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Bloody War

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MessageSujet: Bloody War Bloody War Icon_minitimeMer 6 Jan - 12:45



Bloody War

Personnage(s) Principal(aux) : Le Trio, OC
Résumé : Suite de Love me Tonight.
Mon passé me rattrapa violemment sous la forme d'une lettre. Une simple et anodine lettre. Tout ce qu'il y a de plus banale. Mais voilà, l'expéditeur de cette lettre n'avait rien d'ordinaire. Absolument rien. Car je n'avais pas eu de nouvelles de Remus Lupin depuis mon départ précipité d'Angleterre, treize ans plus tôt.
Rating : K+
Pseudo de l'auteur : Mayra
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Fiche par Chadot pour Riddikulus
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MessageSujet: Re: Bloody War Bloody War Icon_minitimeMer 6 Jan - 12:47

Chapitre 1 : Détour par Rome

La lourde porte de bois se referme dans mon dos avec force, faisant résonner l’écho du choc dans le hall de marbre rose. Les quelques personnes présentes me lancent des regards retors, avant de retourner à leurs occupations. Je les ignore et poursuis ma route vers ma destination initiale, en haut de l’escalier à double volée qui surplombent la salle des fêtes, guère utilisée ces temps-ci. Une jeune femme blonde me lance un regard dégoûté lorsque je la croise dans les escaliers, un regard que je soutiens, avant de la dépasser. Elle atteint le hall, bien avant que je ne parvienne au premier étage. Et, évidemment, je n’entends pas ce qu’elle chuchote à ses congénères qu’elle rejoint. Mais je le devine aisément.
Soupirant, je laisse de côté ce problème insignifiant et sans solutions pour me concentrer sur la silhouette haute de Tony, accoudé à la rambarde de marbre qui surplombe le hall d’entrée. Il fusille du regard la jeune femme que j’ai croisé. Je le rejoins, tout en parcourant du regard les quelques parchemins que j’ai en main.
- Laisse tomber, lui dis-je en me postant à ses côtés. Tu sais bien que je m’en fiche de toute manière.
- Ils n’ont pas le droit de te juger ainsi, gronde-t-il, lèvres retroussées sur ses dents signe de sa colère profonde. Ils ne savent pas . . .
- Je viens de te dire que je m’en fiche, le coupé-je avec brusquerie, avant de lui tourner le dos pour m’avancer vers les doubles portes en bois.
Ces dernières sont ouvertes sur une pièce longiligne, tout aussi marbrée que le reste, mais de blanc cette fois. Un long tapis rouge et doré parcourt la salle jusqu'aux deux marches qui mènent à un siège à haut dossier en or et recouvert de satin rouge. Dans la pièce, ici et là sont éparpillés des hauts dignitaires. Les entourant, des tableaux rares, des sculptures coûteuses et des tapisseries de soies fines et éclatantes de couleurs. La salle du trône regorge de richesses que l’on attend d’une pièce où un monarque règne.
Alors que je n’ai fait que quelques pas, Tony vient me rejoindre. Il porte un pantalon en coton sombre et une chemise blanche, tout en simplicité. Les manches sont retroussés sur les coudes, dévoilant ses avant-bras musclés et quelques boutons du haut sont défaits, plaisir pour les yeux de son cou et de la naissance de sa poitrine halé, comme le prouvent les soupirs des damoiselles qui ponctuent notre passage. Mais Tony les ignore tous, peu intéressé par la gent féminine.
Nous remontons en silence, plongée que je suis dans la paperasse et peu encline à discuter. Mes pensées sont tournées vers une de mes patientes, une sorcière âgée de neuf ans qui a été mordue par une créature magique, croisement entre d’autres espèces, dont le nombre et les races sont incertaines. Et comme j’ignore quel type de venin ronge son corps, et que les parents ne veulent pas avouer qu’ils ont créé illégalement une créature, j’ai du mal à trouver le traitement adéquat. Si cela continue, elle va finir par mourir, vaincue par le venin. Exaspérée devant tant de stupidité, je soupire et passe une main nerveuse dans mes cheveux, lissant l’espace d’un instant mes boucles brunes.
Je suis tirée de mes pensées moroses lorsque Tony gronde sourdement à côté de moi. Proche de lui, je l’entends, comme tous les autres dans la pièce. Je lui lance un regard surpris, avant de constater qu’il fixe durement un couple d’une quarantaine d’année, dont les visages penchées l’un vers l’autre laissent supposer qu’ils discutaient à voix suffisamment baisse que pour leur conversation m’échappe. Mais pas aux autres.
- Tony, soupiré-je, je commence à en avoir assez de te répéter la même chose depuis des semaines. Si moi tout cela me laisse de glace, pourquoi est-ce que ça t’importunerait ?
- Parce que je sais ce qu’en pense Lucinda. Et que tous les deux, nous croyons que tu devrais un peu plus te rebeller face à leurs réactions. Ce n’est pas de ta faute !
J’esquisse un sourire amer.
- Alors nous n’avons pas la même vision des choses, mon ami.
Ma réponse semble le surprendre.
- Attends, qu’est-ce que tu veux dire par là ? Toi, tu penses que tu es fautive ?
- Disons simplement que tout aurait sans doute pu se terminer autrement, si je n’étais pas qui je suis. Mais cette histoire est du passé maintenant, et j’apprécierais de me concentrer sur le présent.
Tony ne peut me répondre. Nous avons finalement atteins les marches surplombées du trône en or et, fidèle aux traditions et à notre devoir, nous nous inclinons devant notre Reine. Cette dernière pousse alors un soupir agacé.
- Il me semblait pourtant avoir demandé à vous voir en privé.
Nous nous relevons. J’adresse un sourire d’excuse à notre Reine, installée élégamment dans son siège, une jambe par-dessus l’autre, et drapée dans une robe bleu nuit dévoilant sa jambe gauche, de la cheville à mi-cuisse. Son poing fermé soupesant sa tête coiffé d’un chignon auburn en dit assez long sur ce qu’elle pense de ces quatre heures hebdomadaires passées assise dans cette salle.
Lucinda est passée au pouvoir il y a quelques années. Sa mère a fini par se retirer, lasse des jeux politiques et a préféré profiter de son éternité avant de se mettre à le regretter. Une sage décision, que j’ai beaucoup appréciée à l’époque. Jusqu’à ce que le temps que je passe avec ma meilleure amie vienne à s’amenuiser drastiquement. Heureusement, il me reste Tony, mais ce n’est pas la même chose. Je n’entretiens pas avec lui, la même relation qu’avec Lucinda.
- Excuse-moi Lucinda, dis-je, mais l’horaire que tu voulais ne me convient pas. Je passe pendant que ma patiente dort mais je dois retourner auprès d’elle au plus vite. Pourquoi m’as-tu convoqué ?
Elle se redresse et agrippe les accoudoirs du trône. Un homme frêle aux cheveux grisonnants s’approche d’elle, dos courbé en signe de soumission et lui remet un parchemin roulé et scellé par un sceau de cuir rouge. Je fronce des sourcils en reconnaissant l’emblème du ministère de la Magie anglais.
- Mandy, tu n’es pas sans savoir que j’ai entrepris de dévoiler notre existence aux sorciers, comme ma mère a tenté de le faire il y a dix-sept ans.
- Effectivement, j’en ai entendu parler. Des rumeurs circulent dans le Palais.
- Je suis en bonne voie avec certains pays de l’Europe, et ils acceptent que je leur envoie des ambassadeurs, afin de leur expliquer notre mode de vie et qu’ils apprennent à nous connaitre. Ils veulent prendre toutes les précautions possibles et imaginables avant de nous laisser circuler librement sur leur territoire . . .
Tony rigole avec discrétion. Je souris à mon tour, amusée.
- Au vu et au su de tous les sorciers, précise Lucinda en fusillant notre ami du regard. Tony, je te déconseille de laisser entendre à quelque humain qu’il soit que nous le faisons déjà. Cela ferait tomber les discussions à l‘eau, et je ne veux pas fiche en l’air huit mois de travail laborieux.
Tony, conciliant, incline la tête mais garde son sourire amusé.
- Qu’est-ce que cela a à voir avec moi ? Demandé-je ensuite, jetant un regard sur ma montre.
- Le ministère de la Magie anglais fait partie de ceux qui acceptent qu’on leur envois des ambassadeurs. Le problème est que leur ministre est, disons, un tantinet pointilleux sur certains détails.
Je fronce des sourcils, ne comprenant pas où elle veut en venir. Elle soupire alors et déroule le parchemin qu’elle tient à la main, dévoilant cinquante centimètres de papier.
- Je te ferais grâce des conditions inhérentes aux affaires politiques et passerais directement aux parties qui te concernent. Le ministre, Mr Fugde, exige que nous envoyions un vampire anglais, transformé depuis moins de cinquante ans de préférence.
Mes mains se crispent sur mes documents de guérisseuse.
- A ma connaissance, je suis le seul membre de la Caste répondant à ces critères, dis-je entre mes dents serrés, sentant la panique m’envahir.
- Je le sais, fait Lucinda en rangeant son parchemin. Félicitation, je te nomme ambassadrice vampirique auprès du Royaume-Uni.
Je serre mon document si fort que je menace de les déchirer en deux.
- Lucinda, dis-je, je ne peux . . .
- Malheureusement, me coupe-t-elle avec autorité, je n’ai pas le choix. Si ce n’est pas toi, le ministre anglais refusera toute entente. Je comprends que tu ne souhaites plus rien avoir à faire avec l’Angleterre, mais il te faudra prendre sur toi. De toute manière, rien ne t’obligera à aller régulièrement là-bas, tu pourras gérer tout cela d’ici. Et dans le cas contraire, je place immédiatement Tony dans le corps diplomatique qui te suivra. Si jamais tu devais impérativement te rendre là-bas, il pourrait le faire en ton nom et tu n’aurais plus qu’à te trouver une excuse quelconque.
J’inspire profondément par le nez et relâche légèrement la pression que je fais subir à ma pile de parchemins. Je ne quitte pas Lucinda des yeux, me demandant jusqu’à quelle point elle pourrait m’obliger à obéir. Je devine à la détermination de son regard qu’elle irait jusqu’à m’en donner l’ordre. Et alors je ne pourrais plus rien faire pour aller à son encontre. Vaincue, je baisse les épaules et incline la tête.
- J’accepte cette fonction avec honneur, Votre Majesté.

O0o0O

Lorsque j’ouvre la porte de ma maison, aussitôt les effluves des lasagnes en train de cuir dans le four me montent au nez. En passant dans l’entrée, je jette un œil dans la cuisine vide sur ma gauche, où le four allumé précise que le plat sera prêt dans une trentaine de minutes. Puis, je traverse le salon sur ma droite, avant de pousser la porte qui mène à mon bureau. Là, je dépose mes dossiers sur le large bureau en bois, avant d’aller m’écrouler dans le siège de cuir rembourré, qui soulage les raideurs de mon dos. Je suis restée debout à piétiner pendant trop longtemps, mon corps crie grâce. Je me renverse dans le siège en soupirant, déboutonne les premiers boutons de ma robe de sorcier pour dégager mon cou, vire mes chaussures et pose les pieds sur le bureau. Je me délecte de ces quelques secondes de repos et de solitude avant que . . .
- Maman !
Avant que l’adolescente que j’ai mise au monde quatorze ans plus tôt et que je tente tant bien que mal d’élever, ne remarque que je suis rentrée. Du même coup, je commence mon second boulot, celui de mère à plein temps. Je frotte mes yeux de la paume de mes mains, vaine tentative d’éloigner la fatigue, au moment où Zoé débarque dans mon bureau, sourire aux lèvres.
- Je savais bien que je t’avais entendu rentrer. Tony est là ?
Je secoue la tête et laisse retomber mes mains. Je regarde ensuite ma fille. Elle est entrée dans l’adolescence et j’ai presque du mal à croire à présent que je l’ai porté et bercé. Elle est plus grande que moi, elle a atteint et dépassé le mètre soixante que je ne peux espérer qu’en rêve, ses cheveux, si semblables à ceux de son père lui tombe sur les épaules et les yeux dont elle a hérité de moi sont cerclés de noir, bien que je m’évertue à l’interdire de se maquiller. L’adolescence commence à effacer les rondeurs de l’enfance, ses hanches et sa poitrine se développent, et je ne peux plus ignorer certains regards masculins sur mon bébé. Je me dois d’accepter qu’elle grandit, et plus vite que je ne l’aurais voulu.
- Ça ne va pas ?
Zoé fronce des sourcils. M’interrogeant sur ce qui peut bien l’inquiéter chez moi, je fais pivoter légèrement mon siège pour me regarder dans le seul miroir de la pièce, posée sur mon bureau. Je suis pâle et j’ai les yeux cernés. Normal que ma fille s’enquière de ma santé.
- Je suis fatiguée et j‘ai faim, c’est tout, m’empressé-je de la rassurer en me levant de mon siège. J’irais chasser avec Tony tout à l’heure. J’ai vu que tu as préparé ton dîner.
Je la rejoins sur le pas de la porte et passe une main câline dans ses cheveux, levant la tête pour regarder son visage. Ses yeux ne se déparent pas de cette lueur inquiète.
- Maman, tu n’as pas besoin de faire semblant devant moi. Je comprends ce qu’il t’arrive. Inutile d’essayer d’être plus forte que tu ne l’es réellement.
Je laisse tomber ma main et secoue la tête.
- Zoé, je te dis que tout va bien. C’est juste le travail qui m’a fatiguée.
- La petite Alessandra ? Demande-t-elle en m’emboîtant le pas, alors que je passe dans le salon. Ses parents ne veulent toujours rien dire ?
Rien d’étonnant à ce que Zoé en sache autant. Tous les soirs, je raconte ma journée passée à la clinique sorcière à ma famille - dont Tony fait partie, depuis que nous avons emménagés ensemble lors de notre exil en Italie, il y a neuf ans. Il ne supportait plus de vivre seul, et trouvait l’idée bien sympa d’emménager avec nous. L’idée d’une présence masculine me rassurait, j’ai accepté.
- Au contraire, réponds-je en enlevant ma robe de guérisseuse, dévoilant un short et un tee-shirt léger, bien agréable en ce mois d’août étouffant. Ils ont fini par cracher le morceau. Maintenant, il faut que je créée un antidote pour la petite dans les plus brefs délais, où elle meurt. Mais ils ont mélangés tellement d’espèces que . . .
Je ne termine pas ma phrase, me contentant de soupirer.
- Je vais sans doute passer ma nuit à travailler dessus, repris-je en me tournant vers Zoé. Je sais que nous devions aller au cinéma, mais je ne pourrais pas me sortir Alessandra de l’esprit si c’est le cas.
Zoé perd son air inquiet pour faire une moue déçue. Ce n’est pas souvent que j’annule nos plans, mais à chaque fois que je le fais, j’ai l’impression que c’est un terrible drame pour elle. Aurais-je réagis de la même manière à son âge, si j’avais eu mes parents ?
- Pour une fois qu’on pouvait faire un truc toutes les deux ensemble, râle-t-elle. Tant pis, je traînerais Tony avec moi. Il est hors de question que je rate ce film.
Sur ces mots, elle quitte le salon, me laissant seule alors que je me dirige vers la table basse, où Zoé a déposé le courrier arrivée dans la journée. Deux factures moldues et une enveloppe de parchemin. Je fronce des sourcils, intriguée. Je reçois rarement du courrier sorcier, seulement pour les affaires administratives. Je retourne l’enveloppe pour voir qui est l’expéditeur, mais il n’y a rien d’écrit, alors je la décachette et déplie le parchemin qui se trouve à l’intérieur. Mon cœur fait un bond, quand je reconnais l’écriture de l’expéditeur, puis mon sang se glace. En quel honneur Remus Lupin, dont je n’ai pas eu de nouvelles depuis mon départ d’Angleterre treize ans plus tôt, m’écrirait-il ?

