devenus quasiment noir. Dans un grognement presque animal, il se jette alors sur moi, emprisonnant de nouveau mes lèvres entre les siennes et plaquant mes mains de part et d’autre de ma tête. Le baiser s’approfondit dure, émoustille. Il relâche finalement mes poignets, sans quitter ma bouche, puis déboutonne mon pantalon et le descend jusqu’à mes genoux avant d’être obligé de se reculer pour finir de me l’enlever. Il en profite aussi pour se débarrasser du sien, puis revient se caler contre moi. Il m’embrasse de nouveau, chastement, puis roule sur le côté et passe son bras sous ma tête. Sa main libre caresse alors mon ventre avant de glisser plus bas et d’effleurer ma culotte. Un soupir de plaisir et d’impatience mêlé m’échappe, et sa main se glisse sous le tissu pour aller plus loin, caressant, titillant, faisant augmenter le plaisir.

Quand il retire sa main, il ne me laisse pas le temps de faire quoi que ce soit, et il m’ôte mon sous-vêtement avant que j’ai repris un peu mes esprits. Quand j’ouvre les yeux, nous sommes tous les deux complètement nus et il se rallonge sur moi. Il ne me quitte pas du regard, caresse mon visage, puis ses mains se posent sur mes hanches pour les soulever légèrement. Je referme les yeux au moment où il se glisse en moi, par à coups. Il s’arrête quelques secondes, je garde les yeux clos, calmant ma respiration qui s’est précipité à cause de la douleur. Puis, je rouvre les yeux, invitant Sirius à poursuivre. Il bouge une première fois, lentement. Je mords ma lèvre, plaisir et douleur mêlées. Il poursuit, toujours aussi doucement, attentif aux expressions de mon visage. Enfin, au bout de quelques mouvements, la douleur finit par disparaitre, ne laissant place qu’au plaisir et aux délicieux frissons.

Sirius prend la direction du moment, intimant la vitesse, le rythme, les baisers, les caresses. A quelques reprises, il m’approche du précipice, sans me laisser le loisir de tomber. Puis, enfin, c’est la délivrance. Submergé, Sirius pose son front contre mon épaule alors que j’enserre son corps cotre le mien, étourdie par le plaisir. Bientôt, il ne reste plus que le bruit de nos respirations. Je prends conscience de la sueur sur nos deux corps, de la douleur lancinante entre mes jambes alors que Sirius s’est retiré, de l’apaisement et de la plénitude qui règne en moi, à tous les niveaux. Sirius roule sur le côté, essoufflé, et attrape ma main pour joindre nos doigts. Puis, dans le silence de la maison, retentit la sonnette de la porte. Le bruit suffit à m’éveiller complètement et j’ouvre de grands yeux.

A côté de moi dans le lit, Sirius lâche un grognement de mécontentement, desserre nos doigts, se penche pour m‘embrasser chastement puis attrape son pantalon qu’il enfile rapidement avant de sortir de la chambre. Une fois Sirius sorti, je me redresse dans le lit et jette un œil autour de moi, prenant conscience de ce qu’il vient de se passer, de ce que nous venons de faire. Déboussolée et épouvantée, je plaque une main sur mon front, avant de me pencher sur le bord du lit pour récupère mes affaires et me rhabiller. Du salon, j’entends la voix de Sirius s’élever, il semble parler avec celui ou celle qui a sonné à la porte.

Je balance mes jambes hors du lit et me lève, m’éloignant de deux pas. Puis, je jette un œil sur les draps chiffonnés par les mouvements de nos corps, repense à cet acte. Mes bras se mettent à trembler quand je prends conscience de ce qu’il s’est passé exactement. Je ne tente même pas de refouler les larmes qui s’invitent. Dans le salon, j’entends la porte d’entrée se refermer. Je prends alors ma décision rapidement et décide que je n’ai plus le droit d’être ici. Je transplane.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeMar 21 Avr - 10:12

Chapitre 35 : Séjour français




- Tout le monde est prêt ? Vous n’avez rien oublié ? Sûr ? Alors, on y va !

Je lance un regard en coin à Camille, qui hoche de la tête à toutes les questions de son père. Nous nous tenons la main, toutes les deux, puis vient son frère et sa mère à côté d’elle. Mr Blaid nous fait face, souriant, puis il disparaît. Mme Blaid fait de même avec Jason puis il ne reste plus que Camille et moi.

- On y va, dit-elle alors.

J’acquiesce et nous disparaissons de l’appartement des Blaid. Nous réapparaissons dans le hall de l’hôtel français dans lequel nous allons résider durant nos deux semaines de vacances. Mr et Mme Blaid sont déjà au guichet pour retirer les clés des chambres et régler les dernières administration. Jason pour sa part joue avec l’eau de la fontaine qui trône au centre du hall d’entrée. Sans un mot, Camille me tire jusqu’à la fontaine et on s’assoit sur le rebord. Camille lâche alors ma main, et je joins les miennes sur mes cuisses.

- Est-ce que ça va ? Me demande-t-elle alors.

J’opine de la tête, légèrement. Au moins à présent, nous sommes loin de l’Angleterre, même si ce n’est que pour un temps. Camille soupire à côté de moi. Elle ne sait pas ce qu’il se passe, remarque juste que je ne vais pas bien, que je ne prononce pas plus de mots qu’il n’est nécessaire, que depuis hier je reste seule dans mon coin à ruminer. Je n’ai pas osé lui parler de ce que j’ai fait, de mon geste. Ce qu’il s’est passé entre Sirius et moi est comme une agression, comme un viol. Mais elle ne comprendrait pas.

- Les filles, Jason ! Nous interpelle Mme Blaid depuis le comptoir.

Nous quittons la fontaine et les rejoignons. Nous sortons ensuite du hall pour nous retrouver sous le soleil éclatant du bord de mer méditerranéen. Le ciel est bleu, sans une trace de nuage, et on doit bien frôler les quarante degrés à l’ombre. Bien que je sente le changement de température, cela ne me fait aucun effet. Une chance.

Mr et Mme Blaid se mettent en route, à la recherche des chambres qui nous ont étés loués. Les bâtiments à trois étages qui nous entourent doivent comporter en tout une centaine de chambres, à vue de nez. Les nôtres se situent dans le bâtiment deux, deux chambres côte à côté, numéros onze et douze au rez-de-chaussée. Les parents et Jason prennent la onze, Camille et moi investissons la douze. Les chambres sont de taille standard, comprenant deux lits une place, deux commodes et un coin salon avec un canapé, deux fauteuils et une table basse. Un journal traîne sur la table, sans doute le quotidien national français. Une porte mène sur une petite salle de bain, composée d’un lavabo, d’un toilette et d’une cabine de douche.

- Eh bien, heureusement qu’on ne va pas passer nos journées à l’intérieur, s’exclame Camille en découvrant notre logement pour les quatorze jours à venir.

Sur ce, elle sort ses valises de sa poche, leur redonne leur taille véritable et commence à ranger ses affaires dans les tiroirs. Comme je n’ai rien de mieux à faire, je l’imite. Vider nos bagages nous prend une petite demi-heure, que nous passons en silence, puis Mme Blaid vient toquer à notre porte pour nous proposer un tour à la piscine en ce premier jour de vraies vacances. Je refuse, Camille accepte. Elle part donc, me laissant seule dans la pièce.

Je m’allonge sur mon lit aux draps rêches et noue mes mains sous ma tête, le regard fermement fixé au plafond. Depuis la veille, les images de nos ébats à Sirius et moi, tournent inlassablement dans ma tête, torturant mon cœur et mon esprit. Je l’ai mordu, ce que je peux m’excuser, après tout il est mon Calice et il m’a donné son autorisation. Mais ce qu’il s’est passé ensuite, cette fièvre, cette passion . . . Cela n’aurait pas dû arriver.

A présent, je sais en quoi se mue le venin d’un vampire qui mord son Calice : un aphrodisiaque. Puissant et terrible, suffisamment pour faire perdre la tête à l’humain ainsi qu’au vampire. Je l’ai senti dans son sang après que je me sois nourrie de lui, j’ai goûté sur ma langue cette saveur piquante, acidulée et douce à la fois. Elle a aussi éveillée un profond désir en moi, plus puissant que tout ce que j’avais ressenti jusqu’ici, ce qui n’est pas peu dire.

Soupirant, je tourne dans le lit, m’installe sur le côté en position recroquevillée et ferme les yeux. Je n’arrive pas à m’enlever ces images de la tête. Je revois le visage de Sirius, ses traits emplies de plaisir et d’amour, son regard sombre, presque noir, ses mains avides de caresses, sa peau frissonnante. Je resserre mes jambes contre mon buste, me roulant en boule. Une larme coule silencieusement le long de ma joue. Je l’ai trahi. Il n’y a pas d’autres mots pour qualifier ce que j’ai fait.




O0o0O




Le matin suivant notre arrivée en France, je me réveille en même temps que Camille. J’ai passé une majeure partie de ma nuit à ruminer dans mon coin de la chambre, un livre anglais dans les mains que je parcourrais de temps à autres. Mais ce n’est qu’en ouvrant les yeux alors que Camille se glisse hors de ses draps que je comprends qu’il s’est passé quelque chose d’étrange pendant la nuit, d‘impossible. Je n’ai pas chassé. Je n’ai pas eu faim.

Je m’assieds dans le lit, passe une main dans mes cheveux emmêlés. Pourquoi n’ai-je pas faim ? Je n’ai rien bu depuis Sirius et je ne ressens aucune envie de chasser. Est-ce déjà cette accoutumance dont m’a parlé Lucinda ? Si vite ? Je soupire et frotte mes yeux encore lourds de sommeil. Je dois arrêter de penser à tout ça. Camille s’inquiète, et je pense que ses parents ne sont pas loin de se douter qu’il s’est passé quelque chose. Je dois me ressaisir. Après tout, nous sommes en vacances.

Je repousse les couvertures du lit et en sors à mon tour. Camille a déjà réquisitionné la douche et j’entends l’eau couler. J’attrape quelques vêtements légers dans ma valise et me dirige à mon tour vers la salle de bain pour me brosser les dents et attendre que Camille termine. Quand elle sort de la douche, je prends sa suite.

- Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? Demandé-je au moment où j’actionne l’eau chaude.

J’entends mon amie prendre sa brosse à dents.

- Mes parents ont décidés de visiter le coin, mais on n’est pas obligé de les suivre. Pour ma part, j’irai bien faire un tour sur le marché, faire ma curieuse. Qu’est-ce que tu en penses ?

Je comprends au son de sa voix qu’elle est persuadé que je vais décliner l’offre et rester me morfondre dans la chambre.

- Je suis d’accord. On part à quelle heure ?

Nulle réponse de la part de Camille, mais la cabine de douche s’ouvre brutalement. Je sursaute, surprise, et par réflexe masque ce que je peux de ma nudité.

- Non mais ça va pas ! Qu’est-ce qu’il te prend ? M’écrié-je.

Camille plisse des yeux sans se soucier de ma tenue inapproprié.

- Tas intérêt à m’expliquer ce qu’il se passe toi. Tu tires la tronche depuis que tu es revenue de chez Sirius, et maintenant tu es de nouveau normal. Parle !

Je fais les grands yeux, mais j’aurais dû m’y attendre.

- Est-ce que je peux au moins finir de me préparer avant de subir un interrogatoire ?

Camille plisse des yeux.

- Tu as cinq minutes, décide-t-elle, avant de refermer la porte de la cabine.

Je soupire en roulant des yeux et termine de me laver, avant de la rejoindre dans la chambre. Camille m’attend, assise sur l’un des fauteuils du coin salon où j’ai passé une grande partie de ma nuit. M’interrogeant sur le genre de choses que je peux lui confier, je m’installe face à elle. Elle a les bras croisés sous la poitrine, les sourcils froncés et le regard décidé. Je sais déjà que je vais passer un sale quart d’heure. Elle ne me lâchera pas tant que je ne lui aurais pas tout dit.

- Bien, je t’écoute, fais-je. Qu’est-ce que tu veux savoir ?

- Qu’est-ce qu’il s’est passé chez Sirius ? Demande-t-elle aussitôt.

On peut compter sur elle pour ne pas tourner autour du pot pendant quinze ans.

- Ce n’est pas vraiment le genre de choses que l’on raconte, tu sais, réponds-je. Tu ne veux pas juste te contenter de savoir qu’il s’est passé quelque chose, et que je suis une fille assez grande pour m’en sortir toute seule ?

Camille sourcille, décroise les bras et soupire d’un air las.

- Si j’étais sûre que tu ne t’es pas monté le bourrichon avec une histoire dont toi seule as le secret, je te laisserai faire. Mais le problème, c’est que tu es capable de t’accabler d’une chose que tu n’as pas faite. Alors raconte, que je puis-je juger si tu dois te flageller ou pas.

Je grimace, peu encline à lui raconter l’histoire dans son entier, mais elle a repris son air décidé. Alors, je lui confie tout, sans rentrer dans les détails évidemment. A la fin de mon récit, elle a au moins l’obligeance de ne rien dire sur le fait que Sirius et moi avons fait l’amour, ce dont je lui suis reconnaissante. Mais elle fronce des sourcils.

- Tu es bête ou tu le fais exprès ? Dit-elle.

Je me renfonce dans mon siège, vexée. Ayant été à Serdaigle, j’en déduis que j’ai un minimum d’intelligence. Ou au moins de curiosité, voire de soif d’apprendre. Alors, quand même. Je la laisse poursuivre son idée, sans répondre à la question rhétorique.

- Lucinda ne t’avait-elle pas prévenue que le venin allait muer quand tu mordrais ton Calice ? Alors pourquoi tu t’étonnes ? Tous les vampires secrètent un aphrodisiaque lors de la morsure apparemment, et ça me semble particulièrement logique puisque tu pénètres sa peau avec des dents. Il faut bien au moins un aphrodisiaque pour faire passer la douleur. De plus, sans vouloir te faire passer pour une débile profonde, tu es franchement la seule à ne pas avoir remarqué que même sans ça, Sirius était à deux doigts de te sauter dessus.

Je fronce des sourcils.

- Comment ça ?

Les yeux de Camille roulent dans leurs orbites.

- Tous nos amis l’ont vus, et Sirius en a même parlé à Peter : il y a longtemps qu’il avait envie de sauter cette étape, mais il se retenait de te faire des avances parce que tu semblais distante. J’imagine que vous avez réglé cette histoire d’ailleurs, puisque tu l’as mordu.

J’en reste coite. C’est quoi cette histoire ? Je n’ai jamais rien remarqué venant de la part de Sirius, j’ai toujours cru que ça venait de moi.

- Et tu crois que ça change quelque chose qu’il en ait eu envie ? Il reste le même problème, c’est arrivé à cause de l’aphrodisiaque.

A la tête que tire soudain Camille, je crois qu’elle pourrait se cogner le front contre la table rien qu’à cause de l’agacement que je lui procure.

- Tu es cas désespéré, lâche-t-elle dans un souffle. Ca ne change absolument rien, juste que ça a précipité les choses. Il en avait envie, tu en avais envie, c’est arrivé, point barre. Tu ne vas pas me dire que tu regrettes non plus ?

Je secoue véhément la tête. Si je m’ôte l’ide de la tête de l’avoir violé, c’était génial.

- Bien, alors on peut y aller maintenant, clame-t-elle en se levant de son fauteuil. Le marché ne va pas nous attendre toute la matinée.

Je me lève à mon tour et la suis hors de la chambre qu’elle ferme à clé derrière nous. Nous quittons ensuite l’enceinte du club de vacances sorcier pour nous retrouver dans la rue qui borde la plage de sable fin et à la mer bleue. J’en oublie aussitôt mes soucis avec Sirius et me précipite sur le parapet de pierre qui sépare la plage de la rue, prenant garde aux voitures, pour mieux regarder le paysage de roche rouge.

- C’est magnifique, dis-je à Camille qui me rejoint. Dommage que l’on ait pas d’appareil photo.

Camille sourit.

- Mon père en a un, mais il n’est pas très doué avec. Il a le chique pour tout le temps faire des photos floues. Allez, viens, on viendra voir le paysage plus tard. Il est déjà près de dix heures, le marché va être bondé.

J’acquiesce et je m’arrache à la vue pour suivre mon amie sur le trottoir. Dans la rue, nous croisons des gens essentiellement bronzés. Camille, et moi encore plus, faisons vraiment cachet d’aspirine à côté. Nous échangeons un sourire amusée quand nous constatons nos différences.

- Tu crois qu’ils sont tous aussi bronzés dans ce pays ? Demandé-je à Camille alors que nous bifurquons dans une rue, grâce à un plan que mon amie a déplié pour que nous ne nous perdions pas.

- Non, je ne pense pas. Ceux qui vivent près de la manche doivent être aussi blancs que nous, répond-t-elle en me faisant signe de tourner à gauche.

Rapidement, nous atteignons une grande place couvertes de stands aux toiles bariolées et de puissants camions. Nous entamons notre tour. Autour de nous, les discussions en français nous dépassent et nous nous mettons même à rire quand nous croisons un couple qui se crie dessus, sans que nous comprenions un seul mot. Nous prenons notre temps, nous arrêtant à tous les stands pour regarder ce qu’ils proposent, goûter les productions locales chez ceux qui le proposent et parfois même, repartir avec un morceau de fromage ou de saucisson, rien que pour la gourmandise . . . de Camille.

- C’est surtout un marché pour les habitants, fais-je au bout d’une demi-heure de marche. C’est pas vraiment fait pour les touristes.

- Je sais, fait Camille, le nez plongé dans un dépliant de l’office de tourisme. Mais ils proposent aussi des marchés nocturnes, voilà qui devrait t’intéresser non ?

J’acquiesce en souriant, balançant mes sachets de nourriture d’un geste joyeux. A côté de moi, Camille replie sa carte.

- Et si on rentrait ? Le temps que l’on retourne au club, il sera sans doute l’heure de déjeuner, et je commence à avoir faim.

J’accède à sa demande et nous faisons demi-tour, longeant le marché plutôt que de le traverser, ce qui nous aurait pris le double de temps. Dans les rues, on échange surtout sur l’architecture des habitats de la ville, les tuiles rouges, les murs blancs, très chaleureux. Ca nous change considérablement de notre Angleterre grise et terne. Soudain, alors que nous longeons de nouveau la plage de sable fin, Camille m’agrippe le bras et ouvre de grands yeux.

- Regarde ! M’intime-t-elle en donnant un coup de menton vers le trottoir d’en face, celui-là même que nous devons rejoindre pour pouvoir pénétrer dans le club de vacances.

Je suis la direction du regard et écarquille des yeux à mon tour, avant de faire un bon en arrière, emportant Camille avec moi toujours accrochée à mon bras. Surprise, elle lâche un petit cri qu’elle fait taire presque immédiatement, plaquant sa main sur sa bouche. Sur le trottoir d’en face, faisant le pied de grue devant l’entrée du club, Sirius regarde autour de lui, l’air plutôt énervé. Il est accompagné de James, qui semble tenter de le calmer.

- Tu lui avais dit qu’on venait ici, exactement ? me demande Camille à mi-voix.

- Absolument pas. Et toi, t’en a parlé à Peter ?

Camille ne répond pas, je la regarde. Elle grimace d’un air désolé. Je regarde de nouveau Sirius, de l’autre côté de la rue, et m’interroge sur la conduite à tenir. Ma tête me hurle de prendre mes jambes à mon cou et de ne revenir que quand le danger sera écarté, tandis que mon cœur m’intime plutôt d’aller le voir pour mettre les choses au clair. Sauf que, moi-même, je ne sais pas encore où j’en suis. Ma discussion avec Camille d’un peu plus tôt me trotte encore dans l’esprit, sans que je n’arrive à me convaincre de la croire. Je fronce des sourcils, inquiète. Sirius n’a vraiment pas l’air de bonne humeur et je me doute que j’en suis la cause. Il doit ruminer mon départ précipité depuis deux jours.

- Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Décide toi avant qu’il nous repère, me dit Camille.

J’hésite encore. Alors je ferme les yeux et j’essaie de visualiser ce qu’il pourrait se passer, et quelle est la meilleure décision. Si je m’en vais maintenant, il se pourrait que je fiche en l’air ma relation avec Sirius, tandis que si je lui explique mon ressenti - dans la mesure où je parvienne à le lui expliquer sans partir en courant - il comprendrait sans doute. Je rouvre les yeux. Vu comme cela, la décision est facile à prendre. Je fais donc un pas en avant, le cœur battant.

- Mandy ! Entends-je soudain hurler Camille d’une voix aiguë et paniquée.

Surprise, je perçois ensuite le bruit de pneus qui crissent, en même temps que les regards de Sirius et James qui se tournent vers moi. Comprenant rapidement qu’une voiture en sans doute en train de me foncer dessus à toute allure, je tente de m’échapper de sa trajectoire, mais je réagis trop tard : le pare-choc du véhicule blanc heurte violemment ma hanche et mon flanc. La force de l’impact m’envoie bouler deux mètres plus loin, la voiture finit de freiner et s’arrête à dix centimètres de mon corps. Légèrement sonnée, je secoue la tête et m’assois par terre. Le conducteur sort de sa voiture et se met à baragouiner en français d’un ton inquiet en s’agenouillant à côté de moi. D’un geste de la main, je lui fais comprendre qu’il y a eu plus de peur que de mal, au moment où Camille me rejoint, totalement paniquée. Je jette ensuite un œil au pare-choc de la voiture et en laisse tomber ma mâchoire d’hébétude. Camille et le conducteur font de même en constatant mon air.

- Oh Merlin, lâche mon amie d’une voix sourde. On va avoir du mal à expliquer ça.

Et pour cause, tout l’avant de la voiture blanche porte la marque de mon corps, le pare-choc enfoncé dans la tôle, les feus éclatés et le capot cabossé. La voiture a visiblement eu plus de mal que moi. Je suis tellement surprise que je ne sens même pas Sirius s’approcher, et ne constate sa présence à côté de moi que lorsqu’il pose une main tremblant sur mon épaule.

- Amandine, est-ce que ça va ? Demande-t-il à mi-voix.

J’hoche de la tête en me relevant.

- Je vais bien. Mais je crois qu’on devrait courir.

J’échange un regard avec Camille, qui a l’air d’accord avec moi. Le chauffeur de la voiture ne nous regardant pas, et les badauds qui se sont arrêtés étant plus accaparés par la voiture que par moi, je pique un sprint humain jusqu’à l’entrée du club de vacance, suivie de près par Camille, Sirius et James. Une fois tous les trois à l’intérieur, James s’exclame :

- Mais pourquoi on s’est tiré en courant ?

- Comment tu comptais expliquer à des moldus que Mandy n’ait pas une seule égratignure mais que tout l’avant de la voiture soit probablement à changer ? rétorque Camille.




O0o0O




Quelques minutes plus tard dans la chambre, le tee-shirt relevé jusque sous la poitrine, je laisse Camille, accroupie, ausculter mon flanc gauche sous les regards attentifs de James et Sirius. Hésitante, elle laisse une de ses mains voltiger près de mes côtes, indécise sur la conduite à tenir.

- Tu crois vraiment que je peux ? Demande-t-elle. Et si je te faisais plus de mal que de bien ?

Je roule des yeux en me retenant de soupirer.

- Tu as ma promesse que tout se passera bien. Maintenant, veux-tu bien me virer ce bout de verre de là, s’il te plait ?

Je baisse les yeux sur le dessus de la tête de Camille, la seule chose que je vois parfaitement. De ma peau dépasse un morceau de verre rouge d’environ deux centimètres de large sur cinq de long - du moins la partie visible puisqu’il est enfoncé dans ma chair. A un moment ou un autre lors de la collision avec la voiture, ce fichu morceau a dû voler et être expulsé du véhicule avec assez de force pour percer ma peau de vampire, ce qui est tout de même à retenir.

La main de Camille continue à planer près du morceau de verre, sans faire mine de s’en approcher plus que cela. Je commence à m’impatienter. Je me tourne donc vers les deux garçons, et plus particulièrement vers Sirius. D’un regard, je le supplie de prendre l’opération en main, car si je laisse Camille faire, je sens que le projectile sera encore là demain. Sirius intercepte aussitôt mon regard et fait un léger signe de tête pour acquiescer, non sans se départir du regard furieux qu’il arbore depuis notre rencontre dans la rue. Prudemment, il s’approche ensuite de mon amie et pose une main sur son épaule.

- Camille, je fais le faire d’accord ? Va avec James.

Mon amie, surprise, lève les yeux vers Sirius avant d’accepter, de se relever et de faire six pas en arrière pour se poster à côté de James. Sirius reste debout et pose sa main gauche sur mon épaule avant de planter son regard dans le mien, plus calme.

- A trois, me dit-il.

J’acquiesce et pince les lèvres.

- Un, compte-t-il. Deux.

Et d’un coup sec, arrache le morceau de verre de ma peau. Je lâche un cri de douleur, avant de réussir à clore mes lèvres et à souffrir en silence. Chancelante, je finis par me courber en avant, retenue par Sirius qui a passé un bras autour de ma taille pour me garder contre lui et m’empêcher de tomber. Progressivement, la douleur reflue et je risque un regard sur ma blessure. Celle-ci se referme lentement, mais tout de même à vue d’œil. J’en reste comme deux ronds de flan. La seule blessure que j’ai eu depuis ma transformation est la morsure de William, mais je ne l’avais pas vu se résorber comme celle-ci.

- Impressionnant, souffle Sirius, qui assiste lui aussi, médusé, au spectacle.

J’hoche de la tête, alors qu’il ne reste de ma plaie qu’une vilaine boursouflure rouge qui, je le sais, ne sera plus d’ici quelques minutes. Je m’arrache alors de la prise de Sirius, me remet droite et rabaisse mon tee-shirt. Je regarde ensuite Camille.

- Tu vois, je te l’avais dit que tout se passerait bien. Tu ne voudrais pas me faire un peu plus confiance ?

Camille fait la moue et m’envoie un regard sceptique en croisant les bras sous sa poitrine. Elle termine par un bref coup d’œil sur la silhouette de Sirius, ce que je comprends immédiatement. Je décide d’ignorer notre échange silencieux et fait face à James.

- Je suis étonnée de vous savoir là. Qu’est-ce que vous faite en France ?

- Nous sommes en vacances. On a trouvé une maison à louer à quelques kilomètres d’ici, à prix cassé puisque c’était une location de dernier moment. Peter et Remus sont là aussi, mais ils sont partie visiter un musée.

Je ne demande pas pourquoi eux sont ici plutôt qu’avec leurs amis : je devine que Sirius est là pour moi et pour avoir une explication sur ce qu’il s’est passé quelques jours plus tôt. Prenant mon courage à deux mains, je lance un regard à mon amie avec un sourire gêné. Un silence pesant s’est installé entre nous quatre, auquel je compte bien mettre fin.

- Camille, tu veux bien emmener James visiter le coin ? Il faut que je parle à Sirius.

- Bien sûr, répond aussitôt mon amie en entrainant James vers la porte. On vous laisse jusqu‘au déjeuner. Nous n’aurons qu’à nous retrouver à treize heures au restaurant du club.

J’hoche de la tête et ils quittent tous deux la pièce, refermant la porte derrière eux. Aussitôt, je fais face à Sirius. Il a repris son air renfrogné et a glissé ses mains dans les poches de son jean. L’attrapant par le bras, je le conduis vers le coin salon et l’assois dans un des fauteuils avant de prendre place dans son jumeau, en face. Mal à l‘aise, je pose mes bras sur les accoudoirs, fixant l’ancien Gryffondor.

- J’imagine que je vais avoir droit à une explication à ton comportement maintenant, dit-il.

J’opine, sans rien dire. Gênée, j’ignore par où commencer, ni comment. Après réflexion, je me sens bête d’avoir réagi de cette manière l’autre jour. Je baisse les yeux sur mes pieds. Je repense à tout ce que m’a dit Camille ce matin. Je ne regrette pas, et la présence de Sirius dans la chambre d’hôtel en ce moment pourrait prouver que c’est aussi son cas. Je relève les yeux brusquement, sentant les yeux du jeune homme sur moi. Je le prends par surprise, et le regard de douceur dont il me couve ne disparait pas assez vite pour laisser place de nouveau à l’agacement. Je me permets un discret sourire en coin amusé.

- Je suis désolée, commencé-je par dire. Je suis consciente de ne pas avoir réagit de la bonne manière.

Sirius fronce des sourcils.

- Je voudrais savoir ce qu’il t’est passé par la tête. Quel effet crois-tu que ça m’a fait de constater que la chambre était vide à mon retour du salon ?

Je pince les lèvres. J’imagine assez bien la blessure que je lui ai infligé, le doute et la colère. Je ne lui en voudrait même pas de me crier dessus et de m’injurier. Je pense le mériter.

- Je sais, ce que j’ai fais était cruel. Mais, je n’ai pas vraiment réfléchit aux conséquences sur le coup. J’ai juste . . . paniqué.

- Paniquer ? Répète-t-il, ne comprenant pas où je veux en venir. Mais de quoi est-ce que tu parles ?

J’évite son regard, gardant mes yeux fixés sur mes chaussures.

- J’ai pensé que . . . Que je t’avais forcé, avoué-je, le rouge prenant possession de mon visage. Que la morsure t’avait poussé à faire l’amour avec moi, que c’était une conséquence de l’aphrodisiaque.

Je n’ajoute rien de plus, pensant que je me couvre suffisamment de ridicule comme cela. J’ai tout de même le courage de jeter un œil sur Sirius, silencieux, pour voir sa réaction. Elle est assez parlante : il me regarde comme si j’étais la personne la plus stupide qu’il n’ait jamais rencontré - ce qui est peut-être le cas d’ailleurs.

- Merci, c’est bon, pas la peine de me regarder comme si tu venais subitement de découvrir que j’étais un véracrasse. Ca arrive à tout le monde de se planter un jour ou l’autre, bougonné-je en continuant d’éviter son regard.

Sirius soupire bruyamment, visiblement excédé.

- Je n’essaierai même pas de comprendre ce qu’il t’est passé par la tête pour penser que tu m’avais forcé. Et pourquoi est-ce que tu sembles avoir changé d’avis ?

- J’en ai parlé à Camille tout à l’heure, avoué-je. C’est elle qui m’a ouvert les yeux. Je pensais vraiment t’avoir . . . Enfin . . . Violé, comme qui dirait.

Il y a comme un instant de flottement entre nous, le temps que le terme « viol », et sa signification, atteigne le cerveau de Sirius. Puis, il ouvre de grands yeux effarés et . . . Éclate de rire. Peu discrètement. Je fronce des sourcils. Pourquoi cette hilarité soudaine ? Sirius se penche et soutient ses côtes, toujours écroulé de rire. De plus en plus vexée, je croise les bras sous ma poitrine et le fusille du regard, attendant patiemment qu’il finisse de se moquer de moi. Enfin, il se reprend, suffisamment pour parvenir à balbutier deux ou trois mots :

- Moi . . . Pas consentant ?

Puis, il repart. Je soupire d’agacement et me lève pour aller chercher un magazine. Comme il a l’air parti pour un long moment, autant que je m’occupe. A peine ai-je le temps d’ouvrir la revue, que Sirius se calme assez pour me parler correctement.

- Excuse-moi, je n’aurais pas dû rire comme ça. C’est juste que, tu n’imagines pas à quel point ce que tu viens de dire est absurde. Moi, ne pas avoir envie de toi ? Voilà qui prouve que tu es bien peu attentive à mes attentions envers ta personne.

Je fronce des sourcils, comprenant autant que lorsque Camille m’en parlé le matin-même. Je n’ai jamais rien vu de tel venant de la part de Sirius, est c’est la pure vérité. Je dois vraiment être aveugle pour avoir raté des choses qui semblent évidentes aux autres. Etranger à mes pensées, Sirius s’approche de moi, suffisamment pour me ramener à la réalité. Il se penche sur mon fauteuil, pose ses mains sur les accoudoirs et approche son visage du mien.

- Je te l’ai dit, Amandine ; je t’aime. Ne doute jamais du désir que j’éprouve pour toi. Je ne nie pas que la morsure a accéléré les choses, je n’avais certainement pas prévu de te sauter dessus de cette manière, mais tu aurais pu me repousser quand tu l’aurais voulu et je n’aurais pas opposé de résistance. C’est venu de nous deux, et je ne regrette en rien ce qu’il s’est passé. Je serais même prêt à recommencer au plus vite, ajoute-t-il avec un sourire coquin.

Amusée, je souris à mon tour, mais je reste gênée. Il poursuit :

- Par contre, si tu me fais le même coup, ou si une fois de plus tu manques de confiance en moi, je te ferais comprendre à quel point je peux être revanchard.

Surprise, je le regarde droit dans les yeux pour attester son sérieux. Et il l’est.

- Comment ça ? Osé-je demander dans un filet de voix.

Pour toute réponses, un sourire mutin apparaît sur ses lèvres et il m’attrape les bras pour me tirer hors du fauteuil et me serrer contre lui. Immédiatement, sa bouche trouve la mienne et il m’embrasse avec passion, comme si nous ne nous étions pas vus depuis plus d’un mois. Je réponds à son baiser avec autant d’empressement et passe mes bras autour de son cou, soulagée qu’il ne m’en veuille pas plus que cela. Il met ensuite fin à notre baiser, et vient chuchoter à mon oreille en réponse à ma question :

- Je te ferais crier, me confie-t-il, comme une promesse.

Choquée, je me raidis.

- De plaisir bien entendu, ajoute-t-il avec malice.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeJeu 23 Avr - 9:54

Chapitre 36 : L’Académie de Médicomagie




Allongée sur le lit simple qui est le mien, je laisse mon regard errer sur le plafond craquelé et terne. A côté de moi, Sirius laisse sa main jouer dans mes cheveux et tire sur mes boucles, fasciné par leur ressort. Les mèches reprennent leur place initial, sans difficultés. Sirius rigole, amusé, et continue son manège. Je bouge un peu, me rapproche de son corps. Je me glisse contre lui, et colle ma tête sur son torse nu, encerclant sa taille de mes bras.

- C’était mieux cette fois-ci, dit-il. Au moins, tu n’es pas partie.

Je grimace et cache mon visage rougissant dans sa poitrine.

- Tu n’étais pas obligé de me le rappeler, marmonné-je contre sa peau.

Sirius rigole légèrement, glisse sa main sur mon flanc pour venir le caresser.

- Bien sûr que si, juste pour avoir le plaisir de voir tes joues adopter cette jolie couleur rouge.

Je gronde, faussement contrariée, puis jette un œil sur la montre que Sirius porte au poignet.

- On devrait y aller, dis-je alors en m’asseyant dans le lit. Nous aurons tout juste le temps de rejoindre les autres.

Sirius grogne, mécontent, puis m’attire de nouveau contre lui.

- Reste comme ça, et profite un peu. Ils ne mourront pas si nous avons quelques minutes de retard.

- C’est l’anniversaire de Camille, lui rappelé-je. Je ne veux pas être en retard pour la fête d’anniversaire de ma meilleure amie.

Je me glisse hors de l’étreinte de Sirius avec agilité et rapidité, puis ramasse mes affaires tombées à terre, avant de rejoindre la salle de bain pour une douche rapide. Quelques minutes plus tard, je ressors de la salle de bain. Sirius est toujours allongé dans le lit, exhibant sa nudité. Gênée, je lui jette la serviette qui me servait à sécher mes cheveux, et elle retombe sur son bas-ventre. Surpris, il se redresse avant de me lancer un regard interrogateur.

- Va te laver, dis-je, et habille-toi. Si tu n’es pas prêt dans quinze minutes, je pars sans toi.

Sirius roule des yeux et finit par se lever, faisant tomber la serviette. Je regarde ailleurs, par pudeur. Sirius s’approche et dépose un baiser sur mon front.

- Tu es encore gênée de me voir nu après ce qu’on a fait ? Demande-t-il, amusé.

Pour toute réponse, je lui file une tape dans le dos, vexée qu’il s’amuse à mes dépends. Rigolant, il s’enferme ensuite dans la salle de bain, et je ne tarde pas à entendre l’eau de la douche s’écouler. En attendant qu’il soit prêt, je fais un brin de rangement dans la pièce, retapant le lit et ouvrant les fenêtres pour aérer la salle. Bien que nos amis se doutent certainement de ce que nous faisons de trois heure passé seuls dans cette pièce, nul besoin de le leur confirmer quand ils viendront finir la soirée dans notre chambre d’hôtel.

Par la fenêtre, le soleil non loin de l’horizon pare les environs d’une teinte rose orangée. Je ne me lasse pas du spectacle de la Côte d’Azur en soirée. J’inspire profondément, m’empare des senteurs de la verdure, de la mer, du soleil qui chauffe le bitume et, malheureusement, de la pollution. Les cigales chantent à tue-tête et je reste quelques minutes à les écouter, les yeux fermés. Je suis en vacance, je n’ai jamais été aussi proche de Sirius que maintenant et nos amis nous attendent pour fêter le dix-huitième anniversaire de Camille. Comment ne pourrais-je pas être heureuse ?

Je rouvre les yeux, souriant malgré moi, et mes pensées se tournent vers l’avenir. Pour moi, tout se dessine peu à peu. Sans parler de l’évidence de la présence de mon petit-ami dans ma vie future, j’ai l’intime conviction que mes études se passeront bien. Je n’ai jamais eu de réelles difficultés pour apprendre quoi que ce soit, et j’ai réussi à décrocher ma bourse. De plus, la proposition d’emménagement de Sirius qui trotte encore dans ma tête se voit peu à peu attribuer une réponse ferme et définitive. Je ne trouve plus aucune raison de refuser, et j’en ai envie. Il n’en a pas reparlé, mais je présume que c’est parce qu’il ne veut pas avoir l’air d’insister sur la chose.

Dans mon dos, la porte de la salle de bain s’ouvre. Sirius, les cheveux encore humides, et habillé d’un pantalon en toile et d’un-tee-shirt, en sort. Je m’arrache de la fenêtre et attrape le paquet cadeau qui attend sagement sur la table du salon, alors que Sirius vérifie sa tenue avec un dernier regard dans le petit miroir à côté des fauteuils.

- Tu ne t’es pas changé ? Me demande-t-il alors en détaillant la petite robe d’été blanche que je porte.

Je secoue la tête, bien que la réponse soit l’évidence même.

- Tant mieux, sourit-il, elle va me donner des idées toute la soirée.

- Mais tu ne t’arrêtes jamais, ma parole, râlé-je en roulant des yeux.

Sirius hausse des épaules et me suit lorsque je m’avance vers la porte d’entrée.

- Comment le pourrais-je alors que ma petite amie porte une telle robe. Elle donnerait des envies à n’importe qui.

Nous sortons et je verrouille derrière nous. Sirius fronce des sourcils.

- D’ailleurs, tu ferais peut-être mieux de passer quelque chose de plus soft. Il y aura qui à cet anniversaire ?

- Oh non mais je rêve là, dis-je en prenant la direction de la sortie du camp de vacance. Il n’y aura que nous six à l’anniversaire, personne d’autre. Qui voudrais-tu qu’il y ait d’ailleurs ?

Sirius, rassuré, retrouve le sourire et vient attraper ma main pour entrelacer nos doigts. Nous dépassons les portes du camp de vacance sorcier et nous retrouvons sur le trottoir moldu. Sirius part aussitôt vers la droite. La rue est calme à cette heure où la majorité des gens dînent, avant de se retrouver dehors entre amis pour boire un dernier verre. Alors que nous marchons en silence, je repense à la maison de Sirius, à l’envie que j’ai d’y vivre avec lui.

- Sirius ?

Interpellé, il se tourne vers moi, curieux.

- Ta proposition d’emménager tient toujours ?

Il hausse des sourcils, sans doute surpris de m’entendre aborder le sujet.

- Bien sûr que oui. Tu as pris ta décision ?

J’acquiesce en silence, jette un œil sur la mer calme, et dis :

- Tu vas devoir me faire une place dans tes placards, j’ai l’intention de m’installer dès que le pourrais.

Sirius s’arrête au milieu du trottoir, me forçant à faire de même puisqu’il me tient toujours a main. Je me tourne vers lui. Un grand sourire barre son visage.

- Ce n’est pas une décision sur laquelle tu reviendras, rassure-moi ? Demande-t-il.

Je secoue la tête.

- Je n’ai plus aucune raison de refuser puisque je me nourris déjà de toi et que nous sommes devenus plus intime. Plus rien ne me fait peur.

- Même pas la vie à deux ? Je ne te l’ai pas dit, mais je suis bordélique. Quand tu viens, c’est rangé, mais ce n’est pas toujours le cas.

Je rigole.

- Je m’habituerai à ton train de vie si tu t’habitues au mien. N’oublie pas que je ne dors pas et que je ne mange pas. De plus, mes études me prendront beaucoup de temps.

Sirius s’approche de moi et glisse une main sous mes cheveux pour la faire glisser sur ma nuque et me rapprocher de lui.

- Je n’ai rien contre. J’ai hâte même.

Il se penche vers moi et m’embrasse. Quand il se recule, je lui souris, rassurante. Je ne vois pas ce qui pourrait assombrir un avenir qui me semble plus radieux que jamais.




O0o0O




Autour de moi, les gens parlent, marchent, courent, s’interpellent, rient, attendent, lisent. C’est une immense fourmilière, où se côtoient étudiants et professeurs. Figée au milieu du parc, assaillie par toutes ces nouvelles odeurs, ces sons auxquels je dois m’habituer, ces détails étonnants de l’architecture de l’Université, j’attends patiemment l’arrivée de Remus. A notre retour de France, nous avons découverts que notre rentrée se faisait le même jour à la même heure, et dans la même salle. C’est, visiblement, une prérentrée, pour expliquer à tous les étudiants qui entrent en première année, comment se déroule la vie au sein de l’UMS.

Je lève la tête sur le ciel grisonnant qui menace de lâcher ses trombes d’eau sur nous. Je soupire, regrettant la chaleur et le soleil de la Côte d’Azur. Cela a été deux semaine merveilleuses, bien qu’elles n’aient pas débutés sur les chapeaux de roues. Mais la fin a été sublime, ponctuée de sorties avec les garçons, de visites avec la famille Blaid, et de soirées dansantes dans les discothèques du coin. Nous avons immortalisés sur photo bon nombre des paysages magnifiques de cette région de la France, et sur une grande majorité d’entre elles, James et Sirius font les pitres. Mais ça ne gâche rien.

Je suis arrachée à mes pensées lorsqu’une odeur habituelle s’approche de moi, au milieu de toute ces nouvelles senteurs. Ce n’est pas celle de Remus, que je reconnais très facilement au dégoût qu’elle fait monter en moi, mais une autre, que je n’ai pas senti depuis des semaines, et dont j’avais presque oublié le propriétaire. Je tourne sur moi-même pour tenter d’apercevoir l’étudiant en question et je ne tarde pas à tomber sur une silhouette me tournant le dos, habillée de noir. Je ne m’approche pas, me contentant de le regarder de loin. J’avais oublié que Severus Rogue faisait lui aussi sa rentrée à l’Université de Magie Supérieur cette année. Je m’interroge sur le département qu’il a choisi d’intégrer : je ne connais pas suffisamment sa personne pour deviner ce qui l’intéresserait.

Rogue, jusque là arrêté au milieu du parc, fait deux pas en avant et disparaît de ma vue. Au même moment, mon estomac se soulève et je me retourne pour voir Remus se diriger vers moi. Je remarque immédiatement son teint blafard, les nouvelles cicatrices sur son visage et l’air harassé. La dernière pleine lune date d’il y a à peine deux jours. Arrivé jusqu’à moi, le lycanthrope sourit et gratte sa joue d’un air gêné.

- Je suis désolé, je suis en retard. Ma mère ne voulait pas me laisser partir, à force de me faire des recommandations.

J’acquiesce d’un signe de tête.

- Ce n’est pas grave, le rassuré-je, je n’attends pas depuis longtemps.

Je sors ensuite de ma poche le plan de l’UMS que j’ai récupéré à l’accueil en arrivant. Nous devons trouver l’auditorium principal pour la réunion qui débute dans un quart d’heure. Tous les deux, nous scrutons le plan, jusqu’à ce que Remus pose le doigt sur une zone du parchemin, puis nous nous mettons en route. Lorsque nous parvenons à l’auditorium, il y a déjà foule. Les nouveaux étudiants se pressent entre les portes pour trouver les meilleures places. Remus et moi nous faufilons à leur suite, silencieux, et pénétrons dans l’immense salle. J’ai toujours pensé que je ne pourrais jamais voir une pièce plus grande et plus haute que la Grande Salle de Poudlard. Je me suis fourvoyée.

L’auditorium principal de l’UMS doit bien faire le double de la Grande Salle, si ce n’est le triple. Une immense estrade se trouve tout en bas, à des mètres de nous et de l’entrée, là où se pressent des adultes plus ou moins jeunes, et vêtus sobrement : nos professeurs. Puis, partant de cette estrade, des rangées de fauteuils moelleux remontent jusqu’à nous ; je devine alors que l’auditorium a été construit sous terre. Curieuse, je lève les yeux vers le plafond, incroyablement haut, et écarquille les yeux. Un immense dôme de verre nous sert de toit, éclairant la pièce de la lumière grisâtre créée par les nuages menaçants.

- Impressionnant, lâche Remus dans un murmure, à côté de moins au moment où le ciel se déchire et finit par déverser son eau sur nous.

Les gouttes de pluie frappent le verre avec un bruit cristallin. J’affermis mon ouïe pour profiter encore plus du son quasi mélodieux, tout en suivant Remus qui cherche des places où s’installer. Je lâche le plafond du regard et m’évertue à n’écraser les pieds de personne lorsque je me faufile entre deux rangées de sièges à la suite de mon ami. Nous parvenons, non sans difficultés et moult excuses, à rejoindre deux fauteuils de libres. Nous nous y écrasons, contents d’être enfin assis.

- Quel monde, dis-je. Je n’aurais jamais imaginé que l’UMS puissent accueillir autant d’étudiants. Ils ne viennent quand même pas tous de Poudlard ?

Je ne me suis que peu renseigné sur l’université, trop obnubilée par mon concours. Je le regrette un peu à présent. Fort heureusement, Remus semble l’avoir fait lui, au vue de la réponse qu’il me donne :

- L’université anglaise accueille aussi des étudiants étrangers, ce qui explique le nombre d’élèves. Et puis, ceux qui, comme James et Sirius, étudient en alternance viennent aussi prendre quelques cours ici.

Surprise, je me tourne vers lui, cessant de scruter les visages de nos futurs professeurs.

- Quoi ! M’exclamé-je. Mais Sirius n’a jamais mentionné ça.

Remus arque les sourcils d’étonnement.

- Vraiment ? Pourtant, c’est vrai. Malgré qu’il va suivre un Auror pendant sa formation, il aura aussi des cours théoriques à prendre à l’UMS. D’ailleurs, lui et James doivent nous rejoindre d‘ici peu ; c’est pour cela que j’ai gardé deux sièges de libre à côté.

Tout en parlant, il me désigne d’un geste de la main les deux fauteuils sans propriétaires à côté de lui. Je pince des lèvres. Et après, Sirius vient se plaindre que je fasse des cachotteries : il est plutôt mal placé pour critiquer je crois. Vexée, je me remets droite sur mon siège et croise les bras sous la poitrine, fixant mon regard sur l’estrade. Sirius va entendre parler du pays. A côté de moi, je sens pertinemment le regard surpris de Remus braqué sur ma personne, mais je l’ignore. Il comprendra bien assez vite, quand j’aurais fini de remonter les bretelles à son ami, notamment. D’ailleurs, à peine quelques minutes passent avant que James et Sirius ne finissent par nous rejoindre. Bruyamment, ils s’installent dans les fauteuils réservés par Remus, et nous saluent. Je prends la peine de ne répondre qu’à James, ce qui a le don de surprendre Sirius, si j’en juge par l’exclamation indigné qui précède ces mots :

- Et moi alors, j’ai même pas le droit à un bonjour ?

Je me tourne vers lui, mécontente, au moment où Remus tente de lui faire discrètement signe de se taire et de ne pas envenimer les choses. Malheureusement pour lui, je suis un vampire, et plus sensible que lui à tout ce qui bouge, y compris ses mains. Bras toujours croisés, je me penche légèrement sur Sirius et plisse les yeux.

- Tu aura le droit à un bonjour quand tu cesseras de m’accuser d’avoir des secrets alors que tu ne vaux pas mieux que moi.

Ma phrase a le mérite de lui couper la chique. Sirius ne trouve rien à répondre et est surpris de mon accusation. Je me remets droite dans mon siège, décroise les bas et les pose sur les accoudoirs du siège, attentive aux mouvements des professeurs sur l’estrade. La réunion est sur le point de commencer.

- Hey, attends, de quoi tu parles ? Fait Sirius en se penchant à son tour vers moi, et obligeant du coup Remus à s’enfoncer autant que possible dans son siège pour ne pas entrer en collision avec son ami.

- As-tu souvenir de m’avoir dit que tu assistais à la réunion de ce matin ? Ou de m’avoir prévenu que tu prendrais des cours à l’UMS ?

Sirius fronce des sourcils, réfléchit et finit pas faire une grimace gênée.

- C’est bien ce que je pensais, conclus-je au moment où la voix d’un homme, sans doute aussi vieux que le professeur Dumbledore lui-même, retentit dans l’auditorium.




O0o0O




A l’extérieur, le ciel s’est enfin dégagé. La grosse averse qui a duré plus d’une heure a finalement laissé place à un soleil radieux. Les étudiants, ravis par ce temps, s’éparpillent dans les jardins, seuls ou en groupes, et cherchent leur prochain lieu de réunion. Moi-même, je jette un œil sur ma feuille de convocation pour relire le numéro du bâtiment où je dois me rendre. A côté de moi, Remus, Sirius et James discutent, partagent leurs avis sur la réunion dont nous sortons. James étouffe un bâillement derrière sa main.

- Ennuyeux à mourir, déclare-t-il. J’aurais préféré commencé à suivre le brigadier Moore.

- Idem, fait Sirius. Bien que je ne sois pas sûr que l’auror Maugrey m’aurait fait beaucoup de cadeaux. Il m’a l’air assez sec cet homme-là.

- J’ai trouvé ça intéressant, moi, dit Remus. C’est important de connaître le fonctionnement de l’UMS. Mais j’avoue que comme vous n’y serez pas beaucoup, cela n’a pas dû vous sembler particulièrement important. Et toi, Mandy, tu as trouvé ça comment ?

Je me tourne vers Remus, froissant mon parchemin pour le glisser dans ma poche.

- Comme toi, intéressant. Mais à présent, j’ai hâte d’intégrer mon groupe d’études, j’aimerais rentrer dans le vif du sujet. Je dois y être dans vingt minutes, donc je vous abandonne ici. Remus, on déjeune toujours ensemble ?

Le loup-garou acquiesce, un sourire en coin amusé accroché aux lèvres. Il sait pertinemment qu’il sera le seul à manger et que je ne ferais que lui tenir compagnie.

- James, on se voit bientôt j’imagine. Sirius . . .

Je laisse son prénom planer dans l’air, sans prononcer d’autres mots. Je ne trouve même pas comment exprimer ce que je voudrais lui dire, alors je me contente de le regarder droit dans les yeux en faisant la grimace. Je me sens tout de même un peu puérile de lui en vouloir pour une information qu’il n’a sans doute pas jugé importante. En tant qu’étudiant à temps partiel, il n’aura que quelques heures de cours dans le mois, pas suffisantes pour être mentionnées. De plus, il m’est assez difficile de continuer à lui en vouloir, surtout quand il me regarde de cette façon, toutes les excuse du monde imprimées sur ses pupilles. J’abandonne les armes en soupirant.

- Je te rejoins chez toi après les cours, comme convenu. J’apporterai le dîner. Italien ?

Un grand sourire apparait sur le visage de Sirius, effaçant les dernières traces d’excuses et de gênes, et, bras tendus dans ma direction, il s’avance vers moi. Il m’enferme dans l’étau de ses bras et me pelotonne contre lui, comme si j’étais une vulgaire peluche.

- Italien, ce sera parfait. Je t’adore, tu sais.

Je grogne en réponse, peu atteinte par son petit manège de séducteur. Autour de nous, je vois les réactions des étudiantes, dont les attentions sont entièrement tournées vers mon petit-ami. Un sentiment de possessivité et de jalousie montant en mon cœur, j’enlace à mon tour la taille de Sirius et me serre contre lui, narguant les filles les plus proches du regard.

- Jalouse, lâche Sirius dans un souffle, pas le moins du monde dupé par ce qu’il se passe.

Je m’écarte de lui, lui souris, l’embrasse et fais un pas en arrière. Il est temps pour moi de m’en aller.

- A plus tard, dis-je aux trois garçons avec un signe de la main avant de me détourner.

J’arrive en quelques minutes à l’Académie de Médicomagie. Le département est représenté géographiquement par trois bâtiments en pierre blanche, formant un triangle équilatéral. Les murs sont percés à distance plus ou moins égales par de grandes fenêtres. A chaque angle du triangle, une arche ouverte donne sur le centre de l’ensemble, un jardin dans lequel je vois s’agiter déjà quelques personnes. J’y pénètre, curieuse, et lève les yeux vers l’intérieur du triangle, identique à l’extérieur, avant de constater un rassemblement d’étudiants au centre du jardin. Suivant le mouvement, je m’approche du groupe, encerclant une femme vêtue d’un blue jeans et d’une chemise blanche aux manches retroussées.

- Approchez, je vous en prie, nous allons bientôt commencer, nous invite-t-elle d’une voix suave. Je suis Anita Clark, votre professeur de médicomagie légale, c’est moi qui vais m’occuper de vous pour cette première journée.

Anita Clark est une grand femme au corps potelé, d’une quarantaine d’années environ. Elle possède une chevelure blonde, coupée dans la nuque en un carré droit et sa frange lui cache le front. Ses yeux marrons foncés font un contraste saisissant avec sa peau clair. Dans l’ensemble, une jolie femme, à l’air joviale et semblant toute aussi impatiente que moi de commencer cette journée.

- Vous êtes tous là ? Demande-t-elle au bout de quelques minutes en scannant le groupe. Il semble que oui. Pour ceux qui viennent d’arriver, je me présente de nouveau : je m’appelle Anita Clark, et je serais votre professeur de médicomagie légale pour les quatre ans à venir. Tout d’abord, même si le doyen O’donnell vient déjà de le faire, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à l’Université de Magie Supérieur, et plus particulièrement à l’Académie de Médicomagie. J’espère que vos études vous apporterons tout ce que vous êtes venus chercher, et plus encore. Maintenant, si vous voulez bien me suivre, nous allons entamer la suite des festivités.

