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Love me tonight

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MessageSujet: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeMar 24 Fév - 10:53



Love me tonight

Personnage(s) Principal(aux) : Les maraudeurs, OC
Résumé : Un prédateur rode dans la Forêt Interdite, une créature dangereuse, un être qu’il ne vaut mieux pas rencontrer. Pourtant, il y aura une personne pour croiser son chemin . . . Et débuter une toute nouvelle vie.
Rating : M
Pseudo de l'auteur : Mayra
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Fiche par Chadot pour Riddikulus
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeMar 24 Fév - 11:00

Chapitre 1 : Mandy, le poids plume



La nuit est d’encre. Les arbres de la forêt ne font pas un bruit, pas un souffle ne secoue leurs branches. Les animaux, petits ou grands, restent chez eux. Un prédateur est de sortie. Il ne faut pas le croiser.
Une ombre se faufile, se retourne. Au loin, des lumières, une silhouette imposante. Il sait ce qu’il y a là, il sait ce qu’il s’y trouve. Mais il n’y a pas de tentation, leurs odeurs sont trop éloignées, pas d’envie à assouvir. Pas cette fois. Il est repu.
Il attrape une banche basse, s’y hisse d’une main. Le voilà à présent accroupi sur cette même branche mince en un équilibre parfait, les narines dilatées. Ce soir, il n’a pas faim mais il sent les proies qui tremblent de peur. Par chance, ce soir, cette nuit, le sang ne coulera pas. Ce sera pour une autre fois . . .



O0o0O


Le brouhaha des couloirs est infernal. Tous ces élèves qui courent, qui marchent, qui piétinent, qui parlent, qui rient, qui s’interpellent, qui parfois crient. Tous ces sons me heurtent les oreilles avec une violence que je n’ai jamais appréciée. J’ai toujours aimé le calme et la paix.
Je me faufile entre deux élèves qui discutent au milieu du couloir, bouchant le passage. Devant moi, la natte blonde de Camille se balance au rythme de ses pas. Elle joue des coudes pour se faufiler jusqu’à notre classe de Métamorphose. J’essaie de la suivre, mais je suis plus fine et je n’arrive qu’à me glisser entre les gens.
- Mandy, grouille, on va être en retard !
Je grogne. Je sais que nous allons être en retard, si ce n’est pas déjà fait. Mais la tour du professeur Stratford se trouvant à des kilomètres de la salle de classe du professeur McGonagall, il est rare que nous soyons à l’heure.
- Attendez ! Hurle alors Camille, m’arrachant une grimace. On arrive !
Soudain, le couloir est vide. Devant moi, Camille court jusqu’à la porte de la classe et la retient, alors qu’un jeune homme aux cheveux blonds en pagaille, du nom de Peter Pettigrow, nous regarde arriver avec un air étonné. Ses yeux bleus brillent d’un éclat d’intelligence quand il nous reconnait, et il s’efface galamment pour nous laisser passer dans la pièce. Camille le remercie d’un sourire et je lui prouve ma reconnaissance d’un mouvement de tête.
Le professeur McGonagall est déjà derrière son bureau, la plupart des élèves sont installés. D’un regard, la vieille femme nous presse de nous asseoir. Camille se dirige jusqu’aux dernières places de libres, tout devant, puis sort ses affaires. Je fais de même alors que le professeur entame son cours.
- Aujourd’hui, nous allons étudier les Animagis. Qui peut me dire ce qu’ils sont ?
Camille lève instantanément la main.
Évidemment qu’elle le sait. Elle dévore les bouquins de l’année avant même que la rentrée n’ait été célébrée. Une vraie Serdaigle.
- Mr Potter ? Étonnant que vous participiez à mon cours. Alors, votre réponse ?
Tout le monde - y compris moi - se retourne à temps pour constater que James Potter, Préfet-en-Chef, a effectivement levé la main. Ce qui est rare. Lui et ses trois amis, dont le jeune homme qui nous a tenu la porte, sont plus connus pour leurs tapages et leurs blagues que pour leur participation en cours.
- Ce sont des sorciers qui peuvent se transformer à volonté en un animal totem.
Tout le monde se détourne de sa personne quand le professeur McGonagall lui donne cinq points pour sa bonne réponse. Le cours ensuite n’est fait que d’explications orales de la vieille femme, agrémentées de dessins qui apparaissent au tableau. Je m’applique à en prendre note, à retenir scrupuleusement le plus petit mot.
Ainsi se déroule les deux dernières heures de notre première journée de cours, jusqu’à la sonnerie stridente et libératrice.
- Ah, soupire Camille de bien-être, je commençais à choper des crampes à la main. Dommage que l’on n’applique que la théorie sur les Animagis, n’est-ce pas ? Cela aurait été amusant qu’elle nous apprenne à nous transformer. J’aurais adoré me changer en un animal.
J’hausse des épaules.
- Pas toi ? Fait-elle. Imagine que tu sois une petite souris et que tu puisses espionner Poudlard, ce serait super !
Je souris légèrement en imaginant un rongeur brun à longue queue parcourir les couloirs de pierre.
- Tu te ferais croquer par Miss Teigne répliqué-je, alors que nous sortons de la classe. Ca ne vaudrait pas le coup.
- En quelque chose de plus gros alors ? Fait-elle. Comme un chien. La chatte de Rusard n’en mènerait pas large !
- Mais tu ne serais plus discrète. Et tout le monde s’étonnerait de voir un chien dans les murs du château.
Camille soupire.
- Mandy, se plaint-elle, fais un peu plus preuve d’imagination ! Ce n’est pas parce que tu es une brillante Serdaigle que ton esprit doit être cartésien.
Je ne prends même pas la peine de répondre. Je lui propose plutôt d’aller jusqu’à la bibliothèque commencer notre devoir de Potions, ce qu‘elle accepte immédiatement.
A cette heure-là, elle est presque vide. Mme Pince, la bibliothécaire, nous sourit quand nous passons devant elle et nous fait un léger signe de tête. Nous la saluons d’un mouvement de main à notre tour, puis nous traversons les différentes allées pour rejoindre une table de libre. Il ne nous faut que quelques minutes pour nous installer et débuter nos trente centimètres de parchemins.
Ce n’est qu’au bout d’une heure de réflexion intense que le silence réconfortant de la bibliothèque est brisé par des rires. Je tourne la tête et vois apparaître une bande composée de filles et de garçons. Je les reconnais instantanément et échange un regard affligé avec Camille.
- Finie la tranquillité.
Je ne peux qu’être d’accord avec elle. Les maraudeurs et leurs fans ayant débarqués, la concentration ne sera plus possible.
- Remontons dans la salle commune, nous n’aurons qu’à finir là-bas.
Elle acquiesce en rangeant ses affaires, au moment où le groupe bruyant se sépare. Les filles repartent, et les garçons s’installent à une table non loin de nous. Je vois Camille qui se fige dans ses gestes, un œil sur les quatre jeunes hommes.
- Elles sont parties, fait-elle avec hésitation, alors on n’est peut-être pas obligé de nous en aller. Ils ne font plus de bruits.
Je ne peux qu’admettre qu’elle a raison. L’un des maraudeurs, Remus Lupin qui est Préfet tout comme moi, est sérieux et arrive habituellement à calmer les ardeurs de ses trois amis. Je lui jette un œil. Il essaye de calmer le fou rire du jeune homme aux cheveux noirs et à lunettes, James Potter, en passant une main gênée dans ses cheveux châtains mi-longs. Il doit sentir mon regard sur lui puisqu’il tourne ensuite ses yeux vers moi et me salue d’un geste de la main en souriant. Je lui rends son salut et me rassis. Je lui fais confiance. D’ailleurs, son ami s’est déjà calmé.
Je rouvre mon livre de potions et replonge dedans. De l’autre côté de la table, Camille marmonne en lisant son livre pour son cours d’Etude des Moldus. J’en profite pour la détailler. Elle arbore de longs cheveux blonds et des yeux bleus foncés. Ce qui est le plus remarquable chez elle, c’est le minuscule grain de beauté qu’elle a juste au dessus de la lèvre, sur le côté gauche de son visage. C’est principalement sur ça que son petit-ami, un Serdaigle de 7ème année, a craqué.
- Excusez-moi, nous interpelle soudain une voix basse, est-ce que vous auriez fini avec le manuel de potion ?
Je relève la tête en même temps que Camille. Je croise une paire de prunelles grises entourée d’une cascade de cheveux noirs épais. Le jeune homme que je reconnais comme étant le quatrième et dernier membre du groupe des Maraudeurs, a son uniforme débraillé. Sa cravate est dénouée et des pans de sa chemise dépassent de son pull pour retomber sur son pantalon.
Je lui tends ledit bouquin et il l’accepte avec un sourire content.
- Merci.
Puis il s’en va. Je replonge dans mon parchemin et entame ma conclusion.


O0o0O


La salle commune des Serdaigle est un peu plus bruyante que d’habitude, c’est la constatation que je fais en y pénétrant accompagnée de Camille au retour du dîner. La majorité des élèves de notre maison est rassemblée là, principalement autour du feu ou du rassemblement de fauteuils près de la statue de Rowena Serdaigle, notre fondatrice.
Je m’étire avec un sourire bienheureux et jette mon sac près d’une chaise avant de m’y laisser tomber avec fatigue. Camille me rejoint et s’écrase sur la table.
- Suis fatiguée, marmonne-t-elle. C’était mieux les vacances.
Je ne suis pas vraiment d’accord avec elle. Pour moi, les vacances signifient retour à l’orphelinat. Je préfère, et de loin, être à Poudlard.
- Comment se sont passées tes vacances de Noël ? Lui demandé-je alors.
- Comme d’habitude, répond-elle en relevant la tête d’un air las. On a passé les fêtes à se gaver comme des oies, et je vais devoir de nouveau faire un régime pour pouvoir rentrer dans mon maillot de bain cet Été : mes parents prévoient de nous envoyer dans le Sud de la France pendant deux semaines.
- C’est bien. Ca fait longtemps que vous n’êtes pas partis, je crois.
- Ouais, depuis le décès de grand-mère il y a trois ans. Justement, puisqu’on en parle, maman m’a demandé de te proposer de venir avec nous. Ca te dirait ?
Instantanément, Camille retrouve toute son énergie.
- Imagine, fait-elle, des plages de sable chaud, une mer et un ciel bleus, la chaleur et les glaces rafraîchissantes, les montagnes de roches rouges, les villas magnifiques. On reviendrait aussi noires que Betty !
Betty Namib est assise deux tables plus loin. C’est une Serdaigle de notre année, métisse aux longs cheveux noirs et au regard d’onyx. Elle est l’une des batteuses de notre équipe de Quidditch et d’une gentillesse sans bornes, à la limite de la naïveté.
- Aussi noires qu’elle ? Répété-je, dubitatif. Ce ne serait pas deux semaines qu’il nous faudrait pour ça, mais deux mois !
Camille ricane.
- Voilà qui prouve que tu n’as jamais quitté l’Angleterre. Mandy-chérie, il n’y a que dans notre pays que la couverture nuageuse stagne au dessus de la tête de ses habitants trois cent soixante jours par an.
- Il y a trois cent soixante-cinq jours dans une année, lui rappelé-je.
- C’est ce que je dis !
Je lève les yeux au ciel en souriant, amusée et exaspérée.
- Salut les filles !
Notre échange est interrompu par Frederick, communément appelé Fred, de notre année. C’est le petit-ami de Camille : brun, les yeux verts pâles, et rachitique. L’exemple parfait de l’intello ennuyeux. Qu’il n’est pas. Notre directeur de maison, le professeur Flitwick, s’est même demandé plusieurs fois à voix haute pourquoi il avait été réparti à Serdaigle. Après tout, il est l’un des élèves les plus mauvais de notre maison et c’est avec beaucoup de chance qu’il passe tous les ans de justesse.
- Bonjour Fred, le salué-je en retour alors qu’il se baissait pour déposer un chaste baiser sur les lèvres de Camille.
Il s’assit ensuite avec nous et passe un bras cajoleur autour de la taille de mon amie.
- Alors, bien passée cette rentrée ? Veut-il savoir.
- Bof, répondit Camille, me prenant de vitesse, comme d’habitude, c’est à dire que Mandy a tout fait pour être invisible aux yeux de tout le monde et a brillamment réussi.
- Quand on voit comment elle se conduit dans la sécurité de notre tour, on se demande comment elle peut être autant effacée le reste du temps ! S’esclaffe Fred, penchant la tête en arrière.
Pour toute réponse, je lui tire puérilement la langue.
- Je suis réservée, asséné-je, j’ai le droit, non. Aux dernières nouvelles, ce n’était pas un crime.
- Non, bien sûr que non, mais tu rates peut-être beaucoup d’opportunités en te limitant aux élèves de Serdaigle, explique mon amie.
Cette discussion a un arrière-goût amer de déjà vu. Comme à chaque fois que nos échanges dérivent sur ma vie sociale, d’ailleurs. Trop de fois j’ai entendu ces mots, aussi bien à Poudlard qu’à l’orphelinat. La directrice de mon établissement de primaire avait même voulu me faire voir un psychologue pour vérifier que ce n’était pas dû à une pathologie. Retrouver son tableau habituellement noir barbouillé de peinture vermillon avec rage, l’a rapidement dissuadée d’aller dans ce sens. A cette époque, bien entendu, j’ignorais que j’étais une sorcière et capable de magie. J’avais donc, comme tous les autres, été passablement ébahie de voir ma maîtresse me haïr subitement.
- Dis Mandy, tu as fait quelque chose de spécial à Crow ?
Étonnée, je sors de mes pensées et jette un regard interrogateur à Camille.
- Crow ? Non, je ne l’ai pas vue depuis ce matin dans la Grande Salle, et je ne lui ai même pas adressé la parole depuis notre départ pour les vacances de Noël. Pourquoi ?
Camille fait un signe du menton dans la direction des tables qui entourent la statue de Serdaigle.
- Parce qu’elle a l’air de t’en vouloir.
Je me retourne, curieuse de constater cela de mes propres yeux. Jessie Crow, 17 ans, rousse aux yeux marrons, est accompagnée d’une de ses amies et installée autour d’une table ronde. Et, effectivement, elle a l’air de m’en vouloir puisqu’elle me fusille du regard.
- Bah, qu’est-ce que j’ai bien pu lui faire ? Demandé-je en me remettant droite.
Camille et Fred haussent des épaules.
- Si tu ne le sais pas, ce n’est pas nous qui allons pouvoir t’aider, précise Fred. Pourquoi ne pas le lui demander ?
- J’ai une tête de suicidaire ? Répliqué-je instantanément. Je n‘approche pas un dragon quand il est dans cet état.
Fred et Camille éclatent de rire.
- De toute façon, je le saurais bien à un moment ou un autre, continué-je avec un haussement d’épaules désinvolte en me levant de ma chaise. Bon, je vous laisse les amoureux, je vais me coucher. A demain !


O0o0O


Un croissant de lune pointe timidement son nez cette nuit. Les étoiles brillent plus fort que la nuit passée. La journée a été difficile. Ils sont revenus, ont parcouru une partie de la forêt. Ils ont troublé son sommeil. Un homme est passé, entré plus profondément que les autres. Il ne faut pas qu’il le repère.
Il se laisse tomber sur le sol, souplement, sans bruits. La faim le tiraille à nouveau. C’est encore ténu, sous-jacent mais bientôt il faudra la satisfaire. Pas cette nuit, sans doute pas. Mais la nuit prochaine, ou celle d’après. Il attendra jusque-là, puis il s’en ira. Une fois rassasié, il partira de nouveau. Vers d’autres contrées.



O0o0O


Je me relève, attrape mon sac et le remets d’aplomb sur mon épaule. Je fais fi des rires des élèves de tous âges et de toutes maisons. Je grave dans ma tête le regard dégoûté et furieux de Crow. Et je passe mon chemin dignement.
Cela fait la quatrième fois depuis le lever que Crow s’amuse à me faire tomber de toutes les manières possibles et imaginables. Elle m’en veut, comme l’ont dit Fred et Camille hier soir, mais j’ignore toujours autant pourquoi. En tout cas, elle m’a l’air résolue à se venger d’un affront que je lui ai fait sans que je ne le sache.
- Mandy, ça va ?
Je réponds à mon amie d’un léger sourire rassurant.
- Tu ne veux pas que je t’envoie à l’infirmerie ? Tu boîtes.
- Non, ça va, réponds-je, ma cheville est juste légèrement douloureuse. Ca va passer, ce n’est que le choc, pas d’inquiétude à avoir.
Camille se met alors à rouspéter.
- Eh bien sûr, il n’y a jamais de Préfet quand on a besoin d’eux. Pourquoi tu ne lui retires pas des points toi ?
Je secoue la tête.
- Je suis la cible, je serais un mauvais juge. Si ça ne tenait qu’à moi, Serdaigle serait dans le rouge depuis longtemps. Gardons un espoir de gagner la Coupe des Quatre Maisons.
Camille ne répond pas et s’adosse au mur de notre cours de potions. C’est notre premier cours du mardi matin, avec le professeur Slughorn, et bien sûr il n’est pas à l’heure. Un peu plus loin, Crow bavasse gaiement avec son amie, Cassandra Granson, qui partage aussi notre dortoir. Je grince des dents.
Je n’ai jamais eu aucun différent avec Crow jusqu’à maintenant. Nous ne sommes pas de grandes amies, mais pas non plus des ennemies jurées. Je ne comprends pas pourquoi elle est aussi méchante avec moi tout à coup. J’ai beau me creuser la tête, je n’arrive pas à savoir ce que j’ai pu faire de mal hier pour qu’elle réagisse ainsi. L’aurais-je offensée d’une quelconque manière ?
- Ah, désolé pour mon retard, s’exclame le professeur Slughorn en arrivant en courant, son sac débordant de parchemins et trifouillant dans ses poches à la recherche de la clé de sa classe. Miss Dawn, que vous est-il arrivée ? Ajoute-t-il en lorgnant sur ma joue droite.
Etonnée, je passe une main sur mon visage et retiens une grimace de douleur. Je dois avoir un bleu.
- Rien professeur, une maladresse.
Il acquiesce d’un signe de tête, ouvrant sa porte. Inutile de s’inquiéter plus, je suis une éternelle maladroite et la salle de potion en a suffisamment fait les frais pour que mon professeur le sache pertinemment.
Je pénètre dans la salle de classe à la suite de deux Gryffondor, et m’installe automatiquement à ma place, Camille me rejoignant. A son tour, elle jette un œil à ma joue.
- C’est vilain, annonce-t-elle. Tu devrais aller voir Mme Pomfresh, elle te réparerait ça en un tour de main.
- Inutile, il n’y aura plus rien d’ici quelques jours. Je ne vais pas aller l’embêter pour si peu.
Camille lève les yeux au ciel, exaspérée mais n’ajoute rien : le cours vient de commencer et le professeur Slughorn nous explique que nous allons entamer l’apprentissage de la préparation du Polynectar.
Deux heures plus tard, nous quittons le cours. Camille fulmine encore et j’en suis toujours à tenter vainement d’extirper de mon cuir chevelu la chose non identifiée qui envahit mon crâne.
- Quelle peau de vache ! S’écrie mon amie. J’aimerais bien savoir ce qu’elle a à la fin ! Tu ne lui as rien fait à ce que je sache !
Je ne réponds pas mais grimace d’avoir tiré trop fort sur mes cheveux. Ma mèche brune s’entortille de nouveau quand je la lâche et reprend son aspect initiale désordonné. Je soupire. Mon cuir chevelu n’est déjà habituellement pas coopératif, mais alors là ce sera carrément la Seconde Guerre Mondiale entre lui et moi ! Je vais m’amuser à les nettoyer.
- Je n’ai même pas le temps de faire un détour par les toilettes, murmuré-je à Camille en passant devant un groupe de garçons qui attend un de leurs amis de notre cours, autrement je serais en retard en Botanique.
Camille prend un air compatissant.
- Je sais. Dommage que le vert ne t’aille pas au teint, ce n’aurait pas été catastrophique autrement.
Mes paupière se plissent de colère quand j’entends Crow glousser derrière nous. Sale peste ! A présent, je me fiche de savoir quelle mouche l’a piquée, mais elle a intérêt d’arrêter ces gamineries, où je ne réponds plus de rien ! Ce n’est pas elle qui va passer trois heures à tenter de dépêtrer cette patte collante qu’elle m’a renversée sur le crâne !
- Oh oh, fait soudain Camille en faisant un pas de recul. Mandy, je n’aime pas ce regard. La dernière fois que tu as fait cette tête, tu as jeté mon frère dans une benne à ordure. Je te conseille de te calmer.
Je pince les lèvres mais suis le conseil de mon amie. Ce n’est pas le moment de faire du grabuge. Derrière nous, j’entends les pas de Crow et me parvient aux oreilles sa voix douce, mais à présent désagréable.
- Je ne sais pas, rigole-t-elle, mais Dawn est tellement maladroite ! Elle a dû plonger la tête la première dans un chaudron d’excrément de véracrasse en s’emmêlant les pieds dans son sac.
Au moins, maintenant, je sais ce que j’ai dans les cheveux et pourquoi j’avais cette odeur puante dans le nez depuis la fin du cours.
- C’est bizarre, fait une voix que je reconnais comme étant celle de Remus Lupin, mon homologue Préfet de Gryffondor, je ne l’ai pas vu tomber aujourd’hui. D’habitude, c’est plus remarqué que ça.
Crow s’esclaffe de nouveau, accompagnée cette fois-ci de Granson.
- C’est parce qu’elle a fait attention à ne pas se faire voir, murmure-t-elle. J’ai entendu dire qu’elle serait intéressée par quelqu’un.
Ah bon ? Qui ça ? Je suis la première intéressée et je ne suis même pas au courant. Si ce n’est pas magnifique.
- Qu’on m’explique pourquoi Crow raconte de tels bobards ! Marmonne Camille alors que nous passons dans le hall pour rejoindre le parc où se déroule notre prochain cours.
Je ne dis rien mais plisse à nouveau des yeux. Je sens la colère enfler dans mes veines et, affolée, tente de la faire taire.
- Ah oui ? Fait Lupin. Ca n’a pourtant pas l’air d’être son genre.
Crow glousse de nouveau, ce qui en devient exaspérant.
- Elle ne l’avouera jamais, mais je l’ai vu. Elle garde une photo de lui sous son oreiller et le soir, quand elle croit que personne ne la regarde, elle la sort de sa cachette et l’embrasse.
- Ah oui ? Rigole une voix masculine que je ne reconnais pas, et on peut savoir qui c’est ?
- Voyons, Sirius, quelle question. C’est toi, bien sûr, qui d’autre ?
Plus qu’estomaquée, je pile dangereusement. Camille, prise au dépourvue me rentre dedans et son nez frappe l’arrière de ma tête.
- Aïe ! Mandy, mais qu’est-ce que . . . ? Commence-t-elle en me passant devant, puis s’interrompt et ajoute en voyant mon air : Oh, ce regard, ce n’est décidément pas bon !
Je me retourne, surprenant le groupe qui nous suit de près et dégaine ma baguette.
Je viens de comprendre les raisons de Crow en additionnant tout ce que je sais d’elle. Cette bécasse fait partie de l’absurde fan-club de Sirius Black et se traîne à ses pieds depuis déjà plus de trois ans. Pour une raison que j’ignore encore, elle pense que je suis intéressée par lui et tente donc de me discréditer pour avoir plus de chances.
- C’est vrai ce que vient de nous dire Crow, Dawn ? S’amuse le blond Pettigrow. Tu craques pour Sirius ?
Je ne prends même la peine de répondre et pointe ma baguette sur ma camarade qui rigole en me voyant faire.
Difficile de ne pas la comprendre. Je suis, et de loin, l’un des plus petits gabarits de cette école. Je ne dépasse pas le mètre soixante et je suis aussi fine qu’un bout de fil de fer. Ridicule. La plupart des élèves de cette école, filles comprises, pourraient me briser en deux rien qu’en me prenant dans leurs bras.
- Expulso !
Mon sort interrompt instantanément le rire de Crow et son corps est brusquement expulsé loin en arrière, avant de d’atterrir douloureusement dans le lac. Son cri d’horreur suraigu doit s’entendre dans tout le domaine. J’entame quelques pas pour la rejoindre, et finir ce que j’ai commencé, quand je me sens happé par deux bras.
- Mandy, arrête ! Crie Camille en me serrant contre elle pour m’empêcher de continuer à avancer. Elle a eu son compte, calme-toi !
- Amandine Dawn !
Mon nom hurlé avec un ton aussi outragé me force à arrêter de gigoter et à tourner mon regard vers le professeur Chourave qui se dirige vers nous.
- De quel droit est-ce que vous . . . Jamais, je n’ai . . . Ceci est inadmissible, jeune fille ! Vous auriez pu gravement blesser votre camarade !
Le ton de la voix de notre professeur me calme instantanément. Contrite, je baisse la tête et Camille me relâche.
- Désolée, professeur, m’excusé-je instantanément, je me suis laissé emporter. Cela ne se reproduira pas.
La débonnaire professeur Chourave se calme à son tour et reprend sa voix douce et calme.
- Miss Dawn, je vous connais, je sais que vous ne vous mettez pas en colère souvent, mais ce geste doit être puni. Vous serez en retenue ce soir, avec le professeur Slughorn. Il doit aller cueillir des herbes dans la Forêt Interdite et il ne sera pas contre de la main d’œuvre. Soyez dans son bureau à huit heures.
Puis, elle se dirige vers Crow qui sort du lac, complètement trempée.
- Waouh.
Je me retourne et croise le regard chaudement brun de James Potter. Il a l’air impressionné.
- Dorénavant, je ferais attention avant de me frotter à un poids plume, déclare-t-il, faisant sourire ses amis.
Je me détourne et soupire avant de reprendre le chemin du cours.
- Bah, finalement, elle est intéressée ou pas par Sirius ? Demande Pettigrow.
- Tu tiens vraiment à lui poser la question ? Réplique Lupin.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeMer 25 Fév - 9:45

Chapitre 2 : Découverte de soi



Le dîner se fait sans exagérations de bruits à notre table. Les conversations sont calmes et sans cohues. Cela change de l’ordinaire. Au moins ainsi, je peux manger sans craindre une migraine en allant me coucher.
- Amandine, mange! Il ne faudrait pas que tu alertes les créatures dangereuses de la forêt avec ton ventre gargouillant !
Je lève un regard morne vers Fred. Ça ne me fait pas rire.
- Frederick, le rabroue Camille en lui filant un coup de coude dans les côtes. Ne l’écoute pas, Mandy, ce n’est qu’un idiot.
- Hey, sympa ! S’insurge «l’idiot».
- Je te comprends, continue-t-elle ignorant l’intervention de son petit-ami, ce ne doit pas être drôle. Mais dis toi que tu aurais pu tomber sur pire, et on n’a pas eu de perte de points, Chourave a été cool sur ce coup-là.
- Elle a dû comprendre en voyant ma tête que Crow avait sa part de responsabilité dans cette histoire, réponds-je.
A présent, le bleu qui a envahit ma joue a tourné à une couleur verdâtre absolument répugnante. Au moins, j’ai pu profiter de mon heure de libre avant le cours de Défense Contre les Forces du Mal pour enlever les excréments de véracrasse de ma tête. Mais du coup, je n’ai pas déjeuné à midi et malgré ma faim tiraillant, je n’arrive pas à avaler quoi que ce soit.
Je passe une main dans ma tignasse. Mes cheveux sont encore gluants. Malgré une heure et demi de frottage intensif et trois shampooings, j’ai l’impression que la substance verte est toujours là.
- Il est huit heures moins le quart, Mandy, tu devrais peut-être y aller, fait alors Camille en regardant sa montre bracelet.
Je hoche d’un signe de tête, repose ma fourchette et quitte la table en leur faisant un signe d’au revoir. Les mains dans la poche et l’air renfrogné, je me dirige ensuite lentement vers le bureau du professeur Slughorn. Je frappe trois coups à la porte, à huit heure pile.
Le bruit d’une chaise qu’on racle, de pas et la porte s’ouvre. Le professeur Slughorn est habillé de pied en cape, prêt à partir. Il me tend une besace en cuir.
- Vous y mettrez ce que vous aurez trouvé, dit-il. Nous allons aller ensemble dans la forêt puis nous nous séparerons, ainsi, nous irons plus vite et serons au lit plus tôt.
Il me tend ensuite une feuille de parchemin alors qu’il quitte son bureau en le verrouillant.
- Ceci est la liste des plantes que je recherche. Toutes ne se trouvent qu’à l’état sauvage, alors ouvrez l’œil, j’en ai besoin pour mon prochain cours avec les cinquièmes années.
J’acquiesce et le suis hors du château.
- Vous devriez aller voir l’infirmière pour cet hématome, miss Dawn, fait le professeur alors que nous traversons le parc. Il est inutile de garder une marque aussi voyante, cela ne fait qu’alimenter les commérages déjà nombreux sur votre compte.
Des commérages ? Sur moi ? Ah bon ?
- Des commérages, monsieur ? Je n’ai rien entendu de tel.
Le professeur Slughorn se met à glousser, et son double monter tressaute en rythme avec sa moustache.
- Miss Dawn, il semblerait que votre démonstration du Sortilège d’Expulsion sur la personne de miss Crow ait impressionné nombre de vos camarades. Le professeur Flitwick lui-même m’a avoué avoir rarement vu un élève lancer ce sort avec autant de brio.
Il me fait un clin d’œil, et nous nous glissons parmi les premiers arbres.
- Il est vrai que vous ne vous démarquez guère dans mon cours, poursuit-il, ainsi je n’ai jamais vraiment pu admirer votre potentiel en matière de magie. Dites-moi, miss Dawn, accepteriez-vous de venir au dîner au petite comité que j’organise samedi soir ? Il n’y aura là que quelques élèves et moi-même, et ce serait l’occasion de vous faire de nouvelles connaissances. Dans la vie, avoir de bonnes relations est essentiel. Je n’accepterai aucun refus de votre part, miss.
Je lui jette un regard partagé. Tout le monde à Poudlard connait l’existence du Club de Slug, mais je n’ai jamais émis l’envie d’y aller. C’est un regroupement des meilleurs élèves de l’école, ainsi que des sorciers mineurs influents de la communauté, ceux qui seront connus dans le futur. Seuls les favoris du professeur Slughorn y sont admis. Mon sort aurait-il été aussi spectaculaire que ça ?
- Je vais y réfléchir, professeur. Merci pour l’invitation.
- Attention, miss, fait-il avec un air faussement grondeur, je n’accepterai pas de refus.
Je lui tends un sourire hésitant, puis il m’annonce que nous nous séparons, avant de s‘éloigner par la gauche. Je lance un regard incertain vers la cime des arbres. Tout est noir ici, je ne vois pas grand-chose. Le silence de la forêt est inquiétant. Ne devrait-il pas y avoir des animaux qui sortent pour se nourrir, chasser ?
Faisant fi de ma peur, je commence à m’enfoncer parmi les arbres, ma baguette devant moi éclairée par un lumos. La lumière troue les ombres mais rien ne s’agite à part les feuilles secouées par le vent glacial qui souffle. Je resserre mon écharpe autour de mon nez et dirige ma baguette vers le sol pour tenter de trouver les plants dont a besoin le professeur Slughorn.
Quelques minutes passent. Le manque de bruit m’angoisse de plus en plus. Bien que je l’aime, je sais aussi que le silence de la forêt est anormal. Mon cœur bat un grand bruit contre mes côtes et je crains qu’un prédateur ne l’entende.
Un bruissement ténu dans mon dos me tétanise. La lumière de ma baguette tremblote, tout comme ma main. Il y a quelque chose derrière moi. Quelque chose de dangereux, me souffle mon instinct. Mes membres sont paralysés, je ne peux pas faire un mouvement. La peur me cloue sur place.
Soudain, je sens mon écharpe s’abaisser dans ma nuque et le souffle d’une respiration précipitée la parcourir. Il faut que je bouge, que je fasse quelque chose. Mon instinct me hurle de m’enfuir, de hurler. Mais j’ai peur. Je ne suis pas une courageuse Gryffondor, moi, je suis une studieuse Serdaigle.
Un bras enserre ma taille, me rapproche d’un corps. C’est humain. Un torse plat se presse contre mon dos, la poitrine d’un homme. Est-ce un élève aventureux, avide de me donner la peur de ma vie ? Non, là encore mon instinct me hurle que c’est plus que ça, que c’est dangereux. Ma vie est en danger.
Je retrouve l’utilisation de ma voix alors qu’une main ferme et forte attrape mon menton et m’oblige à incliner la tête sur le côté. Et quelque chose transperce la chair fine et fragile de mon cou. Je hurle.


O0o0O


C’est succulent. Cela le tentait depuis que l’humaine avait mit les pieds dans le parc. Dans la journée, la fragrance de son parfum était parvenu jusqu’à lui, troublant son sommeil. Depuis, son esprit avait été entièrement tournée vers cette odeur, cette saveur sur sa langue. Et enfin, elle était revenue, une fois la nuit tombée et s’était enfoncée dans les ténèbres de la forêt. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour la rejoindre. Son parfum était encore plus envoutant de plus près. Il n’avait pas résisté.
Le liquide coule entre ses lèvres, envahit sa bouche, dégringole dans sa gorge, étanche sa soif, arrose son âme. Ce sang . . . Rarement il n’en a connu d’aussi délicat, d’aussi entêtant. Cela lui rappelle un lointain souvenir agrémenté de fleurs aux couleurs pastels, d’un soleil ardent.
L’humaine crie, commence à se débattre. Mais il est plus fort. Il la domine, aspire un peu plus. Le sang passe à nouveau dans sa bouche, réchauffe son corps froid. Il entend alors des bruits de pas. Quelqu’un vient, qui le dérange dans son repas. Mais il ne veut pas que ça s’arrête, il veut continuer ainsi encore longtemps. Il veut la vider, qu’il ne reste en elle plus une seule goutte de ce divin nectar, que personne d’autre que lui ne puisse humer ce bouquet, ne puisse goûter cette saveur. Les bruits de pas se rapprochent. C’est un humain, il le sent. Ce n’est pas un jeune comme la fille, c’est un vieux, expérimenté. Il saura comment lui faire du mal. Il faut qu’il s’en aille ou il sera en danger.
Ses crocs s’extirpent de la chair de l’humaine. Elle est inconsciente depuis quelques secondes. La pâleur de la jeune fille lui rappelle la sienne, les boucles noires de ses cheveux lui en rappellent d’autres, aimées. C’est une tentation qu’il doit oublier. Il doit fuir. Il dépose délicatement son paquet sur le sol de feuilles, passe un dernier coup de langue sur la blessure ensanglantée . . .
Et se souvient. A son esprit, en quelques millièmes de secondes, se succèdent les visages des autres . . . Ceux qu’il considère comme une plaie pour sa race, qui ne sont pas dignes de leur être apparenté. Il prend alors une décision rapide, porte son propre poignet à sa bouche, y mord sauvagement. Son sang coule doucement de la plaie alors que les pas se font de plus en plus proches. L’homme n’est qu’à quelques mètres de lui. Il se penche sur l’humaine, respire à nouveau le bouquet exquis de son sang mais fait fi. Il lui soulève la tête et presse sa plaie contre les lèvres entrouvertes. Le liquide vermillon coule délicatement dans sa bouche et d’une pression des doigts sur sa gorge, la force à avaler. Ainsi, elle ne deviendra pas comme eux, elle aura une chance d’avoir une vie meilleure. Et puis, peut-être recroisera-t-il son chemin et pourra-t-il de nouveau goûter à son sang, si divin . . .
Il se relève, puis ses pas le mènent plus loin, plus vite, hors de la sécurité basique de la forêt. Il s’éloigne, s’en va pour toujours, mais une part de lui restera à jamais avec l’humaine. Son venin, mélangé au quelques gouttes de sang qu‘il lui a donné, a déjà commencé son travail . . .