Chère Mandy,
J’ignore si je peux commencer cette lettre ainsi. Ai-je encore le droit de dire « chère » ? Nous n’avons pas eu de contacts depuis notre dernière rencontre, et celle-ci s’est plutôt mal terminée, n’est-ce pas ? Te dire que je n’ai pas regretté de ne pas t’avoir écouté ce jour-là serait un mensonge. Il m’en a fallut du temps, des années, pour m’avouer que j’aurais au moins pu te laisser une chance de t’expliquer, de me dire ce que t’avais raconté Sirius. Et quand je l’ai fait, je n’ai même pas eu le courage de t’écrire. Pourquoi faire ? ai-je pensé. Pourquoi t’envoyer une lettre, dix ans plus tard, pour te dire que je regrette ? Cela n’aurait rien changé, et c’était plus simple de poursuivre ma vie sur la route qu’elle avait prise. Mais, alors, dois-tu te demander, alors pourquoi est-ce que je t’écris maintenant ?
Bien des choses ont changés, ici en Angleterre. Mais je pense que je vais commencer par le commencement. Je passerai sous silence les douze années de galère pour trouver un travail et un toit potable sous lequel vivre, et sauterai directement à l‘année dernière. J’ignore si tu reçois des nouvelles de ton pays d’origine, aussi, j’ignore si ce que je vais t’apprendre te surprendra ou non : Sirius s’est échappé d’Azkaban au début du mois d’août, il y a un an. Tu imagines la panique que cela a engendrée dans le pays, tous persuadés qu’il était un grand criminel, le bras droit de Voldemort. Quelques jours plus tard, le professeur Dumbledore est venu me trouver, me proposant le poste de professeur de défense contre les forces du Mal. Il voulait que je sois présent à Poudlard, pour veiller sur Harry. Le fils de James et Lily était en danger, pensions-nous car, dans sa cellule, Sirius ne cessait de répéter « Il est à Poudlard ». Nous pensions qu’il était fou et que dans son esprit dérangé, tuer Harry reviendrait à faire ressusciter son maître.

Arrivée à cet endroit de ma lecture, j’ignore si je dois poursuivre. J’ai l’impression que toutes ces années me rattrapent. J’ai mal à la tête, les souvenirs de cette vie passée m’envahissent, elles déferlent à flots, submergeant ma raison. Je me laisse tomber à genoux sur le sol, le parchemin dans mes mains tremblantes. Durant treize années, je me suis efforcée d’oublier mes amis et mes relations passées, de faire comme si tout cela s’était passé dans une autre vie. J’y ai été obligée, pour mon bien, pour ma raison, pour ne pas devenir folle, et aussi pour élever Zoé comme il le fallait, sans lui imposer les fantômes encombrants de mon passé chaotique. Je devais effacer tout ça, et j’y suis parvenue. Mais aujourd’hui, l’univers tout entier semble vouloir me rappeler d’où je viens, et qui je suis réellement. Haletante, je repose mon regard sur le parchemin. Je veux savoir la suite. Je veux savoir pourquoi Remus parle au passé sur ses sentiments envers Sirius.

J’ai pris mon poste le traditionnel premier septembre, et j’ai rencontré Harry pour la première fois depuis la mort de ses parents. Tu le verrais, Mandy, c’est le portrait craché de James. Pendant un bref instant, quand je l’ai vu, j’ai cru qu’il était son père. Mais ses yeux m’ont ramenés à la réalité. Il a les yeux de Lily. Si je me souviens bien, tu ne cessais de répéter qu’il devrait les avoir, parce que tu les trouvais magnifique. Ton vœu est exaucé. Je ne lui ai bien sûr, rien dit sur qui j’étais ou, aurait pu être pour lui. Je ne voulais pas avoir à expliquer mon absence dans sa vie. En tant que dernier ami de ses parents, il aurait peut-être trouvé normal que je m’inquiète de lui, mais je n’ai jamais eu le courage d‘aller dans sa direction. Pas alors qu’il ne pouvait plus compter sur tout ceux qui aurait dû prendre soin de lui. Je pensais que je n’aurais rien été à ses yeux. Mais j’aime à penser différemment à présent.
Durant l’année, il est apparu que Harry est semblable à James, bien plus que physiquement. Il a ce fichu don pour se mettre dans les ennuis .Et il a hérité de l’intelligence de ses parents. Comment en aurait-il pu être autrement d’ailleurs ? Je me suis un peu rapproché de lui au cours de cours particuliers durant lesquels je lui apprenais le sortilège du Patronus. Le pauvre revoit les horreurs du 31 octobre en leur présence. J’ai pensé qu’il devait savoir se protéger un minimum, et il a dépassé toutes mes espérances. A à peine quatorze ans, il est capable de lancer un patronus corporel, exploit que peu d’adultes peuvent se targuer de reproduire. Il est étonnant et, étrangement, je me suis sentie fier de lui. Je pense m’être un peu trop attaché à Harry.
Mais, j’arrête de parler de lui, même s’il me mène au sujet principal de ma lettre. Donc, j’ai enseigné à Poudlard toute cette année pour garder un œil sur lui et le protéger de Sirius. Ce dernier d’ailleurs, s’est introduit deux fois dans l’école à l’insu de tous. Je savais comment, bien sûr, car il utilisait les mêmes techniques que de notre temps à Poudlard, celles que nous utilisions pour sortir en douce du château. Celles que James, Sirius et Peter utilisaient pour me rejoindre les soirs de pleine lune. Je n’en ai pas parlé à Dumbledore. Je ne voulais pas qu’il sache que j’avais trahi sa confiance. Puis, tout s’est accéléré au mois de juin, quand Harry et deux de ses amis se sont retrouvés face à Sirius. Comme je le surveillais, je me suis rendu compte immédiatement de ce qu’il se passait et les ai suivi. Je me suis retrouvé face à mon vieil ami pour la première fois depuis des années. Mais . . .
Je n’arrive pas à me souvenir si nous t’avons déjà parlé de la carte du Maraudeur. Si ce n’est pas le cas, je t’apprendrai qu’à Poudlard, tous les quatre avons inventé une carte interactif du château et du parc qui permet de voir où se trouvent les gens en temps et en heure et qui n’est abusé par aucune cape d’invisibilité, ni sortilèges, pas mêmes les animagus. Alors, maintenant, imagine ma surprise lorsque, en la regardant ce soir de moi de juin, j’ai constaté que Sirius, Harry et ses deux amis n’étaient pas seuls. Car, la carte indiquait que Peter les accompagnait.
Sans attendre, je me suis précipité à leur suite, voulant en avoir le cœur net. Et quand je suis arrivé, ils étaient là tous les quatre, et le meilleur ami d’Harry, Ron, tenait un rat dans ses mains. Qui ressemblait étrangement à Queudver. Et qu’il possédait depuis douze ans. Tu arrives à imaginer ça ? Peter était sous le nez de l’Angleterre toute entière pendant toutes ces années. Juste sous une autre forme. C’est ça qui m’a convaincu de laisser Sirius raconter son histoire. Celle que tu as entendue ce jour-là, quand tu lui as rendu visite à Azkaban. Celle que je n’ai pas voulu t’entendre me raconter. A présent, je connais la vérité, et Harry aussi. Surtout Harry. Malheureusement, alors que nous allions délivrer Peter aux autorités et innocenter Sirius, j’ai oublié un détail important : c’était un soir de pleine lune. Par ma faute, Peter s’est échappé et Sirius, bien que libre, continue à fuir.
Je sais qu’il m’en a fallu du temps pour t’écrire cette lettre, presque deux mois, mais je ne savais pas par où commencer, si j’avais le droit de te contacter, ou si tu avais envie de le savoir. Je me suis finalement quand même décidé, comme tu peux le constater. J’espère que ma lettre te . . . Enfin, je ne sais pas ce que j’espère exactement. Que tu ailles bien sans doute, ainsi que Zoé. Et c’est sans doute le principal. Je ne peux rien espérer d’autre. Je ne sais pas comment tu vas prendre les dernières nouvelles.
Si tu le peux, et le veux, je voudrais que tu me tiennes au courant de tes décisions. Peut-être pourrions-nous commencer une correspondance ? J’avoue avoir envie de te revoir, tu me manques. Je regrette ton départ précipité pour l’Autriche, je regrette de ne pas avoir vu Zoé grandir. Pourras-tu revenir en Angleterre, ne serait-ce que pour quelques jours ? J’imagine que j’en demande trop, que je suis gourmand, après la façon dont je t’ai traité. Mais, retrouver Sirius, savoir qu’il est finalement innocent, avoir rencontré Harry, tout cela me ramène en arrière et je me mets à espérer. Un peu trop peut-être.
Dans l’attente d’une réponse de ta part, je t’embrasse,
Ton ami (si je peux de nouveau me considérer ainsi), Remus J. Lupin.

- Maman ?
La lettre serrée contre mes lèvres tremblantes laissant échapper des sanglots, mes yeux se vidant de larmes de sang que viennent imbiber le parchemin, je me tourne vers Zoé. Dans l’embrasure de la porte, elle me regarde avec effarement, Tony à côté d’elle.
- Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Demande-t-elle.
Je ne peux pas répondre. Trop de sensations et de sentiments se bousculent en moi. Incompréhension, bonheur, espoir, incrédulité, colère, peur. Je voudrais tout casser autour de moi et sauter de joie en même temps. Mais je ne peux que rester prostrée à terre, tremblante, en serrant cette lettre contre moi. De tous ces mots, de toutes ces informations, je n’en ai retenu qu’une seule : mon mari est libre.
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MessageSujet: Re: Bloody War Bloody War Icon_minitimeJeu 4 Fév - 8:54