Le professeur Clark nous tourne le dos et se met en route, traversant le jardin. Nous lui emboitons le pas, comme un seul homme, et je calque mon rythme sur celui des autres. En passant au milieu des plants, j’ai la surprise de constater que le jardin n’est pas là pour faire jolie, mais qu’il a un but : effectivement, ne sont cultivés ici que des plants botaniques. Je m’imagine déjà au dessus d’un chaudron, à confectionner baumes et potions de guérison. Mon cœur s’emballe à cette idée alléchante. Nous finissons par sortir du triangle de terre pour retrouver le chemin de gravillon qui longe les bâtiments, et le professeur Clark nous guide vers une double porte de bois ouverte, trouant l’un des côtés de l’ensemble de pierre. Nous pénétrons ensuite dans un petit couloir qui ne dessert qu’un escalier simple menant aux étages supérieurs. Nous y suivons le professeur Clark, en silence, avant qu’elle ne nous fasse pénétrer dans une pièce où elle nous prie de nous installer. Je m’assois à la première place que je trouve, vers le centre de la pièce, et laisse tomber mon sac sur la table. Autour de moi, les autres étudiants font de même alors que le professeur se met face à nous, debout derrière son pupitre.

Curieuse, je jette un œil autour de moi. Les murs de pierres sont tapissés de tableau de liège auxquels sont punaisés des parchemins de décrets ministériels. Des tableaux de guérisseurs célèbres ou d’hommes politiques ayant fait progresser la médicomagie côtoient les parchemins jaunis par le temps. Par les grandes fenêtres de la salle de classe, je vois l’université s’étendre à nos pieds. Les pièces donnent donc sur l’extérieur des bâtiments.

- Excuse-moi.

Interpellée par la voix qui s’adresse visiblement à moi, je laisse de côté la fenêtre et tourne la tête sur ma droite. Une jeune fille de mon âge, blonde aux yeux verts, m’adresse un sourire timide, penchée sur son sac et dans ma direction.

- Est-ce que tu aurais une plume à me prêter s‘il te plait ? Il semblerait que j’ai perdu la mienne.

J’acquiesce d’un signe de tête, plonge la main dans mon sac et en ressort la première plume que je trouve, un peu ébouriffée. Je la tends ensuite à ma voisine qui s’en empare avec un sourire soulagé.

- Merci beaucoup. Je te la rends dès qu’on sort.

J’acquiesce de nouveau, puis me tourne vers le professeur qui continue à parler. Sur le tableau, une craie ensorcelée écrit seule les horaires de nos prochains cours. Je replonge donc dans mon sac pour prendre de quoi noter, puis m’applique à recopier ce dont j’ai besoin. Le reste de la matinée se passe de cette manière, et sans grand intérêt, malheureusement. Enfin, à onze heure passé, le professeur Clark se décide à nous faire visiter l’Académie de Médicomagie, et c’est en soupirant de soulagement qu’une bonne partie des étudiants se lève. Comme les autres, je fourre mes affaires dans mon sac en quatrième vitesse et quitte ma table pour rejoindre la file qui sort de la pièce et suit la femme dans le couloir. Presque immédiatement après avoir dépassé la porte, une main tapote mon épaule. Je me retourne, la blonde, tout sourire, me tend ma plume.

- Encore merci, dit-elle alors que je la récupère. Je pensais vraiment en avoir pris une, mais ce n’était visiblement pas le cas.

J’opine, tout en gardant la plus grande partie de mon intérêt sur le professeur Clark qui nous désigne quelques pièces et nous explique ce que l’on nous y enseignera, ainsi que les noms des autres professeurs et des quelques intervenants de Sainte Mangouste. La blonde marche silencieusement à côté de moi, semblant ne plus vouloir me quitter. Intriguée, je la détaille du coin de l’œil. Elle est un peu plus grande que moi, et si fine qu’on croirait pouvoir la briser facilement, un peu comme moi. Avant ma transformation, bien entendu. Ses cheveux blonds lui descendent jusqu’aux reins, raides et brillants, et elle penche la tête sur le côté, comme pour montrer son intérêt au professeur. En somme, un joli brin de fille.

Retournant aux paroles de la femme, je repense à une discussion que j’ai eu quelques jours plus tôt avec Camille. Cette dernière ayant l’intention de reprendre la boutique de son père, elle n’étudiera pas à l’UMS et nous serons donc séparées pour la première fois depuis notre rencontre. Ma solitude lui ayant fait craindre de passer la fin de ma scolarité mise totalement à l‘écart, elle m’a quasiment supplié de laisser les autres venir à moi, voire de faire un pas avec eux. Souriante, je repense au regard larmoyant qu’elle m’a lancé à ce moment-là, tout en jetant un autre regard à la blonde à côté de moi.

- Je m’appelle Amandine Dawn, dis-je alors, prenant les devants comme souhaite me voir faire tous mes amis. J’ai étudié à Poudlard, mais je n’ai pas souvenirs de t’y avoir vu. Tu viens d’où ?

- Je viens d’Australie, je suis arrivée il y a quelques jours. Et je m’appelle Chelsea Lann.

Je sers la main qu’elle me tend.

- Australie ? Tu n’as pas d’accent pourtant, m’étonné-je, alors que nous montons au second étage.

- C’est vrai, c’est parce que mon père est anglais et que nous venons régulièrement en Angleterre pour les vacances. Du coup, je ne me sens pas trop dépaysée. Tu dis que tu as étudié à Poudlard ? J’aurais aimé aller là-bas, mais ma mère a refusé de me voir quitter le pays pour neuf mois, alors j’ai fait ma scolarité sur place. C’est vrai tout ce qu’on dit sur Poudlard ?

Je souris, amusée par son tempérament apparemment tout feu tout flamme, et par sa question. J’en ignore presque les explications du professeur Clark qui nous raconte que nous partagerons les locaux avec le département de Potions avancées qui n’a pas de bâtiments officiels, et dont les élèves nous aident à concocter nos mixtures d’après elle.

- Je ne sais pas, réponds-je à Lann, j’ignore ce qu’on dit sur Poudlard en dehors du pays.

- On dit qu’il y a des fantômes.

- C’est vrai.

- Et qu’il est truffé de passages secrets et de salles invisibles.

Je souris, repensant aux quatre farceurs parcourant librement les couloirs sous leur cape d’invisibilité ou sous leur forme animagus.

- C’est vrai aussi, et je ne crois pas qu’un seul élève ait déjà réussi une seule fois à tous les découvrir. Mais ce n’est pas faute d’avoir essayer.

Lann ouvre de grands yeux émerveillés. Elle me fait penser à une enfant, et je me sens attirée par cette frimousse attendrissante.

- Incroyable, lâche-t-elle dans un souffle. Quel dommage que maman ne m’ait pas laissé y aller !

A la manière dont elle prononce cette dernière phrase, je devine que son envie était grande de venir étudier en Angleterre, tout autant que sa déception lors du refus maternel. Je souris, amusée, et reporte mon attention sur le professeur Clark, ne trouvant rien à répliquer à Lann. Nous nous sommes arrêtés au milieu d’un couloir, et entre les nombreuses têtes me bouchant la vue, j’arrive à apercevoir ce qu’il se passe : nous croisons un autre groupe d’étudiants. Grâce aux explications du professeur Clark, je comprends que nous venons de rencontrer la promotion de Potions avancées. Sur des salutation timides, nous finissons par nous croiser et nous dépasser. A côté de moi, Lann scrute les élèves, puis elle me pousse du coude et chuchote :

- Hey, regarde Amandine, il a l’air bizarre lui, non ? Je n’aimerais pas me retrouver tard dans une ruelle sombre avec ce type en face de moi.

Je suis la direction de son regard, curieuse de savoir de qui elle parle, et croise un profil fin et sombre, que j’aurais reconnu n’importe où, et même les paupières baissées Je grimace, alors que nous le croisons, et il lève les yeux sur nous. Nos regards se croisent un bref instant, avant que je ne détourne le mien. Lann frissonne.

- Je le connais, fais-je quand nous sommes loin d’eux. Je te conseille de ne pas trop l’approcher, il est peu sociale et plutôt du genre cassant.

- Comment il s’appelle ? Me demande-t-elle quand même, curieusement intéressée.

- Severus Rogue. Et je réitère mon conseil : reste loin de lui. Il n’apporte jamais rien de bon à ceux qui l’entourent.

Elle acquiesce silencieusement, comme plongée dans ses pensées. Je préfère la faire revenir sur terre et lui éviter de trop penser à cet abruti de Serpentard, alors je dis :

- Au fait, tu peux m’appeler Mandy, je préfère.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeVen 24 Avr - 12:33

Chapitre 37 : Vie à deux




La sonnerie retentit dans le silence de l’immense salle de classe, interrompant les réflexions des étudiants présents. A l’instar des autres, je repose ma plume sur ma table et m’étire, alors que le professeur Clark s’adresse à nous.

- Pour la prochaine fois, je voudrais que vous trouviez des lois ou des décrets ayant changer durablement l’univers de la médicomagie. Nous confronterons vos trouvailles. A la semaine prochaine.

Le professeur Clark range ses affaires et sort la première. Je glisse mes parchemins et ma plume dans mon sac et me tourne vers Chelsea qui traîne un peu, comme à son habitude. Près d’un mois s’est passé depuis la rentrée où j’ai rencontré la jeune femme, et depuis nous sommes restés en contact, passant notre temps libre au campus ensemble. Chelsea se lève, étouffe un bâillement derrière sa main et dit :

- Je n’ai plus qu’à aller me terrer à la bibliothèque universitaire pour ce devoir. Je n’ai absolument aucune idée en ce qui le concerne.

Je m’avance à son niveau et nous sortons de la pièce ensemble. Passées la porte, je farfouille dans mon sac, à la recherche d’un livre dont je sais qu’il est présent dans mon foutoir rapetissé. Après quelques secondes à en remuer le contenu, j’en ressors un bouquin épais comme ma main que je tends un Chelsea.

- Tu auras tout ce qu’il te faut dans là-dedans, fais-je alors qu’elle attrape en qu’elle en lit silencieusement le titre.

- Lois et autre barbaries, importantes ou non, de la politique anglaise du XVème au XIXème siècle. Tu te trimballes souvent avec des choses pareilles sur toi ? S’étonne-t-elle en brandissant l’ouvrage.

J’hausse des épaules d’un mouvement désinvolte.

- J’aime bien avoir du choix de lecture sur moi, mais celui-là je l’ai déjà terminé, j’ai juste oublié de l’ôter du sac. Tu peux le garder, j’ai une bonne mémoire, je vais pouvoir me débrouiller sans ce week-end.

Chelsea sourcille sans rien ajouter, et glisse le livre dans son propre sac qui double soudainement de volume. Nous attrapons l’escalier et descendons au rez-de-chaussée, puis passons dans le jardin botanique où quelques élèves de Potions avancées terminent leur travail du jour. Nous les contournons et sortons du département de Médicomagie pour nous retrouver dans le parc principal de l’UMS. A quinze heures, il est bondé d’étudiants et de professeurs qui courent vers leur prochain cours, ou qui flânent en attendant la fin de la journée. Avec Chelsea, nous avons pris l’habitude de nous installer sur l’un des nombreux bancs du parc pendant une ou heure ou deux, histoire de commencer nos devoirs ensemble, mais aujourd’hui je ne peux pas.

- Ça tient toujours pour demain ? Lui demandé-je en remontant sur mon épaule mon sac qui glisse.

- Bien sûr, répond-t-elle. Dix heures, c’est ça ? Tu dois avoir hâte.

J’acquiesce en souriant alors que nous traversons le parc en direction de la sortie de l’UMS.

- Rendez-vous à l’adresse que je t’ai donné. Je t’attendrai dans la boutique.

Nous nous arrêtons devant les grilles de l’université qui se referment sur nous, le temps de se faire la bise et de se souhaiter une bonne soirée. Puis, nos chemins se séparent. Je traverse Londres jusqu’à rejoindre l’enseigne du Chaudron baveur, dont je pousse le porte d’entrée. Le pub est presque vide. Tom, le barman, me salut, peu étonné à présent de me voir passer par chez lui tous les jours, malgré mon permis de transplanage. Le problème, c’est que je ne suis guère à l’aise avec cette manière de se déplacer et que je préfère largement utiliser mes jambes, ce qui a d’ailleurs le don d’exaspérer Camille. Et comme sa réaction m’amuse toujours, cela seul suffit à me convaincre de continuer comme je le fais.

Rapidement, j’arrive à la sortie du Chaudron baveur et, d’un geste de la baguette, j’ouvre le mur de pierre. Comme le pub, le Chemin de Traverse est particulièrement vide. Il n’est malheureusement pas difficile de deviner à cause de qui. Dernièrement, les attaques de Vous-Savez-Qui se sont faites plus nombreuses, notamment chez les moldus, ce qui a le don d’inquiéter la famille Blaid. Soupirant à mes pensées, je pousse la porte de la boutique de glaces et de pâtisseries. C’est Camille qui tient le magasin aujourd’hui, seule.

- Bonjour Mandy, m’accueille-t-elle chaleureusement, puisque nous ne nous sommes pas vues de la journée.

- Bonjour Cam’, réponds-je en retour. Tu as eu du monde ?

Mon amie grimace. Comme je le pensais, aux non plus ne font pas recette ce mois-ci. Je m’approche du comptoir, laisse tomber mon sac à terre et m’accoude au plan de travail, le visage dans les mains. En face de moi, Camille a adopté la même position.

- J’espère tout de même que ça va aller en s’améliorant. Tu sais si c’est pareil là où travaille Peter ?

Camille opine de la tête.

- Eux non plus ne voient pas passer beaucoup de clients. Pourtant, le Chemin est protégé, grâce au père de Betty notamment, mais que veux-tu ? Les gens ont peur.

J’acquiesce, comprenant. Moi-même, tout en sachant que les rues d’ici sont sécurisées, j’appréhende toujours un peu de partir le matin. Je ne sais jamais ce que je vais trouver - ou pas - en revenant. La famille Blaid est la seule que je puisse considérer comme telle, alors je tiens énormément à chacun d’entre eux.

- Tu veux manger quelque chose ? Me demande subitement Camille. On vient de recevoir les nouveaux parfums de Bertie Crochue.

J’hausse un sourcil, surprise.

- De quoi tu parles ? Tu sais très bien que je ne mange pas.

Avec un sourire, elle pose une dragée rouge sang devant moi.

- Je ne comprends toujours pas, dis-je en la regardant comme si elle était demeurée.

- Goûte, et dis-moi ce que tu en penses. C’est pour une petite expérience.

Dubitative, j’attrape tout de même la dragée et croque un morceau. Je mâche doucement et le parfum se révèle. Je fronce des sourcils. C’est du sang. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est bon, mais ça se laisse manger. Est-ce parce que c’est une espèce de sang synthétique, ou parce que je ne suis pas encore entièrement sevrée de sang autre que celui de Sirius ?

- D’accord, très drôle. Et autrement, c’est précisé de quel animal il provient ce goût de sang ? Je ne le reconnais pas, dis-je en gobant le reste de la dragée.

- Oui, le sachet de l’échantillon dit que c’est du sang de gobelin.

Je recrache aussi sec la dragée que je mâche, dégoûtée. Camille s’en tient les côtes de rire.

- Haha, singé-je, de mauvaise humeur. Vraiment très drôle, absolument hilarant. J’aime te faire rire à mes dépends.

Pas le moins du monde compatissante, Camille se remet droite en essuyant une larme imaginaire au coin de son œil droit.

- Excuse-moi, mais avec les journées que je passe ici, j’ai bien besoin de décompresser. Et puis, tu aurais vu ta tête !

Et la voilà qui repart dans un fou rire. Vexée, je la laisse s’esclaffer tout à son aise, m’empare de mon sac et prend les escaliers pour me rendre à l’étage. Qu’elle s’étouffe avec ses dragées. Je pousse la porte de l’appartement, ôte mes chaussures dans le couloir, les cale dans un coin, et passe la tête dans l’embrasure de la porte de la cuisine. Patrick est en train de préparer quelque chose.

- Qu’est-ce que vous faites ? Demandé-je, curieuse, en pénétrant dans la pièce.

- Quelques cookies pour demain, je me suis dit que ça ravirait les travailleurs.

Je souris, touchée par l’intention.

- C’est très gentil à vous, merci. Et je suis sûre qu’ils auront du succès avec les engins qu’il va y avoir.

Patrick, amusé, me rend mon sourire.

- Tu as fini tes cartons ? Me demande-t-il.

- Pas encore, il me reste juste le minimum à emballer. Je ferais ça demain matin. Je peux peut-être aider en attendant ? Le dîner est prêt ?

D’un coup de spatule, il désigne les légumes attendant sagement sur un coin d’un meuble de cuisine.

- Si tu pouvais éplucher ce qu’il y a là, tu m’avancerais beaucoup.

- Pas de soucis, dis-je en posant mon sac dans le premier recoin que je trouve. Je peux au moins faire ça pour mon dernier soir.




O0o0O




Un carton dans les bras, je pousse la porte d’entrée avec les fesses et pose l’objet encombrant près du canapé. Dans le salon, Remus et Peter se chargent de ranger mes livres dans la bibliothèque nouvellement installée que j’ai acheté la semaine dernière ; et dans la cuisine, je vois Chelsea s’occuper du repas. Je grimace de dégoût aux odeurs de nourriture, au moment où la porte d’entrée s’ouvre de nouveau pour laisser passer Sirius, les bras chargées de deux cartons qui semblent particulièrement lourds. Amusée et souriante, je m’avance pour le décharger un peu et ,ensemble, nous posons le tout près de Remus et Peter.

- Mais tu as combien de livres au juste ? Grogne Sirius en se massant les reins. J’ai bien dû en porter quinze kilos depuis ce matin.

Je me penche pour ouvrir les cartons, toujours souriante.

- Un certain nombre, réponds-je. Tu sais bien que j’adore lire.

Sirius hausse les sourcils en soupirant puis se dirige vers la porte.

- Bon allez, je vais chercher la dernière fournée. Et je crois bien que ce sont encore des bouquins.

- Encore est un mot de reproche ! Lui crié-je alors qu’il referme la porte derrière lui.

Remus, Peter et Chelsea éclatent de rire. Je les regarde chacun à tour de rôle.

- Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? Demandé-je.

- Vous agissez déjà comme un vieux couple, répondit Peter. Et vous ne vivez même pas encore ensemble. Ça promet pour la suite.

Pour toutes réponses, je lui balance un petit livre qu’il évite en rigolant. Ignorant ensuite les rires de mes amis, je commence à vider les cartons et remarque que celui que j’ai déposé un peu plus tôt contient des vêtements. Je décide alors de le déposer dans la chambre. Là, je vois Camille qui a déjà commencé à ranger mes habits.

- Ah tu es là, m’étonné-je. Je croyais que tu étais toujours avec Lily.

Camille secoue la tête en accrochant une de mes vestes sur un cintre.

- Elle devait rejoindre James, ils déjeunent ensemble. D’ailleurs . . .

Elle laisse sa phrase en suspens, me jette un coup d’œil en souriant.

- Tu es au courant ? Poursuit-elle. Sirius te l’a dit ?

- S’il me l’a dit ! M’exclamé-je en rangeant quelques tee-shirts. Je t’en prie, il ne parle que de ça depuis deux jours. J’ai presque l’impression que c’est lui qui va demander Lily en mariage.

Camille éclate de rire alors que je lève les yeux au ciel, exaspérée. Je suis contente pour Lily et James, surtout si cette dernière accepte - ce dont je ne doute pas - mais je ne peux m’empêcher de penser que c’est un peu trop tôt. Ils sont ensemble depuis moins d’un an, la décision de James me parait précipitée. J’ai parlé de tout cela avec Sirius pour avoir son avis, mais il semble convaincu que son ami fait bien. Après tout, comme il l’a dit, la guerre gronde et on ne sait pas de quoi demain sera fait. On peut perdre ceux qu’on aime à touts moments. Certes, mais . . . Je repose le jean dans le carton, plongée profondément dans mes pensées. En dehors de cela, je suis heureuse pour mes amis. Ils sont bien ensembles, ont eux aussi décidés d’emménager bientôt à deux, poursuivent leurs études, font des projets d’avenir. Tout semble leur sourire. Le mariage est sans doute la suite logique.

- Amandine ?

Interpellée, je sors de mes pensées et me tourne vers la porte. Sirius se trouve dans l’embrasure, épaulé au chambranle et les bras croisés.

- Tu viens ? Chelsea a finit de préparer les sandwichs.

Je secoue la tête, peu encline à jouer les humaines.

- Dis que je n’ai pas faim. Je vais continuer à ranger les affaires.

Sirius avance d’un pas dans la pièce, l’air inquiet.

- Ca ne va pas ? Tu me sembles bizarre.

- Je vais bien, le rassuré-je en souriant, un pull entre les mains.

Puis, constatant que Camille à quitter les pièce sans que je ne m’en aperçoive, je fronce des sourcils.

- Tiens, marmonné-je, je n’avais pas remarqué que Camille était partie.

Rigolant, Sirius vient me prendre dans ses bras, m’obligeant à laisser retomber le pull dans le carton.

- Et après tu dis que tu n’es pas bizarre. Allez, viens avec moi au moins, Lily et James ne vont sans doute pas tarder.

J’acquiesce et le suis hors de la chambre. Peter, Camille, Remus et Chelsea sont déjà en train de mordre dans leurs sandwichs à belles dents, assis par terre dans le salon. Nous les rejoignons et nous glissons entre Remus et Peter. Sirius attrape de suite un sandwich et mord dedans avec enthousiasme. A côté de moi, la discussion tourne principalement autour de Chelsea, que mes amis rencontrent pour la première fois. Ils s’intéressent à elle, à sa vie, à l’Australie. Il se passe facilement une heure avant que la sonnette de la porte ne retentisse et interrompe ma camarade de cours dans son récit d’une aventure épique avec un kangourou chapardeur. Sirius se lève aussitôt et va ouvrir la porte. A peine le battant poussé, James déboule dans le salon, le regard halluciné, et se précipité dans la cuisine, ouvre les placards et se serre un verre de Whisky-Pur-Feu qu’il avale cul sec. Surprise, je me tourne vers Lily qui est elle aussi entrée, mais plus modérément, et se penche pour me faire la bise.

- Qu’est-ce qu’il lui prend ? Demandé-je.

Lily affiche un sourire énigmatique avant d’aller saluer Remus, puis me dit, tout en claquant une bise sur la joue du lycanthrope :

- Je crois que le stress a été trop intense.

Curieuse, je me lève et rejoins Sirius qui s’approche de James. D’un geste expert, il retire le verre des mains de son ami ainsi que la bouteille, alors qu’il allait s’en servir un second.

- Qu’est-ce qu’elle a répondu ? Demande d’emblée Sirius.

Soupirant, James laisse son ami lui retirer son verre de whisky, puis baragouine dans sa barbe inexistante, sans que nous comprenions un traitre mot. Je le fais répéter, en lui priant d’articuler cette fois-ci. Entretemps dans le salon, des cris de joies fusent de toutes parts.

- Elle a dit oui, lâche finalement James en se laissant tomber d’un air las sur le premier tabouret à portée de main.

Sirius, ravi, le félicite en lui filant une grande claque virile dans le dos. Pour ma part, je lui fais un sourire mitigé qu’il ne semble pas remarquer, tout à son bonheur et son ébahissement. Je lui tourne le dos et regarde mes amis enlacer Lily à tour de rôle, y compris Chelsea, pour la féliciter. Pour ma part, je ne peux m’empêcher d’être sceptique. Du coup, je ne suis pas aussi heureuse pour eux que je ne devrais l’être. Cette idée me file le cafard. Puis, je me fais la moral à moi-même. Mes amis sont heureux, et un mariage est une célébration. Je dois arrêter de me faire du souci. Souriant avec plus de sincérité, je m’avance à mon tour vers Lily pour la féliciter.




O0o0O




Je papillonne des yeux, éveillée par la lumière du jour qui traverse les rideaux fins de la chambre, et étirent mes membres en gémissant de bien-être. A côté de moi, Sirius s’agite dans le lit à son tour. Lui ayant tourné le dos durant la nuit, je me tourne pour le regarder s’éveiller à son tour. Cela peut paraitre étrange, mais c’est une habitude que j’ai pris, en dehors de celle de le regarder dormir au beau milieu de la nuit. L’épier de cette manière me permet de faire passer le temps où il me manque. Je passe mes mains sous l’oreiller pour surélever ma tête au moment où Sirius soupire et que ses yeux tentent de s’ouvrir. Amusée, je souris face à ce spectacle.

- Bonjour, fait Sirius, une fois à peu près correctement réveillé.

- Salut, réponds-je. Bien dormi ?

Il acquiesce avant de se tourner vers moi et de m’attirer contre son torse. Il dépose un léger baiser sur mon front et colle sa joue sur le haut de mon crâne.

- C’est rare que tu sois dans le lit quand je me réveille. Comment ça se fait ?

- J’ai passé une bonne partie de la nuit à plancher sur mes partiels, dis-je, l’estomac et la gorge tiraillée par une soif habituelle.

Je me tortille un peu, pousse Sirius sur le dos et m’installe à califourchon sur ses hanches. Par habitude, il pose ses mains sur ma taille. Je me penche légèrement sur lui, m’approchant de son oreille, et chuchote :

- J’ai faim.

Sirius émet un gémissement de plaisir anticipé et raffermit sa prise sur ma peau à travers le tissus de mon short de pyjama.

- Je t’en prie, sers-toi, répond-t-il quand je me redresse pour voir son sourire coquin.

Je lui souris à mon tour. Nous avons tous les deux compris que m’abreuver de son sang nous donne envie de faire l’amour. Toujours. Heureusement, je n’ai soif que trois ou quatre fois par semaine. Le sang de Calice me comble suffisamment pour que je n’ai pas besoin de lui sauter dessus tous les soirs. Même si nous n’avons pas forcément besoin de l’aphrodisiaque que secrètent mes crocs pour jouer sous la couette. Toute à mes pensées, je me penche de nouveau sur Sirius et plonge dans son cou, où je vois palpiter sa veine. Mes dents transpercent aussitôt la faible membrane et le sang s’écoule dans ma bouche. Je retire les crocs et sucent goulument, laissant en même temps l’envie puissante de m’offrir à lui se répandre dans mon être tout entier. Sous mes doigts, je sens la chaleur du corps de Sirius augmenter en même temps que la mienne. Je ressers ma prise sur ses épaules, par anticipation. Puis, je cesse de boire et passe un coup de langue sur la plaie pour accélérer la guérison. Sirius me renverse aussitôt sur le dos et s’empare de ma bouche avec avidité.

Près de deux heures plus tard, je sors de la salle de bain, essuyant mes cheveux avec une serviette, et rejoins Sirius qui termine son petit-déjeuner, installé au comptoir qui sépare le salon de la cuisine. De ce que j’en vois, il a englouti une brioche de quatre cent grammes et la moitié d’un pot de confiture à la fraise à lui tout seul. Je sais bien qu’il a très faim après que je me sois nourris de lui, mais quand même, il faudrait penser à ne pas abuser.

- Sirius, dis-je en tapotant le sachet de brioche vide d’un air courroucé, on n’avait pas dit qu’on la gardait pour tout à l’heure ?

Ce dernier hausse des épaules en m’adressant son petit sourire en coin, avec lequel il croit encore pouvoir m’attendrir.

- J’avais vraiment faim, fait-il. J’ai pris la première chose que j’ai vu.

- Très bien. Et on sert quoi à James cet après-midi ?

Sirius, surpris, ouvre de grands yeux. Je laisse tomber ma serviette humide sur la table, agacée.

- Ne me dis pas que tu as oublié ?

A la façon dont il réagit, c’est le cas. Je soupire et secoue la tête.

- Tu passes l’après-midi avec James, pendant que je vais aider Lily à choisir sa robe de mariée. Comment t’as pu oublié que ton meilleur ami venait ?

Sirius fronce des sourcils, tout en débarrassant sa table.

- Je pensais que c’était la semaine prochaine. D’ailleurs, James aussi, je crois, il n’en a pas fait mention quand je l’ai croisé au Ministère hier.

Je roule des yeux, exaspérée. Ces deux là ne sont pas amis pour rien, et il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Mais pour James, je sais que Lily aura tôt fait de lui rappeler son rendez-vous, et sans doute pas de la manière la plus douce qu‘il soit.

- Pourquoi tu souris ? Me demande Sirius, une fois ses couverts rincés, en me regardant.

Je n’ai même pas eu conscience d’avoir souri, alors sa question me prend brièvement au dépourvu.

- Je pensais seulement à l’accueil que recevra James quand Lily s’apercevra que lui aussi à oublié qu’il venait ici aujourd’hui pour que vous alliez voir les costumes. Dois-je te rappeler que la mariage aura lieu dans trois mois ?

- Pas besoin, je m’en souviens. Et une grande majorité des préparatifs sont bouclés, as-tu oublié ? Vous les filles, vous stressez toujours pour rien.

Je laisse passer la remarque sans y faire particulièrement attention et fais deux pas en direction de la salle de bain. Sirius me rattrape rapidement et passe ses mains autour de ma taille pour piquer un baiser sur ma joue.

- J’y vais, me dit-il, je ne voudrais pas être en retard à mon rendez-vous avec Maugrey. Je serais de retour dans deux heures je pense.

- D’accord, mais ne sois pas en retard ou c’est moi que Lily va étriper.

- Mon petit vampire arrivera bien à lui échapper, non ?

Je souris à la remarque de Sirius puis il quitte la maison, non sans avoir attrapé ses clés de moto au passage. Je m’approche de la petite fenêtre jouxtant la porte d’entrée et jette un œil sur le jardin. Son engin est garé le long du mur. Il l’enjambe, passe son casque sur la tête et m’adresse un signe de la main alors qu’il démarre. Il dépasse le portail au moment où je vois quelques flocons voltiger. Je jette un œil sur le ciel blanc et lourd de neige. Le mois de janvier vient de commencer et la neige continue à tomer, recouvrant tout de son manteau glacial. Sirius parti, je m’éloigne de la fenêtre et retourne dans la salle bain pour y sécher mes cheveux. En ce samedi, j’ai toute la matinée pour moi, ce qui est plutôt rare ces derniers temps. Je compte bien en profiter pour ne penser qu’à moi.

Après avoir terminé de me laver, je m’installe dans le canapé et attrape le livre dont je n’ai pu, en deux semaines, que lire une centaine de pages - merci Sirius. J’ouvre l’ouvrage à l’endroit où j’ai glissé mon marque-page et entame ma lecture. Je n’ai cependant que le temps de lire quelques mots, avant que la sonnette de la porte retentisse. Soupirant, je lève les yeux au ciel d’un geste agacé et repose mon livre sur la table de salon avant de me lever et de me diriger vers la porte, m’interrogeant sur l’identité de ce visiteur inattendu. Je tire la porte . . . Et ouvre de grands yeux, surprise.

- Lucinda ! M’exclamé-je, loin de m’attendre à trouver la vampire sur le pas de ma porte.

Elle ne répond pas, ne me dit pas bonjour et pénètre dans la maison avant de refermer précipitamment la porte. Sans faire plus attention à son comportement étrange, je la détaille. Elle n’a pas changé du tout durant les six derniers mois, sauf que cette fois-ci elle porte des vêtements plus en accord avec le temps Londonien. Sous son long manteau noir ouvert, elle est vêtue d’un jean sombre et d’un pull vert, les cheveux attachés en queue de cheval. C’est comme si elle avait voulu passer inaperçu. Je fronce des sourcils, décontenancée, alors qu’elle jette un œil par la petite fenêtre, comme moi un peu plus tôt. Je comprends alors qu’il se passe quelque chose de grave.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demandé-je. Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu ne m’as même pas prévenu que tu venais en Angleterre dans ta lettre du mois dernier.

Lucinda lâche la vitre du regard et me fait face pour la première fois. Je constate alors son visage inquiet et ses sourcils foncés.

- Prépare un sac avec un minimum de nécessaire. On s’en va. Tu as dix minutes.

- Quoi ?

Je ne comprends rien à ce qu’il se passe. Pourquoi elle veut que je parte ? Et partir pour aller où ? Je secoue la tête, perdue, comme pour remettre mes idées en place. Lucinda fait un pas en avant, le visage grave et l’air pressé.

- C’est important, Mandy, tu as moins de dix minutes pour quitter cette maison. Nous devons être parties avant leur arrivée.

- L’arrivée de qui ? De quoi tu parles ?

Agacée, elle lâche un râle et se dirige à vitesse vampirique vers ma chambre. Je la rattrape au moment où elle se attrape mon sac de cours pour le poser sur le lit. Elle ouvre alors les tiroirs et y fourre ce qui lui tombe sous la main. En même temps, elle se décide enfin à m’expliquer ce qu’il se passe.

- Le procès de William commence dans deux jours. Il a été interrogé par la Reine la semaine dernière et elle a découvert que c’était lui qui t’avait créé.

- Je comprends pas. En quoi ça a un lien avec ce départ précipité ?

Elle arrête de fourrer tout et n’importe quoi dans mon sac et se tourne vers moi.

- Je t’ai déjà dit que tu étais un vampire illégal. Tous membres de la Caste doit avoir une autorisation pour créer un autre vampire, mais William t’a donné la vie sans cela. Jusqu’à maintenant, j’avais réussi à cacher les conditions de ta création, mais William à lâché l’info. Que tu sois un vampire illégal, associé au fait que ton créateur est fou furieux, a décidé la Reine à statuer définitivement sur ton sort : si tu n’es pas à Vienne dans une heure, tu seras exécutée sans sommation.

Un frisson de terreur dégringole le long de mon dos à ces mots.

- Elle a décidé ça quand ? Demandé-je à mi-voix. Je n’ai rien reçu, aucune invitation pour l’Autriche . . .

- C’est normal, répond Lucinda en reprenant sa tâche, elle a donné l’ordre il y a une demi-heure.

Il y a comme un grand blanc dans ma tête. Je suis trop hébétée pour parvenir à tout comprendre. Cependant, j’arrive tout de même à deviner ce qu’il se passe.

- Elle me veut morte, quoi qu’il arrive, c’est ça ? Dis-je. C’est pour ça qu’elle a donné un délai si court, et impossible à respecter.

Lucinda acquiesce d’un signe de tête avant de passer dans la salle de bain pour aller chercher mes affaires de toilette. Les jambes coupées par la nouvelle de ma mise à mort par la Reine des vampires, je me laisse tomber sur le lit, à côté du sac. Lucinda réapparait dans la chambre.

- Heureusement pour toi, je suis là et j’ai su ce qu’il se passait. Je t’amène à Vienne immédiatement. Nous aurons peut-être la chance de la faire changer d’avis si elle constate d’elle-même que tu ne ressembles en rien à William et que tu n’es pas un danger pour notre race. Je demanderai à Tony de témoigner.

Mon cerveau se remet en marche en comprenant que je quitte le pays dans l’instant. Mon esprit se tourne vers Sirius qui sera là dans deux heures, vers Lily que je dois accompagner pour choisir sa robe de mariée, à Camille et Peter que je dois voir ce soir, à Remus qui m’attendra pour déjeuner lundi, à Chelsea que j’ai promis d’aider sur un devoir.

- Je ne peux pas partir comme ça, dis-je. Je dois laisser un message à Sirius.

- Tu as deux minutes, dit-elle. On doit encore passer au Ministère pour autoriser ton transplanage hors des frontières. Dans trois minutes, nous sommes partis d’ici.

J’opine de la tête, un peu à l’ouest, et descend du lit pour la laisser terminer mon sac. Je me dirige vers le salon, attrape un morceau de parchemin et une plume que j’ai laissé trainer hier soir, puis réfléchis à ce que je vais marquer. Je voudrais ne pas dire la vérité, pour ne pas l’inquiéter, mais j’ai peur qu’il ne sache jamais ce qu’il se passe réellement, si jamais je devais ne pas revenir. La gorge nouée, et cherchant soigneusement mes mots, j’entame ma lettre :




Sirius,

Je dois partir en Autriche de toute urgence avec Lucinda : suite à l’interrogatoire de William, la Reine a décrété que ma création était complètement illégal et a décidé que je devais être exécutée. Nous allons tenter de la faire changer d’avis. Je te donne de mes nouvelles au plus vite.

A jamais à toi,

Amandine.




Le cœur serré et les larmes aux yeux, je plie le parchemin, note le nom de Sirius dessus et le pose sur le frigo avec un aimant, bien en vu. Il ne pourra pas le rater.

- Mandy ?

Reniflant, je me tourne vers Lucinda, le sac dans une main et mon manteau dans l’autre. Je donne mon accord d’un signe de tête, la rejoins et enfile ma veste. Elle m’adresse un regard encourageant et nous quittons la maison. Je ferme à clé derrière moi et me retourne, une question en tête.

- Comment tu as su ce qu’avait décidé la Reine ?

Lucinda affiche un sourire triste.

- J’étais présente quand elle a donné l’ordre.

D’un signe de la tête, je lui fais savoir que je n’ai toujours pas compris. Pourquoi se trouvait-elle là ? Lucinda soupire d’un air las.

- Tu devais bien l’apprendre un jour de toute manière, fait-elle. La Reine est ma mère.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeSam 25 Avr - 9:11

Chapitre 38 : Entretien avec la Reine




Le hall d’entrée du Ministère de la magie est bondé. Il est difficile de s’y faufiler rapidement, sans écraser quelques pieds, ou sans donner des coups de coudes. Pourtant, Lucinda et moi, plus rapides et plus souples que la moyenne humaine, parvenons à le traverser en quelques minutes. Nous prenons le premier ascenseur de libre, lui aussi remplie. Je me colle entre Lucinda et un vieux sorcier bedonnant. Le cœur battant, j’attends patiemment que vienne notre tour de sortir à notre étage. A côté de moi, je sens que Lucinda s’impatiente, qu’elle trouve le temps trop long. Je jette un œil à ma montre. Nous sommes parties de chez moi depuis dix minutes. J’ignore si nous sommes dans les temps ou pas.

Enfin, l’ascenseur s’ouvre pour nous et nous nous faufilons dans un couloir étroit et vide. Je suis mon amie jusqu’à une porte en bois toute simple, qu’elle pousse sans frapper. La sorcière qui occupe le bureau sursaute, faisant tomber ses lunettes de son nez fin, puis les redresse avec un regard sévère, non sans me rappeler le professeur McGonagall dans ses mauvais jours.

- Miss, que puis-je faire pour vous ? Demande sèchement la femme.

En quelques mots, Lucinda explique à la sorcière que nous devons être à Vienne dans les plus brefs délais. La femme lui tend les papiers à remplir, que Lucinda me transmet, ainsi qu’une plume. Après un bref regard sur les documents, je constate que c’est une autorisation de sortie du pays, et m’attelle à la tâche de les remplir le plus vite possible sans soulever d‘interrogations de la part de la bureaucrate. A la case « Qui prévenir en cas d’accidents ? », j’hésite un court moments, avant de noter le nom de Sirius et notre adresse. Je veux qu’il soit le premier au courant, si jamais nous n’arrivions pas à faire changer d’avis la Reine.

Une fois les documents dûment remplis, je les rends à la sorcière qui les parcours rapidement. Puis, d’un signe de la main, elle nous fait signe de passer derrière la deuxième porte du bureau. Nous nous exécutons et pénétrons dans une vaste salle toute en pierre, coupée en zones par des sorts eux-mêmes matérialisés par des faisceaux de couleur verts situés à hauteur de taille humaine. Un homme près de la porte nous jette un œil et nous demande notre destination. Lucinda lui désigne l’Autriche et il nous mène jusqu’à un carré dont le sol représente le drapeau autrichien. Je comprends alors que chaque zone correspond à un pays. Cependant, le drapeau blanc et rouge comporte une différence : une fleur de lilas est présente en son centre, ce qui ne fait pas partie de l‘emblème du pays.

Une fois dans le carré, Lucinda me tend son bras, semblant ne pas remarquer la fleur.

- Accroche-toi, me dit-elle, je vais te guider jusqu’à notre aire d’arrivée.

J’acquiesce, non sans demander :

- Où allons nous apparaitre ?

- Dans la salle de transplanage du Palais, répond-t-elle alors que je m’accroche ferment à son avant-bras.

Je n’ai que le temps de me dire que les vampires ont visiblement une pièce réservée aux voyages sorciers, avant que je ne sente le tiraillement familier au niveau de mon nombril et que la pièce disparaisse de mon regard. Tout se met à tourbillonner autour de moi, ma causant une nausée particulièrement virulente, puis tout se termine. Nous sommes arrivées. Je laisse à mon estomac le temps de retrouver sa place légitime, puis je regarde ce qui m’entoure.

La pièce dans laquelle nous nous trouvons ressemble étrangement à celle que nous venons de quitter. Des hauts murs de pierres grises soutiennent un plafond bombé de style gothique, et l’immense salle est découpée en zone par des sorts de délimitation verts. Au sol, divers drapeaux, de tous les pays du monde.

- Vous recevez tant de visiteurs que ça pour avoir une salle de transplanage digne d’un Ministère ? Demandé-je à Lucinda en sortant de la zone anglaise.

- Nous voyageons beaucoup, répond-t-elle en s’avançant vers ce qui semble être la sortie. Nous sommes reliés aux différents Ministères pour plus de facilités. As-tu remarqué la fleur sur le drapeau ?

J’acquiesce au moment où nous arrivons à une double porte en bois massif. Un vampire la garde, grand et musclé, le regard sévère. Il fait un signe de tête à Lucinda puis se décale d’un pas pour nous permettre de passer. Lucinda pousse l’une des deux portes et met fait signe de sortir avant elle. Surprise, je pénètre dans une cour fleurie. Je m’attendais plutôt à un couloir. Lucinda referme la porte derrière nous, délicatement. Je la regarde, repensant à sa question.

- Effectivement, j’ai remarqué la fleur de lilas sur le drapeau. Il n’y en a pas en vrai, n’est-ce pas ?

Lucinda secoue la tête en me faisant signe de la suivre.

- Non effectivement. La fleur représente la Caste, et seuls les vampires peuvent la voir sur le drapeau. Ainsi, quand l’un d’entre nous n’a pas remis les pieds à la Cité depuis longtemps, et si jamais nous nous sommes déplacés entretemps, il peut immédiatement repérer dans quel pays nous avons déménagé. Et comme les humains ne peuvent la voir, nous sommes protégés. Une fois sur la zone, nous n’avons plus qu’à penser à la Cité, et nous évitons d’arriver au Ministère du pays en question.

J’acquiesce, impressionnée par la méthode qu’ils utilisent pour se déplacer sans être reconnus, et sans avoir à se déplacer de lieu en lieu inutilement.

- Le lilas, dis-je en repensant à l’odeur caractéristique des vampires, vous avez choisi cette emblème à cause de notre parfum ?

Souriante, Lucinda opine.

- Tu avais donc fait attention. Oui, c’est la raison.

- Pourquoi donc tous les vampires de la Caste sentent ainsi ? Les Faucheurs respirent la mort, eux.

Sans répondre, Lucinda rejoint la bâtiment qui se trouve en face de nous. Grâce à un coup d’œil en arrière, je me repais une dernière fois des fleurs qui embellissent le jardin, malgré la fraicheur du mois de janvier, et des parfums qu’elles délivrent. Puis, je reporte mon attention sur Lucinda qui pousse une porte identique à celles que nous venons de refermer. Comme un peu plus tôt, je passe avant elle. Cette fois-ci nous arrivons dans un vaste hall entouré de plusieurs portes simples. Des vampires vont et viennent, seuls ou en groupe.

Suivant toujours mon amie, je contemple les membres de la Caste qui nous entourent. C’est la première fois que je me retrouve parmi ceux qui sont les miens à présent. Je constate alors que j’avais raison : tous les vampires sont beaux. Ce n’est pas tant qu’ils ont un physique parfait, c’est qu‘ils dégagent un charme, ce charisme qui est en quelque sorte la marque de fabrique des vampires. Je les regarde de plus près, curieuse de déceler un défaut mais c’est autre chose qui me saute aux yeux. Je ne le remarque que maintenant, mais nous circulons tous à vitesse vampirique. Je jette un œil sur moi alors que Lucinda pousse l’une des portes, la seule qui soit au fond de la pièce. Sans même m’en rendre compte, j’ai moi aussi adopter leur allure.

Souriante, je relève les yeux. Ce que je vois me fait perdre mon sourire. Sans prévenir, Lucinda m’a fait pénétrer dans ce qui semble être les appartements privés de la Reine. La richesse des murs et des meubles en sont les témoins. Nous sommes passées dans ce qui semble être une antichambre. La pièce est de taille modeste, composée d’une table basse en cerisier, de deux sofas en velours carmin l’entourant, d’un buffet soupesant des bibelots et d’un vaste miroir peint à l’or fin. Un grand lustre en or éclaire la pièce avec ces dizaines de bougies, dessinant des ombres mouvantes aux murs couverts à intervalles réguliers de précieuses tapisseries en fil de laines.

- Qu’est-ce que . . .

Je fais un pas en arrière, balbutiant, impressionnée et apeurée par ce qui m’entoure. Lucinda pose aussitôt ses mains sur mes épaules.

- N’aie pas peur, je suis là. Nous ne pouvons pas perdre de temps, l’heure se termine dans quelques minutes. Je vais chercher ma mère. Assieds-toi, je n’en aurais pas pour longtemps.

Lucinda me dépasse. Je la suis du regard, la gorge serrée par l’angoisse qui me rattrape, alors qu‘elle disparait derrière la seconde porte de la salle, au fond de la pièce. Le temps de la découverte de la Cité des vampires, j’avais oublié la raison de notre présence, mais la réalité est de retour. Prenant une profonde inspiration pour calmer les battements de mon cœur, je m’approche du buffet pour regarder les objets qui le surplombent. Ce sont principalement des figurines, probablement créées par un artiste vampire puisqu’elles représentent fidèlement notre race.

Relevant les yeux, je tombe sur le miroir et mon reflet. Ma pâleur habituelle est accentuée par la peur qui étreint mon cœur. En me regardant, mes pensées se tournent vers Sirius qui est loin de se douter de ce qu’il se passe en ce moment. Je l’imagine découvrant ma lettre dans notre cuisine, son visage quand il comprendra ce que tout cela signifie, que notre joli début de journée se termine en désastre. Je repousse les larmes qui menacent de s’échapper. Je vois déjà mes yeux se teinter de rouge. Je détourne la tête et cesse de penser à l’Angleterre. Je suis à Vienne, ma vie est menacée. Je ne dois penser qu’à ça pour pouvoir retourner chez moi comme si rien de tout ça ne s’était passé.

Je me retourne, au moment où j’entends la porte se rouvrir. Lucinda est la première à entrer, suivie de deux hommes vêtus de larges pantalons et de chemises noires. A leur allure, je devine qu’ils sont des gardes du corps ou des soldats. Ils sont là pour protéger la Reine. Qui pénètre à son tour dans l’antichambre. La femme fait à peu près la taille de Lucinda et possède la même couleur de cheveux auburn qu’elle a attaché en un épais chignon sur la nuque. Sa posture droite est accentuée par la longue robe rouge sang qu’elle arbore. Son vêtement souligne sa poitrine généreuse et sa silhouette digne d’un mannequin. Impressionnée, je finis tout de même par la regarder dans les yeux. Ses prunelles n’ont pas la couleur ocre de ceux de Lucinda mais sont d’un vert si clair qu’il semble presque pâle.

La Reine s’avance jusqu’à l’un des sofas dans lequel elle s’assoit d’un air digne. Les deux hommes entourent le canapé, les bras croisés. Lucinda rejoint la Reine et s’assied à son côté. D’un regard, mon amie me fait signe de m’installer en face d’elle. Je m’exécute, non sans appréhender ce qui va suivre. De plus, la Reine n’a pas daigné m’adresser un seul regard depuis son entrée dans l’antichambre, ce qui me semble de très mauvais augure.

- Vous êtes donc Amandine Dawn. La . . . Création de William.

Je cesse de regarder Lucinda quand la Reine prend la parole, et me tourne vers cette dernière. Pour la première fois, elle me regarde droit dans les yeux, avec beaucoup de froideur cependant. Je frissonne. Je ne sais que répondre à cela. Ca n’avait rien d’une question. Du coup, je préfère me taire et attendre la suite, qui ne tarde pas.

- Ma fille est persuadée que je devrais vous laisser la vie sauve, au détriment de nos lois.

Je sourcille, surprise. Une loi ?

- Je vois que vous n’êtes pas au courant, poursuit la Reine, de plus en plus froide, si possible. Nos lois disent clairement qu’un crime comme celui qu’a commis William doit être puni par la mort du vampire fauteur de troubles, ainsi que par celles de ses enfants, dont vous êtes la seule représentante.

Je déglutis. Lucinda n’a jamais précisé que c’était une loi. Dans ce cas, comment aller contre ?

- Cependant, continue la Reine, étrangère à mes pensées tourbillonnantes, je sais être clémente. Mais pour cela, il vous faudra me prouver que vous êtes une vampire à qui je peux faire confiance.

Je relève la tête pleine d’espoir, mais je n’oublie pas que la Reine a sous-entendu que je devrais lui prouver que j’étais digne de sa confiance. Au regard qu’elle fait peser sur moi, je comprends qu’elle a déjà son idée que ce que je devrais faire pour qu’elle réfléchisse à la possibilité de me laisser la vie sauve. Je n’attends pas plus longtemps pour lui permettre de s’exprimer.

- Bien sûr, dis-je, parlant pour la première fois en sa compagnie. Tout ce que vous jugerez nécessaire.

La Reine semble apprécier ma réponse, au bref hochement de tête qu’elle fait.

- Ce ne sera guère compliqué, reprend-t-elle. Comme vous le savez sans doute déjà, le procès de votre créateur aura lieu dans deux jours. Je veux que vous témoigniez contre lui à ce moment-là.

J’opine. De toute manière, je ne comptais pas faire le contraire. Il a tué des personnes qui m’étaient chère, auraient pu en emporter d’autres, a failli me tuer. Et pire que tout, il a fait tout cela pour Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Comment pourrais-je témoigner en sa faveur ?

- Il n’en irait pas autrement, répondis-je. William a fait beaucoup de mal et je ne cautionne pas ses actes, peu importe les raisons.

La Reine hoche de la tête une nouvelle fois, pose ses mains sur ses genoux serrés l’un contre l’autre. Je sens que ce n’est pas tout, qu’il y a autre chose que je devrais faire. Lucinda aussi le sent, mais la manière dont son corps se tend me rend anxieuse. Elle savait pour mon témoignage au procès, mais ne semble pas connaitre la seconde condition. Ca ne me rassure pas quant à sa nature.

- Avec votre témoignage, il est peu probable que William soit relaxé. De nombreuses accusations l’accablent, et la peine qu’il endure est la mort.

Je cligne des yeux, troublée mais pas surprise. Je m’y attendais. J’avais deviné depuis longtemps que la Reine était loin d’être aussi douce que Lucinda.

- Si tout se déroule comme je le pense, poursuit la Reine, William subira la décapitation.

Avec un haut le cœur, je me souviens avec une exactitude effrayante de la seconde mort de Betty, celle que je lui ai infligé. J’entends encore sa nuque se rompre, ses os se disloquer et la sensation de sa tête entre mes mains se fait trop présente. Je les fourre entre mes cuisses, dégoutée. Je ne me souviens que trop bien de ce que donne la décapitation d’un vampire, Faucheur ou pas.

- C’est vous qui exécuterez la sentence. Et à ce moment-là, je verrais si je peux vous faire suffisamment confiance pour revenir sur ma décision de vous détruire.

Un frisson me dégringole le long du corps. Témoigner contre William n’aura rien de difficile. Mais le tuer . . .




O0o0O




La chambre que l’on m’a alloué pour le temps de mon séjour à Vienne est d’une richesse insolente. Je n’ai pourtant pas été invité par la Reine, mais il semble que l’être par sa fille revient au même au vue de la superficie de la pièce. Elle doit bien faire la taille de mon salon et de ma cuisine, en Angleterre. Un immense lit à baldaquin en bois sculpté trône au centre de la salle, paré de draps au tissu fluide et bleu argenté. Les murs sont peints en blanc cassé et une corniche de bois clair délimite le plafond. Entourant le lit, une immense armoire à deux portes, dont l’une est recouverte d’un miroir, et une coiffeuse en merisier assortie au reste de la chambre. Au sol, un immense tapis dans les tons bleus et blanc, recouvre une grande partie de la pièce.

Intimidée par l’apparence de la chambre, je fais timidement deux pas en avant, ma valise à laquelle on a rendu sa taille normale collée contre moi. D’un coup d’œil circulaire je détaille la pièce, puis me retourne pour faire face à Lucinda qui m’a escortée jusqu’ici.

- Je te laisse t’installer, dit-elle, une main sur la poignée, prête à repartir. Je repasserai tout à l’heure. Tony passera sans doute entretemps, il a hâte de te revoir. A tout à l’heure.

J’acquiesce et elle quitte la chambre sans bruits. Soupirant, je décide alors de m’installer. Je vide ma valise et range mes affaires dans l’armoire avant de m’asseoir sur le lit. Je m’enfonce dans le matelas moelleux, cherche une position confortable et joins mes mains sur mes jambes. Je n’arrive toujours pas à croire que je suis en Autriche, au palais de la Reine des vampires, ni que la raison de ma présence est ma mise à mort que je dois éviter. Je frissonne en repensant aux conditions de la Reine. Je suis prête à confondre William devant tous les crimes qu’il a commis, et que je connais, je suis même prête à entendre la sentence ultime, mais la lui donner . . . Je me souviens de la seule fois où j’ai dû éliminer un vampire et j’en fais encore des cauchemars. Cependant, je ne vais pas avoir le choix : pour quitter Vienne vivante, il me faudra mettre fin à la vie de mon créateur.

Je me laisse tomber en arrière en soupirant, rebondis légèrement sur le matelas. J’aimerais profiter de cette occasion inespérée d’être en Autriche pour faire un peu de tourisme, ou même circuler dans la Cité pour découvrir la vie de la Caste, mais la Reine m’a consignée dans mes quartiers jusqu’à nouvel ordre. Je n’ai pas le droit de sortir sans être accompagnée. Je me tourne sur le côté et glisse mes mains sous ma joue. Puisque je n’ai rien à faire, je décide de fermer les yeux et de somnoler. Malgré mon incapacité à m’endormir, je peux au moins permettre à mon esprit de se reposer.

Mes pensées se tournent automatiquement vers Sirius. A l’heure qu’il est, il a sans doute trouver mon mot, et même James et Lily doivent être au courant. Il n’aura sans doute pas tarder à convoquer le conseil de guerre ainsi, Peter, Remus et Camille seraient eux aussi mis au parfum. Camille doit faire une crise de nerfs. Elle a toujours craint que ma transformation me ramène des problèmes. Elle n’avait pas tout à fait tort. Sirius doit se ronger les sangs, imaginer les pires horreurs sur ce qu’il m’arrive, et faire les cent pas dans le salon pour réfléchir à un moyen de me rejoindre, ou mieux, de me sauver. J’imagine assez bien nos amis essayer de les rassurer, leur promettre que tout se passera bien et que le fait que Lucinda soit venue me prévenir et me chercher soit de bonne augure.