O0o0O


J’ouvre brusquement les yeux. Une lumière vive transperce mes pupilles. Celle du soleil. Jamais il ne m’avait semblé aussi éclatant. Je prends ensuite une profonde inspiration, l’air s’engouffre dans mon corps, brulant ma gorge, comme si il y avait longtemps que l’oxygène n’avait pas pénétré mon organisme. Et l’odeur me frappe. Cela réveille en moi une sensation inconnue. Ma gorge se serre, mon ventre se noue, mon cœur s’emballe.
Cette odeur . . .
Automatiquement, ma tête se tourne vers l’origine de cette saveur tentante. Il y a une assiette creuse en porcelaine emplie d’un liquide noire. Je me jette dessus comme une affamée, incapable de contenir mon impatience, et porte le récipient à mes lèvres.
Le liquide coule dans ma bouche, envahit ma gorge, brûle mon œsophage. C’est délicieux. Il y a ce goût musqué, cette saveur légèrement sucrée, cette sensation de douceur. Je n’ai jamais rien avalé de pareil, on dirait une sucrerie délectable.
Je repose le récipient là où je l’ai trouvé, sur une petite table. Il est vide à présent. Ou presque. Des traces rouges le parcourent. Mais le liquide n’était-il pas noir ? Le souvenir du plat remplie me frappe, aussi vivace que s’il était devant moi, et je remarque ce que je n’avais pas vu, trop pressée de me délecter de cette substance : il y avait tant de ce liquide rouge, qu’il en était noir.
Quel était cette boisson ? Je n’en ai jamais vu de pareil.
Soudain, un bruit. Mon attention est attirée par un son de pas proches. Je tourne la tête. Il n’y a personne dans la pièce. Personne d’autre que moi et les meubles : la table près de laquelle je suis, le lit à l’autre bout de la pièce, deux chaises. Pourtant, le bruit continu, il est là, tout proche. Le pas est aérien et assuré. Comment est-ce que je peux décrire autant des sons de pas ?
Mon regard se pose sur le lit. Mes sourcils se froncent. A mon réveil, n’étais-je pas allongée dessus ? Mais à présent, je suis près de la table, qui se trouve à près de cinq pas de la couche. Comment ais-je pu arriver là en moins d’une seconde ?
La personne se rapproche, je l’entends à son rythme de pas. Elle est près de la porte à présent, et c’est comme si elle marchait juste à côté de moi. C’est troublant. Je n’ai jamais eu le sens de l’ouïe aussi exacerbé. On frappe deux coups secs. Le bruit me donne l’impression que des coups de bélier essayent de réduire la porte en miette. Surprise et effrayée, je fais un bond en arrière . . . Et me retrouve accroupie sur le lit, les dents découvertes et un son rageur s’échappant du tréfonds de mon corps.
Encore plus surprise, je m’assieds instantanément sur la couche d’une manière plus convenable. Que m’arrive-t-il ?
- Miss Dawn ?
La voix est douce et légèrement rauque. C’est celle du professeur Dumbledore.
- Puis-je entrer ? Poursuit-il.
Il me demande à moi, s’il peut entrer ? N’est-ce pas son école aux dernières nouvelles ? A moins que . . . Je jette un œil aux murs qui m’entourent. Ils sont faits de pierres scellées et des tableaux vivants sont accrochés aux murs. D’ailleurs, ils me regardent tous bizarrement. Je les comprends un peu, moi-même je me trouve bizarre ce matin. Mais cela me prouve que je suis bien à Poudlard.
- Vous pouvez entrer, professeur.
Ma voix me fait un drôle d’effet. Il y a comme une consonance chantante dans la manière dont j’ai prononcé ces mots. Bien que cela me semble tout à fait naturel, je trouve ça aussi assez étrange.
Un bruit de clé que l’on glisse dans une serrure me tire de mes pensées. J’entends distinctement tout les rouages qui tournent afin de déverrouiller la porte. De plus en plus bizarre ce qu’il se passe. Le professeur Dumbledore pousse le battant et entre, vêtu d’une robe de sorcière bleu nuit constellée d’étoiles argentés. Elle est tâchée au niveau de la poitrine, il y a renversé une substance transparente.
Je lève la tête et cible mon regard sur son visage. Il est encore loin, mais je perçois les nombreuses rides de son visage, pas toutes dues à son grand âge, ainsi que les paillettes dorées qui peuplent son regard azur et les fils argentées mélangées à sa barbe blanche.
- Bonjour, fais-je avec prudence, curieuse de savoir ce qu’il me veut, ce qu’il m’arrive et où je suis.
- Bonjour, miss Dawn, me salue-t-il en retour en prenant bien soin de fermer la porte derrière lui. Comment vous sentez-vous ?
Difficile de répondre à sa question. Depuis mon réveil, j’ai la désagréable impression de ne plus être la même personne qu’hier.
- Bien, je crois, réponds-je quand même. Qu’est-ce que je fais ici ?
Le professeur s’approche d’une des chaises, s’y assoit et l’odeur sous-jacente qui régnait dans la pièce depuis son arrivée se fait plus forte. C’est quelque chose de sucrée, trop d’ailleurs. Cela m’attire et me repousse en même temps. Comme un succulent gâteau dont le parfum embaumerait mes sens, mais que mon état repu m’empêchait de goûter de peur que mon estomac n’éclate.
- Ceci est toute une histoire, miss, s’amuse le directeur. Vous souvenez-vous ce qu’il s’est passé mardi soir ?
Mon regard se plante dans le sien alors que je tente de rappeler mes souvenirs à moi.
- Mardi soir . . . Murmuré-je, l’esprit ailleurs. J’étais en retenue avec le professeur Slughorn. Nous avons été dans la Forêt Interdite, cueillir des plants pour son cours avec les cinquièmes années. Il a été impressionné par ce que le professeur Flitwick lui a dit sur le Sortilège d’Expulsion qui m’a valu ma retenue, il m’a proposé d’entrer dans son Club. Puis . . . Nous nous sommes séparés pour trouver plus rapidement ce dont il avait besoin et . . .
Et il y a eu ce bruit, la peur dans mes veines. Je n’étais pas seule à ce moment-là. Quelqu’un . . . Quelqu’un . . . Je porte brusquement ma main à mon cou, là où je me souviens de la sensation de deux objets pointus qui lacèrent ma peau. Sous ma paume, deux boursouflures distantes d’environ deux centimètres se font sentir. Mon cœur s’emballe quand mon esprit fait le lien entre ces cicatrices et ce que j’en déduis.
- Un vampire . . .
Nom d’un chaudron, je me suis fait boulottée par une saleté de suceur de sang ! Alors, cela veut dire que . . . Que . . . Je lève mon regard embué de larmes vers le professeur Dumbledore. Il sourit d’un air paisible. Pourquoi ce sourire ?
- Vous avez eu de la chance miss Dawn, dit-il, vous auriez pu tomber sur bien pire que celui qui vous a mordu.
- Pardon ? Mais . . . Il m’a mordu ! Il a bu mon sang, il a . . . Je suis morte !
Oh Merlin-Tout-Puissant, je suis un vampire ! Il m’a mordu, ne m’a pas tué, son venin s’est répandu en moi, il m’a transformé ! Des larmes coulent sur mon visage. Surprise, je laisse la pulpe de mes doigts caresser mon visage et recueillir les gouttes. Du sang. Je verse des larmes de sang.
- Professeur, commencé-je de plus en plus confuse, qu’est-ce que . . . ?
Il lève deux mains apaisantes et dit :
- Pas de panique, miss Dawn, comme je vous l’ai dit, dans votre malheur, vous avez eu beaucoup de chance. Ce n’est pas un simple vampire qui vous a mordu, mais un membre de la Caste.
De la Caste ? Mais, il n’en a pas été fait mention lors de notre cours de Défense Contre les Forces du Mal de quatrième année sur les vampires.
- La . . . Caste ? Répété-je, hébétée.
- Oui, mais leur sujet n’est pas abordé avant la septième année à Poudlard, c’est pour cela que vous n’en avez pas entendu parler jusqu’ici. Les vampires de la Caste ne sont pas comme ceux dont on parle dans les livres d’épouvante ou contre lesquels le Ministère nous met en garde. Ils sont différents.
- En quoi ? Demandé-je, avide de savoir.
- Ils sont l’origine des vampires.
Je fronce des sourcils.
- L’origine ? Et qu’est-ce que cela change pour moi ?
- Rien, si ce vampire n’avait fait que vous mordre.
Mon froncement s’intensifie, l’impatience se réveille. Qu’il cesse donc de me donner des informations au compte-goutte.
- Mais, et nous ignorons pourquoi, poursuit-il, il semblerait que ce vampire vous ait aussi fait boire un peu de son sang.
Je pose deux mains horrifiées sur ma bouche. Il m’a fait boire son sang ?! Et, aussi vite que ce dégoût est apparut, il reflue. Le sang . . . Ce simple mot éveille en moi un désir faible de m’en repaitre. Pourquoi donc ? Pourquoi cette envie de m’en abreuver ? Alors, sans que je ne m’y attende, mon regard se pose sur l’assiette creuse que j’ai vidé plus tôt. Son contenu était rouge. Rouge sang.
- Je vois que vous avez compris, reprend le professeur Dumbledore après les quelques instants de silence qu’il m’a laissé pour que j’assimile. Vous aviez besoin de ce sang. Je vous rassure, nous n’avons tué personne pour l’avoir, c’est du sang animal.
Je lève de nouveau mon regard vers lui.
- Animal ? Mais les vampires ne se nourrissent-ils pas de sang humain ?
- Pas ceux de la Caste. A l’origine, les vampires de la noblesse ne se nourrissaient que du sang des animaux. Ce sont les autres vampires, les Faucheurs comme ils les appellent, qui recherchent avec avidité le sang humain.
Mes yeux papillonnent, mon esprit assimilant l’information.
- Et moi, je suis . . . L’un de ses Faucheurs à présent ? Je tuerais pour m’abreuver de sang humain ?
Le professeur Dumbledore secoue la tête d’un air apaisant.
- Non, miss Dawn. Vous, vous avez été mordu par un membre de la Caste qui, ne souhaitant certainement pas vous savoir devenir un Faucheur, vous a en retour fait boire quelques gouttes de son sang. Vous êtes donc, à votre tour, un vampire de la Caste.


O0o0O


De la fenêtre de ma chambre, je peux suivre le cours de Botanique du professeur Chourave. En tendant l’oreille, je peux entendre sa leçon, et mon regard est si acéré que j’arrive à discerner les plantes qu’elle présente aux élèves de ma classe.
Le professeur Dumbledore est reparti quelques minutes plus tôt en m’apprenant que j’étais restée inconsciente pendant un peu plus de vingt-quatre heures, le temps que la métamorphose s’opère. Nous sommes donc jeudi matin. Moi qui pensais à mon réveil que c’était le milieu de la journée à cause de la vivacité de soleil, j’avais alors compris que c’était mon regard qui s’était fait plus vif. Il va falloir que je m’habitue à avoir mes sens exacerbés car cela fait partie de mon être à présent. Je ne suis plus une humaine. Je suis un vampire.
J’aurais aimé continuer à interroger le directeur sur la Caste et ce que cela impliquait pour moi, mais il avait à faire ailleurs. Il est parti en me certifiant que le professeur Gray ferait un cours sur les vampires de la Caste à mon prochain cours de Défense Contre les Forces du Mal, vendredi matin. Je n’ai donc plus que vingt-quatre heures à patienter avant d’en connaître un peu plus sur ma nouvelle nature.
- Mr Stafford, veuillez vous éloignez de cette Tentacula je vous prie !
Un jeune homme aux cheveux roux, et à l’uniforme jaune et noir, s’éloigne précipitamment de la plante carnivore. Le professeur reprend son cours. Mon regard s’attarde alors sur la silhouette de Camille qui est assise à côté de Fred. J’ai reçu la permission de tout dire à Camille si jamais elle vient me rendre visite, mais j’ai peur de l’attaquer. Et si l’odeur de son sang m’attirait de trop et que je la mordais ?
Mon regard se baisse et s’attarde sur mes mains, posées sur mes cuisses. Mes ongles, auparavant continuellement rongées, sont à présent plus longs et acérés. En passant la langue sur mes dents, je constate aussi que mes canines du haut sont légèrement plus longues qu’avant. Je soupire. Heureusement, les changements physiques ne sont pas trop voyants. Je ne sais pas comment j’aurais pu l’expliquer autrement.
- Miss Dawn ?
Je relève la tête, interpellée. L’infirmière, Mme Pomfresh, se tient dans l’encadrement de ma porte, hésitante.
- Pouvons-nous converser ?
- Oui, bien sûr, réponds-je en lui faisant signe de s’approcher.
Elle pénètre dans la pièce et s’installe sur la chaise laissé libre par le directeur. L’odeur de son sang me frappe, m’attire, mais sans plus. Je n’ai pas soif, et l’odeur n’est rien comparée à celle que j’ai sentie à mon réveil.
- Je pense que vous avez besoin d’être rassurée, fait l’infirmière avec bienveillance. Je me suis un peu renseignée sur les vampires de la Caste quand j’ai appris votre état, alors j’ai mis au point un programme pour vos repas.
- Pardon ?
Elle a un sourire hésitant et son visage parait harmonieux ainsi. Ses yeux verts brillent, ses cheveux blonds tenus en chignon ne m’ont jamais paru aussi soyeux. Mme Pomfresh est une belle femme, jamais je ne l’avais remarqué.
- Oui, les jeunes vampires de la Caste ont besoin de se nourrir une fois par jour. Alors, j’ai pensé que vous pourriez prendre votre repas tôt le matin, à l’abri des regards et ainsi, vous seriez rassurée de ne menacer personne dans l’école. Si je ne m’abuse, vous n’avez aucune envie de me mordre, bien que vous sentiez l’odeur de mon sang.
C’est vrai, l’odeur de son parfum est omniprésent dans la pièce, mais je n’ai nullement l’envie de m’y abreuver. Le sang de ce matin m’a suffit.
- Vous dites vrai, acquiescé-je avec hésitation. Alors, ça veut dire que je pourrais me mêler aux autres, sans craindre de leur faire du mal ?
Souriante, l’infirmière hoche de la tête.
- Oui, et si vous le souhaitez, vous pouvez sortir dès maintenant. Après tout, vous n’êtes pas malade.
Elle se lève, je la suis du regard. Avant de sortir, elle se retourne.
- Oh, avant que j’oublie : pour votre ration, venez à sept heures. J’essaierai de varier l’origine du sang et vous tacherez de me dire lequel vous préférez.
Elle s’en va, me laissant comme deux ronds de flans. Pourquoi être aussi aimable avec moi ? Un vampire n’est-il pas une créature dangereuse ? N’est-ce pas pour cela qu’on apprend à s’en défendre en cours de Défense Contre les Forces du Mal ?
Soupirante, je me tourne à nouveau vers la fenêtre. Les élèves quittent le professeur Chourave pour se diriger vers leur prochain cours. Je ne peux pas rester dans cette pièce pour toujours et deux adultes m’ont déjà certifiés que je pouvais circuler librement. Pourquoi rester ici plus longtemps ? Il faut que je me remette dans le bain au plus vite, que je côtoie les humains le plus tôt possible pour m’habituer à humer leur sang.
Je me lève et sors de la pièce à pas tranquilles. Cela me parait d’une lenteur extrême, mais je sais que cette vitesse est normale aux yeux des humains. Je dois m’y faire. Je passe devant Mme Pomfresh, assise derrière son bureau, qui me fait un clin d’œil, traverse l’infirmerie et passe dans le couloir. Heureusement pour moi, il est vide.
Passant de couloirs en couloirs le plus lentement possible pour ne pas à avoir croiser qui que ce soit, je parviens à rejoindre la tour de Serdaigle. Après avoir donné le mot de passe à l’armure qui en garde soigneusement l’entrée, j’entre dans la salle commune. Immédiatement, les effluves de sang me sautent au nez. Mes narines se dilatent, s’imprègnent de ses odeurs, puis je me calme. Les quelques deuxième année présents se tournent vers moi. Et ne me lâchent pas du regard jusqu’à ce que j’aie disparue dans les escaliers qui mènent à mon dortoir.
- Tu as vue ça, Mike ? Murmure l’un d’entre eux.
- Merlin, qu’est-ce qu’elle est belle. Je ne l’avais jamais vu avant ?
- Mais si, c’est une septième année, c’est celle qu’a envoyé une de ses copines dans le lac avant-hier. T’en a pas entendue parler ?
Je claque la porte de ma chambre. Et ayant oublié mon ouïe plus fine, grimace à l’écho qui se répercute violemment sous mon crâne. Belle, moi ? Je ne l’ai jamais été. Je ne dis pas que j’étais particulièrement moche, mais le terme « jolie » était amplement suffisant pour me décrire.
Soucieuse de savoir ce qui me vaut un tel rehaussement de valeur dans les canons de beauté, je me précipite dans la salle de bain et me poste devant le premier miroir que je trouve. Je n’ai pas vraiment changé. Je suis toujours aussi pâle, si ce n’est plus, mes cheveux sont toujours bruns et bouclés, bien que beaucoup plus disciplinés à présent comme je le constate en tirant sur l’une de mes mèches, mes yeux sont toujours bleus, mais plus foncé et mes lèvres sont simplement légèrement plus rouge. Rien qui, a priori, ne devrait susciter une telle réaction chez les deux deuxièmes années. Mais voilà, je suis aussi consciente d’une chose de plus : j’ai l’impression d’être . . . Attirante. Plus que la moyenne, beaucoup plus, comme si j’étais entouré d’une sorte . . . D’aura.
Soudain, je prends une brusque inspiration. Merlin, est-ce cela, le charisme vampirique ?

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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeJeu 26 Fév - 11:59

Chapitre 3 : Une nouvelle alimentation



- C’est . . . Euh . . .
- Vas-y, dis-le. Je ne mords pas.
- Ah bon ? Ce n’est pourtant pas ce que j’avais compris.
J’assassine Camille du regard. Nous sommes dans notre dortoir, seules. Les cours de la journée sont terminés et je n’ai pas bougé de cette pièce depuis mon retour. Camille m’y a rejointe directement après ses quatre heures de potions, passant à l’origine au dortoir pour poser son sac, et ne s’attendant pas à me trouver, debout, sur la pointe des pieds, marchant sur mon pied de lit avec une souplesse et une agilité surhumaine. Le cri de surprise qu’elle avait poussé m’avait désarçonné et j’étais tombé au sol, me rattrapant du bout des doigts avant de me projeter plus loin d’une simple pression et de retomber sur mes pieds. Sa bouche grande ouverte, ses yeux exorbités, et son sac qu’elle avait laissé tomber par terre bruyamment m’avait alors fait prendre conscience que, non, les humains ne font pas des trucs comme ça.
- Alors ? Insistai-je.
- Eh bien, c’est assez surprenant, tu en conviens, mais . . . En fait, puisque tu ne te nourris pas de sang humain, il n’y a pas de danger ! N’est-ce pas ?
J’y ai pensé toute l’après-midi. Dans les faits que l’on m’avait rapportés, les vampires de la Caste ne sont pas censés mordre les humains. Et pourtant, c’est bien à cause de l’un d’entre eux que je me suis retrouvé transformé. Alors . . . Que s’est-il passé, avec ce vampire-là ? Pourquoi m’a-t-il mordu, puis transformé en l’un de siens avant de m’abandonner ?
- Non, aucun danger, certifié-je. L’infirmière et le directeur me l’ont promis et je ne pense pas qu’ils prendraient le risque de mettre les élèves en danger.
Camille affiche alors un sourire rassurant et me tend les bras. Je ne bouge pas. Elle fait la moue.
- Je n’ai pas le droit à un câlin ? Fait-elle semblant de bouder.
- Ce n’est pas parce que je n’ai pas envie de te mordre que ça ne peut pas arriver. Loin de moi l’idée de me risquer à une telle tentation.
Camille, attristée, laisse retomber ses bras.
- Tu n’as pas envie de me mordre ? Pourquoi ?
Je perçois des accents de vexation dans sa voix et un froncement de ses sourcils.
- Camille, ne me dis pas que tu es vexée de penser que ton sang ne m’attire pas ?
Elle grimace et se trémousse, gênée. L’odeur de son sang s’intensifie, emplissant mes narines. Son effluve est doux et réconfortant, comme un chocolat chaud. Mais, comme pour les autres, cela n’ait pas assez fort pour me donner envie de m’y abreuver. Qu’a donc de plus le sang animal pour être si délectable à mon odorat ?
- Bah, si un peu en fait.
Je lève les yeux au ciel.
- Je te l’ai expliqué, la Caste est comme ça, je n’y peux rien. Nous sommes des vampires différents de ceux dont nous avons entendus parler jusque là.
- Nous sommes ? Relève-t-elle avec étonnement.
Je baisse les yeux. Je me suis rapidement adapté à l’idée de ce que j’étais à présent, un vampire. Il le fallait de toute manière. Qui sait ce que le déni pourrait causer comme incidents.
- Et, le changement est vraiment voyant ? Demandé-je, soucieuse de ne pas la laisser me porter sur le terrain de mon acclimatation rapide à ma nouvelle condition.
Camille fronce des sourcils et me scrute.
- Oui . . . Et non. Tu es toujours pareil, la même, seulement tu as cette espèce de . . . De truc en plus qui fait qu’on te remarque. Surtout si tu t’amuses à faire des cabrioles dignes d’un chat sur le mobilier !
Je soupire.
- Je suis désolée, m’excusé-je au moins pour la quinzième fois, je ne savais pas que tu rentrerais à ce moment-là. Et je ne faisais qu’apprivoiser mon nouveau corps. Je te signale que ce n’est plus pareil pour moi !
Je mets mes mains en avant et m’amuse à serrer et desserrer les poings. Je sens que mes muscles sont plus robustes, ma force est tout autre. J’ai l’impression que je pourrais faire voler un mur en éclat d’un simple coup de poing.
- Comment tu vas faire pour les repas ? S’inquiète alors Camille. T’abreuver de sang le matin, c’est bien beau, mais si tu te souviens, les humains ont trois repas par jour et tu te dois d’être présente à notre table autrement les autres vont s’interroger.
- Je . . .
Je n’en sais rien, en fait. Je n’y ai pas pensé et on ne m’en a pas parlé.
- En parlant de repas, c’est l’heure du dîner ! S’exclame Camille en sautant à bas de mon lit. Allons casser la croûte !
- Cam’.
Mon amie s’arrête au milieu de la chambre, se retourne, interrogative. Ce n’est pas tous les jours que je l’appelle par son surnom.
- Je comprendrais que ce ne soit pas facile d’accepter ma transformation, dis-je. N’ais pas à cacher ce que tu ressens pour me ménager. Après tout, je ne suis plus la petite Amandine Dawn que tu as connue, humaine maladroite et timide. Je suis un vampire, et j’ignore encore les changements que cela a fait en moi, en dehors de mon régime alimentaire et de ma souplesse.
Une ombre passe dans le regard de Camille. Elle soupire, ferme les yeux et se pince l’arrête du nez.
- Écoute, je . . . Pour l’instant, je préfère continuer à te considérer comme la Mandy que je connais, d’accord ? Je vais me faire à l’idée du changement, mais laisse moi le temps.
- Ok. Ainsi, ça m’obligera à contenir mes instincts de vampire.
Elle rouvre les yeux, inquiète.
- Des instincts ?
- Oui, j’ai l’envie perpétuelle de pousser mon corps à la limite de ses capacités. C’est assez dérangeant.
Elle me lance un regard exaspéré.
- Ne me refais jamais une peur pareille ! S’exclame-t-elle. J’ai cru que t’allais me dire que tu pouvais boulotter n’importe qui dans ce château selon tes humeurs.
- Camille, je viens de te dire que je me nourrissais exclusivement de sang animal. Il y a un terme que tu n’as pas compris dans cette phrase ?
- Ok, ok, excuse-moi, fait-elle, apaisante, en levant les mains. Mais laisses moi le temps de . . .
- T’y habituer, je sais, terminé-je à sa place en la rejoignant. Alors, on va dîner ou pas ?
Quelques minutes plus tard, nous sommes non loin de la Grande Salle et mon ouïe m’apporte déjà le bruit des couverts et des bavardages comme si j’y étais. Je n’ose imaginer ce que cela donnera une fois que j’y serais réellement. Je grimace. J’ignore si je suis capable de museler mes nouveaux dons et de pouvoir récupérer des sens à volume humai. Mais si c’est le cas, ce serait magnifique.
Nous y sommes. Je jette un œil dans la Grande Salle et, instantanément, je vois chaque personne. Si j’avais aussi leurs noms, je connaitrais tous les élèves de Poudlard. Un pied dans la pièce, et ce sont les odeurs mélangés des sangs de tous qui me parviennent en un maelstrom malodorant. C’est donc, le nez froncé par le mélange des odeurs et le front plissé par le bruit assourdissant qui règne, que je suis Camille et m’installe à la table. Immédiatement, elle se sert en nourriture. Je fais de même, sans grand entrain. L’odeur de la nourriture est masquée par celle de l’hémoglobine, mais je sais déjà que je ne pourrais rien avaler.
- Hey Dawn ! T’es sortie de l’infirmerie ?
Je me tourne vers la personne qui m’interpelle. Jessie Crow. Elle arbore un sourire méchamment amusé et je sens qu’elle va rajouter quelque chose qui ne va pas me plaire.
- Qu’est-ce qu’il t’ait arrivé ? Tu t’es évanouie en tombant nez à nez avec un Véracrasse ?
Ses amies éclatent de rire. Je serre les dents. En face de moi, je vois les lèvres de Camille dessiner une grimace colérique et sa main serrer fortement sa fourchette. Je la vois ouvrir la bouche pour répliquer vertement mais je l’arrête avant qu’elle ait pu prononcer un seul mot :
- Laisse tomber, elle n’en vaut pas la peine.
Camille se renfrogne, entame son repas en s‘enfermant dans un silence boudeur. De mon côté, je trifouille du bout de la fourchette mon ragoût de bœuf. Je n’aime déjà pas ça à l’origine, mais là c’est encore pire. J’essaye quand même d’en avaler une bouchée, histoire de. L’aliment pénètre dans ma bouche et je retiens une grimace de dégoût. C’est franchement fade à côté de ce que j’ai bu le matin même. Et dire que je vais devoir faire semblant pendant les six mois qui me restent à passer dans cette école. Espérons qu’ensuite, je puisse me trouver un coin pénard où je n’aurais pas besoin de me cacher.
- En y réfléchissant bien, c’est de sa faute.
Surprise, je relève la tête et interroge Camille du regard.
- Qu’est-ce qui est la faute de qui ? Demandé-je.
- Crow ! S’exclame-t-elle. C’est de sa faute si tu es . . . Dans cet état. Si elle n’avait pas raconté ces bobards aux maraudeurs, tu ne te serais pas énervé, tu ne l’aurais pas envoyé dans le lac et tu n’aurais pas été en retenue. Donc, c’est de sa faute.
Je lève les yeux au ciel.
- On peut aussi dire que c’est de ma faute. Je n’avais qu’à être plus prudente dans la forêt, ou je n’avais pas à agresser une camarade, quelle qu’en soit la raison.
Camille réfléchit.
- Non, c’est de sa faute, fait-elle ensuite. Et, je me suis renseigné sur le pourquoi qu’elle avait été dire ça aux autres, ajoute-t-elle, éveillant ma curiosité. Et c’est une raison totalement débile.
- Ah bon ? Laquelle ?
- Tu te souviens, on a été à la bibliothèque lundi soir après les cours ?
J’acquiesce d’un mouvement de tête.
- Eh bien figure-toi que Crow faisait partie des filles qui avait accompagné les maraudeurs et qu’elle était encore là quand Black est venu nous réclamer le bouquin. Cette cruche a cru que t’essayais de le draguer !
Heureusement que je n’ai rien dans la bouche, j’aurais pu le recracher.
- Draguer Black ? Moi ?
Camille hoche la tête. Et nous partons toutes deux dans un grand éclat de rire. Je n’ai jamais rien entendu de plus stupide !


O0o0O


Je tourne à nouveau dans mon lit. Les draps se resserrent contre mon corps et je soupire. Il est près d’une heure du matin et mes colocataires son endormies depuis déjà de nombreuses heures. J’essaye de trouver le sommeil par tout les moyens, mais il n’y a rien à y faire : Morphée me fuit comme la peste. Si arrivé à cette heure-là, je n’ai même pas un clignement de paupière fatigué, ce n’est peut-être pas la peine que je m’éternise dans mon lit. Je repousse donc mes couvertures et descends du baldaquin, silencieusement pour ne pas réveiller les filles. J’enfile un jean sous le tee-shirt ample que je mets pour dormir, et quitte le dortoir.
La salle commune est vide. Je m’installe dans un fauteuil près d’une fenêtre et laisse mon regard vagabonder sur le parc faiblement éclairé par un croissant de lune. Je pense comprendre pourquoi je n’arrive pas à dormir. Les vampires sont des créatures de la nuit, non ? Alors, je devrais plutôt passer ce temps là à vagabonder dans le château et dans le parc, au lieu de rester au fond de mon lit. Dois-je donc passer mes journées à dormir ? C’est incompatible avec une scolarité, et pourtant le professeur Dumbledore m’a assuré qu’il n’y aurait aucuns problèmes à ce niveau-là. Je ne comprends pas. J’espère que le cours de Défense Contre les Forces du Mal d’aujourd’hui pourra m’éclairer.
Une chouette hulule au loin, dans la forêt. Le feu craque dans la cheminée. Il est encore vif, malgré l’heure tardive, mais il ne me réchauffe pas. Je n’ai même pas le souvenir depuis mon réveil à l‘infirmerie, d’avoir eu chaud ou froid. Je suis comme anesthésié. Je ne ressens plus les changements de températures. Et la douleur ? Est-ce que je la sens encore ? Curieuse, je regarde mes bras dénudés et mes ongles coupants. Pour répondre à cette question, aurais-je le courage nécessaire pour me taillader la peau ? Je serre les dents, prends une profonde inspiration. Allons, un peu de courage. Que je prenne celui qui m’a fait défaut dans la Forêt Interdite et qui a permis à ce vampire de me mordre.
J’approche lentement un doigt tendu vers mon avant-bras posé sur ma cuisse. Je frôle ma peau du bout de l’ongle. Appuie plus fortement. Plus encore. Et encore. Une légère douleur me transperce quand mon ongle déchire ma peau. Une unique goutte de sang perle. Puis la blessure se referme, comme si de rien n’était. De mes yeux exorbités, je contemple à présent la surface lisse et nette de mon bras. J’ai senti que ma chair était résistante, bien plus qu’avant. Seul un vampire à présent, pourrait me faire du mal, j’en suis intimement convaincue. Et cette expérience me pousse à vouloir essayer autre chose. Car il faut que j’apprivoise ma nouvelle nature avant qu’un incident fâcheux survienne, dû à mon ignorance.
Je jette un coup d’œil par la fenêtre. La forêt est sombre, personne ne s’y aventure la nuit, sauf en cas de retenue. Ce qui ne doit pas être le cas, depuis ce qu’il m’est arrivé. Mon agresseur y est peut-être encore ? Si c’est le cas, je pourrais lui demander la raison de son geste . . . Electrisée par cette idée, je saute à bas du fauteuil et me rue sur la sortie de la salle commune. Dehors, je cours comme jamais dans les couloirs, attentive au moindre son qui trahirait la présence de quelqu’un. Il ne me faut que quelques minutes pour sortir dans le parc, bien moins de temps que d’habitude. C’est hallucinant. Au dehors, l’odeur de la nature envahit mon odorat et je me sens revivre. A présent, la forêt m’appelle, silencieusement. Je me dirige vers elle à pas mesuré, savourant la nuit étoilée.
Je dépasse les premiers arbres de la forêt, m’enfonce plus profondément entre les bosquets. Le silence règne dans les bois, aucun animal ne signale sa présence. Je devine que c’est moi qui suis à l’origine de cette absence de vie nocturne. Je suis un prédateur me nourrissant de leur sang, je leur fais peur. Aucun d’eux n’aura la bêtise cette nuit de sortir de sa tanière. Je m’enfonce encore parmi les arbres et l’obscurité me recouvre entièrement. Cela ne me dérange pas, ma vue s’adapte et je vois presque comme en plein jour. Assez déstabilisant. Je circule facilement, évitant avec aisance et célérité les défauts du sol et les racines qui pourraient me faire trébucher. L’herbe crisse délicatement sous mes pas, le fond froid de ce mois de janvier ne me fait aucun effet. Le souffle léger du vent joue avec mes cheveux et les odeurs qui saturent l’air envahissent mes sens. Mon estomac se tord, ma gorge se serre. Je reconnais là les effets de la faim - ou de la soif. Ma dernière - et première - ration remonte au matin-même. Mon nouveau corps réclame sa pitance.
Soudain, je me fige. J’ai entendu du bruit, un animal circule non loin de moi. Lui aussi s’est figé, mais de peur. Son sang est gorgé d’une nouvelle odeur, celle de l’adrénaline. Ca m’attire, m’excite. Mon ventre me tiraille, mon être me crie de sauter sur cette proie. Je laisse libre cours à cette envie. L’animal n’a pas le temps de me voir arriver. Je lui saute dessus sauvagement et plonge ma tête dans son garrot. J’ouvre la bouche, mes lèvres éraflent la fourrure et mes dents transpercent la chair et la carotide. Un liquide épais et chaud envahit ma bouche, allumant un brasier dans mon corps. Je suce goulument ce nectar de vie. Dans mes mains, l’animal qui s’était débattu vainement, se tend et se fige. Son sang continue à couler à flots dans ma gorge. Mais en quelques secondes, il est déjà vide. Je me redresse, passe une main sur mes lèvres. Elle est poisseuse de sang. Je jette un coup d’œil sur mon tee-shirt. Il est loin d’être blanc à présent. Puis, mon regard se pose sur ma victime. C’est un lièvre. Les deux billes rondes de ses yeux me fixent avec effroi, morts. Je fixe son regard. Devrais-je me sentir coupable ? Je ne pense pas. A près tout, je n’ai jamais culpabilisé devant une cuisse de lapin dans mon assiette.
Je me redresse. Ma faim est calmée, mais pas totalement. Je n’en ai pas eu assez. Il m’en faut plus. Je ferme les yeux, hume l’air saturé d’odeurs animales. Je sais à présent à quoi je vais passer mes nuits. L’excitation emplie mon corps rien qu’en y pensant. La chasse. La chasse sera dès à présent l’activité de toutes mes nuits d’insomnies. C’est un nouveau jeu que je découvre. Et déjà, il me plait.
Plus loin, une nouvelle odeur. Elle m’est parvenue par un souffle d’air. L’animal est plus gros, son sang différent. Il me rappelle celui de ce matin. C’est le même. Je cours, me faufile entre les arbres, le vent sifflant à mes oreilles. Je lève une main, attrape une branche basse et m’y hisse d’un geste fluide. Mes deux pieds atterrissent sur cette même branche, mon corps en parfaite équilibre. Je lance un regard exalté sur ma propre personne. Je commence à ne plus regretter la nouvelle personne que je suis, ma transformation en vampire. Tout ça est si excitant, plus que tout ce que j’ai vécu jusqu’à aujourd’hui. Même mon cœur semble plus vivant. Il bat plus vite, plus fort. Mon sang bout dans mes veines. Mais je n‘oublie pas mon objectif. Je saute, me rattrape à une branche d’un autre arbre et me jette plus loin, atterrissant à terre, accroupie. La proie n’est plus très loin. Je me remets à courir, plus lentement, plus silencieusement. Ma proie ne doit pas m’entendre. Pas comme moi. Les battements accélérés de son petit cœur me parviennent, son odeur est plus présente. Je la vois, penchée sur une petite mare d’eau, s’abreuvant. C’est un renard au poil éclatant. Je prends quelques secondes pour admirer l’animal puis, sa tête se redressant, la peur s’emparant de son corps frêle, je me jette sur lui. Une sorte de feulement m’échappe, excitée comme jamais. Le renard n’a pas le temps de s’échapper, à peine celui de comprendre. Mes crocs ont déjà transpercé la chair de son cou, le sang s’écoule dans ma bouche. Je bois avec avidité, le vide. Puis, une fois fait, le laisse tomber à terre. Je me relève.
A présent, je suis repu, je le sais. De nouvelles odeurs me parviennent, mais plus aucune envie de m’y abreuver. La chasse est terminée. Je peux passer ma nuit à autre chose maintenant. Je jette un œil aux arbres. Ce que j’ai fait tout à l’heure était exceptionnel. L’envie de recommencer me tiraille. Je souris légèrement. Pourquoi me priver ?


O0o0O


Il est sept heures du matin. Quelques élèves, des lève-tôt, sont déjà en route pour la Grande Salle où le petit-déjeuner commence tout juste à être servi. Les rares que je croise me regardent avec étonnement. Normal, je ne vais pas dans la bonne direction. Mon objectif de ce matin est l’infirmerie où m’attend si tout se passe bien, un bol de sang bien chaud. Nourriture dont je n’ai pas besoin. Je vais aussi là-bas pour informer Mme Pomfresh que je pourrais me nourrir par moi-même.
Je pousse la porte de bois. Les lits séparés par des rideaux blancs sont tous vides. Le bureau de l‘infirmière, placé devant l’armoire vitrée est lui aussi vide. Où est donc Mme Pomfresh ? Je dilate mes narines, me concentrant sur le parfum de son sang. Et je la repère à ça. Elle est dans la petite chambre au fond de l’infirmerie, là où je me suis réveillé. J’avance et m’arrête sur le pas de la porte. Mme Pomfresh est là, en train de remplir un bol de sang épais. L’odeur de mon repas me monte au nez mais ne m’attire en rien.
- Mme Pomfresh ?
Elle sursaute, laisse échapper un petit cri et lâche sa bouteille qui vient s’écraser au sol. Le sang se répand, nous éclaboussant toutes les deux. C’est malin, moi qui venait de me changer. Mme Pomfresh soupire, sors sa baguette et nettoie rapidement le tout.
- Vous m’avez fait peur, miss Dawn, précise-t-elle inutilement en ramassant sa bouteille, dorénavant vide. Cela vous coutera malheureusement le tiers de votre repas.
Elle pose la bouteille près du récipient. Je m’approche d’elle.
- Je suis navrée Mme Pomfresh, mais je n’aurais pas besoin de ce sang. J’ai déjà bu.
Mme Pomfresh se fige. Son regard apeuré se fixe sur moi.
- Quoi ? Croasse-t-elle.
- Je n’ai mordu personne, m’empressé-je de la rassurer. Je . . . Je . . .
J’hésite. Puis-je réellement lui dire que j’ai passé la nuit dans le parc ? Après tout, il est interdit de se trouver hors de son lit la nuit. Et que je sois maintenant un vampire ne doit rien changé à cela. Mais je ne me sens pas non plus la force de faire semblant de rien et de boire tout ce qu’elle m’a préparé. J’ignore si les vampires sont capables de vomir, mais je crois que je pourrais aisément y arriver dans ce cas.
- Je suis sortie, cette nuit, avoué-je. J’ai chassé dans la forêt. Et je pense recommencer. Toutes les nuits.
Mme Pomfresh soupire, se pince l’arrête du nez.
- Les sorties nocturnes sont interdites, vous le savez ?
- Oui, mais, je n’arrivais pas à dormir et, passer une heure du matin, j’en avais vraiment assez de tourner en rond dans mon lit. C’était une envie que je n’ai pas réussi à réfréner.
La femme serre les lèvres et empoigne le bol de sang.
- Vous n’en voulez pas donc ?
- Non, mais merci d’y avoir pensé.
Elle hoche de la tête sèchement. Je crois que je l’ai vexé.
- Bien, fait-elle en quittant la pièce, mais je garderais quand même toujours ici une ration pour vous. Sait-on jamais.
Je fais une grimace d’accord qu’elle ne voit pas et la suis dans l’infirmerie. En passant devant elle, je la vois transvaser le sang dans la bouteille et lui souhaite une bonne journée. Elle ne me répond pas. Je quitte la pièce. Il me faut ensuite une dizaine de minutes, pendant lesquels je nettoie d’un coup de baguette mon uniforme tâché de sang, pour rejoindre la Grande Salle, où Camille et Fred m’attendent à la table des Serdaigle.
- Bonjour ! M’accueille Fred avec entrain. Comment vas-tu ce matin ?
- Bien, réponds-je en me servant un verre de jus de cerise (au moins, la couleur me rappelle-t-elle celle du sang). Je ne te renverrais pas la question, tu m’as l’air de péter la forme.
Fred m’adresse un grand sourire et passe un bras autour des épaules de Camille. Cette dernière a le nez plongé dans son bol de café. Inutile d’attendre quoi que ce soit de sa part tant qu’il ne sera pas vide. Comme à mon habitude, je lui beurre une tartine et la lui enfourne d’autorité dans la bouche.
- Mange, lui ordonné-je. J’ai besoin que tu sois au poil pour le cours de Défense Contre les Forces du Mal, au cas où je n’arriverais pas à tout enregistrer du premier coup.
Elle redresse la tête, et marmonne, les yeux vitreux et la tartine dans la bouche :
- E foi u arches ?
Je lui enlève la tartine de la bouche.
- De quoi tu parles ? Répète-t-elle.
Je lui remets la tartine entre les lèvres.
- Je te dirais ça quand on ira en cours. J’ai oublié de t’en parler hier pendant notre discussion avant le dîner.
Elle acquiesce mollement et replonge dans son bol. A son côté, Fred me lance un regard scrutateur.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Demandé-je.
- T’as quelque chose de changé, dit-il en passant une main rêveuse sur son bouc invisible. T’as l’air . . . Différente.
- En quoi ? Continué-je, bien que je sache pertinemment à quoi il fait allusion.
- Je ne sais pas trop. Mais t’as l’air totalement . . . Waouh !
Avant que je ne puisse répliquer, une nouvelle odeur se détachant du maelstrom de la salle s’approche de nous. Celle-ci est plus fruité que les autres, légèrement acide. Je l’aime bien.
- Quelle éloquence Fred, tu m’étonneras toujours.
Nous nous retournons tous les deux vers le nouveau venu. Roux, les yeux verts, le visage en pointe et atteignant un bon mètre quatre-vingt dix, Bilius Weasley est l’ami de toujours de Fred. Il est de notre année mais contrairement à nous, il se trouve à Poufsouffle. Il lui arrive de se joindre à nous à l’occasion pour les repas.
- Mais je dois avouer qu’il a raison Amandine, tu es particulièrement en beauté ce matin. As-tu enfin décidé de sortir de ton cocon douillet et de te mêler au monde cruel?
Je le fusille du regard. Autant je l’aime bien, autant il peut se montrer terriblement agaçant. Et puis, c’est quoi cette lubie de vouloir me forcer à faire d’autres connaissances ? Je suis très bien avec les quelques personnes de mon entourage. J’en ai l’habitude, pourquoi changer ?
Bill se glisse à côté de moi et se sert en œufs brouillés.
- Alors ? Insiste-t-il.
- Ce n’est pas de sa faute, fait Camille distinctement, signe que son bol est vide. Elle s’est réveillée comme ça. Mais ce n’est pas forcément plus mal. Alors Bill, quoi de neuf dans la tribu ?
Les Weasley sont une grande famille de sorciers. Très grande famille. Certaines mauvaises langues, des Serpentard pour la plupart, vont même jusqu’à dire qu’ils sont trop. Tous des boulets. Et on m’en veut de ne pas vouloir me mélanger aux autres.
- Tout le monde va bien. Mon frère Arthur vient d’apprendre que sa femme attend des jumeaux. Ils seront bientôt cinq, je te dis pas la joie à la maison. Maman ne sait plus où donner de la tête et Septimus en est mort de rire.
Je jette un œil à la table des Gryffondor. Septimus, le plus jeune des trois frères est en quatrième année dans la maison des lions. Tout comme ses frères, il est roux, sauf que lui a des yeux noisette et il est bien moins grand que Bill. Je ne le côtoie pas. Je me retourne vers les autres.
- Je ne savais pas qu’il était ami avec les maraudeurs, fait Fred. C’est une nouvelle lubie ?
- Il les aime bien qu‘il dit, fait Bill avec nonchalance, ça lui arrive de trainer avec eux aux heures des repas. Iln’a pas arrêter de me parler d’eux pendant les vacances, j’ai bien cru que j’allais finir par lui lancer un sort de mutisme. A mon avis, il les admire.
- C’est pas un cadeau, dit Camille. S’il devient comme eux, Gryffondor finira par ne jamais avoir la coupe de Quatre Maisons.
- Ouais, c’est encore Serpentard qui est en tête, grogne Fred. Il y en a marre.
Je jette un coup d’œil à ma montre.
- On ferait mieux d’y aller Camille, je dois encore te parler.
Elle acquiesce et nous nous levons de table. Fred et Bill ne suivent pas les cours de Défense Contre les Forces du Mal, ils ont Soins aux Créatures Magiques à la place.
- A plus tard, faisons-nous en chœur en les quittant.
Puis, se tournant vers moi, Camille me demande avec empressement :
- Où t’étais cette nuit ?
Surprise, je me fige. Comment sait-elle ?
- Comment tu sais que je n’étais pas dans mon lit ?
- Je me suis réveillé à trois heures parce que j’avais soif. Alors, t’étais où ?
Je jette un regard autour de nous et vérifie que personne ne nous écoute, puis la prend par le bras pour la forcer à quitter la Grande Salle.
- Dans la Forêt Interdite, je réponds, une fois parvenues dans un couloir vide. J’ai chassé puis je me suis entrainé à contrôler mon nouveau corps.
- Comment ça ? S’exclame-t-elle. Tu n’as pas été voir Pomfresh ce matin ?
- Si, mais j’avais déjà . . . mangé.
- En chassant, devine-t-elle.
J’hoche de la tête.
- Ok. Est-ce déplacé de te demander si c’était bien ?
Je souris, découvrant mes dents. Le regard de Camille s’y attarde et son visage perd de sa couleur.
- Non, en fait je ne tiens pas à le savoir, se rétracte-t-elle. Et cache-moi ces canines, si tu ne veux pas que quelqu’un se doute de quelque chose.