Chapitre 2 : Retour à Privet Drive

Le soleil radieux de ce mois d’août scintille dans le ciel anglais, à peine traversé par quelques nuages blancs et cotonneux. L’air est doux et une brise fraîche souffle à travers les arbres du parc de Privet Drive. Allongé dans l’herbe près du bac à sable, et caché par un buisson, les mains sous la tête, Harry Potter, adolescent de quinze ans passé, les yeux fermés, profite du calme et de la sérénité du lieu. Il en profite, car il sait que cela ne durera pas. En rentrant de son année à l’école de magie Poudlard, il a découvert que son gros cousin Dudley s’amusait pendant son temps libre à effrayer les enfants du quartier avec sa bande de copains. Pas toujours, mais suffisamment pour que les gosses du coin tremblent d’appréhensions lorsqu’ils sortent jouer avec leurs amis. Et aujourd’hui, Dudley est sorti bien avant midi. Harry a reconnu le signe qu’il va passer sa journée dehors et, par conséquent, finir par terroriser un pauvre gosse.
Un moineau passe au dessus de sa tête en pépiant. Harry le suit du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse de sa vue. Ce n’est pas la première fois qu’il vient s’allonger dans le parc. Il le fait tous les jours depuis le début des vacances. Il ne supporte pas de rester enfermé chez son oncle et sa tante exécrables, les Dursley. Il préfère le grand air et laisser ses pensées vagabonder. Et d’un autre côté, c’est aussi une manière de rester vigilant. Allongé là, au calme, il est attentif à tout bruit suspect. Il est sur ses gardes. Rien de plus normal, à présent que Lord Voldemort a été ressuscité. Harry l’a vu, il était là au premier rang, lorsque la silhouette squelettique est sortie du chaudron en juin dernier. Il a assisté à tout, à son retour, au regroupement de ses Mangemorts. Et à la mort de Cédric Diggory, camarade d’école, tué par Queudver parce qu’il s’était trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment.
Inspirant profondément pour chasser la tristesse qui s’empare à nouveau de son cœur alors qu‘il repense à Cédric, Harry ferme les yeux et chasse de son esprit les images du corps qui tombe. Il s’est juré d’arrêter d’y penser, de passer à autre chose. Il l’a aussi promis à ses amis, Ron et Hermione. A travers les lettres qu’il leur a envoyées pendant le mois de juillet, ils ont bien compris son état d’esprit. A force de rabâchage, ils l’ont convaincu que la mort de Cédric n’était pas de sa faute et qu’il devait arrêter de se molester pour ça. Et ils n’ont pas été les seuls à le lui dire. Son parrain, Sirius, ancien détenu d’Azkaban en cavale, lui a aussi écrit à de nombreuses reprises pour lui assurer qu’il n’aurait rien pu faire pour Cédric. Il n’était qu’un adolescent d’une quinzaine d’années pris par surprise, comment aurait-il pu tenir tête à un aussi puissant sorcier que Voldemort ? C’est déjà bienheureux qu’il s’en soit sorti vivant lui-même.
Des voix s’approchant, Harry sort de ses pensées. Il reste à fixer le ciel et les nuages, mais tend l’oreille. Ce sont les voix de deux garçons, assez jeunes. Sans doute viennent-ils s’amuser dans le parc. Harry reconnaît le son que fait le portail en fer qui grince quand on l’ouvre, et les deux garçons pénètrent dans le parc. Ils continuent à discuter, inconscient de la présence du jeune homme. Harry, laissant les deux enfants à leurs jeux qu’ils entament, ferme de nouveau les yeux. Sans s’en rendre compte, il finit par s’assoupir. Rien d’étonnant à cela, puisque ses nuits sont ponctuées de cauchemar liés au retour de Voldemort.
Ce n’est que quelques heures plus tard qu’Harry s’éveille, dérangé par des voix fortes. Un peu groggy, il se frotte les yeux, avant de reconnaître la voix de son cousin. Se rappelant la présence des deux garçons qu’il a entendu avant de s’endormir, il se redresse pour jeter un œil par-dessus le buisson qui le cache à la vue des autres. C’est comme il l’avait pressenti : Dudley et sa bande sont tombés sur les deux enfants. Ils ne sont sans doute pas là depuis très longtemps puisqu’ils se contentent de se moquer d’eux de loin. Soupirant, Harry se lève, époussetant les genoux et le fessier de son jean trop large pour lui, en constatant que la nuit tombe. Puisqu’il n’est pas rentré avant le dîner, les Dursley vont lui tomber dessus. Harry grimace déjà à l’idée de son oncle lui postillonnant des remontrances à la figure. Heureusement, il ne rentre pas après Dudley, ce serait pire dans ce cas.
- Hey regarde, Dud, celui-là on dirait une poupée de gonzesse avec ses petites boucles !
Harry jette un œil sur la scène, alors qu’il sort de derrière son buisson, devenu cachette avec la tombée du jour. Ni Dudley, ni les autres n’ont encore remarqué sa présence. Harry devine que c’est le meilleur moment pour intervenir, histoire d’éviter un traumatisme à deux enfants de plus. Son cousin et sa bande font à présent face à leurs victimes. Le plus grand des deux, celui avec les bouclettes brunes, protège l’autre de son corps avec vaillance. L’un des copains de Dudley se penche, attrape une mèche de cheveux et tire dessus, sans lui faire de mal, se contentant de regarder l’effet ressort occasionné. Puis, le groupe éclate d’un rire moqueur.
- On dirait une nana, ce môme ! S’exclame Dudley.
Le môme en question serre les poings de fureur, sans baisser la tête, regardant toujours les adolescents dans les yeux. Harry fait quelques pas vers eux, regardant la scène. Il trouve que le gamin ne manque pas de courage. D’autres se seraient déjà enfuis, ou se seraient mis à sangloter. Exactement ce que fait son copain, un blondinet, caché dans son dos.
- Laissez-les tranquille, fait brusquement Harry en sortant de l’ombre, faisant sursauter tout le monde. Tu ne crois pas que tu as assez traumatisé de mômes comme ça, Dudley ?
Le groupe se tourne vers lui. Dudley serre les dents en avisant la présence de son cousin, et la main qu’il cache dans sa poche où, il le sait, Harry range sa baguette magique.
- Je fais ce que je veux, répond tout de même Dudley. Occupe-toi de tes affaires, Potter, ou tu pourrais être le suivant.
La main d’Harry se resserre sur sa baguette. La tentation est grande de lancer un mauvais sort à son crétin de cousin, mais la sentence qui pourrait en découler n’en vaut certainement pas la peine. Alors, il relâche un peu son étreinte.
- Franchement, tu crois me faire peur, Dudley ? J’en ai affronté des plus coriaces que toi.
A la réponse d’Harry, les potes de Dudley échangent des œillades. Aux yeux du voisinage, il étudie dans un établissement public, réservé aux délinquants. Alors les amis de Dudley craignent sans doute qu’il ait appris là-bas, des choses dont ils ne veulent pas être les victimes. Et son cousin ne peut rien dire, car ce serait avouer que les Dursley mentent sur l’établissement où Harry fait sa scolarité.
- Allez, Dud, laisse tomber, dit l’un de ses amis en lui tapotant l’épaule. Ce ne sont que des crétins de gamins. Allons plutôt rejoindre les filles au skate-parc, elles ont prévus de la bière.
Dudley acquiesce d’un signe de tête, à moitié soulagé de ne pas avoir à affronter son cousin. Le groupe fait demi-tour et quitte le parc sans plus s’intéresser aux deux garçons. Harry retire sa main de sa poche, toutes menaces à présent écartées.
- Merci, dit soudain le garçon brun. Je ne savais pas trop quoi faire contre eux.
Harry le regarde puis hausse des épaules. Il ne pouvait pas rester là à les regarder se faire martyriser sans rien faire. Ce n’est pas dans sa nature. Son regard glisse sur le second garçon, le blond, et il sourcille en remarquant le regard émerveillé dont il le couvre. Harry se sent soudain très mal à l’aise. Pourquoi il le regarde comme ça ? Il n’a fait que les empêcher de se faire chahuter par une bande d’imbéciles.
- Ça va, il y a pas de quoi. Faites gaffe la prochaine fois.
Sur ces mots, Harry se retourne et s’apprête à quitter le parc à son tour. Mais la seule voix qu’il n’a pas encore entendu s’élève alors, le stoppant.
- Tu es . . . Harry Potter ?
Fronçant des sourcils, Harry se retourne et regarde le petit garçon d’un peu plus près. Il est sûr de ne pas le connaître. Pourquoi l’inverse n’est-il pas valable ? Loin de ses pensées, le garçon brun regarde son ami avec étonnement, avant que les deux ne plantent leurs regards sur le front d’Harry. Le malaise du jeune homme augmente, comprenant à présent.
- Vous êtes des sorciers ? demande-t-il, tout en vérifiant qu’ils sont toujours seuls et que personne ne peut les entendre.
Ils acquiescent. Harry les regarde d’encore plus près, tentant de détailler leurs visages malgré la pénombre du parc.
- Je ne savais pas qu’il y en avait dans le quartier. Vous n’êtes pas à Poudlard ?
Le blond secoue la tête.
- Je n’ai pas encore l’âge, dit-il. Mais Cameron, il rentre en troisième année en septembre.
Harry se tourne vers le brun, qui hoche la tête.
- Ce sera la première fois que j’irais, précise-t-il. J’ai étudié dans une autre école avant, mais on va bientôt emménager en Angleterre. On est venu rendre visite aux parents de Clay, maman est une vieille amie.
- C’est pas le bon moment pour venir vivre ici, souffle Harry.
Cameron incline légèrement la tête sur le côté, l’air interrogateur.
- Ah bon, pourquoi ?
Harry fronce des sourcils.
- Tu n’es pas au courant ? Fait-il d’une voix plus forte. Un puissant mage noir est de retour. Ca ne va pas être très . . . Enfin, personne ne va être en sécurité. Notamment ceux qui ne sont pas de sang-pur.
Cameront er Clay échangent un regard surpris. Harry comprend qu’ils ne sont pas au courant. Sans doute sont-ils trop jeunes d’après leurs parents pour le savoir. Comme Harry ne reçoit pas beaucoup de nouvelles du monde sorcier, à part par l’intermédiaire des lettres de ses amis qui n’ont pas beaucoup abordé le sujet, il ne peut que deviner ce qu’il s’y passe. Et du coup, il s’interroge. Voldemort a-t-il commencé à frapper ? A-t-il repris sa tâche, là où elle s’était arrêtée, quatorze ans plus tôt ?
- Oubliez ce que je viens de dire, dit finalement Harry. Il est tard, vous devriez peut-être rentrer chez vous. Cameron, j’imagine qu’on se verra à Poudlard. Au revoir.
Puis, Harry sort du parc, laissant les deux garçons. Il s’interroge toujours sur les agissements de Voldemort, et trouve soudain étrange que personne ne lui ait parlé de rien. Pourquoi Sirius n’en a-t-il pas fait mention, pas même une fois ? Pourquoi Ron et Hermione n’ont-ils pas soulignés l’étrangeté du silence du mage noir ? Troublé, Harry finit par rentrer chez les Dursley. Dans le salon, Pétunia et Vernon regardent la télévision, une émission quelconque. Ils ne lui jettent même pas un œil lorsqu’il passe devant la porte, ce qui l’arrange, il évite ainsi la remontrance ; et dans la cuisine, Harry constate qu’une seule assiette attend son propriétaire, celle de Dudley. Peu touché par ce manque de considération, Harry ouvre le frigo, chipe quelques fruits, monte dans sa chambre et s‘y enferme. Hedwige dans sa cage, hulule. Harry l’ouvre et la laisse sortir par la fenêtre pour qu’elle aille se dégourdir les ailes et chasser. Puis, il s’assied sur son lit, croquant dans une pomme, son esprit tourné vers la même chose depuis son départ du parc.
Finalement décidé, il nettoie les reste de son repas, récupère de quoi envoyer des lettres, puis en rédige trois, courtes et concises, pour demander des nouvelles de ce qu’il se passe dans le monde sorcier, à Ron, Hermione et Sirius. Cela fait, il les dépose sur le bureau, en attendant le retour d’Hedwige. Il espère avoir des nouvelles d’eux assez rapidement.

O0o0O

Le lendemain matin, Harry est réveillé par un tapotement incessant qui résonne dans la chambre. S’asseyant dans son lit, il attrape sa paire de lunette posée sur la table de chevet et tourne son regard vers la fenêtre. Un hibou aux couleurs chatoyants y tape du bec. Harry repousse ses couvertures et sort du lit pour aller ouvrir la fenêtre. L’animal s’engouffre brusquement dans la pièce, lâche une lettre sur son lit et ressort aussi vite qu’il est entré. Un peu surpris, Harry récupère la missive sur ses draps et décachette le tout.

Salut Harry !
J’espère que tout se passe bien chez tes moldus. Je t'écris pour te dire que maman voudrais que tu viennes passer la fin de tes vacances à la maison. Hermione sera là aussi. On viendra te chercher demain, à treize heures, si ça te va. Et rassure tes moldus, on n’utilisera pas la cheminée cette fois-ci. Papa trouve qu’un désastre a suffit. On prendra le magicobus. Donne-moi ta réponse au plus vite !
A bientôt, Ron.
P.S. : J’ai dû aller chercher un hibou postal, Errol est malade et Percy refuse de me prêter le sien.