Je suis subitement tirée de mes pensée par le bruit de la porte que l‘on pousse. Alertée, je me redresse. Le battant s’ouvre en grand et laisse passer la silhouette reconnaissable de l’élégant Tony. Le jeune homme referme derrière lui puis se tourne vers moi au moment où je descends du lit. Aussitôt, il ouvre grand les bras et vient me serrer contre lui.

- Je suis heureux de te revoir, me confie-t-il alors que son odeur, mélange de lilas vampirique et de soleil italien, emplie mes sens. Même si j’aurais préféré que notre rencontre se fasse dans d’autres conditions, ajoute-t-il en me faisant reculer suffisamment pour garder ses mains sur mes épaules.

- J’aurais préféré aussi, réponds-je avec un haussement d’épaules désinvolte que je suis loin de ressentir. Seulement, on ne choisit pas son destin.

Tony émet un son proche de celui de la suspicion. Je passe sur cela et l’invite à s’asseoir sur mon lit, m’installant à son côté.

- Comment ça s’est passé avec la Reine ? Me demande-t-il alors.

- Lucinda ne t’a rien dit de notre entretien ? M’étonné-je.

Il secoue la tête.

- Je ne l’ai pas encore vue depuis votre retour d’Angleterre. Je suis venu dès que j’ai su que l’entretien était terminé.

J’acquiesce et croise les mains sur mes genoux.

- La Reine a accepté de suspendre l’ordre d’exécution, le temps que je lui prouve qu’elle pouvait me faire confiance. C’est soumis à deux conditions.

Tony opine et m’encourage à poursuivre du regard.

- La première condition est de témoigner contre William au procès de lundi.

Tony s’esclaffe un bref moment, amusé, avant de dire :

- Rien de très compliqué, après ce qu’il t’a fait.

- Effectivement, confirmé-je. La deuxième condition est soumise au résultat du procès. Si, comme nous le pensons tous, il est condamné à la peine ultime, la Reine veut que ce soit moi qui exécute William.

- Quoi ? S’exclame Tony en sautant à bas de mon lit, révolté. Mais c’est injuste ! Seul un bourreau a le droit de donner la mort à un vampire suite à une condamnation juridique.

- C’est la Reine, contré-je. Comment veux-tu aller contre ses ordres ? Elle en a décidé ainsi.

- Mais c’est ton créateur ! S’insurge-t-il. Même en tenant compte de toutes les horreurs qu’il t’a infligé, il est ce qui se rapproche le plus d’un père, autre que le vrai, dans notre société. Il te sera très difficile d’exécuter cette tâche, sans compter qu’il n’est jamais facile de donner la mort, y compris à quelqu’un que l’on hait cordialement.

Je secoue les épaules en grimaçant.

- Je n’ai pas le choix, Tony. Si je veux pouvoir rentrer chez moi, je dois le faire.

Vaincu, le vampire se rassoir à côté de moi, se penchant en avant et croisant les mains sur ses genoux.

- Je le sais bien, soupire-t-il. Mais c’est injuste. Le Reine est injuste. Il y a trop longtemps qu’elle est au pouvoir. Il est grand temps qu’elle passe la main.

Je pose une main réconfortant sur son épaule.

- Nous ne pouvons rien y faire malheureusement. Enfin, je crois. Je ne connais vraiment pas grand-chose sur la société de la Caste.

Tony se redresse, pose les main derrière lui et prend appuie.

- Les vampires ont une Reine depuis peu de temps - enfin, à échelle vampire s’entend - donc la question de la passation ne s’est pas vraiment posée. Nous supposons que, lorsque la Reine cessera de vouloir régner, elle passera la main à son héritière.

- Donc Lucinda devrait être la prochaine Reine, compris-je.

Tony acquiesce.

- Tout à fait. Sa mère est au pouvoir depuis six cent ans, date de l’instauration de la monarchie absolue. C’est elle qui prend toutes les décisions, même si le peuple n’est pas toujours d’accord avec elle.

J’acquiesce, me souvenant des premiers jours avec Lucinda, et de son cours d’histoire lors d’une de nos parties de chasse. A l’époque, elle n’avait jamais fait mention de son lien de parenté si étroit avec la Reine. Je m’interroge sur ce silence. Est-ce par humilité, ou simplement qu’elle ne voulait pas que je sache qu’elle est une princesse ?

- Quel âge a Lucinda ? Demandé-je à Tony.

- Cinq cent quarante-neuf ans, répondit-il. Tu sais bien sûr qu’elle est née vampire.

J’acquiesce.

- Oui, même si j’ai encore du mal à comprendre. Ses deux parents sont vampires ?

- Effectivement, ils le sont. La Reine a rencontré son Calice, humain, puis l’a transformé. C’est ensuite que Lucinda est née. Mais ce genre de naissance est extrêmement rare. Il est plus courant de voir des enfants naitre d’une union entre un vampire et un Calice humain, même si cela reste occasionnel.

- Donc, je pourrais avoir des enfants avec Sirius ?

Tony éclate de rire.

- Des, je ne sais, mais un c’est possible. Les grossesse multiples ne sont pas courantes chez les vampires, il y a très peu de frères et sœurs. Sans doute parce que les Calices ne restent pas humains assez longtemps pour ça.

- Et les enfants qui naissent d’une relation entre un vampire et un humain, que sont-ils ?

- Humain, répond Tony. Mais ils ont en eux le gène du vampire. Il suffit donc à un autre vampire de les mordre pour qu’ils se transforment en membre de la Caste. Habituellement, ce sont les parents qui le font.

- Aucun risque pour eux de devenir des Faucheurs alors ?

- Non, aucun. Mais pourquoi toutes ces questions ? Sirius et toi pensez à fonder une famille ?

- Pas vraiment, non, réfuté-je, C’est juste de la curiosité. J’en avais entendu parler par mon professeur de Défense Contre les Forces du Mal, mais son cours avait été incomplet, ce qui est normal d’ailleurs. Je voulais de précisions, comme ça.

Avec un étrange sourire en coin, Tony acquiesce. Je sens qu’il se fait des idées et qu’il m’imagine déjà avec un bébé dans le ventre. Je pourrais le contredire, mais je sais par expérience que cela ne servirait à rien. Autant le laisser imaginer ce qu’il veut.

- Bien, fait-il soudain en descendant du lit. Que penses-tu d’aller faire un tour dans le centre-ville ? Maintenant que tu es là, autant que tu visites Vienne.

- Je ne peux pas sortir, lui expliqué-je, je suis consignée dans ma chambre.

- Il n’y a aucuns gardes devant ta porte, fait Tony en lançant un coup d’œil vers la sortie, et tu es dans une chambre réservées aux invités. Tu n’es pas consignée, comme tu dis, il t’est seulement vivement conseillée de ne pas trop t’éloigner sans escortes. Mais si tu es avec moi, tout ira bien. Alors, un peu de tourisme, ça te dit ?

Je jette à mon tour un œil sur la porte, hésitante. Je ne suis pas là pour ça à la base, mais rester dans cette pièce à ruminer tout ce qui m’attend ne m’aidera pas à aller mieux. Et puis, quitte à être venue en Autriche, autant que j’en garde de bons souvenirs, surtout si je dois rentrer chez moi.

Décidée, je descends du lit à mon tour.

- Va pour un peu de tourisme, dis-je. De plus, je crois que mes amis seraient content que je leur ramène un petit quelque chose de mon voyage. C’est pas tous les jours qu’on a la chance de visiter une ville aussi connue que Vienne.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeVen 1 Mai - 11:36

Chapitre 39 : Deux conditions




La porte se referme discrètement derrière moi. Sans prêter attention à ce que Tony fait ensuite, je jette un œil à ce qui m’entoure. Mon ami est venu me chercher quelques minutes auparavant, me signifiant que le procès de William était sur le point de commencer. Nous avions quittés ma chambre, pour rejoindre le tribunal ou, à défaut d’en avoir un, la pièce que les vampires utilisent pour rendre justice. Tony m’a appris que Lucinda s’y trouvait déjà, en compagnie de sa mère, prête à énoncer le verdict après avoir entendu les divers témoignages. J’ignore encore qui d’autres que moi doit témoigner.

La pièce n’est pas aussi grande que je l’imaginais. Elle est toute en longueur, les murs peints en marron sombre, le sol d’un beige clair. Tout au fond de la pièce, deux sièges hauts, l’un plus majestueux que le second. La Reine est installée dans le premier, vêtue d’un tailleur noir à coupe droite, et d’une chemise blanche, l’air hautain. Le regard qu’elle pose sur la pièce en dit long sur ce qu’elle pense. Elle souhaiterait sans doute être ailleurs, et rêve d’expédier ce semblant de procès. A côté d’elle, Lucinda occupe le second siège. Au contraire de sa mère, elle porte une tenue décontractée, pantalon noir, chemise et escarpins rouges. Je sens qu’elle aussi souhaiterait être ailleurs, loin de ce simulacre de justice.

Mon regard dépasse les deux fauteuils royaux et passe au second rang, au siège qui leur fait face. De la personne qui y est installée, je ne vois que les bras, posés calmement sur les accoudoirs. Deux vampires entourent ce siège. Je devine que c’est William, accusé, qui se trouve là. Derrière lui, une dizaine de rangées de cinq sièges, plus ou moins occupés. J’ignore si les vampires installés là sont des témoins, tout comme moi, ou simplement des spectateurs.

Une secousse dans mon dos, une main entre mes omoplates. Tony m’incite à avancer. Sur son ordre, je remonte l’allée des sièges par la gauche, attentive à mon ami. C’est lui qui décide de nous installer au premier rang, là où seuls deux fauteuils sont libres. Je m’y assieds, à la droite de Tony, et grimace. J’ignore combien de temps doit durer le procès, mais j’espère ne pas devoir passer plus de deux heures sur ces sièges inconfortables. Sentant un regard sur moi, j’arrache mon regard du sol et lève les yeux sur la Reine. Son regard me transperce aussi sûrement qu’une flèche. Pas besoin de mots entre nous. Je sais qu’elle pense aux conditions qu’elle a posées. Je déglutis, anxieuse.

- Nous pouvons commencer, fait soudain la voix de la Reine, ses yeux toujours fixés sur moi. Je rappelle à l’assemblée les chefs d’accusations du prévenu : création illégal d’un vampire, création de Faucheurs et alliance avec un sorcier sans autorisation légale. Suite à divers témoignages que nous entendrons, nous prendrons la décision d’acquitter l’accusé, ou de le condamner à mort.

Un frisson me dégringole le long du dos, alors que la Reine s’interrompt pour faire signe à l’un des deux gardes de William. Le vampire se tourne vers Tony et moi, puis ce dernier pose sa main sur mon bras et l’enserre.

- A toi de jouer, me souffle-t-il. Lève-toi et arrête-toi à mi-chemin entre le siège de William et celui de Lucinda. Ensuite, ne fait que répondre aux questionx que l’on te pose.

J’acquiesce puis fais exactement ce qu’il vient de me dire. Une fois arrêtée, Lucinda et la Reine portent leurs regards sur moi. Mon amie m’adresse un léger sourire encourageant, mais le visage de la Reine reste de glace. Je croise mes mains dans le dos et attend patiemment la suite. La Reine se redresse alors légèrement dans son siège et dit :

- Veuillez vous présenter, je vous prie.

Je cligne des yeux, surprise. Pourquoi me présenter ? Toutes les personnes présentes et importantes pour le procès savent déjà qui je suis. Je pense aux vampires qui assistent au procès. Qui sont-ils au final ? Je fronce des sourcils, agacée de ne pas comprendre ce qu’il passe. Mais je réponds tout de même à la question.

- Je m’appelle Amandine Dawn.

- Depuis quand êtes vous un vampire et qui vous a créé ?

Je cligne de nouveau des yeux, tout aussi surprise.

- J’ai été tran . . . Créée, me reprends-je au dernier moment, adoptant le vocabulaire de la Caste, il y a un an. William ici présent est mon créateur.

Un murmure se propage dans la foule. Ils n’étaient visiblement pas au courant de cela. Je crois que je commence à comprendre ce qu’il se trame. Cependant, la Reine lève la main, le silence revient, et elle continue à m’interroger.

- Racontez-nous comment cela s’est passé.

Je prends le temps de la réflexion, rassemblant mes mots, avant de commencer à leur raconter. Puis, je me lance :

- J’étais en septième année à l’école Poudlard, l’école de sorcellerie anglaise, à l’époque des faits. J’étais en retenue avec l’un de mes professeurs, nous nous étions séparés pour chercher des plantes dans la forêt du collège, je me suis donc retrouvée seule. C’est là que William m’a attaqué. Je l’ai senti boire mon sang, puis c’est le trou noir. Je me suis réveillée deux jours plus tard, à l’infirmerie, et le directeur de mon école m’a appris que j’avais été transformée en vampire de la Caste.

Étonnamment, c’est Lucinda qui pose la question suivante. J’en déduis que la Reine ne sera pas la seule à prendre la décision finale, bien qu’elle soit déjà décidée.

- Que connaissiez-vous des vampires avant cette attaque ?

- Ce que nous enseignent les sorciers, à savoir que les vampires sont des créatures de la nuit, qui attaquent et tuent les humains pour se nourrir de leur sang.

Au manque d‘agitation dans la pièce, cela ne surprend personne de savoir que pour les humains, Faucheur et membres de la Caste ne sont pas dissociés.

- Et ensuite ? Demande la Reine. Que s’est-il passé suite à votre transformation ?

- Le directeur de mon école connaissait un vampire de la Caste qu’il a contacté. J’ignore qui était ce vampire. Suite à cela, nous avons reçu la visite de Lucinda de Tore, qui est restée quelques jours en Angleterre pour m’apprendre ce que je devais savoir.

De nouveau, un murmure parcourt les rangs de sièges dans mon dos, la surprise s’entendant dans les timbres de voix.

- Il parait que les attaques ont commencées après le départ de Lucinda, est-ce exact ? Demande la Reine, quand elle a de nouveau restauré le silence.

- Oui. Une élève est tombée sur William en train de se nourrir d’une de mes camarades de classe. A l’époque, nous pensions qu’elle était morte, et que l’attaque était celle d’un Faucheur. Nous sommes revenus sur nos suppositions quand l’élève s’est réveillée plus tard, transformée en Faucheuse.

- Ce Faucheur n’a pas survécu assez longtemps pour faire du mal à qui que ce soit. Que s’est-il passé ?

- Je l’ai tué. Je revenais de ma chasse dans la forêt et elle s’apprêtait à agresser le directeur et l’infirmière de mon école. J’ai réagis en conséquence.

La Reine ne jugea pas mon acte et passa à la question suivante.

- Y-a-t-il eu d’autres attaques ?

- Oui, trois. La suivante a visé un de mes amis. J’ai réussi à lui éviter une morsure en m’interposant à temps. J’ai croisé William ce soir-là, et l’ai reconnu comme étant celui qui m’avait attaqué dans la forêt. Puisqu’il avait deux attaques à son actif, j’en ai déduis que l’autre devait aussi être de son fait. La troisième attaque a eu lieu le lendemain, tuant un autre élève. C’est là que mon directeur a décidé que cet affaire n’était plus du ressort des sorciers. Il m’a demandé de joindre Lucinda pour lui expliquer ce qu’il passait, et elle a envoyé un de ses amis, Tony Esperanza, pour enquêter sur place.

- Et la dernière attaque ? Demanda la Reine.

- Un autre élève, plus jeune, quand Lucinda et Tony enquêtaient. C’est là qu’ils ont pris William en chasse dans le château et qu’ils l’ont attrapé.

Je tais sciemment sa seconde attaque sur moi. Mais Lucinda ne semble pas vouloir cacher cette information.

- Est-ce tout ce qu’il s’est passé ? Demande-t-elle, son regard m’intimant de relater la dernière attaque de William.

Je prends deux minutes pour réfléchir à ma réponse. Je me souviens qu’à l’époque, Lucinda et Tony avaient été ulcérés par cette attaque, la trouvant plus ignoble que toutes les autres. J’imagine alors que les autres vampires ressentiront la même chose si j’en parle. Cependant, si je ne le fais pas, Lucinda le fera, et je ne suis pas sûre que ce soit bon pour moi de mentir à la Reine. William est de toute façon, déjà condamné, alors une accusation de plus ou de moins . . .

- Non, ce n’est pas tout, finis-je par répondre. Avant que William ne soit attrapé, il m’a attaqué et s’est nourri de mon sang. Lucinda et Tony sont intervenus à temps pour l’empêcher de me tuer.

Un grondement se répand dans les rangs derrière moi. Je me retourne légèrement et lance un regard à William pour la première fois depuis que je suis entrée dans la pièce. Son visage lisse n’exprime aucuns sentiments, comme si ce n’était pas sa vie qui était mise en jeu, somme si ce n’était pas lui qui était jugé pour tous ces crimes. Il regarde fixement le mur derrière les sièges de la Reine et de Lucinda, les mains posées sur les cuisses. Derrière lui, les vampires murmurent, le fusillent du regard, l’invectivent pour certains. Il reste hermétique à tout cela. Son imperméabilité me fait grincer des dents. Ne se sent-il pas un peu coupable de ce qu’il a fait ? N’éprouve donc t-il pas de remords ou de regrets face à son geste ? Est-il à ce point inhumain ?

Je me retourne et fais de nouveau face aux deux femmes, le cœur battant à tout rompre. J’ai envie de le frapper, de lui faire du mal pour le voir afficher autre chose que l’indifférence. Je sers les poings. Soudain, l’idée de le tuer ne me révulse plus autant qu’avant. Je pourrais même en éprouver de la satisfaction.

- Silence, je vous prie, fait soudain la voix de la Reine d’un ton calme mais sans appel.

Les vampires cessent aussitôt de murmurer et de gronder. Le silence revient, le procès reprend son cours. La Reine me pose la question suivante.

- Une fois le prévenu attrapé, c’est vous qui avez recueilli son témoignage et ses confessions. Pouvez-vous nous relater ce que l’accusé vous a confié ?

- Il m’a tout d’abord donné son nom. Il m’a ensuite expliqué les raisons de ses divers attaques. Il m’a confié avoir agressé tous les élèves, suite à un ordre donné par un mage noir qui sévit en Angleterre depuis quelques années. Ce sorcier lui a demandé de tuer des enfants de sorciers et de moldus influents dans la guerre. William a accepté d’obéir à ses ordre à la seule fin d’empêcher la Reine d’établir des relations diplomatiques avec les sorciers, et par vengeance suite à la mort de son Calice non transformé. Quant à ma création, il semblerait que je ressemble beaucoup à la femme qu’il a aimé et, dans un instant d’égarement, il s’est nourri de moi comme il l’aurait fait de son Calice. Quand il a pris conscience de son geste, il a refusé de me voir mourir ou changer en Faucheur, et m’a transformé. C’est tout ce que j’ai pu avoir de lui.

Lorsque je me tais, la foule s’agite plus que toutes les fois précédentes. Même les yeux de la Reine, devant moi, brillent de colère. Visiblement, elle ne savait pas que William avait agi par vengeance. Elle ignorait quel était son vrai but. Furieuse, elle se tourne vers lui et lui adresse ces quelques mots, crachés avec colère :

- Tu es la seule cause de la mort de ton Calice. Si tu n’avais pas transgressé les lois il y a trois cents ans, je t’aurais permis de la transformer. Mais ta soif de pouvoir a outrepassé tes droits. Ne me rends pas responsable de tes actes.

William ne bronche pas, se contente de continuer à fixer le mur au fond de la pièce. Derrière lui, Tony s’est levé. Il me fait signe de le rejoindre. Surprise, je me tourne vers la Reine et Lucinda. Cette dernière, d’un geste de la main, m’autorise à retourner m’asseoir.

- Merci pour votre témoignage, miss Dawn, fait la Reine d’un ton plus calme alors que je m’installe. Témoin suivant.

Tony est ce témoin. Il s’avance à son tour. Il n’apporte rien de neuf à ce que j’ai déjà dit, se contentant de confirmer mon témoignage et d’expliquer son point de vue. Et, nous sommes les seuls à passer devant la Reine. Quand Tony me rejoint pour s’installer, elle se penche sur Lucinda et toute deux échangent quelques mots avant que la Reine ne se redresse dans son fauteuil et darde son regard glacial sur William. Un geste de la part de la vampire, et les deux gardes mettent l’accusé debout. Toute la salle retient son souffle. C’est, apparemment, l’heure du verdict.

- William Schneider, nous te déclarons coupable de création illégal de vampire, de création de Faucheurs, d’alliance avec un sorcier sans autorisation royale et, bien que ce nouveau chef d’accusation ne change en rien le verdict, nous te déclarons aussi coupable d’avoir agressé un des nôtres et de t’en être sustenté. Ces crimes te condamnent à la peine de mort par décapitation. La sentence sera exécutée demain, au lever du soleil. J’ai dit.




O0o0O




Je ne pense pas avoir déjà passée une nuit telle que celle qui suivit le procès de William. Premièrement, Sirius me manquait. Nous n’avions jamais été séparés de cette manière depuis que nous étions ensemble, et je trouvais ces quelques jours en Autriche de plus en plus difficiles à supporter .Sans parler du fait que je ne pouvais plus me nourrir que de lui à présent. Je sentis rapidement la fin me tirailler les entrailles et la gorge. J’avais soif de sang, mais l’idée même de me nourrir d’animaux me filait la nausée.

Deuxièmement, l’exécution de William devait avoir lieu à l’aube. L’attente du passage de la nuit me parut donc interminable. Tony resta avec moi tout le temps, et Lucinda nous rejoignit au bout de deux heures. Nous discutâmes, échangeâmes nos avis sur le procès. Et Lucinda confirma mes soupçons sur un sujet : les spectateurs présents avaient été là pour asseoir l’autorité de la Reine. Ils avaient été là pour légitimer l’exécution de William, pour qu’il y ait des preuves que c’était légale. Si la Reine avait fait exécuter William sans procès, ce qui m’aurait parut plus logique vu tout ce qu’il avait fait, certains de ses sujets vampires auraient pu se rebeller contre cette idée. Cela leur était à présent impossible. La Reine avait oublié d’être bête.

Enfin, troisièmement, inexorablement, à chaque minutes qui s’étaient écoulée, l’heure de la sentence s’était approchée. Mes mains étaient devenues progressivement de plus en plus moites, les battement de mon cœur s’étaient accélérés, la faiblesse dans mes jambes avait augmenté. Mes deux amis comprirent que l’attente de ce qui s’annonçait m’angoissait au plus haut point. J’avais beau haïr William de toutes mes forces, vouloir le voir disparaitre de la surface de la planète, je ne pouvais m’imaginer lui donner la mort.

Puis, sans doute exténuée par toutes les émotions fortes que j’avais ressentis pendant cette journée et cette nuit interminables, je finis par m’assoupir.

C’est la voix de Tony qui m’éveille, ce qui me parait à peine quelques minutes plus tard. J’ouvre les yeux avec lenteur, tombe sur le visage halé de mon ami.

- Mandy, c’est l’heure, me dit-il.

Ses mots s’imposent à ma raison, plus que je ne l’aurais voulu. Déglutissant, je m’assois dans le lit puis passe une main anxieuse dans mes cheveux. Tony se recule un peu pour me laisser l’espace nécessaire pour me lever, et rejoins Lucinda qui se tient debout contre la commode. A leurs expressions, je devine qu’il s’inquiètent pour moi.

- Cessez de tirer ces têtes d’enterrement, dis-je en posant pied à terre et en attrapant mes chaussures que j’enfile. Tout va bien se passer. J’ai juste à . . . Et je serais de retour chez moi. Rien de plus simple. Même un imbécile pourrait le faire.

Je ne trompe personne avec mes mots. Même pas moi. Et mes mains tremblantes ont vite fait de contredire ma bouche. Je me lève et fais face à mes deux amis. Ils ne sont pas dupes, ils savent que je suis en train de flancher, que ma conviction s’effiloche. Alors, je ferme les yeux et repense à ma maison. J’y vois Sirius, assis dans la cuisine, ma lettre dans la main, le visage dépité. J’y vois aussi nos amis, James et Lily, Peter et Camille, Remus, Chelsea. Ils s’interrogent sur ce qu’il se passe, sur ce qu’il m’arrive. Ils attendent mon retour ou, à défaut, un signe de vie de ma part, une nouvelle missive.

Je rouvre les yeux, plus décidée. Je sais ce qu’a fait William, qu’il doit être puni pour cela. Il a fait de moi ce que je suis à présent, sans me demander mon avis, m’a imposé une existence dont je n’aurais peut-être jamais voulu. A fortiori, il a tué autres trois personnes, failli faire de même à une quatrième. Il a fait souffrir Camille pendant des semaines en lui arrachant brutalement son premier amour, aurait pu détruire une longue et solide amitié en mettant fin à la vie de James. Il ne mérite pas que je sacrifie ma liberté, ma vie pour lui. Il doit mourir. De ma main. Pour que je puisse reprendre ma vie là où je l’ai laissé, celle qui m’a offerte, contre mon gré.

Je fais deux pas en direction de la porte, puis me retourne vers Tony et Lucinda.

- Je vous laisse passer devant, j’ignore où doit avoir lieu l’exécution.

Les regards de mes amis s’adoucissent, Lucinda desserrent les bras qu’elle avait croisé sous sa poitrine. Tous deux comprennent que je me suis convaincue de le faire.

Lucinda passe devant moi et me sert de guide. Tony se poste à mes côté, réconfort silencieux. C’est avec la plus grande discrétion que nous rejoignons le lieu d’exécution de William. Il s’agit d’une cour, qui se trouve sans doute un peu à l’écart du centre de vie du Palais, vu le temps que nous avons mis à nous y rendre, même pour des vampires. La cour est un simple carré de terre battue, dont le centre est constitué d’un bûcher. Je m’arrête, à peine ai-je posé un pied sur la terre sèche. D’un coup d’œil autour de moi, je constate que William est déjà attaché sur le bûcher, prêt à être immolé, et que la Reine et deux gardes se trouvent au bas de ce dernier, les yeux rivés sur le condamné.

A notre approche, la Reine se tourne. Je remarque qu’elle porte un pantalon et un pull noirs, tout en sobriété. Je jette un œil critique sur ma propre tenue, un jean bleu et un tee-shirt jaune humoristique que j’ai acheté lors de mes vacances en France. Je n’ai même pas pensé à passer quelque chose de circonstance. En même temps, c’était bien la dernière de mes préoccupations, et je ne suis pas sûre que William y fasse vraiment attention.

Nous rejoignons tous trois la Reine et nous arrêtons à sa hauteur, sans un mot. Cette dernière n’adresse pas un mot, pas un regard, à Lucinda et Tony, et braque ses yeux dans les miens. Ils me mettent au défi, comme si elle savait que je n’avais pas le courage de commettre un tel acte. Ne voulant pas lui donner raison, je redresse la tête, serre les dents et verrouille mes genoux. Puis, je fais face au bûcher. Certains rondins de bois ont été placés de manière à constituer un escalier que je gravis lentement. Les quelques marches qui me mènent face au vampire me paraissent interminable, et en même temps trop peu. Je me retrouve trop rapidement à mon goût face à mon créateur.

William relève la tête qu’il avait rivé aux bûches depuis mon arrivée. Son regard croise le mien et un rictus amusé étirent ses lèvres minces.

- Alors ce sera toi, fait-il. Intéressant. Est-ce là ta mission pour échapper à la même sentence que moi ?

Je ne réponds pas à la question, me contente de lui renvoyer son regard. Mais il ne semble pas avoir besoin de réponse.

- Je connais assez bien notre Reine. Elle est assez cruelle pour t’imposer une telle situation. Mais dis-moi, jeune vampire, t’a-t-on averti des difficultés que tu auras à remplir ta tâche ? Je suis ton créateur et il est très difficile pour un vampire de mettre fin aux jours de celui qui lui a offert la vie.

Je serre les dents, tente de contenir les larmes qui me montent aux yeux.

- Parce que tu crois m’avoir fait un cadeau ? Murmuré-je.

Un éclair de surprise passe dans ses yeux. Je fais un pas en avant, me retrouve à quelques centimètres de lui. Mon nez arrive à hauteur de sa bouche. Je lève un peu la tête pour le regarder droit dans les yeux.

- Si tu m’avais laissé le choix à l’époque, je t’aurais demandé de mettre fin à mes jours, poursuivis-je en montant doucement mes mains à hauteur de ses tempes.

- Vraiment ? S’étonne-t-il faussement. Tu ne trouves donc aucune satisfaction dans ta nouvelle vie ? Tu ne la trouves pas meilleur, plus excitante que la précédente ?

Je pose mes mains fermement sur son crâne, l’enserrant dans l’étau le plus ferme que je puisse. Une peur fugace passe dans le regard de William, mais il continue à afficher un petit sourire supérieure.

- Si, je connais le bonheur dans cette vie. Mais ce n’est en aucun cas grâce à toi. Ce bonheur, je l’ai créé de mes propres mains.

D’un coup sec, je tourne violemment sa tête sur la gauche, puis sur la droite. Les claquements qui suivent les deux mouvements sont assez révélateurs. Ainsi que la fixité soudaine de ses yeux. L’étincelle de vie s’éteint dans les pupilles de William. Et ce n’est pas avec le sourire qu’il rend son dernier souffle.

Sa tête retombe mollement sur son torse quand je la relâche. Je fais deux pas en arrière d’un pas incertain, puis, une main se pose mon bras. Je me retourne et croise le regard brun de Tony. Il me guide jusqu’en bas, m’aidant à descendre sans trébucher. Nous rejoignons Lucinda et la reine mais je garde le dos tourné au bûcher. J’entends le craquement significatif d’une allumette qu’on craque puis le bruit du bois qui s’embrase violemment. J’enfonce légèrement la tête dans mes épaules, refusant de me retourner.

- J’ai fait ce que vous vouliez, dis-je à mi-voix, sachant pertinemment que la Reine m’entendra. A présent, je souhaiterait rentrer à Londres.

Il y a un court silence pendant lequel je retiens ma respiration, dans l’attente de la réponse de la Reine. Elle pourrait tout aussi bien revenir sur sa parole et m’exécuter à mon tour.

- Bien entendu, c’était notre marché. Vous pouvez regagner votre maison quand bon vous semble. Et au plaisir de vous revoir à Vienne.

Je serre les poings, furieuse. Si elle croit que je remettrai les pieds au Palais de sitôt, elle se trompe royalement.




O0o0O




Assise sur un banc de pierre, je regarde le mouvement de la foule autour de moi. Hommes, femmes et enfants vaquent à leurs occupations, sans se soucier un instant de moi, jeune femme au teint pâle et à l’air perdu. La place où je me trouve est pavée de pierre, une fontaine toute simple trône en son centre, les boutiques de souvenirs, les terrasses de café, et les magasins de vêtements l‘entourant. Je détaille les silhouette hautes qui m’entourent, les visages aussi pâles que les miens, les couches de vêtements qu’ils portent. Dans le centre ville de Vienne, on est passé sous le zéro degré Celsius. Pour me fondre dans la foule, je me suis moi aussi vêtue d’un épais pull et d‘un manteau.

Je lève la tête vers le ciel quand je vois un flocon blanc me passer devant les yeux, descendant lentement et avec grâce jusqu’au sol. Le ciel est lourd, chargé de nuages blancs uniformes. Rapidement, le flocon qui a attiré mon attention ne se trouve plus seul. D’autres le rejoignent. Autour de moi, les gens poussent des cris de ravissement. Apparemment, c’est la première chute de neige de l’année pour eux. Des groupes se forment, regardant la neige s’intensifier, les flocons se faire plus nombreux. Les marchands sortent de leurs magasins pour regarder eux aussi le spectacle.

Les laissant admirer les flocons qui tombent, je me lève du banc et m’approche d’un des magasins que j’ai déjà remarqué. Je passe devant le propriétaire qui, debout devant sa boutique et les mains posées sur ses hanches, fait comme le reste des Autrichiens présents sur la place. Je m’avance directement vers le promontoire que je vise, y attrape ce que j’avais repéré et m’avance vers la caisse. Le vendeur encaisse mon achat puis je quitte la boutique. La neige tombe avec force maintenant. Elle ne va plus tarder à tout recouvrir de son manteau blanc. Sur un signe de tête du propriétaire, je remonte ma capuche sur ma tête, histoire de faire comme le reste des moldus, et me met en route pour rejoindre le Palais.

Comme je ne me suis pas beaucoup éloignée de la cité des vampires, il ne me faut que quelques minutes pour parvenir pour rejoindre la petite propriété Viennoise qui cache la réalité aux yeux de tous. Je pousse le portail qui protège l’accès au manoir entouré d’un jardin assez grand pour le centre ville d’une capitale européenne, et me retrouve aussitôt dans l’immense cité vampirique. Je laisse le portail en fer forgé se refermer tout doucement dans mon dos et me dirige d’emblée vers ma chambre.

Une fois dans la pièce, je remarque que je n’ai pas besoin de faire mes valises : quelqu’un s’en est déjà occupé. Je jette un œil sur la silhouette de la vampire occupée à nettoyer la salle. Elle ne m’adresse, quant à elle, pas un seul regard. Je ne prends même pas la peine de lui demander si c’est elle qui a fait mon sac, attrape mon bagage posé sur le lit et quitte la pièce rapidement. Je prends ensuite la direction de la salle de transplanage. Dans la cour qui précède le bâtiment où je me rends, Lucinda et Tony m’attendent, debout près de l’entrée de la salle. Je les rejoins sans un mot.

- Ca ira ? Me demande l’italien, aussitôt que je me suis arrêtée près d’eux.

Je le regarde puis hausse des épaules. Je n’ai pas encore digéré le machiavélisme de la Reine, ni l’exécution de William du matin-même. Mais je ferais avec.

Lucinda pose une main sur mon épaule puis me serre contre elle en un geste affectif. Je lui rends son étreinte.

- Malgré ce qui s’est passé, n’hésite pas à passer nous voir. Tu seras toujours la bienvenue ici.

Je ne réponds pas. Je pourrais dire des choses méchantes à l’encontre de sa mère. Je me retire de l’étau de ses bras et récupère mon sac que j’ai laissé tomber à terre.

- Je vous écrirai d’ici quelques jours, dis-je, ne serait-ce que pour vous assurer que je suis bien rentrée en Angleterre.

Tous deux acquiescent, me serrent une dernière fois contre eux, et ils me laissent rejoindre la salle de transplanage. Je me dirige d’emblée vers la zone réservée à l’Angleterre, mon sac fermement serré contre mon épaule, puis transplane. La zone d’arrivée est plus bruyante que celle que je viens de quitter. Le carré Autrichien se trouve près de celui de la Russie, et deux groupes de voyageurs semblent se disputer l’ordre de passage, puisqu’ils sont trop nombreux pour entrer tous en même temps dans la zone. Le gardien de la salle tente de les calmer, sans grand succès.

Je passe devant eux, rejoins la sortie et passe dans le bureau de la secrétaire qui s’occupe des modalités de départ et d’arrivée. Sans un mot, elle me tend un parchemin à remplir, signifiant que je suis bien rentrée d’Autriche. J’y inscrit mes dates de départ et d’arrivée, signe le document et lui rend le tout. Puis, toujours sans un mot, je quitte la pièce. Je traverse le couloir de l’étage, rejoins l’ascenseur et monte jusqu’au rez-de-chaussée, où je prends la direction de la sortie des visiteurs. La cabine téléphonique rouge me ramène à la surface de Londres. Une fois hors de la cabine, je jette un œil autour de moi, vérifie qu’il n’y a personne et transplane. J’atterris directement dans le jardin de ma maison, protégée par des sorts pour éviter que les moldus n’y voit toutes traces de magie.

A travers les fenêtres de la maison, je vois les lumières de la chambre, du salon et de la cuisine allumées. Sirius est donc là. Le cœur battant, je prends une profonde inspiration, remonte la bretelle de mon sac sur mon épaule et m’avance jusqu’à la porte d’entrée. Je pose la main sur la poignée, l’actionne et ouvre la porte. Je fais un pas en avant dans la maison, puis referme derrière moi. La pièce principale est vide, mais j’entends du bruit venant de la chambre. Je me tourne vers celle-ci, au moment où Sirius en sort, vêtu simplement d’un jean et d’un pull sombres. A la tête qu’il affiche, je le tire certainement d’une sieste. Ses cheveux noirs sont en pagailles et il porte encore les traces de l’oreiller sur la joue. Je laisse tomber mon sac à terre, alors que Sirius se frotte les yeux encore emplis de sommeil.

- Qui est là ? Marmonne-t-il. C’est toi James ?

- Non, lâché-je, ce n’est pas James.

Au son de ma voix, Sirius cesse de torturer ses paupières et ouvre grand les yeux, comme s’il n’osait pas y croire. Il pose aussitôt le regard sur moi.

- Amandine ?

J’hoche de la tête. Sirius se précipite sur moi et m’enferme avec force dans ses bras, nichant son visage dans mes cheveux.

- Merlin, ne refais jamais un coup pareil, chuchote-t-il.

Je passe mes mains dans son dos et m’accroche à son pull, fermant les yeux pour empêcher leur brûlure de s’intensifier. Maintenant que je suis à la maison, en sécurité et loin du Palais, je permets à mon cœur d’exprimer librement tout ce qu’il a pu ressentir pendant ces trois derniers jours. Les sanglots déchirent ma gorge et je laisse les larmes couler sur mes joues. Mes jambes finissent par me lâcher et j’entraîne Sirius avec moi quand je tombe au sol.

- Nom de . . . ! Jure Sirius. Amandine, qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Je n’ai pas la force de répondre. Je me contente d’évacuer tout ce qui pèse sur mon cœur.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeDim 3 Mai - 9:57

Chapitre 40 : Retour à la normale




Recroquevillée en chien de fusil au milieu du lit, je me serre contre le poil doux et brillant du chien. Ce dernier, sans doute motivé par mon geste, vient me lécher le visage à petits coups de langues affectueux. Amusée, je souris à moitié et repousse sa gueule avec gentillesse avant de nicher mon visage contre son poitrail.

- Reste comme ça, s’il te plait, murmuré-je. Juste comme ça.

J’ignore exactement pourquoi Sirius a cru bon de prendre sa forme animagus, mais il l’a fait, directement après m’avoir conduite jusqu’à la chambre. Il m’y a allongé, m’a enlevé mes chaussures et mes vêtements, puis m’a glissé entre les draps. Il est ensuite venu se fourrer contre moi et a pris sa forme de chien. Je me suis blottie immédiatement contre lui et son poil doux. Je me suis immédiatement sentie en sécurité, comme si j’avais eu plus besoin de la présence d’un animal que d’une personne. Peut-être que c’était vraiment ça. Et peut-être que Sirius l’a compris.

Le chien bouge un peu et pose sa tête sur mon crâne. Je passe mes bras autour du corps de l’animal et me laisse aller de nouveau. Ca doit bien faire la troisième ou la quatrième fois que je pleure. Les draps sont tâchés de sang, ainsi que le poil du chien, ce qui ne semble pas le déranger plus que ça.

Je n’ai pas encore parlé de ce qu’il s’est passé. Je n’arrive pas à lui confier ce que j’ai fais, ma rencontre avec la Reine, le procès, l’exécution. Le rôle que j’y ai joué. Pourtant, Sirius parait comprendre que je n’ai rien vécu de gai, à la manière dont il s’occupe de moi. Nous sommes mardi après-midi, Sirius a sans doute d’autres obligations, et pourtant, il reste à mes côtés. Il me soutient, sans même savoir ce qui m’a mis dans cet état. Il se contente seulement de m’apporter une épaule pour pleurer, comme le ferait n’importe lequel de mes amis. Mais avec lui, c’est différent. Avec lui, je me sens plus en sécurité que nulle part ailleurs. Le cœur gros, je ferme les yeux et plaque mon visage contre le ventre de l’animal.

J’ai dû m’endormir à un moment, car, lorsque j’ouvre les yeux, la nuit est tombée et je suis seule dans le lit. Sirius a tiré les rideaux de la chambre, et un faisceau de lumière apparaissant par la porte entrouverte éclaire légèrement la pièce. La tête lancinante, je m’assieds dans le lit et pose la main contre ma tempe. Mon crâne me fait mal d’avoir trop pleuré. Mon corps est lourd, comme supportant un poids qu’il n’est pas censé porté. Celui de la culpabilité.

Je repousse les draps et pose pieds à terre. Du salon, me parvient le bruit des bûches qui craquent dans l’être de la cheminée. La lumière mouvante que je vois vient du feu qui crépite joyeusement. J’attrape la première chose qui me passe sou la main, histoire de ne pas débouler dans le salon en sous-vêtements, et enfile ce qui se trouve être un tee-shirt à Sirius abandonné là. Puis, je pousse silencieusement la porte de la chambre. Sirius se trouve dans le salon, assis dans le canapé, un verre de whisky à la main, regardant le feu danser dans l’âtre. Il semble plonger dans des pensées moroses.

Discrètement, je fais quelques pas dans le salon, puis je viens m’installer près de lui dans le canapé. Il me remarque et papillonne des yeux pour sortir de ses pensées, avant de poser son verre sur la table basse. Je m’approche de lui, jusqu’à coller mon corps contre le sien. Je ramène mes jambes contre mon torse et me roule en boule entre ses bras. Il referme sa prise sur moi et dépose un léger baiser sur ma tête.

- Je suis désolée de t’avoir inquiéter, chuchoté-je en plongeant mon regard dans les flammes. J’aurais dû t’envoyer un message de Vienne pour te dire que j’étais bien arrivée.

- Ce n’est rien, c’est fini maintenant, répondit-il en caressant mes cheveux. Le principal, c’est que tu sois revenue. C’est tout ce qui compte pour moi.

J’hoche de la tête, sans réelle conviction. Il doit s’en rendre compte.

- Tu veux parler de ce qu’il s’est passé ?

Je ne réponds pas tout de suite. Le mouvement des flammes dans la cheminée me rappelle d’autres flammes, plus grandes, plus majestueuses. Plus meurtrières. Ce qui est un crépitement chez moi, était de véritables craquements sur le bûcher. Mais l’odeur du bois qui brûle est exactement la même. Peu importe ce qui flambe . . .

- Amandine ?

Je sursaute, regarde Sirius. Ses yeux, de ce gris si étonnants à mes yeux de vampires, sont emplis d’inquiétude. Je desserre l’étau de mes bras qui retient mes genoux contre mon torse, et les passe autour de son cou, posant mon menton sur son épaule. Sirius me rend mon étreinte.

- C’était horrible, soufflé-je. Ce n’était pas un procès, c’était une exécution. La Reine n’a laissé aucune chance à William de se défendre. Je sais qu’il ne pouvait pas s’en sortir, je ne le voulais pas de toute manière mais . . . Ce simulacre de justice . . . Ce chantage . . . Pour qui est-ce qu’elle se prend ?

Sirius plaque mon corps contre le sien avec plus de forces. Il ne pose aucune question. Il se contente d’écouter ce que j’ai à dire.

- Elle n’avait pas le droit. Même si je ne ressens rien pour William, elle n’avait pas le droit de faire ça. Elle a troqué ma vie contre la sienne. Elle a utilisé ma vie pour asseoir son pouvoir, pour prouver aux vampires que quiconque se dressera contre elle, mourra. C’est une horrible femme. Une horrible femme.

Sirius continue à caresser mes cheveux. J’essuies d’un revers des mains les larmes qui coulent de nouveau sur mes joues.

- Elle a tenue à ce que ce soit moi qui exécute la sentence. Pour pouvoir quitter Vienne vivante, je devais témoigner contre William à ce soi-disant procès, et appliquer la sentence décidée. Cela a été la décapitation, suivi du bûcher. J’ai dû le tuer. De mes propres mains.

La main de Sirius cesse de caresser mes cheveux, pour reprendre son geste dans mon dos. J’agrippe sa chemise de toutes mes forces.

- Je le sais qu’il l’a mérité. Il a tué Fred et Betty, il a failli faire de même avec James. Avec moi aussi. Mais . . . Je ne trouve pas ça juste, la manière dont ça s’est passé. Je ne trouve pas ça juste, que ce soit moi qui est dû mettre fin à ses jours.

Sirius prend une profonde inspiration et m’écarte de lui. Il pose ses mains sur mes joues et tient mon visage à hauteur du sien. J’essuie mes yeux encore ruisselant de larmes.

- C’est fini maintenant, ok ? Vienne est très loin, tu n’y remettras plus les pieds. William est fini, et il y a peu de chance que tu vois de nouveau la Reine. C’est terminé, d’accord ? Maintenant, pense juste à l’Angleterre, à moi, à nous. C’est fini.

Je suis touchée par ses paroles, un peu malgré moi. Était-ce tout ce dont j’avais besoin d’entendre ? Je regarde autour de moi, les murs, le sol, les meubles et la baie vitrée qui donne sur le jardin enneigé. Je regarde la cuisine, la table où trône encore les reste de repas de Sirius, la table basse avec le verre de whisky à moitié plein. Je pose les yeux sur l’homme qui me fait face. Je prends une profonde inspiration. J’acquiesce. Ce qui s’est passé en Autriche, c’est du passé. J’oublie.

Sirius me tend alors son premier sourire depuis mon retour. Je lui offre le mien en retour, bien qu’encore un peu hésitant. Il lâche mon visage et attrape ma main avant de nous lever du canapé.

- Allons dans la salle de bain, dit-il, tu ne ressembles à rien avec toutes ces larmes sur le visage. Et encore heureux que je ne tourne pas de l’œil à la vue du sang.

Je rigole légèrement, en imaginant notre vie si cela avait été le cas. Sirius aussi, alors qu’il me guide à travers le salon et la chambre, jusqu’à la salle de bain. Il actionne la lumière d’un coup de baguette magique et m’assied de force sur le meuble qui jouxte le lavabo. Il attrape ensuite un gant de toilette propre, le passe sous l’eau chaude et vient se nicher entre mes cuisses pour me nettoyer le visage. Tout doucement, il passe le tissu moelleux sur mes joues. Je ferme les yeux pour savourer le moment.

- Tu nous a fichu une de ces trouilles, me dit-il soudain. Quand je suis rentré samedi et que j’ai lu ton mot, je n’ai d’abord pas trop su quoi faire. Je n’y croyais pas réellement. Je pensais à une blague. Et quand, au bout de quelques minutes, j’ai vu que tu n’apparaissais pas, j’ai rameuté tout le monde. Camille l’a très mal pris. Elle a failli tourner de l’œil. On a tous cru qu’on te reverrait jamais. On se demandait combien de temps il faudrait à un hibou pour faire le voyage entre Londres et Vienne. On a voulu aller te chercher. Remus nous en a dissuadé. Il a dit que tout ce qu’on arriverait à faire, ce serait de nous faire tuer.

- Vous n’auriez jamais trouvé la cité, dis-je. Le Palais est très bien protégé, seuls les vampires et leurs Calice peuvent y entrer.

- Alors, j’aurais pu.

- Non, pas sans moi.

Sirius opine, alors qu’il se baisse pour rincer le gant. L’eau rougeâtre disparait dans le siphon. Sirius se redresse pour recommencer à me nettoyer le visage. Je ferme de nouveau les yeux. J’entends alors les battements du cœur de Sirius s’accélérer, son odeur changer légèrement. Il est anxieux. Je me demande à quoi il pense.

- J’ai cru devenir fou, une fois qu’ils sont partis. Je me suis retrouvé tout seul ici. J’avais l’impression de te voir partout.

J’ouvre les yeux, alors qu’il abaisse la main. Il laisse le gant tomber dans le lavabo puis m’attire brutalement contre lui, avant de m’embrasser furieusement. Son baiser à un goût de panique, de précipitation, comme si c’était le dernier. Comme s’il pensait que c’était le cas. Il se recule. Je vois une larme rouler hors de ses yeux. Émue, je cueille la goutte d’eau du bout de mon doigt.

- Ne me refais jamais ça, chuchote-t-il. Ne me quitte pas, ne . . . Pars pas sans prévenir, ne pars pas sans moi. Je . . .

A bout de souffle, il baisse la tête et pose son front contre le mien. Il ferme les yeux pour évacuer les larmes qui perlent au coin, puis les rouvre, une lueur décidée dans le regard.

- J’ai eu le temps d’y penser pendant tout ce temps passé seul, et je suis sûr de ce que je veux aujourd’hui. Peu importe que les gens trouvent ça stupide.

Je ne comprends rien à ce qu’il dit, pourtant, je sens que c’est important pour lui. Alors j’ouvre mes oreilles toutes grandes.

- Épouse-moi, lâche-t-il dans un souffle.

Mon cœur loupe un battement. Quoi ? Ai-je bien entendu ?

- Je m’en fiche que tu trouves ça précipité et idiot de se marier aussi vite après notre rencontre, je sais que tu penses ça du mariage de Lily et James, mais j’en ai rien à faire, se met-il subitement à crier. Je t’aime, je sais que c’est toi celle avec qui je passerais le reste de ma vie, et j’ai pas peur de le dire ou de le prouver aux reste du mon . . .

Je l’arrête dans sa plaidoirie en posant un doigt sur sa bouche.

- Chut, tais-toi. A crier comme ça, tu vas rameuter les voisins. Et ce que je pense du mariage de Lily et James n’a rien à voir avec nous. Je suis un vampire et tu es mon Calice, le seul homme au monde que j’aimerais jamais. Lily et James n’ont pas la chance d’avoir cette certitude, c’est pour ça que je m’inquiète du bienfondé de leur union. Mais toi et moi, c’est différent.

Je plaque un baiser sur la bouche d’un Sirius muet comme une carpe.

- Alors bien sûr que je t’épouserai, nigaud.




O0o0O




Je pousse la porte de la boutique et la musique de la panthère rose que je connais par cœur retentit. Le magasin semble vide à première vue, pas de clients, et personne derrière le comptoir. C’est normal, à l’heure de l’ouverture. Je m’approche de la vitrine où les bacs de glaces parfumées s’alignent. Certains emplacements sont vides, ce qui me laisse deviner que la personne qui est de service aujourd’hui est partie chercher de quoi combler les trous. Je redresse la tête. Rien n’a changé dans la boutique. Je ne suis partie que quelques jours, mais j’ai l’impression qu’il s’est passé des années. Je m’attends à ce que tout ce que je connais ait changé. Un peu comme moi, au fond.

Un bruit provient de l’escalier qui mène à l’appartement du dessus. Le rideau s’ouvre, laissant passer un empilement de boites surmontant une paire de jambes. Je souris, amusée devant les mouvements titubants de la personne, et m’approche sans bruit. D’un geste expert, j’attrape les boites.

- Qu’est-ce que . . . ? S’étonne immédiatement la blonde qui apparait soudainement, une fois les boites disparues de ses bras.

Je pose le chargement sur le comptoir vide et fait face à une Camille aux yeux exorbités et à la bouche grande ouverte.

- Je suis rentrée, dis-je tout simplement.

Pas plus de trois secondes passent, pendant lesquels nous nous regardons sans dire un mot et sans faire un geste, avant qu’elle ne me saute dans les bras en criant de joie. Je la réceptionne avec l’aisance de l’habitude.

- Je le savais qu’ils ne te feraient pas de mal ! S’écrie-t-elle tout près de mon oreille sensible. Je le savais !

- Oui, fais-je en la repoussant gentiment, mais ce n’est pas comme si il n’était rien arrivé.

Surprise par ce que je dis, Camille me regarde avec intensité. Après m’avoir scruté de haut en bas, elle semble remarquer qu’effectivement, je ne suis pas comme avant. Elle fronce des sourcils et me guide jusqu’à la table la plus proche, où nous asseyons l’une en face de l’autre. Je pose mes mains sur la table, et elle les enferme entre les siennes, comme pour me protéger.

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demande-t-elle d’une voix grave. Ton message disait que la Reine voulait t’exécuter. Pourquoi ?

Je soupire, et lui explique :

- Lucinda est venu me chercher à temps. Elle savait que la Reine envoyait des vampires pour me tuer, et elle avait arrivé avant eux. Elle m’a expliqué que le procès de William avait lieu deux jours plus tard et que nous devions être en Autriche au plus vite. Nous sommes parties à peine vingt minutes après son arrivée. Nous sommes ensuite parties pour Vienne.

Camille secoue la tête, les sourcils toujours froncés. Je n’ai pas répondu à sa question.

- Avec les crimes qu’avaient commis William, il était clair qu’il allait être exécuté. Et quand un vampire est tué, par décision de justice, la Reine fait exécuté aussi toutes ses créations. C’est pour cela qu’elle avait envoyé des vampires à ma poursuite.

Camille relâche mes mains et s’enfonce dans sa chaise, perturbée.

- Je ne comprends pas, dit-elle. Tu n’as rien fait de mal, tu as même protégée les élèves de Poudlard de William. Pourquoi vouloir ta mort.

- C’est leur loi, dis-je. C’est comme ça, on y peut rien. Et aussi, je soupçonne qu’elle ait peur que les idées de William ne déteignent sur moi. Ou autre chose . . .

Je repense à ce que m’a dit William, juste avant de mourir. Il a laissé entendre qu’il existait un lien entre les vampires et leurs créateurs, un lien particulier. Mais on n’a jamais fait mention de cela devant moi, alors peut-être que je me fais des idées. Ou que William a tenté de me perturber, pour m’empêcher de le décapiter.

- Ou quoi ? Demande Camille. A quoi est-ce que tu penses ? Il s’est passé un truc en particulier ?

Je la regarde, hésitant sur ce que je dois lui dire. Mais je sens que je peux lui confier mes doutes. C’est toujours à elle que je me suis ouverte, pourquoi cela devrait-il changer aujourd’hui ? Je m’avance un peu, m’appuyant sur la table.

- Effectivement, il s’est passé quelque chose, dis-je. Avant de mourir, William a fait mention d’un lien particulier entre un vampire et son créateur. J’ignore de quoi il parlait, mais . . . Si c’est vrai, c’est peut-être à cause de ça que la Reine a peur de moi, dans une certaine mesure. Comme si j’étais capable de faire la même chose que William.

Camille éclate de rire.

- Si la Reine te connaissait aussi bien que je te connais, elle saurait que c’est impossible. Tu es incapable de faire de mal à une mouche !

Je soupire. Camille a tort. J’ai déjà éliminer deux êtres. C’est déjà deux de trop.

- J’ai tort, c’est ça ? Demande alors Camille, le visage grave. Je le vois dans ton regard.

- J’ai tué Betty, tu le sais.

- C’était un Faucheur, une créature malfaisante. Si tu ne l’avais pas fait, elle aurait fait des victimes. Tu n’avais pas le choix.

- J’ai aussi tué William.

Camille cligne des yeux, surprise.

- Quoi ? Comment ça ? Tu veux dire . . . Littéralement ?

J’acquiesce, sentant de nouveau la culpabilité me ronger l‘estomac.

- C’est pour ça que je suis en vie, expliqué-je. La Reine a posé deux conditions à ma survie : l’une était de témoigner au procès de William, et l’autre de l’exécuter une fois la sentence annoncée. Il est mort hier matin.

La tête baissée, je sens l’une des mains de Camille se poser sur les miennes avec compassion.