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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeVen 27 Fév - 14:50


Chapitre 4 : Le cours du professeur Gray



Le professeur Gray, la trentaine, est un homme de haute stature au visage halé par les intempéries et marqués par de fines cicatrices ici et là. On sent qu’il en a vu des belles. Ses yeux d’un bleu très clair passent la plupart du temps à nous sourire. Mouvement que ses lèvres n’ont pas tendance à suivre. Généralement habillé de vêtements moldus à l’air confortable, il a pour habitude de ramasser ses cheveux châtains mi-longs en une queue de cheval lâche. Arrivé en Septembre, il a eu le temps d’avoir la plupart des filles en chaleurs de cette école à la botte. Moi y comprise. Pourtant ce matin, en le voyant arriver en cours - en retard comme à son habitude - et poser sa baguette sur le bureau, je ne sens pas mon cœur battre légèrement plus fort, ni ma température corporel augmenter. Il ne me fait plus d’effets. Cette constatation m’horrifie. Aurais-je perdu la capacité humaine à éprouver de l’attirance, du désir, de l’amour ? J’espère que non et que c’est seulement une lubie qui passe. J’ignore autrement si je pourrais m’en remettre.
L’odeur du sang du professeur Gray me parvient quand il fait un mouvement pour ôter sa cape, découvrant un pull en laine bleu et un jean de la même couleur. Des soupirs parcourent la classe. Moi, je ne me concentre que sur son parfum. Il est légèrement musqué, comme on s’y attend d’un homme dans son genre, et il y a quelque chose de doux derrière. Certainement délicieux. Mon estomac se retourne à cette pensée et une brève nausée m’envahit. J’ai compris : sang humain égale caca.
- Bonjour à tous, nous salue chaleureusement le professeur Gray en nous faisant face.
Un murmure lui répond.
- Je sais que vous attendez tous avec impatience les résultats de votre dernier devoir (à ma gauche, Camille se trémousse sur son siège) mais je n’ai malheureusement pas eu le temps de terminer de les corriger, car j’ai dû me plonger dans la préparation de mon cours d’aujourd’hui. Le professeur Dumbledore m’a demandé d’avancer ce sujet car nous allons recevoir une visite rare et il faut que vous soyez préparé.
Les élèves murmurent entre eux, excités par la nouvelle. J’échange un regard avec Camille. On devait parler des vampires de la Caste. Pourquoi ce changement de programme ? Le professeur Gray lève les mains et le calme revient.
- Laissez-moi vous annoncer la nouvelle. Dimanche, miss Lucinda De Tore nous fera la joie de séjourner entre nos murs pendant quelques jours.
Le silence s’intensifie. Qui est miss De Tore ?
- Je vois à vos regards de bovins que vous ne voyez pas de qui je parle, s’amuse le professeur. Laissez-moi vous éclairer : miss Lucinda De Tore est un vampire.
Le silence est à couper au couteau. Personne ne comprend. Sauf peut-être Camille et moi. Un vampire ici ? Drôle de coïncidence après ma transformation. A moins que le professeur Dumbledore ne l’ait convié spécialement pour moi ?
- Un . . . Un vampire ? Bégaye un Poufsouffle, celui-là même qui a failli se faire bouffer par la Tentacula de Mme Chourave hier matin. Mais, ce n’est pas un peu dangereux ?
- Non, réfute le professeur, et nous allons justement parler aujourd’hui de la classe des vampires à laquelle appartient miss De Tore. Qui a déjà entendu parler de la Caste ?
Grand blanc. Camille me file un coup de coude pour m’inciter à lever la main. Pas question ! Loin de moi l’idée de donner des doutes à la classe sur ce qui m’est arrivé. Malheureusement, le regard du professeur Gray s’attarde sur ma personne. Il est donc au courant pour moi.
- Miss Dawn ? Une idée sur la question ? Je sens que vous mourrez d’envie de nous dire ce que vous savez sur le sujet.
Je pince des lèvres. Camille me refile un coup de coude. Je lui pince la cuisse en retour. Elle retient un cri de douleur.
- C’est la classe noble des vampires, je réponds avec mauvaise grâce.
- Mais encore ? Insiste le professeur.
J’ai l’impression qu’il s’amuse bien. Son regard toujours, pétille de joie. Je ne sais pas si je ne vais pas subitement me mettre à le haïr.
- Ils se nourrissent exclusivement de sang animal. Je suppose que c’est pour cela que le professeur Dumbledore accepte cette personne à Poudlard.
- Très bien, miss Dawn, dix points pour Serdaigle. Votre camarade a raison. Les vampires qui sont membres de la Caste se nourrissent de sang animal et ne mordent quasiment jamais un être humain. C’est pourquoi miss Lucinda De Tore ne sera nullement un danger pour nous. Sauf bien sûr, si l’un d’entre vous a la stupide idée d’aller lui chercher des poux.
La classe rit. Mais jaune. Ils ne sont pas encore tout à fait rassurés. S’ils savaient pour moi !
- La Caste se mêle rarement aux êtres humains. Ils sont considérés comme faisant partis des forces du mal, bien qu’il y ait déjà plusieurs siècles qu’ils n’aient plus rien fait aux moldus ou aux sorciers. Mais le Ministère préfère rester sur ses gardes.
Il s’arrête et lance un regard à sa classe.
- Aucun de vous n’a l’intention de prendre des notes ?
Tout le monde se réveille et attrape une plume pour écrire sur son parchemin alors que le professeur Gray reprend.
- Nous ignorons a quand remontre les origines de la Caste. A peu près en même temps que les sorciers supposons-nous. Toujours est-il que ce sont eux les premiers à être apparus, et non pas ceux contre lesquels vous avez appris à vous défendre en quatrième année. Ces derniers sont arrivés peu après, quand un vampire de la Caste a mordu un être humain. Il est devenu ce que la Caste appelle aujourd’hui, un Faucheur. Vous les connaissez tous, ces Faucheurs : ils sont ceux que vous devez détruire si vous les croisez, car eux se nourrissent de sang humain pour se nourrir et ne pas sombrer dans la folie. Ils n’ont pas de venin qui vous transformera car ils n’auront pas le temps de l’utiliser, ils vous auront d’abord vidé de votre sang.
Un frisson parcourt les rangs. Même à moi ça me fait de l’effet. Comme quoi.
- La Caste, d’après ce que nous en savons, sont les seuls à pouvoir créer des Faucheurs. Et les seuls, bien entendu, à pouvoir créer d’autres vampires de la Caste.
Il se tait. La question ne tarde pas à fuser. C’est un Gryffondor, Lupin, qui la pose.
- Comment font-ils ? Pour les deux transformations.
Le professeur Gray sourit, et s’assoit sur son bureau.
- Ils mordent, vous devenez un Faucheur, dit-il. S’ils mordent et qu’ils vous donnent à boire leur sang, vous devenez un membre de la Caste. Tout simplement.
A présent, ce n’est plus la peur mais l’excitation qui parcourt la classe. Dans mon dos, deux Gryffondor, Lily Evans et Gabrielle Sanves murmurent avec empressement.
- Est-ce qu’il y a d’autres différences entre les Faucheurs et la Caste ? Demande Evans.
- Effectivement, répond le professeur Gray. Les Faucheurs sont morts. Pas de battements de cœur, ils ne vieillissent pas et le sang qu’ils boivent sert à renouveler le leur qui est inexistant. Pour la Caste, c’est différent.
Ma plume prend note avec frénésie. Le professeur Gray a toujours su bien mener son cours, mais cette fois-ci, cela m’est encore plus intéressant. Je suis touchée de près par le sujet et je ne souhaite pas en perdre une miette. Camille à côté de moi fait de même, son visage si proche du parchemin qu’elle pourrait s’y fondre.
- Les vampires de la Caste sont vivants.
Toute la classe est interloquée. J’avais eu un soupçon là-dessus, maintenant, j’en suis certaine. D’un côté, c’est un soulagement. De l’autre . . . Je ne sais pas à quoi m’attendre.
- Vivants ? S’exclame une voix que je reconnais comme étant celle de Black. Mais, ce sont des vampires ! Ils sont morts par définition !
Le professeur Gray secoue la tête.
- Non Mr Black, les vampires sont des créatures magiques vivantes. Ils ont un cœur qui bat, du sang qui parcourt leurs veines et ils sont même capables de se reproduire.
- Pardon ?!
L’exclamation m’a échappé. Il y a de quoi en même temps. Mais les autres ont l’air dans le même état que moi, donc personne ne m’en voudra.
- Eh oui, miss Dawn, les femelles de la Caste peuvent porter et donner la vie. C’est rare, extrêmement rare même, mais ça arrive. C’est aussi une autre manière de «créer» des membres de la Caste.
Ma respiration se bloque. Waouh. Je ne m’y attendais pas. Pour moi, tout ça c’était fini avec ma transformation, et mon avenir, je me voyais le passer seule dans une crypte humide. Je n’avais plus qu’à revoir mes pronostics.
Soudain, je me rappelle que je suis un vampire, certes, mais de la Caste, que je suis vivante et que donc, j’ai besoin d’oxygène. Je reprends mon souffle, mon cœur battant frénétiquement dans ma cage thoracique pour me faire comprendre qu’il n’a pas aimé le traitement.
- Ils peuvent avoir des enfants, répète Camille, se tournant vers moi les yeux brillants. C’est incroyable !
J’acquiesce, le professeur Gray reprend son cours.
- Pour continuer sur la liste des différences, nous allons parler de celles qui font qu’ils ne sont pas humains. Tout d’abord, retenez qu’un vampire de la Caste peut-être sorcier, seulement et seulement si le vampire est né sorcier.
Son regard s’attarde sur moi, brièvement. J’ai compris. C’était une interrogation qui ne m’avait pas effleuré l’esprit, mais ça me rassure.
- Ensuite, ils sont extrêmement rapides et agiles, à en rendre jaloux le plus prodigieux joueur de Quidditch. Inutile de préciser qu’ils ont interdiction de participer aux sports en national, ce serait un peu de la triche.
Un rire secoue la classe.
- Ils dégagent aussi, une espèce d’aura, un charisme. Toute personne qui voit pour la première fois un vampire sera subjuguée. Rassurez-vous, l’effet cesse au bout de quelques secondes, même si on ne le voit que de loin.
- Pas comme avec les Vélanes ? Intervient Crow.
- Non, pas comme elles. C’est plus discret chez les vampires, et surtout, ça ne vous rend pas totalement idiot. En dehors de ça, ils sont aussi très forts. On a rarement vu un humain pouvoir battre un vampire à mains nues, voir jamais. Je vous déconseille donc de vous frotter à eux.
- Au final, est-ce que les vampires de la Caste sont dangereux ? Demande Lupin.
- Non. Il est même rare d’en croiser un, ils préfèrent rester entre eux, dans un lieu connu d’eux seuls. Ils ne se mêlent que peu aux êtres humains.
- Alors pourquoi est-ce que miss De Tore vient à Poudlard ?
- Puisque je ne suis pas notre directeur vénéré, je suis dans l’incapacité de répondre à cette question Mr Potter, sourit le professeur Gray.


O0o0O


Samedi après-midi neigeux. Le ciel a cessé de se vider, mais un lourd manteau blanc recouvre le parc. Les premières années s’amusent à faire des bonhommes de neige ou des batailles. La plupart ont les joues rougies par le froid. Quelques élèves des années supérieurs ont préférés aussi profiter de la neige plutôt que de se concentrer sur leurs devoirs. Je ne suis pas de ceux-là. Camille et moi sommes arrivés à la bibliothèque à l’ouverture ce matin et ne l’avons quittée que pour déjeuner. Nous travaillons toutes deux sur notre devoir de Runes puisqu’elle m’aide à rattraper mon cours de jeudi.
- Ce symbole, il veut dire joie, c’est ça ? M’interroge-t-elle, prise d’un doute en ramenant ses longs cheveux en arrière.
L’odeur de son sang qui me parvient à ce mouvement me tire de mes pensées et mon regard quitte la fenêtre pour se poser sur son parchemin.
- Non, c’est amour. La Rune pour joie a une barre de plus en bas, précisé-je.
Elle me remercie d’un signe de tête, se remet à traduire son texte. Je fais de même, soupirant. Je ne suis bonne à rien depuis hier, depuis le cours de DCFM. Trop de choses me trottent dans la tête. Notamment l’arrivée d’un membre de la Caste. J’ignore comment me tenir avec la femme qui va venir, que faire, que dire. Le professeur Dumbledore m’a convoqué hier soir pour m’annoncer qu’elle venait bel et bien me voir, à sa demande. C’est l’un des rares vampires de la Caste à accepter de côtoyer les humains de temps à autres, d’après ce qu’il m’a dit. Il a aussi profité de l’occasion pour me donner un parchemin m’autorisant à me trouver hors de mon dortoir la nuit. Voilà qui facilitera mes sorties nocturnes.
Soudain, une nouvelle flagrance s’approche de nous. Je la reconnais, c’est celle de Lupin. Elle est reconnaissable entre toutes car elle est forte, très forte, presque étouffante. Et elle n’est pas humaine, son sang est différent des autres. J’ignore en quoi. Lui aussi a des doutes sur moi, je l’ai vu dans ses yeux. C’était ce matin, nous nous sommes croisés à l’entrée de la Grande Salle. Nous étions seuls, son odeur n’était pas baigné dans les autres, comme à chaque fois que nous nous étions croisés jusqu’à ce moment-là. Puis, son odeur m’a frappé, j’ai cru étouffer. Lui aussi s’est tourné brusquement vers moi, étonné. Quel qu’il soit, il a senti que j’étais différente. Je ne sais pas si je dois me réjouir ou avoir peur.
Il s’installe non loin, j’entends une chaise racler faiblement. Camille aussi l’entend, sa tête se relève quelques secondes pour le voir s‘asseoir, puis elle replonge dans son devoir. Je fais de même. Il ne m’a fallu que quelques secondes d’hébétude un peu plus tôt pour me faire à son odeur. A présent, elle ne me dérange pas.
Je n’entends que les raclements des plumes sur les parchemins, parfois le bruit d’une page d’un livre qui se tourne. Dans notre coin reculé, il n’y a que nous trois mais la bibliothèque est un peu plus remplie, trop d’odeurs se mêlent ici pour que nous soyons seuls. Une demi-heure passe en silence. Puis, Lupin s’approche de notre table.
- Dawn ?
Je relève la tête en même temps que Camille. Il me sourit. C’est bon signe, non ?
- La réunion des Préfets commence dans un quart d’heure. Tu m’accompagnes ?
Ok, peut-être pas si bon signe que ça finalement. Lupin ne m’a jamais proposé de l’accompagner ou que ce soit depuis deux ans que je suis Préfète. Quelle raison a-t-il alors aujourd’hui de le faire, à part celle d’en profiter pour me tirer les vers du nez ?
Camille se tourne vers moi et me fait un léger sourire. Je comprends là qu’elle me conseille de foncer, pensant sans doute que Lupin s’intéresse à moi sur le plan sentimental. Je soupire, rassemble mes affaires et me lève.
- D’accord, je viens avec toi. Camille, je te retrouve dans la salle commune.
Pour toutes réponses, elle me fait un signe de la main avec un grand sourire. Je suis Lupin dans le dédale des étagères de la bibliothèque, et nous sortons de l’immense pièce. Nos premiers pas dans les couloirs se font en silence et sous l’œil intrigué et courroucé de la plupart de la gent féminine de Poudlard. Côtoyer des élèves connus, appréciés et convoités par tous n’est peut-être pas le mieux pour toi. A chaque fois que l’une d’entre elle me regarde de travers, j’ai envie de lui sauter à la gorge. Et pas par simple soif.
- Comment tu te sens ?
La question posée bravement par Lupin me tire de mes pensées. Je me tourne vers lui.
- Je vais bien. Pourquoi ?
Ses lèvres se plissent, ses yeux ancrés au sol sur lequel nous évoluons. Je sens une nouvelle odeur se mélanger à celle de son sang, une substance se mêle à son liquide vital. J’inspire profondément et discrètement pour essayer de deviner ce que c’est. Adrénaline. Il est angoissé. Mais par quoi ?
Nous arrivons dans le couloir où se trouve la salle dans laquelle va se dérouler la réunion. Des élèves sont déjà là, attendant les directeurs de Maison, dont James Potter, l’un des amis de Lupin.
- Peut-on en reparler après la réunion ? Fait ce dernier en m’attrapant par le bras pour que je lui fasse face.
Avant de lui répondre, je le regarde dans les yeux. Il est mortellement sérieux. Quelque chose le dérange. Il sait que quelque chose a changé en moi. Tout comme je sais moi aussi qu’il n’est pas tout à fait humain. Il veut donc une confrontation.
- Oui, nous pouvons, fais-je au moment où nos directeurs pénètrent dans le couloir. Nous n’aurons qu’à aller dans le parc.
D’un mouvement brusque, je me détache de lui et entre dans la salle que le professeur McGonagall vient de déverrouiller. Du coin de l’œil, j’aperçois la grimace que fais Lupin en frottant son épaule. J’ai dû me délivrer un peu trop violemment pour son corps humain.
- Installez-vous, s’il vous plait, nous n’avons pas beaucoup de temps.
Dans un assourdissant bruit de raclements de chaises, les vingt-deux Préfets et les deux Préfets-en-Chef s’assoient. La petite pièce ne sert qu’à ces réunions, c’est pourquoi elle ne contient qu’une grande table ronde et vingt-huit sièges.
- Si nous vous rassemblons ici aujourd’hui, commence le professeur McGonagall en ôtant ses lunettes pour frotter ses yeux, c’est que nous accueillons un personnage important demain au sein de Poudlard. Certains d’entre vous le savent déjà, mais miss Lucinda De Tore sera dans nos murs d’ici quelques heures.
Les Préfets plus jeunes ou n’assistant pas au cours de Défense Contre les Forces du Mal échangent des regards interrogateurs. Le professeur Slughorn s’empresse de leur expliquer.
- Miss De Tore est un vampire que le professeur Dumbledore a invité. Comme vos camarades le savent déjà, ajoute-t-il en nous désignant, Lupin, Potter, Lily Evans la Préfète-en-Chef et moi-même, miss De Tore est un membre de la Caste, ce qui signifie qu’elle ne mord aucun humain.
Un soupir d’aise secoue la table.
- Cependant, il faudra être vigilant, poursuit le professeur Flitwick. Nous comptons sur vous pour informer vos camarades de Maison de la venue de miss De Tore et de bien leur expliquer qu’il ne faudra pas l’importuner.
- Miss Dawn, fait le professeur McGonagall en se tournant vers moi, le professeur Dumbledore souhaite que vous soyez le guide de miss De Tore durant toute la journée de demain.
Les autres me regardent instantanément, interloqués ou apeurés.
- Aucun problème, assuré-je. J’ai bien compris que je ne risquais rien et il faudra que je sois vigilante par rapport aux autres élèves imprudents.
- Vous avez compris, dit le professeur McGonagall. Quand à vous autres, faites aussi attention aux élèves, à ce qu’ils ne l’approchent pas trop. Les vampires n’aiment pas trop se mêler aux humains.
- Si c’est le cas, n’est-ce pas dangereux de mettre Dawn avec ce vampire ? Intervient Lupin, les sourcils froncés.
Bien entendu, les professeurs savent parfaitement ce qu’il m’est arrivé et que donc il ne m’arrivera rien. Mais ce n’est pas le cas des élèves.
- Je suis sûre que miss Dawn sera tout à fait capable de se défendre si cela devait dégénérer. N’est-ce pas miss ?
J’hoche de la tête à la question du professeur de Métamorphose.
- Bien, vous pouvez donc retourner dans vos salles communes. Je vous souhaite une bonne fin de journée jeunes gens.
La réunion terminée, les directeurs se lèvent et sortent en premier. Nous les suivons de près. Les Préfets s’éparpillent et il ne reste plus que Lupin, Potter et moi dans le couloir.
- James, rentre à la salle commune, je dois parler à Dawn. On se retrouve plus tard.
D’abord étonné, Potter me jette un coup d’œil éloquent (il me jauge du regard), puis sourit.
- Ok, Remus, mais sois sûr d’être entièrement cuisiné à ton retour. Sirius ne laissera pas passer ça.
Il ponctue sa phrase d’un clin d’œil grivois et s’éloigne de son ami, me passant devant.
- Ne sois pas trop dur avec lui, petite Serdaigle, fait-il en me tapotant la tête d’un geste affectueux. Remus est un gars bien.
Je cligne des yeux. Pourquoi pensent-ils tous ça ? Un garçon et une fille ne peuvent-ils donc pas se retrouver seul à seule sans qu’il n’y ait un sous-entendu sentimental ou sexuel ? Je ne comprendrais jamais l’espèce humaine.
- Le parc n’est peut-être pas une bonne idée avec toute cette neige, dit Lupin, et personne ne viendra dans ce couloir. Nous pouvons tout aussi bien rester là.
J’hausse des épaules.
- Bien. Si je voulais te parler, c’est . . . Eh bien, je trouve que tu as changé. C’est depuis l’accident que tu as eu en retenue en début de semaine. Je te sens différente.
J’hésite, je ne sais quoi lui dire. Mais je ne peux tout bonnement pas lui dire la vérité.
- Je suis différente, avouai-je. Mais toi aussi, et je ne viens pas te demander des comptes. Je sais que tu n’es pas entièrement humain, je l’ai senti.
Il prend peur. Il n’avait pas pris conscience que j’avais découvert son secret. Il fait un pas en arrière, serre fortement la lanière de son sac, comme s’il comptait sur elle pour le protéger. Il serre les dents.
- D’accord, capitule-t-il. Je ne demande rien et toi non plus.
- Ça me va. Nous pouvons donc reprendre nos vies comme avant.
Je fais demi-tour, ne lui laissant pas le temps de répondre et quitte le couloir d’un pas énergique. Je n’ai pas besoin qu’un fouineur vienne fourrer son nez dans mes affaires. Ma transformation effraierait n’importe lequel de ces élèves, Lupin y compris. Bien que je me demande ce qu’il est réellement.


O0o0O


- Alors ?
J’aurais pu sursauter si je n’avais pas senti l’arrivée de Camille et de Fred grâce à leur odeur. Leur parfum m’est si familier que je les sens de loin à présent. Et j’aurais pu facilement les éviter, comme je le fais depuis maintenant plus de douze heures, si je n’en avais pas eu assez de jouer au chat et à la souris. J’ai horreur d’être la proie. Mon instinct de chasseur rebiffe mon être tout entier contre cette idée.
Je relève la tête du livre derrière lequel je me cache depuis déjà trois heures et fait face à une paire de prunelles bleues et une autre verte. Tout deux sont avides et tellement, qu’ils en oublient même que je les ignore depuis hier soir, sautant même le dîner, le petit-déjeuner, et le déjeuner pour ça.
- Alors quoi ? Fais-je avec une innocence feinte.
- Lupin ! S’écrient-ils en même temps.
Des têtes se tournent vers nous. Je leur fais signe de baisser d’un ton, nous sommes dans une bibliothèque, ils semblent l’oublier. Mais la bibliothécaire, elle, pas du tout. Elle nous fait de gros yeux depuis le rayonnage qu’elle range.
- T’es-tu enfin décidé à avoir une vie sociale épanouie ? Chuchote Camille d’un air inspiré en se penchant avidement vers moi. Il semblait agité hier, qu’est-ce qu’il t’a dit ?
Je soupire, et la fait immédiatement descendre de son petit nuage blanc.
- Il soupçonne quelque chose. Il a compris que je n’étais plus . . .
Je jette un regard furtif vers Fred qui ne s’en offusque pas. Camille comprend tout de suite.
- Oh, dit-elle en se redressant. Et alors ?
- Je lui ai fait comprendre qu’il devait s’occuper de ses oignons.
Les deux amoureux me lancent un regard de travers. Ils doutent.
- Toi ? S’exclame Fred, une octave assez bas pour que ça ressemble à un chuchotis. Tu as envoyé bouler quelqu’un ? Qui plus est, un maraudeur ?
Je ne l’aurais pas fait en temps normal, mais il m’est inconcevable que quelqu’un sache pour ma nouvelle nature sans que ce ne soit moi qui ai décidé de le lui dire. Lupin devait arrêter là ses investigations et le menacer sur sa différence - quel qu’elle soit - était le meilleur moyen à ma disposition sur le moment.
- Oui. Vous savez très bien qu’il ne faut pas me chercher.
Camille pouffe.
- Oui, j’avoue que le coup de transformer Crow en bonhomme de neige était assez imaginatif. Dommage que le professeur McGonagall l’ait désensorcelé aussi vite.
Oui, et heureusement qu’on n’a pas retrouvé le fautif. Loin de moi l’idée de retourner en retenue quand on sait comment s’est terminée la précédente.
- Tiens, en parlant d’elle, elle est toujours à l’infirmerie ? Demande Fred.
- Non, Mme Pomfresh l’a soigné, répond Camille. Tu comptes refaire une chose dans le genre ? Me demande-t-elle ensuite avec un grand sourire.
- Non, je me suis déjà vengée, pas besoin d’en rajouter. De plus, tout le monde l’a vu se faire ensorceler ou désensorceler : elle va en avoir pour un moment avec les commérages.
Je souris, referme mon bouquin d’un coup sec.
- Les adolescents sont vraiment mesquins, conclus-je.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeDim 1 Mar - 12:54

Chapitre 5 : L’arrivée de Lucinda



Je balaye la neige d’un mouvement sec, jette un sort de réchauffement au banc et m’y installe, mon livre fermement serré contre moi. Le déjeuner vient de se terminer, et j’ai accompagné Fred et Camille jusqu’au terrain de Quidditch où ils doivent certainement commencer à s’entraîner, puis je suis revenue sur mes pas pour continuer à étudier sous le timide soleil de Janvier. Je suis bien la seule dehors avec toute cette neige. Je suis aussi certainement la seule que le froid ou la chaleur ne dérange pas outre mesure puisque je n’ai pas l’air de les ressentir.
Mon regard s’égare du côté du lac, au bord duquel apparait un cercle d’herbe verte. C’est là-bas qu’hier après la réunion des Préfets, j’ai ensorcelé Crow. Elle était seule, moi aussi, c’était l’occasion rêvé de lui faire payer sa méchanceté gratuite du début de semaine envers ma personne. Mes cheveux se souviendront éternellement de l’excrément de véracrasse.
Je laisse mes pensées de côté et ouvre mon livre. Mais je n’arrive pas à m‘y intéresser. Mon regard à présent est attiré par la Forêt Interdite, les ténèbres du bois m’appellent. L’envie de refaire quelques une de mes acrobaties nocturnes me serre les entrailles, une chasse enivrante serait la bienvenue, un jeu durant lequel il n’y aurait aucune victime, seulement une peur grandissante et tétanisant pour la proie. Mais c’est la pleine journée et prendre le risque de me faire voir serait inconscient.
L’odeur d’un sang aigre et doux me vient aux narines. C’est le professeur Slughorn qui approche, j’entends ses bottes crisser sur la neige à quelques mètres dans mon dos. Je referme mon livre délicatement, le pose sur le banc à côté de moi et me retourne.
- Bonjour miss Dawn.
- Bonjour professeur réponds-je à la salutation.
Un léger rire le secoue quand il s’arrête à ma hauteur.
- Il est assez dérangeant de voir avec quelle rapidité vous avez découvert que je venais vers vous. M’avez-vous reconnu avant de m’avoir vu ?
- Oui, à l’odeur de votre sang, réponds-je sans aucun tact.
Un sentiment d’épouvante passe brièvement dans son regard, puis il se calme, avant d’afficher un sourire boudeur.
- Je n’ai pas eu le plaisir de vous voir à ma petite fête hier soir. J’ai été déçu, moi qui aurait tant aimé vous présenter quelques connaissances, qui j’en suis sûr, vous aurait plu.
Je ne fais même pas semblant d’avoir oublié l’invitation.
- Je n’ai pas souhaité me rendre à votre dîner, professeur, j’avais des cours à rattraper. Et j’avoue ne pas vouloir sacrifier un peu de mes nuits à ce genre d’activité. Ces fêtes ne sont définitivement pas mon genre.
Il ne fait même pas mine d’être blessé par mon ton cassant et légèrement insubordonné. Il s’assied à côté de moi et regarde à son tour la forêt Interdite.
- Je ne l’ai pas fait jusqu’à maintenant mais j’aimerais m’excuser pour ce qui est arrivé. Jamais je n’aurais dû vous laisser seule dans la forêt, tout comme j’aurais dû arriver plus vite. J’espère que vous ne m’en voulez pas trop.
- Ne vous inquiétez pas professeur, ce n’était pas de votre faute. Personne ne pouvait prévoir qu’un vampire serait à Poudlard à ce moment-là, et plus particulièrement dans la forêt.
Le professer Slughorn grimace. Sans doute que des images de cette soirée-là lui revienne. Une curiosité morbide me pique alors.
- Dites-moi, professeur, quand vous m’avez trouvé, étais-je . . . Présentable ?
L’homme se tourne vers moi et me jette un regard surpris.
- Pourquoi voulez-vous savoir ça ? Demande-t-il en caressant distraitement sa robe marron.
- Simple curiosité. Je devais me vider de mon sang, non ?
Je lui accorde un regard empli d’intérêt poli. Cette fascination pour mon accident semble le décontenancer.
- Pas du tout, m’assura-t-il. Vous étiez très pâle et votre respiration était précipitée et sifflante. C’est tout. Je n’ai pas compris tout de suite ce qu’il vous était arrivé, c’est le professeur Dumbledore qui me l’a apprit plus tard. Pour moi, vous aviez fait un malaise ou touché une quelconque plante vénéneuse.
J’acquiesce d’un signe de tête distrait, imaginant ce à quoi je devais ressembler. Je n’étais déjà pas de nature bronzé alors plus pâle que d’habitude, je devais ressembler à un cadavre. Contraste certainement saisissant avec ma robe noire et mes cheveux bruns.
- Miss, j’espère tout de même que je vous verrai à mon prochain dîner.
Je coule un regard dans sa direction. Pourquoi insiste-t-il, je viens de lui dire que ces dîners n’étaient pas pour moi.
- Il aura lieu dans une semaine. Je vous enverrai un message pour vous signifier l’heure et le lieu.
- Professeur, fais-je, sans vouloir être impolie, je ne viendrais pas. Comme je vous l’ai dit, mes nuits sont chargées depuis mon accident et je ne souhaite pas changer mes habitudes.
- Pas même pour une soirée ? Implore-t-il du regard. Je suis sûr que vous vous y amuseriez, il y a beaucoup d’élèves très sympathiques des différentes maisons à mes petites réceptions, et la plupart d’entre eux les apprécient grandement.
Je soupire discrètement. Je comprends qu’il ne me lâchera pas tant que je n’aurais pas dit oui.
- D’accord, lâché-je. Je vais y réfléchir.
Un sourire grand comme le monde éclaire son visage et il se lève du banc en tapant sur ses cuisses.
- Bien, c’est parfait ! S’exclame-t-il. J’espère que vous prendrez la meilleure des décisions.
Qui est, à ses yeux, que je vienne à cette soirée, tandis qu’aux miens, ça serait plutôt d’aller crapahuter dans les arbres de la forêt.
Il me fait un signe de la main en s’éloignant, que je lui rends avec hésitation. Je me détourne ensuite et rouvre mon livre, dans lequel je n’ais pas le temps de me plonger.
- Au fait, miss Dawn, crie-t-il, bon courage avec miss De Tore. Ne vous laisser pas impressionner par Madame la Vampire !
Au moment où il prononce ces quelques mots, il croise l’équipe de Gryffondor qui se dirige vers le terrain de Quidditch. Et qui, donc tout naturellement, se tourne ensuite vers moi. Merci monsieur le professeur. J’ignore les sept regards sur ma personne et plonge -enfin ! - dans mon livre. Je n’ai le temps d’en lire qu’un paragraphe, qu’une odeur me parvient au nez. Je la reconnais pour l’avoir sentit plusieurs fois dans les couloirs, elle appartient à un élève. Mais cette fois, moins mélangé qu’elle est aux autres odeurs, son parfum m’attire irrésistiblement. Je redresse la tête, les yeux fermés et les narines dilatés. Cette odeur est enivrante, elle ensorcelle mes sens. Je pourrais presque la sentir sur ma langue. Il n’y a aucuns mots pour la décrire, c’est comme . . .
Une ombre transparait à travers mes paupières closes, attirant mon attention ailleurs que sur l‘odeur. Je rouvre les yeux. Potter est face à moi, le reste de l’équipe passe dans mon dos. Le parfum s’éloigne. Je comprends que l’odeur appartient à l’un d’entre eux.
- Salut, fait-il.
Je lui adresse un signe de tête prudent. Qu’est-ce qu’il me veut ?
- Remus n’a rien voulu me dire hier par rapport à votre discussion, fait Potter avec un grand sourire. Peut-être que tu seras plus loquace ?
Ah, oui, il pensait que Lupin voulait sortir avec moi. Contente d’apprendre qu’il n’a pas dit un mot. Ce sera aussi mon cas, Potter est tombé sur un os.
- Non, je ne le serai pas, lui assuré-je en baissant la tête sur mon bouquin. Bonne journée.
- Ah. Euh, oui, bonne journée à toi aussi.
Et il s’éloigne, dérouté et vexé. Mais je m’en fiche. Je n’ai qu’une chose en tête. Cette odeur. Il faut que je la retrouve, que je sache a qui elle appartient. Car elle est hypnotisante. Trop. Et j’ai la sensation, l’inquiétude que, si je devais croiser cette personne seule à seule, elle ne s’en relèverait pas. Je dois me prémunir contre cette odeur.