Le cœur d’Harry tressaute de joie en pensant que les fausses vacances vont se terminer pour laisser place aux vraies. Passer trois semaines au Terrier, c’est ce qui pouvait lui arriver de mieux. La lettre toujours en main, il glisse un œil sur les missives rédigées la veille. Du coup, il n’a plus besoin de demander quoi que ce soit à Ron ou Hermione, il aura ses réponses très vite. Mais Sirius pourra toujours lui donner des informations et lui faire part de ses suppositions.
Harry attrape une plume et griffonne quelques mots au dos de la lettre de Ron pour lui signifier son accord. Hedwige rentre de sa chasse à ce moment-là, mais il décide de la laisser se reposer avant de l’envoyer jusqu’au village où vivent les Weasley. Il quitte ensuite sa chambre et descend dans la cuisine pour y prendre son petit-déjeuner. Les Dursley sont déjà attablés, et Harry se glisse sur sa place, devant son assiette dont les portions sont réduites de moitié par rapport aux autres. Dudley suit toujours son régime, malheureusement. Même si une fois dehors, ses amis lui apportent de quoi supporter ce calvaire, il reste toujours invivable une fois dans la maison.
- Le père de mon ami, Ron, viendra me chercher demain, fait soudain Harry, sans autre préambule, pour annoncer la nouvelle de son départ imminent. Ils m’ont invité à passer la fin des vacances chez eux.
Il voit la moustache de l’oncle Vernon tressauter, le souvenir de l’état de son salon l’année précédente après la visite des Weasley, sans doute encore gravée dans son esprit. Harry s’empresse de rassurer tout le monde, peu désireux d’être la cause de nouvelles remontrances.
- Nous irons en bus, précise-t-il. Ils viendront me chercher à treize heures.
La tente Pétunia pince des lèvres puis acquiesce d’un signe de tête. Ce n’est pas elle qui va l’empêcher de partir avec trois semaines d’avances, ni l’oncle Vernon qui disparaît derrière son journal en signe d‘approbation.
Une fois son maigre petit-déjeuner avalé, Harry quitte la cuisine et retourne dans sa chambre. Comme le temps n’est pas au beau fixe, il décide de rester à l’intérieur et d’avancer dans ses devoirs de vacances. Ses devoirs de Métamorphose et de Sortilège étant déjà terminés, il s’attaque à contrecœur aux Potion. Penser à cette matière lui rappelle immédiatement son détestable professeur. Harry peut presque sentir son regard froid et haineux sur lui, même s’il n’est pas là. Et il redoute une nouvelle année à subir les remontrances exagérés et les insultes sous-entendu (ou pas) de Rogue. Avec un peu d’espoir, Harry pense que peut-être . . .
Il se souvient de ce que Dumbledore a dit, à la fin de l’année précédente, après le Tournoi des Trois Sorciers. Il a chargé Rogue de faire quelque chose. Une chose qu’Harry pense être très dangereuse. Il imagine que le directeur a envoyé Rogue auprès de Voldemort, comme s’il lui jurait de nouveau loyauté, pour mieux espionner de l’intérieur. Mais Harry craint que Rogue ne joue pas autant le double-jeu que Dumbledore espère. Il est trop mauvais pour ça. Et Harry se met à penser que, peut-être, l’un ou l’autre camp a décidé que Rogue n’est plus nécessaire.
Harry se secoue la tête, blessé en lui-même par ses propres pensés. Rogue a beau être le plus détestable d’entre tous, ce n’est pas une raison valable pour souhaiter sa mort. Après tout, il peut avoir aussi des qualités. Tout au fond de lui-même. Très bien caché. Dans un coffre verrouillé par des dizaines de sorts. Lui-même enfermé derrière une porte à quadruple tour.
Sans plus penser à son professeur de Potion, Harry se concentre sur son devoir. Malheureusement, il ne peut que se servir de ses livres de cours comme support, et il en vient à regretter la majestueuse bibliothèque de Poudlard. Et encore plus Hermione, et son savoir intarissable. Il faudra qu’il songe à lui demander un coup de main, une fois au Terrier, pour étoffer ses devoirs. La cinquième année sera celle des BUSE’s, et pas le moment de se relâcher. Autant commencer l’année avec un bon départ et des notes corrects.
La matinée passe tranquillement pour Harry. Il ne sort pas de sa chambre et tend quelquefois l’oreille, lorsqu’il entend sa tante nettoyer de fond en comble le rez-de-chaussée. Il se souvient alors qu’elle doit recevoir la visite d’amies, et qu’il est prié d’aller voir ailleurs s’il y est toute l’après-midi. Harry jette un œil sur le ciel à travers la fenêtre. Les nuages laissent peu à peu place à un ciel bleu. Il pourra sans doute retourner au parc. Il termine son devoir de Potion à l’heure du déjeuner, redescend à la cuisine se faire un sandwich sous l’œil scrutateur de Pétunia pour vérifier qu’il ne salit rien alors qu’elle vient de tout nettoyer, puis quitte la maison. Il dévore son déjeuner, tout en flânant dans les rues de Privet Drive, avant de bifurquer vers Magnolia Crescent. Perdu dans ses pensés, il ne remarque pas tout de suite la présence de la vieille Mme Figg dans le jardin de sa maison et parlant à un de ses chats. Au dernier moment cependant, il la voit et la salut poliment, non sans penser que sa folie ne va pas en s’améliorant. Il jette un regard sur le chat auquel elle parle, fait deux pas de plus puis . . . S’arrête au milieu du trottoir. Deux petites minutes . . .
Brusquement, Harry se retourne et regarde plus intensément le chat qui lui rend son regard. Cette fourrure tigrée et ces marques de lunettes autour des yeux, il les a déjà vues quelque part . . . Harry en est quasi certain, c’est la forme animagus du professeur McGonagall ! Et la directrice adjointe de Poudlard ne semble pas surprise outre mesure qu’une vieille femme moldue lui parle ainsi ! Suspicieux, Harry regarde ensuite Mme Figg, fronçant des sourcils. Et si ce n’était pas un hasard ? Mais Harry ne s’interroge pas plus longtemps, lorsqu’il sent le regard inquisiteur du chat sur sa personne. Le professeur McGonagall semble lui donner l’ordre de poursuivre sa route sans faire de remarque. Harry hésite un instant, vérifie une dernière fois qu’il ne s’est pas trompé sur l’identité du chat, puis obéit à l’ordre silencieux. Lorsqu’il quitte la rue, il termine son sandwich et s’assied sur le premier banc qu’il trouve, l’esprit tourneboulé. Qu’est-ce que le professeur McGonagall pourrait bien faire là ? Pourquoi est-ce qu’elle resterait là à écouter les délires de la vieille Mme Figg ?
Un souvenir transperce alors les souvenirs brumeux d’Harry. Lors de la nuit qui a suivi la renaissance de Voldemort, il se souvient que Dumbledore a demandé à Sirius de contacter les anciens. Anciens quoi, cela reste un mystère, mais parmi la liste donnée, le nom d’Arabella Figg était apparu. Et, si les souvenirs d’Harry ne sont pas trop mauvais, le prénom de la vieille dame est Arabella. Est-ce que cela signifie qu’elle n’est pas du tout moldue, mais une sorcière, proche de Dumbledore qui plus est ? Mais si c’est le cas, pourquoi vit-elle ici, aussi près de lui, Harry Potter ? Et si Dumbledore avait placé Mme Figg là, par précaution ? Harry verrait très bien le professeur agir ainsi, pour le protéger. Après tout à l’époque où il avait été déposé sur le perron de la maison de son oncle et de sa tante, des Mangemorts courraient encore. Dumbledore aurait pu demander à Mme Figg de veiller sur lui de loin, juste au cas où. Et elle aurait gardé son rôle pendant quatorze ans. Cependant, cela n’explique pas la présence du professeur McGonagall à Magnolia Crescent. Que vient-elle faire ici ?
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MessageSujet: Re: Bloody War Bloody War Icon_minitimeMer 2 Mar - 20:43

Chapitre 3 : L’Ordre du Phénix

Sa valise dans une main et l’autre sur la poignée de la porte de sa chambre, Harry jette un dernier coup d’œil circulaire sur la pièce pour vérifier qu’il n’a rien oublié derrière lui. En bas des escaliers, il entend Hedwige hululer doucement, comme pour l’appeler. Sûr d’avoir tout embarqué, Harry referme la porte et descend au rez-de-chaussée. A travers la porte du salon, il voit son oncle Vernon assis dans le canapé, les yeux rivés sur le mur d’en face, et sa tante pétunia, près de la fenêtre, le regard rivé sur la rue. Tous attendent l’arrivée imminente de Mr Weasley.
Harry dépose sa valise près de la cage de sa chouette et s’approche du salon. Il n’a pas vraiment adressé beaucoup la parole aux Dursley pendant les vacances, se contentant d’un minimum de politesse. Il était trop plongé dans ses pensés pour leur accorder une attention qu’eux-mêmes ne lui donnaient pas. Du coup, il se demandait si c’était bien la peine de leur dire au revoir ou si s’en aller sans rien dire était optionnel.
Soudain, un bruit de pétarade retentit dans le silence de Privet Drive, faisant sursauter Harry, qui reconnaît là le bruit caractéristique du magicobus. Curieux, il s’approche de la fenêtre du salon à son tour et regarde dehors. Le bus à impériale violet s’arrête dans la rue, en face du numéro quatre. En descende aussitôt, avec le teint verdâtre, Ron et son père, ainsi que, étrangement, Lupin. A côté de lui, la tante Pétunia sursaute.
- Qu’est-ce que . . . ! S’exclame-t-elle avant de s’éloigner précipitamment de la fenêtre.
Alerté, Vernon se lève du sofa et la rejoint.
- Ils sont sortis de nulle part ! S’écrie-t-elle. Ils sont apparus, comme ça ! Et si les voisins les avaient vus ?
Harry se souvient qu’à ce moment-là que les moldus ne peuvent ni voir, ni entendre le magicobus. Ça a dû causer un drôle de choc à la tante Pétunia de voir trois sorciers apparaître brusquement sur son perron.
- Ces maudits . . ., marmonne Vernon dans sa moustache touffue, sans oser prononcer le mot  « sorcier  ».
On sonne à la porte. Aussitôt, Harry accoure dans l’entrée et vient ouvrir, sourire joyeux aux lèvres. La porte s’ouvre sur le profil de Lupin, qu’Harry n’a pas revu depuis la fin de sa troisième année. C’est donc avec un plaisir évident qu’il se retrouve face à lui.
- Professeur ! S’exclame-t-il.
L’homme sourit avec amusement.
- Voyons Harry, je ne suis plus ton professeur. Tu peux m’appeler Remus.
Bien que surpris, Harry acquiesce d’un signe de tête. Remus se décale ensuite légèrement, pour permettre à Ron et son père de le saluer à leur tour.
- Harry, c’est un plaisir de te revoir, fait Mr Weasley en tapotant amicalement son épaule. Tu es prêt ?
- Bien sûr, juste le temps d’aller récupérer mes affaires dans le couloir.
Aussitôt dit, Harry fait volte-face et retourne dans la maison pour attraper sa valise et la cage d’Hedwige. À l’orée du salon, son oncle et sa tante le regardent faire sans un mot. Un signe de tête dans leur direction, puis il sort de la maison et referme la porte derrière lui. Son regarde se porte ensuite sur Ron et ils échangent un regard amusé et entendu. L’ambiance au 4, privet drive n’a pas changé depuis l’année précédente, lorsque les Weasley étaient déjà venus le chercher.
Mr Weasley se penche pour récupérer la valise d’Harry pendant que Remus agite sa baguette.
- Pourquoi le magicobus ? demande alors Harry, avec curiosité. Et profe - Remus, que faites-vous là ?
Les deux hommes échangent un regard.
- Nous parlerons de tout cela plus tard, Harry, ok ? fait Mr Weasley alors que le magicobus apparaît au bout de la rue dans un bruit de pétarade assourdissant.
Harry se contente de froncer des sourcils, troublé, puis de jeter un œil à son meilleur amiz88;; mais ce dernier se contente de secouer la tête, comme pour le dissuader de poser plus de questions. Une main dans son dos le pousse ensuite à monter à bord du bus magique qui s’arrête devant lui. Harry obéit et grimpe à la suite de Remus, passant devant un contrôleur aux cheveux longs et l’air zen. Ils se dirigent vers le fond du véhicule et Remus lui fait signe de s’asseoir dans un fauteuil en chintz, près de la fenêtre. Harry s’exécute et remarque au passage le léger signe de tête que l’homme échange avec un grand homme noir, assis tout au fond du bus sur une vieille chaise bancale en bois. Ron s’installe à côté de lui.
- Hermione est arrivée hier soir, lui apprend-t-il, à peine assit. Et la première chose qu’elle a faite, c’est de jeter un œil sur mes devoirs de vacances.
Ron roule des yeux, et Harry oublie momentanément l’étrangeté de son départ, pour se concentrer sur son ami.
- J’imagine qu’elle y a trouvé pleins d’erreurs, répond-t-il, pensant à la tête que fera la jeune femme quand elle verra ses propres devoirs, rédigés à la hâte sur son lit grinçant.
- Oh oui ! Et elle m’a sorti la moitié de ses bouquins pour y rechercher plus d’informations. Elle va m’avoir à l’usure.
Harry éclate de rire, au moment où le bus démarre. La totalité des fauteuils glissent vers l’avant. Harry s’accroche du mieux qu’il peut à son fauteuil pour éviter d’en être expulsé. A côté de lui, Ron a le teint qui vire dangereusement au vert.
- Je répète ma question mais, pourquoi le magicobus ? Fait Harry d’un ton un peu fort, pour couvrir le son de la circulation.
Devant lui, Mr Weasley se retourne pour lui répondre brièvement :
- Question de sécurité. On en reparlera une fois arrivés, d’accord ?
Harry n’insiste pas, mais les questions tournent dans sa tête. Quelles sécurités ? Et pour quoi faire ? Est-ce pour lui ? Est-ce pourquoi Remus est là ? Pour le protéger ? Mais de quoi. De Voldemort ? Pas sûre que deux sorciers et de adolescent soient vraiment un obstacle. Il faudrait plus de sorciers pour . . .
Harry jette un coup d’œil discret vers l’arrière et vers le grand homme noir. Il regarde par la fenêtre, mais une de ses mains est cachée dans les replis de sa robe de sorcier. Sur sa baguette ? Harry fronce des sourcils. Cela augmente le nombre de questions.
- C’est un membre de l’Ordre, murmure soudain Ron à son oreille, après avoir suivit son regard. La jeune femme aux cheveux bruns, assise près du couloir, deux rangs devant aussi.
Harry regarde la personne que lui désigne son ami d’un coup de tête. Il ne voit d’elle que son dos et une lourde cascade de cheveux épais et noirs.
- Quel Ordre ? De quoi tu parles ? Murmure Harry en retour.
- L’Ordre du Phénix, ils sont là pour te protéger, répond son ami, avant de se taire lorsque Mr Weasley se retourne pour le fusiller du regard.
Harry comprend qu’il n’en saura pas plus avant d’être arrivé à destination. Alors, il décide de prendre son mal en patience, et espère avoir des réponses au plus vite.