- Là non plus, tu n’avais pas le choix, dit-elle d’une voix douce. C’était ta vie, ou celle de William. Tu n’as fait que te protéger. Tu ne peux pas t’en vouloir de cela.

- Je ne m’en veux pas! Réfuté-je véhément en redressant la tête. William n’a eu que ce qu’il méritait mais . . . Maintenant je sais que je peux tuer. C’est . . . Ca n’a rien de difficile. Et regarde, je n’éprouve pas de remords.

Camille, lèvres pincées, serre fort ma main qu’elle tient.

- Ça peut se comprendre non ? Après tout le mal qu’il a fait, ne serait-ce qu’à toi. Comment pourrais-tu avoir des remords ? Il a failli te tuer, deux fois. Qui, à ta place, aurais réagi différemment ? Pas grand monde, crois-moi. Mais ça ne veut pas pour autant dire que tu serais capable de tuer des gens bien qui ne t’ont rien fait. Il y a une différence entre neutraliser des gens qui font le mal, et prendre des vies innocentes. Tu dois faire la différence entre les deux, d’accord ?

J’hoche de la tête d’un air absent. Elle a raison sans doute. Il y a une différence entre les deux. Mais comment savoir si je la fais, moi, cette différence ? Comment savoir si, dans un accès de colère, je ne pourrais pas mettre un terme à la vie de quelqu’un qui, au fond, de m’avait rien fait ? Difficile de savoir.

La cloche de l’entrée retentit, m’arrachant à mes pensées. Le premier client de la journée entre dans le magasin, nous jette un regard, puis s’avance vers la vitrine pour faire son choix. Je me tourne vers Camille et lui souris.

- Je crois que c’est l’heure pour moi de te laisser, tu as du travail.

- Ok, mais on se voit bientôt ?

- Bien sûr, fais-je en opinant de la tête, ce week-end. Je n’aurais sans doute pas le temps avant. Et puis, Sirius et moi faisons une petite soirée, samedi. Tu viendras avec Peter ?

- Pas de soucis, je lui dirais pour ton retour par la même occasion, dit-elle en se levant de table. Alors, à samedi.

Me levant à mon tour, j’acquiesce. Après un dernier signe de la main, je quitte la boutique. Il est de toute façon l’heure pour moi de rejoindre l’Académie pour mon premier cours de la journée.




O0o0O




Au milieu de la foule de la cour de l’Académie, je repère un banc libre, si rare à l’heure du déjeuner. Sans m’intéresser à ce qu’il se passe autour de moi, j’avance vers le banc d’un pas bien décidé, et y pose mon sac au moment où je l’atteins. A côté de moi, quelqu’un fait de même en même temps. Surprise, je relève la tête. Et sourcille en reconnaissant le profil du sombre Severus Rogue. Bien que nous soyons tous les deux dans le même département depuis près de six mois, je l’ai rarement vu d’aussi près. Il n’a guère changé depuis la seule fois où je l’ai détaillé, en le trouvant à la bibliothèque de Poudlard. Il semble seulement . . . Plus fébrile. Comme s’il était constamment sur ses gardes.

- Salut, dis-je, sans vraiment savoir quel comportement adopter.

Il me regarde avec animosité, puis s’assoit, posant son sac sur ses genoux sans me répondre. Je prends une profonde inspiration pour ne pas m’offusquer de son attitude. Après tout, nous n’avons été rien d’autre que des camarades de classe. Et Rogue est connu pour son comportement aussi asocial que le mien. Comment pourrais-je l’en blâmer ?

Décidée à moi aussi l’ignorer, je m’installe à l’autre extrémité du banc puis sors un épais bouquin de mon sac. Je ne suis pas souvent seule le midi, mais comme Chelsea ne savait pas que je revenais aujourd’hui, elle avait prévu autre chose. Elle déjeune avec des collègues autrichiens. Elle m’a proposé de venir mais j’ai préféré les laisser entre eux. Jouer la comédie devant une personne, ça va, mais devant une dizaine, c’est tout de suite moins facile.

Alors que je plonge dans le premier chapitre du roman que j’ai acheté il y a plusieurs jours, j’entends Rogue entamer son déjeuner à côté de moi. Un odeur de sandwich américain envahit mes narines. Je ferme brièvement les yeux pour apprécier les divers arômes de légumes, de viande et de pain. Bien que je ne puisse plus manger comme les humains, j’aime toujours l’odeur de la nourriture. Je trouve cela étrange, de considérer ce qui était vitale pour moi il y a quelques années, comme simplement décoratif à présent. Je peux poser un panier de fruits sur la table, mais il ne me viendrait jamais à l’esprit de m‘y servir.

Je rouvre les yeux et un mouvement attire mon regard. Rogue vient de porter son sandwich à sa bouche et la manche gauche de sa robe de sorcière descend légèrement. Sur sa peau, j’entraperçois une trace sombre, comme de l’encre. Il s’est sans doute tâché en cours en prenant des notes. Je pense brièvement à l’en avertir, mais vu la réponse que j’ai eu à mon bonjour un peu plus tôt, je décide finalement de m’en abstenir. De toute façon, il s’en rendra bien compte tout seul tôt ou tard.

Sans plus m’intéresser à mon voisin, je replonge dans mon livre. Je ne peux lire tranquillement que quelques minutes, puisqu’une voix m’interpelle soudain. Je relève la tête, en reconnaissant le timbre de James. Le grand brun me fonce dessus à la vitesse d’un boulet de canon, et je ne dois qu’à mes capacités vampiriques de ne pas mourir écrasée par sa masse. Il finit par trébucher sur le banc, et manque de s’étaler de tout son long sur le pauvre Rogue. Je rattrape mon ami à temps, avant qu’un incident fâcheux ne se produise entre lui et l’ex Serpentard. Ça n’empêche pourtant pas les deux jeunes hommes de se lancer un regard haineux par-dessus le sandwich à moitié mangé de Rogue.

- Bonjour James, fais-je en l’aidant à se redresser. Comment vas-tu ?

Le jeune homme aux cheveux en bataille me lance un regard interloqué alors qu’il remet sa chemise en place.

- Comment je vais ? Répète-t-il. On s’en fiche de ça, c’est toi le plus important ! Comment ça s’est passé en Autriche ? Sirius m’a prévenu ce matin que tu étais rentré hier. Ils ne t’ont rien fait là-bas ?

Amusée, je souris en secouant la tête et me penche sur le banc pour récupérer mon livre que j’ai laissé là.

- Je vais très bien, ne t’inquiètes pas comme ça, dis-je en fourrant mon bouquin dans mon sac. Et je t’expliquerai tout ce week-end, quand les autres seront là. J’imagine que Sirius t’a parlé de notre petite soirée de samedi ?

James acquiesce d’un mouvement vif.

- Oui, Lily et moi serons là.

Je hisse mon sac sur mon épaule et fais face à James.

- Elle a quand même été cherché sa robe de mariée samedi, dis-moi ?

Un bruit sourd empêche James de répondre à ma question. Nous nous tournons tous les deux vers Rogue qui vient de faire tomber sa bouteille d’eau par terre. Il se redresse, les oreilles rouges. James se contente de lui adresser un sale regard avant de reporter son attention sur moi, mais je scrute le jeune homme un peu plus longtemps. Il semble embarrassé et un peu en colère. Étrange. Et surtout, dans son mouvement pour ramasser sa bouteille, j’ai encore vu la tâche sur son bras. Mais ça ne m’a plus l’air d’être ça. On dirait plutôt un tatouage.

- Non, elle a repoussé le rendez-vous, répondit James à ma question. Elle y a été lundi après-midi, avec Gabrielle Sanves. Je ne sais pas si tu te souviens d’elle.

- Si, fais-je en reportant mon attention sur lui. Elle devait aussi y aller avec elle samedi mais Gabrielle a eu un empêchement de dernière minute, c’est pour ça que Lily me l’a demandé. Bref, je suis contente qu’elle ait fait son choix. Tu l’as vu ?

James ricane au moment où Rogue quitte le banc et s’éloigne d’un pas pressé.

- Même pas en rêve, Lily refuse que je vois que ce soit qu’elle portera avant le mariage. Du coup, j’ai planqué mon costume chez vous.

Je rigolai.

- Eh bien, si ça commence comme ça, il va être bien sympa votre mariage. Ca se fait toujours à l’église ?

James opine.

- Lily a été voir le . . . Prêtre, c’est ça ?

J’acquiesce.

- Avec sa mère, elles ont tout prévu visiblement. Il ne reste plus qu’à trouver une salle pour la réception et les décorations.

- Pas trop stressé ?

- Non, fit-il en haussant des épaules d’un geste nonchalant, ce n’est que dans trois mois, pas besoin de s’inquiéter maintenant.

- On en reparlera dans trois mois.

- Ouais, il y a des chances, répondit-il en rigolant et en passant une main dans ses cheveux. Mais pourquoi toutes ces questions sur le mariage ? Tu ne t’y intéresses pas autant d’habitude.

Je clignai des yeux, surprise. Je n’avais même pas fait attention au fait que j’étais plus curieuse que d’ordinaire à ce sujet.

- J’imagine qu’avec ce qu’il s’est passé en Autriche, j’ai envie de m’intéresser un petit plus aux autres, dis-je, sans vraiment croire à mes propres paroles mensongères.

Mon explication semble le convaincre puisqu’il ne me pose pas plus de questions et qu’il m’invite à le suivre jusqu’au réfectoire pour lui tenir compagnie le temps du déjeuner. J’accepte et j’ai la surprise de constater en arrivant, qu’il a déjà prévu de déjeuner avec Sirius et Remus. Les deux garçons sont aussi surpris que moi en me voyant débarquer en compagnie de James.

- Tu ne déjeunes pas avec Chelsea ? Me demande Sirius en levant de sa chaise pour venir m’embrasser.

- Non, répondis-je après lui avoir rendu son baiser, elle avait déjà prévu de manger avec des collègues autrichiens. J’ai rencontré James dans le parc et il m’a proposé de venir.

- Tant mieux, ça nous fera passer un peu de temps ensemble, dit-il alors que nous nous installons.

Je m’assieds et tends un sourire à Remus qui me fait face.

- Bon retour en Angleterre, me dit-il, et toute mes félicitations. Je suis très content pour vous deux.

Je fronce des sourcils, ne voyant pas du tout où il veut en venir. A côté de moi, James se trouve dans le même état, mais Sirius fusille son ami du regard. Le pauvre Remus ne semble pas comprendre. Puis, la lumière se fait dans mon cerveau et je me tourne vers Sirius, mécontente.

- T’as lâché l’info ? Susurré-je d’un ton menaçant.

Sirius affiche un sourire contrit.

- Je suis désolé, mais j’ai pas pu résister à la tentation.

- On avait dit qu’on attendrait la soirée de samedi. Tu l’as prévu pour ça !

Sirius fit la moue, se sentant visiblement coupable vis-à-vis de moi.

- Je sais, et je suis vraiment désolé. Mais, comprends-moi, je suis tellement heureux que je voulais partager ça avec Remus.

- Et moi, je n’ai rien dit à Camille ce matin. Elle va me tuer quand elle saura que Remus l’a appris avant elle.

- C’est si important que ça qu’elle le sache avant moi ? S’étonna Remus.

- Pour elle, oui, répondis-je d’un fataliste. Elle a des idées bien arrêtées sur le sujet, et en tant que ma meilleure amie, elle exige d’être la première au courant.

Remus hausse des sourcils, décontenancé par la nouvelle, puis retourne à son ragout de mouton. A côté de moi, James, les sourcils froncés, lève la main comme pour répondre à une question.

- Qu’est-ce qu’il y a ? lui demandé-je.

- On peut m’expliquer ce qu’il se passe ? Je ne suis pas sûr d’avoir tout suivi.

J’échange un regard avec Sirius, puis l’invite à tout dire à James d‘un geste de la main, puisque c’est son meilleur ami.

- J’ai demandé à Amandine de m’épouser hier soir, lui apprend-t-il, un grand sourire accroché aux lèvres. Et elle a dit oui !

James ouvre de grands yeux surpris, puis un sourire apparemment ravi s’étale sur ses lèvres.

- C’est génial ! S’exclame-t-il en me sautant dessus pour me prendre dans ses bras. Toutes mes félicitations !

- Mouais, grommelé-je alors que James me serre si fort contre lui que j’ai l’impression qu’il va m’écrabouiller. On verra si vous serez toujours aussi heureux quand Camille m’aura dévissé la tête.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeLun 4 Mai - 10:23

Chapitre 41 : Lily et James Potter




Je ramasse les assiettes posées sur la table et range le tout à sa place, dans le placard au dessus de l’évier, avant de jeter un œil à travers la fenêtre. Le jardin est plongé dans l’obscurité depuis deux bonnes heures et un large croissant de lune illumine faiblement le tout. Je referme le placard en soupirant et entreprend de faire un brin de ménage dans la cuisine. Il est minuit passée et je suis seule à la maison puisque Sirius travaille. Cependant, il aurait dû être rentré depuis une heure, et je sais qu’il n’a pas pour habitude de traîner le soir, par égard pour moi. Je commence donc à m’inquiéter.

Je passe près d’un quart d’heure à récurer la cuisine de fond en comble à la main, avant de jeter mon éponge dans l’évier d’un geste agacé. La pendule qui trône dans un coin du salon affiche minuit et demi. Je lui lance un regard torve, comme si elle était la cause du retard de mon fiancé. Je m’adosse à l’évier et croise les bras sous la poitrine. Je pense à appeler Camille ou James pour partager mes inquiétudes, mais je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure chose à faire. De toute manière, si il était arrivé quoi que ce soit à Sirius, le Ministère m’avertirait au plus vite : je suis la personne à prévenir en cas d’urgence.

Je quitte la cuisine et vais me laisser tomber dans le sofa. Je ramène mes pieds sur le canapé et me recroqueville dans un coin en attrapant un livre de cours que j’ai laissé traîner là un peu plus tôt dans la soirée. Il sera toujours plus productif d’étudier plutôt que de tourner en rond dans la maison. J’ouvre mon livre à la page marquée et entame ma lecture, non sans avoir un peu de mal à m’y mettre. Je ne cesse de jeter des coups d’œil sur la pendule, toutes les cinq minutes. Ce geste a malheureusement le désavantage de faire passer le temps moins vite. Je finis cependant par me trouver happé par le livre, et ne suis plus obsédée par la pendule.

Elle sonne deux heures du matin, quand la porte d’entrée s’ouvre enfin. Impatiente, je laisse tomber mon livre à terre et saute hors du canapé par dessus le dossier pour m’approcher de la porte. Je me fige lorsque Sirius en passe le seuil et que l’odeur du sang m’englobe avec force. Il en est recouvert, mais je sais que ce n’est pas le sien. C’est celui d’autres personnes. Il referme la porte derrière lui et se retourne d’un geste las. Je me précipite sur lui et l’attrape par la main pour le guider vers la salle de bain. Il se laisse faire.

Une fois dans la pièce d’eau, j’attrape ma baguette et transforme le bac de douche en baignoire en étain, avant d’actionner les robinets pour qu’elle se remplisse d’eau chaude. Je me retourne vers Sirius, qui s’est adossé à l’évier, les yeux fermés. Je m’approche et pose une main sur sa hanche.

- Tu veux en parler ? Demandé-je.

Il secoue la tête. Nous nous contentons de garder la même position, jusqu’à ce que la baignoire soit remplie. Je ferme ensuite les robinets et revient vers Sirius. Il a commencé à enlever ses vêtements, s’est débarrassé de son uniforme d’Auror, et se retrouve en tee-shirt en en caleçon.

- Tu veux que je reste avec toi ?

Il redresse la tête et me tend un sourire pâle.

- S’il te plaît, dit-il.

J’acquiesce et ôte à mon tour mes vêtements. Sirius se glisse dans la baignoire fumante et je le rejoins quelques secondes plus tard. D’emblée, il m’attire contre lui, cale mon corps entre ses cuisses. Sagement, il pose ses mains sur mon ventre et pose son menton sur mon épaule. L’eau commence déjà à se teindre de rouge pâle par endroits.

- Tu n’es pas blessé ? Demandé-je, soucieuse de vérifier que mes sens ne m’ont pas trahis.

- Non.

Les réponses laconiques et prononcées d’une voix basse m’indique qu’il ne souhaite pas parler de ce qu‘il s‘est passé. Seulement profiter d’un réconfort humain. Je me laisse aller contre lui en soupirant, et décide de lui raconter n’importe quoi, ce qu’il me passe par la tête, histoire de lui faire oublier sa journée, pendant un moment.

- Remus est passé tout à l’heure, il t’a rapporté un carton de bièraubeurre des Trois balais, comme tu lui as demandé. Je l’ai mis à la cave.

Sirius ne réagit pas.

- Tu te souviens que j’avais rendez-vous avec le fleuriste aujourd’hui ? Demandé-je ensuite. J’ai choisi des œillets blancs pour mon bouquet et pour la décoration des tables. J’ai demandé à ce que on en prépare une pour l’accrocher à ton costume aussi.

L’emprise de Sirius sur mon corps se resserre. Parler du mariage semble lui plaire, alors je poursuis sur ma lancée.

- Je t’ai pris rendez-vous pour l’essayage, j‘ai mis la date sur la table basse. Tu n’auras qu’à me dire s’il ne te convient pas, j’en prendrais une autre.

- Inutile, je m’arrangerai pour y être. Et ta robe ?

Je secoue la tête.

- Je n’ai pas encore fait mon choix. Camille et moi iront à Salisbury le week-end de la semaine prochaine, il parait qu’il y a un bon styliste là-bas. On va aller jeter un œil sur ses créations.

Sirius opine de la tête, et je me retourne pour lui faire face. J’attrape le gant de toilette posé sur le rebord de l’évier, et entreprend de nettoyer le visage de Sirius couvert de sang. Ses cheveux aussi en sont pleins, il lui faudra un bon shampooing.

- Au fait, je dois partir à neuf heures, tout à l’heure, me rappelé-je soudain. Alors ne t’étonnes pas si je ne suis pas là à ton réveil.

- Où tu vas ? Demande-t-il, une lueur d’intérêt illuminant son regard.

- Aider Lily à décorer la salle de réception, répondis-je en souriant, heureuse de voir qu’il se remet de ses émotions.

Un vrai sourire heureux s’étalent sur les lèvres de Sirius.

- C’est vrai, dit-il, ils se marient demain. Ca m’était sorti de la tête.




0Oo0O




Baguette à bout de bras, tendue vers le plafond, je jette un œil à Lily, installée dans la même position que moi de l’autre côté de la banderole. Nous échangeons un sourire amusée, alors que Gabrielle Sanves, dans notre dos, nous indique si l’immense bande de tissu bariolée est droite ou pas. Nous tentons de l’accrocher au mur depuis cinq bonnes minutes, mais Lily et moi n’arrivons pas à la mettre correctement.

- Lily, plus haut !

Relevant la tête, la future mariée jette un œil à son côté de banderole en obéissant.

- Très bien, Mandy, tu baisses juste un tout petit peu.

Comme Lily, je relève la tête vers mon coin de tissu et attire doucement la banderole vers moi.

- Là ! Stop ! Ne bougez plus, elle est parfaite. Je vais l’accrocher.

Figées, Lily et moi échangeons un autre regard, accompagné d’un sourire amusé cette fois-ci. Gabrielle s’avance entre nous et d’un coup de baguette, fixe la banderole au mur.

- Eh bah, ce n’est pas trop tôt ! S’exclame cette dernière. J’ai bien cru qu’on n’y arriverait pas.

Lily et moi faisons deux pas en arrière et encadrons la jeune femme, le regard rivé sur le message inscrit sur le tissu blanc en grosses lettres multicolores. Le mur qui l’entoure est décoré de ballons de toutes formes et de toutes couleurs, ainsi que le reste de la pièce. La salle de réception est de forme rectangulaire. L’un des murs de la largeur est parcourut par un bar en bois que nous avons décorés de guirlandes lumineuses, lui donnant un petit air festif. En face, contre le mur opposé, une estrade en pin, surmonté d’un matériel hifi dernier cri. Une pile de trente-trois et quarante-cinq tours attendent d’être utilisées sur la table, à côté de la platine, et là aussi des ballons et des guirlandes égayent le tout. Au centre de la pièce, les tables sont collées les unes aux autres pour former une seule et gigantesque table où les convives s’installeront après la cérémonie. La nappe y est blanche et les couverts aussi multicolores que le reste de la décoration, notamment les roses installées à intervalles réguliers au centre de la table.

- Lily, je ne voudrais pas t’inquiéter, mais il est midi passé, fait soudain Gabrielle en regardant sa montre avec attention.

L’ex-Gryffondor sursaute, s’empare du poignet de sa meilleure amie et tire dessus avec force pour regarder la montre par elle-même.

- Oh merde ! S’exclame-t-elle aussitôt.

Amusée, je sourcille en entendant une telle exclamation dans la bouche de l’ancienne Préfète-en-Chef.

- Il faut que je rentre chez moi me préparer, poursuit-elle ensuite en relâchant le membre de son amie.

Gabrielle acquiesce d’un signe de la tête avec un sourire plus qu’amusé et toutes deux filent récupérer leurs affaires abandonnées dans un coin. Je les suis plus modérément, puis les accompagne lorsqu’elles sortent de la salle des fêtes louée pour l’occasion par le futur couple de jeunes mariés.

- On se retrouve tout à l’heure, dis-je à Lily. Et ne t’inquiètes pas, je ferais en sorte que James arrive à l’heure.

Elle acquiesce d’un air qui me semble assez angoissé, puis je transplane. Je réapparais dans le jardin de ma maison et m’avance vers la porte d’entrée au moment où un bruit d’explosion retentit, provenant de mon salon. Sentant la peur m’envahir, je dégaine aussitôt ma baguette et me précipite dans la maison. J’y découvre un spectacle surprenant. James et Sirius se font face, baguettes pointées l‘un vers l‘autre, seulement séparés par le canapé. Et je suis au regret de constater que le reste de la pièce est, au mieux, en morceaux, au pire, en miettes. Les deux jeunes hommes, sans doute surpris par mon apparition, me lancent des regards paniqués. Pour ma part, la peur s’est faite la mal, laissant place à la colère et l’indignation.

- Mais qu’est-ce que vous foutez, espèce de débiles ! M’égosillai-je depuis le seuil de la porte d’entrée.

Les deux garçons échangent un regard avant de constater le carnage qui les entoure. Notre horloge de salon est par terre, la balance a un mètre du reste du meuble, la table basse a perdu deux de ses pieds opposés et tient encore debout par je ne sais quel miracle, l’une des vitres de la baie vitrée est en miettes, certaines portes des placards de la cuisine pendent lamentablement ou sont tout simplement tombées par terre, tandis que la porte qui mène à notre chambre a mystérieusement disparu.

- Heu . . . , fait soudain Sirius, interrompant le long silence en cours. Je crois que notre entraînement a . . . un petit peu dégénéré.

Vu la manière dont je le regarde à présent, si mes yeux avaient été baguettes, il n’aurait pas vu le sort partir. Je n’ai pas souvenir d’avoir été un jour dans un tel accès de colère. Mon cœur bat si vite et si fort qu’il pourrait jaillir hors de mon corps sans que cela ne m’étonne plus que cela, et ma main qui serre encore ma baguette se demande si je dois tuer mon fiancé maintenant, ou si j’attends de voir si le torturer avant ne serait pas plus délicieux.

- Un petit peu dégénéré ? Répétai-je, abasourdi.

D’un coup de baguette, je ferme la porte d’entrée que je me souviens à présent avoir laissé grande ouverte, et donc que mes voisins peuvent voir l’intérieur. Puis je fais deux pas en avant en direction de Sirius, qui semble comprendre qu’il ne m’a franchement pas mis en joie, et fait deux pas en arrière.

- Je peux savoir pourquoi vous vous êtes sentis obligés de vous entraîner et de foutre la maison en l’air à moins de deux heures du mariage de Lily et James ?

James, l’air franchement embêté, range sa baguette dans la poche de sa robe de sorcier et regarde autour de lui avec inquiétude. Sirius fait de même et tente de me calmer.

- James était un peu tendu à l’idée du mariage qui s’approche alors on a décidé de se défouler un peu. Je ne pensais pas que ça irait si loin. On va tout remettre en place, ne t’inquiètes pas, quelques sortilèges de Réparation et tout sera comme avant.

Les battements de mon cœur se calment un peu et mes doigts relâchent peu à peu leur emprise sur ma baguette.

- Tu as deux minutes pour remettre ce salon en état, et pas une seconde de plus.

Sirius acquiesce, tapote mon épaule en passant à côté de moi et fait signe à son ami de lui filer un coup de main. Je les suis des yeux, toujours furieuse, avant de me détendre un peu.

- Dis donc, chuchote James à l’oreille de son ami, oubliant sans doute que je peux les entendre, elle est pas commode ta vampire. Elle oublie que nous sommes des sorciers ou quoi ?

James glapit ensuite, quand un maléfice de Pincement de mon cru lui chatouille l’arrière train.




O0o0O




- Arrête d’y toucher, dis-je à James en lui tapant sur la main.

Ce dernier obéit en grimaçant, je lui remets son nœud papillon en place, puis passe les mains sur sa veste noire pour la lisser. Nous sommes dans l’église où James et Lily ont prévus de s’unir. Comme toute la famille de Lily est moldue, il aurait été compliquée de faire ça dans le jardin des Potter, avec des verres qui se remplissent tous seuls, et les sorciers mâles en robes traditionnelles. Du coup, tous les invités des Potter se retrouvent à jouer aux bons petits moldus. Une chance qu’aucun d’eux ne soit plus raciste que la moyenne. Cependant, une autre petite cérémonie, privé celle-ci, aura lieu demain chez Lily et James, pour officialiser leur union sorcière.

James à peu près habillé convenablement, je passe derrière lui pour rejoindre Sirius, droit comme un piquet, et témoin de son mariage. Je vérifie chez lui aussi, que sa tenue est correct, alors que les premiers invités commencent à s’installer dans l’église.

- Est-ce que je t’ai dit que tu étais vraiment très jolie dans cette tenue ? Murmure Sirius à mon oreille en se penchant vers moi.

- Toi, c’est pas le moment, répondis-je en le fusillant du regard.

Sirius se recule, fronçant des sourcils, mécontent du ton que j’ai employé envers lui. Il croyait quand même pas que j’allais oublier de si tôt l’état dans lequel j’avais retrouvé mon salon, non mais ! Sans parler du trac extrême dans lequel il avait collé James, en lui disant des choses qui ne sont pas à dire à un futur marié. Est-ce que j’ai dit à Lily qu’elle était sur le point de se passer la corde au cou, moi ?

Je lève les yeux pour regarder Sirius, tout en lissant sa cravate du plat de la main.

- Tu vas m’en vouloir longtemps ? Me demande-t-il.

- Au moins le temps de la cérémonie. Nous verrons bien par la suite.

Sirius roule des yeux, et je descends de l’estrade pour rejoindre Remus et Peter, installés au premier rang, sur la colonne de bancs de droite. Ils m’ont gardés une place entre eux, que je rejoins. Les parents de James sont à côté de Remus, et Camille s’est assise près de Peter. De l’autre côté de l’allée centrale, les bancs se retrouvent peu à peu envahis par la famille de Lily. J’imagine que ceux qui s’installent au premier rang sont ses plus proches parents, donc sa mère et que sa sœur, que je l’ai entendu mentionner une fois, quand elle s’interrogeait sur la nécessité de l’inviter à son mariage. Visiblement, elle a finit par trancher en sa faveur.

Dans un silence complet, je regarde l’église accueillir les convives. Bientôt, le prêtre apparaît derrière l’autel et échange quelques mots avec James. Je jette un œil à ma montre ; elle affiche quatorze heures. L’heure pour Lily de faire son entrée. Quelque part dans l’église, la marche nuptiale retentit, faisant taire les quelques conversations qui persistaient dans le sanctuaire, puis tout le monde se lève et se retourne pour assister à l’entrée de la mariée. Aux portes de l’église, Lily attend, les mains tenant son bouquet de lys jointes devant sa poitrine. A ses côtés, un homme de petite taille et au crâne dégarni, son grand-père paternel. Malheureusement, Lily a perdu son père quelques années plus tôt, décédé des suites d’une maladie.

Sur les notes de la musique, Lily et son grand-père remontent l‘allée entre les bancs, entourés par le silence cérémonieux imposés pas les invités muets. James, toujours près de l’autel, suit le procession de sa future épouse d’un œil ému, les mains jointes devant son ventre, et un large sourire accroché aux lèvres, qu’il tente vainement de faire disparaître. A côté de lui, Sirius me regarde, souriant lui aussi. Je devine aussitôt à quoi il pense, et ce qui a pu se passer un peu plus tôt dans la journée me passe aussitôt loin au dessus de la tête. Je lui rends son sourire heureux. Lily arrive finalement en face de l’autel. Son grand-père lâche son bras et l’embrasse sur la joue, avant d’offrir la mariée à son futur époux. James remercie le vieil homme d’un ton bas, avant que le couple ne fasse face au prêtre.

Tous les invités se rassoient à l’invitation de l’homme de Dieu. La cérémonie commence. N’ayant jusqu’à ce jour jamais assisté à un mariage, quel qu’il soit, je ne savais pas à quoi m’attendre avant de mettre les pieds dans cette église. Je suis cependant surprise en découvrant que cette tradition est ennuyeuse et affreusement longue. A côté de moi, Remus pique du nez régulièrement, et il ne doit de ne pas ronfler dans l’église qu’à mes coups de coudes incessants. De l’autre côté, Peter et Camille regardent la cérémonie avec intérêt, m’étonnant par leur capacité à éviter l’effet soporifique de la voix du prêtre. Pourtant, à part eux, aucun autre sorcier ne semble ravi de rester assis plus d’une heure sur les bancs, à écouter la cérémonie.

Notre calvaire prend cependant fin plus rapidement que je ne le pensais, et c’est avec un soupir de soulagement parfaitement audible pour mes voisins les plus proches que je me lève pour applaudir avec les autres invités, tandis que James embrasse sa toute nouvelle femme. Une musique joyeuse résonne alors entre les murs de l’église, alors que les témoins et les mariés passent derrière l’autel pour signer quelques documents, et que nous sortons de l’église. Une fois à l’air libre, je m’étire, les bras vers le ciel, en gémissant de plaisir.

- Entièrement d’accord avec toi, dit Remus à côté de moi, avant d’étouffer un bâillement derrière sa main. Heureusement que nous ne sommes pas aussi soporifiques.

- Tu dis ça pour moi ? Rétorqué-je en souriant.

Remus éclate de rire.

- Merlin merci, Sirius et toi avez opté pour une cérémonie sorcière, dit-il à mi-voix, craignant d’être entendu par les moldus qui nous entourent.

Je rigole à mon tour, puis notre attention à Remus et moi est attiré vers l’église quand des acclamations de joies retentissent et que du riz se met soudain à voler près des portes. Nous nous frayons un chemin entre les moldus et les sorciers pour rejoindre Peter et Camille qui arrosent nos amis de grains de riz blancs. Souhaitant participer à cette tradition, je pioche dans le sachet de ma meilleure amie, et vise soigneusement le couple. Un peu trop soigneusement même, puis que l’un des grains se glisse dans le décolleté de la mariée, faisant du coup exploser de rire les invités quand celle-ci se voit contrainte d’aller récupérer le petit vicieux.




O0o0O




Accoudée au bar, j’écoute Camille me raconter les derniers déboires qu’elle a subi au magasin ces derniers jours. Entre les gosses irrespectueux, les parents incapables de tenir leur progéniture en laisse, les vieux vicieux et les vieilles acariâtres, Camille semble en prendre pour son grade. Agacée, cette dernière fait tourner son vin blanc dans son verre, en maudissant les clients insatisfaits qui ne cessent de pousser la porte du glacier.

- Et toi, soupire-t-elle, comment ça se passe tes études ?

Nous ne nous sommes pas revus depuis plusieurs semaines, faute de temps. Ses horaires à la boutique ne sont pas forcément compatibles avec les miens, à l’UMS. De plus, nos vies de couples nous accaparent aussi assez souvent, surtout pour elle qui vit toujours chez ses parents et qui, donc, passe beaucoup de son temps libre avec Peter.

- Tout se passe bien, réponds-je en jouant avec mon verre à moitié plein, posé sur le bar. C’est un peu ennuyant puisque nous ne faisons que la théorie, mais il est prévu que nous commencions nos stages de pratique dès la rentrée prochaine, en septembre. J’ai hâte d’y être.

- J’imagine oui, fait Camille en se retournant pour regarder ce qu’il se passe dans la salle.

Sans que cela n’ait rien d’étonnant, les moldus et les sorciers ne se mélangent pas, à l’exception de James et Lily. Des petits groupes de discussion se sont formés, et le couple vole de l’un à l’autre, s’enquérant de leur bien-être et échangeant quelques mots avec eux. Près des portes de sorties, j’avise Sirius, Remus et Peter qui discutent, chacun un verre à la main. Leur sujet doit être assez distrayant puisqu’ils rigolent tous trois à gorges déployées.

Laissant de côté ce qu’il se passe autour de nous, je me tourne de nouveau vers Camille qui vient de vider son verre de vin blanc.

- Au fait, pendant que j’y pense, Bill te passe le bonjour.

- Oh ! s’exclame Camille, à la fois surprise et ravie. Comment va-t-il depuis le temps ? Il ne donne jamais de nouvelles.

- Il s’attend sans doute à ce que je fasse le hibou, dis-je en rigolant. En tout cas, quand je l’ai croisé cette semaine, il allait bien. Il stresse un peu à cause de ses examens qui approchent, mais il pense valider sa première année sans trop de difficultés. Oh, et il a une petite amie, une fille de sa classe. Jolie, je l’ai vu de loin, une petite blonde qui m’avait l’air assez énergétique.

Je cesse de raconter la vie de Bill Weasley quand la voix de James s’élève dans la salle pour nous prévenir que le dîner est sur le point d’être servi. Alors qu’il descend de l’estrade suite à son annonce, et qu’une bonne partie des invités s’avancent vers les tables pour trouver leurs places - si ce n’est pas déjà fait - je remarque du coin de l’œil un mouvement. Je tourne la tête vers les portes, au moment où deux hommes vêtus de vestes blanches et de pantalons noirs installent des plats sur la table. Je sourcille, amusée, en constatant que le timing de James est parfait.

D’un pas tranquille, Camille et moi décidons de faire comme demandé et cherchons nos places. Camille a vite fait de trouver la sienne, à côté de Peter à l’une des extrémités de la table. Remus se trouve en face d’eux. Je continue à chercher, et constate que je suis à côté de Sirius, lui-même placée à la gauche de James, en qualité de témoin. Sirius, déjà installé, se lève dès que j’approche et tire ma chaise pour me permettre de m’y installer.

- Miss, si vous voulez bien vous donner la peine, fait-il d’un ton ampoulé en me désignant l’assise.

- Cesse donc de faire l’idiot, dis-je en m’installant, non sans afficher un sourire amusée.

Il rapproche ma chaise de la table en rigolant, puis revient s’installer à côte de moi. Je jette un regard sur Lily et Gabrielle, sa demoiselle d’honneur, qui discutent l’une penchée sur l’autre, puis regarde qui me fait face. La femme au long cou et aux cheveux châtains coupés dans la nuque n’est autre que la sœur de Lily, Pétunia. A côté d’elle, un jeune homme massif, à la moustache brune, est son mari, Vernon Dursley. C’est ainsi que me les a présenté Lily, un peu plus tôt dans l’après-midi, alors que nous échangions quelques mots après la cérémonie.

Sentant que je la regarde, Pétunia Dursley cesse de saccager la serviette en papier qu’elle semble avoir décidé de réduire en miette d’un geste mécanique, et lève les yeux vers moi. Je lui tends un sourire amicale. Cette dernière pince des lèvres et retourne à son manège. Décontenancée, j’hausse des sourcils, avant de me tourner vers Sirius qui a suivit le manège de la sœur de Lily. Nous échangeons un regard interloqué, ne comprenant guère ce qu’il vient de se passer.

- Bizarre, souffle Sirius du bout des lèvres en se penchant sur moi pour que nous ne soyons que tous les deux à l’entendre.

J’acquiesce d’un signe de tête, au moment où mon voisin de gauche me sers un verre de vin sans me demander mon avis. Ce n’est autre que le père de James, qui me regarde en souriant.

- Goûtez-le, Amandine, me conseille-t-il, il est excellent. Il faut goûter une telle cuvée une fois dans sa vie. Ah toi aussi, Sirius, donne moi ton verre.

Je souris, avant de me tourner vers Sirius qui tend son verre à Mr Potter, et qui le récupère rempli à moitié de vin. Je le supplie du regard de me venir en aide. Comprenant, il me tapote amicalement le genoux avant de vider son verre de vin d’une traite, pendant que le père de James a le dos tourné. Puis, il échange nos deux verres.

- Oh quelle descente ! S’exclame Mr Potter en avisant mon verre vide, une fois qu‘il s’intéresse de nouveau à moi. Mais faites attention quand même, ils sont traîtres ces vins. Un autre verre ?

Alors que Mr Potter tend sa bouteille, je pose la main sur mon verre en souriant.

- Non, c’est très gentil, mais je n’aime pas trop boire.

Ou manger d’ailleurs.

- Mais il était excellent, il n’y a qu’à voir à quelle vitesse je l’ai bu.

Mr Potter me lance un regard surpris, puis il hausse des épaules, avant de se tourner vers quelqu’un d‘autre. Soupirant de soulagement, j’ôte mes mains du verre, et croise le regard éberlué de la sœur de Lily. Je fais une grimace pouvant signifier bon nombres de choses, avant de me tourner vers les plats débordant de nourritures. Puisque tout le monde me prend pour un être humain, je dois remplir mon assiette de nourriture, et la vider régulièrement sans que cela ne paraisse suspect. Plus facile à dire qu’à faire. Ca ne m’empêche pourtant pas de commencer par l’entrée et d’attraper une coquille Saint-Jacques brûlante que je dépose dans mon assiette. A côté de moi, Sirius prend la même chose.

- Prêt à être gavé comme une oie ? Demandé-je du bout des lèvres, sans une once de plaisanterie.

- Prêt, soupira-t-il. Mais si tu pouvais utiliser un sort de disparition de temps en temps, je ne serais pas contre.

- Je n’ai pas ma baguette sur moi, consigne de Lily et James.

Sirius me jette un coup d’œil étonné, avant de glisser sa main dans sa poche et me faire voir un bout de sa baguette.

- Tu l’as emmené ? Chuchoté-je furieusement. Ils l’ont interdit !

- Lily l’a interdit, nuance. James a prit la sienne lui aussi, ainsi que Remus et Peter. Juste au cas où.

- Au cas où quoi ? Fis-je. T’as peur de recevoir un bout de poulet dans les cheveux ? On est entourés de moldus ici, pas de Mangemorts !

Sirius roule des yeux.

- Lily ne verra rien, c’est promis. De plus, je te rappelle que je suis apprenti auror, il serait suicidaire pour moi de sortir sans ma baguette.

Je décide d’arrêter d’essayer de convaincre me tête de bois de petit-ami à ce moment-là. De toute façon, quoi que je dise, j’ai l’intime conviction qu’il trouvera quoi répondre. Alors, au lieu d’insister, je reporte mon attention sur mon repas, ainsi que sur ma voisine de face. Je la regarde d’un œil agacé, puis me donne comme mission pour la soirée de la faire parler. Ce qui, au vu de la tronche qu’elle tire, risque d’être un sacré challenge.




O0o0O




- Oui, j’ai entendu quelques chansons de ce groupe, dis-je. Je ne les connais pas beaucoup, parce que je ne suis pas très portée sur la musique, mais le peu que j’en ai entendu m’a semblé pas mal. Ils ont cessés de jouer ensemble, c’est ça ?

La femme en face de moi acquiesce tout en tentant d’empêcher son fils d’un an passé de quitter ses genoux. Elle est une amie des parents de Lily que je viens de rencontrer. Elle est assise à côté de Pétunia à table et, voyant que malgré tous mes efforts, la sœur de Lily ne m’adresse pas un seul mot, semble m’avoir pris en pitié et répond à sa place.

- L’un des membres a joué en solo ensuite, mais il s’est arrêté à présent. Cependant, il y a des rumeurs qui court comme quoi John Lennon pourrait se remettre à la chanson.

J’opine, trempant mes lèvres dans mon verre d’eau sans y boire une goutte. Si elle et moi, nous sommes venues à discuter musique, c’est parce que l’une des chansons de ce fameux John Lennon passe en ce moment, un ode à la paix d’après ce que je comprends.

- Imagine est l’une de ses plus belles chansons de mon point de vue, continue la moldue dont j’ignore le nom.

Souriante, je ne peux que lui concéder cette affirmation. Je la trouve moi aussi, très jolie cette chanson. Soudain, une main se pose sur mon épaule tandis qu’une autre apparait sous mon nez, en une invitation à danser. J’attrape la main que Sirius me tend, puis quitte la table non sans m’excuser auprès de la femme, avant de rejoindre la piste de danse. Sirius se glisse entre les danseurs, et se rapproche de Lily et James, collés l’un contre l’autre, avant de me serrer contre lui et de tanguer sur le tempo lent. Une main glissée dans le bas de mon dos, et l’autre serrant la mienne contre sa poitrine, il me sourit d’un air tendre. Inconsciemment, je me perds dans son regard aimant, et pose mon front contre le sien, tout simplement heureuse et comblée à cet instant. Je ferme alors les yeux et profite de la chanson et de la danse, respirant l’odeur de Sirius. Habituée que je suis à l’avoir constamment autour de moi, j’en avais oublié à quel point son parfum est enivrant. Une chaleur habituelle se répand dans mon corps, alors que ma gorge me brûle agréablement.

Rouvrant les yeux, je repousse ma soif de sang et me hisse légèrement pour déposer un baiser chaste sur les lèvres de mon fiancé. Il rouvre ses yeux, qu’il avait fermé, surpris, avant d’esquisser une moitié de sourire attendri. Alors que la chanson joue ses dernières notes et qu’une autre commence, Sirius m’embrasse à son tour, bien plus passionnément que moi. Le tempo de la chanson se faisant plus entrainant que le slow précédant, il ne garde ensuite qu’une de mes mains dans la sienne et me fait tourner sur moi-même, m’arrachant un éclat de rire.

Nous dansons ainsi pendant quelques minutes, avant que Sirius ne ressente l’envie pressante d’utiliser les toilettes. Certainement une cause de tous les verres d’eau et autres alcools qu’il a dû ingurgiter à ma place. Amusée, je rejoins ma place et retrouve la moldue fan des Beatles qui s’occupe de son fils et tente de le convaincre de manger un morceau, ce qu’il a refusé de faire pendant tout le dîner. La laissant à ses soucis de mère, je me tourne vers Pétunia, n’ayant toujours pas décidé de baisser les bras. Elle regarde les danseurs évoluer d’un air ennuyé.

- Vous n’aimez pas danser ? Lui demandé-je.

Elle me lance un bref coup d’œil agacé, avant de retourner à sa contemplation de la piste de danse. Je roule des yeux, devant son comportement immature. Et c’est à ce moment-là que la voix de Lily retentit derrière moi.

- Pétunia, c’est toi qui a tenu à venir à mon mariage, alors si tu pouvais au moins échanger deux mots avec les invités de James, ainsi que mes amis, ce serait appréciable.

Pétunia lève un regard torve sur sa sœur qui s’est assise à côté de moi.

- Maman m’a obligé à venir, lâcha-t-elle en grimaçant de dégoût. Jamais je n’aurais mis volontairement ici les pieds, entourée de tous ces . . . Gens.

Je fronce des sourcils en l’entendant buter sur le dernier mot, alors qu’elle regarde toute la salle comme s’il n’y avait que là que des putois odorants. A côté de moi, Lily soupire.

- Je suis désolée, Mandy, ma sœur est irrécupérable. Je te conseille d’essayer de parler à quelqu’un d’autre.

Je la regarde en acquiesçant, puis elle se lève non sans un regard furieux envers sa sœur. Je regarde de nouveau Pétunia, devinant soudain le problème de la jeune femme. Je croise les bras et les pose sur la table, scrutant pétunia avec attention. A côté d’elle, Vernon passe un bas protecteur sur ses épaules, comme si ça allait m’empêcher de la percer de mon regard, tout en me fusillant des yeux.

- Vous nous détestez.

Ce n’était pas une question, seulement une affirmation, suffisant pour attirer l’attention de Pétunia sur moi. Et, enfin, l’obliger à me parler.

- Vous n’êtes que des monstres, souffla-t-elle entre ses dents. Vous ne devriez même pas exister.

Une grondement sourd de colère m’échappe à ces mots. Le couple me regarde d’un air incrédule. Si elle pense que les sorciers sont des monstres, que dirait-elle de moi en découvrant ma vraie nature ? Moi, qui ne suis plus humaine. Je leur tends alors un sourire ambigu en me relevant. Posant les mains à plat sur la table, je me penche vers eux, suffisamment proche pour que seuls eux entendent ce que j’ai à dire.

- Si les sorciers comme nous sont des monstres à vos yeux, que pensez-vous de ceux qui tuent dix moldus comme vous par jours, et sans aucuns remords ?

Pétunia se met à trembler, mais ça ne l’empêche pas de riposter.

- Nous savons qu’une guerre sévit chez vous, mais nous ne sommes pas concernés.

Je laisse échapper un ricanement.

- Vous ne direz plus la même chose quand vous mourrez sous la baguette d’un mauvais sorcier, qui s’amusera longuement avec vous avant de vous délivrer en vous tuant.

Sur ces mots, et parce que j’ai la sensation que je ne me contrôlerai pas très longtemps, je quitte la table rapidement, avant de sortir de la salle des fêtes. La nuit est tombée depuis des heures, et le fond d’air frais me permet d’apaiser mes nerfs. Je comprends à présent à peu mieux pourquoi Lily a hésité à inviter sa sœur. Cette dernière est raciste, ainsi que son mari sans aucun doute. Rien qui ne pouvait convaincre Lily de leur proposer de côtoyer les sorciers qu’ils haïssent tant.

Plus calme, j’inspire profondément et expire, avant de me tourner vers le bâtiment auquel je faisais précédemment dos. Je pense alors à mon propre future mariage, qui aura lieu dans deux mois, et qui sera bien différent de celui-ci. Je souris, sentant la hâte et l’angoisse comprimer mes entrailles à l’idée que je serais bientôt Mme Amandine Black.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeMer 6 Mai - 13:29

Chapitre 42 : Cérémonie intime




Une petite fille hurle à s’en déchirer les cordes vocales, comme si elle souffrait milles morts. Pourtant, sa mère vient seulement de refuser de lui acheter les bonbons qu’elle a véhément réclamé. Et au vu du surpoids qui menace la fillette, la mère a bien raison de résister au caprice de sa gamine, qui vient de se laisser tomber par terre pour s’y rouler tout son soul en continuant de beugler comme un veau qu‘on mène à l‘abattoir. La mère, derrière son caddie, hésite visiblement sur la conduite à tenir devant le spectacle honteux que présente sa fille. Elle me jette un regard, depuis l’autre bout du rayon, comme si elle me demandait la solution à son problème. Une boite de gâteaux à la main, j’hausse des épaules en réponse à sa question muette. Ce n’est pas comme si j’avais l’habitude des enfants, et quand j’en vois certain, ça me donne pas du tout envie d’en faire. Surtout une comme la blondinette qui continue de se rouler sur le carrelage crade du supermarché moldu.

Je pose mon paquet de gâteau dans le caddie, les oreilles assourdies par les pleurs et cris de la petite fille, puis je m’éloigne du rayon, en priant Merlin pour qu’elle cesse rapidement de se comporter de cette manière. Je plains sa pauvre mère. Pourtant, dans le rayon suivant où je jette un œil sur les boites de céréales, je l’entends toujours, sauf que sa mère crie aussi fort qu’elle maintenant, pour tenter de la faire taire. Ma patience se met à couler à la vitesse d‘un porte-avion torpillé. Je n’ai jamais apprécié le bruit plus qu’il n’était nécessaire, et la fillette est en train de me courir sur le haricot. Excédée, et ma patience ayant fini par atteint la limite zéro, je balance le paquet de céréale choisi dans le caddie, et abandonne le tout pour repasser dans le rayon précédent. La petite fille se roule toujours au sol, et sa mère essaye de la remettre debout en la tirant par le bras.

- Carrie, ça suffit maintenant ! Tu vas te taire, oui ? Je t’ai dit non, et je ne reviendrais pas là-dessus ! crie la mère presque aussi fort que sa fille;

M’approchant, je tapote légèrement l’épaule de la mère, qui finit par se redresser et m’adresser un regard interrogateur.

- Vous permettez que j’essaye ? Les enfants ont souvent tendance à écouter ceux qui ne leurs sont pas familiers, dis-je, en me souvenant de mes cours de sociologie de l’UMS.

La mère hésite un instant, avant de soupirer et de lâcher le bras de sa fille pour me laisser la place. Je m’agenouille alors auprès de la gamine qui continue son cirque, et attrape son menton entre deux doigts pour la forcer à me regarder dans les yeux. Surprise, la gamine en oublie de continuer à beugler, et se retrouve immobilisée par ma poigne. Je prends ensuite le regard le plus noir que j’ai en stock, avant de décider d’utiliser aussi mon charisme.

- Une gentille fille comme toi ne devrait pas offrir de tels spectacle dans un lieu public, surtout pour une simple affaire de bonbons. Une gâterie, ça se mérite ma petite, et pour l‘instant, c‘est loin d‘être ton cas. Alors tu vas te relever, arrêter de crier, t’excuser auprès de ta mère et lui promettre de ne jamais recommencer, c’est compris ?

Les yeux exorbités, la petite fille hoche lentement la tête, signifiant par là son accord. Je relâche son menton et me redresse, puis me tourne vers sa mère. Cette dernière, sans doute touchée par mon charisme, me regarde d’un air éberluée. Je lui adresse un signe de tête, avant de rejoindre le rayon où j’ai abandonné mon caddie. Je peux ensuite terminer mes courses dans un silence bienvenu et en toute tranquillité.

Quand je pousse la porte de la maison près d’une heure plus tard, je constate que Sirius n’est pas rentré de sa visite chez Remus. D’un mouvement de baguette, je fais léviter les sacs jusqu’à la cuisine, où ils vont se poser en douceur sur la table. J’ôte ensuite ma petite veste en jean que j’accroche au porte-manteau et commence à ranger mes achats. Je viens à peine de commencer, quand un hibou vient toquer à la porte fenêtre du salon. Je jette un œil surpris à l’animal, avant de lui ouvrir d’un geste de la baguette. L’oiseau s’engouffre dans la maison et vient se poster sur le dossier d’une des chaises, avant de me tendre l’une de ses pattes, où est accroché une lettre. Je détache la missive et il repart aussi sec. Je décachète ensuite ma lettre puis la lis. C’est une lettre de Bill, qui me répond tardivement, et qui accepte l’invitation à mon mariage. Je souris en pensant qu’à deux jours près, sa lettre serait arrivé trop tard. Je la replie et la fourre dans une des poches de mon jean, avant de continuer ce que j’étais en train de faire.

Une fois mes placards pleins, j’entreprends de préparer le dîner pour Sirius. Vu l’heure qu’il est, j’espère seulement qu’il rentrera pas trop tard et que je n’aurais pas besoin de mettre le tout sous un sort de réchauffement. Il a tendance à rendre la nourriture aigre d’après Sirius. Ma casserole d’eau sur le feu, j’abandonne ma cuisine quand on sonne à ma porte. J’ouvre cette dernière, m’interrogeant sur l’identité de mon visiteur surprise, et me retrouve nez à nez avec un grand gaillard au teint bronzé, qui devrait se trouver en Autriche plutôt que sur le palier de ma porte.

- Tony ! M’exclamé-je avec étonnement, en ouvrant grand ma porte. Mais qu’est-ce que . . .

Il ne me laisse pas le temps de finir ma phrase et me prend dans ses bras pour me faire tourner. N’ayant pas réagit assez vite, je ne peux que subir en criant de surprise.

- Félicitation ! M’hurle-t-il dans les oreilles.

Je le force à me faire redescendre, avant de constater la présence de Lucinda à deux pas derrière lui. Elle m’offre un sourire contrit.

- Je suis désolée, mais Tony a tenu à ce que nous arrivions aujourd’hui plutôt que vendredi soir comme prévu.

Je balaye ses excuses d’un mouvement de la main.

- Pas du tout, ce n’est pas grave. Mais je vous en prie, entrez, ajouté-je en leur désignant le salon. Ça fait plaisir de vous revoir.

Je referme la porte derrière moi et propose à mes deux invités de mettre leurs affaires de voyage dans un coin du salon. Tony se tourne aussitôt vers ma cuisine, où mon eau est en train de faire de grosses bulles. Je me précipite dans la pièce pour baisser l’intensité du feu et fourrer mes pâtes dans la casserole. En même temps, j’allume sous la poêle et y pose un steak. Pendant ce temps, Tony et Lucinda se sont assis au plan de travail.

- Vous venez d’arriver, demandé-je, ou vous vous êtes arrêtés en cours de route ?

- Nous sommes passés en fin d’après-midi, mais il n’y avait personne. Alors on a visité un peu Londres. C’est une jolie ville.

J’acquiesce d’un signe de tête en remuant mes pâtes d’un coup de cuillère. Dans la lettre que Lucinda m’avait envoyé en réponse à mon invitation, elle avait ajouté qu’ils resteraient quelques jours en Angleterre pour faire un peu de tourisme, à la demande de Tony.

- Je n’ai qu’une chambre d’ami, dis-je en laissant mes pâtes cuire tout doucement, et en m’adossant à la gazinière. Mais j’imagine que ce ne sera pas un problème, vous dormirez à tour de rôle.

Les deux opinent d’un mouvement de tête, au moment où la porte d’entrée s’ouvre pour laisser passer la silhouette de Sirius. Souriante, je me redresse et quitte la cuisine pour m’avancer vers lui. Il pose ses affaires sous le porte-manteau et jette un œil surpris sur celles de deux vampires.

- Bonsoir, dis-je, avant de lui expliquer. Tony et Lucinda sont arrivés un peu plus tôt que prévu. Et ton repas sera bientôt prêt.

Sirius regarde vers la cuisine d’un air curieux, puis reporte son regard sur moi avant de sourire avec tendresse. Il se penche et m’embrasse avec douceur, posant ses mains sur mes hanches. Je m’agrippe à son cou et lui rend son baiser.

- Tu es la meilleure, me glisse-t-il ensuite, avant d’aller saluer nos invités.




O0o0O




Je tourne le bouton de la douche et coupe l’arrivée d’eau, avant d’attraper la serviette posée sur le rebord du lavabo. M’enveloppant de cette dernière, je sors de la cabine et commence à m’essuyer, au moment où l’on frappe à la porte de la salle de bain. M’interrogeant sur l’identité de la personne qui se trouve derrière la porte, je noue la serviette et l’ouvre.