O0o0O


Une légère poudreuse blanche tombe du ciel et recouvre mes épaules ainsi que le dessus de ma tête. A côté de moi, le professeur Dumbledore fait preuve d’un contraste saisissant entre sa robe noire et ses cheveux et sa barbe blanche saupoudrés de neige. Mais de nous deux, je suis la seule à ne pas être dérangé par le froid de cette nuit d’hiver, bien que je la ressente. Le parc lui aussi brille sous les étoiles et les flocons.
- Il est minuit, annonce le directeur en rangeant une grosse montre en argent dans sa poche.
A l’instant où il termine sa phrase, une nouvelle odeur me parvient, immédiatement suivit par l’image de son détenteur - ou plutôt de sa détentrice. Drapée d’une robe noire largement échancrée et au fourreau moulant, notre hôte s’avance calmement vers les grilles de Poudlard. Sa somptueuse chevelure auburn lui tombe sur les reins et entoure un visage ovale illuminé par des yeux d’un marron très pâle, son maintien semblable à celui d’une reine est aidé par sa haute taille, bien plus haute que la mienne.
- Bienvenue à Poudlard miss De Tore, accueille chaleureusement le professeur Dumbledore.
Le regard du vampire ne survole qu’un bref instant le visage du directeur, avant que ses yeux ne se posent sur moi. Elle se rapproche, intensifiant l’odeur de son sang. Il est semblable à celui des humains. Je m’attendais pourtant à quelque chose de plus spectaculaire. Mais à part une petite touche de lilas imposante, son bouquet n’a rien d’exceptionnel.
- Je vous remercie professeur Dumbledore. Surtout de m’avoir prévenue pour la naissance d’une nouvelle sœur.
Je comprends immédiatement que c’est de moi qu’elle parle.
- Bonsoir, la salué-je à mon tour. Et bienvenue.
- Bonsoir. Je suis Lucinda. Je n’ai pas eu la chance de connaître ton nom.
Son ton est calme, posé comme jamais je n’en avais entendu. Comme si une sagesse infini et sans précédents emplissait son être. La voix d’un être intemporel.
- Je m’appelle Amandine Dawn. Enchantée de vous connaître.
Un léger sourire étire les lèvres de Lucinda puis elle se tourne de nouveau vers le professeur Dumbledore.
- J’ai été étonnée de voir qu’un sorcier connaissait mon ami Rodolf. Il ne se mêle guère aux humains généralement.
- Oh, s’exclame le directeur avec jovialité, j’ai rencontré cet être d’exception lors d’un voyage. Avec chance, nous sommes restés en très bon termes. Et je suis content que vous ayez pu venir aussi rapidement. Miss Dawn a besoin de quelqu’un pour la guider, en dehors des maigres informations que nous donnons à nos élèves de dernière année sur la Caste.
- Bien entendu, c’est tout naturel. Et vous avez très bien fait.
Elle se tourne de nouveau vers moi.
- Nous pouvons commencer tout de suite si tu le désires.
Ma gorge se serre légèrement, les odeurs de leurs sangs m’agressent. Ceux des habitants de la forêt aussi. Je ne me suis pas encore nourrie et j’ai faim.
- Plus tard si vous le permettez. J’ai besoin de boire, mon corps commence à réclamer.
Son intérêt s’aiguise, une flamme d’envie s’allume dans son regard.
- Tu vas te nourrir ? Et chasser ?
- Oui, admis-je, dans la forêt. Elle regorge d’animaux.
- Le voyage a été long et je ne me suis pas arrêté en cours de route. J’avoue avoir besoin de reprendre des forces. Puis-je t’accompagner ?
Je regarde le professeur Dumbledore. Il n’a pas l’air contre.
- Bien sûr. Ce sera une nouvelle expérience pour moi que de chasser avec quelqu’un. Professeur, ajoutai-je en me tournant vers lui, je sais où sont les quartiers de miss De Tore. Je la raccompagnerai dès que nous aurons terminé. Je suppose que vous aimeriez dormir à présent.
- Vous supposez très bien, miss Dawn. Je vous fais confiance. Bonne nuit à toutes deux.
Le regard du directeur m’assure qu’il pense ce qu’il dit et, après un léger signe de tête pour Lucinda, se détourne de nous et remonte le parc jusqu’au château.
- Tu peux m’appeler Lucinda et me tutoyer, Amandine. Je ne suis pas à cheval sur les convenances. Maintenant, si tu me racontais comment tu es devenue un vampire de la Caste ?


O0o0O


Ce lundi matin est très différent de tout ceux que j’ai connu jusqu’à maintenant. Pour commencer, je ne suis pas dans mon lit, avec les autres filles du dortoir, ni même dans la tour de Serdaigle. J’ai passé la nuit en compagnie de Lucinda. Après notre partie de chasse, pendant laquelle j’ai pu constater à quel point j’étais vraiment aux balbutiements de l’apprivoisement de mon nouveau corps, je l’ai accompagné jusqu’aux appartements qui lui sont octroyés, puis, y est resté. Elle a passé le reste de la nuit à m’interroger sur ce que je sais des vampires en général, puis à combler quelques unes de mes lacunes.
A présent, je sais que les vampires, tel qu’ils l’étaient à l’origine - donc non dangereux - sont apparus vraisemblablement en même temps que le reste de l’humanité et des créatures magiques. On ne peut être sûr de cela car, d’après Lucinda, il n’y a aucune trace des tout premiers vampires ayant existés. Les seules traces écrites que l’on trouve de leur race, débutent des transformations des humains en Faucheurs. Des premiers de cette sous-race (comme l’appelle Lucinda) à être apparus.
Je jette un œil sur l’horloge qui surplombe la cheminée du salon. Elle affiche sept heures du matin. Il est temps pour moi de rejoindre mes amis. Je me lève, sous le regard bienveillant du vampire, et défroisse ma robe du plat de mes mains.
- Je vais dans la Grande Salle, lui dis-je. Je dois m’y rendre à l’heure des repas pour garder un semblant d’humanité aux yeux des élèves qui ne savent rien de mon nouvel état. Est-ce que tu veux m’accompagner ?
Lucinda, un léger sourire en coin, acquiesce d’un bref mouvement de tête et se lève à son tour, toujours parée de sa robe splendide.
- Pars devant, fait-elle, je te rejoindrai. Je pense que ma tenue ne serait pas de circonstance, donc je vais d’abord me changer.
Il est vrai que sa robe ne détonnerait pas à une soirée habillée ou à un bal, contrairement à un repas d’étudiants. Elle quitte le salon d’un pas léger, pendant que je sors des appartements. Ces derniers se trouvent dans la tour Ouest en dessous de la volière, loin de la cohue des élèves, par mesure de sécurité je suppose. Autant pour Lucinda que pour les étudiants d’ailleurs, il serait dommage qu’un accident arrive à cause d’un adolescent trop téméraire ou trop curieux.
Je dévale deux à deux les marches de la tour et termine rapidement au cinquième étage, où se trouve le rez-de-chaussée de notre tour. Ayant donné le mot de passe au portrait, je pénètre dans la salle commune vide et grimpe trois à trois l’escalier qui mène à mon dortoir, avant d’y entrer. Heureusement, ce dernier est vide. J’aurais eu beaucoup de mal à expliquer à mes camarades où j’ai passé la nuit, encore vêtue de mes habits de la veille.
Passant dans la salle de bain, mon uniforme en main, je me fais une toilette de chat, enfile ma jupe et ma chemise, noue ma cravate, et finit par mettre mon pull. Je ressors de la salle d’eau, une brosse à la main démêlant énergiquement ma chevelure beaucoup plus domptable depuis ma transformation et vérifie que mon sac de cours est prêt. Une fois fait, j’attrape ma cape et mon sac et ressors du dortoir, puis de la tour avant de rejoindre les escaliers de marbre qui parcourent le château en son centre et donnant accès à toutes les parties de l’établissement.
Mon entrevue de quelques heures avec Lucinda m’a apporté bien plus que je n’aurais cru. A mes yeux, ce que nous avait enseigné le professeur Gray était bien suffisant, mais le fait est que je me suis lourdement trompée. Avec la vampire, j’explore bien plus en profondeur, les maigres informations que les sorciers ont en leur possession. J’ai hâte de pouvoir à nouveau discuter avec elle de la Caste, et surtout, d’en savoir un peu plus sur leur mode de vie présent.
Arrivée au rez-de-chaussée, un parfum délicat embaume l’air, m’arrachant à mes réflexions. Je reconnais cette senteur. Et je ne peux contrôler mon corps à ce moment-là, mes sens étant trop ensorcelés. L’odeur est telle que je la sens presque sur ma langue, que je pourrais quasiment y goûter. Et comme dans un songe, mon corps se meut sans que je n’ai un ordre à donner, comme si, mon esprit et lui avaient fusionnés à un niveau jamais encore expérimenté. Je ne me guide plus qu’avec cette senteur embaumante, entêtante, ensorcelante. Plus je m’approche d’elle, plus elle s’impose et plus elle m’attire. C’est comme un cercle sans fin, un cercle vicieux dont je n’aurais aucune envie de m’extraire. Je sens mon corps chauffer comme jamais, c’est une chaleur que je n’ai encore jamais éprouvé jusqu’ici, une sensation si plaisante qu’il ait étonnant que je l’ai pas ressenti avant. Elle prend naissance au cœur même de mon être, de ma féminité, se répandant par vagues dans mon corps.
Soudain, au détour d’un couloir, mon regard est attiré par une silhouette vague. Mes yeux sont rendus flous par la force d’attraction du sang de cette personne. Cela ne peut être qu’elle car, cette fois-ci, contrairement aux autres fois, sa flagrance n’est pas noyé sous celles des autres, elle s’offre à moi sans interférence. Je sais que c’est elle. Cette odeur de rosée fraiche du matin, de miel et de quelque chose d’animal : elle m’appelle.
La personne s’est arrêtée. Je crois. Ou, est-ce-moi qui vais infiniment plus vite qu’elle ? Toujours est-il que je me retrouve subitement à son côté et que, surprise par mon apparition, elle sursaute avant de sourire.
- Hey, salut, fait une voix enjôleuse.
Je ne m’attarde pas sur la voix, bien que très attirante. Mon regard bloque sur son cou, là où pulse l’artère, où le sang voyage à grand flots. Là où, d’un mouvement de mâchoire, je pourrais goûter, m’abreuver de ce nectar si alléchant.
- Ça ne va pas ? Demande la voix. Tu n’as pas l’air dans ton assiette. Dawn, c’est bien ça ton nom ? Tu veux que je t’emmène à l’infirmerie ?
Dawn . . . Oui, c’est mon nom. Il me semble. J’avance d’un pas, le regard toujours fixé sur le cou de la personne. Elle recule. Je sens à présent qu’elle est mal à l’aise, qu’elle s’interroge.
- Hey, Dawn, t’es sûre que ça va ? Tu ne veux vraiment pas voir Pomfresh ?
J’avance encore, elle se retrouve acculée au mur. Bien qu’elle soit plus grande que moi, je sais aussi que je suis plus forte et qu’elle ne m’échappera pas. Je pose mes mains de part et d’autres de son corps, me hisse sur la pointe des pieds pour parvenir à hauteur de son visage. Je penche délicatement la tête, le souffle précipité de la personne faisant voler quelques uns de mes cheveux, approche ma bouche de son cou . . .
Puis, je me retrouve violemment tiré en arrière. Mon agresseur se met entre moi et ma tentation, s’accroupit dangereusement et gronde. L’odeur me parvint encore, mais plus ténue, faiblarde. Je sens d’abord l’effluve de mon assaillant. Je reprends peu à peu mes esprits, découvre que je suis à quelques pas de la Grande Salle et que c’est Lucinda qui me fait face. Elle ne gronde plus mais son regard est prudent.
- Qu’est-ce que . . .
- Dors, m’intime-t-elle.
Et, dans un mouvement fluide et extrêmement rapide, elle s’approche de moi, presse ses doigts sur mon cou puis, sans que je ne le veuille, mon corps glisse, tombe à terre, et mes yeux se ferment.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeDim 1 Mar - 12:58

Chapitre 6 : L’Appel du Calice



J’ouvre les yeux. Je suis à l’infirmerie. Les draps blancs des lits, dont celui sur lequel je suis allongée, et les séparations de même couleur l’attestent. Pourquoi suis-je ici ? Que s’est-il passé ? Je me relève d’un mouvement et jette un œil autour de moi. Je suis seule. Ou presque. De l’autre côté de la pièce, derrière un drap blanc tiré, je vois la silhouette de l’infirmière s’agiter autour d’un patient. Mon attention est ensuite attirée par le bruit de la porte qui s’ouvre et je vois Lucinda pénétrer dans la pièce puis s’avancer vers moi.
- Que s’est-il passé ? Dis-je quand elle s’arrête à ma hauteur.
Elle me lance un regard aigu.
- Souviens-toi, quand tu m’as quitté tout à l’heure, qu’as-tu fait ?
Penchant légèrement la tête sur le côté, je force mes souvenirs à se rassembler et dans un ordre précis et chronologique puis laisse les images remonter à ma conscience. Je me vois retourner à la tour de Serdaigle, m’y changer puis y prendre mes affaires de cours avant de descendre. Mon but était la Grande Salle, mais je n’y suis pas parvenue. Quelque chose m’en a empêché. Une odeur. Le sang de quelqu’un, d’un être humain, plus alléchant que celui de n’importe quelle autre créature terrestre.
Mortifiée par le souvenir de ce que j’ai failli faire à ce pauvre élève, je laisse tomber ma tête entre mes mains.
- Merlin, j’aurais pu le tuer, murmuré-je.
Mon matelas s’affaisse quand Lucinda s’assied dessus, juste à côté de moi.
- Tu ne dois pas t’en vouloir, dit-elle, ce n’était qu’un accident. Tu n’y étais pas préparé.
- A quoi ? M’exclamé-je en relevant la tête. Je n’aurais pas dû être attiré par lui ! Nous ne sommes pas attirés par le sang humain !
Lucinda secoue la tête d’un air désolé.
- Tu en sais encore bien peu sur ta nouvelle famille, Mandy, bien peu. C’est pourquoi je n’ai pas eu le temps de te parler de l’Appel.
- L’Appel ? Répété-je. Qu’est-ce que c’est ?
- C’est ce que tu as ressentie, m’explique-t-elle avec douceur. Quand tu as sentie l’odeur du sang de cette personne, cela a enflammé tes sens et tu n’as plus été guidé que par ton instinct. Tu as perdu tout contact avec la réalité, seulement attirée par l’odeur, que tu as certainement trouvée plus qu’exquise.
J’acquiesce d’un signe de tête, le cœur battant. Que m’arrive-t-il encore ? La transformation en vampire n’a-t-elle pas été assez ? Dois-je subir encore une autre différence ?
- Nous appelons cela l’Appel, car c’est ce qu’il est, poursuit Lucinda, étrangère à mes pensées. L’odeur que tu as interceptée a agit sur toi comme un sort. Tu as du ressentir des sensations inconnues, ou du moins, inhabituelles.
- Oui, admis-je. Il y a eu cette chaleur montante, comme . . .
Je me tus. Après réflexion, je sais ce que c’est, j’en ai assez souvent entendu parler dans l’obscurité du dortoir pour ne pas ignorer ce qu’est l’envie. Une pulsion sexuelle. Qui sortait de nulle part.
- Tu veux dire que, rien qu’avec cette odeur, un désir d’ordre sexuel est né en moi, pour cette personne ?
Lucinda sourit et soupire, caressant mes boucles brunes d’une main maternelle.
- Pas tout à fait, Mandy, pas tout à fait. Tu as rencontré ce que l’on appelle communément un Calice. Il en existe un par vampire de par le monde et rare sont ceux qui ont la chance de les découvrir, car, cette personne prédestinée au vampire nait et meurt beaucoup plus vite de par sa condition humaine et fragile. Et il arrive aussi, que cette personne naisse à l’autre bout du monde.
- Vous voulez dire que, le Calice qui m’est prédestiné, est ici, à Poudlard ?
Elle hoche de la tête.
- Et, quel est son rôle exactement, à cette personne ? Demandai-je. Pourquoi seule elle a cet effet-là sur moi ?
- C’est à cause de son sang. Ses composants font qu’il est un mélange parfait pour ton organisme, bien plus nourrissant que n’importe quel sang animal. Quant à son rôle, il est très simple : il te nourrit, de corps et d’âme.
J’affiche un air perplexe. De corps et d’âme ? Que veut-elle dire par là ?
- Tu comprendras très vite par toi-même ce que je suis en train de te dire. En attendant, il faut que tu saches que le professeur Dumbledore est au courant de ce qu’il s’est passé dans le couloir et qu’il a expliqué à ton Calice que tu étais sous l’effet d’une potion mal effectuée, ce qui t’a valu ce comportement étrange. Le directeur ne t’en veut pas de ce qu’il s’est passé, je lui ai tout expliqué dans les grandes lignes.
- Et moi ? Demandé-je. Je ne peux pas sortir d’ici, c’est ça ? Car autrement, je le croiserai et prendrai le risque de l’attaquer.
- Tu ne l’avais jamais fait jusqu’à aujourd’hui, n’est-ce pas ? A ton avis, pourquoi ?
Je repense à toutes ces fois où j’avais déjà eu un aperçu de la flagrance. A chaque fois, elle était mélangée, noyée au milieu d’autres senteurs.
- Il n’était jamais seul, confiai-je, souriant et comprenant où elle voulait en venir. Même quand tu t’es interposée, tout s’est atténué et j’ai pu reprendre mes esprits.
- Alors, tant que toi ou lui serez accompagnés, il ne se passera rien. Connais-tu cette personne, plus que comme un camarade ?
Je lui lance un regard étonné. Pourquoi cette question ? Et puis, d’abord, qui était cette personne ? Mes souvenirs sont flous de ce visage. Fermant les yeux, je me concentre sur ce qu’il s’est passé dans les couloirs et me revois courant derrière la personne - mon Calice puisque c’est ce qu’elle est. C’est un homme déjà, puisqu’il porte un pantalon. Et de Gryffondor. Quand il se tourne vers moi, je distingue nettement les couleurs rouge et or de sa cravate mal nouée. Puis, je vois son visage. Et rouvre les yeux sous la surprise.
Mon bat à cent à l’heure. Parmi tous les élèves que compte Poudlard, il a fallu que mon choix se porte sur lui. Pourtant, je m’en serais bien passé, après ce qu’il s’est passé en début de semaine. Mais je n’ai malheureusement pas de doute sur la personne : les yeux gris, le port nonchalant et la chevelure d’ébène caractérisent bel et bien l’illustre Sirius Black.
- Alors ? S’enquit Lucinda. J’espère que tu le connais un minimum, car il te faudra te rapprocher de lui de manière significative, tout en faisant attention. Tant que tu n’auras pas goûté à son sang, tu pourras toujours te nourrir de celui des animaux, même si ce sera moins nourrissant maintenant que tu as senti celui de ton Calice. Toujours est-il que tu dois te lier d’amitié avec lui, pour par la suite, lui confier ton secret et son rôle dans tout cela. Peut-être alors, acceptera-t-il de te servir de Calice.
- Et s’il refuse ?
Son regard se voile.
- Tu devras alors te contenter du sang animal pour l’éternité. Et tu souhaiteras ne l’avoir jamais rencontré, car tu supporteras de moins en moins, avec le temps, de te sustenter comme nous.
Je ferme douloureusement les yeux. Me rapprocher de Sirius Black ne sera pas chose aisée. Peut-être même devrais-je abandonner immédiatement cette idée. Avec ses groupies, et ma timidité que je ne réussis toujours pas à surmonter, ce n’est pas gagné d’avance. Sur ce coup-là, je vais avoir besoin de beaucoup de patience. Et de mes amis.


O0o0O


Je peux quitter l’infirmerie à temps pour arriver à l’heure à mon premier cours du matin, les deux heures de Sortilèges avec le professeur Flitwick, juste avant le déjeuner. J’arrive seule, Lucinda ayant rejoint ses appartements pour le reste de la matinée. Il n’y a personne dans le couloir des sortilèges, la sonnerie n’a pas encore annoncé la fin de la récréation. Tous doivent se trouver encore dans la cour, ou dans les salles communes ou la bibliothèque pour ceux qui, comme moi, commencent plus tard.
Je pose mon sac à bandoulière sur le sol et m’adosse au mur, juste à côté de la porte de la classe. Malheureusement pour moi, Black suit aussi ce cours, ainsi que son ami, Lupin. Si ces deux là ont discutés, avec les maigres informations qu’ils ont et grâce à l’intelligence de Lupin, ils auront vite fait de connaître mon secret. J’espère que Black n’aura pas eu l’idée de parler avec ses amis.
La sonnerie retentit dans les couloirs vides, m’arrachant à mes pensées. Quelques seconde plus tard, résonnent les bruits des pas de centaines d’élèves regagnant leurs salles de cours. Les premiers de la classe de Sortilèges ne tardent pas à apparaître, deux Poufsouffle qui m’adressent un vague signe de la main que je leur rends avec mollesse. Puis, Fred débarque avec Bill. Camille ne participe pas à ce cours, elle a gardé Arithmancie.
- Bonjour, Mandy, me salut le roux. On ne t’a pas vu au petit-déjeuner, ni après d’ailleurs. Camille s’est inquiété.
- Je m’expliquerai avec elle tout à l’heure. J’ai eu un petit . . . Incident.
Difficile de leur expliquer la nature même de l’accident qui a failli se produire. Seule mon amie sera à même de comprendre, du moins je l’espère. De plus, mon attention est attirée par l’odeur de Black, que je sens approcher. Heureusement, comme l’avait laissé deviner Lucinda, mêlé aux autres flagrances, il n’y a plus d’Appel. Mais, tout en moi est quand même attiré un peu par lui, et je ne peux m’empêcher d’entendre la conversation, bien que lointaine, qu’il a avec son ami.
- . . . Encore mieux que la dernière fois, s’extasie Black en rigolant. Plus ça va, plus elle s’améliore Evans, on pourrait presque prendre exemple sur elle.
- Tu ne compatis même pas un peu pour James ? Soupire Lupin.
Alors qu’ils parlent, ils s’approchent de mes amis, qui me font face et donc me coupent du reste du couloir. Les deux Gryffondor s’installent dos au mur en face de nous. Et j’ai tout loisir d’admirer le profil avantageux que la majorité des filles de cette école vénèrent. C’est vrai qu’il est plutôt pas mal mais, même maintenant, avec l’Appel que j’ai ressentis quelques heures plus tôt, je le trouve fade et sans intérêt. Il n’y a donc que son sang en lui, qui m’attire ? Alors, pourquoi cette brusque montée de chaleur en moi, ce désir ardent d’être sienne ?
- Oh, Mandy !
Je sursaute, perdue, et croise le regard interloqué de Fred.
- Ca fait bien deux minutes que je t’appelle, dit-il. Depuis quand tu regardes les maraudeurs avec autant d’insistance ? C’est parce que c’est Lupin ? Ajoute-t-il avec un sourire lubrique.
Bien évidemment, les deux garçons entendent ce que vient de sortir mon ami. Ils s’intéressent donc à la conversation.
- Bien sûr que non, dis-je avec le plus grand calme, alors arrêtez de vous mettre en tête qu’il y a quoi que ce soit entre lui et moi. Nous sommes jute Préfets tous les deux. D’ailleurs, ce n’était même pas lui que je regardais.
Le professeur Flitwick arrive à ce moment-là, empêchant Bill ou Fred de répliquer. J’en profite pour me faufiler entre eux, et m’exiler tout au fond de la classe, là où ils ne viendront pas m’importuner avec leurs idées bizarres. Comme prévu, Fred s’installe tout devant, son ami l’accompagnant. Le reste de la classe s’éparpille plus ou moins au hasard, aucune place n’étant attribuée. C’est Betty, la métisse de mon année qui vient prendre place sur le siège à côté de moi. Par chance, elle n’est pas très causante, comme moi, et le cours se déroule calmement, sans anicroches, chacune écoutant avec soin et prenant note, avant de passer à la pratique où nous nous mettons en duo.
La sonnerie de midi est tout de même une délivrance. Je n’ai qu’une hâte : parler à Camille de ce qu’il m’est arrivé, et chercher conseil sur ce que je dois faire à présent. J’entasse donc rapidement mes affaires de cour dans mon sac, et m’échappe de la salle avant tout le monde. Profitant de l’absence de vie dans le couloir, je pique un sprint vampirique et débarque dans les escaliers en moins de dix secondes, m’arrêtant pile au moment où les autres classes débarquent elles aussi dans les escaliers mouvants. Je jette un œil autour de moi, pour essayer de repérer mon amie, mais elle n’est en vu nulle part. Je me résous donc à devoir l’attendre à la table.
Je pénètre dans la Grande Salle pratiquement vide et m’installe au centre de la table des Serdaigle, où seuls quelques élèves munis de livres ou de parchemins picorent dans leurs assiettes. Je me sers d’un minuscule morceau de poulet et d’une cuillerée de petit pois, en attendant Camille. Je suis en train de jouer avec ma nourriture quand enfin elle arrive et, m’avisant, se précipite sur moi et me serre dans ses bras.
- Où tu étais ? S’exclame-t-elle. J’étais morte d’inquiétude, j’ai cru qu’elle t’avait bouffée tout rond !
Les élèves autour de nous, nous regardent avec des yeux ronds. Bien sûr, même s’ils ne sont au courant pour Lucinda, ils ne font pas forcément le rapport.
- Rien de tout ça, voyons Camille, la rassuré-je. J’ai discuté avec elle toute la nuit, puis j’ai eu un accident ce matin.
Camille se recule, me gardant tout de même encore dans ses bras, et me jette un regard interrogateur.
- Un accident ? Relève-t-elle.
- Oui, affirmé-je, mais je t’expliquerai plus tard, ajouté-je en voyant Potter et Evans s’approcher de moi.
Camille se sépare de moi et s’assoit à mon côté avant de commencer à remplir son assiette. Les deux Préfets-en-Chef s’arrêtent à ma hauteur, et Evans me sourit.
- Salut, Dawn.
- Bonjour, répondis-je.
- On voulait savoir si tout s’était bien passé avec miss De Tore, fit Potter, visiblement inquiet.
- Tout a été comme sur des roulettes, je l’ai mené à ses appartements et je suis rentrée dans mon dortoir.
- Sirius m’a dit qu’elle t’avait attaqué ce matin, ajouta le garçon.
Je fronce des sourcils. Puis, je comprends que du point de vue du Calice, l’intervention de Lucinda ne pouvait qu’être interprétée de cette façon.
- Aucunement, réfuté-je en remarquant le regard en coin étonné et inquiet de Camille. Au contraire, elle a protégé Black. Il y a eu un problème de dosage d’ingrédient avec une potion que j’ai prise et cela a créé . . .
Créer quoi, j’en ai aucune idée. J’ignore quelle excuse le professeur Dumbledore a sorti à Black pour justifier mon attaque. Et si je me plante et que Potter entend une histoire différente plus tard ou qu’il le sait déjà, je suis grillée.
- Un poussée d’hormones anormale, intervient alors une voix douce et aérienne. Votre ami a eu de la chance, miss Dawn aurait pu lui faire beaucoup de mal. A ce moment-là, sa force était décuplée et elle n‘était plus maîtresse d‘elle-même.
L’explication de Lucinda est plus que la bienvenue et je laisse discrètement échapper un soupire de bien-être.
- Potter, Evans, fis-je alors en voyant leurs yeux ronds, je vous présente miss De Tore, vampire de la Caste.
Un silence aberrant nous entoure soudain. Tous ceux qui m’ont entendue ont les yeux tournés vers la créature magnifique et dangereuse, debout au milieu de la Grande Salle. Heureusement, elle s’est changée et ne porte maintenant plus qu’un pantalon en jean noir et une chemisette grise, laissant voir ses bras fins et pâles. Au moins ainsi, l’effet est amoindri.
Faisant abstraction de ceux qui la regardent avec fascination et crainte, elle m’adresse un sourire, adresse un signe de tête aux deux Gryffondor et les contourne pour rejoindre la table des professeurs où un siège l’attend à gauche du directeur. Le cours normal de la vie des élèves reprend alors son cour, les impressions allant bon train.
- Wouah, vous avez vu ça ? S’exclame alors la voix de Bill, que je n’avais pas vu arriver avec Fred. Elle est vraiment . . . Wouah.
- Tu l’as déjà dit, le taquine Camille. Mais c’est vrai, c’est une femme splendide.
Elle coule un regard dans ma direction, je lui fais un bref signe de tête. Nous nous levons d’un bel ensemble, sous les regards surpris des deux garçons.
- Vous allez où ? Questionne Fred.
- Dans le parc, annonce Camille, nous devons discuter Mandy et moi. On se retrouve plus tard.
Elle se penche, picore un baiser sur la joue de son ami, et je la suis hors de la Grande Salle, prête à lui narrer ce qu’il s’est passé.


O0o0O


Les cours de l’après-midi passent à une vitesse folle. L’heure du déjeuner n’ayant pas suffit à tout expliquer à Camille, j’ai passé les deux heures de Divination à poursuivre son éducation vampirique. Puis, ce sont les deux heures de Métamorphose, qui m’ont permis de me reposer un peu l’esprit et de réfléchir plus posément à ce que j’allais faire.
J’ignore si l’Appel a un équivalent humain. Je ne l’espère pas car, si c’est celui auquel je pense, ce sera encore plus compliqué que je ne l’imagine, ce dont je n’ai vraiment pas envie. Déjà, rien que le fait que mon Calice soit Sirius Black me donne des palpitations. Je pourrais aussi y ajouter des sueurs, si j’étais encore capable de transpirer. Je n’ose imaginer les réactions du fan-club de Black si j’avais l’idée de me rapprocher de lui. Je me souviens encore assez bien de la réaction de Crow pour ne pas vouloir réitérer l’expérience.
- Dis, je me demandais une chose, fait soudain Camille en se penchant vers moi, alors que nous tentons de transformer nos encriers en plumes. Si tu mords un Calice, il se transforme en Faucheur ?
Surprise par la question, autant que par le fait que je n’y avais absolument pas songé, je fais un mauvais geste et renverse mon encrier par-dessus la table. Sans même y songer, je le rattrape prestement. Au regard que me lance Camille alors que je repose l’objet à sa place initial, j’ai dû le faire plus vite que je ne le pensais.
- En plus d’être agile, t’es aussi rapide ! Je vais commencer à t’envier, murmure-t-elle.
- Rappelle-toi de quoi ce compose mon régime alimentaire, ça t’empêchera immédiatement de vouloir être à ma place, répliquais-je.
Elle grimace.
- Et pour répondre à ta question, je suppose que oui. Ou non. A vrai dire, je n’ai pas vraiment eu le temps d’interroger Lucinda là-dessus, je n’y avais même pas pensé.
- Mais si c’est le cas, comment la personne peut-elle servir de Calice au vampire ? Surtout avec la longévité que vous avez !
J’hausse des épaules. Je n’ai aucune réponses à ces questions et une seule personne à portée de main les a. Lucinda aura encore beaucoup de questions auxquelles répondre. Mais après tout, elle est là principalement pour ça.
- Je demanderai ce soir plus d’informations là-dessus à Lucinda.
- Miss Dawn et Blaid ! Retentit soudain la voix forte du professeur McGonagall à l’autre bout de la classe, nous faisant sursauter. Ce n’est pas parce que je vous tourne le dos que je ne vous entends pas bavarder. Faites-moi le plaisir de vous concentrer sur vos métamorphoses.
- Oui, professeur, répondons-nous d’une seule et même voix avant de retourner à notre exercice.
Une heure plus tard, la cloche résonne entre les murs de Poudlard, signifiant la fin de notre journée de cours. Je range mes affaires dans mon sac, alors que le professeur McGonagall nous demande de réviser nos transformation d’encriers, pas encore au point pour certains, puis quitte la salle en compagnie de Camille. Bill, qui partage notre cours, nous passe devant en courant, occasionnant un regard intrigué que j’échange avec mon amie.
- Qu’est-ce qu’il lui prend ? S’étonne Camille. Il a un crabe de feu aux fesses ou quoi ?
Peu intéressée parce qui régente la vie de Bilius Weasley, je regarde d’un œil morne les maraudeurs nous dépasser en discutant. Camille fait de même, ce qui ne manque pas d’attirer leur attention.
- Hey, Lunard, il y a ta copine qui te mate ! S’exclame Potter en m’adressant un grand sourire.
Lupin et moi échangeons un regard avant de fusiller du regard le brun d’un même mouvement. C’est alors que je constate que Black me fixe. Mal à l’aise, je fais abstraction de son odeur, noyé parmi les autres. Camille, elle, pose une main sur mon bras, comme si elle voulait me retenir. Ce qui, soit dit en passant, est ridicule. Seul un autre vampire pourrait m’arrêter si je voulais vider Black de son sang.
- Ca va mieux depuis ce matin ? Me demande-t-il. T’as pas de chance dis donc, entre la potion raté et l’accident dans le Forêt.
Je grimace, et hoche de la tête avant de m’éloigner. Je commence déjà à perdre le contrôle de mon corps et mon regard s’obstine à dériver sur sa nuque alors que je veux regarder partout sauf là !
- Heu, elle est encore un peu, heu, déstabilisée, s’excuse Camille derrière moi. A plus !
Puis, je l’entends me rattraper.
- Qu’est-ce que tu fais ? C’était l’occasion ou jamais !
- Tout à fait, approuvais-je en montant les escaliers mobiles, l’occasion de lui planter mes crocs dans la carotide. J’étais à deux doigts de lui sauter dessus !
- Mais, on était là pourtant, s’étonne-t-elle.
- Ca n’a pas suffit, il faudrait que vous soyez plus nombreux ou qu’il soit plus loin. Il était beaucoup trop proche, surtout que son odeur est beaucoup plus forte pour moi que toutes les autres.
Alors que nous passons l’entrée de notre salle commune, Camille soupire.
- A cette vitesse là, on ne va jamais s’en sortir. Tu dois te rapprocher de lui, mais ni toi ni moi n’avons des liens avec les maraudeurs. Comment comptes-tu faire ?
Sortant mes devoirs de mon sac, je secoue la tête.
- Je n’en sais strictement rien, répondis-je.
- Moi, je sais comment vous aider.
Surprises, Camille et moi relevons la tête pour croiser le regard de Fred.
- De quoi tu parles ? Fais-je.
Il tire une chaise, et s’assoit entre mon amie et moi, posant sa tête entre ses bras joint sur la table.
- D’après ce que j’ai entendu, tu veux te rapprocher d’un maraudeur. Je connais assez bien Peter, on vit dans le même village de sorcier. Je peux peut-être t’arranger le coup.
Camille parait surexcitée par la nouvelle. Je reste de glace, attendant la suite.
- Tu as un plan ? Demande-t-elle.
Il acquiesce avec un grand sourire.
- Demain, pendant l’heure de libre après le cours de Défense Contre les Forces du Mal, je sais qu’ils seront à la bibliothèque pour revoir leurs cours. On aura qu’à se rejoindre là-bas et je demanderai à Peter si on peut se joindre à eux. Ca ne l’étonnera pas, je fais ça de temps en temps avec Bill.
- C’est une merveilleuse idée ! S’écrit Camille. Qu’est-ce que tu en penses, Mandy ?
J’en pense, que quoi que je dise, je n’aurais de toute façon, pas mon mot à dire. Je n’ai plus qu’à me faire à l’idée.