O0o0O

Lorsqu’Harry arrive au Terrier, Mme Weasley, occupée à préparer un gâteau dans la cuisine, abandonne ce qu’elle est en train de faire pour venir le serrer dans ses bras. Habitué à ses effusions maternelles, Harry se laisse dorloter avec bonheur. Pendant ce temps, Ron monte ses affaires dans sa chambre, et Mr Weasley et Remus s’installent autour de la table où les attende un thé fumant.
- Harry, je suis heureuse de voir que tu vas bien, fait Mme Weasley en s’éloignant de lui. Assieds-toi, je vais te servir quelques douceurs. Tu n’as que la peau sur les os.
Harry n’a jamais été bien gros, et ça se voit surtout lorsqu’il quitte Privet Drive. Mais il sait que les quelques jours qu’il passera au Terrier remédieront à cela. Obéissant, Harry se glisse sur le siège voisin de celui de Remus, puis remercie Mme Weasley lorsqu’elle dépose une pile de pancakes à la confiture d’orange devant lui. Il a à peine attaqué le premier morceau, que Ron redescend à la cuisine, accompagnée d’Hermione et de Ginny, sa jeune sœur.
- Bonjour Harry ! Le saluent-elles en cœur.
- Ron, est-ce que ta chambre est correctement rangée ? Demande Mme Weasley à son fils d’un air menaçant, alors qu’Hermione s’assoit en face d’Harry et Ginny à son côté.
Le jeune homme acquiesce d’un signe de tête à la question de sa mère, ajoutant que les deux jeunes femmes l’y ont aidé, avant de s’asseoir avec les autres. Harry trouve alors que c’est le bon moment pour - peut-être - avoir enfin des réponses à ses questions.
- Je peux savoir maintenant ce que ce manège signifie ? Ron m’a dit qu’un certain Ordre du Phénix me protégeait.
- Ce n’est pas exactement ça, Harry, fait Remus en reposant sa tasse de thé sur la table. Oui, nous étions là pour te protéger, mais l’Ordre du Phénix n’existe pas que pour ta protection. Ses membres sont un nombre restreints de personnes de toute confiance, qui veulent se battre contre Voldemort et ses hommes de main, en parallèle du ministère.
Une exclamation de dédain retentit dans le dos d’Harry, venant de la porte donnant sur la cour arrière du terrier. Surpris, il sursaute et se retourne. La silhouette du grand homme noir qui se trouvait dans le magicobus avec eux se découpe dans l’encadrement de la porte. Le crâne rasé et une boucle d’oreille au lobe gauche lui donne un air cool et sérieux à la fois. Il lui fait penser à Bill, l’un des frères aînés de Ron. Peut-être est-ce un collègue ?
- Kingsley, pousses-toi, tu bouches le passage, s’exclame ensuite la voix d’une femme, venant de derrière le dénommé Kingsley.
L’homme fait deux pas en avant et laisse passer ce qui semble être la sorcière aux longs cheveux noirs, qui se trouvait elle aussi avec eux dans le bus.
- Harry, voici Kingsley Shackelbot et Nymphadora Tonks, présente Remus. Ils sont tous les aurors et membre de l’Ordre.
Harry leur adresse un signe de tête hésitant, et reçoit en réponse un sourire flamboyant de la sorcière et un vague signe de main du sorcier. Tous deux s’installent ensuite à leur tour autour de la table.
- Vous êtes tous des membres de cet Ordre du Phénix ? Demande ensuite Harry, en regardant alternativement Remus, Mr et Mme Weasley.
Ils acquiescent.
- Remus en fait partie depuis longtemps, intervient Mme Weasley en venant les rejoindre à la table, après avoir servie en thé les nouveaux arrivants. Mais Arthur et moi y sommes entrés à la demande de Dumbledore le mois dernier.
- Charlie et Bill en font aussi parti, complète Mr Weasley. Chacun de leur côté, avec leurs travails, ils côtoient beaucoup d’étrangers et de créatures magiques qui pourraient éventuellement nous venir en aide. C’est un grand plus.
- Alors, vous vous battez contre Voldemort ?
La plupart des personnes autour de la table frissonnent. Harry ignore cette réaction habituelle. Il s’inquiète plutôt de savoir les gens qu’il aime, mettre leur vie en danger.
- Mais pourquoi vous le faites ? Le ministère . . .
- Là est le nœud du problème, intervient Shackelbot de sa lourde voix de stentor. Le ministère ne croit pas au retour de Tu-Sais-Qui.
- Quoi ! S’exclame le jeune homme, surpris. Mais comment ne peuvent-ils pas y croire ? Ils pensent que les attaques et les morts viennent d’où ?
- Harry, fait Hermione en se penchant vers lui d’un air soucieux. Il n’y en a pas eu. Tu-Sais-Qui n’a commis aucun crime, il n’a attaqué personne.
Harry fronce des sourcils. Comment cela est-il possible ? Pourquoi Voldemort ne fait-il rien ? Il devrait pourtant avoir déjà repris là où il s’était arrêté il y a quatorze ans. Pourquoi ce silence et cette inactivité ?
- Nous aussi, nous trouvons cela étrange, dit Remus. C’est pourquoi, puisque le ministère ne fait rien, nous avons pris la décision de surveiller étroitement les Mangemorts présumés. Nous essayons de prévoir leur premier coup d’éclat.
Troublé, Harry repose ses couverts sur son assiette à moitié entamée. Ces nouvelles lui coupent l’appétit. Il est plus angoissant d’ignorer ce qu’est en train de faire leur ennemi, plutôt que de le voir agir.
- Et vous avez des indices sur ce qu’ils pourraient être en train de faire ?
Seul le silence lui répond. Surpris, Harry relève la tête et dévisage les adultes.
- Même si nous en avons, nous ne pouvons pas en parler, dit Mr Weasley.
- Pourquoi ? Vous ne me faites pas confiance ?
- Ce n’est pas la raison, répond Mme Weasley, c’est parce que tu n’es pas un membre de l’Ordre. Tu n’as pas besoin d’en savoir plus.
Harry se sent immédiatement vexé. Pourquoi ne pourrait-il pas en savoir plus ? Pourquoi n’aurait-il pas le droit de se battre lui aussi contre son ennemi, et d’intégrer l’Ordre ? Après tout, il est celui qui a vu Voldemort revenir. Sans lui, personne n’aurait su qu’il avait été ressuscité.
- Je veux en être, s’exclame soudain Harry. Je veux faire partie de l’Ordre du Phénix.
- Impossible Harry, fait Remus. Il faut être majeur pour pouvoir y prétendre, et avoir fini sa scolarité à Poudlard. Dumbledore ne pensera même pas à t’y autorisé.
- Dumbledore ? Demande Harry, en se demandant son lien avec l’Ordre.
- Oui, c’est lui qui a créé l’Ordre, et lui qui choisit qui en devient membre.
Harry sert les dents. S’il faut passer par Dumbledore, il lui en parlera dès qu’il pourra.
- Molly, merci pour le thé, mais je dois y aller maintenant.
Harry suit Remus du regard lorsqu’il se lève de table, suivit de Tonks et Shackelbot. Les aurors quittent la maison en premier, mais Remus s’attarde. Les mains posées sur la table, il adresse un franc sourire à Harry.
- Je repasserai te voir dans quelques jours, avec Sniffle cette fois-ci.
Le cœur d’Harry fait un soubresaut, et l’information balaye aussitôt ses pensés à propos de l’Ordre et de son y insertion.
- Il est avec toi ?
- Oui, il vit chez moi depuis la fin du Tournoi en juin. Il a hâte de te revoir lui aussi. J’ai pratiquement été obligé de l’attacher pour l’empêcher de venir aujourd’hui.
- Il aurait pu ! Il n’y avait aucun danger.
- C’est une question de sécurité Harry. Et Dumbledore n’aime pas qu’il sorte trop. Il ne faudrait pas qu’il se fasse remarquer.
Harry acquiesce, faisant semblant de comprendre, mais le cœur serré à l’idée de savoir son parrain si proche, et pourtant si loin. S’il le pouvait, il demanderait même à Mme Weasley de l’avoir ici, avec eux au Terrier, mais il sentait déjà que ce serait un refus catégorique de tous les côtés. Remus quitte finalement la maison et Mme Weasley entreprend de débarrasser la table.
- Tu as fini, Harry ?
Il acquiesce à la question de Ginny.
- Alors montons, tu as ta valise à défaire.
Tous les quatre se lèvent de table et prennent la direction de la chambre de Ron.
- Comment se sont passé vos vacances ? Demandent Harry aux trois autres.
- On a rien fait de spécial, dit Ron en haussant des épaules. Avec papa et maman qui sortent régulièrement pour leurs missions pour l’Ordre, ils ne nous laissent pas beaucoup de liberté. Maman a peur de ce qui pourrait nous arriver hors de la maison.
- Fred et Georges aussi sont cloîtrés ici, poursuit Ginny en ouvrant la porte de la chambre de son frère. Mais ça ne les dérange pas trop, ils sont continuellement enfermés dans leur chambre. On se doute de ce qu’ils font, mais même maman ne dit plus rien. Elles préfèrent les savoir là que dehors.
- Ils continuent à créer des farces et attrape ? Demande Harry en s’asseyant sur le lit de camp grinçant qui lui servira de couchage.
- Oui, et apparemment, ils ont réussi à trouver de l’argent pour acheter une boutique, dit Ron. L’autre fois, en cherchant un de mes tee-shirts dans leur chambre, j’ai trouvé un bon de commande avec une adresse sur le Chemin de Traverse. Je me demande comment ils ont eu les moyens d’ailleurs.
Harry se sent rougir légèrement. C’est grâce sans doute à lui si les jumeaux ont pu acheter un local. Sa récompense de mille gallions en tant que champion du Tournoi des Trois Sorcier, il le leur a donné dans le train, lors de leur retour au mois de juin. Apparemment, ils ont trouvés comment s’en servir, ce qui rend Harry heureux. Il trouve que les jumeaux sont de purs génies en matière de farce et attrape, et en faire profiter l’Angleterre n’est pas une si mauvaise idée.
A peine a-t-il cette pensée, qu’une odeur nauséabonde se répand dans la pièce. Harry grimace et se bouche le nez, comme tous les autres.
- Fred ! Georges ! S’exclame Ginny avec la lassitude de celle qui a l’habitude. Vous empestez encore toute la maison !
La chambre des jumeaux se trouvant de l’autre côté du mur, ils ont sans doute entendu la sœur cadette. Ce qui explique le double éclat de rire qui retentit. Ginny roule des yeux.
- Depuis trois jours, des odeurs envahissent la maison. Ils doivent être en train d’inventer quelque chose, dit Ron. Autrement, et tes vacances à toi ?
Harry hausse des épaules.
- Rien de particulier, comme les autres vacances. Mais maintenant, Dudley trouve très amusant de terroriser les gamins du quartier.
Hermione, debout face à lui, secoue la tête d’un air atterrée.
- D’ailleurs, je suis intervenu avant-hier, poursuit Harry, se souvenant de sa rencontre. Il s’en prenait à deux garçons. J’ai appris ensuite que c’étaient des sorciers, l’un d’eux vit à privet Drive. Je ne savais pas.
- Ce n’est pas étonnant, fait Hermione, beaucoup de sorciers vivent dans des villes moldues. Il n’existe pas tant que ça de villages exclusivement sorciers. Même s’ils préfèrent être à l’écart généralement, certains aiment la vie citadine.
- Ce n’est pas compliqué pour cacher la magie ? Demande Harry, curieux.
- Il existe des sorts pour la cacher, répond Ron. Les Diggory par exemple, leur maison se trouve un peu plus bas, à Loutry Ste Chapoule, dans le village même. Leur jardin est bardé de . . .
Ron s’interrompt quand il voit le visage défait d’Harry.
- Oh désolé, marmonne-t-il sous le regard tueur d’Hermione. Je ne voulais pas . . .
- Non, c’est rien, se reprend Harry en tentant un sourire rassurant. Bon, et si on la défaisait cette valise ?
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MessageSujet: Re: Bloody War Bloody War Icon_minitimeMar 5 Avr - 9:15