- Coucou ! C’est le grand jour ! S’exclame Camille avec un sourire rayonnant en forçant le barrage de mon corps pour pénétrer dans la pièce.

Je recule de deux pas pour la laisser passer. Étonnement, elle est déjà prête pour la cérémonie, vêtue d’une robe empire mauve lui descendant jusqu’aux genoux. Et elle ne semble pas vaciller sur ses talons haut, bien que je l’ai rarement vu porter ce genre d’accessoires. Camille referme la porte derrière elle, me regarde, jette un œil à ma tenue de mariée posée dans un coin, puis reporte son regard sur ma chevelure dégoulinante d‘eau, avant de soupirer avec gravité.

- Vivement que Lily arrive, il n’y a qu’elle qui pourra faire quelque chose avec ta tignasse.

Je fronce aussitôt des sourcils.

- Qu’est-ce que tu as l’intention de faire à mes cheveux ? Demandé-je avec prudence, alors qu’elle attrape une seconde serviette.

- Tu te rappelles de la soirée de Slughorn l’année dernière ?

J’acquiesce avec prudence, gardant un œil sur l’arme molletonnée qui, je le sens, ne va pas tarder à en faire voir de toutes les couleurs à ma pauvre tête.

- J’ai pensé qu’on pourrait te les lisser de nouveau, comme cette fois-là. Ca t’allait vraiment bien.

Comme je m’y attendais, Camille commence à frictionner mes cheveux. Le problème, c’est qu’elle ne sait absolument pas contrôler sa force et qu’elle ne tarde pas à faire bouger ma tête dans tous les sens, manquant de me filer une bonne nausée.

- C’est gentil de penser à moi, dis-je en l’empêchant de m’arracher la tête et en lui arrachant la serviette des mains, mais je n’ai pas l’intention de lisser quoi que ce soit. Je veux garder mes boucles.

Étonnée, ma meilleure amie sourcille.

- Vraiment ? J’avais pensé que tu aurais voulu les voir disparaître pour ton mariage, vu que tu ne les aimes pas.

Faisant la moue, je tire sur l’une de mes mèches qui se remet en place aussitôt que je la relâche.

- Je sais, mais je préfère être naturel. Pas de chichis aujourd’hui.

- C’est toi qui vois, fait Camille en se retournant pour sortir ma robe de sa house de protection. Et si on commençait à te préparer, hein ? Remus et Peter s’occupent déjà de Sirius.

J’acquiesce et abandonne les serviettes pour enfiler mes sous-vêtements, non sans essayer de me soustraire au regard de ma meilleure amie, toujours aussi exempt de pudeur. Une fois en petite tenue, j’attrape la robe qu’elle me tend, et l’enfile avant de lui tourner le dos et de soulever mes cheveux pour qu’elle remonte la fermeture éclair. Je laisse ensuite retomber ma tignasse et me regarde dans le miroir. Comme j’ai voulu un mariage simple, j’ai choisi ma robe en conséquence. Pas de dentelles, de perles ou quoi que ce soit d’autre du genre. Elle est blanche, bien sûr, pour coller à la tradition, mais la robe tombe de manière régulière et droite avant de faire une petite corolle à terre autour de mes pieds, et seule une petite chaîne à mailles d’argent soulignant ma poitrine casse la monotonie du vêtement.

- Je ne pense pas qu’il te faille te maquiller, dit Camille en m’arrachant à ma contemplation de ma tenue pour la regarder à travers le miroir. J’envie la beauté naturelle des vampires, ajoute-telle ensuite en soupirant.

Amusée, je secoue la tête, avant de lui faire face et de la dépasser pour enfiler mes chaussures plates, laissées à côté du seul meuble de la petite salle de bain.

- Voilà, je suis prête.

Camille me regarde de haut en bas, avant de secouer la tête d’un air fataliste.

- Tu n’as pas de bijoux ? Demande-t-elle.

Pour toute réponse, je lui agite mon poignet sous le nez, que le bracelet qu’elle m’a offert pour mes 18 ans n’a jamais quitté une seule minute.

- Je veux dire, autre que celui-là ? Fait-elle en roulant des yeux.

- Non, ce n’est pas le genre de chose que je m’achète.

Camille hoche de la tête d’un air entendu. Elle me connaît assez bien, elle n’aurait pas du avoir besoin de poser la question. Nous sommes interrompues quand on frappe de nouveau à la porte. Comme je suis prête, j’ouvre sans attendre et tombe nez à nez avec Lily.

- Salut ! S’exclame-t-elle. Ah, je vois que j’arrive trop tard.

Elle jette un regard appréciateur sur ma tenue, tandis que je détaille la sienne. Elle porte une longue jupe beige avec une fente sur le côté qui remonte jusqu’à mi jambe, et un débardeur blanc sous une veste assortie à la jupe. Tout le monde semble avoir compris ce que je sous-entendais par simplicité.

- Désolée, Camille a été plus rapide que toi, dis-je en la forçant à reculer pour que je puisse sortir de la salle de bain, ma meilleure amie sur les talons.

- Je m’y attendais, dit-elle. Je suis désolée pour mon retard d’ailleurs, James avait perdu une de ses chaussures.

- Je ne veux pas savoir où vous avez fini par la retrouver, vu le temps que cela semble avoir pris.

Lily éclate de rire.

- Je n’avais pas l’intention de te le dire de toute manière.

Voilà qui renforce mon envie de ne pas savoir. Nous passons ensuite toutes les trois dans le salon, où seule Lucinda est présente, drapée dans la jolie petite robe noire qu’elle portait le jour de notre rencontre. Elle se tourne vers nous lorsque nous quittons la chambre, et je remarque immédiatement le petit paquet de tissu qu’elle tient à la main. Elle me le tend avec un grand sourire.

- Je vous ai entendu parler dans la salle de bain, me dit-elle. Ton amie Camille a raison, tu devrais porter des bijoux. Alors, je te prête celui-ci.

Surprise, je m’empare du paquet et déplie le tissu. Il contient un long collier de perle. Lucinda le prend et me le passe aussitôt au cou, avant de recommencer son geste afin d’avoir un deuxième rang. Elle l’arrange ensuite pour que le premier me tombe au ras du cou, et le second sur la naissance de ma poitrine.

- Merci, dis-je, c’est très gentil.

- Je t’en prie, dit-elle au moment où Remus apparaît dans l’encadrement de la porte-fenêtre.

Le jeune homme s’avance vers nous avec un grand sourire, puis s’adresse aux filles.

- Puisque Mandy est prête, nous allons commencer. Tout le monde est déjà en place, alors je vous propose de rejoindre vos sièges.

Lucinda et Lily s’exécutent aussitôt, non sans m’adresser un sourire, tandis que Camille s’attarde encore quelques secondes auprès de moi. Elle glisse son bras sous le mien et me fait face. Son sourire semble un peu amère.

- Je n’arrive pas à croire qu’on en soit déjà là. Bon, en même temps, je n’aurais jamais pensé que tu te serais marié avant tes vingt ans.

Je ris légèrement. Moi non plus, si on m’avait dit ça deux an auparavant, je n’y aurais pas cru. Et certainement pas avec Sirius Black.

- Mais bon, je suis quand même heureuse pour toi. Tu vas avoir une famille maintenant, réellement.

- Cam’, tu es ma famille. Je t’ai toujours considérée comme une sœur. Et tes parents ont tellement faits pour moi, que je les considère un peu comme les miens.

C’est au tour de mon amie de s’esclaffer.

- Ils doivent penser la même chose ! Tu verrais leur tête, j’ai l’impression que c’est moi qui vais me marier. Ma mère n’arrête pas d’avoir les larmes aux yeux.

Je jette un œil vers le jardin, où je sais que les invités sont installés, et attendent mon arrivée. Je n’ai pas envie de voir Mme Blaid pleurer. Je me sentirais mal à l’aise de la mettre dans cet état, même si ce n’est dû ni à la douleur, ni à la tristesse. Inspirant profondément, je me promets de ne pas la regarder une seule fois, ne serait-ce que pour lui éviter de se transformer en fontaine.

- On se voit tout à l’heure, dit finalement Camille, avant de se pencher pour m’embrasser rapidement sur la joue.

Nous échangeons un sourire, puis elle disparaît dans le jardin. Remus s’approche de moi et me présente galamment son bras. Je l’attrape et nous nous mettons en position, attendant que le pianiste entame la marche nuptiale. J’avais longuement réfléchi au problème de mon entrée. La tradition voulant que le père ou un membre proche de la mariée l’amène à l’autel, j’avais été devant un problème, puisque je suis orpheline. Sirius avait alors proposé que l’un de ses amis le fasse. James étant déjà le témoin de mon fiancé, je m’étais tout naturellement tourné vers Remus, sans qui je ne serais sans doute pas là à l’heure actuelle.

Je ressers ma poigne sur le bras de Remus lorsque les premières notes retentissent dans le jardin. Nous entamons notre marche, lentement, comme lors de nos répétitions solitaires, histoire de pas nous planter royalement une fois devant le mage. Nous faufilons entre les deux rangées de chaises - peu nombreuses, il n’y a là que des amis, Sirius n’allait certainement pas inviter sa famille - et je garde mon regard droit devant moi. Tout au bout de l‘allée, un petit chapiteau abrite Sirius, James, et le mage. Je me sens rougir sous les regards de l’assistance et en jetant un œil sur le côté, je croise le regard de Bill, assis à côté de Chelsea. Ils me sourient tous les deux.

- Ca va ? Tu n’es pas trop stressée ? Me demande Remus à voix basse.

- Pas le moins du monde. Tu sais, pour moi ce n’est qu’une espèce de formalité administrative. Je sais depuis longtemps que je passerais ma vie entière avec Sirius.

Remus semble trouver ma réponse plus qu’à son goût, et nous parvenons enfin près de des trois hommes. Remus me laisse, offrant ma main à Sirius, et se retourne pour prendre sa place. Camille se lève aussitôt et vient se poster derrière moi, un peu sur ma gauche. Je regarde Sirius. Il porte un costume à la coupe classique, veste et pantalon noirs, chemise blanche. Il a juste sans doute oublié consciemment le nœud papillon, et a laissé les deux premiers boutons de sa chemise ouverts. Nous échangeons un sourire, avant de faire face au mage. La cérémonie commence.




O0o0O




Le bruit des conversations recouvre à peine celui des couverts s’entrechoquant sur la table. Assise entre Sirius et Camille, je suis penchée sur mon assiette, face à Lucinda. De temps à autres, je fais disparaître la nourriture d’un coup de baguette discret. Comme j’ai invité des gens qui ne connaissent pas ma véritable nature, je n’ai pas vraiment le choix. Même Lucinda et Tony sont obligés de jouer le jeu, ce qui n’a pas l’air de leur déplaire.

- Tout a été annulé, fait Lucinda en réponse à ma question précédente. Ma mère a été terriblement en colère. Je ne suis même pas sûre qu’elle soit calmée à présent.

- Penses-tu qu’elle reprendra le projet un jour ? Je trouvais que c’était une bonne idée de faire connaître votre existence aux sorciers, de vous mêler à eux.

- Oh sans doute un jour, oui, répond Lucinda en faisant semblant de boire une gorgée de vin. Mais pas avant au moins cent ans. Quand ma mère est vexée, elle peut être très mesquine.

Un sourire tout sauf joyeux retrousse la commissure de mes lèvres. La mesquinerie n’est sans doute que l’un des nombreux défauts de cette folle furieuse qu’est notre Reine. Puis, je me renfonce dans mon siège et jette un œil à mon assiette enfin vide. A côté de moi, Sirius, les joues rouges, raconte à Bill et Chelsea, assis en face de lui et James, l’une de leurs innombrables bêtises de Poudlard. Mon amie australienne n’en finit pas de rire.

- Il y a longtemps que ta mère est au pouvoir, fais-je, en vérifiant que personne toujours ne s’intéresse à notre conversation. Pour lui succéder, il te faudra attendre qu’elle disparaisse, ou elle pourrait vouloir te le passer de son vivant ?

Un sourire amusé s’inscrit sur son visage.

- Elle n’a pas besoin d’attendre d’être morte. Si le pouvoir l‘ennuie, elle peut me nommer Reine et se retirer du jeu.

Espérons que ce jour arrive vite. Je préférerais avoir Lucinda comme Reine que sa folledingue de mère.

- Votre attention s’il vous plait, fait soudain James en se levant en titubant, manquant de s’étaler sur la pauvre Lily assise à côté de lui. Je voudrais dire quelques mots.

Je fronce des sourcils. Vu l’état d’ébriété avancé dans lequel il est, je n’ai pas vraiment envie d’entendre son discours de témoin. Et en faisant le tour de la table des yeux, je ne suis visiblement pas la seule à penser ainsi. Seuls Sirius et Peter, aussi éméchés que leur ami, paraissent vouloir l’entendre. J’échange un regard avec Tony, lui suppliant du regard d’intervenir. Il se lève aussitôt, alors que James a entamé son discours.

- Je suis extrêmement heureux et honoré, dit-il d’une voix incertaine, d’assister aujourd’hui au mariage de mon meilleur ami et de ma petite vamp . . .

Tony arrive au bon moment, l’empêchant de dire le mot en entier. Il lui arrache son verre et le pose sur la table, avant de le forcer à le suivre à l’intérieur de la maison. Lily ne tarde pas à leur emboîter le pas. Le reste des invités éclatent de rire, sauf Sirius, qui semble vexé de voir Tony embarquer son meilleur ami pendant son discours.

- Toi, tu restes assis, dis-je à mon mari en l’attrapant par le bras, alors qu’il faisait mine de se lever pour suivre les trois autres.

- Mais, pourquoi Tony a empêché James de continuer à parler ? S’étonne-t-il.

- Parce que je le lui ai demandé. Et j’ai bien fait. James est trop saoul pour faire un discours honorable, et sans révéler des choses qu’il n’est pas censé dire.

Au regard d’incompréhension qu’affiche Sirius, il a trop d’alcool dans le sang pour comprendre tout ce que je viens de dire. Je soupire, en lui servant une seconde part de gâteau, histoire de l’occuper. Il ne tarde pas à se jeter sur son assiette. A côté de moi, Camille étouffe un rire amusée.

- Moque-toi tiens, dis-je en me tournant vers elle. On verra bien comment sera ton mari le jour où tu te marieras.

De l’autre côté de ma meilleure amie, Peter s’étouffe avec le contenu de son verre.

- Je n’ai jamais dit que ce serait toi le mari en question, Peter, ajouté-je en rigolant devant l’air passablement mouillé que le pauvre affiche.

Camille s’empresse de déplier sa serviette pour limiter les dégâts et essuyer du mieux qu’elle peut, le vin qui s’est répandu sur la chemise de son petit-ami. Je la regarde faire pendant quelques seconde, avant qu’une main ne se pose sur mon épaule. Je me retourne pour découvrir la présence de Remus.

- Tu viens bien me suivre ? Me demande-t-il. Il faut que nous parlions.

Je fronce des sourcils, intriguée par le mystère qu’il fait, mais obtempère tout de même. Nous quittons la table et pénétrons dans la maison. Tony, Lily et James ayant investis le canapé, nous nous dirigeons vers ma chambre. Remus referme derrière lui et je m’assieds sur le matelas, curieuse de savoir de quoi il veut parler. Il me rejoint ensuite sur le lit, et s’assied à côté de moi. Puisqu’il a l’air assez amusé, j’en déduis que le sujet n’est pas vraiment sérieux.

- Tu te souviens de la conversation que nous avons eus, lorsque nous avons quittés Poudlard il y a un an ?

Je papillonne des yeux, décontenancée. Remus et moi avons parlés de nombreuses choses à la fin de notre scolarité, mais j’imagine que ça doit être quelque chose d’important dont il veuille que je me souvienne. Seulement, le déclic ne se fait pas. Je ne vois pas de quoi il veut parler, alors je secoue la tête.

- Je t’avais demandé si tu comptais dire à Sirius que nous ne sommes jamais véritablement sortis ensemble.

J’affiche des yeux ronds. Mince, j’avais oublié cette histoire !

- Mais pourquoi tu en parles maintenant ? interrogé-je, surprise.

- Parce que tout à l’heure, quand on aidait Sirius à se préparer, il m’a sorti une réflexion que j’ai trouvé étrange sur le coup. Il m’a demandé si ce n’était pas bizarre pour moi de le voir se marier avec une fille que j’avais fréquenté. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes que j’ai pensé que tu ne lui avais sans doute pas parlé de notre petit arrangement.

- Effectivement, avoué-je, ça m’est un petit peu sorti de la tête. Et après, eh bien . . .

Remus rigole.

- Je comprends. Moi aussi j’avais oublié, jusqu’à ce que Sirius m’en parle. Et j’ai bien failli lui dire qu’il perdait la boule et que je n’étais jamais sorti avec toi.

Nous rigolons tous les deux en imaginant la tête qu’aurait tiré Sirius, si jamais Remus lui avait dit une telle chose.

- Je lui en parlerais dès demain, promis-je. Parce que ce soir, je pense que cela ne servira à rien.

- Oui, j’ai vu, il est dans un état d’ébriété bien avancé. James aussi d’ailleurs. Il doit certainement en train de se faire sonner les cloches par sa femme.

J’acquiesce d’un signe de tête, puis me lève.

- Retournons auprès des autres, dis-je, avant que Sirius ne se fasse des idées sur ce qu’on fait, et qu’il débarque ici.

Remus opine, et nous sortons de la chambre. Dans le salon, il ne reste plus que Lily et James. Et comme ‘la dit Remus, le pauvre garçon est en train de se faire remonter les bretelles. A la tête qu’il affiche, je ne suis pas sûre que tout ce que dit - ou plutôt grogne - Lily parvienne à son cerveau. Il aura sans doute un bon mal de crâne demain matin. Nous les laissons à leur dispute de couple, puis retournons dans le jardin, avant de réintégrer nos places respectives. Sirius se tourne immédiatement vers moi, curieux.

- Qu’est-ce qu’il te voulait ? Demande-t-il.

J’hausse des épaules, comme si le sujet de notre conversation n’avait pas été important.

- On en parlera demain d’accord ? Je ne suis pas sûre que tu comprennes tout ce que je te dirais ce soir.

Sirius louche sur le verre de vin qu’il tient à la main.

- Ouais, t’as sans doute raison. On verra ça demain, dit-il en engloutissant d’une traite le contenu du verre.

En le regardant faire, je ne peux m’empêcher de marmonner :

- Eh bien heureusement pour lui que je ne m’appelle pas Lily Potter.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeMer 13 Mai - 9:56

Chapitre 43 : Faim




Une feuille de chêne marron volète devant mon visage, avant de tomber silencieusement à mes pieds. Je la regarde se déposer lentement dans la boue, le bas du visage cachée dans une écharpe que Sirius a absolument tenu à me faire porter, prétextant que ce n’était pas parce que j’étais insensible aux changements de température, que je ne devais pas faire semblant d’être humaine. Je relève la tête et jette un œil à mes amis qui tremblent de froid. Cette année, le mois d’octobre débute assez mal. Il fait aussi froid qu’en plein mois de décembre, et on s’attend presque à voir la neige débarquer sur notre bon vieux Royaume-Uni avec quelques semaines d’avance.

Sirius glisse sa main dans la mienne et entremêle nos doigts. Je sens sa paume gelée contre la mienne, sans en être indisposée. Je frotte sa main du bout de mes doigts, en un geste dérisoire pour lui apporter un peu de chaleur. James, Lily, Remus, Peter, Camille, Sirius et moi attendons dans la grande rue de Pré-au-lard, près des Trois balais, depuis une bonne demi-heure. Nous sommes venus suite à la demande du professeur Dumbledore, qui voulait nous voir tous les sept, sans nous avoir expliquer pourquoi. Nous sommes tous arrivés à l’heure, mais notre ancien directeur a quelques minutes de retard, et nous laisse grelotter dans le froid.

Soupirant, je laisse mon regard porter plus loin dans la rue, là où deux enfants d’une dizaine d’années s’envoient des plâtrées de feuilles boueuses au visage. Tous deux rient avec insouciance, et je sens un long frisson me parcourir le dos quand je me demande qu’elle genre de mère irresponsable peut laisser deux garçons aussi jeunes dehors à cette heure tardive. Minuit approche. Les deux enfants ne sont éclairés que par quelques réverbères déversant leur lumière jaunâtre sur les rues quasiment vides de toutes vies. Soudain, alors que je suis toujours en train de les regarder jouer, une porte s’ouvre, laissant passer la lumière de l’habitation vers l’extérieur, et une sorcière en sort. Je l’entends crier d’où je suis, grâce à mon ouïe vampirique. Elle est furieuse que ses fils aient réussi à échapper à sa vigilance, pour aller s’amuser dehors. Elle les ramène à l’intérieur, les tirant tous deux par les cols de leurs blousons, avant de refermer la porte de sa maison derrière elle. Le silence se réinstalle dans la rue, seulement brisée par le souffle du vent glacial qui fait voler les feuilles d’automne.

- Quel froid, chuchote Remus à côté de moi, en soufflant sur ses mains jointes, sans doute transi.

Sirius choisit ce moment pour abandonner ma main et se rapprocher un peu plus de moi, passant son bras autour de ma taille et calant sa main froide dans la poche de mon manteau, qu’il a réussi à atteindre. Sa jumelle est dans la poche de sa cape à lui. Je jette un œil à son profil. Il a le nez rendu rouge par le vent glacial, et il renifle de temps à autres. Il est en train d’attraper un rhume carabinée, voire la pneumonie, sur le professeur Dumbledore ne se décide pas bientôt.

Des bruits de pas dans notre dos me fait me retourner, quelques secondes plus tard. Je glisse ma main dans ma poche, empoignant ma baguette. A l’autre bout de la rue, une silhouette longiligne apparaît, marchant d’un pas pressé. Mes amis suivent mon mouvement quand ils constatent mon attention accaparé par ce qu’il se passe dans leur dos. Nous laissons passer quelques secondes, juste le temps pour nous de reconnaître la longue barbe argentée du professeur Dumbledore, et nous soupirons d’aise. Le voilà enfin. Rassurée, je relâche ma baguette, mais ne sort pas ma main de ma poche pour autant.

- Bonsoir à tous, et veuillez m’excuser de mon retard, fait le vieil homme en arrivant à notre hauteur. Une affaire urgente à régler à Poudlard. Mais allons plutôt nous réchauffer, vous voulez bien ? Je connais un pub qui nous accueillera non loin d’ici.

Sur ces mots, il reprend sa route. Nous le suivons. Il remonte la rue sur une dizaine de mètres, avant de bifurquer à gauche dans une ruelle, un peu avant la maison dont est sortie la sorcière furieuse quelques instants auparavant. La pénombre qui nous entoure aussitôt n’est guère rassurante, mais je fais confiance au directeur. Nous tournons une nouvelle fois, sur la droite cette fois-ci, dans une rue encore plus étroite où les poubelles débordantes font offices de restaurant trois étoiles au rats, puis le directeur pousse une porte en bois. Nous le suivons à l’intérieur, dans un petit cagibi où nous tenons tous à peine, avant qu’il n’ouvre une seconde porte. Celle-ci donne sur un pièce plus vaste dont deux des murs sont constitués de grandes cheminées où brûlent des feux ronflants. De petites tables crasseuses sont installées ça et là, entourées de bancs ou de tabourets en bois. Tout au fond de la pièce, un long comptoir tout aussi sale que le reste. Il n’y a personne à l’intérieur.

- Je vous en prie, asseyez-vous, nous invite le professeur Dumbledore, en tirant pour lui-même un tabouret à l’une des plus grandes tables.

Nous nous exécutons, et je me retrouve entre Sirius et Lily. Peter s’éloigne quelques instants, le temps de récupérer une chaise supplémentaire, et se faufile entre Camille et Remus.

- Désolé de vous donner rendez-vous si tard, continue le vieil homme en souriant avec indulgence. Vous vous demandez certainement ce que je vous veux, et pourquoi je fais autant de mystère.

James ricane à mi-voix.

- Professeur Dumbledore, je crois qu’avec vous, nous pouvons nous attendre à tout.

Nous rigolons tous plus ou moins à la réflexion du grand brun, y compris le professeur Dumbledore. Ce dernier se penche alors sur la table, y croisant ses mains aux longs doigts fins, avant de baisser légèrement la tête et de nous regarder tour à tour par dessus ses lunettes en demi-lune.

- J’imagine qu’aucun de vous n’ignore dans quel situation le monde sorcier se trouve aujourd’hui. La menace Voldemort est plus grande que jamais.

Autour de la table, nous sommes nombreux à frissonner à l’entente du nom honni. Personne ne le prononce jamais. Ou presque. Le directeur doit être l’un des seuls à pouvoir se le permettre, étant l’un des seuls à faire peur à Vous-Savez-Qui.

- Certains d’entre vous ont déjà eus affaire à lui, et a souffrir de ses actes, plus ou moins directement, poursuit-il.

Son regard se pose alors sur moi. Je frissonne en me souvenant que le mage noir avait envoyé William, mon créateur, à Poudlard. Et que sans lui je serais encore humaine, et trois personne seraient encore en vies. A côté de moi, Sirius glisse l’une de ses mains sur ma cuisse et la serre brièvement pour me donner un peu de courage.

- Nous savons tous cela professeur Dumbledore, dit Remus. Mais quel est le rapport avec nos présence ici ce soir ? Et, où sommes nous ?

Le vieil homme sourit légèrement, avant de répondre.

- Nous nous trouvons dans le pub d’un très vieil ami, que vous connaissez peut-être, La tête de Sanglier. Il nous le prête, le temps de notre entrevue. Quant à notre présence ici, j’y viens. Avez-vous déjà entendu parler de l’Ordre du Phénix ?

Comme tous les autres, je secoue la tête. Alors, le professeur poursuit :

- L’Ordre du Phénix est une organisation secrète, que j’ai fondé moi-même il y a quelques années, à l’époque où Voldemort (nouveau frisson dans l’assemblée) montait en puissance. Cette organisation regroupe quelques sorciers et sorcières, ainsi que d’autres personnes ou créatures, qui souhaitent se battre contre les Mangemorts et leur maître, indépendamment du Ministère. Je recrute personnellement ces personnes.

Je plisse des yeux, commençant à entrapercevoir la raison de notre présence à Pré-au-Lard. La main de Sirius resserre sa poigne sur ma cuisse. Je pose ma propre main sur la sienne en réponse.

- Vous voulez nous proposer de devenir des membres de cet ordre, chuchoté-je.

- C’est cela Mme Black, confirme-t-il en me regardant droit dans les yeux.

Je frissonne à cette idée. Aucune des personnes autour de cette table, en dehors du professeur Dumbledore, n’a plus de vingt ans. J’ai moi-même fêté mes dix-neuf ans à peine quelques mois plus tôt. Aucun de nous n’est encore un adulte accompli, et le vieil homme nous demande de nous battre contre des sorcier puissants et dangereux.

- J’ai conscience du sacrifice que cela serait pour vous d’intégrer l’Ordre, poursuit le professeur Dumbledore, alors que nos mains à Sirius et moi s’entrelacent avec force. Je n’oblige personne à quoi que ce soit, la décision vous revient entièrement. Sachez seulement ceci : je vous ai choisi tous les sept, car je sais que vous êtes tous d’excellents sorciers, courageux et fermement opposés à la politique de Voldemort.

Je ferme les yeux, frissonnant de nouveau. Je voudrais qu’il cesse de prononcer son nom. Je ne supporte pas de l’entendre.

- L’Ordre n’ absolument pas l’ambition d’envoyer de la chair à canon au front. Nos membres interviennent sur des missions où nous savons que nous avons une chance de faire basculer la balance du bon côté, de sauver des vies, et peut-être même, d’aider à arrêter des Mangemorts.

Il fait une pause dans son plaidoyer, nous scrutant tour à tour, décryptant les émotions de nos visages.

- Je ne vous demanderai pas de réponse ce soir, reprend-t-il. C’est une décision lourde et importante, vous devez en parler au calme chez vous et en famille.

Je croise de nouveau son regard. Il est grave, à la limite suppliant. Je me demande alors pourquoi est-ce qu’il recrute des personnes aussi jeunes que nous. Sans doute n’a-t-il pas le choix. L’espoir de voir des sorciers se lever contre la menace du mage noir se trouve peut-être essentiellement dans nos rangs, parmi ceux qui souffrent des actes de Vous-savez-Qui, depuis leur plus tendre enfance. Et il faut dire aussi, que bon nombres de sorciers adultes, pensent malheureusement comme le mage noir. Les parents de Sirius en sont un exemple parfait. Les autres ont trop peurs pour oser se rebeller. Il ne reste qu’une minorité, pour se battre, autre que les aurors, peu nombreux.

- Je vous laisse une semaine pour y réfléchir calmement. Passer ce délai, si je n’ai pas de nouvelles, je considérerais que vous préférez rester à l’abri, ce que je comprendrais tout à fait. Sachez que je ne tiendrai rigueur à personne de cette décision.

Autour de la table, mes amis semblent être soulagés de savoir qu’ils ont une semaine de réflexion. Cependant, je vois déjà dans les yeux de James et Sirius, que la décision est prise. Les deux futurs aurors se battront pour l’Ordre. Je ferme les yeux en soupirant, serrant la main de Sirius qui se trouve toujours dans la mienne. Étant un vampire, agile et rapide, je pourrais être un atout avantageux pour l’Ordre, et au regard que le directeur fait peser sur moi, il en est parfaitement conscient. Je pourrais échapper aux sorts, ne pas forcément utiliser la magie pour immobiliser l’ennemi. Je ne courrais pratiquement aucun risque à intégrer l’Ordre, ce qui me donne l’envie de les aider, malgré le danger menaçant. Cependant . . .

- Cela me sera impossible, professeur Dumbledore, dis-je, interrompant les murmures qui entourent la table. Je ne pourrais pas intégrer l’Ordre du Phénix, non par choix, mais par obligation. La Reine me fera exécuter si j’ose me mêler des conflits sorciers. Elle me réservera le même sort qu’à mon créateur.

Je vois l’étincelle d’espoir s’éteindre brusquement dans les yeux du vieil homme. Il me semble soudainement très las, épuisé par cette guère qui ne semble avoir aucun issu. D’un signe de tête, il me signifie alors qu’il comprend. Je me tourne ensuite vers Sirius. Son regard indique clairement qu’il est déçu de ma décision, mais qu’il comprend lui aussi. Mon estomac et mon cœur se serrent alors d’angoisse en pensant que mon époux va une fois de plus risquer sa vie. Je ferme douloureusement les yeux et serre les mâchoires. J’aurais pourtant tellement voulu être à ses côtés, et pouvoir le protéger.




O0o0O




C’est une main caressant mes cheveux que je sens en premier lorsque j’ouvre les yeux. Allongée sur le ventre, je passe mes mains sous l’oreiller, appréciant le confort de mon réveil. A côté de moi, sur les coudes et ses cheveux mi-longs retombant autour de son visage, Sirius me regarde m’éveiller. Je souris, encore un peu dans le brouillard et me tourne pour m’allonger sur le dos, avant de m’étirer dans un long gémissement, montant mes mains vers la tête de lit. Puis, je rabaisse mes bras et ma main gauche vient chatouiller le flanc nu de mon époux. Grâce à un sortilège qu’il lance tous les soirs sur le lit, il peut dormir dans le plus simple appareil au cœur de l’hiver, sans être dérangé.

- C’est rare que je sois éveillé avant toi, dit-il en faisant jouer ses doigts dans mes boucles brunes. Tu t’es couchée si tard que ça ?

Je jette un œil au réveil sur la table de chevet, qui indique six heures et demi en ce mardi matin. Je frotte ensuite mes yeux pour en faire disparaître les moindres traces de sommeil en répondant :

- J’ai révisé jusqu’à cinq heures du matin. J’ai un partiel de sortilèges de soins cet après-midi. Il est crucial pour savoir dans quel département j’irais faire ma prochaine période de stage au mois de mars.

Sirius acquiesce d’un signe de tête. Je m’installe sur mon flanc, glissant mes deux mains sous mon oreille, et contemple la silhouette athlétique de l’homme partageant mon lit pendant quelques secondes et de silence. Gêné, ce dernier finit par rougir légèrement et passe une main dans ses cheveux pour les ramener en arrière.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demande-t-il.

- Rien, réponds-je. Je te trouve beau, c’est tout. J’avais envie de te regarder.

C’est tellement rare que j’y arrive, que j’aime bien le faire rougir. J’ai cependant découvert récemment, qu’il réagit de cette manière aux compliments que je peux lui faire. Et seulement aux miens. Camille, Lily ou une moldue croisée dans la rue pourrait l’appeler bombe sexuelle qu’il se contenterait d’en rire. Il n’y a que moi qui ait cet effet-là sur lui, et je m’en réjouis. Malheureusement, il se reprend assez rapidement à chaque fois, et c’est comme ça que je me retrouve allongée sur le dos, ses lèvres sur les miennes, et ses mains caressant mon corps à travers le tissu fin de mon tee-shirt.

- Sirius, rouspété-je à moitié alors qu’il abandonne ma bouche pour venir lécher mon cou, je dois être en cours dans une heure et demi. Je n’ai pas le temps pour les câlins.

Et comme je me suis nourrie la veille au soir, je n’ai pas soif non plus. Donc, rien qui ne pourra me convaincre de faire des galipettes. Enfin, sauf s’il laisse sa main glisser le long de ma cuisse et remonter vers mon entrejambe, comme il est en train de le faire.

- Sirius ! Fais-je un peu plus véhément en empêchant sa coquine de main d’aller plus loin. Je suis sérieuse !

- Je veux juste un câlin, dit-il d’un ton plaintif. Dix minutes, pas plus.

- Très bien, capitulé-je après un soupir. Mais laisse tes mains loin de mes zones érogènes.

Seul un rire me répond, signe que je viens de me faire avoir. Je passe donc les dix minutes qui suivent à tenter de garder mon époux contre moi pour un câlin, tout en empêchant ses fichus main de se glisser sous mon pyjama. Dix minutes interminable, parce que je l’aurais bien laissé faire, si j’avais été moins sérieuse dans mes études.

L’instant tendresse et jeux passé, Sirius quitte le lit et se glisse dans l’autre pièce, vêtu en tout pour tout de son pantalon de sport informe qui lui sert de vêtement de nuit. Je l’entends émettre un son bizarre, alors que j’ouvre les rideaux de la chambre. Quelle n’est pas ma surprise en découvrant le jardin recouvert d’un épais manteau blanc, et les flocons éparses qui continuent de tomber.

- Sirius, couvre-toi ! Crié-je depuis la chambre, en devinant que le bruit incongru que je l’ai entendu émettre était sans doute dû au froid qu’il a ressenti en pénétrant dans le salon non chauffé.

Il réapparaît aussitôt dans la chambre, ses mains frictionnant ses bras véhément, avant de tirer le premier tiroir de la commode pour y attraper de quoi se mettre au chaud.

- Nom d’une gargouille, il doit faire moins de dix degrés dans le salon, s’exclame-t-il, avant de jeter un œil sur la fenêtre que je lui désigne d’un coup de pouce. Ah ouais, je comprends mieux pourquoi. Non mais, on a jamais vu de la neige en octobre !

J’hausse des épaules, avant de quitter la chambre pour passer dans l’autre pièce et ouvrir les volets du salon. Sirius m’y rejoint pas longtemps après, jetant un regard assassin à ma petite tenue. Je sens bien sûr le froid, mais je m’en accommode parfaitement, ce que Sirius jalouse férocement. Il passe dans la cuisine pendant que je termine d’ouvrir la maison, et je ne tarde pas à entendre le lait bouillir sur le feu. Je quitte la chambre d’ami guère utilisée, pour retourner dans la cuisine où j’ai l’habitude de tenir compagnie à Sirius, sans partager ses repas. Je m’installe sur l’un des tabourets, devant la panier de fruit et l’assiette de brioche que j’ai préparé la veille.

- Tu penses que tu arriveras à décrocher une place dans le département que tu souhaites ? Demande Sirius en remplissant sa tasse de lait chaud, revenant sur notre discussion du réveil.

- Je pense que oui. Je révise cette matière à fond depuis la rentrée. Je pense que j’arriverais à intégrer le département des accidents matériels.

Assis en face de moi, Sirius roule des yeux en souriant, puis mime les mots « explosion de chaudrons ». Je rigole. C’est vrai que ces dernières sont très fréquentes, et que les blessures peuvent être très intéressantes. Voire carrément répugnantes, mais c’est ce qui fait tout le charme de ce service.

- Et avec Maugrey ? Demandé-je à mon tour. Ca se passe toujours pareil ?

Amusé, Sirius secoue la tête alors qu’il épluche une banane.

- Il ne change pas ce vieux bougre. Strict, direct, et encore plus fonceur que moi. Il a fait arrêter un partisan de Tu- Sais . . . De Vo . . . Voldemort il y a deux jours.

Je papillonne des yeux, surprise, alors que le frisson qui accompagne généralement l‘entendu nom honni me descend le long du dos.

- Depuis quand tu prononces son nom ?

Sirius hausse des épaules.

- Hier avec James, on s’est dit que c’était mieux comme ça. Après tout, comme le dit Dumbledore, ce n’est qu’un nom.

- Tu le fais parce que tu vas intégrer l’Ordre, n’est-ce pas ? Deviné-je.

Il acquiesce en silence, mangeant sa banane.

- On lui a écrit hier, dit-il ensuite. Lily et Remus aussi ont acceptés. On en a parlé au déjeuner.

Je sens mes yeux s’embuer de larmes quand je pense que c’est la majorité des mes amis les plus proches qui vont risquer leurs vies. Heureusement, je ne sais pas encore ce que Peter et Camille ont décidés.

Sirius termine son petit-déjeuner et débarrasse sa table. Une drôle de sensation dans l’estomac détourne alors mon attention de mes pensées peu joyeuses, et je passe un bras autour de mon ventre en grimaçant. Étrangement, la sensation ne m’est pas inconnu, mais je n’arrive pas à mettre un nom dessus. Revenant près de la table, Sirius voit ma position et fronce des sourcils.

- Ça ne va pas ? demande-t-il. Tu as mal quelque part ?

- Non, c’est juste . . .

Je ne termine pas ma phrase, interrompu par un bruit inattendu s’échappant de mon estomac. Je baisse les yeux sur mon ventre où repose encore mon bras, puis relève la tête pour croiser le regard surpris de mon mari.

- Je crois bien que c’est la première fois que j’entends ton estomac gargouiller, dit-il.

- Moi aussi, réponds-je. Enfin, depuis deux ans.

Il fronce aussitôt des sourcils.

- Mais, tu n’as pas faim ? T’as mangé hier.

Je secoue la tête, de plus en plus décontenancée, avant de me lever du tabouret.

- Oublions ça, dis-je. Je dois me préparer de toute façon. N’oublie pas de laver tes couverts avant de partir, ajouté-je, avant de prendre la direction de la chambre, et de m’enfermer dans la salle de bain.




O0o0O




Je me penche en avant, grimaçant sous la douleur. A la table d’à côté, Chelsea me lance un regard inquiet, tout en évitant de se faire prendre par le surveillant du partiel. Je sens qu’elle voudrait bien me parler, mais qu’elle n’ose pas, de peur qu’on l’accuse de tentative de tricherie. Je lui fais un espèce de sourire rassurant, mais je ne pense avoir atteint mon but en la voyant ouvrir des yeux encore plus ronds. La douleur refluant, je me redresse alors, et récupère ma plume que j’ai laissé tomber sur mon parchemin, avant de reprendre le cours de mon examen. Nous sommes assises dans cette salle de classe depuis un petit plus de trois heures. Et ma faim du matin-même n’a pas changé, augmentant avec le temps passé. J’ai la désagréable impression que mon corps réclame de la nourriture, ce qui est impossible, bien entendu. Mais c’est la seule idée qui me vient à l’esprit. Qu’est-ce que cela pourrait-il être d’autre ?

Le surveillant passe dans l’allée qui sépare ma table de celle de Chelsea, en me laissant un regard insistant. Je m’empresse de garder mes yeux rivés sur ma copie, peu désireuse de lui donner l’occasion de faire annuler mon examen. Trois quart d’heure plus tard, la sonnerie retentit, nous avertissant que le partiel est terminé. D’un mouvement de baguette, le surveillant enroule nos parchemins et les scellent, avant de les faire léviter jusqu’à sa table. Nous récupérons nos affaires et quittons la salle. Chelsea ne tarde pas à se faufiler entre deux autres étudiants pour me rejoindre.

- Qu’est-ce que tu as ? S’exclame-t-elle aussitôt. Tu n’as pas arrêter de te tordre de douleur de tout l’examen. Tu veux aller à l’infirmerie ?

- Non, ça va, c’est passé, mentis-je en caressant mon ventre.

- Tu es sûre ? insiste-t-elle. Parce que je te trouve quand même un peu pâle. Bon, en même temps, tu n’as jamais été très bronzée, mais là . . .

Elle ne finit pas sa phrase, le sous-entendu parfaitement compréhensible. Je dois avoir une tête à effrayer les morts.

- Je te promets que ça va, ok ? Maintenant, dépêche-toi d’aller retrouver Bill.

Chelsea m’envoie un dernier regard inquiet, avant d’obéir et de quitter le bâtiment au pas de course pour retrouver mon ami Bill, qui l’attend certainement déjà à la cafétéria de l’université. Elle et lui se sont connus lors de mon mariage, quelques mois auparavant. Après deux ou trois semaines de flirts, ils sont finalement passés aux choses sérieuses et ont officialisés leur couple. Du coup, je vois Chelsea un peu moins souvent qu’auparavant. Mais ça ne me dérange pas, elle a l’air complètement heureuse avec Bill.

Toute à mes pensées sur le couple, je me faufile entre différents groupes d’étudiants, avant de rejoindre la sortie de l’UMS, et d’emprunter une des rues adjacentes, où se trouve un petit restaurant. C’est là que Sirius et James ont l’habitude d’aller déjeuner quand ils peuvent. Remus et moi les rejoignons si nos horaires le permettent. Je pousse la porte de l’établissement moldu. La gérante à l’entrée me reconnaissant, m’adresse un regard empli d’animosité, mais ne fait aucun commentaire. Aucune bizarrerie au fait qu’elle ne m’aime pas, vu que je ne commande jamais rien chez elle. Mais elle ne me dit jamais quoi que ce soit, puisque les trois garçons mangent toujours de quoi compenser.

Je repère Sirius et James, déjà arrivés, à une des tables du fond, leur assiettes pleines devant eux. Je les rejoins et tire la chaise à côté de celle de mon mari, avant de m’y laisser tomber avec fatigue. Le simple fait de les rejoindre m’a, semble-t-il, vidé d’une grande partie de mon énergie.

- Salut Mandy, me salut James avec en train, avant de froncer des sourcils en voyant mon visage. Ça ne va pas ? Tu as l’air bizarre.

Sans doute alerté par ces propos, Sirius lâche aussitôt sa fourchette et écarte le rideau de mes cheveux qui l’empêche de voir ma tête. Je croise son regard inquiet.

- C’est vrai que tu es blanche, dit-il, alors que mon attention est attiré par son assiette de ragoût au mouton qui embaume l’air. Ton examen s’est bien déroulé ?

- Ça a été, réponds-je, avant d’attraper la fourchette qu’il a abandonné dans l’assiette, et de chiper un morceau de viande baignant de jus.

- Alors qu’est-ce qui ne va pas ? Insiste-t-il, non sans me lancer un regard interrogateur en me voyant piquer dans son assiette.

Sans répondre, j’enfonce la fourchette dans ma bouche et soupire d’aise en sentant les saveur de la viande exploser sur mon palais. Sans réfléchir, j’avale la viande et tire l’assiette de Sirius jusqu’à moi, avant de commencer à en engloutir le contenu. Le silence des deux amis qui m’entoure soudainement ne me force même pas manger moins vite, ce qui serait tout de même plus prudent. Au fur et à mesure que mon organisme ingère la nourriture, je me sens aller mieux, et rependre des forces. Même mon estomac a cessé de me faire mal à m’en plier en deux.

Le bruit d’une chaise qu’on fait grincer sur le sol m’arrache du repas, alors que j’ai déjà engloutie la moitié de l’assiette. Je lève les yeux pour constater que Remus est arrivé, et qu’il s’est installé à côté de James. Le regard qu’il fait peser sur moi est lourd de sous-entendu. Cependant, cela ne l’empêche pas de demander à voix haute :

- Qu’est-ce qu’il se passe ? Je rêve où Mandy est en train de manger de la vraie nourriture ?

Je croise son regard éberlué, avant de reporter mon attention sur l’assiette que j’ai volé à Sirius. Prenant conscience de ce que j’ai fait, je laisse sèchement tomber la fourchette dans l’assiette et m’enfonce dans ma chaise en fronçant des sourcils.

- Qu’est-ce que . . .

Je ne finis même pas question, qui ne serait qu’un pâle reflet de celle déjà posée par Remus. Je regarde tour à tous les trois garçons, mais eux aussi me regardent avec un mélange de fascination et d’inquiétude. Perdue, je pose une main sur mon ventre, où je sens qu mon estomac n’a pas eu totalement ce qu’il voulait.

- J’ai faim, lâché-je alors avec un soupir. Réellement faim, depuis ce matin. Je penserais que ça passerait, mais . . .

Mais cela n’a pas été le cas. Les douleurs que j’ai ressenti pendant les quatre heures d’examen étaient dus au vide de mon estomac. Cette sensation de faim extrême, comme si l’acide contenu dans l’organe, n’ayant plus rien à digérer, s’en prenait aux parois même. Une sensation que je n’avais pas ressenti depuis des mois.

- Écoute, fait alors Sirius, mange d’accord ? Prend ce dont tu as envie et nourris-toi. On cherchera une explication à ça ce soir.

Je lève les yeux pour croiser son regard inquiet et acquiesce d’un geste lent. Il a raison, c’est tout ce que je peux faire pour le moment. Répondre aux exigences de mon corps, et attendre de trouver une raison à cette étrangeté. Mais je sais déjà à qui je vais demander des explications. Quand il y a une anomalie dans ma condition de vampire, il n’y a qu’une personne vers qui je puisse me tourner : Lucinda.




O0o0O




La radio que Sirius a allumé passe un tube de Celestina Moldubec, une chanteuse qui joue depuis plusieurs années, mais dont les chansons ne semblent pas s’essouffler. Je n’écoute que d’une oreille, plutôt concentrée sur un devoir de potions, alors que Sirius, les yeux rivés sur le jardin blanc qu’il voit à travers la baie vitrée, semble écouter religieusement la radio. Installée sur la table de la cuisine, une plume à la main, je glisse mon autre main dans le paquet biscuit posé à côté de mon livre de potions et en ressors un gâteau chocolatée dont je croque aussitôt un morceau. Ce n’est pas de la faim, puisque j’ai dîné avec Sirius une heure plus tôt, mais seulement une envie. Malgré que mes sens de vampires me permettent de détailler un peu trop les éléments de la nourriture préparée, j’aime ce que je mange.

Sur le canapé du salon, Sirius bouge, faisant grincer le cuir du meuble. Je relève la tête de mon devoir pour le regarder. Il a toujours le regard rivé sur la baie vitrée, mais cette fois-ci, il s’est levé pour aller l’ouvrir. Intriguée, je lâche ma plume et enfourne le dernier morceau de gâteau, avant de passer dans le salon. Par la fenêtre ouverte, le hibou que j’ai envoyé il y a plusieurs jours à Lucinda, est de retour. Vu qu’il a mis moins de trois semaines à faire l’aller-retour, je devine que mon amie n’est pas en Autriche en ce moment.

Sirius attrape son hibou qui m’évite toujours aussi soigneusement depuis que je vis avec son maître, et détache la lettre accrochée à sa patte, avant de me la tendre. Il accompagne ensuite son animal jusqu’à la cuisine, où il lui file un biscuit de Miamhibou et un peu d’eau. Je n’attends pas que Sirius en ait terminé avec son oiseau, avant d’ouvrir la lettre et de la parcourir rapidement des yeux.




Mandy,

Je n’attaquerai pas ma lettre en te demandant comment tu vas. J’ai bien compris dans ta missive que ta faim soudainement apparue te fait peur, et que tu appréhendes la réponse que je vais te fournir. J’attaquerai donc plutôt dans le vif du sujet.

Tout d’abord, cesse de te ronger les sangs, tu n’es pas en danger de mort, ni en train de perdre ton « ;vampirisme » comme tu l’as dit dans ta lettre. Ceci est d’ailleurs, totalement ridicule. J’espère que tu es bien accrochée cependant, car j’imagine que ce que je vais t’apprendre va te surprendre. Et surtout te choquer.

Mon amie, toutes mes félicitations, tu es enceinte. La faim chez un vampire n’est rien d’autre que le signe d’une grossesse. Tu dois avoir attaqué ton second mois à présent, puisque ce signe est apparu. Je suis très heureuse pour Sirius et toi . . .




Je ne termine même pas la lecture de la lettre. Mes doigts ont cessés de suivre mes directives et ont lâchés le parchemin. Mon esprit, quant à lui, est resté fixé sur une seule chose : le terme enceinte. Je reste figée pendant quelques secondes, avant que Sirius, posant une main sur mon épaule, ne me sorte de mon état léthargique.

- Qu’est-ce qu’elle dit ? Qu’est-ce que tu as alors ?

Toujours à moitié dans le brouillard, je me tourne vers lui, avant de lâcher l’information.

- Elle dit que je suis enceinte.

Sirius ne semble pas comprendre immédiatement. Il cligne des yeux une fois, le visage neutre. Pourtant, sa main sur mon épaule se crispe, et je vois finalement ses sourcils se froncer. Il comprend, au moment où je reprend mes esprits. Je fais alors un rapide calcul mental. Mes dernières menstruations remontent effectivement à plus loin que je ne le pensais. Je me mets à trembler.

- Amandine ! S’exclame aussitôt Sirius, inquiet, en me voyant tomber, l’émotion m’ayant coupé les jambes.

Je me retrouve à genoux sur la moquette beige du salon, les mains crispées sur mon ventre, où, d’après Lucinda, une vie est en train de grandir.

- Amandine ? Répète Sirius, cette fois-ci avec plus douceur.

Je sens qu’il voudrait me demander comment je vais, mais tout comme moi, il trouve sans doute que cette question n’a pas sa place ici et maintenant.

- Je suis enceinte, dis-je alors à mi-voix, le fait s’inscrivant en lettre de feu dans tout mon être.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeMar 19 Mai - 10:32

Chapitre 44 : Sainte Mangouste




Le brouhaha qui envahit la cafétéria de l’université, et les odeurs corporelles qui se dégagent des étudiants en nage qui m’entourent, me fait grimacer. Devant moi, Chelsea qui choisit son repas, me lance un coup d’œil amusé. Je l’ignore, préférant reporter mon attention sur le machin étrange et tremblotant, qu’ils osent appeler un hachis Parmentier. Prudente, j’attrape alors une part de tarte au thon, qui me semble bien plus catholique, avant de suivre Chelsea au niveau des desserts. Un yaourt nature pour elle et une pomme pour moi, nous nous faufilons ensuite entre les étudiants qui font encore leur choix, avant de poser nos plateaux devant la sorcière qui s’occupe de l’encaissement. Chelsea en tête, c’est elle qui choisit la table où nous prendrons notre déjeuner. Elle s’installe et je pose mon plateau. D’une pichenette, je fais ensuite voleter les bouts de pains qui envahissent la place que j’ai prise.

- Cesse de faire ta maniaque et assieds-toi ! S’exclame soudain Chelsea, exaspérée, en m’attrapant par le bras pour me forcer à poser mes fesses sur la chaise bancale.

J’obéis non sans grimacer.

- Tu sais que je ne supporte pas de venir manger ici. Pourquoi est-ce qu’on est pas retourné au bistrot deux rues plus loin ? C’est carrément plus propre qu’ici. Et moins odorant.

Chelsea fronce du nez, respirant l’air qui nous entoure.

- Je ne sens rien d’inhabituel, clame-t-elle alors, avant d’attaquer son plat à vifs coups de fourchette, mettant fin à la discussion.

Si tout ce que je sens était dû à mes sens vampires, je pourrais passer outre en faisant redevenir le tout à niveau humain. Mais le problème c’est qu’ils y sont déjà. J’ai juste l’odorat plus développé que la moyenne humaine. Ou alors, mon nez supporte de moins en moins certaines odeurs. Comme celle de la sueur de dizaines de personnes différentes, ou de la bièraubeurre que Sirius a partagé avec James la veille au soir. Rien qu’en y repensant, une nausée me soulève l’estomac. Dégoûtée, je repousse fermement mon plateau, décidée à ne rien avaler de ce qu’il contient.

A côté de moi, Chelsea lâche un soupir grand comme le monde. La pauvre commence à être habituée à mes caprices. Et pourtant, elle s’obstine à m’emmener manger ici au moins une fois par semaine, histoire d’alléger nos dépenses en déjeuner de la semaine. J’ai bien proposé de remplacer ça par un pique nique, mais elle refuse de manger dehors en plein mois de janvier. Je tourne la tête pour jeter un œil sur l’une des fenêtres proches, d’où je vois des colonnes de neige tourbillonner. J’avoue que je la comprends, un peu. Si j’avais encore été capable de ne pas supporter le froid, je me serais moi aussi fermement opposée à mon idée folle.

Des raclements de chaises dans mon dos me font quitter la fenêtre du regard, pour apercevoir un groupe de quatre jeunes femmes s’installer à la table derrière la nôtre, tout en papotant joyeusement. Leur discussion, de ce que je peux en entendre, tourne essentiellement autour de garçons, et je fronce des sourcils en entendant une d’entre elles prononcer le prénom de Sirius. Il est suffisamment peu courant, pour me laisser deviner qu’elles parlent de mon époux. Et en termes un peu trop élogieux à mon goût. Certes, il a de jolis yeux ; oui, il a aussi un beau fessier et une bonne carrure, l’avantage d’être apprenti auror et de faire du sport quotidiennement ; tout à fait, il est gentil et absolument craquant ; et effectivement mesdemoiselles en surplus de libido, il est marié. Quel dommage, n’est-ce pas ?

Soupirant, je cesse d’espionner leur discussion quand elles s’appliquent à énumérer aussi les qualités de James. Dans le cas contraire, je risquerai de provoquer un esclandre. Ce qui n’est, ni le lieu, ni le moment. Me surprenant, Chelsea se retourne soudainement et lance un regard peu amène aux filles derrière nous, qui, bien sûr, ne s’en aperçoivent pas. Mon amie s’empresse de remédier à cela.

- Hey, vous quatre, les interpelle-t-elle sous mon regard étonné, les faisant se tourner vers elle. Je vous signale en toute amitié, que la femme de Sirius Black se trouve assise à côté de moi et qu’elle entend votre conversation. Sans compter qu’elle est en plus une très proche amie de James Potter et de son épouse à lui aussi. Vous voyez ce que je veux dire ?