O0o0O


La nuit est tombée. La forêt est silencieuse. Au loin, à travers les branches et les feuilles qui me séparent du parc, j’aperçois par intermittence les lumières des fenêtres du château, l’éclairage tremblotant des bougies. A ma gauche, Lucinda guette une proie, bien plus grosse que toutes celles que j’ai pu chasser jusqu’à maintenant. C’est un cerf, imposant, majestueux. Il ne semble pas s’inquiéter outre mesure du danger qui pèse sur sa vie.
Silencieusement, je me laisse glisser sur la branche du dessous et repère mon repas. C’est un loup, tout ce qu’il y a de plus banal. Poil gris, fort poitrail, l’œil alerte, les muscles bandés. Il m’a senti, a compris qu’il était passé de chasseur à proie. Il relève la tête du coin d’eau où il s’abreuvait, renifle l’air autour de lui, sur le qui-vive. Sans bruits, j’atterris sur un tapis d’herbe au pied de l’arbre où j’étais précédemment perchée, et m’avance lentement vers l’animal. Son instinct le prévient de ma présence. Il se retourne, grognant, prêt à vendre chèrement sa peau. Je m’arrête, m’accroupis à son niveau avant de planter mes yeux dans les siens. Il me jauge du regard, sait qu’il ne fait pas le poids, qu’il ne gagnera pas face à moi. Il grogne plus fort, le son résonne dans le silence de la forêt. Cela a fait fuir le cerf de Lucinda. Elle le laisse filer. Soudain, sans signes précurseurs, le loup bondit sur moi, crocs et griffes en avant. Je me redresse, prête à le réceptionner. Les griffes de l’une de ses pattes glissent sur la peau dénudée de mon bras droit sans y laisser de marques. Mes mains enserrent son crâne et je tire d’un coup sec sur le côté. Il retombe au sol, mort, la nuque brisée.
Quelques minutes plus tard, repue de son sang bien meilleur que tout ceux que j’ai pu goûter jusqu’ici, je me relève, essuyant le filet de sang qui s’écoule des commissures de mes lèvres, et fais face à Lucinda qui me rejoint.
- Comment l’as-tu trouvé ? Me demande-t-elle.
- Bien meilleur que le précédent, réponds-je. Ca se rapproche un peu de ce que j’ai pu sentir chez mon Calice.
Elle acquiesce d’un signe de tête et, d’un bond, remonte dans les hauteurs de l’arbre, avant de s’éloigner dans les profondeurs de la forêt. C’est à son tour de se sustenter. Je me retourne et jette un œil au cadavre refroidissant du loup puis, reporte mon regard sur mon bras. Là où les griffes de l’animal m’ont touchée, il n’y a rien. Malgré toute sa force bestiale, il n’a même pas réussi à m’égratigner. Voilà donc pourquoi les vampires ont une longévité pareille. Leurs corps ne vieillit pas, pas plus qu’il n’est possible de le blesser et donc, de le tuer. A part par un autre vampire.
Lucinda m’a conté les rares guerres qui ont secoués la race des vampires, les carnages faits sur les humains aussi bien que sur les immortels. Ces guerres ont coûtés la vie à bien trop de vampires, menaçant notre race d’extinction. C’est pourquoi, au lieu de laisser les vampires régner par petits groupes sur différentes terres, ils ont tous étés rassemblés sous une seule bannière, sous une seule autorité. Celle de la Reine. Elle règne à présent depuis prêt de 600 ans, étouffant dans l’œuf les rébellions qui naissent, protégeant l’existence de notre race aux yeux des moldus, et préservant nos secrets face aux sorciers avides.
Délaissant l’animal rigidifié par la mort, je rebrousse chemin vers le château, sans attendre Lucinda. Elle sait que je retourne à ma tour pour passer quelques minutes en compagnie de Camille, et que je la rejoindrai dans ses appartements quand les élèves dormiront à poings fermés. Une fois hors du couvert des arbres, j’adapte mon allure à celle d’un humain, et parcours le parc en courant pour atteindre plus vite les portes de la bâtisse. A l’intérieur, au niveau du troisième étage, je croise Rusard qui fait sa ronde. A ma vue, il ricane.
- Voyons, qu’est-ce donc là ? En dehors de son dortoir alors que le couvre-feu est passé ? Miss, vous êtes dans de sales draps.
Sans un mot, alors qu’il s’approche de moi, je tire de la poche de mon jean un morceau de parchemin plié en quatre, que je lui tends. Surpris, il s’arrête à deux centimètres de moi et, alors qu’il s’empare du papier, je grimace. Son odeur n’est pas des plus agréables. C’est un parfum rance et sec.
- Une autorisation du professeur Dumbledore ? Crache-t-il. En quel honneur ?
- Cela ne vous regarde absolument pas. Bonne nuit, monsieur.
Je le dépasse, m’amusant de son air frustré. Il est de notoriété dans l’école que le concierge n’a d’autre passion dans la vie que de punir les élèves qui désobéissent aux règlements. Alors, que l’un d’entre eux puisse le faire en toute impunité doit le faire sérieusement grincer des dents.
Détectant une odeur sacrément familière, je m’arrête deux mètres après avoir repris ma route. Dans mon dos, Rusard a déserté le couloir. Je jette alors un œil sur la salle de classe, vide au premier abord. De la pièce s’échappe quatre effluves distincts. Deux dont je me fiche éperdument, une qui m’est désagréable et la dernière qui m‘attire. Malgré que je vienne tout juste de chasser et de me nourrir, je sens la faim se réveiller.
Le bruit d’un objet qui chute me tire de mes pensées. Cela vient de la salle où se tiennent les maraudeurs, je le sens. Je m’avance vers la porte, tourne la poignée et regarde ce qu’il se passe à l’intérieur. D’anciennes chaises et tables sont poussées contre le mur du fond. L’une d’entre elle est tombée de son perchoir. Mais il n’y a pas âme qui vive. Du moins, en apparence. Mon nez, lui, me crie que la pièce est loin d’être vide. Je m’approche de la chaise tombée, la ramasse et la cale contre le reste du mobilier, avant de me retourner et d’embrasser le reste de la pièce du regard. Mon ouïe fine détecte le bruit de respirations, dont une reprise brusquement, comme par peur. J’arbore un sourire en coin.
- Allez, j’ignore de quelle manière vous arrivez à vous rendre invisible, mais je sais que vous êtes là. Vous vous cachez de Rusard ? Je vous rassure, il est parti.
Puis, comprenant après un instant de silence qu’ils n’ont pas l’intention de se montrer, je jette un œil sur ma montre. Il est onze heures passé. Camille doit déjà dormir et Lucinda est sûrement sur le chemin du retour. Je n’ai plus de temps à perdre, chaque seconde avec la vampire m‘est précieuse. J’hausse des épaules.
- Faites comme vous voulez. Mais, je vous rassure, je ne dirais rien de votre présence ici. Et si vous vous posez la question, oui, je sais pertinemment qui vous êtes.
Je fais quelques pas vers la porte, puis, m’arrête. Un froissement s’est fait entendre dans mon dos, et le mouvement d’air à accentué la flagrance de la personne. C’est Lupin. Je me retourne, ma main ne lâchant pas la poignée. Il me regarde avec prudence, baguette sortie. Bien sûr, ses sens inhumains ajoutés à la suspicion de me trouver là et de les avoir démasqués le mettent sur ses gardes.
- Comment as-tu su ? Me demande-t-il.
Je secoue la tête.
- Nous en avons déjà parlé. Tu ne poses pas de question et je fais de même.
Puis, sans attendre de réponse, je quitte la pièce. A peine suis-je dehors, que j’entends du mouvement dans la salle et que des voix retentissent :
- Pourquoi t’as fait ça, Remus ? Interroge Potter. Elle bluffait !
- Ce n’était pas du bluff. Elle savait qu’on était là et qui on était. Elle n’a pas été étonnée de me voir. Et elle a su, sans que je fasse un bruit, que j’étais visible.
- Ça ne prouve rien, renchérit la voix de Pettigrow.
- Si, Peter. Car elle a changé depuis quelques jours, elle n’est plus la même. J‘irai presque jusqu‘à dire qu’elle n‘est plus tout à fait humaine. Je l’ai senti, son odeur a changé. Elle est . . . Je ne sais pas comment la décrire. Je dirais comme . . .
Je n’entends pas la suite, mes pas m’ayant menés trop loin. Je plisse mes lèvres. Je crois que finalement, une discussion s’impose entre Lupin et moi. Mais, aurais-je la force et le courage de l’affronter ? J’en doute fort.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeLun 2 Mar - 19:34

Chapitre 7 : Un maraudeur dans la confidence


Je m’étire en gémissant et masse le bas de mon dos douloureux. Je n’aurais pas dû rester assise dans cette position, le dos calé contre le bois du canapé. C’était inconfortable. Je jette un œil sur le feu qui s’éteint dans la cheminée, puis le porte sur Lucinda, habillée d’un jupe grise et d’une chemisette verte ce matin.
- J’ai encore une question, fais-je.
Elle se tourne vers moi et me sourit, m’encourageant à continuer.
- C’est à propos des Calices, poursuivis-je. Tu as dit que je boirais son sang, mais, si je le mords, il se transformera en Faucheur. Alors . . .
Elle lève une main, me coupe la parole.
- C’est vrai, je ne te l’ai pas dit. Le venin contenu dans nos crocs change lorsque nous mordons notre Calice. La morsure ne le transformera pas. Cela aura un effet . . . différent. Pour lui. Et pour toi.
Je la regarde, intriguée. Mais elle ne poursuit pas son explication.
- Comment ça, différent ?
- Tu le découvriras par toi-même, répond-t-elle, énigmatique en se levant du canapé. Il est sept heures, ajoute-t-elle en jetant un œil sur la pendule posée sur la cheminée, j’ai rendez-vous avec le professeur Dumbledore dans un quart d’heure.
Je me lève à mon tour et époussète le fond de mon jean.
- Bien, de toute façon, il faut que je retourne à ma tour, déclaré-je. On se voit plus tard.
Je lui adresse un salut de la main avant de sortir de ses appartements. Le chemin jusqu’à ma tour se fait sans encombres. Quand je pénètre dans la salle commune, je constate que certains Serdaigle sont déjà levés et prêts à prendre leur petit-déjeuner. Je grimpe deux à deux les marches jusqu’à mon dortoir et y pénètre. Nulle trace de Camille, qui doit être sous la douche. Par contre, je me retrouve nez à nez avec Crow, qui me lance un regard méchant. Je fais fi de sa présence et m’approche de ma malle pour y prendre un uniforme, avant de commencer à faire mon sac pour cette nouvelle journée de cours.
- Tu n’as pas dormie ici, m’accuse soudain Crow. Il est interdit de se trouver hors de son dortoir après le couvre-feu. Tu devrais le savoir pourtant, non ?
- Bien sûr, puisque je suis Préfète, réponds-je sans même lui accorder un regard. Mais ne t’inquiètes donc pas autant pour moi, je suis dans mon droit le plus total.
Puis, je me dirige vers la salle de bain et y rentre pour me changer. Camille est encore en sous-vêtements et elle m’adresse un salut quand elle constate mon retour.
- Tu as passé une bonne . . . Nuit ? S’enquit-elle en enfilant sa jupe.
J’acquiesce d’un signe de tête en me débarrassant de mon pull.
- J’ai interrogé Lucinda à propos de la morsure sur les Calices. Elle m’a dit que ça ne les transformait pas, le venin change de propriété pour eux apparemment, lui rapporté-je. Mais elle n’a pas voulu m’en dire plus.
Je finis de me déshabiller, puis m’enferme dans l’une des cabines de douche.
- Ah bon ? S’étonne Camille. Pourquoi à ton avis ?
- Je l’ignore. Peut-être qu’elle veut que je l’expérimente par moi-même.
Je passe ma tête sous le jet d’eau brûlant, mouillant mes cheveux. Je reste quelques secondes dans cette position, me délectant du liquide transparent qui me débarrasse de la poussière ramassée dans la Forêt Interdite.
- Tu n’es pas venue hier soir, me rappelle alors Camille. Je t’ai attendu pourtant.
Je ferme les yeux, me remémorant ma rencontre. Pourquoi a-t-il fallu que, parmi tous les élèves de cette école, je tombe sur ces quatre-là ? Si cela avait été un autre, jamais je ne me serais rapproche, attirée par la flagrance de Black.
- Je suis tombée sur les maraudeurs en rentrant de la chasse, lui dis-je en me savonnant activement.
- Black était parmi eux, devina-t-elle.
- Oui, ça m’a de nouveau attiré. Je n’ai pas pu m’empêcher de . . . De leur parler. Du moins, à Lupin. Les autres m’étaient invisibles.
- Ah bon ? S’étonne-t-elle alors que je rince mes cheveux et mon corps.
- Me demande pas comment s’est possible, je n’en sais absolument rien. Toujours est-il qu’à un moment, il n’y avait que moi de visible dans la pièce et la seconde d’après, Lupin était avec nous. Quand je suis partie, j’ai entendu les voix de Potter et Pettigrow mais je ne les ais pas vu.
- Et Black ?
- C’est son odeur qui m’a attiré mais je ne l‘ai pas vu non plus, lui confié-je en sortant une main de la douche pour lui réclamer une serviette.
Elle me donne un drap de bain blanc dans lequel je m’enveloppe et sors de la cabine de douche. Elle me tourne ensuite le dos, m’accordant mon intimité pour que je me sèche et m’habille en toute tranquillité.
- Et comment tu as fait pour ne pas l’attaquer ? Après ce qu’il s’est passé suite au cours du professeur McGonagall . . .
- Je n’en sais trop rien, sans doute est-ce à cause de la chasse. Je venais tout juste de boire. Ca a sans doute jouer un rôle.
Un silence s’installe entre nous, alors que j’enfile ma chemise que je boutonne soigneusement. J’ai tendance à m’emmêler les pinceaux et je n’ai pas envie de tout déboutonner pour recommencer.
- Il faut que je te dise autre chose, me fait-elle, après avoir prit une grande inspiration audible à mon oreille surdéveloppé.
- Qu’est-ce qu’il y a ? m’enquis-je.
- C’est Bill, il est venu parler à Fred hier soir, pendant que tu étais avec Lucinda. Je crois qu’il se doute de quelque chose pour toi.
- Quoi ? M’exclamé-je en me retournant avec simplement ma chemise sur le dos. Comment ça ?
Camille me fait face et esquisse un vague sourire d’excuse.
- Il était derrière nous au cours de Métamorphose d’hier, peut-être qu’il nous a entendu. Avec ce qu’on nous avons dit, il a certainement deviné ce qu’il t’était arrivé.
Je mordille ma lèvre inférieure, passant mes jambes dans ma jupe. Puis, toujours en silence, j’enfile mon pull et ma robe avant de mettre mes chaussettes blanches et de nouer mes chaussures. Je sens le regard inquiet de mon amie sur moi pendant que je réfléchis. Si Bill a vraiment deviner et qu’il a fait part de sa découverte à Fred, il faut que je leur parle au plus vite, pour qu’ils gardent ça pour eux. Et surtout que je les rassure, que je leur parle des Faucheurs et de la Caste pour qu‘ils comprennent que je ne suis pas un danger.
- Camille, fais-je, il faut les retrouver et leur parler. Ils doivent comprendre qu’ils n’ont rien à craindre de moi.
Elle hoche de la tête et me suit hors de la salle de bain.
- Tu crois que tu pourrais leur parler en premier ? Lui demandé-je en enfilant ma cape et en attrapant mon sac. Si c’est toi qui les approche, il y a plus de chances qu’ils soient attentifs.
- Aucun souci. Mais si ils n’ont rien découverts, qu’ils n’en sont qu’aux suppositions ?
Je prends une profonde inspiration alors que nous traversons la salle commune vide.
- Dis-leur quand même. Ils sont proches de nous et je ne pense pas pouvoir garder indéfiniment le secret. Ils finiront bien par remarquer quelque chose.
Nous traversons les couloirs au pas de course. Je calque ma vitesse sur celle de Camille et à son sourire, je comprends qu’elle a deviné que je faisais exprès de ralentir ma cadence.
- Ce n’est pas frustrant ? Me demande-t-elle.
Elle saute les deux dernières marches et atterrit à pieds joints sur le sol du deuxième étage. Elle se tourne pour me voir glisser, debout sur la rambarde. Elle éclate de rire.
- Heureusement qu’il n’y a personne d’autre que moi pour admirer le spectacle ! S’exclame-t-elle.
Je lui souris, puis nous reprenons notre course.
- C’est un peu frustrant, réponds-je avec un temps de retard, mais je sais que je pourrais me lâcher cette nuit alors ce n’est pas insupportable.
Nous pilons, ralentissant la cadence devant les portes de la Grande Salle, puis pénétrons dans la pièce, légèrement échevelée dans le cas de mon amie. Je rigole en voyant sa tête.
- Tu es bonne pour devoir te recoiffer, lui apprends-je.
Nous nous installons à notre table. Les seuls places restantes sont celles en face de Fred, accompagné ce matin de Bill. Je m’assois, non sans rechercher sur leurs visages une quelconque trace de ce qu’ils pourraient savoir de mon nouvel état. Et le regard apeuré qu’ils me lancent me renseigne assez bien. Peu désireuse de leur imposer ma présence et sachant que je n’ai de toute façon, pas besoin de manger leur petit-déjeuner, je me relève aussitôt. Camille me tend un sourire encourageant et je lui fais un signe de la main.
- Bon courage, lui souhaité-je, avant qu’elle ne se penche vers les deux jeunes hommes.
Je passe entre les tables de Gryffondor et se Serdaigle. Des éclats de rire attirent mon attention et je lance un regard dans la direction de sa provenance. Ce sont les maraudeurs qui s’esclaffent. Pettigrow a malencontreusement renversé du chocolat au lait sur sa robe. Alors que je passe dans le dos de deux d’entre eux, Lupin relève la tête et plante son regard dans le mien. Il se lève.
Je sors de la Grande Salle et me dirige vers mon cours de Potions. Dans mon dos, j’entends l’écho des pas de mon poursuivant, ainsi que son odeur particulière.
- Attends ! Me hèle-t-il. Je veux juste discuter.
Le cœur battant, je m’arrête au milieu d’un couloir et me retourne. Je plante mon regard dans le sien. Je constate alors qu’il n’a pas les yeux marrons clairs, comme je l’ai toujours pensé, mais ocre, tirant sur une couleur semblable à l’or. Il n’est pas totalement humain, c’est certain.
- Qu’est-ce que tu veux savoir, Lupin ? Demandé-je avec toute la gentillesse dont je suis capable, bien plus que je ne le pensais.
- A propos d’hier soir. J’aimerais comprendre comment tu as fait pour savoir que l‘on était là.
Inclinant légèrement la tête, je le jauge du regard. Je ne sais si je peux le lui confier. Comment régirait-il à la nouvelle ? Sentir des gens, au point de pouvoir les reconnaître à leurs parfums, n’est pas un aptitude humaine.
- Nous en avons déjà parler Lupin. Je ne dis rien puisque tu ne le feras pas non plus.
Il jette un regard angoissé dans son dos.
- Je m’inquiète, me confie-t-il. Tu as agressé Sirius hier. Je ne voudrais pas que ça se reproduise.
- C’était l’effet secondaire d’une potion, il a dû te le dire. Ce n’était pas vraiment moi.
Il soupire, se rapproche. Je fronce du nez au courant d’air qui m’envoi plus fortement son odeur.
- Je sais que c’est faux. Le professeur Slughorn ne se trompe jamais dans les potions qu’il confectionne pour Pomfresh, et il n’y a qu’avec elle que tu as pût en boire une. Donc, c’est autre chose.
Je plisse des yeux. Son odeur, permanente à mes narines, me rappelle quelque chose. Elle me ramène à cette nuit, quand j’ai chassé le loup. Son sang est saturé de la même odeur. Je fais aussitôt le lien en comprenant ce qu’il est.
- Tu es un loup-garou, chuchoté-je.
Il l’entend. Ses yeux s’agrandissent, je sens l’adrénaline généré par la peur se répandre dans son sang. Il en laisse tomber son sac.
- Je . . . Co . . . Non !
Son visage se fait dur, persuasif. Imperméable. Il se ferme. Je ne veux pas qu’il fasse cela. Il est une créature magique, non humaine, comme moi. J’ai enfin trouvé quelqu’un, qui est dans le même état que moi. Je doute qu’il est voulu devenir lycan, comme je n’ai jamais demandé ma transformation.
- Tu ne peux plus le nier, j’ai reconnu l’odeur du loup en toi, dis-je, consciente que ce que je fais est peut-être quelque chose de totalement stupide, qui pourrait m’empêcher à tout jamais d’approcher mon Calice. Exactement la même odeur que l’animal que j’ai chassé cette nuit.
Il fronce des sourcils.
- Chassé ? Répète-t-il.
- Oui. Je suis un vampire.


O0o0O


La sonnerie annonçant la fin du cours de Défense Contre les Forces du Mal retentit. Le professeur Gray a tout juste le temps de nous demander de lire le chapitre dix-neuf de notre livre pour le prochain cours que déjà, la salle se vide. Pour ma part, je remplies lentement mon sac de mes affaires, éveillant un sentiment d’impatience exacerbée chez Camille qui m’attend. Elle gigote, change son sac à bandoulière d’épaule et me fusille du regard.
- Tu vas te dépêcher, oui ? Siffle-t-elle. Je te rappelle que Bill et Fred nous attendent.
Je le sais pertinemment, et bien pour ça que je prends autant de temps qu’il m’est vampiriquement possible. Camille a mis nos deux amis ont courant pour moi, et après une discussion au déjeuner durant laquelle j’ai fini de les rassurer pour leurs vies, Fred nous a annoncé que nous allions rejoindre les maraudeurs à la bibliothèque pour seize heure quinze, juste après notre dernier cours. et leur demander si nous pouvions nous joindre à eux.
- Mandy ! S’exclame Camille à bout de patience.
Je grimace et la rejoins avant de quitter la pièce avec l’air d’un condamné à mort.
- Je peux savoir pourquoi tu es si réticente à l’idée de côtoyer Black ? Demande-t-elle.
- Qui nous dit que je lui sauterai pas dessus pour le vider de son sang ? Répliqué-je.
- Tu as chassé avant notre cours de cette après-midi, me rappelle-t-elle, et il y aura six personnes autour de vous. Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?
Je fais la moue. Ce n’est pas Black qui me dérange dans cette histoire. C’est Lupin. Je n’ai pas pu continuer à lui parler après l’annonce sur mon état, d’autres élèves sont arrivés, largement en avance sur l’horaire. Lupin avait l’air effrayé à ce moment-là, et j’ignore quelle sera sa réaction en me voyant débarquer. De plus, je n’ai pas pu lui dire pourquoi je m’en suis prise à son ami l’autre fois.
- Je suis sûre que Black sera parfaitement en sécurité, avoué-je enfin, alors que nous étions à trois pas de la bibliothèque. C’est Lupin qui me chiffonne.
Le regard perdu de Camille m’oblige à m’expliquer sur ce qu’il s’est passé le matin-même. Par contre, je tais ce que j’ai découvert sur lui. Vu la tête qu’il a affiché quand j’ai lâché qu’il était un loup-garou, il n’apprécierait pas que je confie son secret à Camille. J‘élude la manière dont j’ai été amené à parler de mon nouvel état au maraudeur, allant à l’essentiel. Camille tire une tête ahuri quand nous rejoignons Bill et Fred qui nous attendent comme convenu.
- Bah qu’est-ce qu’il t’arrive ? Demande Fred à mon amie, en s’approchant d’elle et en passant un bras autour de ses épaules.
Elle me jette un regard halluciné avant de tourner ce même regard vers Fred.
- Elle a avoué son secret à Lupin ! s’exclame-t-elle, éberluée.
Je lui fais les gros yeux. Deux cinquièmes années de Gryffondor l’ont entendus et nous regardent de travers.
- Tu devrais le crier encore plus fort, je ne suis pas sûre que le Ministre de la Magie ne t’ait pas entendu, grincé-je.
Elle m’adresse une moue désolé.
- Excuse-moi mais, je ne m’y attendais pas. Il l’a su à peu près en même temps que Bill et Fred si j’ai bien compris, et pourtant eux sont tes amis.
J’hausse des épaules. Je le sais parfaitement. Mais je le voulais.
- J’avais mes raisons, lui confié-je. Mais je ne peux pas t’en parler car ça concerne aussi Lupin et une chose qui ne regarde que lui.
Camille comprend et accepte mes raisons.
- Bien, maintenant que tout ça a été mis au clair, allons-y, fait Bill avec entrain. Fred, à toi l’honneur.
Les deux amis nous passent devant, puis nous les suivons à l’intérieur de la bibliothèque. Nous saluons Mme Pince d’un signe de tête et commençons à parcourir les rayons à la recherche d’une table de libre. Aucune en vue jusqu’à ce que nous tombions sur les maraudeurs. Une chance.
Tous les quatre sont installés à une table de huit personnes, rassemblés en son centre. Ils travaillent chacun une matière différente visiblement, puisqu’ils ont chacun un bouquin. Fred s’avance vers eux avec un grand sourire et tapote l’épaule de Peter Pettigrow, qui relève la tête de son parchemin, surpris.
- Frederick ? S’exclame-t-il à voix basse, prenant garde à ne pas attirer l’irascible bibliothécaire. Salut, comment tu vas ?
- Bien, très bien. Je voulais savoir si on pouvait nous joindre à vous pour nos devoirs. Il n’y a plus de place ailleurs.
Les trois autres relèvent la tête à leur tour en entendant leur ami parler, puis les regards des quatre maraudeurs se tournent vers nous quand Fred lui répond. Bill leur adresse un signe de main joyeux et Camille fait un grand sourire. Quand à moi, je reste entièrement de marbre, le regard fixé sur Lupin. Il parait légèrement apeuré. Il serait peut-être temps que lui précise que je suis un vampire de la Caste et non pas un Faucheur. Il dois sûrement se faire des idées. D’ailleurs, je le vois ouvrir la bouche, prêt à objecter. Je décide d’intervenir, bien que l’envie de me taire et de me terrer dans un trou très loin d’ici soit une solution aussi envisageable, bien plus alléchante.
- Lupin, nous n’avons pas finis de parler tout à l’heure. Serait-il possible de le faire maintenant ? Demandé-je.
Nous devenons immédiatement tout deux le centre de l’attention. Ses amis n’en reviennent visiblement pas, rien qu’à voir le regard abasourdi de Potter, vite remplacé par un sourire amusé. Pourtant, ce n’est pas lui qui prononce la phrase qui suit :
- Hey Remus, tu nous avais caché que t’avais une copine ! S’exclame joyeusement Peter en frappant un grand coup dans le dos de son voisin, preuve d’amitié viril.
- Ce n’est pas tout à fait ce que tu crois, Peter, répondit son ami.
Je vois à son regard qu’il hésite. Pourtant, qu’a-t-il à craindre ? Croit-il vraiment qu’un vampire, même un Faucheur, serait attiré par l’odeur de son sang de loup-garou ? Aucune chance. Je me souviens parfaitement ma réaction quand je l’ai senti pour la première fois : le dégoût.
- S’il te plait, insisté-je. Je te promets que ça ne prendra pas plus de cinq minutes.
Et je te jure que tu reviendras dans l’état exact dans lequel tu es parti, ajouté-je très fort intérieurement, essayant de faire passer l’information par mes yeux afin qu’il comprenne.
Finalement, il soupire, baisse la tête et se lève.
- D’accord, capitule-t-il. Je reviens, les gars.
Il se dirige vers le rayon Botanique et je lui emboîte le pas, Camille m’adressant un vague sourire encourageant. Il bifurque au bout de l’allée et se planque dans un recoin sombre et poussiéreux, signe que personne ne vient jamais ici. Je jette un œil aux couvertures des minces bouquins. Tous traitent de près ou de loin des guerres gobelines. Je comprends mieux l’état abandonné du coin.
- Alors, de quoi tu veux me parler ? Demande Lupin en croisant les bras, les sourcils froncés.
Mon odorat m’apprend qu’il a peur, et aussi qu’il est excité. Connaitre ma véritable nature semble le fasciner. Tout comme savoir qu’il est un lycanthrope me fascine tout autant. Je n’en avais encore jamais rencontré.
- Pour ce que je t’ai dit tout à l’heure, je veux que tu saches que tu n’as rien à craindre.
Il affiche un air dubitatif qui me coupe dans l’élan du discours que je me préparais à lui sortir.
- Je sais que Dumbledore a tendance à accorder sa confiance aux gens, fait-il, mais je trouve qu’avec toi il va un peu trop loin. Déjà que pour moi, je trouvais que c’était limite. Tu pourrais attaquer n’importe qui dans cette école à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit ! D’ailleurs, maintenant que j’y pense, c’est-ce qu’il y a dû se passer avec Sirius, ajoute-t-il aigrement. Et cette Lucinda de Tore, elle est là pour toi, c’est ça ?
Tout au long de sa diatribe, je ferme les yeux, me pince l’arrête du nez et pense très fortement à ne pas lui arracher la tête. Pourtant, il a la réputation d’être intelligent Lupin. Mais sur ce coup-là, il ne le démontre pas trop.
- Lupin, sans vouloir être vexante, il me semble que tu étais là quand le professeur Gray nous a fait le cours sur les Vampires de la Caste, justement parce que Lucinda nous rendait visite, après ma retenue qui a, tu le sais parfaitement, mal tourné. Ca y est, tu fais le rapport ?
Il cligne des yeux une fois. Deux fois. Trois fois. Et les écarquille. Ca y est, il a fait le lien.
- Ah, fut tout ce qu’il trouve à dire.
- Oui.
Il hoche de la tête. Ses yeux naviguent de gauche à droite, signe qu’il réfléchit. Je le laisse à sa réfection, jette un œil à ma montre et constate qu’il nous reste trois minutes avant que le temps ne soit écoulé. J’espère qu’il va se dépêcher de sortir quelque chose, que je puisse rejoindre mes amis et me mettre à mes devoirs.
- Tu es donc de la Caste, fait-il, me surprenant alors que je jetai un œil aux livres nous entourant. Tu te sustentes donc du sang animal et non pas humain. Alors pourquoi avoir attaqué Sirius ?
Je grimace. Zut, il a fallu qu’il ramène ça sur le tapis.
- C’est compliqué, disons. Si tu le veux bien, je préfère d’abord en parler avec ton ami. Il est le principal intéressé.
Il hoche de la tête, décroise les bras et fait :
- Rejoignons les autres alors. Ils doivent se demander ce que nous faisons.
Il me passe devant rapidement. Je lui attrape le bras, il se retourne.
- N’en parle pas à tes amis, d’accord ? Je veux mettre Black au courant de ma nature moi-même. C’est pour cela que nous sommes là aujourd’hui. Fred essaye de m’aider à me rapprocher de lui pour pouvoir lui parler en toute confiance.
Il fronce des sourcils, comprend de moins en moins. Mais à mon visage fermé, il devine que je ne dirais rien de plus, et acquiesce. Je relâche son bras et le suis jusqu’à la table où sont nos amis. Ils sont tous déjà en train de plancher, plongés jusqu’aux yeux dans leur livre. D’un simple coup d’œil, je constate que les deux places restant de libre sont, au choix : en face de Black, ou en bout de table et à côté de Black. Ce n’est pas du tout fait exprès.
Tout en tentant d’éradiquer le sourire amusé qui menace de perler au coin de mes lèvres, je laisse Lupin choisir sa place et m’installe à mon tour. Quelle générosité, je suis juste à côté de Black. L’a-t-il fait exprès, tentative discrète pour m’aider ? Je le regarde, il sourit mystérieusement. Je suppose que oui, il tente de m’aider dans ma tâche. Généreuse, je lui rends son sourire. De l’autre côté de la table, j’entends un hoquet choqué. Tout le monde se tourne vers Camille qui me regarde avec des yeux exorbités. Je fais signe de l’égorger, promesse de douleur si elle fait une seule réflexion, avant que tous tournent leur regard vers moi, curieux de savoir ce qui met mon amie dans cet état. Ignorant leurs yeux scrutateurs, je plonge dans mon sac posé à terre et en ressors un parchemin vierge, ainsi qu’une plume et un encrier.
La suite se déroule dans un silence quasi complet. Je passe mon temps entièrement plongée dans mon devoir de Potion. Le sujet n’est pas l’un des plus simples que le professeur Slughorn nous ait donné. Bien entendu, comme c’est ma dernière année à Poudlard, je m’en doutais, mais je n’avais pas pensé que les devoirs auraient parfois été aussi ardues.
Bloquée sur un sujet, je soupire, frotte mes yeux et me penche en arrière en m’étirant. Je jette ensuite un œil autour de moi, et constate que Potter et Black, assis côte à côte, ont abandonnés leurs leçons pour une partie de morpions. Je suis surprise de voir que deux sorciers aux sang-pur connaissent ce jeu typiquement moldu. Soudain, Potter lève les bras en signe de victoire, et gesticule un genre de danse assise. Malgré ses mouvements, personne d’autre que moi n’a les yeux sur lui. Black, sans doute vexé pas sa défaite, décoiffe violemment son ami. Le tout dans un silence quasi complet.
M’arrachant à la vision de ses deux grands enfants, je tourne mon regard vers une section d’étagère. J’ai senti des yeux me percer la nuque. Grâce à ma vue surdéveloppée, m’apparait le profil de Lucinda qui semble me surveiller. J’incline la tête, intriguée. Elle me fait un sourire, avant de se couler plus loin dans l’ombre. J’arrive à suivre son départ, malgré la noirceur qui règne entre les étagères. Je m’émerveille encore des prouesses que peut à présent faire mon nouveau corps.
Je suis intriguée par le comporte de Lucinda. Pourquoi est-elle là ? Me surveille-t-elle ? Je me redresse, force mon regard à voir plus loin dans les ténèbres de la bibliothèque. Elle n’est plus entre les étagères. Je jette un œil autour de moi, scrute les moindres recoins. Force m’est d’admettre qu’elle a quitté la pièce avec beaucoup de discrétion.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeDim 8 Mar - 14:20

Chapitre 8: Une aide inespérée



Le spectacle est alléchant. Ou aurait pu l’être si je n’avais pas moi-même finit mon repas quelques minutes plus tôt. Lucinda termine de se régaler de son cerf, avant de se redresser et de lever la tête dans ma direction. Je me suis assise sur une haute branche épaisse d’un sapin à la fin de mon repas pour l’attendre. Les jambes balançant dans le vide, je lui demande :
- Tu étais à la bibliothèque tout à l’heure. Pourquoi n’es-tu pas venue nous voir ? J’ai eu l’impression que tu me surveillais.
Lucinda lisse sa longue robe noire, celle qu’elle portait à son arrivée à Poudlard, avant de me répondre.
- J’étais à la bibliothèque pour passer le temps quand j’ai senti ton odeur et celle de ton Calice. Vous étiez proches, j’ai préféré vérifier que tout allait bien. Je suis contente de voir que tu supportes sa présence.
Je saute au bas de l’arbre, me poste devant elle. Son inquiétude envers ma personne me touche beaucoup. Je n’ai pas l’habitude que l’on se soucie ainsi de moi. J’attrape l’une de ses mains et la serre avec douceur.
- Merci de te préoccuper de moi, fais-je. Mais tu n’as aucune inquiétude à avoir, je fais toujours en sorte d’être repue avant de le côtoyer. Il ne lui arrivera rien, du moins, pas sans son consentement.
Elle hoche de la tête en souriant. Me rend mon étreinte autour de ma main. Puis, nous prenons le chemin du retour, tranquillement. Nous marchons dans la forêt, attentives au moindre son suspect. Nous faisons attention à ne pas croiser de professeurs et d’élèves en retenue, ou de créatures magiques. Je décide alors de lui poser une question qui me taraude l’esprit depuis le premier jour de ma transformation.
- Lucinda, j’aimerais que tu m’expliques quelque chose. Le vampire qui m’a attaqué n’était pas un Faucheur puisqu’il m’a transformé. Seulement, les membres de la Caste ne s’abreuvent pas de sang humain, sauf lorsque c’est celui de leur Calice. Alors pourquoi donc ce vampire m’a-t-il attaqué ?
M’apparait alors une raison à laquelle je n’avais pas pensé.
- A moins que . . . Que je n’ai été son Calice ?
Lucinda secoue la tête.
- Non, si tu avais été son Calice, il aurait été le tien, et par conséquent, il ne se serait rien passé avec ton camarade. Malheureusement, je ne peux rien dire quant à ce qu’il t’est arrivé. Peut-être un jour ton créateur reviendra vers toi et te l’expliquera, mais n’y compte pas trop. D’après ce que je sais de ta transformation, le vampire a agit sur un coup de tête.
- Ça arrive souvent ? L’interrogé-je.
- Non, c’est même extrêmement rare. Je n’ai d’ailleurs pas souvenir de la dernière fois où c’est arrivé - avant toi s’entend.
Sa réponse me plonge dans une réflexion intense. Pourquoi ce vampire m’a-t-il attaqué ? A la manière dont ça s’est passé, je comprends que c’est par soif qu’il l’a fait. Puis ensuite, il m’a transformé. Pourquoi ? A-t-il eut des remords ? Ou alors, avait-il en tête depuis le début de faire de moi l’une des siens ? Je ne comprends pas le geste de cet homme. Peut-être ne le comprendrai-je jamais d’ailleurs.
Nous parcourons le parc vide et pénétrons dans le château. J’étouffe alors, avec beaucoup d’étonnement, un bâillement. Mes yeux papillonnent. Je constate avec surprise qu’après pratiquement une semaine sans dormir, la fatigue me rattrape.
- Il était temps, fait Lucinda à ma droite. Je me demandais combien de temps allais-tu encore tenir sans aller te reposer.
- Nous avons besoin de dormir ?
- Bien sûr. Moins qu’un être humain, mais nous avons aussi besoin de nous reposer. Ta récente transformation t’a tenu éveillé jusqu’à maintenant mais, dorénavant, tu devras dormir au minimum une heure par jour.
- Et toi ? Je ne t’ai pas vu dormir depuis que tu es ici.
Elle sourit.
- J’ai dormi pendant que tu étais en cours. La journée me paraissait moins longue.
Je la regarde fixement alors que nous marchons dans le couloir. Je prends conscience que malgré qu’elle soit là depuis dimanche et que nous avons passé toutes les nuits depuis lors à discuter, il y a encore beaucoup de choses que j’ignore de ma condition de vampire.
- Je dois m’attendre à d’autres surprises de ce genre ? Demandé-je. Pourquoi ne m’as-tu pas prévenu que j’allais avoir besoin de dormir ?
Elle sourit, amusée.
- Tu m’aurais cru ?
Je baisse mon regard, réfléchis. Puis secoue la tête. Effectivement, je ne l’aurais pas cru. Cela m’aurait semblé impossible vu la forme que je tenais. Ce qui n’est plus le cas.
- Je te raccompagne jusqu’à ton dortoir, me dit Lucinda.
J’acquiesce d’un signe de tête. Alors que nous marchons en silence, je repense à ce qu’il s’est passé dans la bibliothèque un peu plus tôt. Je ne peux pas vraiment dire qu’il se soit passé quoi que ce soit de conséquent. Certes, Lupin connait ma condition, et je connais la sienne. D’ailleurs, cela me fait frémir. A quoi ressemble donc ce jeune homme doux les soirs de pleine lune ? Le rencontrerai-je, lors de la prochaine ? Je jette un œil dehors alors que nous passons devant une fenêtre. D’après ce que j’en sais, la prochaine pleine lune sera dans environ une semaine. Je veillerai à ne pas le croiser, je ne veux pas prendre de risque inutile.
Nous arrivons devant le portrait qui protège l’entrée de la tour de Serdaigle. Je m’apprête à donner le mot de passe et à souhaiter une bonne nuit à Lucinda lorsqu’elle pose une main sur mon bras pour me retenir. Je lui fais face, curieuse.
- Je repars demain, fait-elle, au crépuscule.
Je cligne des yeux, surprise. Pourquoi ne me le dit-elle que maintenant ?
- J’ai pris ma décision cette après-midi, après avoir reçu un message de l’un des miens, continue-t-elle.
J’acquiesce de nouveau. Je devine que c’est un genre d’obligation.
- Je viendrais te dire au revoir demain alors.
- Nous nous retrouverons devant les grilles, le professeur Dumbledore m’accompagnera jusque là.
Elle m’adresse un dernier sourire puis reprend sa route. Je donne le mot de passe au portrait et pénètre dans la salle commune vide où le feu de la cheminée s’éteint. Je regrette que Lucinda doive rentrer si vite. Elle me manquera.

O0o0O

Du haut de son balai, Camille m’adresse un signe de la main. Et rate le souaffle qui passe à deux centimètres de son bras gauche. Son capitaine lui hurle des insanités et Camille se concentre de nouveau sur son entrainement, la tête rentrée dans ses épaules. Du coin de l’œil, j’aperçois ensuite Fred qui rigole, se moquant de sa bien-aimée, tout seul devant ses buts. Il rigole beaucoup moins quand il laisse passer le souaffle que Camille lui envoie tel un boulet de canon, et que le capitaine s’en prend ensuite à lui. C’est donc au tour de Camille de s’esclaffer, ainsi qu’aux autres membres de l’équipe.
Délaissant le ciel, je repose les yeux sur le livre de Divination qui j’ai emmené avec moi pour réviser mon cours de l’après-midi. Il m’est difficile de lire dans le jour déclinant, aussi profité-je de ma vision vampirique pour pouvoir continuer à étudier sans avoir à quitter les gradins du stade. Au dessus de ma tête, le capitaine de l’équipe de Serdaigle continue à crier après ses joueurs. Visiblement, l’entraînement ne se déroule pas aussi bien qu’il le voudrait.
Au bout de quelques minutes, ses vociférations m’exaspèrent. J’aime le silence lorsque j’étudie, ce qui n’est pas le cas sur le terrain de Quidditch. Avec un regard assassin pour cette grande bouche de Smith, je referme mon livre et abandonne l’idée de pouvoir réviser. A la place, je glisse une main dans la poche de ma cape et en ressort une lettre bleue et chiffonnée que je n’ai pas encore ouverte. Elle est arrivée le midi même au courrier. Je n’ai pas pour habitude de recevoir quoi que ce soit, aussi aurais-je due être intriguée. Malheureusement, l’écriture sur l‘enveloppe m’informe sur l’émetteur, et je devine aisément quel en est l’objet. Je soupire, mais me décide enfin à l’ouvrir.

Miss Dawn,
Vous êtes chaleureusement conviée à la soirée que j’organise samedi soir, à vingt heures, et qui aura lieu dans la salle annexe de mon bureau. Je vous invite à venir accompagnée d’un cavalier pour ce dîner dansant.
Aimablement,
Professeur Horace Slughorn.