Chapitre 4 : Entrevues

En rentrant à la maison en cette soirée de vendredi, je tends le bras par habitude vers le guéridon près de la porte d’entrée, là où se trouve normalement le vase que m’a fait Zoé à l’âge de six ans, et où je mets toujours mes clés. Je secoue la tête, amusée par ma propre bêtise, en entendant mon trousseau tomber sur le linoléum de la maison. Bien entendu, le guéridon ne se trouve plus là. Il est déjà en route lui. Ainsi que le vase d’ailleurs, bien que Zoé m’ait pratiquement supplié d’abandonner cette horreur en Italie. Mais j’ai riposté que c’était un cadeau précieux à mes yeux. Elle a rouspété. Deux minutes. Puis, elle est montée finir ses cartons dans sa chambre.
Soupirant, je récupère mes clés sur le sol et m’avance vers le salon, où quelques sacs et cartons attendent encore. De mon bureau me parvient alors des bruits de coups. Haussant des sourcils, je m’approche de la pièce, baignée dans la luminosité encore vive de cette soirée d’août. Dans la pièce, Charles, un ami vampire transformé depuis plusieurs siècles, termine de démonter mon imposante bibliothèque. Il ne se retourne même pas quand j’approche, se contentant de me parler tout en poursuivant sa tâche.
- Tu rentres tôt. Je croyais que tu avais plein de travail ?
Je pose mes clés et mon sac à main sur le carton le plus proche, puis je réponds :
- Mon chef m’a laissé partir plus tôt, les collègues feront le reste.
- Ex-collègue, précise Charles en se relevant, tournevis à la main.
- Tu as raison, réponds-je en m’approchant pour l’aider à empiler les planches dans un coin. Mais j’ai encore un peu de mal à me faire à l’idée que nous partons.
- Avec la maison vide ? S’exclame-t-il avec un ton d’incrédulité. Comment fais-tu ? Ils sont partis depuis trois jours déjà !
J’hausse des épaules, en attrapant une des plus petites planches pour aller la poser contre le mur gauche, alors que Charles fait de même avec d‘autres planches.
- Je me suis habituée à l’Italie. Cela me fait bizarre de penser que je retourne en Angleterre. Même si ils y sont déjà, j’ai plus l’impression qu’ils sont partis en vacance, ou quelque chose comme ça. Je m’attends à les voir passer le seuil de la porte d’un instant à l’autre.
Charles s’esclaffe, faisant se balancer ses mèches de cheveux châtains devant son visage.
- Tu ne cesseras jamais de m’étonner, toi ! Tu es sans doute la femme la plus étrange que je connaisse.
- Merci du compliment - si s’en était bien un.
Charles esquisse un sourire amusé, qu’il perd bien vite en me voyant m’escrimer pour soulever une des planches les plus lourdes.
- Laisse, dit-il, en me poussant gentiment d’une main, je vais le faire.
Dépitée, je soupire et fais deux pas en arrière, laissant mon ami terminer. Je lance un regard retors sur mes mains et mes bras, plus aussi forts qu’avant, avant de relever la tête et de croiser le regard triste de Charles.
- Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas devenir folle, murmure-t-il en glissant ses mains dans les poches de son pantalon en lin sombre. Moi, je ne pourrais pas m’y faire.
Je serre les poings.
- Tu es transformé depuis plus de cinq cent ans, Charles. Je suis un vampire depuis à peine vingt ans. Voilà pourquoi je ne pète pas un câble, mais que toi tu finirais en asile de fous s’il t’arrivait la même chose.
Sur ces mots, peu envieuse de poursuivre une discussion sur un sujet qui ne manque pas de me filer le bourdon à chaque fois qu’on l’aborde, je fais demi-tour et me dirige vers ma chambre, pour terminer les cartons que je n’ai pas eu le temps de boucler. Charles reste dans le bureau, pour terminer ce qu’il a à faire, me laissant seule. Je secoue la tête, pour refouler les quelques idées moroses qui tentent de s’inviter, et me met à la tâche. Je passe près d’une heure à travailler tel un automate, sans penser à ce qu’il m’attend dans quelques heures, lorsque je serai de nouveau à Londres. J’y suis retournée de temps à autres depuis que Lucinda m’a nommé ambassadrice, mais ce n’était que des passages éclairs de quelques heures à peine. Cette fois-ci, j’emménage.
Je suis en train de descendre au rez-de-chaussée les derniers cartons, quand on frappe à la porte. N’attendant pas de visiteurs, j’hausse des sourcils et m’avance, slalomant entre les cartons, pour aller ouvrir. J’ai la surprise de voir apparaître Lucinda sur mon perron, vêtue d’un jean décontracté et d’un tee-shirt rouge, très loin des tenues classes qu’elle porte lorsque je la vois sur son trône, ou dans son cabinet privé. Il y a longtemps que je ne l’ai pas vu aussi décontractée, et ça fait plaisir de la voir prendre un peu de temps pour elle.
- Bonsoir, dit-elle en se tournant vers moi, lâchant du regard la nuée d’oiseaux qui passent au dessus de la maison.
- Bonsoir, réponds-je avec un grand sourire ravi. Que me vaut l’honneur de ta visite ?
Sans répondre, elle fait trois pas en avant, m’obligeant à reculer, et pénètre dans la maison, refermant derrière elle la porte dont j’ai lâché la poignée. Je suis surprise et intriguée par son attitude sérieuse et solennelle. Et je commence à avoir un peu peur de la raison de sa venue. Je n’aime pas quand elle prend cet air. Celui dont elle se sert habituellement quand elle sait qu’elle va demander des choses désagréable pour son interlocuteur, et qu’elle devra aller jusqu’à donner un ordre. Exactement la même que lorsqu’elle m’a nommé ambassadrice.
- Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Dit-elle aussitôt la porte refermée.
J’hausse des sourcils. Drôle d’entrée en matière. Cette question pourrait se référer à plein de choses, mais je ne vois absolument pas quel sujet que je n’aurais pas abordé avec elle, lui donnerait une telle attitude.
- Si tu pouvais préciser le cours de ta pensée, j’avoue que ça m’aiderait à te répondre.
- Sur les rumeurs du retour de Voldemort en Angleterre.
Mon cœur loupe un battement à l’entende de son nom. Il y avait des années que je ne l’avais pas entendu. C’est comme un cauchemar qu’on aurait oublié, et que l‘on refait soudainement. Je secoue ma tête. Ce n’est pas le moment de penser à cela.
- Je n’y ai pas porté de crédits, réponds-je. On entend toutes sortes de rumeurs dans les couloirs du ministère de la Magie, toutes plus invraisemblables les unes que les autres, et j’avoue que celle-ci m’ait passé largement au dessus de la tête. Le Ministre lui-même m’a certifié que ce n’était que des racontars de quelques personnes malvenues qui essayent de jeter un vent de panique sur le pays.
Lucinda secoue la tête, avant de plonger sa main dans le sac qu’elle porte en bandoulière, et d’en tirer un rouleau de parchemin.
- Tony ne pense pas comme toi, dit-elle. Lui a pensé que ce n’était peut-être pas rien, alors il a mené sa petite enquête. Savais-tu que c’est Albus Dumbledore qui parle du retour de Voldemort ?
Je relève la tête du parchemin qu’elle tient dans sa main si vite que je crains un instant de me froisser un nerf. Les yeux écarquillés, je ne peux que repasser l’information en boucle dans ma tête, m’interrogeant sur le pourquoi le Ministre Fudge n’a pas précisé cela.
- Je . . . balbutié-je, Fudge n’a jamais . . .
- Qui croiras-tu plus volontiers ?
Je frissonne et grimace alors que la réponse, toute évidente, envahit mon être. Dumbledore ne ferait jamais de blagues, à ce propos, jamais. Ce n’est pas dans le genre du sorcier. Mais alors, s’il dit vrai . . . La peur me coupe instantanément les jambes, et je tombe sur le plus proche carton, fort heureusement remplie de livres et qui supporte donc mon poids sans se plier. Un frisson me dégoulinant dans le dos et la nausée me tordant le ventre, je réponds :
- Dumbledore, bien entendu. Mais . . . pourquoi est-ce que Fudge ne le croit pas ? Qu’est-ce que . . .
Je n’arrive pas à formuler mes pensées exactes tellement elles forment un imbroglio indescriptible. Je ne comprends pas que le Ministre ne veuille pas croire le directeur de Poudlard. Il n’y a pourtant pas plus fiable que cet homme.
- Tu connais l’histoire exacte ? Demande encore Lucinda.
Je secoue la tête.
- Tony non plus d’après sa lettre. Il parle d’aller rencontrer le directeur en personne, histoire d’en savoir plus. Mais il attend ton arrivée pour cela.
J’hoche de la tête dans un état second. Je suis encore trop secouée par la nouvelle. Comme tous les autres au ministère, je n’avais pas cru un mot de ces rumeurs. Et maintenant, alors même que j’ai décidé d’emmener toute la famille dans mon pays natal, j’appends que ce ne sont pas que des histoires. Le mage noir le plus terrible que notre histoire n’ait jamais connu, et que l’on croyait tous morts depuis quatorze ans, est de retour. Prêt à reprendre là où il s’était arrêté.
La main aérienne de Lucinda se pose soudain sur mon épaule, se voulant réconfortante.
- Excuse-moi de te l’apprendre ainsi. Je pensais vraiment que tu le savais et que tu avais seulement oublié de m’en parler, avec tout ce qu’il se passe dans ta vie en ce moment.
J’acquiesce en me redressant, et la nausée reflue petit à petit.
- Tu voulais me dire autre chose ? Demandé-je ensuite.
- Effectivement, répond-t-elle en approchant un autre carton de livre du mien, afin de s’y asseoir. Cette nouvelle n’est pas pour me ravir, tu t’en doutes bien. Je n’ai pas oublié ce qu’il a fait la dernière fois qu’il a terrorisé l’Angleterre.
Et moi donc ! Sans lui, je serais sans aucun doute encore humaine et des dizaines de personnes innocentes seraient en vie à l‘heure où nous parlons.
- Tu crains qu’il ne cherche de nouveau une alliance auprès de certains vampires ? Deviné-je.
Lucinda acquiesce d’un air sombre, triturant son rouleau de parchemin.
- William lui a donné un aperçu de notre force et de nos pouvoirs, dit-elle. J’ai peur qu’il ne veuille se les approprier de nouveau.
- Ce serait facile pour lui ? M’enquis-je.
- Je ne sais pas exactement. Il faudrait qu’il trouve une raison à donner aux vampires pour les forcer à tuer ou transformer des êtres humains. William était une exception.
J’hoche de la tête. Voldemort avait pu s’approprier l’aide de William, mon créateur, que parce que ce dernier avait quasiment sombré dans la folie suite à la mort de son Calice. Et aussi pour se venger de la Reine au pouvoir à ce moment-là. Cela avait mis à l’eau ses plans d’alors, pour révéler l’existence des vampires aux sorciers.
- Si des vampires s’allient à lui, deviné-je, notre alliance avec les sorciers anglais pourraient disparaître. Que des membres de notre race tuent des humains ne nous aidera pas.
- Pas seulement avec l’Angleterre, mais avec tous les pays que nous tentons de convaincre de notre pacifisme, complète Lucinda. C’est pourquoi, je voudrais que tu gardes l’œil ouvert une fois là-bas. Rapportes-moi tout ce que tu trouveras étrange, tout ce que tu penseras que je dois savoir, tout ce que tu soupçonneras d’être lié à notre race. Je ne veux prendre aucuns risques.
J’acquiesce. Je comprends ce qu’elle veut dire. Notre révélation aux yeux du monde sorcier est importante pour elle. C’est sa première grande décision en tant que Reine, un projet sur lequel elle travaille depuis des années et qui est sur le point d’aboutir. Le voir s’effondrer serait un mauvais coup porté à son règne et à sa réputation en tant que dirigeante.
- Je ferais tout ce que je peux. Dès le moindre mouvement, la plus petite nouvelle suspecte, je t’enverrai un hibou. Je donnerai les mêmes consignes à Tony.
- Merci, Mandy. Je savais que je pouvais compter sur toi.
- Je t’en prie, c’est normal. Moi aussi j’ai nos intérêts à cœur.
Lucinda sourit avec tendresse, et je retrouve mon amie, enfouie depuis des années sous la carapace de Reine, et qui ressort de temps à autres comme maintenant. Elle pose l’une de ses mains sur la mienne et jette un œil autour d’elle.
- Je vois que tu es quasiment prête à partir. Tu as trouvé un travail sur place ?
- Pas encore, mais je réfléchis à l’idée de postuler à Sainte Mangouste. J’avais beaucoup apprécié mes stages là-bas.
Sur ces mots, je me relève, au moment où Charles apparaît dans l’entrée du salon, un carton dans les mains. Il sourcille en constatant la présence de Lucinda. Il dépose son fardeau et s’incline humblement devant elle. Lucinda revêt aussitôt son masque de Reine, et répond au salut de mon ami par un hochement sec de la tête.
- Je vais te laisser terminer, dit-elle ensuite en se levant de son carton. Je ne voudrais pas te retarder. J’espère vraiment que tu mèneras tes projets à bien, et que tout se déroulera pour le mieux pour toi.
Souriant joyeusement, je la remercie d’un signe de tête, avant qu’elle ne quitte la maison. Je me tourne ensuite vers Charles.
- C’est le dernier ? demandé-je en désignant le carton qu’un signe de menton.
- Oui.
- Alors, rapetissons tout ça maintenant et mettons les dans le sac.
Aussitôt dit, nous nous attelons à la tâche. Je frissonne d’impatience. Dans moins de deux heures, je serais de retour en Angleterre. Définitivement.