Je sourcille, avant de me tourner à mon tour vers les jeunes femmes. L’une d’elle, la plus proche, une rousse avec une forte poitrine un peu trop dévoilée à mon goût, me regarde de haut en bas, avant de fixer son regard sur mon ventre en affichant un air dubitatif. Je sens les poils de mes bras se hérisser et je pourrais presque me mettre à gronder de colère. Non mais, pour qui elle se prend celle-ci ?

- Regarde ailleurs, dis-je d’une voix grave, en la fusillant du regard.

Elle relève les yeux sur mon visage, avant de retourner à sa vie, non sans m’avoir adressé un mauvais sourire. Je plisse les yeux. Elle me cherche, la rouquine ? Une main posée avec douceur sur mon avant-bras m’ôte toute envie de sauter à la gorge de l’impudente.

- Laisse tomber, dit alors Chelsea. Elles sont prêtes à tout pour te trouver les pires défauts du monde. Y compris à te faire remarquer que tu n’as pas une silhouette athlétique.

Je baisse le regard sur mon ventre ressortant, une première pour moi. Et ça se remarque d’autant plus quand je suis assise, bien entendu. Chelsea retourne à son repas, sans rien ajouter de plus. Que pourrait-elle dire d’ailleurs ? Elle ignore que je suis enceinte.

Sirius et moi avons décidés de garder secret ma grossesse, du moins durant le premier trimestre. Dans sa lettre, Lucinda a précisé que les trois premiers mois, le fœtus était extrêmement fragile chez les vampires. Plus d’une grossesse et demi sur deux prenait fin avant la fin du premier trimestre. La nouvelle avait un peu rafraîchit notre enthousiasme d’apprendre une si bonne nouvelle. Alors, nous avons décidés de tenir ça secret pour l’instant, histoire de ne pas donner de fausses joies à notre entourage. Cependant, ce matin-même, nous nous sommes mis d’accord : puisque j’ai attaqué mon quatrième mois, et que tout semble se dérouler à merveille, il est temps de répandre la nouvelle. Ce ne serait pas sympa de notre part de les mettre devant le fait accompli dans cinq mois.

- J’aime ma silhouette, dis-je, en réponse à la remarque précédente de Chelsea. Elle est annonciatrice d’une bonne nouvelle, qui les tiendra encore plus éloignée de mon mari.

Mon amie délaisse son yaourt quelques secondes, le temps de me lancer un regard surpris, puis de baisser son regard sur mon ventre en fronçant des sourcils. Je peux presque voir les rouages de son cerveau tourner, alors qu’elle enfourne une cuillérée de yaourt. Cuillère qu’elle laisse stagner dans sa bouche, lorsqu’elle relève ses yeux vers les miens, totalement éberluée.

- Attends, fait-elle après un temps d’attente relativement court, pendant lequel elle a ôté le couvert de sa bouche. Tu veux dire que . . . Que tu es . . .

Elle ne prononce pas le dernier mot, se contentant de m’envoyer un message télépathique par le regard.

- Si c’est le terme « enceinte » que tu cherches, c’est oui, réponds-je.

Le cri strident de ravissement qu’elle pousse ensuite a sans doute rendu sourde toute la cafétéria. Du moins, elle fait se retourner tout le monde sur nous, au moment où je disparais entre ses bras et qu’elle me serre très fort contre elle.

- Je suis tellement contente pour toi ! S’écrie-t-elle, avant d’ajouter d’un ton plus bas : mais pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ? Au vue de ton ventre, tu dois en être au moins à trois mois.

- Je viens d’attaquer le quatrième en fait, dis-je. Sirius et moi avons tenus à garder ça secret, au cas où quelque chose se passerait mal.

Future guérisseuse comme moi, elle comprend de quoi je veux parler car le risque de fausses couches, bien que moins courants que chez les vampires, existe aussi chez les sorciers.

Chelsea plaque un baiser sonore sur ma joue et se détache de moi. J’en profite pour me lever et attraper mon plateau intact.

- Allons-y, le cours va bientôt commencer, dis-je. Tu t’extasieras en route.

Quatre heures de cours de potions avancées plus tard, passés avec un professeur aussi passionnant que le professeur Binns, nous voilà de nouveau libre et prêts à partir en week-end. Chelsea et moi faisons un bout de chemin ensemble, avant qu’elle ne bifurque dans une rue, et que je continue ma route tout droit. Mon but est de rejoindre le Chemin de Traverse, et plus particulièrement Au paradis des gourmands. Camille y travaille sans doute encore à l’heure qu’il est, et j’ai décidé de lui annoncer l’heureux futur évènement, maintenant que Chelsea le sait. Vu la réaction de ma meilleure amie quand elle a su qu’elle n’était pas la première au courant de mon mariage, je préfère prendre mes précautions.

Quand je pousse la porte de l’entrée de la boutique, je constate non sans surprise qu’elle est remplie, et que l’air embaume le chocolat et les viennoiseries chaudes. Un réel appel à la gourmandise. Je repousse la capuche de ma cape, faisant tomber au moins deux centimètres de neige sur le sol, avant de chercher une table libre des yeux. J’en trouve une près du comptoir, où Camille et son père s’affairent à servir des clients. En passant devant eux, je leur adresse un petit geste de la main qu’ils me rendent aussitôt, non sans paraître surpris de ma visite impromptue. Je m’installe ensuite à la table repérée, ôte ma cape pour la poser sur le dossier de la chaise, et m’assied. Sachant que le temps d’attente peut varier, je sors de mon sac un livre, un rouleau de parchemin, une plume et un encrier. Je révise pendant quelques minutes, entourée par le bruit environnant qui ne m’aide certainement pas à me concentrer, puis Camille se laisse tomber sur la chaise à côté de la mienne en soupirant d’aise.

- Bonjour Mandy, dit-elle ensuite. Je ne m’attendais pas à ta visite.

Souriante, je referme mon livre et laisse mon parchemin encore quelques secondes à l‘air libre, pour que l’encre sèche avant que je ne l’enroule.

- Salut. Je suis venue parce que je dois te parler.

Surprise, et sans doute un brin curieuse, mon amie sourcille avant de glisser derrière son oreille, une de ses mèches blondes échappée de sa queue de cheval.

- Vraiment ? Et de quoi ?

J’attrape mon parchemin que j’enroule, réfléchissant à la meilleure manière de lui annoncer la nouvelle. Puis, je repense à l’effarement qu’affichent toujours mes amis quand ils me voient manger.

- Tu n’es pas sans ignorer que je me nourris d’aliments depuis quelques semaines, fais-je en glissant mon rouleau dans mon sac, avec le reste des affaires.

Elle acquiesce vivement, son attention m’étant toute acquise. Elle se penche sur la table, y croisant les bras, pour mieux entendre ce que je vais dire.

- Je sais pourquoi, ajouté-je. Je le sais depuis un peu plus de deux mois, mais Sirius et moi avons tenus à garder le secret, au cas où tout ne se déroulerait pas comme nous le voulions.

Camille fronce aussitôt des sourcils, et je vois l’inquiétude s’inscrire dans ses yeux. Je m’empresse de la rassurer.

- Ce n’est rien de grave, dis-je en rigolant légèrement. Je suis seulement enceinte.

Camille semble avoir une espèce de temps de pause, pendant lequel elle reste à me fixer droit dans les yeux sans bouger. Puis, elle a à peu de choses près la même réaction que Chelsea quelques heures plus tôt. Sauf qu’elle crie plus fort et plus longtemps, et que son père derrière le comptoir lui jette un regard effaré. Et, pour la seconde fois de la journée, je manque de finir étouffer par deux bras. A croire que c’est beaucoup plus amusant de me tuer par asphyxie, maintenant que je suis censée respirer pour deux.

- C’est génial ! S’exclame-t-elle, pleine d’euphorie. Tellement génial !

Elle s’éloigne un peu de moi, mais garde ses bras autour de mes épaules, avant de poursuivre à voix basse :

- Mais, les naissances chez les vampires ne sont-elles pas rares ?

Amusée, je secoue la tête, me rappelant ce que m’avait répondu Tony lorsque je l’avais interrogé à ce propos, lors de mon passage à Vienne.

- En fait, ce sont les naissances entre deux vampires qui sont très rares. Celles entre un vampire et son Calice humain sont, quant à elles, certes peu ordinaires, mais n’ont rien d’exceptionnelles. Ce sont les naissances multiples dans un même couple qui le sont. Très rares sont les vampires a avoir des frères et sœurs biologiques, quel que soit la nature de leurs parents.

Camille acquiesce d’un mouvement lent en entendant mon explication.

- Alors, il pourrait être le seul enfant que tu ais ?

- Certainement, oui. Mais je suis déjà bien heureuse d’en avoir au moins un. Et Sirius aussi.

Camille esquisse un sourire amusée.

- Comment est-ce qu’il a réagit quand il l’a su ?

- Eh bien . . .




O0o0O




- Je vais être PAPA !

Le cri de pur bonheur que vient de pousser Sirius, alors qu’il vient tout juste de mettre un pied dans le salon de la maison de Remus, où Peter, Lily et James sont déjà présents, m’oblige à glisser un regard en coin amusée à ma meilleure amie. Camille, enveloppée dans son manteau épais et debout sur le porche de la maison de Remus à côté de moi, ferme les yeux et pince la bouche pour éviter que son éclat de rire ne devienne trop bruyant.

- Voilà, c’est comme ça qu’il a réagit quand il l’a su, dis-je à mon amie, en tentant moi aussi de ne pas rire devant le comportement de mon mari.

Remus, l’air totalement halluciné, nous tient toujours la porte de son appartement. Nous y pénétrons toutes les deux, et ne lâchons pas Sirius du regard, alors qu’il vient d’attraper son meilleur ami pour le serrer contre lui en continuant de beugler aussi fort qu’il le peut son futur état de père. Inutile de préciser que nos amis ne comprennent pas tout à fait ce qu’il se passe.

Remus tend les mains, ignorant Sirius, pour prendre nos manteaux que nous lui remettons. Camille s’avance ensuite vers Peter, et Remus me tend un sourire inquiet.

- Qu’est-ce qu’il lui arrive ? Demande-t-il en donnant un coup de tête dans la direction de Sirius, que Lily tente de désengluer de son mari.

- Je crois que c’est assez clair, non ? Réponds-je. Je pense même que tout l’étage l’a compris.

Remus éclate de rire, avant d’ouvrir des yeux ronds comme le monde et de perdre subitement son sourire amusé.

- Q . . . Quoi ?

Amusée par sa réaction, mais ayant promis à Sirius qu’il le dirait à ses amis, j’ignore l’air de bovin que Remus vient d’adopter et rejoins Sirius pour aider Lily à récupérer James. Mon mari, toujours fermement accroché à son meilleur ami qui vire progressivement au bleu, continue à répandre sa joie.

- Sirius, fais-je d’une voix douce en posant la main sur son épaule. Tu es en train de le tuer, je te signale.

Mon geste ou ma voix, voire les deux, décident Sirius a finalement relâche le pauvre homme, et le font se retourner sur moi. Il m’agrippe aussitôt et me fait décoller de terre pour me serrer contre lui.

- Je suis tellement content !

- Je sais, réponds-je après un profond soupir. Mais si tu prenais le temps d’expliquer calmement la situation à nos amis, je pense qu’ils seraient eux aussi très contents pour nous.

- Ah oui, c’est vrai, désolé, dit-il en me reposant par terre. Je me suis laissé un peu débordé par mon enthousiasme.

Sans rire ?

Après avoir déposé un baiser rapide sur mes lèvres, il se met à côté de moi et passe un bras autour de mes épaules. Il se racle ensuite bruyamment la gorge, pour attirer l’attention de nos amis sur lui. Lily lui jette un regard assassin, tout en vérifiant que James ne gardera pas de séquelles de sa rencontre musclée avec son meilleur ami, et Remus, qui s’est finalement réveillé nous adresse un regard flamboyant de joie, tout comme Camille, que Peter tient serrer contre lui.

- Amandine et moi avons une grande nouvelle à vous annoncer, dit-il, non sans dégager une aura de profonde fierté. Nous allons avoir un bébé.

A l’annonce, le sourire de Camille s’agrandit, elle fait un geste impatient et silencieux d’applaudissement. Remus, sur lequel j’avais gardé un œil, fait un signe de tête d’assentiment, signe que ce qu’il pensait était vrai, et étant de loin le moins surpris, il est le premier à s’avancer pour nous féliciter. Il tend une main amicale à Sirius, que ce dernier empresse de serrer.

- Toutes mes félicitations, Sirius. Je suis très heureux pour vous deux.

Ému, Sirius attire ensuite son ami contre lui, dans la même étreinte qui a faillit coûter la vie à James. Mais Remus ne semble pas se plaindre, rendant même le geste à son ami. Soudain, un grand éclat de rire retentit du côté de ceux qui n’ont toujours pas réagit, et James saute sur le duo de câlins.

- Merlin, c’est une excellente nouvelle ! Patmol, tu vas être papa !

Peter, sourire radieux aux lèvres, ne tarde pas à rejoindre les trois autres hommes et les maraudeurs se retrouvent à féliciter bruyamment l’un de leurs membres. Camille et Lily, sourire amusée identique au mien aux lèvres, viennent m’entourer et passent toutes les deux un bras autour de mon corps, sur l’épaule pour l’une, et autour des hanches pour l’autre.

- Je suis vraiment contente pour vous deux, dit Lily d’un ton plat, avant de laisser libre court à sa joie et de s’écrier : Ah, je veux déjà voir sa petite frimousse ! Pour quand est-ce qu’il est prévu ?

J’éclate de rire, touchée par la joie de mes amis pour notre couple, avant de lui annoncer que la naissance est prévu pour le mois de mai prochain.




O0o0O




- Amandine, une bande de gaze et un pot de baume cicatrisant s’il vous plait.

Je me détourne du patient blessée et de la guérisseuse pour attraper sur le chariot derrière moi ce que me réclame la vieille femme au chignon si serré qu’il pourrait presque arracher les cheveux du crâne de cette pauvre femme, puis lui tend le tout. Le vieil homme avec la jambe brûlée de la cheville à la mi-cuisse, m’adresse un pâle sourire alors que je le regarde. Puis, je baisse mon regard sur les gestes de la guérisseuse. Elle applique avec soin le baume sur toute la surface brûlée. L’homme ne grimace même pas au contact des mains de la femme, toujours sous l’effet de la potion anesthésiante que je lui ai donné un peu plus tôt.

- Toujours incorporez la crème dans l’épiderme par mouvements rotatifs, m’explique la guérisseuse en accompagnant ses dires des gestes. Et toujours de l’extérieur vers l’intérieur.

Je la regarde faire pendant les quelques minutes qui passent, puis elle se lève et nettoie ses mains d’un sort, pendant que je remets les affaires à leur place sur le chariot. Après quelques mots rassurants à l’adresse du patient, nous quittons sa chambre et passons dans le couloir où seuls deux femmes discutent à voix basse devant une autre chambre. D’un coup de baguette, la guérisseuse fait apparaître l’heure en lettres dorés dans l’air.

- Vous pouvez partir, Amandine, fait-elle ensuite en m’adressant un sourire poli, alors que j‘acquiesce d‘un signe de tête. J’imagine que vous devez être pressée de rentrer chez vous vous reposer.

Elle glisse un œil sur mon ventre rond et lisse de femme enceinte de près de six mois, avant de faire volte face pour rejoindre le patient suivant.

- A demain, Mme Cresswell, lui dis-je alors qu’elle disparaît derrière la porte d’une autre chambre sur un signe de la main négligent.

La porte se refermant sur elle, je me détourne et prends la direction du hall d‘entre, situé sur le même niveau, derrière les doubles portes. C’est tout le temps la cohue ici ; les visiteurs et les patients en attente d’une prise en charge se bousculent, discutent, et parfois même se disputent, sous les soupirs exaspérés des infirmières et des médicomages. Je traverse le hall d’un pas vif, avant d’apercevoir du coin de l’œil une longue chevelure rousse, qui n’est pas sans me rappeler une certaine Mme Potter.

Je fais quelques pas dans sa direction, alors qu’elle règle visiblement des formalités avec l’administration, avant de l’interpeller. A l’entente de son prénom, elle se retourne, surprise, puis me voit.

- Mandy ! S’exclame-t-elle. Tu travailles ?

- Je viens de terminer, réponds-je alors qu’elle glisse son porte-monnaie dans son sac à main, et qu’elle salut la secrétaire. Et toi, que fais-tu là ?

Elle affiche un sourire grand comme le monde, au moment où quelqu’un d’autre appelle Lily d’une voix forte. C’est James, devant nous, qui vient tout juste de pénétrer dans l’hôpital.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? Demande-t-il aussitôt arrivé près de nous, en prenant les mains de son épouse, l’air très inquiet. J’ai vu ton message sur la table de chevet.

Lily ne se départ pas de son sourire rassurant, et je m’offusque à peine que James ne m’ait pas remarqué, trop attentive à ce que va dire sa femme.

- Ce n’est rien, dit-elle, j’étais inquiète pour pas grand-chose. Je vais bien, je t’assure. C’est juste que . . . Je n’ai pas été assez attentive, c’est tout. Autrement, je n’aurais pas eu besoin de venir.

Je fronce des sourcils, avant de la regarder un peu attentivement et d’essayer de deviner ce qu’il ne va pas. Comme je ne la vois pas souvent ces temps-ci, je remarque aussitôt sa pâleur inhabituelle et les cernes sous ses yeux. Elle est fatiguée. Ses cheveux sont ternes et pendent autour de son visage avec une lourdeur inhabituelle. Pourtant, ses yeux brillent étrangement. J’ai presque l’impression de me revoir quelques mois plus tôt. Mon froncement de sourcils s’accentue, alors que je me demande si mon intuition est la bonne.

- Lily, fais-je en attirant l’attention des deux amoureux. Tu ne serais pas enceinte par hasard ?

James hausse si haut les sourcils que j’ai peur de les voir se décrocher de son visage, tandis que Lily affiche des yeux ronds.

- J’aurais dû me douter que je ne pouvais pas le cacher à une futur guérisseuse enceinte, se contenta-t-elle de répondre.

James se tourne aussitôt vers elle, le visage inexpressif.

- Quoi ? Lâche-t-il dans un souffle.

Je rigole avec légèreté.

- Je vais vous laisser régler ça tout seul, d’accord ? On en reparlera plus tard.

Je les délaisse ensuite, alors que Lily explique à James ce que la médicomage qui l’a reçu un peu plus tôt lui a dit. Je ne suis qu’à deux pas de la sortie, quand je constate que je ne me suis pas changée. Voilà pourquoi Lily a cru que je travaillais toujours. Soupirant, je fais aussitôt demi-tour, et m’approche d’une porte où est accrochée une pancarte qui annonce que l’entrée est réservée au personnel. Je la pousse aussitôt, interrompant une discussion entre deux infirmières, avant de me diriger vers mon casier. J’ôte ensuite ma robe d’apprentie guérisseuse, la range dans le placard et attrape ma robe de sorcière. Je l’ai à peine enfilé par-dessus ma tête que le bruit d’une explosion retentit dans le hall. Surprise et alerte, je redresse la tête et tends l’oreille. Des hurlements me viennent alors du hall et je reconnais le son caractéristique que fait un sort lorsqu’il jaillit d’une baguette.

La gorge serrée et le ventre nouée, je referme la porte de mon casier en silence et agrippe fortement ma baguette. Les sons qui me viennent de l’autre côté de la porte ne laissent aucunes places au doute. Je m’approche de la porte et jette un œil aux deux infirmières qui sont encore là elles aussi. Elles sont prostrées l’une à côté de l‘autre, effrayées. Je pose une main sur la poignée et l’une d’entre elle hoquète.

- Vous n’allez tout de même pas sortir ? Chuchote cette dernière. Vous savez tout aussi bien que moi ce qu’il se passe de l’autre côté de cette porte.

Je fronce des sourcils. Bien sûr que je le sais. Il faudrait être particulièrement bête pour ne pas le deviner. Mais Lily et James sont de l’autre côté de cette porte, en plein milieu de la bataille. Et il y a des patients, des gens qui ne sont peut-être pas en état de se défendre. Et le temps que les aurors arrivent . . . Ma prise sur ma baguette se raffermit. Je sais que James et Lily sauront se débrouiller. Ils ont rejoint l’Ordre il y a six mois, et s’en sont toujours bien sortis, mais cela ne m‘empêche pas de m‘inquiéter pour eux. Mon désir de les protéger est plus fort que ma peur de me retrouver en pleine bataille.

Je tourne la poignée de la porte, au moment où je me souviens que je ne suis pas que sorcière. Que je suis aussi vampire. Et que ma Reine a interdit à notre peuple de se mêler du conflit sorcier qui secoue l’Angleterre. Je mords ma lèvre inférieure, indécise. Je suis tiraillée entre l’ordre de cette Reine manipulatrice et sadique auquel je n‘ai absolument pas envie d‘obéir, et mon désir de venir en aide à ceux qui en ont besoin. Mais pourra-t-elle vraiment me reprocher de m’être mêlée à cette bataille ? D’avoir voulu accomplir mon devoir, d’avoir voulu me protéger, protéger mes amis ?

- Ne faites pas ça ! Chuchote la deuxième femme, m’arrachant à mes pensées. Pas dans votre état !

Je sursaute, lorsqu’elle me rappelle que je ne suis pas seule dans ce corps. Je pose une main tremblante sur mon ventre rond, où une vie autre que la mienne grandit et prend dans forces en prévision de sa naissance. Mais je n’ai pas le temps de penser plus que cela à mon enfant, car je me retrouve soudainement propulsée loin de la porte, alors que cette dernière s’ouvre brusquement. Les deux infirmières hurlent quand le Mangemort apparaît sur le pas de la porte, pointant sa baguette sur elles. Je réagis aussi vite que je peux, attrape ma baguette qui a roulé hors de ma main un peu plus loin, et le vise.

- Expelliarmus !

La baguette du Mangemort glisse de quelques centimètres dans sa main, mais je ne le désarme pas. J’ai réussi cependant à attirer son attention, sur moi, ce qui était loin d’être mon intention. Un sort jaillit de sa baguette, me prenant pour cible. Je m’abaisse, le sort atteint les casiers, les faisant trembler. Les deux infirmières continuent de crier, mais très vite, l’une d’elles se tut. Mon sang se glace. Je suis toujours accroupie derrière le casier de métal, quand l’autre femme se met soudain à hurler plus fort. Je ferme les yeux, la respiration rapide et le cœur battant. Je dois intervenir. Ma main se crispe sur ma baguette. Je ne peux pas laisser cette pauvre femme être torturée, sans l’aider. Je me relève brusquement, m’interdisant de penser à quoi que ce soit d’autre que l’instant présent, sous peine de voir mon soudain assaut de courage fondre comme neige au soleil, et me précipite dans le dos du Mangemort.

- Stupéfix !

Mon sort l’atteint entre les omoplates. Il s’écroule à terre dans un bruit sourd, inconscient. La femme qu’il torturait est allongée au sol, recroquevillée sur elle-même, le visage plongée entre ses mains. Elle sanglote. La deuxième est près d’elle, le regard fixe. Morte. Un frisson s’empare de mon corps, violent, quand je pense que cette personne était encore en vie, quelques secondes plus tôt, et qu’elle me suppliait de ne pas mettre mon enfant en danger en me mêlant à ce conflit. Malheureusement, ce n’est plus comme si j’avais le choix à présent. Je me détourne d’elles et fais face à la porte rester grande ouverte. Je tremble, en pensant que n’importe qui aurait pu me lancer un sort, sans que je ne le sache. Je dois être plus vigilante. Je fais un pas en avant, et le bruit de la bataille, que mon esprit semblait avoir occulter jusqu’à présent, retentit avec force dans mes oreilles. Il y a là des hurlements de peur, des cris de douleurs, des pleurs, des sorts qui s’entrechoquent, des corps qui tombent, des meubles qui volent en éclats. Je ne fais que les entendre, ne m’attarde pas sur ce que je pourrais voir, mon attention toute tournée sur ces hommes et ces femmes habillés de noir, le visage masqué. Sans plus réfléchir, je me lance en courant dans le hall.

Beaucoup de gens ne se défendent même pas, essayent de protéger ceux qui connaissent de leurs corps. Je commence à comprendre pourquoi le professeur Dumbledore s’est tourné vers nous. Il y a trop peu de sorciers compétents, qui savent se battre, qui se lèvent et qui dégainent instinctivement. Trop peu. Je passe devant un couple enlacé à terre. Un Mangemort s’approche dangereusement d’eux. Je lance le premier sort qui me vient en tête, mais il l’évite souplement. Il m’en envoie un en retour. Un pas de côté et le sort va toucher quelque chose ou quelqu’un derrière moi. Je riposte aussi sec, mais il se baisse en lançant un deuxième sort. Mon bouclier incanté à la va vite l’intercepte, puis disparaît aussitôt. Utilisant ma vitesse vampirique, je lui renvoie aussitôt un troisième sort, et mon maléfice de Jambencoton l’atteint cette fois-ci. Il s’écroule à terre, les jambes tremblotantes. En passant à côté de lui, je lui balance un stupéfix, histoire qu’il ne se jette pas le contre-sort.

Je continue ma route, et aperçois tout de suite Lily et James acculés dans un coin et aux main avec deux Mangemorts. Ils s’en sortent, mais tout juste. James s’interpose entre eux et sa femme pour la protéger, mais se faisant, il empêche Lily de lancer des sorts, sans risquer de le toucher lui. Je m’empresse de les rejoindre pour les aider, mais je me fais intercepter par un autre Mangemort qui m’envoie un sort que je ne peux éviter. Un cri de douleur m’échappe, lorsque le sort lacère ma robe et la peau de mon bras. Je riposte immédiatement et fais apparaitre une vingtaine d’oiseaux qui lui foncent dessus, toutes griffes et becs dehors. Le Mangemort occupée, je continue ma route. Lily est agenouillée à terre, tenant son visage dans ses mains. Inquiète et me fichant à présent totalement du fait que je ne suis pas censé utiliser mes capacités vampiriques, je me glisse entre les sorciers présents qui se battent, et arrive trop vite derrière les deux Mangemorts pour qu’ils me voient.

- Stupéfix !

Le premier tombe à terre. Le second, surpris, se retourne, laissant à James l’occasion de lui réserver le même sort qu’à son acolyte. Je me rends aussitôt auprès de Lily et écarte la main de son visage pour constater les dégâts. James reste debout, baguette brandie, pour assurer nos arrières le temps que je vois ce que je peux faire.

- Je te croyais partie ? Me lance-t-il quand même, dans la cohue du hall.

- J’étais en train de me changer, dis-je au moment où Lily me laisse voir son visage.

Tout le profil droit est brûlé, victime d’un maléfice cuisant. C’était un sort particulièrement puissant de ce que je peux en voir. Et ma grimace ne rassure pas mon amie.

- C’est moche à ce point-là ?

- Rien d’irréparable, la rassuré-je aussitôt, mais je ne peux pas m’en charger. Il faut te trouver un guérisseur, avant que les effets ne soient irréversibles.

Je me relève aussitôt. James, qui l’a entendu, me fait un bref signe de tête. Il comprend sans que je n’ai besoin de lui demander. Je les laisse alors, et me remet à courir, slalomant entre les combattants, à la recherche de quelqu’un qui pourra m’aider. En quelques secondes je repère Mme Cresswell, la guérisseuse qui s‘occupe de moi letemps de mon stage. Je me dirige aussitôt vers elle. Mais ne l’atteindra jamais. Je suis arrêtée par le bruit de cris encore plus puissants, si possible, et comme tout le monde, je me tourne vers l’origine de ces hurlement de pur terreur. Mon sang se glace alors, lorsque entre deux sorciers, j’aperçois le profil de celui que tout le monde craint. Mais je ne peux m’inquiéter plus avant de la présence du mage noir en personne sur les lieux de l’attaque : un sort me frappe dans le dos, me plongeant dans le noir de l’inconscience.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeMar 26 Mai - 11:50

Chapitre 45 : Sirius devient papa



Je termine de ranger la vaisselle fraîchement lavée, quand on frappe à la porte d’entrée. J’abandonne le dernier verre propre dans le meuble à l‘intérieur duquel il se range, avant de m’avancer vers la porte et de l’ouvrir. C’est une Lily tout en sourire qui apparaît sur le perron. M’attendant à son arrivée, je lui rends son sourire et l’invite à entrer d’un geste de la main. Elle fait deux pas en avant, précédée par son ventre de femme enceinte de près de six mois, avant d’aller s’asseoir dans le canapé.

- Est-ce que ça va ? Demandé-je en allant la rejoindre, m’installant près d’elle.

Elle tourne un regard las dans ma direction, avant d’étirer ses lèvres en un sourire amer quand elle pose ses yeux sur mon propre ventre.

- Comme je t’envie. Moi aussi j’aimerais être à moins d’un mois de mon accouchement.

Je rigole, amusée, avant de rétorquer :

- Crois-moi, arrivée à ce stade là, tu ne m’envieras plus. J’ai l’impression d’avoir avalé une baleine. Tu m’as bien regardé ?

Et pour cause. Ma silhouette qui frôle à peine le mètre soixante me donne l’air d’être une adolescente à terme. Et mon visage qui ne vieillit pas n’aide pas à contredire ce que les gens peuvent penser quand ils me croisent dans la rue. J’en ai plus qu’assez qu’ils me regardent comme une bête curieuse. Et si tout cela ne suffisait pas, le bébé semble aussi prendre un malin plaisir à taper sur toutes les zones de mon ventre qu’il peut atteindre, y compris ma vessie, qui n’apprécie pas particulièrement le traitement. Du coup, si je pouvais revenir à mes six mois, j’en serais ravie.

- Tu es magnifique, soupire Lily avant de taper gentiment la peau distendue de son abdomen. Moi, je vais bientôt me transformer en montgolfière. Il ne faudra pas s’étonner si je commence à m’envoler.

Je souris et secoue la tête en entendant les bêtises de Lily. Je passe ensuite une main dans ses longs cheveux roux, qui ont retrouvés leur éclat d‘avant grossesse.

- Tu es très belle, Lily, la rassuré-je.

Et je mens à peine. Elle est belle, pour une femme qui entame bientôt son dernier trimestre. Je n’avais absolument pas, et n’ai toujours pas d’ailleurs, le teint frais et reposé qu’elle affiche je ne sais trop par quel miracle. Par contre, elle a pris du poids, sans doute plus qu’il n’aurait été nécessaire, mais comme je l’ai toujours trouvé un peu squelettique, je trouve que ça l’embellit. Et ses yeux n’ont jamais été aussi verts. Et comme l’a dit James, trois jours auparavant lorsqu’il est passé voir Sirius, ils sont encore plus hypnotiques qu’avant. J’espère sincèrement que leur enfant héritera de ses yeux.

M’arrachant à mes pensées, Lily s’approche de moi, glisse son bras sous le mien, et affiche le sourire le plus impatient que je connaisse.

- Et cette journée shopping, on la commence ou pas ?

Une heure et demie plus tard, nous nous trouvons toutes les deux dans le centre-ville moldu de Londres, dans l’une des nombreuses boutiques, en train de farfouiller dans les rayons. Nous nous trouvons l’une et l’autre de chaque côté d’un portant, scrutant un à un chacun des cintres en silence. Alors que mon regard tombe sur un tee-shirt rouge vif, je me souviens brusquement de ce qu’il s’est passé deux mois plus tôt, lors de l’attaque à Sainte Mangouste. Le tee-shirt me rappelle mon réveil, car la première chose que j’ai vu en ouvrant les yeux, c’était le visage ensanglanté de James. Je m’étais relevé avec précipitation, oubliant momentanément que j’avais été bêtement stupéfixé quelques minutes plus tôt, pour m’inquiéter de la santé de mon ami. J’avais ignoré le regard incrédule qu’il m’avait lancé, pour ne me préoccuper que de sa blessure à la tête, d’où s’échappait un flot de sang inquiétant. J’avais déjà ma baguette en main, récupérée sur la table de chevet à ma droite, et un sort désinfection sur le bout des lèvres quand il m’avait arraché l’objet des mains et m’avait forcé à me rallonger. Ce n’était qu’à ce moment-là que j’avais pris conscience d’être dans une des chambres de l’hôpital. Mais je n’avais pu réfléchir plus à cela, car James s’était mis subitement à me hurler dessus, m’accusant d’être une stupide sorcière doublée d’une crétine de vampire incapable de reconnaitre quand elle devait se mettre à l’abri.

- Qu’est-ce que tu en penses ? Demande subitement Lily en brandissant un espèce de machin à fleurs roses et jaunes qui devait sans doute servir de pantalon dans une autre vie.

Je lui lance un regard amusé, alors qu’elle pouffe dans son coin et remettant le vêtement hideux en place, puis je replonge dans mes pensées. Les cris qu’avaient poussés James à mon encontre avait rapidement ameuté une escouade d’infirmières, qui l’avait aussitôt fichu dehors à grands renforts de remontrances. Je les avais entendu le traiter d’inconscient pour ne pas avoir fait soigner sa blessure au plus vite, et de sadique pour avoir molesté une femme enceinte à peine remise de son attaque. J’étais encore en train de rire, amusée en imaginant la tête que l’ex-Gryffondor devait afficher face aux implacables infirmières, lorsque la porte de ma chambre s’était de nouveau ouverte, sur Sirius cette fois-ci. Ce dernier m’avait aussitôt sauté dessus et m’avait serré contre lui de toute ses forces, manquant de m’arracher la tête au passage. Il avait été prévenu de l’attaque au moment où il quittait le bureau des aurors, et avait accouru avec tous les autres ici, au moment où la bataille faisait rage. Il n’y avait appris ma participation que bien plus tard, lorsque l’on m’avait retrouvé étendu au milieu du hall d’entrée, parmi des dizaines d’autres sorciers. Le fait que j’étais enceinte m’avait permis de passer avant tous les autres devant les guérisseurs. Ils avaient craint que mon bébé n’ait eu des séquelles suite à l’attaque, mais le petit bout s’était bien accroché.

- Regarde, souffle Lily, en brandissant victorieusement, ce qui ressemble fort à une boule à facette mal transformée en débardeur.

- T’as fini tes bêtises, oui ? M’exclamé-je en m’empêchant difficilement de sourire. Je vais finir par croire que c’est toi qui métamorphose tout ça !

Lily remet le vêtement en place et éclate de rire avec le plus de discrétion possible, pour ne pas trop attirer l’attention de la vendeuse proche de nous, qui nous lorgne déjà d’un œil suspect. Je me concentre à mon tour sur notre recherche. Malgré les deux boutiques que nous avons déjà faites, nous n’avons rien trouvés de spécial. Il faut croire que le fait de ne pas se sentir spécialement bien dans sa peau en ce moment influe sur notre vision des vêtements. Nous ne trouvons rien d’intéressant. Je relève alors la tête, une idée s’y frayant un chemin.

- Lily, je connais un magasin un peu plus loin, où nous serons peut-être plus à même de trouver quelque chose. Tu me suis ?

- Tout à fait, répond-t-elle en soupirant d‘un air défaitiste.

Elle abandonne son rayon et me suis hors du magasin. Deux rues plus loin, nous nous arrêtons devant une autre boutique, plus grande, avec une enseigne dans des tons pâles. Lily éclate de rire quand elle regarde la vitrine.

- J’aurais dû y penser ! S’exclame-t-elle, avant de me prendre la main pour me tirer à sa suite à l’intérieur.

Puisqu’il est près de midi, la boutique est presque vide. Cela n’empêche pas mon amie de se précipiter bruyamment sur le premier rayon qu’elle voit. Son air euphorique me confirme dans mon idée. Je me poste à son côté, au moment où elle me montre une peluche à l’effigie d’un lapin blanc avec l’intérieur des oreilles roses, d’un air attendri.

- Si c’est une fille, pourquoi pas. Mais souviens-toi qu’aucune de nous deux ne sait de quel sexe seront nos enfants.

- Et alors, même pour un garçon, ça le ferait.

Je fais la moue et attrape une autre peluche, plus sobre. Je lui montre alors l’ourson beige à la mine bougonne.

- Pour un garçon, celui-là ferait l’affaire. Si James te voit mettre ce que tu tiens entre les mains dans le berceau de son fils, je ne crois pas qu’il appréciera.

Lily tourne le nounours pour le regarder en face, affiche une mine déçue, puis repose l’objet à sa place. Pour ma part, je garde l’ourson, je trouve qu’il a une bonne bouille. Je suis Lily le long du rayon, alors qu’elle farfouille dans tous les coins à la recherche de la peluche coup de cœur. De temps à autres, je relève la tête pour regarder ce qu’il se passe dans la rue. Depuis l’attaque à Sainte Mangouste, je suis devenue un petit peu paranoïaque, et je vérifie toujours autour de moi, si il n’y a aucun Mangemorts en vue. Je n’ai pas envie de me faire de nouveau surprendre.

C’est alors que je regarde la rue une énième fois, que je vois un homme traverser la chaussée d’un pas rapide. Je fronce des sourcils, en constatant qu’il ressemble à Remus. Et penser au lycanthrope me fait soupirer longuement. Il a été renvoyé de l’université le mois dernier. Le doyen qui l’avait accepté à l’UMS est décédé au début du mois d’avril. Son remplaçant, un homme d’entre deux âges beaucoup moins conciliant que son prédécesseur, a refusé de garder Remus entre les murs de son établissement. Hors de question de former un monstre, d’après ses propres mots. Un bouffée de haine et de colère m’envahit quand je repense à Remus, lorsqu’il nous a annoncé la nouvelle deux semaines plus tôt. Il a fallut retenir James et Sirius, pour les empêcher d’aller dire au nouveau doyen ce qu’ils pensaient de sa façon de voir les choses.

- Oh, c’est le père de Remus, s’exclame soudain Lily.

Je la regarde, avant de suivre son regard, posé sur l’homme que j’ai remarqué quelques instants plus tôt. Voilà qui explique leur ressemblance troublante.

- Je ne l’avais jamais vu jusqu’à aujourd’hui, dis-je alors que la silhouette de l’homme disparait à l’angle de la rue.

- Je ne l’ai croisé qu’une seule fois, sur le Chemin de Traverse, m’explique Lily. C’était avant la rentrée en sixième année, il était avec Remus. C’est un homme qui m’a semblé assez doux, un peu comme son fils. J’imagine qu’il tient ça de lui.

J’acquiesce d’un signe de tête, au moment où Lily, un air victorieux peint sur le visage, brandit devant moi un tigre blanc allongé de tout son long.

- Lily, ce machin est plus grand que le bébé que tu vas mettre au monde !




O0o0O




Camille attrape quelques vêtements dans ma commode et les fourrent sans ménagement dans ma malle déjà bien remplie, avant de retourner farfouiller dans le meuble. Je la regarde faire avec amusement, assise sur le lit et une main sur le ventre pour apprécier les mouvements du bébé. De temps à autres, je sens un pied ou une main frapper mon abdomen. Camille revient de la commode avec une pile de pantalons et de chaussettes.

- Tu es sûre que tu ne veux pas un coup de main ? demandé-je pour au moins la troisième fois depuis un quart d’heure.

- Mandy, tu restes assise, décrète-t-elle d’un ton sans appel en calant mes chaussettes dans les rares zones libres qui restent.

- Je suis enceinte, pas en sucre, tu sais. Et c’est tout de même ma valise que tu es train de faire.

Camille me jette un regard torve derrière le rideau de ses cheveux blonds qui lui tombent sur le visage, alors qu’elle est penchée sur ma malle pour tenter de la fermer. Puisque cette dernière résiste, Camille s’assoit dessus et la verrouille non sans qu‘elle résiste encore un peu.

- Je préfère que ce soit moi qui le fasse, tu pourrais te blesser.

- Mais tout à fait, on voit souvent des membres de la Caste se faire terrasser par des malles en cuir, raillé-je.

Camille n‘apprécie que très peu mon trait d’ironie, comme le prouve la claque que je me prends sur le bras. Rigolant, je masse mon bras qui a à peine senti la caresse, et me lève pour passer dans le salon et rejoindre la cuisine. Arrivée près de l’évier, je demande à Camille, en criant à travers la maison :

- Je t’offre quelque chose à boire ?

J’entends distinctement le bruit que fait ma valise lorsque ma meilleure amie la balance sur le sol de ma chambre, et le soupir qu’elle pousse une fois l’objet à terre.

- Un jus de fruit, s’il te plait, l’entends-je me crier d’un ton voilé, alors que j’entends ses essoufflement, devant l’effort qu’elle fait pour tirer ma malle à travers la maison.

J’attrape deux verres, ouvre le frigo pour en sortir une brique de jus de raisin, et verse le jus. Camille apparait à l’entrée de ma chambre, tirant sur ma malle, les deux pieds solidement ancrés dans la moquette pour en pas tomber sous l’effort. Amusée, je rigole.

- T’es sûre que tu ne veux pas que je le fasse ?

Elle ne perd même pas de temps pour me lancer un regard assassin. Elle se contente de m’ignorer, de lâcher ma valise et de se redresser, avant de sortir sa baguette de la poche de son jean. Un sort d’allègement plus tard, et la voilà qui soulève ma malle et la pose comme si de rien n’était près de la porte d’entrée.

- Voilà, c’est prêt, dit-elle d’un air satisfait en me rejoignant à la cuisine.

Je lui tends son jus de raisins qu’elle accepte et vide d’une traite. Je bois le mien avec plus de modération. Tout en nous désaltérant, Camille me parle de ce qu’il s’est passé d’intéressant pour elle, depuis la dernière fois que nous nous sommes vues. J’enchaine avec mes désagrément de femme presque à terme, et mon envie de plus en plus forte d’avoir enfin mon bébé dans mes bras, et non plus en train de prendre mon corps pour une aire de jeu. Et puis, les contractions qui apparaissent irrégulièrement pour faire un petit coucou amicale sont en train de me courir sur le haricot.

Au moment où j’en suis à me plaindre des douleurs de l’enfantement, la porte d’entrée s’ouvre, attirant notre attention à toutes les deux. Sirius apparait dans l’encadrement, l’air harassé. Un coup d’œil sur l’horloge du salon qui affiche quatre heures de l’après-midi passée, m’indique qu’il vient de terminer sa journée de travail. Et l’état de son uniforme, qu’ils ont encore eus à faire à des Mangemorts ou des partisans de Vous-Savez-Qui. A côté de moi, alors que Sirius pose sa cape sur le porte-manteau, je vois Camille grimacer. Elle n’a pas l’habitude, comme moi, de le voir rentrer comme ça. Et malgré que Peter ait intégré l’Ordre du Phénix - contrairement à elle - puisqu’elle ne vit pas avec lui, elle n’a pas à vivre avec ce genre d’images.

Soupirant, je repose mon verre sur la table et m’approche de Sirius. Je l‘accueille avec un grand sourire, comme je le fais à chaque fois qu’il rentre, et l’embrasse délicatement. Cependant, je recule aussitôt que je reconnais l’odeur du sang qui constelle son uniforme : c’est le sien.

- Tu es blessé ? M’inquiété-je.

Il me fait un signe de main apaisant.

- Une blessure légère, je suis déjà passé à Sainte Mangouste, ce n’est rien.

Je fronce des sourcils, convaincue, mais toujours un peu inquiète. Sirius redresse alors la tête, et sourit à Camille qui est resté dans la cuisine.

- Tu m’excuses de pas venir t’embrasser, je n’ai pas envie d’en mettre partout, lui dit-il, avant de se séparer de moi pour passer dans notre chambre.

Je me retourne et rejoins mon amie.

- Ca arrive souvent ? Me demande-t-elle d’une petite voix.

J’hausse des épaules, peu désireuse de lui miner le moral, plus qu’il ne l’est déjà. Mais elle me comprend au-delà des mots et des regards, comme l‘atteste la sympathie qui apparait dans ses yeux. Elle sait que je ne supporte pas ces instants où je ne suis sûre de rien, où je peux voir à tout instant un auror débarquer à l’entrée de ma maison, pour m’annoncer que mon mari ne reviendra pas. Tout comme moi, elle craint de perdre un air cher, elle connait l’angoisse dans laquelle je vis. Et la venue au monde de mon enfant, me rassure, et me fait peur à la fois. J’aime l’idée de créer une vie, d’avoir notre enfant à nous, un lien qui nous relit Sirius et moi, plus tangible que le mariage où notre lien de vampire à Calice. Mais j’ai peur pour cette vie, peur qu’elle perde son père, peur qu’elle me perde moi, peur que nous la perdions elle.

Frissonnant, je ferme les yeux et soupire. Je ne dois pas penser à la guerre pour l’instant, pas alors que Sirius vient tout juste de rentrer. Nous évitons d’en parler, chez nous. Nous essayons de garder une bulle où l’extérieur n’existe pas. Je sens la main de Camille se glisser sur mon épaule pour la presser légèrement, comme une marque de réconfort. Touchée, je serre sa main à son tour. Nous sommes dans le même bateau après tout. Toutes les deux, nous ne nous engageons pas dans cette guerre, alors que les hommes que nous aimons, eux, risquent leurs vies presque à chaque instant.




O0o0O




Allongée sur le canapé du salon, je caresse les cheveux de Sirius qui s’est confortablement installé entre mes jambes, l’oreille collé à mon ventre proéminent. Il murmure des mots au bébé à travers la peau, que je fais exprès de ne pas écouter. Je préfère lui laisser son intimité et m’intéresser au livre que je teins à la main, un roman policier trouvé dans une boutique moldu du centre-ville. Après deux pages lues, je grimace en sentant encore l’une de ces contractions qui ne cessent de se faire plus régulière et plus proches les unes des autres. Mon geste n’échappe pas à Sirius.

- Ca fait dix minutes entre chaque contractions, dit-il en se redressant, les sourcils froncés. On ne peut pas attendre plus longtemps.

- Je t’ai demandé de me laisser termine mon chapitre, et ensuite on ira, promis.

Sirius gronde furieusement, puis tente de m’arracher mon livre. Je lèves le bras pour le tenir hors de sa portée. Il se lève alors et me saute pratiquement dessus pour récupérer l’objet. Je proteste fortement, désireuse de terminer mon chapitre afin d’avancer dans l’intrigue, mais malgré ma vitesse, il arrive à s’emparer du livre grâce à un sort d’attraction. Bien sûr, sans baguette, je ne fais pas le poids.

- Maintenant, on va à Sainte Mangouste ! Décrète-t-il, sans se soucier de la contrariété que j’affiche.

Soupirant, je me lève, non sans lui jeter un regard noir.

- Je n’ai pas encore perdu les eaux, il n’y a d’inquiétude à avoir, dis-je. Pourquoi insistes-tu comme ça ? J’ai largement le temps de ter . . .

Je ne finis pas ma phrase, coupée dans mon élan par la sensation qu’une chose chaude et liquide coule le long de l’intérieur de mes jambes. Je me mords la lèvre inférieure, alors que Sirius fronce des sourcils, surpris par l’arrêt intempestif de ma phrase.

- D’accord, on va à Sainte Mangouste, fais-je, au moment où mon mari remarque la tâche sombre qui apparait sur mon jean foncé.

Il se met à jurer férocement, attrapant au passage ma malle posée près de l’entrée depuis plusieurs jours, puis m’agrippe le bras avec force avant de nous faire transplaner dans la zone d’arrivée de l’hôpital. A peine apparaissons-nous que mon mari se met à hurler l’état dans lequel je me trouve. Presque aussitôt, une armée d’infirmiers et de médicomages m’entoure. Je n’ai que le temps de jeter un œil sur Sirius, complètement effrayé, avant que les évènements ne se précipitent.

On m’allonge d’abord sur un lit, avant de me conduire au second étage, dans une aile réservée à la maternité. L’équipe me fait pénétrer dans une chambre, me met en position pour l‘accouchement et vérifie où en sont mes contractions ainsi que le bébé. Puisque Sirius n’est pas avec moi dans la pièce, j’en déduis qu’il est resté à patienter à l’extérieur. Cependant, bientôt je ne me soucie plus de rien, à part des douleurs abominables qui me cisaillent le ventre et de la pression qu’exerce le bébé entre mes jambes pour sortir. J’obéis autant que je peux au médicomage accoucheur qui m’intime de ne pas pousser tant qu’il ne m’en donne pas l’ordre, et me rend à peine compte de l’arrivée de Camille dans la chambre. Une des infirmières lui jette un sort de Stérilité, avant de la pousser vers moi. Elle tend une main dans ma direction, à laquelle je m’accroche fermement, alors que le médicomage me fait signe de commencer à pousser. J’ai l’impression que l’accouchement dure des heures, alternant les moments où je dois pousser et ceux où je dois me contenter de respirer et de supporter les douleurs. A côté de moi, Camille m’encourage à mi-voix, me rassure sur la présence de Sirius de l’autre côté de la porte, m’éponge le front avec une serviette, balaye mes cheveux qui me collent au corps avec la sueur. Je ne sais plus où donner de la tête, ne réfléchis plus, me contentant d’obéir aveuglément aux ordres du médicomages. Puis, enfin, c’est la délivrance. Je pousse un soupir de soulagement, quand je sens le corps du bébé couler hors de moi, faisant ainsi disparaitre le poids qui pesait sur mon corps depuis des semaines.

Camille halète et se redresse, alors que je laisse tomber ma tête dans le coussin, vidée de toutes mes forces. Mon cœur bat vite, un peu trop même, et j’ai du mal à respirer. Mon corps se met à trembler, encore sous l’effet de l’adrénaline qui parcoure mes veines. La gorge sèche, je réclame un verre d’eau, qu’on m’apporte aussi sec. Camille attrape le verre que lui tend l’infirmière, et me redresse la tête pour m’aider à boire.

- Ils sont en train de le nettoyer et de l’habiller, me dit-elle à voix basse, un étrange sourire aux lèvres et les larmes aux yeux. Ils vont bientôt te l’amener.

J’acquiesce, puis avale à petites gorgées l’eau qu’elle m’offre. Je recommence alors à réfléchir et arrive à me tenir sur mes coudes pour voir ce qu’il se passe dans la pièce. L’une des infirmière s’affaire encore entre mes jambes, alors qu’un médicomage s’occupe un peu plus loin, penchée sur une table où je vois seulement deux petits pieds s’agiter. Mon cœur s’arrête de battre l’espace d’un instant, alors que je prends conscience que ces deux membres sont ceux de mon enfant. Puis, je m’inquiète de ne pas l’entendre pleurer ou crier, au moment même où des vagissements retentissent dans la pièce. Je me redresse un peu plus, pour tenter de mieux voir, mais Camille me force à me rallonger.

- Repose-toi, dit-elle, ils vont te l’amener.

Je croise son regard, un frisson me parcourant. Je sens les larmes me monter aux yeux, que je combats de toute mes forces. Mais sans résultat, puisque mon amie s’empresse de me les essuyer avec un tissu qui s’imbibe bientôt de rouge.

- Mme Black, fait alors la voix du médicomage, alors qu’il s’approche avec un lange blanc entre les bras. Toutes mes félicitations, c’est une fille.

Sans un mot de plus, il dépose l’enfant sur moi, nichant la petite tête entre mes seins. D’où je suis, je n’aperçois qu’une touffe de cheveux bruns. L’émotion, plus forte que jamais, envahit tout mon être, et je ne cherche même plus à retenir mes larmes de bonheur. De mes mains tremblantes, j’attrape le petit corps et le hisse plus haut, pour venir le poser tout près de ma tête, sur l’oreiller. Je vois enfin son visage. Il est fripé par ses pleurs mais je trouve qu’il est le plus beau de tous. Je caresse sa joue, mes sanglots cessant. Puis, je sens la présence de Sirius. Je me retourne pour le regarder. Il a les cheveux complètement en pagaille, signe qu’il n’a pas cessé de les triturer.

- Elle a tes cheveux, lâché-je dans un souffle.

Il me lance un regard empli d’émotions : joie, anxiété, bonheur, et fierté s’y mêlent. Il passe sa main dans mes boucles avant de se pencher sur nous deux. Puis, je vois une larme silencieuse glisser sur sa joue, avant que je ne me tourne moi aussi pour contempler notre petite merveille.




O0o0O




Sur le pas de la porte de notre maison, Sirius laisse retomber son bras qu’il a tenu enlacé autour de ma taille pendant tout le trajet depuis Sainte Mangouste, que nous avons fait à pied. De la poche de son jean, il retire les clés de la demeure, alors que je baisse mes yeux sur le petit paquet gigotant que je tiens entre mes bras. Notre fille, Zoé, vient tout juste de se réveiller. Ses petits yeux papillonnent jusqu’à laisser apparaitre ses iris aussi bleues que les miennes. Je sens son bras venir taper contre ma poitrine alors qu’elle s’agite comme pour regarder autour d’elle. La porte de la maison s’ouvre alors et Sirius pénètre à l’intérieur, avant de s’effacer pour me laisser passer et de refermer derrière moi.

- Bienvenue chez toi, Zoé, chuchoté-je à la petite fille enveloppée dans la couverture jaune poussin.

Je fais deux pas en avant, m’orientant vers la chambre d’ami, mais Sirius s’interpose, un sourire amusé aux lèvres. Je fronce des sourcils, m’interrogeant sur le pourquoi de son comportement.

- Attends quelques secondes, d’accord ? Dit-il. J’ai une surprise pour toi. Enfin, pour vous deux.

Il s’approche ensuite, m’embrasse brièvement, plaque un baiser léger sur le front de zoé et disparait dans la chambre d’ami. Au moment où il referme la porte derrière lui, je perçois nettement le murmure qui s’élève de la pièce et la voix qui l’accompagne, me faisant sourire. Je me penche vers ma fille qui continue de fixer son regard sur mon visage, l’une des seules choses qu’elle doit pouvoir voir sans trop de flou, et lui murmure :

- Je crois que ton père oublie que ma nature de vampire me permet d’entendre distinctement ce qu’il se passe de l’autre côté du mur.

Et pour cause, j’aperçois distinctement les voix de nos amis, qui certes murmurent, mais reste quand même à portée de mon ouïe. Sirius leur demande de se faire discrets, ce qui m’amuse beaucoup, alors que James semble trépigner d’impatience et ne cesse de répéter qu’il veut voir «z88;l’adorable petite bouillez88;» de notre bébé. Au bout de quelques secondes d’attentes, la porte de la chambre s’ouvre de nouveau et la tête de Sirius apparait dans l’entrebâillement.

- Approche, dit-il, grand sourire plaqué aux lèvres. On a préparé la chambre de Zoé pendant les deux jours que tu as passés à l’hôpital.

Je fais mine de ne pas relever le « on » utilisé, et obéis à sa demande. Quand j’arrive devant la porte, Sirius l’ouvre finalement en grand, me laissant voir la pièce qui, effectivement, a bien été préparé pour l‘arrivée de notre enfant. Les murs ont été peints en mauve pâle, proche du rose. Au fond de la pièce, près de la fenêtre, un berceau blanc attend sa propriétaire et à côté, un table à langer du même style. Plus près de moi, une malle en osier ouverte laisse apparaitre quelques peluches et quelques jouets moldus d’éveil. Au centre, un tapis en mousse de toutes les couleurs, posé sur la moquette blanche. Et, éparpillés dans la pièce, James, Lily, Remus, Peter et Camille, tous les bras chargés de cadeaux.