L’envie irrépressible d’aller fracasser la tête de mon professeur de Potion sur un des murs du château est terriblement tentante. Mais je me souviens avoir promis d’y réfléchir. De plus, le meurtre est considéré comme un crime. Dans certains cas, il devrait être permis d’avoir des circonstances atténuantes. Je soupire et replie la lettre. Je décide de ne pas faire mention de ce courrier devant Camille qui me forcerait à y mettre les pieds, et espère vivement qu’elle a oublié que je l’ai reçu au déjeuner.
L’équipe de Quidditch décide à ce moment-là de mettre fin à leur entraînement. Leur capitaine, Smith, l’air bougon, part directement au vestiaire, sans un mot. Cette séance ne lui a vraiment pas plu. Derrière lui, Camille m’adresse un signe de main.
- Attends-moi, crie-t-elle, j’en ai pour deux minutes.
Je lui fais signe que j’ai compris et glisse mon livre dans mon sac avant de me lever. L’équipe de Gryffondor choisit ce moment pour débarquer sur le terrain, afin de prendre la suite des Serdaigle. Potter, leur capitaine, en tête de troupe, me jette un regard étonné quand il s’aperçoit de ma présence. D’emblée, il se dirige vers moi et passe une main gêné dans ses cheveux en pagaille.
- Salut, Dawn. Excuse-moi, mais, je vais devoir te demander de quitter le terrain. Tu comprendras que …
Je lève la main pour le couper dans sa phrase, puis le rassure.
- Je sais, le prochain match opposera nos maisons. Ne t’inquiètes pas, j’attends juste une amie, elle se change dans les vestiaires. Je n’ai aucunement l’intention de vous espionner.
Il sourit.
- Je m’en doute, mais je préférais tout de même te prévenir. Bon, bah à plus !
Il s’éloigne pour prendre la direction du terrain où son équipe l’attend. Je constate alors que les Gryffondor se sont changés dans leur tour, et n’ont pas à utilisé les vestiaires.
- Bonsoir Dawn.
Interpellée, je me tourne vers Lupin qui me rejoint au pied des gradins, suivit par Pettigrow qui m’adresse un signe de la main. Je leur fait un signe de tête pour répondre à leur salut, puis tourne la tête vers les vestiaires. Mais Camille n’est pas encore sortie. Je jette ensuite un œil sur le ciel. Le soleil décline rapidement, et j’aimerais pouvoir prévenir mon amie que je dois aller dire au revoir à Lucinda. Je ne voudrais pas la mettre devant le fait accompli en la laissant en plan maintenant.
Je regarde ensuite Potter qui s’adresse à ses joueurs à renforts de grands mouvements de bras. Des explications plutôt démonstratives. L’équipe rigole d’un seul homme, et derrière moi, j’entends le petit rire de Pettigrow. Je me retourne, lui jette un regard étonné. Même Lupin sourit en regardant le capitaine Potter qui continue à gesticuler.
- James a toujours démarré ses séances d’entrainement comme ça depuis qu‘il est capitaine, m’explique Lupin. C’est le seul moyen qu’il a trouvé pour intéresser son équipe. Sirius précise que sans ça, ses discours sont soporifiques.
Je reporte mon attention sur l’équipe. Potter a finit de faire le singe et enfourche son balai avant de décoller, suivit par ses joueurs. Camille sort alors des vestiaires. Je la rejoins. Elle jette un œil sur le ciel, constate la présence des Gryffondor et me sourit.
- Ah, Black est dans le coin. T’arrive à te contenir ?
Je secoue la tête, exaspérée.
- Il y a plein de monde, je ne sens pas son odeur. Et je suis contente de voir que je m’habitue de plus en plus aux diverses flagrances. Je n’y fais presque plus attention maintenant.
- C’est bien ça, dit-elle en m’attrapant par le bras pour nous diriger hors du stade.
Alors que nous passons devant Lupin et Pettigrow, je leur fais un signe de la main pour leur dire au revoir. Ils font de même, et nous passons la porte du terrain.
- Camille, je vais aller dire au revoir à Lucinda, c’est l’heure. Tu veux venir avec moi ou je te retrouve dans la salle commune ?
Elle prend le temps de la réflexion alors que je nous guide vers l’entrée du domaine. Nous avons le temps de faire quelque pas avant qu’elle ne me fasse part de sa décision.
- Je rentre, fait-elle, comme ça je vais pouvoir commencer mon devoir de Métamorphose. On se retrouve dans la salle commune.
J’acquiesce d’un signe de tête, puis elle s’éloigne. Je continue ma route, seule, jusqu’au portail de Poudlard. Le soleil termine de se coucher quand j’arrive à hauteur des sangliers ailés. Lucinda et le professeur Dumbledore sont déjà là, échangeant quelques mots. La vampire porte la tenue qu’elle avait à son arrivée. Elle fait très chic, a côté du vieil homme barbu à la robe de sorcière vert pâle parsemée de dessins de gobelins. Une tenue de très mauvais goût je trouve. Lucinda se tourne vers moi quand elle m‘entend - ou sent - mon arrivée. Je m’approche un peu plus, elle sourit.
- Tu vis loin d’ici ? M’enquis-je en guise de préambule.
- Un peu, mais ce n’est pas un problème. Je sais transplaner.
J’acquiesce d’un signe de tête. J’aurais dû me souvenir que Lucinda était sorcière avant d’être vampire, tout comme moi.
- Bien, alors fais bon voyage. Et merci pour tout.
Elle se penche vers moi, m’embrasse sur la joue et glisse furtivement quelque chose dans l’une de mes mains. Je reconnais la texture d’un morceau de parchemin. Puis, elle murmure très bas, à la seule attention de mes oreilles de vampires.
- Viens me rendre visite dès que tu le pourras. Attention, seul les vampires et les Calices sont autorisés à pénétrer dans ce lieu.
Elle s’écarte. Je ne laisse transparaitre aucune émotion qui pourrait mettre la puce à l’oreille du professeur Dumbledore qu’il s’est passé quelque chose. Je souris à Lucinda, seule manière de lui faire comprendre que j’ai compris, sans que le directeur ne se doute de quoi que ce soit. Elle se tourne ensuite vers le professeur, lui adresse un signe de tête et le remercie de son hospitalité, avant de quitter le domaine. Elle fait quelques pas, tourne, et disparais. Je glisse discrètement le parchemin dans la poche de ma cape et prend congé à mon tour du directeur.

O0o0O

Après tout ce qui m’est arrivé ces derniers jours, je m’étonne du calme qui règne dans ma vie depuis le départ de Lucinda. Je passe mes journées à étudier et mes nuits à chasser. Je me surprends à regretter le départ de mon mentor vampirique. Cela ne fait que deux jours, et pourtant elle me manque terriblement. Camille l’a d’ailleurs remarqué. Nous en avons discutés et, d’après elle, ce qui me manque, c’est surtout l’image rassurante de la protection que m’offrait Lucinda. Elle était là à chaque mauvais pas ; sans elle, j’imagine que Black serait mort ou que j’aurais révélé ma vraie nature à toute l’école depuis longtemps. Je dois d’ailleurs remercier Lupin pour son silence. Visiblement rien n’a été dit de son côté puisque les maraudeurs agissent comme d’habitude.
- Tu comptes vraiment avaler ça ?
Je suis tirée de mes pensées par la voix de Fred et le regard interloqué qu’il pose sur la fourchette que son intervention a stoppé à deux millimètres de ma bouche. Je jette un œil sur l’aliment que je m’apprêtais à manger et fais retomber bruyamment mon couvert dans mon assiette remplie d’œufs brouillés. Rien que leur vue me donne une soudaine envie de vomir. A mes côtés, Fred, Camille et Bill me scrutent étrangement.
- Tu te sens bien ? Me demande mon amie avec douceur. Tu te comportes bizarrement depuis hier.
Difficile de répondre à cette question sans soulever d’interrogations. Sans parler du retour à la normale de ma vie - enfin presque - j’essaye de trouver un moyen d’échapper au professeur Slughorn. Il semble bien décider à m’avoir lors de son dîner dansant auquel je n’ai absolument pas envie d’assister. Je n’ai pas encore parlé de cette soirée à Camille. Je sais que si cette information parvenait à ses oreilles, elle me forcerait à y aller. Je lui ais donc soigneusement caché l’existence de cette invitation, ainsi que le manège de notre professeur de potions qui tente de me parler par tous les moyens.
- Oui, très bien. Je suis mal réveillée c’est tout. Je me suis couchée tard.
Ce qui est totalement vrai. Ma partie de chasse de la veille a duré plus longtemps que prévu puisque j’ai dû faire face à des petits aventuriers de troisième année qui pensaient certainement qu’une balade au clair de lune au sein de la forêt interdite était terriblement excitant. J’ai été obligé d’attendre qu’ils rejoignent le château avant de pouvoir manger.
- Pourquoi t’es tu couchée tard ? Me questionne Bill en tartinant de beurre son toast.
- Des Gryffondor ont cru intelligent de visiter la forêt interdite. Je n’ai pas pu rentrer avant qu’ils ne soient rentrés.
- Tu avais peur de te faire voir ? Tu es rapide pourtant.
Je lance un regard pénétrant à Fred.
- Tu as raison. Je n’y avais pas pensé.
Mes amis roulent des yeux.
- Hey, je dois encore m’y habituer, me défends-je. Comme je fais tout comme vous la plupart du temps, je n’ai pas le réflexe de me déplacer comme les miens.
Je fais soigneusement attention à ne pas prononcer le mot vampire, des fois que des oreilles indiscrètes s’égareraient du côté de notre discussion. La table étant bondée à cette heure matinale du dernier jour de cours de la semaine, il me faut être prudente.
- Tu devrais alors peut-être sortir seule un peu plus souvent, propose Camille. Ou t’aventurer dans des coins du château ou personne ne va jamais. Ainsi, tu pourras circuler à la vitesse que tu veux.
Je secoue la tête.
- A quoi bon ? Je dois jouer le jeu jusqu’à la fin de l’année seulement. Ensuite, je pourrai rejoindre Lucinda si je le veux. Elle pourra peut-être me faire intégrer sa communauté.
Camille grimace. Sans doute pense-t-elle qu’une fois bien impliquée dans la vie des vampires, j’oublierais mes amis humains. Je lui fais un sourire rassurant.
- Camille, partir ne veut pas dire ne jamais revenir. Bien sûr que je viendrais te rendre visite.
Elle plisse des yeux, puis, me tire la langue. Elle n’a pas aimé que je devine ses pensées. Je lui adresse un sourire en coin amusé. Sourire qui disparait bien vite quand l’odeur du professeur Slughorn se rapproche dangereusement de notre groupe. Je laisse tomber le muffin que j’avais commencé à consciencieusement mettre en charpie pour m’occuper les mains, et me lève, calculant le temps qu’il me faudrait à vitesse humaine pour échapper au professeur. Malheureusement, je ne l’ai senti que trop tard et il est déjà sur moi alors que j’ai à peine fini d’enjamber le banc. Je le regarde, m’attendant à une question crue et indésirable, qui n’échappera pas à Camille et scellera mon sort.
Pourtant, c’est avec surprise que je constate que le professeur ne s’intéresse pas à moi le moins du monde, toute son attention tournée vers mon amie. C’est d’ailleurs à elle qui s’adresse quand il s’arrête à notre hauteur. Je ne sais si je dois être soulagée ou suspicieuse.
- Miss Blaid, bonjour. Excusez-moi de vous déranger lors de votre petit-déjeuner, mais je voudrais échanger quelques mots avec vous. Me ferez-vous ce plaisir ?
Bien qu’étonnée par la demande, comme l’atteste ses sourcils blonds qui disparaissent sous sa frange, mon amie se lève et suis l’homme hors de la Grande Salle. J’échange un regard avec Bill et Fred et tous deux haussent les épaules, tout aussi ignorants que moi. J’imagine que le professeur Slughorn souhaite simplement parler d’un devoir.
Je jette un œil sur ma montre. Elle affiche sept heures et vingt-deux minutes. Comme je suis déjà debout et que de toute façon je n’avais rien de plus à faire à la table des Serdaigle, je décidai de prendre la direction de mon cours de Défense Contre les Forces du Mal.
- Je pars devant, fais-je aux deux garçons qui ont entamés une nouvelle discussion. On se retrouve plus tard.
Ils m’adressent un signe d’au revoir et je quitte la table. Je passe ensuite près de celle des Gryffondor en voulant éviter un groupe de filles discutant au milieu du passage, et intercepte du coin de l’œil un mouvement. Lupin me fait un signe de la main, comme s’il m’invitait à m’approcher. Peu sûre d’avoir bien compris la signification de son geste, je jette alors un regard à ses amis, qui fixent le lycanthrope avec beaucoup d’étonnement. Cela veut sans doute dire que je n’ai pas mal compris et que Lupin n’a pas pour habitude d’inviter qui que ce soit à sa table.
En guise de réponse, je secoue la tête. Pas folle la guêpe, interdiction formelle de s’approcher de Black. Surtout d’aussi près. Et ne titillons pas le dragon qui dort, Crow pourrait bien ne pas apprécier et recommencer ses bêtises. Il n’est pas dit que cette fois-ci, ma colère ne soit pas amplifiée par mon côté vampire et que je ne fasse pas une énorme erreur, du style, lui arracher le cœur à main nues.
Je passe donc mon chemin, ignorant le pincement de lèvre agacé de Lupin et le soupir qui l’accompagne. Je contourne les quelques filles qui blablatent près des portes et passe dans le couloir. Un bruit de course à l’intérieur de la Grande Salle et l’odeur piquante de Lupin qui se rapproche me forcent alors à m’arrêter au milieu des escaliers. J’attends qu’il passe dans le couloir, avant de me tourner et le regarder. Il est surpris de me voir là mais s’approche tout de même.
- Tu m’as entendu arriver ? Demande-t-il.
J’acquiesce.
- Tu veux me parler ? Questionné-je à mon tour.
- Oui. Pourquoi n’es-tu pas venu quand je t’ai fait signe ? Dit-il alors curieux de savoir.
- Diverses raisons, réponds-je en secouant la tête. Pourquoi voulais-tu me parler ?
Il passe une main dans ses cheveux bien coiffés, les emmêlant au passage, puis fait :
- J’ai réfléchis à ce que tu m’as dit à la bibliothèque. Je veux bien te croire quand tu me dis que tu ne veux faire aucun mal à Sirius, mais je te préviens, il ne se laisse pas facilement approcher.
Je fronce des sourcils, inclinant la tête sur le côté, avide de comprendre ce qu’il veut dire.
- Tu as peut-être entendu parler de ça, mais Sirius a le droit à un fan-club. Ca ne lui fait pas spécialement plaisir, alors il évite de s’approcher des filles qu’il ne connait pas, de peur de tomber sur un membre déjanté du club.
Je grimace. Si, je connais parfaitement l’existence de ce fan-club, malheureusement, et il ne m’a pas apporté que des bonnes choses. A Black non plus, visiblement.
- Et, qu’est-ce que ça avoir avec moi ? Demandé-je.
- Il va te prendre pour une groupie si tu cherches à te rapprocher de lui subitement, dit-il en souriant. Surtout s’il se rappelle de ce qu’a dit Crow.
A peine en parle-t-il, que le souvenir de cette journée et de ses conséquences frappe mon esprit. Je gronde, retroussant légèrement les lèvres et découvrant mes dents. Lupin fait un pas en arrière, comme effrayé, mais son regard exprime un défi. Son côté lycan ne semble pas apprécier mon côté vampire. Je me calme alors.
- Excuse-moi, dis-je, je ne contrôle pas encore tout.
Il hoche de la tête, prudent. Je prends une profonde inspiration, son odeur envahit mon nez et je grimace. Cependant je ne fais aucune remarque sur son odeur.
- Pour Sirius, reprend-t-il alors, je te propose mon aide. Si tu l’approches par mon intermédiaire, cela devrait bien se passer, mieux qu’avec ton ami et Peter. Peter est un peu naïf, alors Sirius ne lui ferait pas confiance là-dessus. Avec moi, il n’y aura aucuns problèmes.
Curieuse et surprise, je papillonne des yeux.
- Que veux-tu faire exactement ?
Il sourit avec gêne, se gratte le dessus de la tête.
- Tu as le droit de refuser si mon idée te plait pas, commence-t-il avec prudence, mais comme Peter, James et Sirius croient déjà que toi et moi on a des affinités, il serait peut-être bon de jouer là-dessus. On leur fait croire qu’on apprend à se connaître, et ils ne trouveront pas étrange que tu passes du temps avec nous. Si ça peut t’aider . . . Et que tu n’attaques plus Sirius . . .
Je ne sais pas trop quoi penser de sa proposition. Je comprends à sa dernière phrase, que c’est plus par sécurité que pour me venir en aide qu’il fait ça, mais j’apprécie quand même. Le seul problème est de jouer la comédie. Je dois déjà faire croire à tout le monde que je suis toujours humaine, et maintenant, je dois ajouter le rôle de l’hypothétique petite amie de Lupin. J’ignore comment le prendre et quoi répondre. Pourtant, après ce qu’il vient de me dire sur la suspicion de Black envers les filles, je ne pense avoir guère le choix en matière de stratégie d’approche.
Je soupire. Fred et Camille qui me reprochent ma réserve risquent d’avoir une sacrée surprise quand je leur parlerais de ça. Côtoyer les maraudeurs n’est pas le meilleur moyen de passer inaperçue à Poudlard. Être un vampire non plus, d’ailleurs.
Je secoue la tête, prends ma décision.
- D’accord, finis-je par lui accorder. Je vois ce que tu veux dire et je trouve très cool de ta part de bien vouloir m’aider. Merci. Et . . .
Je prends une grande inspiration, consciente de ce que je vais dire et du changement que cela va produire dans ma vie pendant quelque temps.
- Je veux bien jouer le rôle de ta petite amie.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeLun 9 Mar - 16:30

Chapitre 9 : Une lumineuse idée



- Mandy ! Hurle soudainement une voix furieuse et féminine au beau milieu du couloir.
Lupin, à qui je viens de donner mon accord pour être sa - fausse - petite amie, se retourne et jette un œil sur l’espèce de furie blonde qui me fonce dessus comme un boulet de canon. Bien que mon état de vampire m’assure une immunité complète contre toute attaque humaine, je fais un pas en arrière en voyant le regard agacé de Camille. J’ignore ce qui l’a mis dans cet état, et surtout pourquoi contre moi, mais puisque je ne pourrais certainement rien pour m’en sortir indemne, je décide d’éviter au moins les dommages collatéraux.
- Lupin, dis-je, tu ferais mieux de t’éloigner. Mon amie n’est pas douce quand elle en colère. Je m’en voudrais de t’apporter des ennuis.
Il lève les deux mains en signe de reddition et s’éloigne. Une bonne chose de faite, puisque Camille est déjà sur moi. Je prends mon air le plus innocent et attends que les accusations tombent. Je capte alors l’odeur de Lupin, qui reste non loin. Il n’est pas parti, il s’est juste éloigné. Sans doute veut-il terminer notre discussion et préfère attendre que l’orage Camille passe avant de revenir.
- Dis donc, toi, fait ma meilleure amie, sourcils froncés, poings sur les hanches, me donnant l’impression d’avoir soudainement une mère. On peut savoir ce qu’il te passe par la tête ? Tu imagines que Slughorn a été obligé de passer par moi, parce que tu l’évites !
Je fronce des sourcils.
- Ne me dis pas que . . .
- SI ! Hurle-t-elle en levant les mains en l‘air avant de les laisser retomber le long de son corps, me faisant sursauter. Il m’a parlé du dîner dansant de demain soir et de la réponse qu’il attend toujours ! Mais qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu te décides à t’ouvrir aux autres ? C’est une excellente opportunité et toi, tu te permets de refuser ! Mais, t’es complètement dingue, ma parole !
Je ne vois pas très bien quoi répondre à ça, à part «occupe-toi de tes oignons». Mais elle risquerait de mal le prendre.
- Écoute Camille, tu sais que je n’aime pas ce genre de soirée. De plus, ce sera un dîner, et je ne mange pas je te rappelle. Que veux-tu que j’aille faire là-bas ?
Elle me fait les gros yeux. L’odeur de Lupin s’éloigne alors subitement jusqu’à disparaitre, causant ma surprise. Pourquoi partir maintenant et pas avant ? Je ne comprends pas.
- Faire connaissance avec des gens, ce n’est pas une raison suffisante ? Tu ne côtoies que Fred, Bill et moi. Et encore, Fred et Bill, c’est seulement quand je suis là. Une fois que je disparais, tu t’éloignes. Toi qui parlais tout à l’heure de retrouver les tiens, je suis curieuse de savoir comment tu vas faire.
Sa remarque cause mon renfrognement. Je fais la moue, touchée par la véracité de ce qu’elle vient de dire. Mais les vampires, c’est mon problème pas le sien.
- Et Black, hein ? Enchaine-t-elle. Comment comptes-tu te rapprocher suffisamment de lui pour lui expliquer ton problème, si tu n’es même pas capable de te rendre une heure ou deux à un stupide dîner dansant !
Je déteste quand elle a raison.
- Alors, tu vas me faire le plaisir de t’y rendre, dussé-je t’y trainer par les cheveux.
Je lui jette un regard acide.
- Tu vas me forcer à y aller ? Demandais-je.
- Oui !
Le professeur Slughorn va entendre parler du pays.


O0o0O

Le cours du Défense Contre les Forces du Mal se déroule dans un silence pesant. Bien que je n’ai pas pour habitude de discuter avec Camille pendant les heures de cours, les regards assassins qu’elle me décoche depuis sa place suffisent à rendre l’air lourd. Je le ressens d’autant plus que j’ai les sens exacerbés des vampires. Ce n’est pas très agréable.
Les trois heures qu’elle passe à prendre note, regarder le professeur Gray et me fusiller du regard passent à une vitesse si lente que j’en ai l’impression que le temps ralenti. J’essaie bien de me concentrer sur le cours, mais la créature du moment - le Sphinx - n’attire pas ma curiosité d’habitude insatiable. Je redoute trop l’instant où Camille passera à l’attaque pour m’intéresser à cette formidable créature.
Je renifle bruyamment quand la cloche salvatrice retentit soudain. Les élèves sortent peu à peu, tandis que je prends tout mon temps pour quitter la classe à mon tour. Camille, tapotant le sol, m’attend de pied ferme. Je pense à m’échapper en courant à vitesse vampirique, mais la présence des maraudeurs et d’Evans encore dans la salle m’en empêche. J’aimerais avoir une lumineuse idée, de celle qui m’aidera à échapper à l’heure qui va suivre, que je passerais seule en compagnie de mon amie.
Les Gryffondor décident alors à se bouger. J’imagine qu’en leur laissant encore un peu de temps, je pourrais ensuite m’enfuir en courant ; Camille ne me rattrapera jamais de toute manière. Pourtant, étonnamment, ils s’arrêtent à notre niveau. Surprise, je ne peux que rester à fixer Lupin, interrogative. Il n’y a que lui qui a pu prendre cette décision.
- Tu as oublié quelque chose, Lupin ? Demande Camille avec un calme qu’elle ne m’adressera plus avant un bon moment. Oh, d’ailleurs, je m’excuse d’avoir interrompu votre discussion tout à l’heure.
J’intercepte les regards amusés qu’échangent les trois autres maraudeurs. Comme Lupin l’a pressenti ils sautent hâtivement aux conclusions. Ce dernier se tourne alors vers moi, souriant avec hésitation.
- Je vais me promener dans le parc avec mes amis, tu veux venir ? Ton amie peut nous accompagner.
Camille en lâche son sac d’ébahissement. Bien sûr, je n’ai pas cherché à la prévenir pour mon deal avec Lupin. Ce qui explique sa surprise. Mais pas la mienne. J’étais au courant, j’aurais dû m’y attendre. Pourtant, une espèce de grand blanc envahit mon cerveau l’espace d’une seconde. Puis, je me reprends.
- Ah, oui, bien sûr. Avec plaisir.
J’accepte, en priant pour que l’odeur de Black reste sous-jacente comme maintenant jusqu’à l’heure du déjeuner. Je me tourne alors vers Camille, attendant de savoir si elle vient ou pas. Bouche ouverte, elle me rend mon regard.
- Mais qu’est-ce que . . . ? Il y a un truc que j’ai pas pigé là. Vous sortez ensemble ?
La manière dont elle le dit est assez insultant pour Lupin, surtout quand elle le jauge sans aucune discrétion. Derrière le lycan, ses trois amis se marrent. Il n’y a qu’Evans pour paraitre à peu près aussi naturelle que Lupin et moi.
- Cam’, murmuré-je entre mes dents serrées. Je t’expliquerai plus tard.
Elle fronce des sourcils, j’accentue mon regard pour la prévenir qu’à la moindre boulette, je l’égorge. Elle hausse des épaules et capitule.
- Ok, allons nous promener. Mais d’abord, j’ai deux mots à te dire, toi.
Elle m’agrippe alors par le bras et me tire hors de la salle. Je pourrais lui résister très facilement, mais ce sera moins douloureux si je me laisse faire. Les Gryffondor nous suivent, et Camille instaure une distance de quelques mètres entre nous avant de lâcher mon bras et de débuter son interrogatoire.
- C’est quoi cette histoire avec Lupin ? M’attaque-t-elle d’emblée, suspicieuse.
- Il m’aide à me rapprocher de Black, soupiré-je. Apparemment, il a un peu peur des filles depuis l’existence de son fan-club et se méfie de toutes celles qui l’approchent sans raisons valables. Lupin m’a proposé de jouer au couple pour que ça passe plus facilement qu’avec Fred, c’est tout.
- Il a accepté ta . . . Particularité ?
Je rigole.
- Je ne vois pas comment il aurait pu faire autrement. Le contraire aurait été assez hypocrite de sa part.
Camille me jette un bref regard interrogateur avant de retourner son attention sur les murs du couloir. Elle sait que je ne dirais rien de toute façon, alors elle n’insiste pas.
- Pour tromper les gens, il va vous falloir jouer le jeu à fond, fait alors Camille. Pour Lupin, je ne sais pas trop, mais toi c’est autre chose. Tu as plutôt intérêt à te décoincer un peu si tu veux arriver à donner le change. Déjà, rapproches toi de lui.
Je grimace.
- Je préfère pas trop.
Elle me fait les gros yeux. Je soupire et interrompt notre marche avant de faire demi-tour et de rejoindre le groupe des maraudeurs. Je me glisse entre Lupin et Pettigrow et adresse un sourire à mon pseudo petit ami. Le tout, sans trop grimacer. Le lycan me jette un regard hésitant, ne sachant trop quoi faire, tout comme moi, puis il se tourne vers Camille.
- Pourquoi tu en voulais à Amandine tout à l’heure ?
Je sursaute quand je l’entends prononcer mon prénom. Puis, je comprends que je devrais en faire de même. Mais je ne sais pas pourquoi il pose la question. Il connait très bien la réponse puisqu’il a écouté la conversation.
- Ce midi ? Fait mon amie, aussi surprise que moi. Eh bien, j’en ai marre de sa tête de mule. J’essaie de la convaincre d’aller à la soirée de Slughorn demain soir.
Convaincre ? J’aurais choisi le mot obliger ou chantage.
- Tu es invité ? Me demande alors Evans qui s’adresse à moi presque aussi naturellement que si l’on se connaissait depuis dix ans. Je ne t’y ai jamais vu avant. Qu’est-ce qui l’a attiré chez toi ?
Je grimace.
- Mes prédispositions pour les Sortilèges, réponds-je de mauvaise grâce, sans ajouter que c’est certainement aussi un peu mon côté vampire.
- Et tu y vas avec qui ? Ajoute-t-elle.
On ne me laisse pas le temps de répondre. Potter rigole et clame :
- Avec Remus quelle question, puisque c’est son copain.
Il m’adresse un chaleureux sourire que je prends même pas la peine de lui rendre. Du coup, son joli sourire se fane très rapidement.
- En fait, je pensais plutôt laisser ma place à Sirius, intervient alors Lupin, tout sérieux. Comme toi tu y vas avec Lily, tu te sentiras moins seul comme ça.
Mon cœur s’emballe quand je prends conscience de ce qu’est en train de faire Lupin. Je m’écarte un peu de lui et lui lance un regard épouvanté.
- Certainement pas ! M’écrié-je, au moment où Camille lance d’une voix joyeuse un«Merveilleuse idée !».
Je la fusille du regard et insiste sur la chose.
- Non.
- Bah pourquoi ? S’étonne-t-elle.
Je prends une lente inspiration par le nez et susurre entre mes dents :
- A ton avis ?
Soudain, elle semble se rappeler le nœud du problème . . . Puis en fait fi.
- Et alors ? fait-elle avec désinvolture. Je trouve cette idée géniale. Black et Potter passent une excellente soirée entre potes, Evans aussi et toi aussi. C’est parfait.
Je lui lance le regard qui signifie «t’es demeuré ou quoi ?». Puis, Black prend la parole.
- Vous êtes bien gentils de proposer, mais quelqu’un a pensé à me demander mon avis d’abord ?
Je me tourne vers lui. Il nous regarde tous tour à tour, un sourire amusé et incrédule aux lèvres. Je soupire intérieurement, soulagée. Du peu que je connais du maraudeur, je sais qu’il refusera d’y aller avec moi. Il me sauvera la mise et, s’il n’avait pas été mon Calice, je l’aurais embrassé sur les deux joues pour ça.
- Sirius, s’il te plait, fais-le pour moi, le supplie Lupin du regard, s’attirant mon regard étonné. Je ne pourrais pas y aller avec elle à cause de mes devoirs, et Amandine est trop timide pour oser demander à quelqu’un d’autre. Je voudrais qu’elle s’amuse.
J’en reste muette de stupeur. Lui et Camille se sont passés le mot ou quoi ? Et je ne peux même plus dire que je ne veux pas y aller parce qu’autrement les maraudeurs vont trouver ça bizarre et je ferais capoter le plan. C’est un coup en traitre !
Black me regarde. Je secoue véhément la tête, l’implorant mentalement à genoux de refuser. Puis, il regarde de nouveau son ami, avant de soupirer et de jeter un regard las au ciel. Je constate alors que nous sommes sortis du château et que nous marchons dans le parc.
- Bon, d’accord, capitule Black. J’accompagnerai Dawn à la soirée dansante de Slughorn.
Mon cri d’horreur se coince quelque part entre mon estomac et mes lèvres. Et maintenant, je fais comment pour me retenir de boire son sang devant tous les invités du professeur de potion demain soir ?

O0o0O

L’heure tourne à une vitesse affreusement rapide. La montre à mon poignet indique seize heures de l’après-midi. La bibliothèque, où je me suis réfugiée durant tout mon temps libre depuis hier, ne sera bientôt plus un repère sécurisé. Aussi bien pour moi que pour la personne qui va venir me chercher en me tirant par les oreilles.
Après notre heure dans le parc que j’avais passé dans un silence boudeur, laissant Camille faire plus ample connaissance avec Evans, j’avais brillamment évitée ma meilleure amie. Ainsi que Lupin. En fait, tout le monde. Savoir que je devais passer plusieurs heures avec Black me donnait des palpitations et des sueurs froides. Je repensais à ce qu’il s’était passé dans le couloir en début de semaine. Si Lucinda n’était pas intervenue, qui sait ce qu‘il se serait passé. Je ne peux prendre le risque que cela se reproduise, en sachant qu’il n’y a plus personne à Poudlard capable de m’empêcher de me jeter sur lui.
Il me faut donc trouver une solution pour ne pas aller à ce fichu dîner. Bien que Camille ait renvoyé une réponse positive au professeur Slughorn, je peux toujours prétendre être malade. Sauf qu’un vampire a une santé robuste et qu’il ne tombe pas malade. Quelle autre raison peut convenir ?
Je soupire, passant une main lasse et agacée dans mes boucles brunes. Je tourne alors la tête sur ma droite, d’où me provient le bruit d’une chaise que l’on tire. Betty Namid, qui s’installe, m’adresse un sourire que je lui rends timidement avant de retourner à mon parchemin empli de mon écriture penchée. Puisque Betty est là, c’est que l’entrainement est terminé et que Camille ne va plus tarder à débarquer. Je laisse échapper un râle. Si j’ai évité mon amie jusqu’à maintenant, c’est pour éviter de lui arracher la tête. Elle m’a tellement mise hors de moi que mon esprit vampirique s’est imaginé milles tortures pour se venger. Pareil pour Lupin. Je n’étais déjà pas un modèle de douceur sous l’effet de la colère lorsque j’étais humaine, mais à présent c’est dix fois pire. Heureusement, je suis calmée maintenant.
Décidant alors d’aller au devant de Camille, je rassemble mes affaires et les glisse dans mon sac avant de quitter ma place. Je me faufile entre les rangées d’étagères encombrées et passe devant Mme Pince, avant de sortir de la bibliothèque. Alors que je passe la porte, je tourne la tête instinctivement et remarque le regard de Black posé sur moi. Il m’adresse un signe de main hésitant, comme sil ne s’attendait pas à ce que je me retourne. Trop surprise, je ne pense pas à répondre et détourne le visage rapidement avant d’accélérer le pas.
Bon, au moins, le Gryffondor ne semble pas m’en vouloir de devoir m’accompagner à la soirée de Slughorn. Comment pourrait-il d’ailleurs ? Je l’avais presque supplié de refuser, impossible de croire que j’avais voulu qu’il y aille avec moi. C’est à cause de Lupin qu’il a accepté, pensant sans doute rendre service à son ami en escortant sa petite amie à une soirée dansante. Et, d’après ce que j’ai compris, ça l’arrange, car ainsi, il pourra être avec Potter. Si je peux lui rendre service . . .
Je m’arrête brusquement en plein milieu d’un couloir, surprise par mes propres pensées. Comment ça lui rendre service ? Il ne faut pas que je pense ainsi, autrement, je serais incapable de trouver une idée pour m’échapper de problème. Et je dois m’extirper de ce guêpier !
Je reprends ma route et file directement vers la tour de Serdaigle où je sais que Camille passera en premier pour y déposer ses affaires. Mais, au milieu d’un couloir j’ai la surprise de la voir discuter avec Evans. J’hausse des sourcils, sans faire une remarque, étonnée de les trouver en si bonne entente. Mais cela ne devrait pas me surprendre, je sais que Camille se fait des copains avec une facilitée déconcertante. Je m’approche d’elle, peu sûre de la conduite à tenir. Camille me remarque la première et me sourit, attirant l’attention d’Evans sur moi.
- Oh, Mandy, te voilà. Je pensais devoir t’arracher à la bibliothèque.
Je secoue la tête, redressant la bretelle de mon sac sur mon épaule. Camille fait alors un signe de main en direction d’Evans, et m’annonce :
- J’ai dit à Lily que j’allais m’occuper de ta tenue pour ce soir, et que j’avais l’intention d’essayer de lisser tes cheveux. Elle connait un produit super pour ça, et elle m’a proposé de nous préparer ensemble. On ira dans la chambre de Lily, ainsi tu n’auras plus qu’à rejoindre Black dans leur salle commune. Vous partirez tous les quatre ensembles. C’est une bonne idée, non ?
J’inspire profondément, le regard rivé sur celui de mon amie.
- Evans, tu veux bien nous excuser quelques minutes. Je dois parler à Camille en privé.
La Gryffondor accepte et s’éloigne de quelques pas, assez loin pour ne pas entendre notre conversation. Je m’adresse alors à Camille.
- Cam’, j’apprécie que tu t’inquiètes de ma vie sociale, mais si tu pouvais éviter de me coller dans les pattes de Black, j’apprécierais encore plus.
Elle soupire, ferme les yeux et secoue la tête, incrédule.
- Mandy, je sais pourquoi tu ne veux pas qu’il t’accompagne, mais il va bien falloir que tu commences à apprendre à le connaître un jour ou l’autre. Plus tôt ce sera fait, mieux ça ira.
- Et tu ne t’inquiètes pas de ce que je pourrais lui faire ? Sifflais-je, agacée. Je vais être collée à lui pendant plusieurs heures, en respirant son odeur ! Comment je fais pour m’empêcher de le vider de son sang, tu peux me dire ?
- Tu te nourriras avant d’y aller, et tu feras en sorte de ne jamais rester seule avec lui. Ce ne sera pas la première fois que tu le feras.
Je grimace. Elle a raison, certes, mais c’est jouer avec le feu que de penser que ces précautions fonctionneront avec certitude. La seule fois où je me suis retrouvé seule en sa compagnie, j’avais chassé quelques heures plus tôt, et c’était comme si cela n’avait rien changé. L’Appel était trop fort, et il le sera de nouveau, si je ne prends pas les bonnes dispositions.
En pleine réflexion, j’expire lentement puis plante mon regard dans celui de Camille.
- Ok, je veux bien essayer, dis-je.
Camille crie sa joie en sautant en l’air, avant de m’enserrer dans ses bras, dans une embrassade qui aurait pu faire suffoquer l’Amandine humaine. Puis, Camille desserre son étreinte, attrape ma main et rejoins Evans qui nous attend.
- Lily, Mandy a accepté.
Evans sourit, comme si ma décision dépendait vraiment de son bonheur. Mais les Gryffondor sont connus pour être contents pour un rien, alors je ne m’inquiète pas trop de sa santé mentale.
- C’est parfait, fait Evans en s’adressant à moi. Dis, je peux t’appeler Amandine ?
Je secoue la tête, refusant. Le sourire d’Evans se fane bien vite, et je me reprends.
- Ce sera Mandy ou rien d’autre. A la condition que je puisse t’appeler Lily.
Ca me coûte de le dire. Je n’ai pas pour habitude de faire un pas vers les gens. J’ai plutôt tendance à faire deux pas en arrière quand ils en ont fait qu’un demi dans ma direction. Ce qui explique le visage extrêmement radieux de mon amie.
Evans accepte ma proposition, retrouvant son sourire joyeux. Je pourrais presque être contaminée par son air heureux. Presque. Mais je garde à l’esprit que Black joue peut-être sa vie en m’accompagnant au Club de Slug ce soir, et mon estomac se tord d’angoisse à cette seule idée.