O0o0O

Je crois que c’était la meilleure décision à prendre, même si envoyer cette lettre m’a collé des palpitations au cœur pendant toute la journée, le temps que la réponse me revienne. Et j’ai presque sauté de surprise au plafond en constatant qu’il m’avait fixé un rendez-vous pour le lendemain après-midi. Tony a juste sourcillé, à peine surpris. Ce n’est pas non plus comme s’il connaissait vraiment le sorcier, alors pas étonnant qu‘il ait eu l‘air si blasé.
- Tu veux bien te détendre ? Fait soudain Tony, à ma gauche. Je pourrais danser la samba sur le rythme de ton cœur.
Je pose une main sur ma poitrine où, effectivement, mon cœur s’emballe.
- Excuse-moi d’être un petit peu stressée. Je te rappelle qu’il s’est passé quatorze ans depuis la dernière fois que je l’ai vu.
- Ce n’est que ton ancien directeur, râle mon ami en roulant des yeux. Je comprendrais si c’était Remus que tu revoyais, mais ce n’est pas le cas ! Tu n’as pas d’affinités particulières avec cet homme.
Et je ne peux imaginer dans quel état je serais quand je reverrais mon vieil ami. Je n’ai osé répondre à sa lettre de l’année dernière, qu’il y a deux semaines environ. Au moment où nous préparions les cartons. Je me suis dit qu’il serait sans doute plus poli de l’avertir de mon retour en Angleterre, avant d’avoir quitté l’Italie. Et je ne sais pas du tout comment il va réagir en la voyant. Il a attendu une réponse pendant plusieurs mois, il a même sans doute cessé de l’attendre vers la fin. Mais je me suis quand même décidé à lui écrire, ne serait-ce que pour le remercier d’avoir repris contact après qu’il ait su la vérité. Même si j’ai précisé qu’il m’a fallut plusieurs semaines avant que disparaisse la colère, suite à sa lettre ; une vieille rancune remontée de mes souvenirs douloureux.
Tony, qui m’a dépassé alors que j’étais plongée dans mes souvenirs du mois passé, regarde d’un œil effaré les grilles fermées du domaine de Poudlard.
- Et comment on fait pour s’annoncer ? Me demande-t-il. On hurle à tout va ? Il n’y a même pas une cloche !
Arrivant à son côté, je fais un signe de tête en direction du chemin sinueux qui trace une route entre les arbres feuillus. Une silhouette claudicante et voûtée s’avance.
- Je reconnaîtrais ce profil n’importe où, murmuré-je, en regardant s’approcher le vieux concierge de Poudlard, Mr Rusard.
Tony hausse un sourcil et plonge dans ses souvenirs, tentant de se rappeler de l’homme. Il a tellement vu de monde en quatre cent ans de vie, que je ne m’étonne pas qu’il ne se rappelle plus vraiment de l’horrible bonhomme qui poursuivait les élèves dans les couloirs de Poudlard, à chercher la moindre faute. Et puis, il n’avait passé qu’un mois à Poudlard, le temps de l’enquête. Je ne pense pas que Rusard soit celui qui lui ait laissé le souvenir le plus impérissable.
- Bonjour Mr Rusard, fais-je avec politesse, lorsque ce dernier sort un trousseau de clés de sa poche, qu’il glisse dans la serrure.
L’homme me regarde, fronce des sourcils, et bougonne :
- Je me souviens de vous. Vous êtes celle qui avait le droit de se promener impunément dans les couloirs du château, avec l’autorisation de Dumbledore.
Je sourcille, surprise qu’il se souvienne de cela. En même temps, j’ai dû être la seule à avoir un tel traitement de faveur.
- Vous n’avez pas beaucoup changé, ajoute-t-il en tirant la grille vers lui pour nous faire entrer.
J’esquisse un sourire amusé. Même si j’ai vieilli, il est vrai que j’ai gardé à peu près la même tête. Tony me demande d’ailleurs souvent si je n’ai pas arrêté mon vieillissement quelque part autour de mes vingt-cinq ans. Mais ce n’est pas le cas. Je refuse de rester éternellement jeune, alors que mon Calice vieillit d’année en année. Je veux être toujours sur la même longueur d’onde que lui, et cela passe par laisser mon corps subir les dégâts occasionnés par le temps qui passe. Je suis bien l’une des seules vampire du Palais à l’avoir fait, ce qui n’a pas aidé à laisser les commérages à mon propos se tarir.
Tony sur mes talons et Rusard me précédant, je remonte l’allée terreuse qui serpente les arbres, celle-là même qu’empruntent les calèches tous les ans, pour amener les élèves à Poudlard, et les ramener chez eux, à chaque vacances. Bientôt, nous arrivons dans le parc, et je jette un œil sur le lac. Un sourire amusé et mélancolique nait sur mes lèvres, quand je repense à la fois où j’ai expulsé Jessie Crow dans le lac. Le geste qui m’avait valu la retenue pendant laquelle William m’a transformé. Maintenant que j’y repense, sans cette Jessie et ses mensonges, ma vie ne serait sans doute pas celle qu’elle est aujourd’hui. Peut-être même n’aurais-je pas survécu à la guerre précédente.
Nous atteignons les marches qui mènent au château. Une drôle de mélancolie, mélange de tristesse et de joie m’envahit quand je pose le pied sur la première marche. Je n’aurais jamais pensé revenir ici un jour. Quand j’ai quitté Poudlard, dix-sept ans auparavant, je pensais que c’était un adieu définitif. Je m’étais lourdement fourvoyée.
Je pénètre dans le hall d’entrée avec son escalier majestueux qui mène aux étages et à la Grande Salle. Les portes de cette dernière sont closes, mais je revois facilement les quatre longues tables, et je peux presque entendre les conversations et les rires des élèves qui y seront dans quelques jours. Un contraste saisissant avec le silence quasi religieux qui nous entoure, à peine perturbé par le bruit de nos pas et de nos respirations.
Nous grimpons rapidement l’escalier de marbre. Je laisse ma main glisser le long de la rambarde usée, me souvenant du nombre de fois où je l’ai emprunté, seule ou accompagnée. Je revois le jour où, peu de temps après l’agression de James, il m’avait rattrapé dans le hall, pour m’inviter à la fête qui se déroulait dans la salle commune de Gryffondor, en l’honneur de leur victoire lors du match de Quidditch. Je revois la peur dans ses yeux, la crainte de tomber de tomber de nouveau sur le vampire, j’entends presque Camille à côté de moi, qui me souffle d’y aller. Mais, curieusement, je n’arrive pas à me souvenir de Sirius. Pourtant, je sais qu’il était là, derrière James. Je sais que lui aussi a tenu à ce que je vienne à cette fête.
- Mandy ?
Je sursaute, lorsque je sens la main de Tony se poser dans le creux de mes reins. Il me regarde avec étonnement. Sans m’en rendre, je me suis arrêtée au milieu de l’escalier, tournée vers l’entrée du château.
- Excuse-moi, dis-je, j’étais plongée dans mes souvenirs.
Nous reprenons notre chemin et rejoignons Rusard qui s’est arrêté devant les portes de la Grande Salle en voyant que nous n‘étions plus derrière lui. Nous le suivons ensuite de nouveau dans le dédale de couloirs que forment la bâtisse, et je m’étonne de connaitre encore les différents chemins qui mènent aux diverses salles de classe. Je pourrais même retrouver l’entrée de la salle commune des Serdaigle ou des Gryffondor les yeux fermés.
Nous ne mettons que quelques minutes à rejoindre l’entrée du bureau de Dumbledore, et la gargouille qui la garde soigneusement. Rusard lâche à mi-voix ce qui semble être le mot de passe. Je ne l’entends pas, mais je doute cependant qu’il est échappé à l’oreille de Tony, et au sourire amusé qu’il affiche, le directeur ne s’est apparemment pas départi de sa lubie, dont la rumeur dit qu’il donne des noms de sucreries moldus ou sorcières comme mot de passe
La gargouille fait un pas sur le côté et dévoile l’escalier en colimaçon qui mène à l’étage supérieur, dans la tour du directeur. Nous posons nos pieds sur la première marche et l’escalier nous envois lentement jusqu’à la porte en bois. J’y toque deux coups, le cœur battant, excitée à l’idée de revoir un visage familier après tant d’années.
- Entrez.
Je prends une profonde inspiration avant d’obéir et de pousser la porte. Le bureau de Dumbledore n’a pas du tout changé depuis la seule et unique fois où j’y suis venue, la nuit où j’ai dû exécuter le Faucheur qu’était devenue Betty Namid. Le phœnix de Dumbledore se trouve sur son perchoir, endormi, et le directeur lui-même est assis dans son fauteuil derrière le bureau.
- Mr Esperanza, Mme Black, c’est un plaisir de vous revoir.
Mon cœur s’arrête un instant en entendant mon nom. Il y a plusieurs années que l’on ne m’a pas appelé comme cela. Tout le monde m’appelle Mandy, ou Amandine chez les vampires. Peu utilisent mon nom de famille, et si c’est le cas, ils ne connaissent que mon nom de jeune fille. Par conséquent, il y a bien facile dix ans que je n’ai plus entendu le nom de Black. Il ravive de mauvais souvenirs.
Sans plus penser à cela, je m’approche du bureau, derrière lequel Dumbledore s’est levé, et tend ma main dans sa direction, une main qu’il sert avec joie, au sourire qu’il affiche.
- Amandine, je suis très heureux de vous savoir de retour au pays, dit-il, en me regardant par dessus ses lunettes en demi-lune. Je ne m’attendais pas à une telle surprise.
- Vous ignorez que la Reine m’a nommée ambassadrice auprès du ministère de la Magie l’année dernière ? Demandé-je.
- J’ai entendu parler des négociations en cours, mais votre nom n’est jamais parvenu jusqu’à mes oreilles, ce qui est bien dommage, répond-t-il en nous faisant signe de nous asseoir dans les sièges qui lui font face. Bien que j’avoue avoir entendu parler de Mr Esperanza.
- Je suis son directeur de cabinet, répond Tony. C’était moi qui venais en Angleterre lorsque Mandy ne pouvait pas y aller.
- Ce qui explique que je ne vous y ai pas croisé, fait Dumbledore en me regardant. Mais je m’attendais à votre lettre d’hier.
J’hoche de la tête. Bien sûr qu’il devait s’y attendre. J’avais fait la demande de transfert de dossiers plusieurs semaines auparavant, et l’école de magie de Venise m’avait certifié que tout s’était bien passé.
- Le vieil homme curieux que je suis aura juste une petite question à vous poser, poursuit-il, une lueur d’amusement dansant dans ses prunelles bleus.
Le contraire m’aurait tout de même étonné. Bien sûr qu’il va poser la question. Personne ici n’est au courant après tout. Je le regarde droit dans les yeux, pour lui permettre de m’interroger. Il s’exécute aussitôt avec un plaisir et une curiosité évidente.
- Qui est Cameron Dawn ?
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MessageSujet: Re: Bloody War Bloody War Icon_minitimeJeu 6 Oct - 9:06

Chapitre 5 : Dans le bureau de Fudge

- Vas-y Harry ! Envoie-le plus loin possible !
Sans se tourner vers Fred - ou Georges, allez savoir ! - qui viennent de lui crier la phrase précédente depuis l’autre bout du jardin des Weasley, Harry fait tourner le gnome au dessus de sa tête en ignorant ses protestations outragées, puis le jette par-dessus la clôture du jardin. Main en visière, Harry suit ensuite du regard le vol de la créature, avant qu’elle ne disparaisse dans un bosquet feuillu.
- Hey pas mal ! Dit Ron en s’approchant de lui. Tu l’as lancé au moins à vingt mètres. Tu t’améliores.
Harry acquiesce en souriant, avant de se baisser à nouveaux dans les herbes folles pour poursuivre. A côté de lui, Ron attrape un autre gnome et le lance à son tour, bien moins loin que son ami cependant. Les jumeaux, quant à eux, s’occupent de l’autre moitié du jardin, les quatre garçons ayant été réquisitionnés par Mme Weasley pour dégnommer le jardin.
Harry est au Terrier depuis une semaine maintenant. Et cela lui fait du bien de n’avoir à se préoccuper que de ses leçons, qu’Hermione les oblige à travailler tous les matins pendant deux heures, et des matchs de Quidditch que les jumeaux leur propose tous les deux jours. Le reste du temps, Harry file un coup de main à Mme Weasley, ou flâne dans les environs avec ses amis. Harry pensait que des membres de l’Ordre serait revenus au Terrier, mais ce ne fut pas le cas. Régulièrement, Mr et Mme Weasley sont sortis pendant plusieurs heures, rarement ensemble, mais ils n’ont jamais rien dit sur leurs destinations, se contentant d’annoncer une mission à effectuer. Ca n’étonne plus leurs enfants, mais Harry aimerait en savoir plus. Il voudrait savoir ce qu’il se passe dans le monde sorcier.
Un gnome lui passant sous le nez avec imprudence, Harry l’attrape rapidement et le lance de l’autre côté de la barrière. De l’autre côté du jardin, les jumeaux se battent à coups de gnomes furieux, et Mme Weasley ne tarde pas à sortir de sa cuisine, louche en main, pour menacer ses fils d’arrêter de maltraiter ces malheureuses créatures, sous peine de restriction de dessert le soir même. Les jumeaux cessent aussitôt leurs bêtises, aimant trop le gâteau au chocolat et aux airelles, pour s’en retrouver privés. Harry et Ron échangent un regard amusé, lorsque Mme Weasley retournent dans sa maison en maugréant et que les jumeaux récupèrent leurs gnomes pour reprendre leur bataille, en silence cette fois-ci pour ne pas alerter leur mère.
En retournant à son travail, Harry repense à la première Gazette qu’il a lue, après son départ de Privet Drive. Il a été plus que surpris de constater qu’ils n’y parlaient que de choses futiles, tels que les sondages quant aux élections du prochain ministre de la Magie, ou du dernier l’album des Bizzar’ Sisters qui se vend comme des petits pains. Cependant, rien quant à divers actions de Voldemort, ou rien sur ce qu’il s’était passé à la fin du Tournoi des trois sorciers. Il a bien interrogé Mr Weasley à ce propos mais ce dernier s’est contenté d’hausser des épaules et de dire que ce n’était guère étonnant que le ministère fasse pression sur la Gazette pour que rien ne filtre, à propos de ce qu’ils appellent « des rumeurs infondées ». Pas étonnant alors que les jeunes sorciers qu’Harry a croisés une semaine plus tôt n’aient rien su à ce sujet. Et ce n’est apparemment pas près de s’arranger.
Harry se redresse en grognant, plaquant une main sur ses reins douloureux. Passer l’après-midi à dégommer n’est pas le mieux pour le dos. Il jette un œil autour de lui. Ron envoie un autre gnome loin du jardin, avant de s’essuyer les mains d’un air satisfait, et les jumeaux sont adossés à la clôture, discutant.
- Voilà une bonne chose de faite, dit Ron en s’approchant d’Harry. Maman ne nous cassera pas de nouveau les oreilles avec les gnomes avant Noël. Et si on rentrait ? Je suis sûr qu’elle nous a préparés du jus de citrouille.
Sentant sa gorge irritée par la soif, Harry acquiesce avec empressement, raffolant tout particulièrement de la recette de Mme Weasley. Les deux amis abandonnent alors le jardin et les jumeaux, pour pénétrer dans la maison. La cuisine est vide, et du salon leur parvient les voix d’Hermione et Ginny qui discutent. Ron les sert tous deux du jus de citrouille maison qui se trouve bien sur la table, laissé là par les soins de Mme Weasley comme son fils l‘a deviné, à côté d’une assiette de cookies, eux aussi faits maisons et tout chauds.
- Vous avez finis de dégnommer le jardin ? demande Hermione, apparaissant dans l’encadrement de la porte entre le salon et la cuisine, suivie par Ginny.
- Tout juste, répond Ron, après avoir avalé sa dernière bouchée de gâteau. Et vous, vous avez fait quoi de votre après-midi ?
- Rien de passionnant pour vous, dit Ginny en attrapant un cookie. Des trucs de filles. Au fait, Harry, maman vient de nous dire qu’elle a reçu une lettre de Remus. Il sera là dans une petite heure, avec Sniffle.
Le cœur d’Harry tressaute. Enfin ! Remus tient sa promesse d’amener son parrain au Terrier pour qu’il puisse le voir. Une semaine qu’il attend ça !
- Génial ! s’exclame-t-il. J’ai cru qu’il n’y pensait plus.
- Où est maman ? Demande soudain Fred en entrant dans la cuisine.
- Je ne sais pas, répond Ginny en haussant des épaules. Pourquoi ?
- Parce qu’il va falloir refaire des gâteaux pour Remus et Sniffle, dit Georges en attrapant deux cookies d’un coup.
- Et si tu en laissais pour les autres, réplique vivement la voix de Mme Weasley, qui apparaît dans l’escalier en fusillant son fils du regard.
- Impossible, répond ce dernier, je meurs de faim. Le dégnommage, ça creuse.
Harry étouffe son sourire amusé dans son jus de citrouille, alors que les jumeaux disparaissent dans les étages supérieurs, croisant leur mère qui les fusille du regard. A côté de lui, Ron esquisse aussi un sourire, alors que les filles partagent un regard exaspéré. Mme Weasley, partagée entre l’agacement et l’amusement, descend l’escalier et récupère l’assiette où reposent encore tranquillement une demi-douzaine de cookies, puis les glisse dans un placard.
- Le premier d’entre vous qui osera toucher à cette assiette se passera de dîner. Suis-je claire ?
Harry et les filles acquiescent en un mouvement synchronisé, tandis que Ron commence à ronchonner et à maudire ses frères aînés. Mme Weasley lui lance un regard furieux, promesse de représailles si une infime miette de cookies venait à disparaître, puis les expédie tous quatre hors de la cuisine à coups de chiffons, prétextant avoir encore beaucoup de travail. Les adolescents finissent par se retrouver de nouveau dans le jardin, sous le soleil éclatant. Ils s’installent dans l’herbe jaunie et éparse, les reste de leur collation à la main. Ils attendent ensuite patiemment que l’heure avant l’arrivée de Remus et Sirius passe, en discutant principalement du professeur de Défense Contre les Forces du Mal dont-ils vont hériter cette année. Hermione et Ginny voudraient une femme pour changer, Ron quelqu’un d’aussi charmant que l’ancien professeur Lupin, et Harry espère juste ne pas tomber sur un fou comme le faux Maugrey de l‘année précédente, ou un incapable comme Gilderoy Lockhart. Une personne normale leur ferait des vacances.
Harry ne cesse de s’intéresser à la conversation que lorsque le portail de la propriété des Weasley grince, avertissant l’arrivée d’un visiteur. Harry se redresse aussitôt et regarde dans la direction d’où provient le son. Remus traverse le jardin à grande enjambées, un gros chien noir trottant à ses côtés. Harry, plus qu’heureux de les voir débarquer, se relève et court dans leur direction. Le chien fait de même et lui saute dessus avec joie. Rigolant, Harry tombe sur le dos, le chien pesant de tout son poids sur la poitrine du jeune homme.
- Sniffle ! Râle Remus en tentant d’enlever le chien d’Harry, laisse le tranquille, voyons. Un peu de retenue quand même.
Mais Harry s’en fiche, Sirius peut bien le faire tomber autant de fois qu’il le veut, si c’est le signe qu’il est en bonne santé. Cependant, le chien s’empresse d’obéir à son ami, et Harry finit par se relever. Du côté de la maison, ses amis se sont aussi mis debout, et Mme Weasley vient de passer la porte de la cuisine pour accueillir les arrivants. Harry accompagne Sirius et Remus jusqu’à la porte, le chien gambadant joyeusement autour de ses jambes et manquant de le faire tomber à chaque frôlement trop enthousiaste. Un bonjour joyeux et général accueille l’homme et son chien, avant que tout ce petit monde ne se retrouve dans la cuisine. Mme Weasley tire aussitôt les rideaux aux fenêtres, et allume les lampes. Sirius abandonne alors enfin sa forme animagus pour retrouver sa silhouette humaine.
Avec étonnement, Harry constate qu’il semble en bien meilleur en forme que quelques semaines auparavant, juste après le Tournoi des Trois Sorciers. Ses cheveux sont coupés et propres, il ne porte plus l’uniforme d’Azkaban sale et rapiécé, mais une robe de sorcière de coupe et de couleur simples, une de Remus certainement. Et il semble un peu plus gros. Il mange sans doute à sa faim à présent, sans avoir besoin de chiper ça et là.
- Je suis content de te revoir, Harry, fait Sirius en prenant son filleul dans ses bras.
- Moi aussi, répond le jeune homme, les larmes eux yeux.
Harry ne se souvient que trop bien de la dernière fois qu’il l’a vu, et en quelles circonstances. Au moins celle-ci sont plus joyeuses, moins funestes.
- Asseyez-vous, dit Mme Weasley aux deux hommes, en désignant les chaises autour de la table. J’ai fait du thé et il reste quelques gâteaux.
Harry s’étonne alors de voir la femme si peu apeurée par la présence de Sirius. La dernière fois qu’elle l’avait vu, il avait fallu lui expliquer que tout ce qu’elle savait sur le passé de criminel de son parrain était entièrement faux.
- C’est gentil, Molly, mais je ne peux pas rester, fait soudain Remus avec un sourire contrit. J’ai un rendez-vous que je ne veux pas manquer.
- Vraiment ? S’exclame Sirius. Tu ne m’en as pas parlé pourtant.
Remus semble soudain très mal à l’aise, et se contente d’une bref explication :
- J’ai reçu la lettre juste avant de partir. Mais je viendrais avant le dîner.
- Et pourquoi ne mangeriez-vous pas avec nous ? Propose alors Mme Weasley. Je fais un pain de viande, et je sais que vous en raffolez Remus.
D’un même mouvement, Harry et Sirius se tournent vers l’homme, le suppliant du regard d’accepter. Harry s’amuse de voir leur ami être gêné à ce point. Il semble vouloir refuser. Il jette un œil impatient vers la porte, avant de soupirer.
- Je sens que je ne sortirais pas d’ici vivant si je dis non, alors ce sera d’accord, Molly, j’accepte votre invitation avec plaisir.
Les lèvres d’Harry s’étire en un sourire plus que ravi. Cela signifie plus de temps à passer avec son parrain.