- Surprise ! Se mettent-ils à hurler tous ensemble quand j’apparais devant eux.

Zoé apprécie peu les cris qui l’entourent soudainement, et nous le fait savoir assez rapidement en se mettant à pleurer beaucoup plus fort que nos cinq amis réunis. Cela fait aussitôt taire leurs cris de joie et la confusion s’inscrit sur leurs visages. Amusée, je me contente de redresser Zoé et de plaquer son corps contre mon buste, sa tête au niveau de mon épaule et une main plaquée sur son crâne pour l’empêcher de partir en arrière.

- Je ne sais pas si c’est vraiment une surprise pour moi, dis-je. Vous semblez oublier que j’ai l’ouïe beaucoup plus fine que la moyenne. Mais pour Zoé, pas de doute, vous l’avez surprise. Je peux même ajouter sans craindre de me tromper que vous lui avez fait peur.

Visages contrits en avant, Lily et Camille s’approchent de moi pour venir réconforter ma fille qui continue de brailler dans mes oreilles. Les garçons, eux, se contentent d’avoir l’air un peu perdus, l’un se grattant la nuque et les deux autres se dandinant sur leurs pieds. Je ne suis pas sûre que de se voir brusquement autant entourée rassure Zoé, qui se met à hurler de plus belle. Je la remets alors dans sa position précédente, calée entre mes bras, avant de commencer à tourner en rond dans la pièce, tout en la berçant avec légèreté. J’adresse un regard à Sirius. Il comprend aussitôt.

- Désolé les amis, mais je crois qu’il vaut mieux les laisser seules pour l’instant. Passons dans le salon, elles nous rejoindront plus tard.

Je le remercie d’un sourire, auquel il répond par un bref hochement de tête, avant de quitter la pièce en dernier et de refermer la porte derrière lui. Je continue à bercer Zoé, tout en tournant dans la pièce. Mais au bout de dix minutes, elle en est toujours au même point. En jetant un œil sur ma montre, je constate qu’il est sans doute l’heure pour elle de manger. Avisant un fauteuil installé dans un coin de la pièce, je m’y installe confortablement afin de nourrir Zoé. La voracité avec laquelle elle tète me laisse deviner que je n’ai peut-être pas de si mauvaises intuitions.

Alors que Zoé continue à boire, je relève la tête lorsque l’on frappe à la porte. J’essaye de cacher le plus possible ma poitrine, sans déranger ma fille, avant d’autoriser la personne à entrer. Camille laisse alors pointer le bout de sa tête dans l’entrebâillement.

- Ça va ? Demande-t-elle. On n’entendait plus pleurer alors on se demandait si tu ne t’étais pas endormie.

Je secoue la tête, bien que la réponse soit évidente pour tout le monde. Camille pénètre ensuite entièrement dans la pièce et vient s’agenouiller près de moi pour regarder ma fille avec tendresse.

- Qu’est-ce qu’elle est belle, dit-elle. Je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’elle est née, et qu’elle est là, parmi nous. Je m’attends tout le temps à te voir débarquer avec ton gros ventre

Je rigole un peu, amusée par l’image.

- Moi non plus, je ne me fais pas encore totalement à l’idée. Mais l’avoir près de moi m’aide un peu. Que font les autres ?

- Sirius a payé sa tournée pour la naissance, répond Camille. Ca ne fera que la quatrième fois. Je peux la prendre ? Ajoute-t-elle en voyant que Zoé semble rassasiée.

J’acquiesce en lui tendant ma fille, profitant ensuite que j’ai les mains libres pour me rhabiller correctement. Adossée au mur et les jambes étalées devant elle, Camille berce Zoé avec la plus grande délicatesse au monde. Je la laisse profiter un peu, avant de dire :

- Rejoignons les autres, qu’ils profitent un peu d’elle aussi, avant qu’elle ne s’endorme.

Et de fait, Zoé commence à clore les yeux. Camille opine et se redresse, me rendant ma fille, avant de me précéder dans le salon. Aussitôt, je remarque les bouteilles de bièraubeurre qui jonchent la table basse.

- Ah ! S’exclame James en nous voyant revenir. Enfin ! Je n’y croyais plus.

Il se lève du canapé pour me rejoindre et se poste derrière moi pour pouvoir regarder comme il le veut le visage de Zoé, dont les yeux se ferment peu à peu.

- Je suppose que le parrain veut prendre sa filleule ? Demandé-je de manière rhétorique.

James fronce des sourcils, comme s’il n’était pas rassuré. Ce sera sans doute la première fois qu’il le fait, avoir un bébé aussi jeune entre ses bras.

- Marraine l’a déjà fait, précisé-je en échangeant un regard amusé avec Camille.

Il hésite encore un peu, avant que Lily ne l’encourage à le faire, rien que pour savoir à quoi s’attendre quand ce sera à son tour de voir son enfant venir au monde. James grimace, avant d’obtempérer. Il tend les bras maladroitement, sous les rires de Sirius et Lily. Je cale Zoé comme je peux, plaçant les bras de son parrain de la même manière, puis fais deux pas en arrière. Remus, Camille et Peter se mettent eux aussi à rire, en voyant la tête que tire James, Son attention est toute tournée vers ma fille, qu’il semble craindre de lâcher à tous moments. Je continue à reculer, jusqu’à venir buter contre l’accoudoir du canapé, et m’y laisse tomber. Très vite, le bras de Sirius enlace ma taille. Il semble ne jamais vouloir se lasser de rire devant le stress apparent qu’affiche son meilleur ami.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeMar 2 Juin - 10:12

Chapitre 46 : Harry James Potter




Assise au comptoir qui sépare la cuisine du salon, je prépare notre déjeuner, alors que sur le canapé, Sirius profite d’un jour de repos amplement mérité pour jouer avec sa fille. A deux mois et demi de vie, Zoé a assez de vivacité pour que Sirius ne se lasse pas d’elle au bout de deux heures de rigolades. Il s’amuse à lui faire bouger ses jambes et ses bras, ce qu’elle ne peut encore faire par elle-même, et la fait sourire. Sur un dernier regard attendri sur eux, je me lève et emporte mon plat vers la gazinière où je le mets à mijoter, avant de me tourner vers la baie vitrée qui laisse passer un soleil rayonnant. Avec ce mois de juillet magnifique, l’été s’annonce resplendissant. Je me tourne ensuite vers le frigo, où est accroché la dernière lettre de Lucinda et Tony, m’annonçant leur visite. Ils doivent arriver dans les jours à venir, pour rencontrer Zoé. A l’origine, c’était moi qui devait faire le déplacement avec ma famille. Mais je garde un assez mauvais souvenir de Vienne pour vouloir y retourner de mon plein gré. Et croiser de nouveau la route de la Reine ne m’attire en rien.

Alors que mon esprit se souvient encore des quelques jours passées en Autriche, plus d’un an et demi auparavant, je retourne surveiller la cuisson de mon omelette aux oignons. Malgré les souvenirs que je garde de la seule fois que je me suis immergée dans l’univers de mon peuple, je continue à à vouloir garder des contacts avec Tony et Lucinda. Ils sont des amis précieux et je sais que, quoi qu’il puisse m’arriver un jour, je pourrais compter sur eux. L’omelette dans la poêle terminant de cuire, je dresse la table, non sans garder un œil constant sur Sirius et Zoé. Je sais que je ne devrais pas m’inquiéter de ce qu’il pourrait arriver, mais l’enthousiasme de mon mari me fait toujours craindre un mouvement dangereux envers la fragilité de notre bébé. Pourtant, cela n’a jamais été le cas. Sirius est toujours très doux et très prévenant avec elle, comme s’il avait peur de la briser.

Je récupère la poêle laisser sur la gazinière, éteint le feu, et remplie nos assiettes. Bien que ma grossesse soit terminée, je continue à manger. Puisque j’allaite Zoé, il faut que je continue à nourrir afin qu’elle ait ce qu’il faut pour une croissance normale. D’ici quelques semaines, d’après Lucinda, mon appétit diminuera, jusqu’à ce que Zoé soit capable de se nourrir par elle-même.

- Sirius, interpellé-je mon mari, le déjeuner est prêt.

Il quitte Zoé des yeux et la prend dans ses bras pour me rejoindre. Contre lui, notre fille suçote ses doigts mais dès qu’elle me voit, elle se tord dans tous les sens. Comprenant la demande, Sirius me tend aussitôt Zoé. Je la cale contre moi, alors que je m’installe.

- Je déteste quand elle fait ça, dit Sirius en faisant la moue, vexé.

Je rigole.

- Tu ne peux rien faire contre ça. Elle a passé neuf mois à l’intérieur de mon corps. Elle sait qui sera la personne la plus importante pendant toute sa vie.

Sirius me lance un regard peu amène.

- Ne t’inquiète pas comme ça, quand elle passera par l’étape du complexe d’Œdipe qui t‘intéresses tant, tu en auras pour tes gallions.

Sirius me regarde avec l’air de celui qui vient de se prendre un rocher sur la tête, sans comprendre d’où ça vient. Bien sûr la psychologie, lui, ça ne le connaît pas. J’indique que ce que je viens de dire est sans importance en faisant un signe de la main, la seule qui me reste de libre, et attrape la fourchette pour entamer mon repas. J’ai à peine avalé la moitié de mon assiette quand Darcy, la chouette de James, pénètre dans la maison en se faufilant par l’entrebâillement dans la baie vitrée. Je remarque aussitôt que la lettre qu’elle porte dans son bec n’est pas ordinaire : c’est une beuglante. Je fronce des sourcils, déconcertée. En quoi le couple Potter aurait-il besoin de nous envoyer une telle missive ? Nous ne tardons pas à le savoir, puisque Sirius attrape la lettre qui se met à laisser échapper une fumée sombre et inquiétante, et l’ouvre, provoquant dans la maison ce qui ressemble à un mini tremblement de terre. Par mesure de précaution, je bouche les oreilles fragiles de Zoé, avant que la voix de James ne retentisse avec force :

- LILY EST EN TRAIN D’ACCOUCHER ! QU’EST-CE QUE JE FAIS ? QU’EST-CE QUE . . . SIRIUS, A L’AIDE !

La lettre retombe sur la table, où elle se consume. Je ne peux retenir mon éclat de rire plus longtemps. Et je me retrouve à moitié avachie sur mon assiette, vaincue par une crise de rire monumentale. A côté de moi, Sirius pâle comme la mort, ne sait apparemment pas quoi faire. Je mets quelques secondes à me remettre de mes émotions, Zoé collée contre moi et me regardant d’un air curieux.

- Va à Sainte mangouste, je reste ici avec Zoé. Je pense que James a surtout besoin de soutien moral.

- Et s’il étaient encore chez eux ? demande-t-il, en faisant un pas vers le salon Je devrais sans doute passé d’abord par Godric’s Hollow.

Je tends un bras pour le retenir. Il se tourne vers moi et je secoue la tête.

- Je ne pense pas que James ait perdu tout ses moyens au point de laisser Lily accoucher dans le salon de leur maison. Va à Sainte Mangouste, ils y seront sûrement. Pendant ce temps là, je préviens Remus et Peter, au cas où James ne les ait pas averti.

Sirius semble hésiter, puis finit par se ranger à mes arguments. Il se penche pour déposer un baiser sur le front de Zoé, m’embrasse délicatement et quitte la maison, non sans attraper une veste au passage. Sirius parti, je regarde notre repas interrompu, mon assiette dont le contenu a un peu débordé, et me tourne vers Zoé.

- Que dirais-tu d’aller voir marraine, hein ? Dis-je, attirant l’attention de Zoé sur mon visage.

Elle me sourit et je plonge un instant dans son regard bleu qui tire progressivement vers une couleur azur si semblable à la mienne. Puis, je sors ma baguette de la poche de ma robe de sorcière, et de quelques sorts, nettoie la cuisine. Je regroupe ensuite ce dont j’aurais besoin pour Zoé, le temps de notre absence, envoie une lettre à Remus et quitte la maison à mon tour. J’imagine déjà les tête de Camille et Peter quand je vais leur dire que l’enfant de James et Lily est sur le point de voir le jour.




O0o0O




Je viens tout juste de coucher Zoé, quand un hibou pénètre dans le salon, passant par la fenêtre ouverte près de la porte d’entrée. Je reconnais aussitôt la chouette des Potter. Cette dernière me regarde approcher d’un œil prudent, mais se laisse faire lorsque je récupère la lettre qu’elle apporte : elle a apprit à me faire confiance. Je déplie la missive, et constate qu’elle porte l’écriture de Lily, sortie de Sainte Mangouste la veille.




Maintenant que je suis rentrée, on peut se voir ! Je peux passer vers seize heures, ou une autre heure t’arrange ?

Lily.




Je jette un œil sur ma montre qui m’indique qu’il est quatorze heures passées, avant de faire apparaitre une plume et de l’encre, et d’envoyer un message d’accord à Lily. Darcy repart, soulagée d’être encore en vie, avec ma réponse, et je m’installe sur le canapé pour reprendre la lecture de mon livre, abandonné hier soir. J’ai le droit à une demi heure de calme et de solitude bienfaitrice, avant que le bruit de deux personnes pénétrant sur la propriété ne me parvienne depuis l’extérieur. Je repose mon livre sur la table basse du salon, au moment où Lucinda et Tony pénètrent dans la maison.

Tout deux sont arrivés le soir où Lily a accouché, alors que je revenais de ma visite chez Camille. J’ai été plutôt surprise de les trouver prostrés devant chez moi, puisqu’ils ne devaient arriver que pendant la première semaine d’août et qu’ils avaient débarqués avec quatre jours d’avance. Heureusement pour moi, il n’y a rien de spécial à préparer quand deux vampires s’invitent chez vous.

- Comment s’est passé cette visite du musée de Madame Tussauds ? Demandé-je à leur arrivée.

Tony se laisse tomber à côté de moi sur le sofa et étend ses bras le long du dossier, sa main gauche venant frôler mon épaule. Lucinda se contente de rester debout à côté de nous, les bras croisés sous la poitrine, lançant un regard assassin à notre ami. J’en déduis qu’il s’est passé quelque chose de fâcheux. Mais comme je sais que demander à Tony ce qu’il a fait ne servirait sans doute à rien, je décide de poser la question à Lucinda :

- Il est arrivé quelque chose ?

- Il s’est amusé à se faire passer pour une poupée de cire et se mettait à bouger lorsqu’un groupe de personnes s’approchait de lui. Il a créé une vraie pagaille au musée. On nous a fichu dehors.

Je lance un regard désapprobateur à Tony qui se contente de hausser des épaules dans un air désinvolte.

- Quoi ? C’était amusant !

- Pour toi peut-être, dis-je, mais pense à ces moldus. Une chance pour toi que tu ne sois pas un sorcier, parce que tu aurais sans doute fini par avoir le Ministère sur le dos.

- Ça m’étonnerait, je n’ai utilisé aucune magie.

Je secoue la tête, abasourdie.

- Et tu n’éprouves même pas un peu de remords, fais-je en soupirant. Tu imagines la frousse que tu leur as collé ? C’est de là que viennent toutes les idioties qu’on entend sur les vampires.

Tony éclate de rire, alors que Lucinda, toujours l’air aussi fâchée vient s’asseoir à côté de moi, sur l’accoudoir du canapé.

- Tu n’exagères pas un petit peu ? S’exclame Tony. Comment pourraient-ils savoir que je suis un vampire ?

Je le regarde de haut en bas. Il est habillé tout en noir, des vêtements près du corps, et dégage le charisme habituel des vampires. Aucune fille présente au musée Tussauds ce jour-là n’a dû rester de glace face à un tel apollon. Et Lucinda a dû attirer pas mal de regards, malgré sa tenue sobre. Je ne vois pas comment ils auraient pu passés inaperçu dans ce contexte. Cependant, soupirant et secouant la tête, j’abandonne l’idée de lui faire entendre raison.

- Crois ce que tu veux, dis-je en me levant du canapé.

Je me dirige ensuite vers la cuisine, avec l’intention de cuisiner une pâtisserie pour l‘arrivée de Lily et son bébé. Je fouille mes placards, et après un rapide inventaire, remarque que je n’ai guère d’autres choix que de faire un gâteau au yaourt. Je m’y attèle aussitôt, alors que Lucinda tente de raisonner Tony et de lui faire comprendre qu’il n’aurait pas dû se comporter ainsi. Je les laisse se chamailler, parvenant presque à ignorer leur discussion, et à me concentrer entièrement sur ce que je fais. Une fois le gâteau au four, je constate que j’ai aussi de quoi faire une crème anglaise, et décide de m’y mettre aussitôt : cela rendra le gâteau moins sec.

Alors que je suis toujours attelée dans ma cuisine, Lucinda et Tony finissent par effacer l’incident du musée et échangent leurs impressions sur le Londres moldu, qu’ils ont rarement eu l’occasion de visiter. Cependant, à les entendre, je comprends vite qu’ils aimeraient surtout faire un tour sur le Chemin de Traverse. Et bien entendu, ils ne tardent pas à venir m’en toucher deux mots. Malgré mon emploi du temps serré entre Sirius, Zoé, nos amis, mon travail à mi-temps pendant les vacances d’été et mes révisions, je promets de les y emmener. De toute manière, j’ai des achats à y faire pour la rentrée, ce sera l’occasion.

A seize heures tapantes, on frappe à la porte. Je remets Zoé, réveillée depuis une bonne heure, à Lucinda, avant de me lever pour ouvrir à Lily. Cette dernière apparait sur le perron, le teint fatigué mais le sourire aux lèvres. Dans ses bras, son bébé, dont je ne vois que le pyjama bleu et la touffe de cheveux bruns sur le dessus du crâne. Souriante, je fais un pas sur le côté pour la laisser entrer.

- Bonjour Lily. Pas trop fatiguée ?

- Bonjour Mandy. Ne me parle pas de fatigue, j’ai l’impression que je vais m’écrouler à n’importe quel moment !

Une fois dans la maison et la porte d’entrée refermée, Lily salue Lucinda et Tony, puis s’installe dans l’un des fauteuils autour de la table du salon. Je m’approche d’elle, afin de voir enfin la bouille de leur fils.

- Nous l’avons appelé Harry, dit Lily en déposant le petit garçon dans mes bras. Harry James Potter.

Je passe une main sous la tête du bébé pour la soutenir, et détaille le visage de l’enfant. Je souris en voyant qu’il ressemble vraiment beaucoup à son père. Cependant, ses yeux ouverts laissent passer deux prunelles bleus, typique des nouveau-nés. Je passe un doigt léger sur la joue d’Harry, qui se met immédiatement à pleurer. Lily éclate de rire.

- Eh bien, tu lui fais une sacrée impression ! S’exclame-t-elle alors que je lui rends son fils.

- Il faut croire, réponds-je. Mais je pense surtout qu’il a faim.

Zoé, dans les bras de Lucinda, répond aux pleurs d’Harry en se mettant à gémir de mécontentement. Je la récupère aussitôt, et la cale contre ma poitrine pour la bercer et la calmer. Cependant, elle garde les yeux rivés sur Harry. Le remarquant, je la rapproche de lui pour le lui présenter.

- Zoé, voici Harry, lui dis-je. On va dire que c’est, en quelque sorte, ton cousin de cœur.

Elle approche une main du visage d’Harry, mais j’arrête son geste. Elle est encore très maladroite, et elle pourrait lui faire mal. En plus, il continue de pleurer.

- Je crois que tu as raison, dit finalement Lily, il doit avoir faim. Je peux utiliser la chambre de Zoé ?

- Oui bien sûr.

Lily se lève en me remerciant et passe dans l’autre pièce. Je retourne m’asseoir entre Lucinda et Tony, et ce dernier se met immédiatement à jouer avec Zoé, la taquinant en tapotant son nez.

- C’est un joli garçon qu’ils ont, dit Lucinda. Mais qu’est-ce qu’il ressemble à son père !

J’éclate de rire.

- Oui, j’ai remarqué aussi. Espérons qu’il n’ait pas ses yeux, autrement il n’aura pas hérité grand-chose de Lily !




O0o0O




Dans la boutique Au paradis de gourmands, c’est le branle-bas de combat. En ce dernier jours du mois d’août, et à quelques heures de la rentrée à Poudlard, il faut croire que la majorité des adolescents se sont donnés rendez-vous ici pour leur dernier jour des vacances. Au service, Camille, les cheveux s’échappant de sa queue de chevale et lui donnant l’air d’une folle, ne sait plus où donner de la tête. Et je dois avouer que, derrière le comptoir, à confectionner les glaces, je ne suis pas mieux qu’elle.

- Un coupe fraise, chocolat, deux boules vanille, supplément dragées surprise, et un cornet cassis, citron, fruit de la passion avec supplément nids de cafards pour la trois.

A peine a-t-elle prononcé ces mots que Camille abandonne le comptoir sur lequel elle s’était pratiquement jeté pour me hurler la commande et déposer avec brusquerie le bon. Je récupère le parchemin et l’aligne avec les autres. J’en ai quatre autres avant d’atteindre celle-là, alors j’espère que les clients sont patients. Cela aurait pu ne pas être la catastrophe à la boutique si, Jason, le frère de Camille, n’était pas parti avec ses potes en plein milieu du service. Inutile de préciser que Camille prépare déjà sa vengeance.

- Café gourmand, jus de citrouille et beignet aux pommes pour la neuf.

J’attrape le bon que Camille me jette pratiquement par-dessus le comptoir et le range avec les autres. En voyant les commandes s’amonceler et mon travail ralentir, je décide qu’il est temps d’utiliser les grands moyens. Tant pis si quelqu’un me voit, il croira ce qu’il voudra. Sans remords, je décide d’abandonner ma vitesse humaine et de passer à celle des vampires. Quand Camille revient à peine deux minutes plus tard, elle repart avec trois commandes de faites et me jette un regard abasourdi auquel je réponds par un simple haussement d’épaules. Au moins, comme cela, le retard a été rattrapé. Et je poursuis à vitesse humaine.

A dix-neuf heures, heure de la fermeture, et après avoir verrouillé la porte derrière le dernier client parti, Camille se laisse tomber sur le comptoir avec un grand soupir.

- Je n’en peux plus, gémit-elle. Vivement les vacances.

Je souris et lui jette un regard par dessus les bacs de glaces vides que je dépose dans la poubelle.

- Plus que deux semaines, dis-je. Et ce sera plus calme maintenant.

- Ouais, je sais. Heureusement que Poudlard reprend demain. Mais si je chope Jason . . .

A peine a-t-elle prononcé ces mots que l’on frappe à la porte de la boutique. Le fameux petit frère rentre pour le dîner. Fronçant des sourcils, Camille se redresse et s’approche de la porte.

- Qu’est-ce que tu veux ? S’écrie-t-elle.

- Bah, rentrer, quelle question ! T’es bien une blonde, toi.

J’entends Camille grincer des dents. Jason est en train de s’enfoncer.

- Tu trouves un autre moyen pour revenir à la maison, moi je te laisse dehors.

- Quoi ? S’écrie Jason. Et en quel honneur ?

- La prochaine fois, tu feras ton service en entier ! Et crois-moi que papa va en entendre parler !

Jason, mécontent, file un coup de pied dans la porte d’entrée en verre. Je sourcille. Je ne suis pas sûr que son geste arrangera ses affaires.

- J’avais promis à Tom et Darryl que je les verrais aujourd’hui ! C’est bon, tu vas pas m’en faire une jaunisse pour quelques heures ! Laisse-moi entrer !

- Pas question, débrouille-toi !

Camille abaisse le store de la porte d’entrée pour bien signifier à son frère que la discussion s’arrête là, et revient près de moi. A l’extérieur, Jason se met à insulter copieusement sa sœur.

- C’est ça ! hurle-t-elle, me faisant sursauter, et poser mes mains sur mes oreilles sensibles. Continue ton cirque, comme si tu n’étais pas déjà dans une bouse de dragon monstrueuse !

- Non mais c’est quoi ce BORDEL, Camille ?

Toutes deux nous retournons vers Mme Blaid qui vient de descendre de l’appartement, les poings sur les hanches. Avec tout le bruit que font Camille et Jason, je ne l’ai même pas entendu arriver. Face à l’air mécontent de sa mère, Camille croise les bras sous sa poitrine et tapote le sol du pied avec agacement.

- Jason est enfermé dehors, dit-elle. Il a quitté la boutique à quinze heures, en plein rush. Mandy et moi avons dû nous débrouiller toutes seules pendant que le magasin était plein à craquer ! Tout ça parce que monsieur Jason ne pouvait pas attendre demain pour voir ses amis !

Mme Blaid me regarde, je confirme d’un mouvement de tête. Elle plante ensuite son regard sur le store la porte d’entrée. De l’autre côté, Jason a fini de lancer des insultes, mais il tambourine comme un fou contre la vitre.

- Laisse ton frère entrer, dit finalement Mme Blaid. Je vais m’occuper de son cas.

Camille s’empresse d’obéir.

- Tu vas voir ta tête quand je vais raconter tout ça à maman ! Fait Jason en s’engouffrant dans la boutique, sans lâcher sa sœur des yeux. On a pas idée de . . .

- JASON ! Hurle sa mère, dont il n’avait jusque là, pas remarquer la présence.

Il sursaute, et se tourne vers elle, surpris. Il comprend immédiatement au regard qu’elle lui lance, qu’il n’en mène pas large.

- A la maison, tout de suite ! Dit-elle en désignant l’escalier d’un doigt furieux. Nous avons à parlé jeune homme.

Tête baissé et regard haineux envers Camille, il disparait dans l’escalier, suivit par sa mère. J’entends la porte de l’appartement claquer, puis les remontrances que lui fait Mme Blaid.

- Bien fait pour lui ! S’exclame Camille en revenant s’accouder au comptoir. Il se croit tout permis depuis quelques temps, ça va peut-être le faire changer un peu.

J’acquiesce d’un signe de tête, lèvres closes et sourire en coin. Cependant, je ne peux retenir plus longtemps le fou rire que je contient depuis plusieurs minutes. Camille sursaute quand je m’esclaffe allègrement, les larmes aux yeux.

- T’es folle ou quoi ? Pourquoi tu rigoles comme ça ?

- C’était trop drôle ! Dis-je.

Et, assez bizarrement, je mets à espérer qu’un jour, ma famille sera comme la sienne.




O0o0O




Ça se bouscule dans les couloirs du département de Médicomagie. A côté de moi, Chelsea se prend assez régulièrement le mur, parce qu’on me pousse contre elle. Exaspérée, je lance des regards assassins aux premières années qui courent dans tous les sens.

- Punaise, vivement le stage ! S’exclame Chelsea avec véhémence. J’en ai marre de ces morveux.

- On a que deux ans de plus qu’eux, fais-je remarquer.

- Oui, et voilà toute la différence. On n’était pas aussi cons il y a deux ans, rassure-moi ?

- Pas dans mon souvenir.

Nous finissons par sortir sur le jardin botanique. Nous passons nos capuches sur nos têtes, et courrons sous la pluie pour rejoindre la cafétéria le plus rapidement possible. Bien sûr, l’endroit est bondé, averse incessante depuis trois jours oblige. Nous repoussons nos capuches et nous glissons à l’arrière de la queue pour passer notre commande. Quelques minutes plus tard, nous voilà attablées. Alors que Chelsea se jette sur son assiette comme une affamée, je me contente de picorer. Ma faim commence à diminuer. A quatre mois, Zoé commence à remplacer mon lait par des biberons que je lui prépare. Et depuis la semaine dernière, sur les recommandations des médicomages, je commence à lui faire goûter des purées de fruits et de légumes. Et elle adore ça.

Touillant la purée dans mon assiette, je repense à ce que m’a dit Lucinda, lorsqu’elle était à la maison le mois dernier. Zoé est née humaine, hybride oblige, mais malgré tout, son organisme est prêt à recevoir le venin vampire afin d’être entièrement transformée. Une étape qui peut-être franchie à tout moments, et que les lois de la Caste réserve au parent vampire. Bien que je sais que Zoé est très loin de l’âge où je pourrais décider de la changer, je ne peux m’empêcher d’y penser. J’aime ma fille comme elle est, et je me vois mal lui enlever ce que l’on m’a arraché de force. Je crois que, le jour venu, je laisserai la décision à Zoé, comme je le ferais pour Sirius.

Je relève la tête lorsque Chelsea fait tomber son couteau au sol. Nous nous sourions, avant que je ne replonge dans mes pensées. Je n’en ai pas encore discuté avec Sirius, mais je ne cesse d’y penser. Pour moi, les années vont passer de plus en plus vite, et bientôt mon immortalité sera un poids. La différence d’âge ne sera pas un fardeau, puisqu’un vampire peut choisir de laisser son corps vieillir comme s’il était encore humain ou cesser le processus d’évolution, mais pour Sirius, vieillir n’a pas la même signification : la mort l’attend au bout du chemin. Une mort naturelle, à laquelle je ne pourrais jamais accéder. Et passer ma vie sans lui me semble intolérable. Je sais déjà qu’il me faudra le persuader de me suivre sur cette voie. Mais comment ?

Je soupire et repousse mon assiette. Sirius m’opposera des arguments, qui ne feront qu’augmenter mes propres craintes. Pourquoi devenir immortel, alors que tous ceux que nous connaissons finiront par disparaitre ? La famille, les amis et les collègues mourraient, alors que nous serions encore frais et pimpants. C’est une des choses que j’appréhende le plus. Lucinda et Tony seront toujours là, mais les autres s’en iront. Et après eux, ce seront leurs enfants. Harry n’est aujourd’hui qu’un bébé, mais j’assisterai à sa mort à lui aussi un jour ou l’autre. Et cette idée-là, plus que toute autre, m’est intolérable. Comment survivre à la douleur de perdre tous les êtres auxquels je tiens ? Et si Zoé et Sirius, décidaient de rester humains et de mourir ? Que me resterait-il ? Serait-ce un destin semblable à celui de William, mon créateur, qui m’attendra au bout du compte ?

- Mandy ?

La voix de Chelsea me sort de mes pensées moroses. Je relève la tête, presque surprise de la trouver là, près de moi, et croise son regard. Elle semble m’interroger des yeux.

- Est-ce que ça va ? Tu as l’air ailleurs.

J’esquisse un sourire hésitant et secoue la tête pour chasser le reste de mes idées morbides. Ce n’est ni le lieu, ni le moment d’y penser.

- Je vais bien. Un petit coup de blues, c’est tout.

- Tu n’as rien mangé, fait-elle remarquer en indiquant d’un coup de menton mon plateau plein.

- Manque d’appétit. Je mangerais mieux ce soir. On a quoi comme cours ensuite ?

Remarquant que je n’ai pas envie de m’étaler plus sur le sujet, Chelsea laisse tomber. Elle m’apprend ensuite que nous avons cours de biologie humaine avancée, et quittons la cafétéria pour nous rendre en salle de classe.

Trois heures plus tard, la journée se termine et je peux enfin rentrer chez moi. Comme Sirius était de repos aujourd’hui, c’est lui qui garde Zoé. Une chance, puisque Camille qui s’occupe d’elle d’ordinaire, est partie rendre visite à ses cousins moldus dans le nord du pays jusqu’à la fin de la semaine. Son retour n’est prévu que dimanche. Lorsque je pousse la porte d’entrée de ma maison, c’est pour découvrir Sirius en train de faire le zouave devant Zoé, assise sur la table du salon et riant aux éclats. Cependant, elle me regarde dès que je passe le seuil de la porte et tend les bras dans ma direction en affichant un immense sourire.

- Et voilà, maman rentre et je deviens invisible, commente mon mari en cessant de faire des grimaces.

Je souris, dépose mes affaires près de l’entrée, suspend mon manteau à la patère avant de mettre de l’eau partout dans le salon, et m’avance vers Sirius. Je me hisse sur la pointe des pieds pour l’embrasser chastement comme à mon habitude, puis me penche sur la table pour prendre Zoé dans mes bras.

- Comment s’est passé la journée avec papa ? Demandé-je à ma fille. Il a fait des bêtises toute la journée, hein ? Heureusement que tu es là pour le surveiller.

Bien qu’elle ne comprenne pas un mot de ce que je lui dis, le ton de ma voix semble lui faire comprendre que c’est le moment de rire. Ce qu’elle ne se gêne pas de faire. Sirius choisit ce moment pour soulever ma masse de cheveux dans la nuque, et y déposer un baiser papillon qui me fait frissonner.

- Devine qui a envie de se faire croquer ? Me murmure-t-il ensuite à l’oreille en posant ses mains sur mes hanches.

- Il n’est que seize heures, Sirius, le sermonné-je sans grande conviction. Pour les galipettes, tu attendras un peu.

- Allez, il y a longtemps qu’on n’a pas mis un peu de piquant entre nous, se met-il à geindre faussement.

- C’est ce qu’on appelle la vie de famille, réponds-je en emportant Zoé vers la cuisine pour lui faire chauffer un biberon.

Sirius s’apprête à répondre, sauf que l’on frappe à la porte.

- On attend quelqu’un ? demandé-je en sortant le lait en poudre du placard.

- James, Lily et Harry, répond Sirius en allant ouvrir la porte. Je les ai invité à dîner avec nous. Ils sont un peu en avance.

Ce qui explique l’énorme gâteau meringué qui traine dans le frigo et que je viens de remarquer en allant me chercher un jus de fruit. Alors que nos amis entrent, je dépose Zoé dans le parc installé au milieu du salon. Lily m’y rejoint aussitôt pour y déposer un Harry âgée d’un mois et demi, puis se tourne vers moi pour me saluer. James et Sirius nous rejoignent ensuite, au moment où j’empêche de Zoé de frapper le pauvre Harry avec un hochet en plastique.

- Non, grondé-je ma fille, on ne tape pas les autres enfants. Tu restes dans ton coin et tu joues avec tes jouets.

Le mécontentement se lit sur son visage. Elle n’aime pas quand je prends ma grosse voix, et encore moins quand c’est Sirius qui le fait : avec lui, elle a tendance à se mettre à pleurer de peur.

- Elle est curieuse, explique Sirius à nos amis, alors elle touche tout ce qu’elle trouve. Elle a arraché quelques plumes à Darcy tout à l’heure.

- Ah, c’est pour ça qu’elle a pas voulu s’approcher de Lily quand elle est rentré, s’exclame James. Elle tenait Harry dans ses bras, elle a dû avoir peur.

- Pauvre bête, dit Lily, on aura intérêt à surveiller Harry de près quand il va se mettre à crapahuter dans tous les sens.

- M’en parle pas, dis-je en riant légèrement, j’ai l’impression de passer mon temps à courir après Zoé. Elle ne marche peut-être pas encore, mais à quatre pattes, c’est déjà un véritable balai de course.

Tout en continuant de discuter, nous nous dirigeons vers le canapé, où nous nous installons. Sirius ramène des cafés pour tout le monde, et la fin de l’après-midi passe terriblement vite. Il est bientôt l’heure de dîner. Lily m’aide à dresser la table, pendant que Sirius nourrit Zoé et que James couche Harry. Ma fille va bientôt rejoindre son cousin, et nous ne sommes plus que tous les quatre. Sirius et James nous racontent quelques anecdotes sur le département des Aurors, Lily sur les clients de la boutique où elle bosse, et moi sur les cours que je continue de suivre. Cependant, rapidement, nous en venons aussi à parler de la guerre. De plus en plus de familles moldus se font tuées, sans parler des sorciers dont le sang est jugé impur par certains.

- J’ai peur de laisser Lily sortir seule, dit James alors que nous en sommes au dessert. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer.

A côté de moi, Lily baisse la tête, touillant son café avec sa cuillère.

- Je dois avouer que si je n’étais pas vampire, je ne serais pas très rassurée non plus, dis-je. Mais Lily est une excellente sorcière, et son appartenance à l’Ordre le prouve. Elle sait se défendre.

Lily me tend un sourire remerciant et vient prendre ma main dans la sienne pour la serrer brièvement.

- Personnellement, je crains surtout l’avenir à cause des enfants, fait Sirius. Je n’ai vraiment pas envie de voir Zoé et Harry grandir dans cette ambiance. C’est malsain.

Un silence s’impose. Nous pensons tous comme lui, bien sûr, mais qu’y pouvons nous réellement ? Du peu que j’en sais, les membres de l’Ordre ne sont pas assez nombreux pour pouvoir faire pencher la balance en notre faveur et les Aurors ont beau se démener, les partisans de Vous-Savez-Qui sont tellement nombreux que ça ne sert pratiquement plus à rien de les arrêter. Pour chaque Mangemort tombé, deux autres le remplace. La prison d’Azkaban se remplit peu à peu, et beaucoup trop.

- Arrêtons de parler de la guerre, intervient soudain Lily. Vous savez si Remus a finit par trouver du travail ?

Nous secouons la tête. Autre sujet qui fâche, notre ami loup-garou ne trouve pas vraiment son bonheur. Les gens rechignent à l’engager, et quand ils le font, ce n’est que pour quelques jours. Ils n’en parlent pas, bien sûr, mais je sens que la vie est difficile pour lui. Nous essayons de l’aider comme nous pouvons, on l’invite à diner à la maison, afin qu’il fasse des repas consistants, je lui achète des vêtements parfois, en prétextant que Sirius ne les mets plus, mais il semble commencer à se douter de quelque chose. Ce n’est pourtant pas de la pitié, juste de la colère. Je ne comprends pas les sorciers qui le rejettent de cette manière.

- C’est bientôt la pleine lune, d’ailleurs, dit James.

Sirius acquiesce. Les maraudeurs se retrouvent tous les mois, pour continuer à épauler leur ami lors de sa transformation. Même Peter, dont la forme ne sert pourtant pas à grand-chose dans ces cas-là, vient trois soirs par mois, par amitié pour Remus. Cela doit sans doute leur rappeler Poudlard et leurs escapades interdites.

- Qu’est-ce que c’est ? Fait soudain Lily.

Je suis son regard, qu’elle a tourné vers la fenêtre. La nuit qui tombe au dehors rend le jardin sombre, mais je vois ce qu’elle a remarqué. Une forme dans le ciel s’approche.

- C’est un hibou, dis-je en me levant de mon siège. Il vient par ici.

Je rejoins la porte-fenêtre que j’ouvre, et quelques secondes plus tard, une chouette hulotte pénètre dans le salon, dépose une lettre sur la table et repart comme elle est venue.

- C’est la chouette de Camille, dis-je en refermant la porte. Je me demande ce qu’elle vient faire ici, Camille l’a laissé chez ses parents le temps de ses vacances.

Je m’abaisse pour ramasser la lettre et la décachette. Elle n’est pas très longue, ne contient que quelques mots, rédigés d’une main tremblante. Je fronce les sourcils en parcourant ces quelques lignes :




Mandy,

Je sais que tu partageras notre chagrin et c‘est pourquoi j‘ai pensé que tu devais être une des premières personnes à être mise au courant. Peux-tu prévenir Peter de la mauvaise nouvelle pour nous ? Je ne me sens pas la force de lui faire face . . .

Nous venons d’apprendre par la police moldue que Camille et ses cousins ont eu un accident de voiture cette après-midi, dans le nord de Leeds. Aucun d’eux n’a survécu.

Patrick Blaid.




Le cœur gelé, je laisse la lettre m’échapper des mains et tomber au sol. Les mots écrites à l’encre noir restent gravées en lettres de feux et dansent devant mes yeux. Et c’est comme si on venait de m’arracher un morceau de moi-même.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeVen 10 Juil - 15:40

Chapitre 47 : La menace qui plane




Le soleil dans le ciel est radieux, en ce matin de premier jour d‘automne. Les arbres ne perdent pas encore leurs feuilles, certaines fleurs sont toujours écloses, les oiseaux continuent à chanter, il règne comme un parfum d’été et de joie. Pourtant, au fond de moi, je ne ressens rien de tout cela. Mon monde est triste et gris, il est déjà hivernale. Je refuse même de voir le temps magnifique qui m’entoure, préférant garder mon regard rivé sur mes mains pâles, posées sur mes genoux. Je préfère me plonger dans mes souvenirs, oublier le présent et son absence. Je la revois encore, petite fille guillerette aux longs cheveux blonds et emmêlés. Je l’ai envié quand je l’ai vu pour la première fois. J’ai aimé ses cheveux, tellement différents des miens, et surtout, tellement plus beaux. Elle s’était invité dans mon wagon, sans un mot, mais le sourire aux lèvres. Elle s’était présentée, avec toute la joie qui l’a toujours caractérisée.

Une goutte rouge sang tombe sur la paume de ma main.

Dans ce wagon, lors de notre tout premier voyage vers Poudlard, je n’avais presque pas prononcé un mot. Elle s’était chargée de combler le silence. Elle m’avait fait part de ce qu’elle imaginait de Poudlard, m’avait parlé de sa famille, de son adorable petit frère, de sa jolie maman, et de son gentil papa qui lui faisait toujours les gâteaux qu’elle voulait. Moi, l’orpheline, j’avais envié sa vie de famille parfaite. Puis, nous étions descendues du train, avions pris les barques, nous étions retrouvées dans la Grande salle face à choixpeau. Elle est passé juste avant moi. Quand je suis montée à mon tour, je n’ai pas pensé à grand-chose, et j’ai été à peine étonnée, quand je me suis retrouvés assise à la même table qu’elle. Comme si c’était le destin.

La goutte sur ma main s’écoule sur ma peau, laissant une traînée rouge, et vient mourir sur le coton de ma robe noire.

Lors de cette première semaine à Poudlard, elle s’est installée près de moi, à chaque cours. Il y avait d’autres élèves dans notre maison, d’autres filles à qui elle aurait pu tenter de se lier, mais il semblait qu’elle ne souhaitait la compagnie de personne d’autre que moi. Pourtant, je ne faisais rien pour la retenir ou l’inciter à continuer. Je ne lui répondais presque jamais, n’allait jamais vers elle. Puis, au bout de quelques jours de ce manège, je lui ai demandé pourquoi elle faisait ça. Pourquoi est-ce qu’elle voulait être avec moi. « J’aime beaucoup tes cheveux, a-t-elle dit, ils sont jolis. Ils sont comme ceux de ma grand-mère. J’aime beaucoup ma grand-mère, mais je ne la vois pas souvent. Elle est gentille et douce. Puisque tu as les mêmes cheveux, tu dois être comme elle, non ? ». Je n’avais rien répondu, sur le moment. Je m’étais contentée de la laisser continuer à me suivre un peu partout. Puis, il m’a semblé tout naturel, progressivement, de répondre à ses questions, de parler avec elle, de faire mes devoirs en sa compagnie. Et une année est passée. Nous quitter, sur le quai de la gare, au mois de juin, a été un déchirement. J’avais pensé ne jamais connaitre pire douleur un jour. J’avais tort. Aujourd’hui, cela fait mille fois plus mal.

Une seconde larme s’écoule, allant rejoindre le chemin laissée pas sa sœur.

Une sœur, c’est ce qu’elle a toujours été pour moi. Nous partagions tout, comme je ne l’avais jamais fait avec personne. A l’orphelinat, j’étais bizarre, pas comme les autres, ils m’évitaient. Elle, elle m’avait accepté, sans se poser de questions. Même quand je devenais renfermée, et que je ne lui parlais pas pendant des jours, ou que je m’éloignais, parce qu’elle parlait avec d’autres élèves. Ma timidité aurait pu mettre fin à notre amitié, mais elle m’est restée loyale, jusqu’au bout. Les années ont passés, et c’est elle qui m’a aidé à surmonter mes peurs et mes doutes, elle qui m’a aussi offert une famille, et des amis. Quand elle a commencé à sortir avec Fred, j’ai pensé qu’elle s’éloignerait. Qu’elle n’aurait plus besoin de moi. Jamais je n’aurais pu imaginer qu’elle aurait agrandie mon cercle d’amis. Elle était tout pour moi, elle était mon univers.

Une troisième larme rejoint ses consœurs, se mêlant aux autres. Elle finit elle aussi, par mourir sur le tissu sombre de ma robe.

Et en ce mois de janvier fatidique, quand toute ma vie a basculé, j’ai réellement eu peur de la perdre. Je n’étais plus celle qu’elle connaissait après tout, plus l’humaine avec qui elle avait passé plus de six ans de sa vie. J’étais devenue une créature étrange, un être différent. Mais elle est restée. Elle ne s’est même pas ébranlée. Et elle a été la pierre sur laquelle je me suis reposée pour encaisser le choc de ma nouvelle nature. C’est elle qui fut mon aide la plus précieuse. Alors, quand elle a été terrassée par le chagrin, à la mort de Fred, je n’ai pas hésité une seconde à faire ce qu’il fallait, à l’aider, comme elle l’avait pour moi, à être là pour elle, comme elle avait toujours été là pour moi. Et c’est sans doute à cause de ce lien entre nous, qu’elle a pu être la seule à me persuader d’aller vers celui qui serait mon âme sœur.

Les larmes coulent sur mes joues, tombent sur mes mains et meurent dans ma robe, sans que je ne parvienne à les retenir. Des sanglots effrénés enserrent ma gorge, et je me moque bien de ce qui peut m’entourer. Il n’y a que mes souvenirs qui ont de l’importance, là où elle sourit, là où elle rit, là où elle est pleine de joie, où elle m’appelle et me serre dans ses bras. Il n’y a que ça qui compte. Et non pas le froid qui m’entoure.

A travers le brouillard de mes larmes, je vois pourtant une main apparaître et venir ses poser sur les miennes. Une main large et virile, masculine. Pas celle que j’aurais espéré voir. Je relève la tête. Sirius me regarde, endimanché dans un costume sombre. La tristesse qui se lit dans ses yeux n’est pas comme la mienne. Elle est surfaite, négligeable. Son monde à lui, n’est pas sur le point de s’effondrer. Sa main enserre la mienne avec force, comme s’il craignait que je ne m’en aille. Mais ce n’est pas le cas. Et c’est bien là le problème. Elle est partie, et moi je reste.

- Amandine, il est temps de partir.

Les mots me parviennent, mais pas leur signification. Sa voix est faible et rauque. Ses yeux sont rouges et gonflés. Il a pleuré, comme je le fais en ce moment. Mon monde se noie de rouge, quand les larmes de sang envahissent de nouveau mes yeux. Les arbres autour de nous, l’herbe, les stèles de pierre, tout devient rouge. Est-ce blanc, là où elle est à présent ?

- Mandy ?

Je tourne ma tête vers la personne qui vient de s’asseoir à ma droite, sur le banc. Peter porte lui aussi un costume sombre. La cravate est mal faite. Son visage exprime l’impassibilité la plus totale, en complète contradiction avec les émotions qui se bousculent dans ses yeux. Je lève mes mains, les arrachant à l’étreinte de Sirius, et les passe autour du cou de mon ami. Il est l’un des rares à pouvoir comprendre ce que je ressens. Ou peut-être est-ce pire pour lui ? Il l’a aimé, mais d’une façon différente de la mienne. Il l’a chérit, comme le plus beau des trésors, l’a protégé comme si elle n’était qu’un nouveau-né. Ses yeux expriment toute la peine et la perte qu’il ressent. Et bien que je sois comme lui, je ressens le besoin de le rassurer, d’exprimer des sentiments réconfortants.

- Elle nous manquera, dis-je d’une voix étranglée, sans pouvoir retenir mes larmes. Elle nous manquera toujours, jusqu’à la fin de notre vie. Elle laissera un vide que personne ne pourra combler.

Les yeux de Peter s’embuent eux aussi. Je le rapproche de moi, colle nos front l’un contre l’autre. Je voudrais pouvoir lui offrir tout ce que je sais d’elle. Lui donner mes souvenirs, lui offrir son rire. Qu’il les garde, comme moi, dans un endroit vif et ensoleillé, comme elle l’était. Un lieu où elle restera comme nous l’avons aimé.

- Mais on surmontera ça, poursuivis-je dans un souffle. Pour elle. Parce que je sais qu’elle ne voudrait pas nous voir comme ça. Alors, pour elle, pour Camille, nous penserons à elle sans larmes. Dans un futur proche, lorsque nous évoquerons son souvenir, ce sera avec le sourire.




O0o0O




Dans la grande surface, c’est la bousculade. Normal pour une veille de Noël moldu. Et si je suis là, moi aussi, à jouer des coudes pour attraper l’une des dernières boite d’airelles trônant sur l’étagère, c’est parce qu’on a un invité de plus, au tout dernier moment. Alors, j’ai décidé de mettre les petits plats dans les grands, pour une fois. Sirius a proposé à Remus de se joindre à nous pour le réveillon. Notre ami l’aurait passé seul sans cela. Nous avions aussi pensé à invité Peter, mais il semblerait qu’il ait envie de rester avec sa mère cette année. Lily et James, eux, passent les fêtes avec Mme Potter. Hors de question pour eux de laisser la vieille femme seule, alors qu’elle vient de perdre son mari.

Alors que je dépose quelques amuse-gueules dans mon caddie, la mélancolie revient au triple galop. Après la disparition de Camille, c’est le père de James qui nous a quitté. La maladie à finalement eu raison de lui, un peu plus tôt que prévu malheureusement. Peter, qui le connaissait pourtant bien, à reçu la nouvelle avec stoïcisme. Depuis le mois de septembre, il semble tout prendre avec neutralité. Comme s’il n’était plus avec nous. Pour avoir croisé sa mère au Chemin de Traverse quelques jours plus tôt, je sais qu’il passe le plus clair de son temps enfermé dans sa chambre. Il ne sort que pour travailler, et il est rare de parvenir à le persuader de rendre visite à ses amis. Mais nous continuons d’essayer.

Je soupire, attrapant une boite d’œufs que je fourre avec le reste dans le caddie. Zoé, installée dans le siège enfant, choisit cet instant pour balancer son nounours, l’ours en peluche offert par James et Lily à sa naissance, par terre. Je me penche pour le ramasser et le range dans mon sac à main : hors de question de le lui rendre sans qu’il n’ait été lavé maintenant qu’il a touché le sol. Et bien entendu, elle n’est pas contente et se met à pleurnicher.

- Pas de ça maintenant, Zoé, dis-je, attirant son attention. Il ne fallait pas jeter doudou si tu voulais le garder avec toi.

Ce que je peux bien dire ne l’intéresses pas le mois du monde, et elle se met à hurler de mécontentement dans le magasin. Je prends ça pour un signal de départ. Ca m’arrange, je commence à en avoir marre de me faire marcher sur les pieds toutes les trente secondes. Ma nature vampirique aimerait sortir, histoire de ne plus avoir à supporter la lenteur humaine.

A dix-neuf heures piles, alors que la nuit est déjà tombée au dehors et que quelques flocons de neige commencent à tomber du ciel, on sonne à la porte. Devinant que ce doit être Remus, toujours très ponctuel, j’essuies mes mains humides sur le premier chiffon que je trouve, enlève mon tablier que je dépose sur le dossier d’une chaise, passe devant le parc de Zoé dans lequel elle s’amuse à mordiller ses pieds, et ouvre la porte. Remus me sourit, ses cheveux châtains parsemés de flocons blancs, et la robe que je lui ai offerte pour son précédent anniversaire sur le dos.

- Bonsoir, dit-il en me tendant une bouteille d‘hydromel, et joyeux Noël.

- Bonsoir Remus, réponds-je en me décalant pour la laisser entrer. Joyeux Noël à toi aussi.

Il pénètre dans la maison et je referme derrière lui en jetant un œil sur son présent. L’hydromel à dix ans d’âge, il a fait une petite folie.

- C’est très gentil Remus, mais tu n’aurais pas dû.

- Je ne pouvais pas arriver les mains vides, fait-il, ses joues rougissant.

Touchée, je me hisse sur la pointe des pieds pour lui piquer un bisou sur la joue, puis l’invite à me suivre dans la cuisine. Je dépose sa bouteille sur la table que j’ai déjà apprêté, alors qu’il s’arrête à hauteur du parc pour prendre Zoé dans ses bras.

- Qu’est-ce qu’elle a grandi ! S’exclame-t-il. J’ai l’impression de ne pas l’avoir vu depuis des semaines.

- C’est le cas, dis-je. Tu l’as gardé au mois d’octobre, mais on ne t’avait pas vu depuis. Elle commence à parler maintenant.

- C’est vrai ? Fait-il en me rejoignant dans la cuisine et en s’asseyant sur l’une des chaises.

- Enfin, pas de vrais mots encore, mais on entend au moins sa voix.

Tout en discutant avec Remus, je termine de préparer le repas. Le jeune homme est en train d’essayer de faire répéter son prénom à Zoé, quand Sirius rentre enfin du travail. Il dépose sa cape sur le porte manteau, se secoue pour faire tomber la neige qu’il a ramené avec lui, puis nous rejoint. Une poignée de main pour Remus, une caresse sur la tête pour Zoé et un baiser pour moi, puis il s’éclipse dans la chambre pour se changer. J’en profite pour mettre le chapon sur la table ainsi que les légumes, et je sors un petit pot et prépare le biberon de Zoé.

- Tu veux le lui donner ? Dis-je en tendant une cuillère et le pot de fruit à Remus.

Il accepte avec un grand sourire heureux. Étonnement, Remus adore pouponner. Ce qui fait que je ne comprends pas qu’il ne cherche pas une petite-amie, une qui acceptera sa différence. Sans doute n’a-t-il pas encore assez confiance en lui, ou en le peuple sorcier. Quand on voit comment la plupart d’entre eux le traite . . .

- Ca sent bon, fait Sirius en quittant la chambre pour nous rejoindre. Ca tombe bien, j’ai une faim de loup.

Remus et moi sourions, alors que Sirius ne semble pas remarquer l’ironie de ce qu’il vient de dire, se contentant de s’asseoir et de se servir un verre de vin. Je conserve l’hydromel offert par Remus pour le dessert.

- Ils sont tous pour Zoé ? Demande soudain notre ami, en filant un coup de tête en direction du sapin postée dans un coin de la pièce, trônant au dessus d’une dizaine de paquets soigneusement emballés.

- Non, répond Sirius, il y en a aussi pour nous deux. Mais une bonne moitié est à elle. Et encore, j’ai stoppé Amandine avant que l’on ne soit ruinés.

- C’est son premier Noël, fais-je remarquer. On a bien le droit de marquer le coup.

- Ce n’est pas une raison pour la pourrir de cadeaux. Les occasions de lui en faire vont être nombreuses, tu sais. Inutile de nous saboter des idées de cadeaux aussi tôt.

Agacée, je lui file une tape sur la tête.

- Aïe, fait-il en posant ses mains sur son crâne, sourire aux lèvres.

Nous passons ensuite à table, Zoé refusant de quitter les genoux de Remus, et chipant parfois un morceau dans son assiette. La soirée se déroule tranquillement. Sirius a allumé la radio et des chansons de Noël retentissent dans la maison, alors que la neige tombe au dehors, donnant à l’atmosphère un réel air de fête. Plus le vin dans la bouteille descend, plus les deux amis sont de bonne humeur. Je me contente d’assister à la scène avec amusement. Enfin, nous terminons noter plat, et je décide de servir le dessert dans le salon. Je fais signe aux deux jeunes hommes de migrer vers là-bas, alors que je prépare les assiettes, les verres et le gâteau. Alors que j’en suis à ouvrir la bouteille d’hydromel apporté par Remus, je les entends chuchoter. Comme il est rare que ce soit le cas, cela attire immédiatement mon attention et je me concentre pour entendre ce qu’ils disent.