O0o0O

Le shampooing mousse a vitesse hallucinante sur ma tête. J’approche un doigt prudent de la masse bulleuse et l’effleure. Ca a l’air d’être vraiment du shampooing, mais je me méfie un peu. Je n’ai jamais eu très confiance en la magie présente dans les produits de beauté. Je passe ensuite un doigt sur ma joue. La main de Camille a aussitôt le réflexe de me gifler le bras.
- Mandy, ne touche pas, je t’ai dit ! Tu vas tout foute en l’air.
Maugréant contre l’horrible sorcière qui s’amuse à me prendre pour sa poupée à maquiller, je laisse retomber ma main sur le peignoir en éponge dont je suis seulement vêtue, et laisse Lily continuer son massage sur mon cuir chevelu. Sa friction est tendre et douce. On sent qu’elle a l’habitude de le faire.
- Ce sera encore long ? Demandé-je.
- Non, répond Lily en enlevant ses mains de ma tête. Je vais laisser faire effet pendant quelques minutes, le temps d’enfiler ma robe, et je rincerai tes cheveux.
Elle passe dans la salle de bain qui se trouve dans mon dos, au moment où je lève la tête vers Camille, totalement paniquée.
- Elle a parlé d’une robe ? M’enquis-je d’une voix aiguë.
Mon amie cache difficilement un sourire amusé.
- Effectivement. Tu veux voir la tienne ?
Ma bouche s’ouvre sur le cri d’horreur que mes cordes vocales refusent de produire. Une robe. Moi, dans une robe ? Ridicule. Les robes, ça va aux grandes filles avec des formes. Moi, je suis petite, dans tous les sens du terme. On voit à peine ma poitrine avec l’uniforme de Poudlard, c’est dire. Mais Camille, étrangère à mes pensées, se penche vers le sac qu’elle a ramené de la tour de Serdaigle, à la chambre des septième année de Gryffondor, et en sort un morceau de tissu bleu foncé. Un ridicule petit morceau d’étoffe. Qu’elle déplie devant moi, avec un « Tadam ! » retentissant de fierté. Je lui adresse alors un regard morne, avant de demander d’une voix atone :
- Rassure-moi, c’est une blague ?
Camille papillonne des yeux, ne comprenant pas, avant de faire voyager son regard entre moi et la robe. Puis, elle semble enfin capter que je refuse obstinément de mettre son machin. Elle fronce alors des sourcils et prend sa voix la plus méchante qu’elle a en réserve.
- Non, ce n’en est pas une, et oui, tu vas la mettre. De toute manière, je n’en ai aucune autre en réserve pour toi ce soir.
Je me lève de mon siège, alors que Camille s’approche dangereusement de moi, son engin de torture à la main.
- D’ailleurs, tu vas l’essayer tout de suite, histoire que je vérifie qu’il n’y a pas de retouches à faire.
Je secoue la tête, envoyant de la mousse au quatre coins de la chambre. Puis, à vitesse vampirique, je sors de la chambre, dévale les escaliers, non sans capter la course moins rapide de Camille à mes trousses, et atterris dans la salle commune en sautant par-dessus les cinq dernière marche. Fort heureusement, il n’y a personne dans la pièce, mais je suis coincée : il est hors de question que je sorte dans les couloirs, habillée d’un peignoir et les cheveux savonnés. Je réfléchis rapidement à un plan de fuite, mais je n’en vois aucun.
Et déjà, Camille, toute essoufflée, m’a rattrapé. Elle me regarde d’un œil assassin, une main sur sa hanche. Je me plaque au mur derrière moi, mon dos ne faisant presque qu’un avec la pierre. Elle se rapproche de moi, au moment où j’aperçois Lily débouler à son tour dans la salle commune, à moitié habillée (robe de soirée et jean, drôle d‘effet). Elle nous regarde toute les deux, sans comprendre ce qu’il se passe.
- Camille, Mandy ? Qu’est-ce qu’il vous arrive ?
Mon amie est la première à répondre.
- Elle ne veut pas mettre cette robe, elle fait la difficile.
- Je ne fais pas la difficile, j’ai seulement pas envie de ressembler à une prostituée. De plus, les robes ne me vont vraiment pas.
Camille et Lily lancent un regard curieux sur la robe que tient toujours mon amie, puis se tournent vers moi.
- Je pense qu’elle t’ira plutôt bien, fait Lily. C’est vrai que sur une personne plus grande, la jupe aurait été un peu courte, mais sur toi ça devrait aller.
- Et pour le décolleté ? Je le remplie avec quoi, du coton ?
Camille râle en roulant des yeux.
- Mandy, malgré tout ce que tu peux penser, tu n’as pas le bonnet d’une enfant de douze ans. Maintenant, viens ici !
Je refuse obstinément, secouant la tête, au moment où mon nez capte une odeur, trop puissante et trop proche, dont mes oreilles aurait dû entendre approcher les pas il y a bien longtemps. Je me décolle du mur - en fait, c’était l’entrée de la tour - contre lequel j’étais collé, me retourne, et regarde bêtement le portrait coulisser pour laisser place aux maraudeurs. Black est le premier à entrer, et ne regarde pas où il va. Du coup, il me rentre dedans et s’écroule lamentablement à terre. Notre contact violent ne me fait absolument rien, dure comme je suis, mais je me retrouve quand même allongée sur lui, parce que cet abruti a cru bon de s’accrocher à moi quand il est tombé. Mon nez s’approche un peu trop près de son cou et son odeur heurte mon organisme avec trop de force. Je fais un bon en arrière, une main sur la bouche et le nez, prévenant tout attaque de son parfum enivrant. De ce fait, j’atterris dans les bras de Camille, sous le regard étonné des maraudeurs. Black est d’ailleurs certainement celui qui est le plus surpris.
- Euh, je ne viens pas de rentrer dans quelqu’un à l’instant ? Demande-t-il à la cantonade, un peu perdu.
Potter lève un doigt vers moi et tous regardent alors dans ma direction.
- Je ne t’ai même pas vu te relever ! S’exclame Black en se remettant sur pied et me jetant un regard halluciné.
Puis, il passe une main douloureuse contre son torse, et grimace.
- Dis donc, t’as la peau dure toi. T’es constituée de marbre ou quoi ?
Je ne fais pas un geste, ne respire même pas. J’ai encore son odeur dans le nez et je sens mes sens s’embrouiller. Ca recommence mais j’essaie de me contrôler. J’agrippe alors le bras de Camille et lâche rapidement :
- Remontons.
Elle comprend immédiatement ce qu’il se passe et me guide jusqu’aux escaliers où je m’autorise à reprendre mon souffle.
- Remus, je ne veux pas dire mais elle est bizarre ta copine. Je pus ou quoi ?
En entendant la réflexion de Black, je me dis que cette soirée ne sera vraiment pas de tout repos. Et je m’estimerais heureuse si après le dîner, il ne me considère plus comme une espèce de monstre.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeMar 17 Mar - 10:47

Chapitre 10 : La soirée du professeur Slughorn


Je tire un peu sur l’ourlet de ma robe, tentant désespérément de la faire dépasser mes rotules. Peine perdue. Je tire ensuite sur ‘échancrure pour cacher ne serait-ce qu’un la forme rebondie de ma poitrine. Mais ça ne fonctionne pas plus. Pire même, ça remonte le bas. Je grogne de mécontentement. Dans mon dos, j’entends Lily rigoler, puis je vois son reflet apparaître dans le miroir. Elle pose ses mains sur mes épaules, et s’adresse à moi :
- Arrête donc de tirer sur ta robe comme ça. Tu es très jolie, tu n’as pas à t‘en faire.
Je grimace. C’est peut-être ce qu’elle pense mais ce n’est pas mon cas. Qu’importe dans quel sens je me regarde, je trouve ma tenue ridicule. Pourtant, elle est jolie. La couleur bleu nuit du tissu fluide souligne mon buste et mon ventre avant de former une jupe plissée d’un bleu plus clair. Heureusement, je n’ai pas de bourrelet disgracieux (merci mon appétit d’oiseau) mais c’est bien la seule chose de correct. Lily s’écarte et jette un œil sur sa montre bracelet.
- Il est bientôt vingt heures. Allons-y.
Elle attrape sa cape et s’en drape. Je grimace et l’imite de mauvaise grâce. Je ne peux plus revenir en arrière de toute façon. Nous quittons ensuite la chambre. Camille nous a quitté un peu plus tôt, partie rejoindre Fred pour une soirée en tête à tête, mais non sans m’avoir fait promettre de lui raconter ma nuit dans les moindres détails à mon retour. Je ne sais si je dois avoir hâte de quitter la soirée de bonne heure ou pas. Aussi bien Black que Camille m’effraient maintenant.
Lily et moi entrons dans la salle commune où Black et Potter nous attendent, discutant près d’une table. Lorsque que la cavalier de Lily se tourne vers nous, il ouvre de grand yeux ébahis. Je ne peux que le comprendre : ma nouvelle copine est sublime. Elle porte une longue robe bustier vert pâle et laisse ses cheveux roux bouclés tomber en cascade sur ses épaules. Très jolie, comme je lui ai déjà dit un peu plus tôt. Je m’arrache au spectacle d’un Potter subjugué par sa belle, quand le parfum de Black se rapproche de moi. Je me tourne vers le jeune homme qui me sourit amicalement. Apparemment, il a oublié l’incident de tout l’heure. Ou alors n’y attache pas d’importance.
- Ça te va très bien les cheveux lissés, fait-il. Je comprends pourquoi tu plais à Remus.
Je porte une main à ma nouvelle coiffure. Ordinairement bouclés, mes cheveux me tombent au milieu du dos, mais à présent sans les frisottis, leurs pointes atteignent la naissance de mes fesses. Peu habituée à les porter aussi longs, j’ai pris une pince avec moi, au cas où ils m’agaceraient. J’adresse une espèce de sourire à Black, comme remerciement à son compliment, puis réfléchis à une lumineuse idée pour m’éclipser à l’infirmerie, l’air de rien. J’ai encore besoin de prendre ma ration journalière, et ça commence à devenir pressant.
- Ah Remus ! Fait soudain Black en regardant dans son dos. Tu viens admirer ta petite amie ?
Il fait un pas sur le côté, et apparait alors ce brave lycanthrope qui me regarde avec des yeux ronds. Black rigole, semblant se repaitre de l’air de son ami.
- Dis donc, il en est muet de stupeur, commenta Potter. Remus, réveille-toi.
Le jeune homme cligne des yeux et semble retrouver ses facultés mentales. Il m’adresse alors un sourire hésitant. Je fronce des sourcils. Pourquoi est-il aussi bizarre tout à coup ? Je lui lance un regard interrogateur qu’il semble ne pas voir, et je le vois s’approcher.
- C’est étrange de te voir avec les cheveux lisses mais . . . Euh . . . Ça te va plutôt bien. Tu es . . . hum . . . Jolie.
Je lui lance un regard aigu, et lâche un « merci » hésitant du bout des lèvres. Quand je constate que son regard a tendance à s’égarer du côté du décolleté de ma robe qu’il aperçoit certainement entre les pans de ma cape, je referme mon manteau d’un coup sec. Je truciderai Camille en rentrant. Tout à coup, le rire de Black retentit et il s’approche de Remus, à qui il flanque une grande tape virile dans le dos.
- Eh bien, qu’est-ce qu’il y a ? Tu n’en crois pas tes yeux ? Allez, souhaite lui une bonne soirée qu’on y aille. Plus vite on sera partis, plus vite on sera revenus.
Dans ces mots, je dois certainement deviner qu’il n’a pas plus envie que moi de s’attarder à la soirée du professeur Slughorn. C’est bon pour moi, ainsi je n’aurais pas besoin de le supplier quand j’en aurais assez. Remus s’approche alors de moi, me surprenant. Son odeur m’enveloppe et je parviens à ne pas grimacer, jeu auquel j’excelle de plus en plus. Il me lance un regard hésitant et un sourire contrit avant de se pencher et d’effleurer ma joue de sa bouche. J’ouvre de grands yeux surpris, qui tordent Black et Potter de rire. Et, chose à laquelle je ne me serais certainement pas attendue, mon visage me brûle, signe que je rougis. Dommage que mon côté vampirique n’empêche pas ce genre de réactions.
- Passez une bonne soirée, lâche Remus du bout des lèvres avant de quitter la salle commune, certainement pour se rendre à la bibliothèque.
Je le suis du regard, encore étonnée par son geste. Je comprends que l’on doit se prêter au jeu, mais il n’a jamais été convenu d’échanges, quels qu’ils soient, entre nous. Une discussion s’impose, je crois. Pour me donner une contenance, je passe une main sur ma cape, puis plante mon regard dans celui de Black qui arbore un sourire en coin amusé.
- Je dois passer à l’infirmerie, lâché-je de but en blanc. Partez devant, je vous rejoindrai à la soirée.
Que je mentionne l’infirmerie semble inquiéter Lily, qui fronce des sourcils.
- Tu es malade ? Me demande-telle.
- Juste l’estomac un peu retourné, réponds-je en haussant des épaules comme si ce n’était pas grave. Je vais prendre une potion pour m’assurer de ne pas être dérangé pendant le dîner.
Dommage que Camille et Remus savent pour ma véritable identité, autrement j’aurais pu me servir de cette excuse pour faire faux bond au professeur Slughorn. Je n’attends pas de réponse de leur part, quitte immédiatement la salle commune des Gryffondor et prends la direction de l’infirmerie. Je mets autant de temps que possible pour y parvenir, me forçant à ralentir pour circuler à vitesse humaine. Ce n’est pas l’envie qui me manque de courir, mais je ne veux pas arriver en avance à la salle de réception.
Parvenue où je le voulais, je pénètre dans la pièce silencieuse. Une bougie allumée sur le bureau de Mme Pomfresh me renseigne sur sa présence. Je me racle la gorge bruyamment, attestant de mon arrivée. Je vois alors la tête de la femme apparaitre entre deux paravents tendus. Elle s’étonne à ma vue et lâche ce qu’elle fait.
- Que puis-je pour vous, miss Dawn ? S’enquiert-elle en s’approchant de moi.
- Je voudrais boire. Je suis invitée à la soirée du professeur Slughorn et je ne pourrais pas aller chasser avant un long moment. Je préfère ne prendre aucuns risques.
Elle acquiesce d’un signe de tête et se dirige vers une armoire qu’elle déverrouille d’un sort avant d’en sortir une bouteille opaque. Elle me la tend, je la prends en en levant le bouchon et l’odeur du sang d’un renard envahit mes sens. Je porte le goulot à mes lèvres avant d’avaler goulument la totalité du contenue. Je lèche ensuite mes lèvres pour effacer toutes traces de sang et lui rend la bouteille en la remerciant.
- La chasse ne vous manquera-t-elle pas ce soir ?
Elle a deviné qu’au-delà du besoin de se nourrir, c’est la chasse qui m’a poussé à refuser d’être servie en nourriture par ses bons soins. Elle semble ne plus être vexée par la question d‘ailleurs.
- J’irais chasser après le dîner. Ce que vous m’avez offert ne sera pas assez pour tenir jusqu’à demain soir, et je ne voudrais pas attaquer miss Teigne ou l’animal d’un élève.
Encore qu’en me débarrassant de la chatte de Rusard, je rendrais service à tout le monde dans cette école. Mme Pomfresh acquiesce d’un signe de tête et me souhaite une bonne soirée. J’espère que ce sera le cas, ce qu’il signifie pour moi que Black rentrera dans son dortoir sans que je ne l’ai grignoté un peu ou dévoilé ce que je suis. Je quitter l’infirmerie et prends tout mon temps pour parvenir à la salle de réception du professeur Slughorn. Je sais que je ne devrais rien craindre pour Black. Après tout, il ne s’éloignera pas trop de Potter, et donc de Lily, et la pièce sera sans doute bondée. Son odeur sera noyé. Je l’espère du moins, priant que pour ce ne soit pas une soirée intimiste.
Lorsque j’arrive à destination, Black m’attend devant la salle. Je suis décontenancée pendant un bref instant, puis je comprends qu’il ne peut entrer qu’avec mon invitation. Il ne semble d’ailleurs pas du tout mal à l’aise malgré la présence ombrageuse de Rusard, qui semble faire office de portier le temps d’une nuit, et le regard peu amène qu’il fait peser sur lui. Il est vrai que le concierge et les maraudeurs ne doivent pas s’entendre, vu toutes les blagues qu’ils font que l’homme doit nettoyer après eux. Et la dernière farce remontant à avant les vacances, l’école s’attend donc à une nouvelle invention pour bientôt de leur part.
Quand il me voit approcher, Black s’éloigne du mur auquel il était adossé, et ce n’est qu’à ce moment-là que je remarque sa tenue. Il est vêtu d’une robe de sorcier très classe, coupée dans une étoffe légère, de couleur noire. Dessous, je devine une chemise simple et blanche, et un pantalon en coton noir, tombant sur des chaussures de smoking lustrées. Un amalgame sorcier/moldu très bien fait. Et vu la qualité des produits, monsieur a les moyens.
- Ca va mieux ? Me demande-t-il en s’approchant de moi.
Malgré la présence du parfum aigre de Rusard, la fragrance de Black m’entoure. Je ferme les yeux, et ordonne à tout mon être d’en faire abstraction, juste le temps pour nous de pénétrer dans la pièce. La proximité de mon repas m’aide, ainsi qu’autre chose. Je sens en moi ce désir violent de lui sauter dessus, là, tout de suite, maintenant. Mais une part de moi sait que ce ne serait pas bien. Qu’il me faut son accord. J’ouvre les yeux, rassurée. Lucinda m’avait prévenue que le tout premier Appel du Calice était le plus puissant et que mes autres contacts avec lui seraient moins dangereux. Je n’avais pas voulu la croire, mais j’aurais peut-être dû.
- Bien mieux, le rassuré-je. Allons-y, je ne voudrais pas faire attendre ton ami plus que nécessaire.
Black me lance un regard curieux, mais ne dit rien, se contentant de me suivre quand je tends mon invitation à Rusard et qu’il nous fait entrer non sans braquer un œil méchant sur mon cavalier. Black sourit, comme fier de son effet sur l’homme. La porte se referme dans notre dos. La pièce que le professeur Slughorn a réquisitionné pour son dîner dansant est sans aucun doute une ancienne salle de classe, comme l’atteste le tableau noir au fond de la pièce. Il est, certes, recouvert d’un tissu mauve, mais il est reconnaissable. Le long des fenêtres qui donnent sur le lac, une grande table ronde est dressée pour dix-huit convives, nappée de blanc et mauve et recouvert de couverts en argent. Au plafond, pend un lustre de cristal et dans le coin opposé au tableau noir, un orchestre joue une ballade. Les invités déjà présents sont disséminés ça et là pièce, discutant, et j’avise Potter et Lily qui nous font de discrets signes, chacun un verre à la main. Nous les rejoignons.
- Tes maux de ventre sont passés ? M’interroge d’emblée la Gryffondor.
J’acquiesce d’un signe de tête. J’espère qu’ils ne vont pas tous me poser la question, car je sens que ça va terriblement m’agacer si c’est le cas. Je sens alors l’odeur de Black s’éloigner et je tourne la tête dans sa direction. Il se dirige vers le buffet qui longe le mur donnant sur le couloir, et s’y sert de deux flutes emplies d’un liquide ambré.
- Maintenant que Remus n’est plus là pour surprendre une discussion qui ne le regarde pas, quelqu’un peut m’expliquer pourquoi il a insisté de cette manière pour que sa copine aille à cette soirée avec Sirius ? Demande Potter, son regard voyageant entre sa cavalière et moi.
J’hausse des épaules. Ce n’était pas comme si j’allais lui avouer la vérité. Je n’étais même pas sûre que ma raison soit celle qui avait poussé Remus à de telles extrémités. Il y avait sans doute autre chose là-dessous. La fragrance de Black se rapproche de nouveau et un verre apparait dans mon champ de vision. Je l’accepte avec un signe de tête remerciant.
- Pourquoi tu ne me le demandes pas directement ? Intervint mon cavalier.
- Il te l’a dit ? S’exclame Potter.
Mon cœur fait un looping. J’espère pour la santé de ce loup-garou qu’il a su tenir sa langue, car autrement, ça va saigner.
- Ouais, il savait que tu ne serais pas trop à l’aise tout seul ici alors il m’a cédé sa place. L’excuse comme quoi il avait des devoirs et qu’il pouvait pas accompagner Dawn, c’est du pipeau. Tu sais très bien que Remus n’a jamais de retard dans . . .
Lily jette un regard assassin à Black avant de me désigner d’un coup d’œil, ce qui a le mérite de faire taire le jeune homme. J’imagine que, en tant que petite amie, je devrais être choquée d’entendre ça. Ce qui n’est pas le cas et je n’ai jamais été particulièrement bonne comédienne.
- Ah, euh, enfin, je veux dire, essaye de se rattraper Black, il avait très envie de venir mais . . .
- Tu t’enfonces, Black, le coupé-je en portant la flûte à mes lèvres pour me donner une contenance.
Le liquide dans ma bouche a comme un goût de sucre, d’acide et de blé à la fois, très dérangeant. Je grimace. Décidément, la boisson aussi bien que la nourriture humaine ne sont pas pour moi. Jetant un coup d’œil à ceux qui m’accompagnent, je constate que mon intervention a jeter un froid. Ils ne savent plus où se mettre et ont visiblement pitiés pour moi, qui vient d’apprendre que mon petit ami à très peu de considération envers ma personne. Je décide de changer de sujet.
- Potter, Lily, c’est marrant, mais il me semblait qu’aux dernières nouvelles, vous étiez plus à vous taper dessus qu’à vous rendre ensemble à une soirée dansante. Poudlard aurait-il raté quelque chose dans l’histoire rocambolesque de vos amours ?
Lily m’adresse un regard tueur. Je préfère que l’on parle de ses problèmes de cœurs, plutôt que des miens puisqu’ils sont inexistants.
- Le professeur Slughorn a insisté pour que je vienne avec Potter. Il voulait nous voir ensemble pour « étudier notre potentiel », dit Lily en mimant les croches de citation avec ses doigts.
Cela m’arrache un sourire amusé, que je cache par réflexe derrière mon verre. Puis, je reprends contenance, et demande :
- Quel potentiel ?
- Préfet-en-Chef. D’après lui, on fait une bonne équipe. J’imagine qu’il a une idée derrière la tête pour ce qui est de notre futur après Poudlard.
A la tête qu’elle tire, ce n’est pas de son goût. Pourtant, elle ne s’est pas plainte une seule fois de devoir venir avec Potter jusqu‘à maintenant. Elle retrouve vite un visage avenant, et je comprends qu’elle prend sur elle. Peut-être veut-elle savoir ce que voulait dire le professeur Slughorn et qu’elle a besoin de lui pour ça. Allez savoir.
- Tu as dit que tu étais invitée grâce à tes performances en Sortilège, intervient alors Black. Mais c’est la première fois que tu viens apparemment, alors qu’est-ce qui l’a décidé ?
Je roule des yeux en soupirant.
- Mon sortilège d’Expulsion sur Crow, marmonné-je. Le professeur Flitwick ne tarit pas d’éloges sur mon sort d’après ce que j’ai compris.
Potter éclate de rire.
- Ouais, et bien vu le coup du bonhomme de neige d’ailleurs, fait-il. C’était bien toi, non ?
Je papillonne des yeux, un peu déboussolée. Puis-je le lui avouer ? N’ira-t-il pas me dénoncer à un professeur ? Puis, je me souviens que c’est un maraudeur, et qu’un tel acte serait ironique venant de sa part.
- Effectivement, c’était moi. Dommage que le professeur McGonagall l’ait désensorcelé aussi vite. J’aurais aimé qu’elle reste ainsi un peu plus longtemps.
Lily pince des lèvres, mécontente, alors que les deux garçons s’esclaffent. Apparait alors le professeur Slughorn, en robe de sorcier couleur lie-de-vin boutonnée jusqu’au cou, assortie à son chapeau. Un sourire jovial épanouie sur ses lèvres, ils nous souhaitent la bienvenue.
- Miss Dawn, fait-il ensuite en se tournant vers moi, je suis heureux que vous ayez finalement accepté mon invitation.
- Ce n’est pas comme si j’avais eu réellement le choix, marmonné-je dans le verre que je portais à mes lèvres, assez bas pour que le professeur ne l’entende pas.
- Et vous êtes venue avec Mr Black, poursuit-il, fou de joie en serrant vigoureusement la main de mon cavalier. Jeune homme, je suis enchanté de vous compter parmi nous ce soir. Votre frère est là lui aussi, je suis sûre que vous avez de nombreuses choses à vous dire.
- Compte là-dessus et bois de l’eau, mon gros, entends-je Black lâcher du bout des lèvres, alors que l’enseignant fait part à Lily et Potter de sa joie de les voir eux aussi ici, ensemble.
Etonnée par la ton avec lequel Black s’est exprimé, je lui lance un regard curieux qu’il ne voit pas. Son regard est attiré par quelque chose dans la salle. Je regarde dans la même direction, et constate la présence d’un jeune homme de quatorze ou quinze ans, en robe de sorcière noire, aux cheveux aussi bruns et aux yeux aussi gris que Black. Il se ressemble comme deux gouttes d’eau, mis à part leur nez que mon cavalier a fin et droit, et l’autre a épaté. J’imagine que c’est le fameux frère que Black ne compte pas saluer.
Le professeur Slughorn s’éloigne enfin, et nous sommes de nouveau seuls, tous les quatre. Je soupire, agacée en fusillant du regard le dos de l’homme. Si je n’avais pas été aussi timide et respectueuse, je lui aurais montré mes crocs et flanqué une frousse de tous les diables pour lui faire passer l’envie de jouer avec moi.
- Tu n’aime pas le professeur Slughorn ? S’étonne Potter en apercevant sans doute mon air assassin.
J’hausse des épaules.
- Il m’a forcé la main pour que je vienne. Je ne sais pas comment il a pu le savoir, mais il en a parlé à la seule personne qui pouvait m’obliger à venir. Et me voilà, à cette stupide soirée dansante, alors que je pourrais faire tellement mieux.
Mon ton aigre n’échappe à personne. Black semble alors vouloir me calmer.
- Que dirais-tu d’aller nous asseoir ? Me propose-t-il. Il semble que le repas sera bientôt servi.
Je sens sa main glisser dans mon dos jusqu’à se poser au creux de mes reins pour me guider vers la table. Ce simple contact m’électrise et intensifie l’odeur de son sang. Je retiens ma respiration, le temps d’arriver à la table et qu’il enlève sa main. Ne me dites pas que je ne peux pas non plus toucher mon Calice sous peine de lui arracher la gorge ? J’ai beau faire appel à mes souvenirs, je ne me souviens pas que Lucinda ait parlé de ça. En même temps, ce n’est pas comme si elle s’était étendue sur le sujet puisqu’elle a voulu me laisser la surprise de presque tout découvrir toute seule sur cet Appel.
Black retire sa main et j’inspire de nouveau. Mauvais choix. Il est trop proche, et nous sommes trop seul. Son odeur de miel et de rosée du matin m’englobe et passe par tous les pores de ma peau. Mais l’Appel ne se fait pas ressentir comme la dernière fois. Je ne perds pas le contrôle, je ne fais qu’apprécier la fragrance exquise et attirante. Puis, elle s’éloigne. Je rouvre mes yeux, que je n’ai pas eu conscience d’avoir fermer, et suit l’installation de Black près de moi du regard. J’ai une envie folle de m’approcher et de le toucher. Je m’ébroue mentalement. Je dois me calmer, ne rien laisser paraitre. Ce n’est que mon cavalier, l’ami de mon « petit ami ». Rester sage.
- Pourquoi tu ne voulais pas venir ? Demande soudainement Black, alors qu’il pose son verre sur la table, avant de se tourner vers moi.
- Je n’aime pas les soirées de ce genre. Ce n’est pas ma tasse de thé.
- Remus t’as un peu aussi forcée la main alors ?
J’acquiesce d’un signe de tête.
- J’ai bien essayé de t’envoyer un message télépathique mais tu n’as pas semblé le recevoir. J’attendais que tu refuses.
Un sourire s’épanouit sur ses lèvres, parant ses yeux de petite étincelles d’amusement, rendant don regard plus argenté que gris. Cette modification de ses iris à cause de son humeur me surprend, bien que ce ne devrait pas être le cas. Depuis que je possède ces nouveaux sens, j’ai tendance à remarquer ces infimes changements chez les gens. C’est juste que, chez lui, ils me sautent aux yeux.
- Promis, la prochaine fois, j’ouvrirai un peu plus mon cerveau. Désolé de t’avoir obligé à venir.
J’hausse des épaules, comme si je m’en fichais. C’est fait, maintenant, autant que je m’en accommode.
- Alors Potter ne voulait pas venir seule avec Lily ? Pourtant, c’est une opportunité pour lui, non ?
Black soupire, pose ses coudes sur la table et son menton dans ses mains jointes.
- Le cas de James est un peu compliqué. Et je ne préfère pas en parler, il m’arracherait les yeux si je m’épanchais sur sa vie amoureuse.
Je jette un œil sur les deux Gryffondor qui s’avancent vers nous. Ils n’ont pas l’air en si mauvais termes que cela, ils discutent même gentiment. Est-ce du fait de Lily ou de Potter, je l’ignore, mais l’un des deux semblent faire des concessions pour, au moins, passer une soirée agréable. Un bon point pour celui qui a prit l’initiative.
- Et avec Remus, comment vous en êtes arrivés à vous mettre ensemble ? Me demande Black, en portant son verre à sa bouche. Il n’a pas voulu en parler.
Je détourne la tête, refusant moi aussi de répondre. Ce n’est pas comme si j’allais lui dire la vérité, et je ne vois pas quel genre de mensonge inventer. Je préfère, et de loin, me taire. Je regarde donc les deux Gryffondor nous rejoindre et s’installer près de moi, en même temps que les autres. Le professeur Slughorn s’assied à la place d’honneur et, une fois tout le monde installé, fait tinter sa cuillère contre son verre. Il porte un toast auquel je n’apporte qu’une oreille distraite, avant de tremper mes lèvres dans mon propre verre, sans boire réellement. Puis, les plats apparaissent sur la table. Nous avons le droit ce soir à un morceau de bœuf épais comme ma cuisse avec une portion de petits pois cuisinés à la tomate. L’odeur de la nourriture qui me monte au nez me fait légèrement grimacer, mais personne ne le remarque puisqu’ils ont tous attaqués leur dîner. Je joue le jeu, et commencer à chipoter ma nourriture du bout de la fourchette.
- Alors, Amandine, fait soudain le professeur d’un ton claironnant, attirant mon attention. Vous permettez que je vous appelle Amandine ?
J’acquiesce d’un léger signe de tête.
- Puisque vous êtes la petite nouvelle de notre groupe, commençons par vous, continue-t-il, tout joyeux. J’aimerais en savoir plus à votre sujet. Il faut dire que vos aptitudes en Sortilèges et Enchantements sont au-dessus de la norme, et c’est un spécialiste tel que le professeur Flitwick qui le dit. Quelqu’un a-t-il pu admirer son sortilège d’Expulsion la semaine dernière ? Demande-t-il à la cantonade.
Potter et Black se raclent discrètement la gorge, amusés.
- Oui, bien entendu, vous étiez là, chers amis. Qu’en avez-vous pensé ?
La question de l’enseignant s’adresse aussi bien à l’un qu’à l’autre, mais c’est Potter qui répond :
- Ne pas se fier à son apparence. Elle a peut-être l’air toute douce, mais elle sait mordre.
Le professeur Slughorn affiche des yeux ronds, et je cache un sourire hilare dans ma main. Si Camille avait été là, elle aurait sûrement éclaté de rire. Ce que je ne suis pas loin de faire moi-même, tellement il est drôle de savoir que Potter ignore être si proche de la vérité. Je reprends rapidement contenance, et intercepte le regard interrogateur du professeur. Je secoue la tête, lui signifiant que non, il n’est pas au courant. L’homme semble subitement aller mieux.
- Dites-moi Amandine, dans quoi travaillent vos parents ?
La fourchette avec laquelle je piquais mes petits pois interrompt soudain son mouvement. Je lève un regard morne sur mon professeur qui, visiblement, n’a pas eu mon dossier scolaire sous les yeux.
- Je suis orpheline, monsieur.
Un blanc s’en suit. Certains me regardent, d’autre préfèrent scruter le professeur en l’attente de sa réaction. Qui ne tarde pas.
- Oh, navré d’en avoir parler Amandine, j’ignorais. Vos parents étaient-ils sorciers ?
Je ne prends même pas la peine de répondre à la question, très indiscrète et assez mal venue. Du peu que j’en sais, ma mère est tombée enceinte de moi par accident, c’était une junkie qui se prostituait pour payer sa drogue. Quand elle a accouché, à l’orphelinat religieux qui m’a recueilli par la suite, les nonnes ont crus à un miracle de me voir en si bonne santé. Ma mère n’avait cessé de se droguer et de boire durant toute sa grossesse, mais j’avais grandi plutôt bien, malgré mon aspect chétif. Quant à mon père, j’imagine que c’est de lui que me vient ma magie. Un sorcier a dû passer devant ma mère par hasard et vouloir se payer un peu de bon temps.
Mon silence face à la question pousse le professeur à s’intéresser à quelqu’un d’autre, un Poufsouffle de quatrième année. Forte heureusement, il est passé à autre chose : je n’aurais sans doute pas su comment réagir s’il avait commencé à parler de ma nouvelle condition. Le dîner entier se passe de cette manière, le professeur Slughorn interrogeant chacun de ses préférés tour à tour sur leur aptitude et leur ascendance. Certains ont de quoi se vanter, d’autres non. Ces derniers ne sont d’ailleurs pas interrogés très longtemps. Au dessert, il nous ait servis des îles flottantes, et le professer Slughorn cesse enfin de nous bombarder de questions. Les discussions volages et mondaines commencent donc. A côté de moi, Lily et Potter entament un échange d’avis sur les chanteurs qui montent en ce moment. Je suis leur conversation d’une oreille distante, l’esprit ailleurs. Je pense déjà à la suite de ma nuit, pendant laquelle je vais pouvoir me défouler en courant et en chassant. Je n’ai qu’une hâte, celle d’y être.
Puis, alors que les desserts finissent de disparaitre dans les bouches, Slughorn se lève de table, et l’orchestre qui nous a accompagné tout le long du repas entame un air de valse. C’est comme un signal de départ que je n’aurais pas compris, et diverse couples se rendent sur la piste de danse au centre de la pièce. Je les regarde d’un œil inquiet. J’ai un peu oublié ce que dîner dansant signifiait. Danser n’a jamais été mon fort car, avec ma maladresse coutumière, j’ai tendance à écraser les pieds de mes partenaires. Je décide donc de rester sagement assise, à regarder les autres faire. Certains semblent mieux s’en sortir que d’autres. Un couple de Serpentard de mon année ont l’air d’avoir fait ça toute leur vie (ce qui est sans doute le cas) tandis qu’un Serdaigle et une Gryffondor d’environ seize ans ont les yeux rivés sur leurs pieds pour éviter de se les écraser mutuellement.
Soudain, une main se pose légèrement sur mon épaule et l’odeur de Black envahit mes sens. Je lève la tête vers lui et constate sa main tendue et son sourire en une invitation à danser. J’ouvre des yeux horrifiés et secoue la tête, refusant. Une moue maligne remplace alors son sourire. Il attrape ma main et me tire vers lui, m’arrachant de ma chaise avant de me diriger vers la piste. Arrivés là, il me fait face, tiens fermement ma main dans la sienne à hauteur de son visage, dirige mon autre main d’autorité sur son épaule et rapproche nos corps d’un mouvement en bas de mon dos.
- Je ne suis pas douée en danse, grincé-je entre mes dents. Merci de m’éviter une humiliation.
Il roule des yeux, sans répondre, et entame la valse au rythme de l’orchestre. Je ne peux que le suivre. Je fixe mon regard sur mes pieds, mais j’ai la surprise de constater que, les mouvements que nous faisons me semblent lent, comme lorsque je marche à rythme humain. Je redresse la tête et croise le sourire de Black.
- Tu vois que tu sais danser, claironne-t-il.
Je lui rends son sourire, timidement, puis finis par éclater de rire discrètement avant de cacher mon visage dans son épaule. Etrangement, il éclate de rire lui aussi. Pourtant, il ne se doute certainement pas que mon hilarité est dû à ma bêtise : j’aurais dû savoir que ma condition de vampire m’offrait un savoir pour la danse grâce à mon agilité.
- Je n’aurais jamais imaginé que te découvrir un don pour la danse t’aurait mise dans un tel état, s’esclaffe Black.
J’hausse des épaules, cessant de rire. Il ne peut pas vraiment comprendre, du moins, pas sans que je me trahisse, et je ne pense pas qu’il soir prêt pour cela. Ni moi d’ailleurs. Au cours de la danse, nous croisons Lily et Potter, valsant avec aisance. La Gryffondor m’adresse un sourire de connivence, que je lui rends avec un peu de retard, surprise par son geste. Puis, nous croisons le frère de Black avec une jeune fille de sa classe.
- Black, je peux te poser une question indiscrète ?
Mon intervention soudaine alors que le silence s’était installée entre nous, surprend mon cavalier. Mais il me permet de satisfaire ma curiosité.
- Tu ne t’entends pas avec ton frère ? Demandé-je alors.
Black ne répond pas. Je relève la tête, scrute son visage. Il affiche un air mécontent, sourcils froncés, lèvres pincés, et, je le devine, le regard braqué sur son jeune frère. Cela répond à ma question. Je repositionne ma tête contre son épaule, alors que la musique s’arrête et qu’une autre commence. Je m’écarte légèrement de Black pour lui signifier mon envie de retourner m’asseoir, mais d’une main autoritaire, il me plaque contre lui et entame la danse suivante, un slow. Mon cœur s’emballe sans que je ne comprenne pourquoi.
- Je ne m’entends pas avec la majorité de ma famille, me confie-t-il alors à mi-voix, ainsi que le plupart des sang-pur. Ne t’étonne donc pas si, lorsque tu es avec nous, les insultes fusent.
Je suis intriguée par ce qu’il vient de dire. J’avais toujours imaginé que Black était un peu comme Potter, choyé par ses parents, solidaire des siens. Je n’avais jamais remarqué les tensions entre lui et les sang-pur, sans doute cachées par la rivalité Gryffondor-Serpentard, maison où finissent une majorité des sorciers issus de famille anciennes. D’ailleurs, en y repensant Black aurait certainement dû atterrir à Serpentard, plutôt qu’à Gryffondor.
- Alors, tu es orpheline ? Fait soudain mon cavalier, hésitant. C’est de naissance ou tes parents sont décédés pendant ton enfance ?
Je pourrais m’offusquer qu’il pose la question, mais comme je viens moi-même de l’interroger sur sa famille, il est sans doute légitime qu’il fasse pareil.
- De naissance. Ma mère est morte en me mettant au monde et je n’ai jamais su qui était mon père.
Je lui sers la version courte, inutile de lui narrer la sordide vérité. Seule Camille sait exactement ce qu’il s’est passé et je me souviendrais éternellement de l’air peiné que prenait son visage à chaque fois qu’elle me regardait. Et ce durant un mois, le temps pour elle de passer au dessus de ça, aussi bien que je l’avais fait.
- Tu vis chez un membre de ta famille ?
Je secoue la tête.
- Je suis en orphelinat. Enfin, était. J’y suis retourné pour la dernière fois aux dernières vacances. Et toi ? Ce n’est pas trop dur avec ta famille ?
La musique s’arrête. Black s’écarte et nous dirige vers nos places à la table en me répondant :
- J’ai quitté mes parents, ceux de James m’hébergent gentiment pendant les vacances. Mais je croyais que tout Poudlard était déjà au courant. Regulus, mon frère, n’a pas été très long à le faire savoir à tout le monde.
J’hausse des épaules alors qu’il boit une gorge de bièraubeurre.
- J’avoue ne m’être jamais intéressée à ta vie en particulier. Je n’écoute pas les rumeurs qui circulent, la majorité sont fausses ou trop exagérées pour pouvoir y retrouver une part de vérité.
Il semble étonné par ce que je viens de dire, au vu du regard qu’il pose sur moi.
- Donc Crow avait bel et bien mentie, dit-il. Je m’en doutais un peu.
Je plisse des yeux. Ainsi il n’a pas oublié l’incident, mais n’y a pas prêté vraiment d’attention. C’est mieux ainsi. Je regarde les danseurs encore présents sur la piste, contemple la valse de Lily et Potter. Ils font un joli couple, étonnement. Peut-être sont-ils compatibles au bout du compte ?
- Tu sais, fais-je soudain, il y a une raison au mensonge de Crow ce jour-là. Tu la connais ?
Il secoue la tête.
- La veille, nous nous sommes croisés à la bibliothèque, et tu m’as emprunté un livre pour un devoir. Elle nous a vu et elle a pensé que je te draguais.
La réaction de Black est assez parlante. Silencieux, les yeux ronds, l’air de penser que je suis folle.
- Je vois que nous sommes deux à trouver cette raison tout à fait ridicule.
Black éclate de rire si fort que les personnes les plus proches de nous se retournent brièvement, avant de retourner à leurs affaires. Je lui enlève son verre de bièraubeurre des mains, avant que les secousses de son rire ne renversent tout sur la table.
- Il faut vraiment que je trouve un moyen de me débarrasser de ces filles, déclare-t-il. Ca devient franchement stupide cette histoire.
- Je ne sais pas si tu peux dissoudre un fan-club qui n’existe pas officiellement.
- Comment tu sais pour le fan-club ? Demande-t-il alors avec beaucoup de suspicion.
- Remus m’en a parlé. Il dit que tu ne le supporte pas et que tu as tendance à fuir ses membres comme la peste.
Black rit jaune.
- J’aimerais pouvoir y arriver. Mais ce n’est pas toujours aussi simple.
Je compatis. Sincèrement. Je n’aimerais pas avoir une dizaine de Crow accrochées au baskets. Et je trouve qu’il le vit plutôt bien. Même si je ne vois toujours pas pourquoi il a un fan-club. Ce n’est qu’un homme comme les autres après tout.
Soudain, je redresse la tête. Une odeur se rapproche, très forte, accompagnée de bruits de course. C’est du sang, je le sais, mais imposant, comme si il y en avait en grande quantité. Puis, la porte de la salle s’ouvre et Grayson, l’amie de Crow se précipite à l’intérieur. Son jean et son pull sont tachés de sang. Humain. Je me lève et recule précipitamment, frappée par l’odeur, l’estomac retournée. La musique s’arrête, les danseurs et les discussions aussi. Grayson, les cheveux en pagaille, semble paniquée. Elle jette des regards perdus dans la pièce avant de fixer ses yeux sur le professeur Slughorn.
- Be . . . Betty, bégaye-t-elle, avant de s’évanouir.
Le professeur se précipite alors sur elle, comme tous les autres. Je me rapproche aussi, mais prudemment. L’odeur est forte et toujours présente. Elle m’enveloppe et s’impose. Le professeur Slughorn tapote les joues de Grayson pour la faire revenir à elle, sans succès. Je tourne mon regard vers la porte ouverte où Rusard ne joue plus son rôle de portier. L’odeur du même sang que celui qui imbibe les vêtements de Grayson entre dans la pièce par là. Je regarde tout ceux qui m’entourent. Bien sûr, aucun d’eux ne peut sentir ce que moi je perçois. Ils ne peuvent que tenter d’éveiller Grayson pour qu’elle leur dise ce qu’il se passe, et où. Le château est tellement grand, qui sait où est Betty. Car c’est son sang que je reconnais. Et vu la quantité qu’il y a déjà sur notre camarade, je n’ose imaginer dans quel état elle se trouve.
Décidant que nous avions assez attendu comme ça, je cours hors de la pièce et me dirige à mon odorat pour retrouver Betty. Je parcours le long couloir à vitesse vampirique et m’arrête devant une pièce dont la porte est ouverte. Mon estomac et mon cœur font alors un looping. Betty est allongée par terre, près de la porte, les yeux grand ouverts, le corps pâle. Une mare de sang entoure sa tête s’écoulant d’un orifice non naturelle : deux trous dans le cou.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeMer 18 Mar - 17:06