O0o0O

Dans l’ascenseur bondé du ministère, je garde les yeux rivés sur les chiffres qui défilent, alors que l’engin descend à la vitesse d’un escargot asthmatique. A côté de moi, Tony, les sourcils froncés, semble tout aussi impatient que moi d’en découvre. Depuis notre rencontre avec le professeur Dumbledore deux jours plus tôt, nous ne décolérons pas. Entendre de la bouche du directeur tout ce que Fudge fait et dit pour réfuter l’évidence de ce qu’il s’est passé m’a collé des sueurs froides. Si je l’avais eu sous la main à ce moment-là ce ministre de mes deux, j’aurais été capable de l’étrangler.
Dans la cabine, juste à côté de nous, deux sorciers discutent justement de ce sujet. L’un semble partagé quant à qui croire à propos de toute cette histoire effrayante, et l’autre soutient mordicus qu’il serait grand temps d’interner Dumbledore en asile, et que le jeune Harry Potter devrait être placé à Sainte Mangouste pour vérifier l’état de sa santé mentale. De colère et de dégoût, je sers les poings. Dumbledore est tout ce qu’il y a de plus sain d’esprit, c’est Fudge qu’il faudrait faire enfermer pour négligence. Quant à Harry . . . Je n’ai de lui que le souvenir d’un petit garçon curieux. Bien loin de l’adolescent qu’il est maintenant. Lui et Zoé ont exactement le même âge. J’imagine qu’il a tout autant changé qu’elle au cours des dernières années. Mais même avec cela, il m’est intolérable de penser qu’il ait pu mentir sur le retour de Voldemort. Le garçon a grandi sans ses parents, à cause justement du mage noir. Quel bienfait en retirerait-il de mentir ?
Enfin, l’ascenseur s’arrête à l’étage souhaité et je sors de la cabine à la vitesse d’un boulet de canon, sous les regards surpris de l’assistance et Tony sur mes talons.
- Eh bien, fait ce dernier avec admiration, il y a bien des années que je ne t’ai pas vu te mouvoir ainsi. On pourrait presque croire que tu es revenue la Mandy d’autrefois.
Je ne réponds même pas, gardant en tête cette porte finement ouvragée, derrière laquelle se terre l’abruti qui sert de dirigeant aux sorciers anglais. Sa secrétaire relève la tête de ses parchemins, au moment où je m’approche de la porte de son patron.
- S’il vous plait, attendez, est-ce que vous avez . . .
Je ne lui laisse même pas le temps de terminer sa phrase et ouvre la porte en grand, surprenant Fudge, qui sursaute dans son fauteuil en cuir de dragon, sandwich à la main. C’est certainement l’heure du déjeuner. Mais je n’en ai rien à faire.
- Miss Dawn, Mr Esperanza, s’offusque-t-il, de quel droit osez-vous entrer dans mon bureau de manière aussi impolie ?
- J’ai essayé de les en empêcher Mr le ministre, explique aussitôt la secrétaire gênée, mais . . .
- Merci, nous n’aurons plus besoin de vos services, dis-je avec sécheresse, avant de pousser la femme hors du bureau et de lui claquer la porte au nez.
Je la scelle ensuite d’un sort pour éviter qu’on ne vienne nous déranger puis double d‘un sortilège d‘Impassibilité, et me retourne enfin vers le ministre qui, de stupeur, en oublie de s’insurger envers notre comportement quelque peu cavalier. Tony et moi nous approchons plus calmement de lui, et mon ami s’arrête à côté de lui, les bras croisés et les sourcils froncés de mécontentement. Je me contente de rester devant le bureau et de poser mes mains à plat sur le plan de travail, au moment où le vieil homme reprend ses esprits.
- Mais qu’est-ce qu’il vous prend à tous les deux ? Que signifie tout ceci ?
- Vous ne m’aviez jamais dit que les rumeurs sur le retour de Voldemort venaient d’Albus Dumbledore, l’accusé-je aussitôt.
D’effroi à l’entente du nom honni, le ministre pousse un petit cri apeuré. Moi-même je frissonne encore un peu à chaque fois que le prononce. Mais je travaille là-dessus. En mémoire de mes amis.
- Qu’est-ce que ça peut bien faire, de qui elles viennent ? Fait le ministre. Ce sont des mensonges.
- Jamais le professeur Dumbledore ne mentirait à ce propos ! M’écrié-je alors, outrée de voir que l’homme le plus puissant du monde magique anglais ferme les yeux sur la réalité. Il a toujours tout fait pour le combattre, pourquoi mentirait-il ? Il n’est pas dans son intérêt de créer un vent de panique.
- Il croit ce Potter ! Crache alors Fudge, les joues rouges et le regard furieux. Ce garçon devrait être à Sainte Mangouste, pas à Poudlard ! Il ment pour se rendre intéressant, et Dumbledore est assez fou pour le croire !
- N’accusez pas Harry de mentir ! Vous ne savez rien de cet enfant, rien de ce qu’il a vécu. Personne ne pourrait comprendre. Vous êtes un lâche Fudge, vous refusez de voir la vérité en face parce que vous vous complaisez dans votre petit monde bien huilé. Vous ne méritez pas ce poste !
La fureur augmentant dans le regard du ministre, ce dernier se lève de son fauteuil. Tony décroise les bras, prudents, et surveille les moindres de ses gestes.
- Veuillez vous adresser à moi sur un autre ton, Mme Black.
Je frissonne. Comment est-ce qu’il sait ? Je ne lui ai rien dit, et depuis le début de notre collaboration, il n’a jamais laissé sous-entendre, à aucuns moments, qu’il savait pour mon passé.
Un sourire ravi et suffisant étire ses lèvres.
- Oh oui, je sais qui vous êtes, poursuit-il. Je me suis renseigné sur vous avant que vous n’arriviez en Angleterre. Vous ne croyiez quand même pas que j’allais vous accueillir ici à bras ouverts sans prendre de précautions ? Je sais qui vous êtes réellement, mais je vous ai quand laissé le bénéfice du doute. Je n’aurais pas dû. Vous ne pouvez être que de la mauvaise graine, puisque vous avez épousé ce Sirius Black, ce criminel . . .
Un grondement sourd jaillit de mes entrailles, se muant très vite en rugissement de rage. Sans pouvoir me retenir, je saute sur le ministre. Je me retrouve cependant intercepté à mi-chemin par Tony, qui m’attrape par les bras et m’empêche d’aller étrangler Fudge.
- Je vous interdis de parler de mon mari ! Hurlé-je, folle de rage. Je vous interdis de prononcer son nom ! Vous ne savez pas qui il est, vous ignorez tout de lui ! Je vous ferais payer pour ce que vous lui avez fait ! Vous paierez tous !
Je continue de me débattre, pour tenter d’échapper à la poigne de Tony, même si je sais que cela m’est impossible. Fudge, surpris et effrayé, est tombé dans son fauteuil et s’est ramassé sur lui-même, les yeux exorbités. Je revois le visage de Sirius, dans sa cellule d’Azkaban, les derniers mots que nous nous sommes adressés, le dernier baiser échangé. Tout cela remonte en moi, jaillit de ma mémoire et de mon cœur où j’avais tout verrouillé à double tour, et déborde. Ma vue se trouble et des larmes coulent le long de mes joues, mélange de fureur et de peine.
- Calme-toi, m’ordonne Tony. N’oublie pas ta fonction. N’oublie pas notre Reine.
Je ne l’ai pas oublié. Je m’en contrefiche royalement en fait. Je finis par cesser de me débattre. Mon cœur cogne encore très fort dans ma poitrine, et je l’entends battre dans mes oreilles. Le sang m’est monté à la tête, et je voudrais encore pouvoir arracher la langue de Fudge. C’est tout ce qu’il mériterait.
- Il . . . Il a raison, fait soudain le ministre en bégayant, désignant Tony d’un doigt tremblant. Vous ne pouvez pas agir de cette façon, ou le traité ne sera pas signé.
Tony resserre sa poigne sur mes bras. Il me serre trop fort, et la douleur s’ajoute à mon ressenti. Les larmes coulent de nouveau, et je vois le regard dégoûté que le ministre pose sur mes larmes de sang. Cela me calme instantanément.
- Tu peux me lâcher Tony, je me contrôle maintenant.
Je le sens hésiter. Je ne bouge pas, pour lui prouver ma bonne foi. Puis, il relâche la pression. D’un geste lent, j’essuie les larmes sur mes joues, puis tends ma main souillée de sang vers le ministre avec un sourire mauvais.
- Mr le ministre, vous pourrez dire tout ce que vous voulez, vous pouvez même annuler le traité si vous le voulez, mais n’oubliez pas une chose : nous sommes des vampires. J’en suis un. Et malgré la part d’humanité qu’il nous reste, nous sommes différents de vous. Sirius Black n’est pas seulement mon mari, il est aussi mon Calice. Par conséquent, je suis capable du meilleur comme du pire pour lui. Alors évitez de dire des choses désagréables à son propos en ma présence. Mon mari n’est pas un meurtrier. Vous vous êtes seulement contentés de l’histoire qui vous paraissait la plus simple. Je vous le prouverais. Et je vous ferais payer pour les années que nous avons perdues.
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