- Ca s’est reproduit, fait Sirius en soupirant. Il y a trois semaines. Je n’en ai pas parlé à Mandy, je ne veux pas qu’elle sache et qu’elle s’inquiète. Avec le décès de Camille, c’est déjà suffisamment difficile à gérer.

- Et Lily et James, comment ils le vivent ? Demande Remus.

- Lily est morte d’inquiétude, bien entendu. Quant à James . . . James ressent la même chose mais il ne le montre pas. Tu le connais. Il se fait du mouron pour Lily et Harry. Je crois qu’ils ont décidés de déménager, et de s’installer à Godric’s Hollow, chez Mme Potter. Vu qu’elle est malade, c’est sans doute la meilleure solution.

J’entends Remus soupirer.

- James n’a pas de chance en ce moment. Entre le décès de son père, la maladie de sa mère et Voldemort qui tient absolument à le rallier à à son camp . . . C’est la troisième fois qu’ils se retrouvent face à lui, qu’ils lui tiennent tête, c’est ça ?

- Oui. Dumbledore et Minerva étaient là eux aussi ce jour-là, mais ils n’ont pas pu faire grand-chose. James s’est lancé tête la première dans le duel. Si nous n’étions pas arrivés à ce moment-là, je n’ose imaginer ce qui aurait pu se passer.

Les assiettes m’échappent des mains, allant s’écraser au vol et éclatant en milles morceaux. De surprise, je lâche un cri aigu, puis ressens des picotements sur les jambes, là où des éclats de porcelaine ont dérapé sur ma peau.

- Amandine ?

Le cœur battant et les mains tremblantes, j’attrape ma baguette magique dans ma poche et répare les assiettes d’un sort, avant de les faire léviter jusqu’au meuble, peu sûre de la stabilité de mes mains. Je sens ensuite la poigne de Sirius sur mon épaule.

- Tu ne t’es pas blessée ?

Je secoue la tête.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? S’inquiète-t-il ensuite. Tu trembles.

D’un mouvement d’épaule en arrière, je l’oblige à enlever sa main, puis lui fais face, à moitié furieuse. Derrière lui, Remus regarde la scène avec effarement.

- Es-tu complètement stupide, ou est-ce ta mémoire qui te fait défaut ? Sifflé-je entre mes dents serrées, pour ne pas crier et alerter Zoé installée dans son parc. Tu peux bien chuchoter autant que tu veux dans cette maison, j’entendrais toujours ce que tu diras. Je suis un vampire, Sirius.

Mon mari baisse les yeux, ne me permettant pas de savoir qu’elle émotion peut bien le traverser à ce moment-là. Malheureusement, il a tendance à trop souvent oublier que je ne suis pas comme lui. Que je ne le suis plus.




O0o0O




Les enfants dans le parc crient et rient à tout va. Il y en a de tous les âges, soit en train de s’amuser sur les manèges pour les plus vieux, soit se contentant du bac à sable pour les plus jeunes. Et comme nous, d’autres mères surveillent leur progéniture du coin de l’œil, en papotant sur le banc avec les copines. Avec Lily, nous sommes les seules à ne pas nous mêler aux autres mères du quartier. Sans doute parce que nous sommes les deux seules sorcières et que nos sujets de discussions risquent d’en déboussoler plus d’une. Alors que mon amie me raconte la dernière bêtise de son fils, je me penche pour récupérer le nounours de Zoé, qu’elle a abandonné sur le bitume, préférant rejoindre son cousin dans le sable. Leurs seaux et pelles servent cependant plus à taper n’importe où qu’à faire des pâtées.

- Merci de m’avoir accompagné, dit soudain Lily, attirant mon regard vers elle.

- De quoi est-ce que tu parles ? Demandé-je en avisant son sourire triste.

- D’être venue avec moi aujourd’hui. J’avais vraiment besoin de sortir de la maison. Je savais que James et Dumbledore n’auraient pas été d’accord si ce la n’avait pas été toi.

Attristée à mon tour, je soupire et m’enfonce contre le banc. La vie des Potter est loin d’être facile maintenant. Vous-Savez-Qui a cessé de vouloir les rallier à lui, et cherche maintenant à les éliminer. Sur le conseil de Dumbledore, ils se terrent à Godric’s Hollow. La maison est entouré de dizaines de sorts de protections, mais il semble que malgré toutes les précautions prises, personne ne soit rassuré. Ils ne peuvent plus sortir de chez eux sans une troupe de garde du corps, et les membres de l’Ordre ne sont pas assez nombreux pour s’en charger. Quant au Ministère, il ne croit absolument pas à la menace qui pèse sur leur tête, alors ils ne font rien.

Quand Lily m’a envoyé sa lettre quelques jours plus tôt, un véritable appel au secours, Sirius m’a fermement interdit d’accepter l’invitation. Il ne voulait voir aucun des Potter hors de leur maison. S’en est suivit une violente dispute entre nous. Je comprenais le point de vue de Lily, et surtout, son inquiétude. Sa famille est en danger, elle ne sait de quoi sera fait demain, et elle veut offrir à Harry une vie normale tant qu’elle le peut encore. J’ai fini par faire entendre raison à Sirius, mais il a quand même insisté pour que Dumbledore soit prévenu, qu’il donne son autorisation. Je lui ai donc envoyé une lettre et sa réponse n’a pas été longue à venir. Puisque c’était moi, il n’y avait aucun souci. De plus, nous ne nous déplacerions pas dans le monde sorcier.

- Tu n’as pas à me remercier, réponds-je à Lily. C’est tout à fait normal. Je peux comprendre ce que tu ressens. Être enfermée ainsi . . . Je ne le supporterais pas non plus. Et Harry a besoin de voir autre que les murs de sa chambre. Comment pourrait-il s’épanouir correctement autrement ?

Alors que mon regard se pose sur les deux enfants, jouant ensemble, la main de Lily attrape la mienne et le serre fortement. Surprise par sa poigne, je la regarde. Elle a les larmes aux yeux, et je sens que ce qu’elle va me dire, c’est ce qu’elle garde sur le cœur, depuis de trop longues semaines.

- Je n’en peux plus, lâche-t-elle dans un souffle. Cette incertitude, cette oppression . . . Je craque.

Du pouce, je caresse sa main toujours dans la mienne.

- Je savais bien que ta lettre de remerciement pour le cadeau d’anniversaire d’Harry sonnait faux. Je l’avais bien senti. Sirius ne voulait pas me croire.

Lily affiche un sourire triste, alors qu’une larme coule sur son visage.

- J’essaye de garder mon sang-froid, pour James et pour les autres. Mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas peur. Je suis toujours en train de regarder par la fenêtre, à guetter le moindre mouvement, je sursaute à chaque fois qu’on frappe à la porte, je vérifies les sorts quinze fois par jour. Et à chaque fois que Harry pleure . . . J’ai l’impression que . . . Que c’est parce qu’il sait ce qu’il se passe. Comme une prémonition.

Ne sachant pas quoi dire pour apaiser des craintes qui sont, somme toutes, fondées, j’attire Lily contre moi et dépose sa tête dans le creux de mon épaule. Je caresse son dos, l’incitant ainsi à craquer, à extérioriser tout ce qu’elle ressent. Ce qu’elle ne retient pas de faire.

- Si il n’y avait pas l’interdiction de la Reine, chuchoté-je alors, je ferais ce que je pourrais pour vous aider. Quitte à lui courir après. Tu-Sais-Qui mort, vous n’auriez plus à vous inquiéter. Et je crois que je persuaderais même Lucinda et Tony de me filer un coup de main. Les Mangemorts ne feraient plus trembler le Royaume-Uni.

Dire ce que je pense, ce que je voudrais pouvoir faire, m’apaise. Je ne l’ai jamais confié à Sirius, ni à personne d’autre. Je sais qu’ils le comprendraient mal, et auraient peur que je me lance un corps perdu dans une chasse dangereuse. Mais ce n’est pas le cas. Bien que mes désirs soient tels, je pense aussi à ma famille et à mes amis. Je ne me mettrais pas en danger.

Une église non loin du parc sonne dix-sept heures. Le bruit des cloches fait se redresser Lily, qui reprend une position normale, en essuyant ses yeux.

- Merci, dit-elle. J’avais vraiment besoin de décompresser. Je vais mieux maintenant.

Son sourire en dit long sur son mensonge, mais je ne relève pas. Je me contente de me lever, et d’aller chercher Zoé pour la mettre dans sa poussette. Lily fait de même avec Harry, et bientôt nous nous retrouvons sur les trottoirs de la bourgade dans laquelle nous avions décidés de passer la journée. Je dois prendre mon service à Sainte Mangouste à dix-huit heures, alors je raccompagne rapidement Lily jusque chez elle, lui laisse Zoé que Sirius doit passer récupérer dans la soirée, puis la quitte sur un sourire que je veux rassurant. Je ne suis cependant pas sûre d’avoir réussie.

A mon arrivée à l’hôpital quelques secondes plus tard, je passe par l’accueil et les vestiaires, avant de monter à l’étage où se déroule mon stage cette année, celui du département des Empoisonnements par potions et plantes. Il ne s’y passe jamais rien de très intéressant, la plupart des patients ressortent après avalé un antidote. Cependant ce soir-là, alors que je m’apprête à rejoindre mon titulaire, j’ai la surprise de croisé Dumbledore dans les couloirs, debout devant l’une des chambres. Les mains croisés dans le dos, et il regarde les tableaux d’un air amusé.

- Bonsoir professeur, dis-je en ralentissant à sa hauteur.

Il se tourne aussitôt vers moi.

- Bonsoir Amandine. Comment s’est passé votre journée avec Lily ?

Je sourcille, surprise. Il est seulement là pour me poser cette question ? Je pensais plutôt qu’il accompagnait un patient, peut-être un membre de l’Ordre blessé.

- Très bien, professeur. Il n’y a eu aucun problème.

- C’est parfait alors. Pourrais-je abuser un peu de votre temps, plus que je ne le fais déjà ? Je voudrais que vous voyiez quelqu’un pour moi.

Je fronce des sourcils, de plus en plus décontenancée, alors qu’il ouvre la pote de la chambre devant laquelle il se trouve. D’un geste de la main, il m’invite à entrer. Je n’hésite qu’un court instant, avant de passer devant lui et de pénétrer dans la pièce. Je remarque aussitôt la personne assise sur le seul lit de la chambre individuelle. Étonnée, je me retourne pour croiser le regard du professeur Dumbledore, qui referme la porte dans son dos. Il ne fait que me sourire d’un air bienveillant. Alors, je m’approche du patient.

- Rogue, le salué-je en m’arrêtant devant lui.

Il lève son regard sombre sur moi. Il tient son bras gauche serré contre lui. Le tissu de la manche noire est imbibée d’un liquide. A l’odeur, je parie pour son sang. Il est donc blessé. Mais pourquoi est-ce que le directeur de Poudlard l’accompagne-t-il à l’hôpital, et pourquoi ai-je l’impression que personne d’autre que moi n’ait au courant que Rogue se trouve ici et dans cet état ?

- Pouvez-vous le soigner, Amandine ? Je sais que je n’utilise pas des chemins orthodoxes, mais je préfère que ce soit vous qui soignez Severus. J’ai besoin d’une personne de confiance.

Sans même lui adresser un regard, j’acquiesce d’un mouvement de tête. J’avais un peu deviné qu’il avait besoin de discrétion. Je tends la main pour approcher le bras de Rogue vers moi, afin de l’ausculter, mais celui-ci fait un mouvement brusque en arrière en me fusillant du regard.

- Je refuse qu’elle me touche, Albus, dit-il d’un ton hargneux.

Je laisse retomber mon bras et me contente de le regarder avec froideur. Il n’a qu’à se vider de son sang si ça l’amuse. Moi, j’ai autre chose à faire, et des patients qui m’attendent.

Alors que je m’apprête à faire demi-tour, Dumbledore intervient, d’une voix sèche que je l’air rarement entendu prendre :

- Severus, vous n’avez pas le choix. Ce sera elle ou personne.

Je regarde le visage de Rogue, au moment où ce dernier grimace de dégoût. Je me demande pourquoi il réagit comme ça. Est-ce parce que je suis un vampire, ou parce que j’ai épousé Sirius ? Peut-être bien l’un et l’autre. Pourtant, se faisant curieusement docile, il finit par me tendre son bras. Je l’attrape avec délicatesse et remonte le tissu sur son bras. Je le lâche immédiatement, lorsque la Marque des ténèbres tatouée sur sa peau, se révèle. Je lève la tête. Son regard sur moi me met au défi de faire une seule réflexion.

C’est donc pour cela qu’il ne voulait pas que je le soigne. Il ne voulait pas que je sache qu’il est un Mangemort. Je me retourne vers Dumbledore, fâchée.

- S’il vous plait, Amandine, fait-il en m’implorant du regard. J’ai besoin que vous soigniez Severus. Faites moi confiance.

Je pince les lèvres et serre la mâchoire. Pourquoi s’inquiète-t-il pour un Mangemort ? Il devrait plutôt être en train de remettre Rogue entre les mains des Aurors. Et je sais combien Sirius serait heureux de lui mettre la main dessus, lui qui du temps de Poudlard, clamait tout le temps que Severus Rogue se tournerait vers Vous-Savez-Qui à la fin de sa scolarité. Il n’avait pas tout à fait tort.

Sans dire un mot, je refais face à Rogue et attrape de nouveau son bras, mais avec plus de brusquerie. La blessure se trouve non loin de la pliure du coude. Un mauvais sort sans doute, mais drôlement bien lancé. S’il n’avait pas été jeté dans le sens de la longueur, il lui aurait sans doute sectionné l’avant-bras. Je sors ma baguette de ma poche tout en immobilisant le bras de Rogue. D’un sort, je sonde la profondeur de la blessure. Plusieurs nerfs secondaires ont étés tranchés, ainsi qu’une partie du muscle. Je soupire.

- Je peux le faire seule, mais ça va prendre du temps. Et je suis déjà en retard, ajouté-je en me tournant vers Dumbledore.

- Je me charge d’avertir votre titulaire. Je suis sûr qu’il comprendra.

J’acquiesce, lui donne le nom du guérisseur qui s’occupe de moi ainsi que la chambre dans laquelle il doit se trouver, puis il sort de la pièce. Je me retrouve seule avec Rogue qui ne cesse de me fusiller des yeux. Sentant son regard meurtrier sur moi alors que je soigne sa plaie, je finis par m’exaspérer et relève la tête pour el regarder droit dans les yeux.

- Je te trouve mal placé pour me regarder de cette manière. Estime-toi déjà heureux que je te soigne sans poser plus de questions et que je ne convoque pas les aurors de suite. Dumbledore parti, il me serait très simple de le faire.

Rogue réagit aussitôt. Il glisse sa main droite dans sa poche, je me recule en lâchant son bras, il pointe sa baguette sur moi. La mienne est déjà sur sa tempe, crépitant d‘un sort que je brûle d‘envie de lui jeter. Il me lance un regard incrédule. Je lui tends un sourire torve.

- Crétin, dis-je. Tu crois pouvoir être plus rapide que moi ? Même pas en rêve. Je croyais que tu étais intelligent ?

- Je n’ai pas oublié ce que tu es, répond-t-il. Je pensais seulement que tu n’aurais pas le cran de me menacer.

J’émets un rire incrédule.

- Tu sembles oublier les poireaux que j’ai fait pousser dans tes oreilles, Rogue. Et bien des années sont passées depuis Poudlard, ainsi que bien des évènements. Je ne suis plus miss Dawn, Rogue, je suis Mme Black maintenant. Et ça change bien des choses.

Il sourcille.

- Il semblerait en effet, admet-il en abaissant sa baguette d’un geste prudent. Et si tu terminais de me soigner à présent ?

Sa main armée de sa baguette retombe sagement sur ses genoux. J’abaisse aussi la mienne et retourne à mon sort de soin. Dumbledore revient dans la chambre quelques minutes plus tard. Il ne me reste qu’à suturer la plaie. Puis, je relâche le bras de Rogue.

- Je vais te prescrire des potions, dis-je en faisant apparaitre une plume, un morceau de parchemin et une bouteille d’encre. J’imagine que tu sauras les faires toi-même.

- Sans aucun souci, dit-il en m’arrachant des mains le parchemin que je lui tends.

Il descend ensuite du lit, adresse un signe de tête à Dumbledore en passant devant lui, puis quitte la pièce en claquant la porte derrière lui. Je me tourne ensuite vers le vieil homme qui me sourit avec gratitude.

- Je vous remercie, Amandine. J’espère que vous saurez rester discrète à propos de cet incident.

- Bien entendu. Personne ne saura qui j’ai soigné.

- Merci encore. Je vous souhaite une bonne soirée.

Puis il quitte la pièce, me laissant seule. Indécise, je plonge les mains dans les poches de ma blouse d’apprentie guérisseuse et repense à ce qu’il vient de se passer. J’ai beau retourner la scène dans tous les sens, je ne vois qu’une explication : si Dumbledore s’inquiète de la santé d’un Mangemort, c’est que ce dernier espionne certainement Vous-Savez-Qui pour l’Ordre. Mais est-ce que Rogue est un agent double, ou alors un agent triple ?
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  - Page 2 Icon_minitimeVen 10 Juil - 15:42

Chapitre 48 : Une vie qui s’achève




Assise dans l’un des fauteuils du salon que j’ai approché de la baie vitrée pour pouvoir regarder le ciel étoilé vide de nuages, j’ouvre mon livre là où j’avais laissé mon marque-page et reprend ma lecture abandonné un peu plus tôt dans la journée. L’horloge, à l’autre bout de la pièce, sonne fort peu discrètement une heure du matin. Je lis quelques paragraphes, plongée dans le silence de la maison, puis j’entends du mouvement dans la chambre à coucher. Intriguée, je tourne la tête vers la porte lorsque cette dernière s’ouvre sur Sirius, pieds nus et les cheveux en bataille. Sans même sembler m’apercevoir, il s’avance dans la cuisine où il se sert un verre d’eau, avant de repartir dans la chambre et de fermer la porte derrière lui. Soupirant, je ferme mon livre et laisse mon regard errer sur le jardin.

Sirius agit ainsi depuis quelques jours. Incompréhensiblement, il semble particulièrement stressé. Il tourne en rond à la maison, est tout le temps plongé dans ses pensées, oublie même parfois à quelle heure il doit aller travailler. J’ai beau essayer de l’interroger, il se contente de me sourire d’un air étrange et de passer dans la pièce d’à côté. Une semaine que cela dure, et même Zoé commence à sentir la tension qui règne dans la maison. Pas plus tard qu’au dîner elle a prononcé le mot « papa », pour la première fois, en posant une main sur le bras de Sirius et en le regardant d’un air inquiet. Il a à peine compris ce qu’il se passait, se contentant de sourire à Zoé d’un air affectueux et de finir son assiette.

Alors qu’un écureuil traverse le jardin pour grimper au vieux chêne, je soupire de nouveau et tiens mon livre serrer contre ma poitrine. Avec cette attitude de sa part, je me sens plus seule que jamais. Remus et Peter se font rares, ils ne viennent plus, n’envoient presque pas de lettres. James et Lily vivent reclus dans leur maison avec Harry, depuis que Mme Potter a succombé à son tour à la maladie. Il ne me reste guère plus que Chelsea, qu’il m’arrive de voir quand mes heures de pause à Sainte Mangouste coïncident avec les siennes. Je me rassure en me disant que dans deux semaines, nous serons de retour à l’UMS, et je n’aurais plus à supporter les regards dégoûtés que mon maître de stage fait peser sur moi tout le long de la journée. Il a accidentellement découvert ma véritable nature et, bien qu’il ait gardé cette information pour lui, sachant que je ne suis en rien un danger, il me fait clairement comprendre sa désapprobation à ma présence dans l’hôpital. Je crains cependant qu’il ne finisse par craquer et avertir la direction de l’hôpital et de l’université. J’ignore comment ils prendraient la nouvelle.

Je ferme les yeux un bref instant, chassant mes pensées moroses, et décide de revenir à mon livre. C’est encore le meilleur moyen d’oublier un peu la réalité et ses difficultés, l’espace de quelques heures. Mais après quelques minutes de lecture, Sirius sort de nouveau dans la chambre, l’œil vif. Il n’arrive visiblement pas à dormir et il s’est même habillé. Je glisse le marque-page entre les pages de mon livre et le pose par terre, avant de me lever du fauteuil pour le rejoindre près du porte-manteau.

- Qu’est-ce que tu fais ? Demandé-je en le voyant décrocher son blouson en cuir moldu du patère. Tu comptes sortir à cette heure-ci ?

- J’ai besoin de me changer les idées, je n’arrive pas à dormir. Un peu de marche me fera sûrement un peu de bien.

Je sens qu’il me ment, qu’il y a autre chose. Je le laisse pourtant enfiler son blouson et ouvrir la porte d’entrée, avant de l’arrêter en l’attrapant par le bras. Une main sur la poignée, il se tourne vers moi.

- Qu’y a-t-il ?

J’inspire dans l’attention de lui parler, de le retenir pour qu’il reste à la maison, mais je comprends que cela ne servirait à rien. Je vois à son regard qu’il est troublé. Il a besoin de sortir. Alors je me contente de secouer la tête et d’ôter ma main pour le laisser partir.

- Je rentrerai dans la matinée, avant que Zoé ne se réveille, me promet-il avant de m’embrasser tendrement.

Puis, sur un sourire, si rare ces derniers temps, il quitte la maison. Inquiète et troublée à mon tour, je reste épaulée à la porte, guettant le signe de son transplanage. Mais, c’est le bruit du moteur de sa moto qui retentit. Je comprends qu’il ne rentrera sans doute pas de la nuit et verrouille la porte, avant de retourner à mon fauteuil. Je laisse mon livre à terre et regarde de nouveau le ciel. Par prudence, je demanderai à Mme Blaid de venir garder Zoé, au cas où il ne serait pas rentré avant mon départ. Je dois prendre mon service à Sainte Mangouste à cinq heures, et je doute qu’il soit revenu d’ici là.




O0o0O




Lorsque la mère de Camille arrive chez moi à cinq heures moins le quart, comme prévu, Sirius n’est pas rentré. Zoé dort toujours à poings fermés, alors je salue brièvement la femme, avant de partir pour l’hôpital. Un transplanage plus tard, j’arrive à destination, passe par les vestiaires pour enfiler mon uniforme, puis rejoins mon service. Le guérisseur Brook me regarde avancer avec un regard peu amène que j’ignore. Il ne me reste que treize jours à tirer dans cette ambiance d’enfer.

Les patients se suivent, comme toujours. Petits bobos domestiques pour la plupart. Mais le plus étrange, ce sont les rumeurs qui courent dans les couloirs de l’hôpital. Deux heures que je suis arrivée, et deux heures que j’entends les gens murmurer un peu partout. Le nom de Vous-Savez-Qui me parvient aux oreilles, sans que je ne sache exactement de quoi il en retourne. Mais je n’y fais pas trop attention. Ce ne sont que des rumeurs après tout. Du moins, jusqu’à huit heures du matin, et l’arrivée de la Gazette du Sorcier. Tout le monde semble en émoi à partir de ce moment-là, il règne comme un sentiment de liesse dans les chambres et les couloirs, mais je ne peux satisfaire ma curiosité : le guérisseur Brook me surcharge de travail, comme d’habitude.

Je prends ma pause avec soulagement à neuf heures, heureuse de pouvoir échapper à mon dragon de maître de stage l’espace d’un quart d’heure. Je monte au cinquième étage, où j’ai l’habitude de m’asseoir devant un café dont le contenu va finir à la poubelle, juste pour faire comme les autres. Mais lorsque je pénètre dans le salon de thé, la première chose que je vois, c’est Remus, près des portes. Il se redresse quand il me voit. Il a les yeux rouges, comme quelqu’un qui a trop pleuré. Je fronce des sourcils.

- Bonjour Remus, quelle surprise, dis-je d’un ton joyeux en feignant de ne pas voir son visage, avant de m’avancer pour commander un thé. Un Earl Grey s’il vous plait.

- Mandy, je suis désolé. Je ne suis pas ici pour une visite de courtoisie.

Alors que la sorcière derrière le comptoir prépare ma commande, je me retourne pour regarder Remus. Je constate alors qu’il tient la Gazette entre ses mains, celle du jour. En première page, la photo montre la Marque des ténèbres dans un ciel étoilé, au dessus d’une maison. Je penche la tête pour voir la photo d’un peu plus près : la maison semble à moitié détruite. Une autre attaque. Je fais aussitôt le lien avec la présence de Remus.

- Mme Black, votre thé est prêt.

J’ignore la sorcière dans mon dos, fixant mes yeux sur le visage de Remus, dont le regard me fuit, préférant s’intéresser à une plante verte dans un coin du salon. Je redoute de poser la question fatidique, mais je dois le faire. Il faut que je sache.

- Qui ? Qui, que nous connaissons, est mort cette nuit ?

Les yeux de Remus s’embuent de larmes. Ses mains se crispent sur la Gazette, au moment où il se décide de nouveau à me regarder. Il règne un silence dans le salon, comme si tout le monde nous écoutait. Ce qui pourrait très bien être le cas.

- Lily et James, lâche-t-il enfin dans un souffle. Voldemort les a assassiné hier soir.

J’entends l’ensemble de la pièce hoqueter à l’entente du nom honni, mais je ne réagis pas. Je reste à fixer Remus droit dans les yeux, le suppliant silencieusement de démentir ce qu’il vient de m’apprendre. Mais les larmes qui coulent silencieusement sur ses joues me confirment que ce n’est que la triste vérité. Mes jambes se dérobent et je laisse échapper mon souffle que j’avais jusqu’ici retenu. Remus se précipite sur moi et s’agenouille à mes côtés, posant ses mains sur mes épaules.

- Je suis désolé de te l’apprendre ainsi Mandy, mais il faut que tu saches qu’Harry a survécu. On ne sait pas comment, on ignore ce qu’il s’est passé, mais il semblerait que Hagrid l’ait trouvé vivant dans les décombres.

Alors que mon corps réagit à la nouvelle, que je mets à trembler et à pleurer, cachant mon visage dans la manche de mon uniforme, l’information parvient jusqu’à mon cerveau. Cela ne calme en rien ma tristesse, l’étau qui enserre mon cœur alors que je prends conscience que Lily et James sont morts, mais il chasse un peu le brouillard de mon esprit. En tant que mère, je m’inquiète pour l’enfant.

- Harry, fais-je en reniflant. Comment est-ce possible ?

Je relève la tête pour voir Remus secouer la sienne d’un air désemparé. C’est donc tout ce qu’il sait. Je suis soulagée de savoir le petit Harry en vit, mais cela n’atténue pas la douleur de la perte de ses parents. Je mords ma lèvre inférieure et tente d’éloigner les pleurs qui veulent sortir. Je dois rester stoïque, tant que je suis à l’hôpital. Personne ne doit voir mes larmes de sang. J’arrive à les repousser et me relève, entrainant Remus avec moi, au moment où les doubles portes du salon s’ouvre pour laisser place à deux aurors d’une quarantaine d’années.

- Excusez-nous, messieurs, dames, nous sommes à la recherche de l’apprentie guérisseuse Amandine Black.

Je sourcille. Remus relâche mes épaules, et c’est lui qui répond.

- Elle est ici, fait-il en m’indiquant d’un geste de la main. Que voulez-vous ?

Les deux hommes ignorent Remus et s’adressent à moi.

- Voulez-vous bien nous suivre jusqu’au Ministère Mme Black ? Nous aurions quelques questions à vous poser.

Soupirant, je les regarde d’un air affligé.

- Messieurs, j’ignore ce que vous me voulez, mais ce n’est pas le bon moment. Je viens d’apprendre le décès de proches amis et je voudrais rentrer chez moi retrouver ma . . .

- Je suis navré madame, mais nous ne vous laissons pas le choix, me coupe le plus grand des deux aurors. Nous devons vous interroger à propos des agissements de votre époux.

Surprise, je fronce des sourcils avant de me tourner vers Remus. Étrangement, il a le visage fermé et dur d’un homme furieux. Mon regard voyage entre lui et les deux aurors pendant quelques secondes, puis je pose la question qui, je le sens, va faire empirer ma journée :

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

L’un des aurors affiche un visage grave avant de m’annoncer :

- Nous venons d’arrêter votre époux, Sirius Black, madame, il est en route pour la prison d’Azkaban. Il est accusé de meurtre sur treize personnes : douze moldus et un sorcier du nom de Peter Pettigrow.

- Quoi ? Lâché-je dans un souffle, ne comprenant pas ce que l‘auror vient de me dire.

Puis, j’assimile. Mon cœur s’arrête de battre l’espace de quelques secondes. Mon corps tangue, ma respiration devient erratique et ma vision se trouble. Je n’entends que la voix de Remus, paniqué, m’appelant, avant de perdre connaissance.




O0o0O




Remus me tend une tasse de chocolat chaud. Derrière le dossier du sofa dans un coin duquel je suis allée me blottir, les deux aurors de l’hôpital, mains noués dans le dos, attendent, stoïques. J’attrape la tasse que me tend Remus et la garde entre mes mains, sans toucher au contenu. Mon ami me l‘a préparé plus par bonne mesure que par réelle nécessitée. Puis, il s’assoit sur le canapé, à mes pieds, avant de poser sa main sur mes orteils, comme pour me réconforter. Je lève les yeux sur son visage. Il ne laisse passer aucune émotion, il est complètement fermé.

- Vous allez mieux, Mme Black ?

La voix de l’auror aux cheveux blonds attire mon attention. Je le regarde, alors que son collègue semble plutôt s’intéresser à Zoé, debout dans son parc et accrochée aux barreaux, attentive à ce qu’il se passe autour d’elle. Elle sent qu’il se passe quelque chose d’inhabituelle.

- Comment voulez-vous qu’elle aille mieux ? Gronde soudain Remus en réponse à la question précédemment posée. Avec la nouvelle que vous lui avez annoncé ? Et la manière dont vous l’avez fait ?

Je recroqueville mes orteils, échappant à la pression de la main de mon ami. Cela attire son attention, et il cesse d’invectiver l’auror. Je rapproche la tasse de mon buste, comme si elle pouvait m’apporter un quelconque réconfort. Mais ce n’est que du chocolat, que je ne peux même pas boire. Alors, que peut-elle pour moi, cette tasse ?

- Je comprends que vous n’ayez pas apprécié Mr Lupin, mais nous voulons savoir ce qu’il s’est passé avant les meurtres de ce matin. Mme Black, quand avez-vous vu votre mari pour la dernière fois ?

Remus me regarde maintenant, comme les deux aurors. Je sais que je dois répondre à la question, mais je n’en ai pas envie. Je n’arrive pas à croire que tout cela soit vrai. J’ai envie qu’on me laisse seule, que je puisse réfléchir à tout cela en toute tranquillité.

- Mandy ?

Je relève les yeux sur Remus. Du regard, il me fait comprendre que je dois répondre. Je soupire.

- Cette nuit, fais-je enfin. Peu après une heure du matin. Il n’arrivait pas à dormir, alors il est sorti faire un tour.

Je ne précise pas qu’il a pris sa moto volante. Je sais que cet engin est illégal. Si j’en parlais, il aurait à faire au Service des détournements de l’artisanat moldu. Inutile de lui coller un autre délit sur le dos. Bien que celui-ci serait sans doute négligeable.

- Vous a-t-il dit où il allait ? Ce qu’il comptait faire ?

- Non, il a seulement précisé qu’il serait de retour avant le réveil de notre fille.

Je baisse la tête en mentionnant Zoé. Si tout cela est vrai, comment fais-je faire ? Que va-t-il nous arriver à toutes les deux ? Zoé grandira-t-elle sans son père ? Je sens de nouveau les larmes s’accumuler dans mes yeux et je me dois de les chasser. Je ne veux pas de questions supplémentaires et superflues de la part des aurors. Je veux juste qu’ils s’en aillent au plus vite.

- Est-ce que vous avez fini avec les questions ? Demandé-je alors en posant la tasse sur la table basse. Je vous avouerais que votre présence me dérange.

Je les regarde. Ils ne semblent pas vexés par ma remarque. Peut-être ont-ils l’habitude d’être les oiseaux de mauvaise augure.

- Cependant, avant que vous ne partiez, je voudrais savoir où est Sirius, dis-je en me levant. Et quand sera décidé la date de son procès.

L’un des deux aurors froncent des sourcils, et l’autre regarde le plafond d’un air gêné. Remus se lève du canapé et vient se poster à côté de moi, posant une main réconfortante sur mon épaule.

- Votre mari est dans une cellule d’Azkaban à l’heure qu’il est, madame, fait l’auror blond. Quant à un procès, n’y pensez même pas. Les Mangemorts ne passent pas par cette case, ils sont enfermés à vie directement.

Mon cœur fait un soubresaut.

- Mangemort ? Répété-je, sans comprendre. Sirius n’est pas un Mangemort. Comment pouvez vous le traiter de la sorte ?

La poigne de Remus sur mon épaule se resserre.

- Je suis désolé de vous l’apprendre, madame, mais il semblerait que votre mari soit aussi à l’origine du meurtre du couple Potter.

Étonnement, c’est un calme olympien, couverture d’une tempête sans précédent, qui m’envahit quand l’auror m’annonce cette faribole.

- Je vous demande pardon ? Dis-je. Comment osez-vous sous-entendre que mon mari ait pu . . .

Je suis coupée dans ma phrase par Remus qui, m’attrapant par les deux épaules, vient se poster face à moi et mettre son visage à autour du mien.

- Mandy, attends, fait-il. Avant de dire quoi que ce soit, écoute-moi. Tu ne sais pas tout. Il y a un peu plus d’un mois, Dumbledore a soumis l’idée de mettre la maison de James et Lily au sortilège du Fidelitas. Je pense que tu connais ce sort.

J’acquiesce d’un signe de tête, en me souvenant d’un cours de sortilège de septième année. Le Fidelitas permet de cacher une information au cœur d’un être humain, qui devient donc le Gardien du Secret. Tant que le gardien ne divulgue pas l’information, personne ne peut découvrir le secret.

- Il semblerait que James ait choisi Sirius, poursuit Remus, imperturbable. Donc, puisque lui et Lily sont morts à présent, cela ne peut vouloir dire qu’une chose.

Refusant de croire ce que j’entends, je m’arrache de la poigne de Remus d’un mouvement d’épaule, et fais un pas en arrière, venant buter contre la table basse.

- Comment oses-tu ? Répliqué-je, sentant la colère monter en moins à chaque seconde qui passe. Comment oses-tu accuser Sirius de la mort de Lily et James ? Il est leur meilleur ami ! Jamais il ne pourrait faire ça !

- Mais la preuve en est ! S’écrie Remus. Ils sont morts ! Peter aussi ! Et des dizaines de témoins disent avoir vu Sirius le tuer. Et avoir entendu Peter dire qu’il était leur Gardien ! Qui d’autre à part lui, James aurait-il pu choisir ? En qui avait-il le plus confiance ?

Une larme coule sur la joue de Remus. Dans son parc, Zoé se met à geindre, gênée par nos voix qui montent. Je ferme les yeux, le cœur palpitant et le corps envahi par la rage. Je ne crois pas ce qu’il vient de me dire. C’est impossible ! Quelque chose cloche. Je connais Sirius, je connais sa relation avec James. Jamais il n’aurait pu faire ça. Il y a forcément quelque chose que nous ne savons pas.

- Tu savais que Sirius était le Gardien du Secret ? demandé-je à Remus, d’une voix étonnement calme.

- Non, l’identité du Gardien a été tenu secret. Seuls Lily et James le savaient.

- Alors, comment être sûrs que c’était bien Sirius le Gardien ?

- Mais enfin Mandy, ouvre les yeux ! Toutes les preuves sont là ! Finit par s’emporter Remus, énervé par ma loyauté envers mon mari. Sirius nous a trahi ! Tous ! C’est un partisan de Voldemort !

Je prends une profonde inspiration, ouvre les yeux et plante mon regard dans le sien. Dans son parc, Zoé s’est finalement mise à pleurer de toutes ses forces.

- Moi, je ne vois aucune preuve, dis-je. Tu ne fais que des suppositions. Et je n’arrive pas à comprendre comment tu peux juger Sirius de cette manière. Où est donc passé votre amitié vieille de dix ans ?

- Morte, crache-t-il. En même temps que James, Lily et Peter. C’est lui qui y a mis fin.

Mon cœur se soulève, avide de vengeance, désireux de faire taire Remus et ses doutes. Mais je le calme, et me tourne vers les aurors.

- Je veux voir mon mari. Ce n’est pas une demande, c’est un ordre. Si le Département de la justice refuse d’accéder à ma requête, je poursuivrais le Ministère en justice pour abus de pouvoir. Je ne croirais à cette histoire que lorsque j’aurais vu Sirius.




O0o0O




Les murs de pierres grises suintent d’humidité. Je resserre les pans de ma cape sur mon corps. Une espèce de mousse verdâtre recouvre les joints entre les pierres. Pas de sorts ici, à part ceux des quelques gardiens humains, qui s’entourent de Patronus pour éloigner les détraqueurs. Le sorcier qui me précède est un petit homme fin à la moustache grise. Il déverrouille des solides portes en fer tous les dix mètres, nous faisant pénétrer de plus en plus loin dans la prison. Je le suis, en silence et baguette en main, au cas où. Je ne suis pas rassurée ici.

- Vous devez être d’une sacrée loyauté envers le détenu madame, fait le vieux sorcier, pour oser venir ici en visite. La plupart des gens évitent la prison, elle n’a rien de plaisant. Surtout pour les prisonniers du quartier de haute sécurité. Quel est votre lien avec Black, madame, si ce n’est pas trop indiscret ?

J’inspire profondément, le cœur battant à tout rompre, mais ne lui répond pas. Qu’est-ce que ça peut bien lui faire de toute façon ? Prenant sans doute mon silence pour du snobisme, le gardien se contente ensuite de poursuivre sa route, sans plus bavasser. Au bout de quelques minutes, nous finissons par pénétrer dans un énième couloir, mais cette fois-ci, celui-ci est percé de portes à intervalles réguliers. Des portes en fer, solides, numérotées, et pourvues d’une petite ouverture grillagée. Des gémissement me parviennent, alors qu’un froid glacial me pénètre jusqu’aux os. Tout au bout du couloir, deux détraqueurs montent la garde. Le gardien les garde à distance grâce à son Patronus, mais je ressens quand même le désespoir lié à leur présence.

- Hey, Black ! Beugle le gardien en cognant contre la porte d’une des cellules. T’as de la visite. Trente minutes, pas une de plus. Profites en bien.

Il déverrouille ensuite la porte et s’écarte pour me laisser passer. Sans attendre, je pénètre dans la cellule et il la referme dans mon dos. Sirius est allongé sur une couchette précaire munie d’une couverture mince et rapiécée. Un pot de chambre dans un coin, deux rats dans un autre qui se disputent les reste d’un plateau repas sans doute frugale, et une lucarne, très haut dans la pièce. Le tout, dans trois mètres carrés d’espace.

Sirius se redresse sur le lit. Je ne l’avais encore jamais vu comme ça. Il porte la robe des prisonniers, un machin informe, rayé noir et blanc. Ses cheveux sont emmêlés et gras. Son regard est vide, du moins, jusqu’à ce que les détraqueurs et leurs effets s’éloignent du couloir. Au moins, je ne parlerai pas à un légume. D’un mouvement, je repousse le capuchon de ma tête, dévoilant mon visage. Aussitôt, le regard de Sirius s’éclaire.

- Amandine ! S’exclame-t-il d’un ton soulagé, avant de me prendre dans ses bras.

Bien que je ne devrais sans doute pas, je suis soulagée de le voir et de pouvoir le serrer contre moi. Alors je lui rends son étreinte, aussi fort que je peux. Je voudrais pouvoir me fondre en lui, ou lui en moi, et nous emmener loin d’ici. Que tout redevienne comme avant cette maudite nuit d’halloween.

- Qu’est-ce que tu fais là ? Me demande-t-il ensuite en nous séparant, mais gardant ses mains sur mes épaules.

- Je veux savoir ce qu’il s’est passé. Je veux l’entendre de ta bouche. Tout le monde dit et pense que tu es la cause de la mort de Lily et James, que tu as tué Peter et ces douze moldus. Tout le monde essaye de m’en convaincre, y compris Remus. Mais moi, je n’y croirais pas tant que tu ne m’auras pas donné ta version des faits.

Sirius soupire puis laisse tomber ses bras, avant d’aller s’asseoir sur sa couchette. Je reste à ma place, peu désireuse de faire un pas de plus dans la cellule.

- C’est de ma faute si Lily et James sont morts, lâche-t-il dans un souffle. J’aurais dû accepter d’être leur Gardien du Secret.

Je suis soulagée de l’entendre. Je sais que je ne devrais pas, mais je sens que Sirius est sincère. J’ai toujours su quand il me mentait. Aujourd’hui ne déroge pas à la règle.

- Si ce n’était pas toi, alors qui ? Qui les a vendu à Tu-Sais-Qui ?

Sirius me regarde, les yeux emplis de tristesse et de colère.

- Peter ! S’exclame-t-il. J’ai convaincu James de le prendre comme Gardien, car je me doutais que les Mangemorts se seraient tournés vers moi. Il aurait été logique que je le devienne, mais personne n’aurait pensé au faible Peter. Personne !

- Peter n’est pas un Mangemort, dis-je, Peter n’aurait jamais pu . . .

Mais je ne finis pas ma phrase. Je repense à ces derniers mois, où son absence s’est faite sentir. Aux rares fois où on le voyait et son attitude fébrile. J’avais pensé qu’il ne supportait plus ma compagnie, qu’il était gêné d’être près de moi, qui avait connu Camille plus que lui. Mais si ce n’était pas ça la cause ? Si elle était toute autre ?

Abattue par la nouvelle, je m’approche du lit et m’y laisse tomber.

- C’est pour ça que je suis sorti ce soir là, poursuit Sirius, rassuré de voir que je le crois. J’avais des doutes, alors je suis parti voir s’il était toujours en sécurité là où nous l’avions caché. Mais quand je suis arrivé, la maison était vide. Cependant il n’y avait pas de traces de lutte. J’ai pris peur, j’ai foncé à Godric’s Hollow mais . . . Il était trop tard.

Sirius laisse tomber sa tête entre ses mains, ses épaules secoués par ses pleurs. Les larmes coulant sur mes joues, je passe mes bras autour de son corps et vient me blottir contre lui.

- J’étais fou de rage en voyant la maison en ruines, continue Sirius, sa tristesse s’atténuant. J’y ai croisé Hagrid, qui récupérait Harry. Il a survécu, Amandine ! Tu y crois, toi ? Tout juste un an et il survit au plus grand mage noir qu’on ait vu depuis des siècles ! C’est incroyable ! J’ai voulu le récupérer, bien sûr. Je suis son parrain, et je l’ai dit à Hagrid, mais il ne voulait pas. Il avait des ordres de Dumbledore. Alors, je n’ai pensé qu’à Peter, qu’à ce qu’il avait fait et j’ai décidé de le poursuivre, de le punir ! J’ai laissé ma moto à Hagrid et j’ai transplané. Je savais qu’il n’y avait qu’un endroit où Peter pouvait se cacher et je l’y ai retrouvé. Il a fuit, bien entendu, mais je lui ai couru après. On a atterri dans cette rue moldue, je l’ai acculé et . . .

- Tu l’as tué, terminé-je à sa place.

- Non.

Je sursaute.

- Quoi ? Mais . . .

- Peter a été très malin sur ce coup-là. Je ne me serais pas attendu à ça de sa part, mais après tout, j’aurais dû y penser. C’est un Mangemort. Il s’est mis à crier dans la rue, avec tous les moldus autour de nous, que j’avais trahi Lily et James. Puis, il a attrapé sa baguette. Je n’ai pas réagi assez vite et il a lancé un puissant sortilège de bombardement. Je nous ai protégé avec le sort du bouclier, puis la poussière m’a entouré. J’ai quand même réussi à apercevoir Peter se trancher un doigt, abandonner sa baguette et se transformer en rat. J’imagine qu’il s’est ensuite glissé dans les égouts. Les aurors ont transplanés tout de suite après et, bien sûr, étant le seul sorcier sur place . . .

Le corps frissonnant, je m’écarte de Sirius.

- Tu veux dire que Peter est en vie ?

Il se tourne vers moi, et hoche lentement la tête, le visage déformé par la rage.

- Ce lâche s’est enfuit. Il n’a même pas été assez courageux pour endossé la responsabilité de ses actes. Non, il a préféré tout me mettre sur le dos.

Mon bonheur de revoir Sirius, le soulagement de découvrir que la vérité est presque telle que je l’imaginais, tout cela disparait bien vite. L’horreur de ce qui nous arrive est bien trop forte pour que le reste l’annihile.

- Comment a-t-il pu faire ça ? Murmuré-je, serrant mes mains entre mes cuisses. Peter est notre ami. Il est . . .

Ma voix déraille, jusqu’à s’éteindre. Je n’arrive pas à exprimer ce que je ressens. Je ne parviens pas à imaginer Peter en Mangemort et en traitre. Je revois le jeune homme souriant et plein d’entrain, celui qui a aimé Camille. Je le revois à notre mariage, à celui de James et Lily, aux naissances de Zoé et d’Harry. Comment pourrait-il être devenu celui que m’a décrit Sirius ? Et surtout pourquoi ?

- L’influence de Voldemort, lâche soudain Sirius, les dents serrées. Nous aurions dû le voir venir. Peter était trop faible pour lui échapper. Ce n’est pas pour rien qu’à Poudlard, il restait toujours avec nous. Il aime être sous la protection des gens plus forts.

Je mordille mes lèvres. Je n’avais jamais entendu Sirius parler ainsi d’un de ses amis, d’un ton aussi dur, avec autant de colère et de rancune. Mais j’imagine que ce sera toujours comme cela à partir de maintenant. Peter a commis l’irréparable.

- Qu’allons-nous faire ? Demandé-je alors. Comment puis-je t’innocenter, te sortir d’ici ? Comment convaincre Remus et tous les autres de ton innocence ?

Je me tourne vers mon mari. Il affiche un sourire en coin désabusé. Il sait déjà que c’est impossible. Moi aussi. J’ai beau retourner le problème dans tous les sens dans ma tête, il n’y a qu’un seul moyen de revenir en arrière : attraper Peter. Mais il est sous sa forme de rat depuis plusieurs jours, et il a sans doute dû quitter l’Angleterre depuis longtemps. Même moi, en tant que vampire, je ne pourrais pas le retrouver. Le cœur meurtrie, je m’accroche au bras de Sirius avec force, et pose mon front contre son épaule.

- Comment vais-je faire sans toi ? Comment supporter l’idée de te savoir enfermé ici alors que tu n’as commis aucun crime ? Comment expliquer ton absence à Zoé ?

Sirius s’arrache à mon étreinte, pour mieux me coller contre lui. Corps contre corps, je laisse ma tristesse et mon désarroi s’écouler, et mes larmes de sang viennent salir sa tenue de prisonnier. L’une de ses main vient caresser ma tête et ses doigts glissent entre mes boucles, un geste qu’il affectionne. Puis, je sursaute, lorsque deux coups sont frappés à la porte.

- Plus qu’une minute ! S’écrie le gardien depuis le couloir.

Je resserre mon étreinte. Je n’ai pas envie de partir. Je ne veux pas laisser Sirius seul ici. Je ne supporte pas cette idée.

- Amandine, écoute-moi, dit soudain Sirius d’un ton précipité et pressé par le temps, en m’écartant de lui pour me regarder droit dans les yeux. Je ne vois qu’une solution pour toi. Et pour Zoé. Vous devez quitter l’Angleterre.

Son regard est mortellement sérieux.

- Quoi ? Réponds-je, offusqué par cette idée. Non ! Certainement pas ! Pourquoi est-ce qu’on devrait partir ?

- Tu ne comprends pas ? S’impatiente-t-il. Aux yeux de tous le pays maintenant, le nom des Black est synonyme de noirceur et d’horreur, plus encore qu‘avant, beaucoup plus. Tous les sorciers du Royaume-Uni me voient comme un être immonde et sans sentiments. Et toutes les deux, vous portez mon nom ! Quelle vie vous attend dans ces conditions ? Comment Zoé pourrait-elle grandir pleinement et toi t’épanouir si sur votre passage tout le monde, y compris certains de nos amis, vous juge pour mes crimes ? Je ne te laisse pas le choix, Amandine. Tu quittes le pays.




O0o0O




Dans un claquement sec, la valise se referme. Je la verrouille puis la descends du lit, avant de la poser au pied de ce dernier. Dans la chambre à coucher, presque rien n’a changé. Je n’emporte que le nécessaire. J’achèterais le reste une fois sur place, inutile de m’encombrer de bagages superflus. Je jette un dernier regard sur la pièce, étend un drap pour protéger le lit, puis attrape la valise et la quitte, refermant derrière moi avec douceur. Dans le salon, Zoé joue avec son doudou, assise par terre. Quand elle me voit, elle se lève et me rejoint, venant s’agripper à ma jambe. Je pose ma valise à côté d’une plus petite, celle qui contient les affaires de ma fille, puis je prends Zoé dans mes bras.

- On fait le tour du propriétaire une dernière fois ? Lui demandé-je, déposant une caresse sur son petit nez du bout du doigt.

Elle ne répond pas, bien sûr, mais passe ses bras autour de mon cou pour se blottir contre mon corps. Je l’emmène alors vers sa chambre, où il ne reste que les meubles et des jouets trop encombrants pour être emmenés avec nous. Dans un coin, le cheval à bascule que lui ont offert James et Lily pour son premier anniversaire semble m’accuser du regard. Je serre la mâchoire. Je n’ai pas le choix, j’ai promis à Sirius. Je lui ai juré de partir, de quitter le pays. Et de ne jamais revenir. De commencer une nouvelle vie, pour Zoé. De rester forte pour elle.

Je fais un pas en arrière, sors de la pièce et referme derrière moi. J’emmène Zoé jusque dans la cuisine, dont les meubles sont recouverts de draps là aussi. Je caresse la table d’une main, me souvenant de tous les repas partagés, notamment ceux auquel j’ai participé pendant après ma grossesse. Ensuite, je retourne dans le salon, où la pendule sonne quatorze heures, dépose Zoé au sol, puis attrape le dernier draps pour recouvrir le canapé. Comme cela, la maison semble abandonné, sans vie. J’ai un pincement au cœur. Je n’ai pas envie de partir. Mais je le dois.

Je me retourne avec surprise, lorsque j’entends quelqu’un frapper à la porte. Sans m’intéresser d’avantage à qui peut bien me rendre visite, m’attendant un quelconque membre du Ministère, je miniaturise mes valises d’un coup de baguette, les glisse dans la poche de mon manteau, puis récupère Zoé que j’installe contre mon flanc. La personne toque une seconde fois à la porte, juste avant que je ne l’ouvre. Avec un grand étonnement, je constate que je me suis fourvoyé, et que ce n’est pas un membre du Ministère qui se trouve sur mon perron: c’est Remus.

- Salut ! S’exclame-t-il, mal à l’aise, avant d’ajouter : Oh, tu te préparais à sortir ? Je repasserai plus tard alors.

- Ce ne sera pas la peine, réponds-je en sortant de la maison et en verrouillant derrière moi.

Remus fronce des sourcils puis, embrassant la maison du regard d‘un air indécis, semble remarquer les volets fermés. Sans attendre de réponse, je le dépasse et remonte la petite allée jusqu’au portail en bois fermé. Je l’ouvre.

- Tu t’en vas ? Me demande-t-il avec hésitation.

- Oui, je vais rejoindre Lucinda et Tony en Autriche.

Un faible sourire apparait sur ses lèvres.

- Tu prends quelques jours de vacances ? C’est sans doute une bonne idée. Et tu comptes rentrer quand ?

Sa voix s’affaiblit sur les derniers mots. Le regard que je lui lance semble le convaincre qu’il se fourvoie. Je confirme ses soupçons.

- Je ne reviendrais pas, Remus. Je quitte l’Angleterre.

Il baisse la tête, mais j’ai eu le temps d’apercevoir son expression de tristesse et de douleur avant. Je me sens désolée pour lui. Je peux comprendre ce qu’il ressent en ce moment. Il a perdu tous ses amis, tout ce qui le rattache à son passé, à Poudlard. Je suis son dernier lien avec tout ça, et je m’en vais à mon tour.

- Pourquoi ? Demande-t-il. Pourquoi si brusquement ?

- Sirius me l’a demandé. Il ne veut pas que Zoé grandisse ici, avec la réputation qu’il aura dans les années à venir, et qu’il a déjà.

Remus redresse la tête vivement. Il est incrédule maintenant.

- Sirius ? S’exclame-t-il. C’est pour lui que tu fais ça ?

- Oui.

Ma réponse toute simple semble lui enlever toutes capacités de rétorquer. D’un geste, je réinstalle correctement Zoé qui glisse sur mon flanc, puis je sors de la propriété, laissant le portail se refermer en claquant derrière moi.

- Pourquoi est-ce que tu l’écoutes ? S’écrie alors Remus avec fureur en courant sur l’allée de gravillons pour me rejoindre. Toute ta vie est ici ! Tes amie, tes études, ton travail et ton avenir ! Qu’est-ce que tu fais de ton désir d’être guérisseuse ? Tu balances tout à la demande d’un traitre ?

C’est à mon tour d’être furieuse. Je me retourne vivement et fais face à Remus.

- Je t’interdis de parler de lui de cette manière ! Crié-je. Que sais-tu toi, hein ? Est-ce que tu as été le voir, l’écouter donner sa version des faits ? Non, comme tous les autres, tu t’es contenté des témoignages des moldus. Pourtant, tu es bien placé pour savoir qu’on peut habilement les tromper. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé. Tu devrais avoir honte, Remus John Lupin. Honte de parler ainsi du seul ami qu’il te reste.

Sidéré, il secoue la tête.

- J’ignore ce qu’il t’a dit, et je ne veux même pas le savoir. Mais il a été très habile, ou toi trop aveugle pour voir la vérité.

J’inspire profondément, blessée au plus profond de moi. Contrairement à ce que j’espérais, je ne quitterai pas Remus sur une bonne impression.

- Pense ce que tu veux, lâché-je alors. Ca m’est complètement égal maintenant. C’est un adieu, Remus. Nous ne nous reverrons pas. Je te souhaite une bonne continuation.

Sans attendre une réponse quelconque, je fais volte-face et blottie Zoé tout contre moi pour combattre les larmes qui me montent aux yeux. Je sens ma fille faire un signe de main vers l’arrière, à l’adresse de Remus, tout le long de la rue. Puis, je tourne à l’angle.




FIN
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