Chapitre 11 : Dans le parc


Je ressers ma cape autour de mon corps. Non que j’ai froid, c’est l’horreur de ce que je viens de découvrir qui me fait frissonner. Betty est là, devant mes yeux, véritablement morte, et toutes les preuves hurlent qu’un Faucheur a fait le coup. Mais je n’arrive pas à y croire. Comment un tel vampire a pu pénétrer dans l’enceinte du château et s’attaquer à un élève ?
Mes yeux papillonnent alors que mon odorat m’indique que je suis rejointe par une foule de personnes, dont le professeur Slughorn, Black, Potter et Lily. J’en déduis que Grayson est revenue à elle et leur a dit l’essentiel. Les bruits de pas s’arrêtent dans mon dos et un hurlement strident retentit. J’entends des supplications envers Merlin ou dieu qui fusent, prononcées certainement par ceux qui, comme moi, n’osent croire ce qu’ils voient. Mes yeux restent fixés sur le visage surpris et horrifié de Betty, qui s’est vu partir, qui a compris ce qui lui arrivait. Je sais ce qu’elle a ressenti, la sensation des crocs qui s’enfoncent dans la jugulaire, la peur quand on constate que l’attaquant est plus fort, que l’ennemi vous tue. Ca vous glace le sang.
Soudain, une main légère se pose sur mon épaule. C’est mon professeur.
- Amandine, allez chercher le professeur Dumbledore je vous prie. Miss Evans vous accompagnera.
Je m’arrache à la vue du corps sans vie de Betty et m’approche de Lily. Elle est plus loin dans le couloir, assise par terre, la tête entre les genoux. A côté d’elle, Black est debout, le regard vide et perdu sur le mur d’en face. Point de Potter en vue. Arrivée à la hauteur de la Gryffondor, je m’accroupis.
- Lily, il faut aller chercher le professeur Dumbledore. Il faut le prévenir. Tu connais son mot de passe ?
Elle relève la tête, acquiesce. Je lui tends ma main qu’elle attrape pour se remettre debout et se tourne vers Black.
- James est parti aux toilettes. Tu devrais peut-être aller voir comment il va.
Black hoche la tête puis se dirige vers le bout du couloir, loin des lieux du crime. Maintenant, je sais où est passé Potter. Lui, au moins, a eu une réaction normal a la vue de tout ce sang. Lily me guide alors vers les escaliers, courant. Je constate qu’elle n’a pas lâché ma main et qu’elle n’en a sans doute pas l’intention avant un long moment. Je comprends son besoin de réconfort et d’attention, ce que je n’ai pas le cœur à lui refuser. Et j’en ai aussi un peu besoin.
Nous ne mettons pas deux minutes à parvenir devant une gargouille affreuse, à qui Lily chuchote un mot de passe que je fais semblant de ne pas entendre. La statue s’écarte et dévoile un escalier mobile qui nous mène droit vers les appartements du directeur. Devant la porte, Lily frappe deux coups puissants sur le pan de bois. Quelques secondes s’écoulent avant que le professeur Dumbledore ne nous ouvre, vêtu d’une robe de chambre jaune pâle, et l’œil vif. Il ne dormait pas.
- Miss Dawn, miss Evans ? Ne devriez vous pas être en train de vous amuser à l’heure qu’il est ?
Lily ouvre la bouche, mais aucun son n’en sort, sous le regard surpris et interrogateur du directeur. Elle est encore sous le choc, je décide donc de prendre la relève.
- Betty Namib est morte, monsieur. Nous venons de découvrir son cadavre dans une classe du premier étage. Le professeur Slughorn nous envoie.
Je suis surprise de constater que ma voix n’a pas tremblé, réaction à laquelle je m’attendais. Je suis sans doute moins choquée que les autres : la vue du sang ne me fait pas beaucoup d’effet, surtout celui d’un être humain. Lily enserre ma main quand je finis de prononcer les mots et le regard du professeur Dumbledore se voile. Il nous passe devant, la porte de son bureau claquant dans notre dos et ouvre la marche en descendant précipitamment les marches jusqu’à la gargouille. C’est tout aussi rapidement qu’il parcourt les couloirs et les escaliers qui mènent au premier étage et, lorsque nous arrivons non loin de la salle, Lily et moi ralentissons. Nous ne sommes pas désireuses de contempler à nouveau ce spectacle.
Dans le couloir, les élèves sont partis, sans doute renvoyés dans leur dortoir. Les professeurs ont pris leurs places. A l’odeur, je sais que Mme Pomfresh est là elle aussi, et si je ne la vois pas, c’est qu’elle est auprès de Betty, avec le professeur Gray que je sens mais ne vois pas non plus. Les adultes présents dans le couloir nous regardent, puis le professeur Flitwick nous indique les toilettes d’un mouvement de pouce.
- Sirius et James doivent être encore là-bas, devine Lily.
Elle me tire alors vers le fond du couloir. En passant devant la pièce, Lily garde les yeux rivés au sol. Quant à moi, je risque un dernier regard sur Betty. Je ne la vois pas, le professeur Gray me barrant la vue, mais j’intercepte le regard du professeur Dumbledore sur moi. Il fronce des sourcils et discute avec le professeur Slughorn. Intriguée, je dresse l’oreille et arrive à entendre ce qu’ils se disent.
- Non, Horace, répond le directeur à une question que je n‘ai pas entendu, je suis sûr que miss Dawn n’est pour rien dans cette affaire. Elle est de la Caste, elle ne boit pas de sang humain. Il faut se tourner vers une autre piste.
Lily ouvre la porte des toilettes, et je cesse d’espionner la conversation. Le professeur de Potion doute de moi et pense que j’ai attaqué Betty. Je suis blessée par ce soupçon, mais je sais que je n’ai rien à me reprocher. Black pourra en être témoin, je ne l’ai pas quitté de la soirée, et avant ça, j’étais avec Lily.
Dans les toilettes, nous découvrons Black et Potter, assis par terre côté à côte. Ils semblent avoir assez récupéré de ce qu’ils ont vus. Quand nous entrons, ils lèvent tous les deux leurs têtes vers nous, et Lily explique où nous étions passés :
- Nous sommes allés chercher le professeur Dumbledore. Tous les élèves ont été renvoyés dans leurs dortoirs apparemment et les professeurs sont déjà là.
Potter baisse son regard sur le sol.
- J’aurais dû y aller avec toi, fait-il. Je suis Préfet-en-Chef, c’était à moi de t’accompagner, pas à Amandine.
Je sursaute légèrement quand je l’entends prononcer mon prénom. C’est la première fois, et j’ai plus l’habitude d’être nommée par mon diminutif. L’utilisation de cette appellation envers ma personne semble signifier que Potter et moi ne sommes plus totalement des étranger. Est-ce à cause de ce que nous vivons ce soir ?
- Ne t’en fais pas, ce n’était pas un problème, m’empressé-je de le rassurer. Je comprends que tu ne te sois pas senti bien après ce que tu as vu.
Potter lève ses yeux vers moi et me tends un sourire timide. J’arrive à le lui rendre, sans que ça ne paraisse étrange. Black se lève alors en soupirant et passe une main stressée dans ses cheveux.
- Est-ce que vous comprenez ce qu’il s’est passé vous ? Demande-t-il en commençant à faire les cent pas dans les toilettes, devant les lavabos. Comment est-ce qu’elle est morte ?
Il semblerait que je sois la seule à avoir remarqué la trace de morsure dans le cou de Betty. Je décide donc de ne pas leur confier ce que je sais, préférant attendre ce que vont dire les professeurs le lendemain, pour expliquer la mort de notre camarade.
- Vous croyez que ça a un lien avec Vous-savez-Qui ? Demande Lily en murmurant.
Je lui jette un regard étonné. Vous-Savez-Qui est un mage noir qui monte en puissance depuis plusieurs années, assassinant tous les sorciers qu’il juge indignes de pratiquer la magie, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas de sang-pur. Rien que durant les dernières vacances, il a fait plus d’une trentaine de morts. Les rumeurs disent qu’il craint le professeur Dumbledore, et que c’est la raison pour laquelle il n’a pas encore essayé de s’en prendre aux élèves de Poudlard. C’est aussi à cause de lui et de ses idées que Serpentard s’éloignent de plus en plus des autres maisons : la plupart des partisans du seigneur sombre, appelés Mangemorts, sont issues de la maison Serpentard. Mais l’idée de Lily ne m’avait même pas traversé l’esprit, bien qu’elle soit possible. Un Faucheur aurait pu tuer Betty, et être à la solde de Vous-savez-Qui.
- Il ne peut pas entrer dans Poudlard, répond Potter. Il y a beaucoup de protections pour l’en empêcher, lui et ses Mangemorts.
Lily et moi posons un regard surpris sur sa personne. Comment est-ce qu’il sait tout ça ?
- Mon père est Auror, il a participé à la protection du domaine, dit-il en haussant des épaules d’un air désinvolte, réponse à notre question muette.
Puis, la porte des toilettes s’ouvre, laissant passer le professeur McGonagall. Elle n’est pas surprise de nous trouver là, mais son regard laisse paraitre à quel point la découverte d’un mort dans l’école l’a chamboulé.
- Vous devriez rentrer dans vos dortoirs maintenant, nous dit-elle. Et surtout, évitez de parler de ce qu’il s’est passé. Le professeur Dumbledore annoncera le décès de miss Namib demain matin.
Potter se lève et nous sortons tous, comme demandé par le professeur. Nous passons devant la salle où est morte Betty mais aucun de nous ne regarde à l’intérieur. Nous quittons rapidement le premier étage et nous engouffrons dans les escaliers. Lily, qui n’a pas lâché ma main depuis le début, tremble. Je serre sa poigne, suffisamment pour essayer de la rassurer, et pas assez pour lui broyer les os. Arrivés au cinquième étage, je m’arrête, obligeant les autres à faire de même.
- Je ne vais pas plus loin, ma maison se trouve par là, fais-je en restant évasive.
- Ca ira, toute seule ? Demande Black. Tu ne veux pas que je t’accompagne ?
Je secoue la tête.
- Je ne suis pas loin. Essayez de passer une bonne nuit.
Ils acquiescent, et je m’arrache difficilement à la main de Lily. Elle n’est pas rassurée. Je lui adresse un sourire engageant avant de me fondre dans la noirceur du couloir, d’où je me mets à courir pour rejoindre mon dortoir. Je décide de dormir d’abord, et d’aller chasser ensuite. J’ai peur que, en allant dans la forêt maintenant, je croise le meurtrier de Betty.


O0o0O


Le professeur Dumbledore se lève. Toutes les conversations s’interrompent instantanément, et les bruits de conversation qui parvenaient jusqu’à moi depuis la Grande Salle se tuent. Soupirant, je pose ma main sur la marche de marbre au dessus de moi et tapote une mélodie inventée sur le moment. Je ne devrais pas me trouver dans l’escalier du hall, mais avec les autres, à l’intérieur. Seulement, je viens tout juste de rentrer de ma chasse. Elle a été violente, plus que d’habitude. La colère et la peine se sont extériorisées de cette manière et j’ai du sang partout sur mon tee-shirt jaune. Je ne peux décemment pas traverser le couloir ainsi. A moins de passer à vitesse vampirique, et là, personne ne me verrait. Mais je veux aussi entendre comment le directeur va annoncer la nouvelle aux autres.
- Chers élèves, c’est avec beaucoup de peine que je dois vous annoncer une mauvaise nouvelle ce matin. Votre camarade, Betty Namib, est décédée cette nuit. Je comprends combien cette disparition soudaine vous affectera tout autant qu’elle affecte le corps enseignant, c’est pourquoi des psychomages seront présents toute l’après-midi si le besoin s’en fait sentir.
Alors que le directeur termine son annonce, des murmures apparaissent, ainsi que des pleurs. Betty avait beaucoup d’amis, ainsi qu’un jeune frère à Poufsouffle. J’imagine que ses parents seront là dans la journée et qu’une enquête va être menée. Baissant les yeux sur mon jean sombre, je me remémore ce que j’ai vu cette nuit. Il est clair que Betty a été agressé par un vampire. Mais par la Caste ou par un Faucheur ? Je penche plutôt pour la seconde catégorie, puisqu’elle est morte. Mais apparemment, le Faucheur a été interrompu par son repas, certainement par Grayson, puisque Betty était couverte de sang. Les Faucheurs vident toujours leurs victimes, c’est bien connu. Mais la question est : comment une telle créature a-t-elle pu pénétrer dans le château ? Et pourquoi s’attaquer à une élève ? Il y a tellement de « repas » potentiels au-delà des limites du domaine de Poudlard, alors pourquoi s’embêter à venir manger ici ?
Dans la Grande Salle, des déplacements se font entendre. Je relève la tête, constate que certains élèves quittent la pièce. Je me relève alors et fuse dans les escaliers avant que qui que ce soit puisse s’apercevoir de ma présence. Je cours jusqu’à la tour de Serdaigle et ce n’est que devant le tableau que je reprends allure humaine. Je donne le mot de passer et pénètre dans la salle commune vide. Je grimpe l’escalier qui mène à mon dortoir et m’enferme dans la chambre. Un soupir m’échappe. Mon regard est attiré par le lit de Betty, vidé de ses affaires personnelles. Je m’approche, caresse d’une main les draps faits. Il est malheureux qu’une telle horreur soit arrivée à une personne aussi gentille et agréable que ma camarade. Betty ne méritait pas un tel sort. Je m’agenouille devant le lit et pose le nez contre les draps. Son odeur est encore là, subtil. Les draps n’ont pas été changés. C’est la même odeur que dans la pièce où elle a été tué, mais en plus diffus. Une larme m’échappe. Je l’essuie avant qu’elle ne souille le lit. Une trainée de sang colore le dos de ma main. C’est aussi une des raisons pour laquelle je n’ai pas paniqué devant le corps de Betty, ou que je n’ai pas rejoint les autres pour l’annonce. Si je m’étais mise à pleurer, j’aurais eu du mal à m’expliquer, et dans le cas contraire, je me serais attiré les foudres des autres. Autant ne pas leur donner un sujet de discussion aussi croustillant.
Je me relève, lisse le drap que j’ai chiffonné et m’avance vers ma valise de laquelle je tire un pull bleu. Je me débarrasse de mon tee-shirt et passe le pull, avant de jeter mon vêtement sale dans le bac à linge et de le cacher tout au fond. Des bruits retentissent dans l’escalier. Je reconnais les pas de Grayson et de Crow. Je me dirige alors vers la salle de bain pour me rafraichir le visage. Dans le miroir, je constate que des stries rouges me barrent le visage, souvenirs de mes pleurs dans la forêt. Je m’empresse d’effacer ces preuves, ainsi que celles sur mes mains. La porte du dortoir s’ouvre, les deux filles entrent. Grayson sanglote, alors que Crow tente de la réconforter avec quelques mots gentils.
- Calme-toi, Cassandra, calme-toi. Ca va passer.
Les pleurs de Grayson s’intensifient, et le bruit d’un tissu qu’on touche m’apprend que Grayson s’est allongé sur son lit.
- C’était horrible, Jessie, tout ce sang. Et cet . . . Cet créature qui . . . Qui . . . Si j’avais su, si j’avais deviné, jamais je n’aurais laissé Betty toute seule. Je m’en veux. Si tu savais, comme je m’en veux.
Grayson repars en sanglots et lamentation alors que Crow prononce des « chut » rassurant. Je coupe l’arrivée d’eau, m’essuie les mains et le visage avec une serviette, puis sors de la pièce. Crow se retourne sur moi quand je pénètre dans la pièce.
- Ah, tu étais là, fait-elle d’une voix atone.
J’acquiesce d’un signe de tête.
- Tu es au courant pour Betty ?
J’acquiesce de nouveau, avant de dire :
- J’étais au Club de Slug quand Grayson est venu prévenir le professeur. J’étais l’une des premières personnes après elle à avoir vu Betty.
Crow se tourne de nouveau vers moi, interrogative. Je comprends ce qu’elle veut savoir.
- Elle a été tué par un vampire. Un Faucheur, j’imagine, puisque ceux de la Caste se nourrissent d’animaux.
Le regard de ma camarade se voile, puis elle reporte son attention sur son amie qui s’endort, comme l’atteste les sanglots qui s’espacent, puis finissent pas disparaitre. Crow semble décider à rester près d’elle alors, consciente d’être de trop, je quitte la chambre. Il y a du monde dans la salle commune quand j’y descend, certains pleurent, d’autres sont effondrés. Comprendre que Poudlard n’est plus le summum de la sécurité en ces temps de guerre à de quoi mettre un grand coup de bambou au moral. Je sens ensuite l’odeur de Camille se rapprocher. Je me tourne vers elle. Elle vient de pénétrer dans la salle commune, et ses joues sont striées de larmes.
- Oh, Mandy, c’est affreux, gémit-elle avant de se jeter dans mes bras pour y pleurer tout son soûl.
Je lui caresse le dos, geste vain pour la réconforter. Je ne suis pas la seule à le faire dans la pièce, mais cela me met quand même mal à l’aise. C’est bien la première fois qu’une telle chose arrive.


O0o0O


De la neige tombe doucement et silencieusement des nuages blanc et épais qui nous surplombent. Camille, calmée, les regarde voleter jusqu’à nous, morceaux de coton fragiles qui fondent au contact de la chaleur de l’herbe. Je fais de même, bercée par le silence environnant, plus reposant que l’air lourd de douleur et de peine du château. Mon amie lève les mains et, les yeux fermés, apprécie le froid des flocons qui atterrissent sur ses paumes.
- Qu’est-ce que c’est calme, dit-elle alors. On dirait que le temps s’est arrêté.
Je la regarde et son regard croise le mien. J’acquiesce à sa réflexion, puis nous retournons à notre contemplation du ciel. Il n’avait plus neigé depuis le début des vacances. Je me souviens de ce premier jour lors de mon retour à l’orphelinat. Les plus jeunes étaient sortis dans le jardin et faisaient des batailles de boules de neige, des bonhommes ou gravaient des anges dans le sol. Je m’étais installée dans la salle de lecture, assise sur bord de la fenêtre, un coussin sous les fesses et un polar dans les mains. Les religieuses qui nous gardaient étaient toutes dehors, à surveiller les jeux, parfois même y participaient. J’avais alterné la lecture et la contemplation du jardin. Je me souviens avoir pensé que c’était la dernière fois que je voyais cet petit coin de verdure si connu, recouvert d’un magnifique manteau blanc.
- Mandy, j’étais en train de repenser aux prochaines vacances, fait soudain Camille. Tu te souviens, mes parents t’ont invités à venir avec nous. Tu pourras y réfléchir ?
J’avais oublié cette invitation. Ça me semble être une autre vie. Celle de la Mandy humaine. J’ignore si les vampires supportent bien le soleil et les grandes chaleurs. Sans doute, puisque nous y sommes insensibles.
- Tu penses que c’est une bonne idée que je vienne ? Lui demandé-je. Et s’il n’y avait pas de lieu où je puisse me nourrir ?
- La Côte d’Azur regorgent de forêts d’après mon père. Tu pourras t’éclipser la nuit et t’éloigner pour chasser. Je ne pense pas que ça posera de problèmes.
Je pèse le pour et le contre, et décide que ce ne serait pas une mauvaise idée. Prendre des vacances, ça ne m’ait encore jamais arrivé, à part les fois où je passais la dernière semaine d’Août chez Camille. Mais je n’ai encore jamais quitté l’Angleterre. Je confie ma décision à Camille, qui affiche en retour un grand sourire ravi.
- C’est cool. Je crois qu’on va en avoir besoin. Après les ASPIC’s, la détente, c’est ce qu’il y aura de mieux.
J’acquiesce, au moment où je perçois de bruits de pas, tout proche de nous. Il y a plusieurs personnes, quatre en fait. A leurs odeurs, je reconnais les maraudeurs. J’avertis Camille de leur proximité. Elle se retourne et regarde au-delà du chêne qui nous cache légèrement. Elle fait un signe de main, me prouvant qu’ils l’ont vus. Je les sens alors s’approcher de nous. Mon cœur s’emballe. Je ne les ai pas vus depuis la soirée dansante hier soir.
- Salut, font-ils d’une même voix en apparaissant devant nous.
- Bonjour, réponds-je en même temps que Camille leur adresse un signe de main à peu près joyeux.
Ils s’assoient face à nous, grimace quand ils constatent le froid du sol.
- Qu’est-ce que vous faites dehors ? Leur demande Camille. Je croyais que nous étions les seuls assez dingues pour sortir.
- Ma mère est psychomage, répond Pettigrow. Elle fait partie de ceux qui viennent aujourd’hui, et nous voulons lui dire bonjour. Et vous ?
- Mandy avait besoin de calme, et la tour de Serdaigle n’est pas le meilleur endroit pour ça en ce moment. On a alors décidé de venir au bord du lac, sans penser qu’il se mettrait à neiger.
Un silence s’installe. Je lève le visage. La neige s’arrête peu à peu de tomber. C’est dommage. J’aime la voir s’écouler du ciel et voleter jusqu’à la terre, où elle se dépose délicatement sur le sol chaud avant de fondre. C’est si doux, un flocon.
- Comment s’est passé la soirée hier ? Enfin, en omettant l’épisode avec Betty.
Tout le monde se tourne vers Camille. Les regards de Black et Potter se voilent de tristesse. Mais ils se reprennent, pour répondre à la question.
- C’était sympa, répond Potter avec un haussement d’épaules désinvolte. Mais ça ne cassait pas des briques non plus.
- J’ai appris à danser à Amandine ! S’exclame ensuite Black, fier de lui.
Je lui lance un regard meurtrier.
- Tu ne m’as rien appris, riposté-je.
- Tu m’as dit que tu savais pas danser, et quand on s’y est mis, tu savais. Donc je t’ai appris.
- En fait, t’étais tellement lent, ce n’était pas compliqué de suivre tes pas. Je n’ai pas eu besoin d’apprendre.
Black pousse un cri offusqué et fronce des sourcils. J’affiche un léger sourire en coin, signe que je n’étais pas sérieuse. Son air disparait aussitôt pour laisser place à une moue agacé.
- J’avoue, tu m’as bien eu, fait-il alors que ses amis s’esclaffent.
J’hausse des épaules. Ce n’était pas non plus totalement un mensonge, il ne m’a réellement pas appris à danser. Sauf qu’il n’est pas obligé de le savoir.
Nous passons la majeur partie du reste de la matinée à discuter sous le chêne. Tout comme nous, les maraudeurs ne semblent pas désirer retourner dans leur tour, sans doute tout aussi lourde d’atmosphère que la nôtre. Loin de ce que j’aurais pu imaginer au travers de ce que je sais d’eux, les quatre jeunes hommes sont agréables, et joueurs. Aussi bien envers nous qu’entre eux, ils n’ont de cesse d’envoyer des piques, des boutades, des moqueries sans méchancetés. Ils sont d’une compagnie humoristique et joyeuse, je me surprends à sourire et à rire plus souvent que d’habitude. De temps à autre, Potter ou Black lance une allusion, un sous-entendu peu discret à la relation qui nous lie Remus et moi. Enfin, soi-disant relation. Lui et moi le prenons avec philosophie, sans répondre. Nous devinons, l’un et l’autre, que les deux garçons finiront par se lasser. Camille et Peter finissent par se découvrir de nombreux points communs, et discutent entre eux de leur passion pour les créatures magiques. Remus en profite pour demander des détails sur la soirée de Slughorn. Potter raconte qu’il a passé une des meilleurs soirées de toute sa vie grâce à Lily, et ses yeux sont tellement doux quand il évoque la Gryffondor qu’il est difficile d’ignorer à quel point il l’aime. Il est dommage que Lily ne se rende compte de rien, je suis certaine qu’elle pourrait être heureuse avec lui. J’espère qu’elle lui laissera sa chance.
Potter est interrompu dans son ode à la grâce de Lily, quand des bruits de conversations que j’avais perçu bien avant eux, se font entendre. Nos conversation cessent lorsque les blouses rouge pâle des psychomages se frayent un chemin dans le parc. Ils sont accompagnés de Mme Pomfresh et du professeur McGonagall que nous n’avions pas vu passer en sens inverse. Nous les suivons du regard lorsqu’il rejoigne le château, jusqu’à ce qu’ils soient hors de vu. Pour les humains. Mais je fais comme si, moi non, plus je ne pouvais plus les voir.
- Vous comptez aller voir l’un d’entre eux ? Demande alors Remus.
Potter et Black font comme si ils n’avaient pas entendu la question, et préfère accorder leur attention à la pelouse. Remus se tourne alors vers moi, interrogateur. Je secoue la tête.
- Tu ne penses pas en avoir besoin ? Me demande-t-il ensuite.
Je pouffe ironiquement, alors que Black et Potter s’intéressent à notre échange.
- Tu crois vraiment qu’un peu de sang me fait peur ? Je suis triste pour Betty, c’est vrai, c’était une fille géniale. Mais pas au point d’avoir besoin de m’épancher auprès d’un médicomage. Je n’étais pas très proche d’elle.
- Ce qu’on a vu . . . Ça ne t’a pas choqué ? M’interroge Potter, sidéré.
J’hausse des épaules.
- Si, bien sûr. Mais je pense pouvoir vivre avec. Si tout le monde avait besoin d’un psychomage, à chaque fois qu’il voyait un mort, cette branche de la magie serait millionnaire. Il y a des personnes qui supportent mieux que d’autres ce genre de situations. C’est peut-être aussi le cas pour l’un de vous deux.
Potter évite mon regard, Black le soutient. J’avais deviné que mon Calice était plus à même de supporter ce genre de scènes que Potter. Il vaudrait mieux pour lui d’ailleurs, s’il doit un jour être ma seule source d’alimentation.
- Ne sois pas gêné d’avoir besoin de parler à un professionnel, fait alors Remus en constatant l’attitude de Potter. Tu ne seras pas le premier, ni le dernier.
Potter ricane et ses lèvre s‘étirent en un semblant de sourire jaune.
- Il faudra que je m’habitue à ça si je veux devenir brigadier, non ?
Remus sourit et acquiesce. Je suis surprise d’apprendre que Potter veut devenir brigadier de police magique. Ce n’est pas un métier glorieux, sauf quand on arrive tout en haut de l’échelle et qu’on participe aux arrestations et tout ça, mais en général, ce poste c’est du gratte-papier. J’ai participé, lors de mes vacances d’été d’il y a eux ans, à une exposition des métiers du monde magique, réservé aux enfants de moldus. Là-bas, j’ai appris tous les postes auxquels on pouvait accéder, et comment. J’ai, pour ma part, jeté mon dévolu sur le métier de guérisseur, et n’ai plus changé depuis.
- Tu veux rester brigadier, demandé-je à Potter, ou t’orienter ensuite vers tireur d’élite ?
Potter hausse des épaules.
- Je ne sais pas encore. Tireur d’élite m’intéresse, mais ma mère n’aime pas trop cette idée, elle ne veut pas que j’ai un métier dangereux.
- Ce qui est assez ironique quand on sait que ton père est auror et ta mère chasseuse de dragon, commente Black, une moue amusée accrochée aux lèvre.
Je suis impressionnée par les métiers des parents de Potter. Ce ne sont pas des postes sécurisés, ce qui est effectivement assez drôle quant à la réaction de sa mère.
- Et toi, tu as déjà une idée ? Me demande Potter.
- Oui, je serai guérisseuse. Je travaille dur pour ça, il n’y a aucune raison que j’échoue. Quand j’étais enfant et que je ne connaissais rien du monde magique, je voulais déjà être médecin. Je conserve mon rêve, j’ai juste changé de monde et d’appellation.
- Les médecins, ce sont bien les guérisseurs moldus ? Interrogent Black.
J’acquiesce.
- Et toi, que veux-tu faire ? L’interrogé-je en retour.
Il affiche un sourire en coin, un peu mauvais.
- Auror.
Surprise, j’hausse un sourcil. Black veut donc devenir un chasseur de mage noir. Un métier glorieux, bien qu’un peu inattendu de sa part. Surtout si ce qu’on entend dire est vrai.
- Chasseur de mage noir, fais-je. Tu n’as pas peur de devoir abattre des gens de ta famille ?
Le regard de Black tourne au noir meurtrier.
- Ce n’est un secret pour personne, même pour une née-moldue comme moi, poursuis-je. La famille Black est réputé pour son amour envers la magie noire.
Sa mâchoire se contracte, et je constate que Potter et Remus nous guettent, prudents et attentifs, comme si la discussion pouvait à tout moment tourner au duel. Pourtant, je n’ai aucune mauvaises intentions, je ne fais que relater des faits. Et si Black veut devenir Auror, il va bien falloir qu’il s’attende à ce genre de réflexions. Personne ne lui fera de cadeaux dans ce milieu, c’est sûr et certain. J’incline légèrement la tête sur le côté, et lui tend un regard curieux. Il se calme instantanément. Ses amis respirent mieux.
- Je ne suis pas comme ma famille, marmonne alors Black en jouant avec un brin d’herbe.
- Je me doute, sinon tu ne serais pas en froid avec ton frère, tu ne déciderais pas d’être auror et tu ne m’aurais pas prévenu pour les dommages collatéraux avec les Serpentard.
Il relève la tête, surpris. Je suis vexée de constater qu’il n’ait pas vu plus loin que son nez.
- Black, je tiens tout de même à te rappeler que je suis à Serdaigle. Je ne pense pas que le choixpeau m’y ait réparti pour rien.
Potter éclate de rire, passe une main négligée dans ses cheveux et désordonne sa chevelure qui n’en avait pas besoin. Black ne tarde pas à le suivre dans son hilarité.
- D’accord, m’accorde ce dernier, je penserais à m’en souvenir à l’avenir.
Attirés par les rires, Pettigrow et Camille interrompent leur échange et portent leur attention sur nous. Je leur fais signe qu’il ne se passe rien d’intéressant et ils retournent à leurs affaires. Je croise alors le regard de Remus. Il m’adresse un clin d’œil amical. Je fronce des sourcils, ne comprenant pas. Il se rapproche alors, m’imposant son odeur pour la première fois de la journée, et glisse au creux de mon oreille :
- Félicitation, tu viens d’entrer dans le cercle très restreint des amis des maraudeurs.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeJeu 19 Mar - 9:42

Chapitre 12 : Surprise au cœur de la nuit

L’infirmerie est pleine à craquer d’élèves et de psychomages. Ils ont même investis les salles de classe alentours. Mme Pomfresh se trouve dans le couloir, une tasse de café à la main, le regard tourné vers le parc où il a commencé à pleuvoir quelques minutes plus tôt. C’est ce qui nous a poussé à quitter la sécurité du chêne sous lequel nous nous étions posés. Sans vraiment nous concerter, nous nous sommes ensuite dirigé vers le couloir de l’infirmerie, qui se trouve cette année au troisième étage.
Peter - les maraudeurs en ont eu marre de m’entendre les appeler par leurs noms et m’ont convaincus d’utiliser leurs prénoms - cherche activement sa mère, tandis que Sirius tente de faire entrer James dans une des salles où une psychomage attend son prochain patient. Ce dernier semble réticent à l’idée, comme l’atteste la manière dont il s’accroche à un morceau de pierre dépassant du mur et la façon dont Sirius tire sur le second bras de James. Et ils ne semblent pas se rendre compte du ridicule de leur situation. Remus, sans doute excédé par leur jeu, s’approche et convainc Sirius de laisser son ami tranquille. Ce qu’il fait.
Peter semble avoir finalement trouvé sa mère puisqu’il disparait dans l’infirmerie et que Camille me rejoint, s’étonnant du manège des trois autres maraudeurs comme le prouve le regard qu’elle leur lance.
- Qu’est-ce qu’il font ? Me demande-t-elle lorsque James frappe durement l’arrière du crâne de Sirius.
Je hausse des épaules.
- J’avoue ne pas avoir tout à fait compris, lui confié-je. Sirius voulait que James aille parler à un psychomage, ce qu’il refusait catégoriquement, puis Remus est intervenu. Et voilà.
Je conclus ma phrase en désignant Sirius qui frotte énergiquement le crâne de James, coincé sous son aisselle. Les garçons ont parfois de drôle de jeu. Remus nous rejoint, las. Il semble avoir l’habitude des excentricités des deux énergumènes.
- Ça leur prend souvent ? Demande Camille en désignant les deux amis.
- Une à deux fois par jour, répond Remus en haussant des épaules d’un air fataliste. On s’habitue au fil du temps.
Les deux garçons terminent leur bagarre et nous rejoignent à leur tour, essoufflés.
- Où est Peter ? Demande Sirius en jetant un œil autour de lui.
- Il est avec sa mère, répond Camille en filant un coup de pouce dans la direction de l’infirmerie dont les portes sont hermétiquement scellées, afin de garder un peu d’intimité aux élèves.
Sirius s’adosse alors au mur dans l’attention manifeste d’y attendre Peter. James fait de même et Remus s’installe par terre avant de sortir un livre de son sac. Camille et moi échangeons un regard. Je lui fais signe de partir, elle acquiesce. Nous prenons alors congé des maraudeurs, en leur souhaitant une bonne journée. Nous avons à peine quittés le troisième étage que Camille passe à l’attaque. Elle ne me surprend guère, je m’étonnais d’ailleurs qu’elle ne l’ait pas fait plus tôt.
- Alors, hier soir ? Avec Sirius ? Comment c’était ?
Je hausse des épaules. Ce n’est pas comme si il y avait grand chose à dire. Nous avons passés une soirée somme toute assez ordinaire. Nous montons jusqu’au cinquième étage pour rejoindre notre tour alors que je fais part de mon ressenti envers le Club de Slug à Camille.
- De quoi vous avez discuté ?
- De sa famille, de la mienne. De sujets divers, sans grands intérêts. Tu sais, ce n’était pas un rendez-vous, Cam’, Sirius m’a accompagné pour faire plaisir à Remus, ajouté-je, me demandant si mon amie ne s’emmêlait pas les pinceaux dans cette histoire.
- Je le sais bien, mais c’est légitime de s’intéresser à la personne avec qui on passe une soirée toute entière.
- Bof, moi-même, je ne m’intéressais pas vraiment à lui alors je ne lui en veux pas.
Nous longeons le couloir qui mène au tableau de notre tour. Camille roule des yeux, excédée.
- T’es au courant que tu es censé te rapprocher de lui ?
Je baisse les yeux.
- Je le sais, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Je ne me sens pas à l’aise en sa compagnie, j’ai tout le temps peur de lui faire du mal, de l’attaquer. Si tu savais à quel point sa présence me trouble.
Camille donne le mot de passe au portrait avant de me jeter un regard interrogateur.
- Qu’est-ce que tu veux dire ? M’interroge-t-elle en pénétrant dans la salle commune plus silencieuse que d’habitude.
Je hausse des épaules, me dirige vers un sofa bleu dans un coin de la pièce, installé sous une fenêtre en ogive à travers laquelle nous voyons tomber une pluie torrentielle. Camille s’y laisse tomber, bras écartés, et je me pelotonne dans le coin droit du divan, refusant de regarder mon amie et préférant scruter le ciel gris. Je ne souhaite pas voir l’expression de son visage quand elle entendra ce que je vais lui confier.
- C’est étrange, mais à chaque fois que Sirius me frôlait, me touchait, son odeur était plus imposante. Je pensais qu’à cause de ça, l’envie de me nourrir de lui serait proportionnellement plus forte, ce qui était le cas, mais il y avait autre chose. J’avais aussi beaucoup de difficultés à me séparer de son contact, voire de cesser de le regarder. Je voulais sentir son odeur pour toujours, ne jamais l’avoir loin de moi.
Gêné, je triture un fil du tissu bleu qui s‘effiloche sur l’accoudoir du sofa.
- Ça me fait peur, continué-je. Je ne sais pas à quoi m’attendre. J’aimerais que Lucinda soit là pour m’en dire plus à ce propos.
- Elle ne l’a pas fait ? M’interroge Camille, un soupçon de surprise dans la voix.
Je secoue la tête.
- Elle voulait que j’expérimente par moi-même. Elle m’a assuré qu’une fois le premier Appel ressenti, les autres seraient plus faibles, que je pourrais me contrôler avec un minimum de sécurité. Ce qui est le cas d’ailleurs. Mais je n’ai pas confiance en mes réactions. J’ai peur de perdre le contrôle, et cette fois, il n’y aura personne pour m’arrêter.
La main de Camille se pose sur mon épaule, réconfortante. Je fermes les yeux, goûtant son contact et son odeur à la douceur du chocolat fondant. Je pose ma joue contre le dos de sa main et inspire profondément. J’entends Camille pouffer.
- Qu’est-ce que tu fais ? Demande-t-elle, une note d’amusement dans la voix.
- Je respire ton odeur, lui avoué-je. Tu sais que tu sens le chocolat chaud ? C’est comme un gâteau fondant qui sortirait du four. Et il y autre chose, une touche de parfum floral, mais je ne le connais pas. Tu attirerais n’importe quel Faucheur, alors promets-moi d’être prudente. Ne te promène pas seule dans les couloirs.
Soudain, Camille me tourne vers elle, surprise et un peu angoissée. Elle pose ses deux mains sur mes épaules, les serre.
- De quoi tu parles ?
- Betty. Elle a été mordue par un vampire, un Faucheur. Il y en a un dans les parages.
Camille ouvre de grands yeux ronds quand elle comprend ce que je lui dis. Ses mains tombent de mes épaules alors que son regard se brouille. Puis, une larme coule sur sa joue blanche. Mon odorat m’indique que l’adrénaline se mêle à son sang, signe de panique. J’essaye de la rassurer.
- Nous savons que les Faucheurs ont pris l’habitude de chasser la nuit, pour plus de discrétion, il n’y a donc rien à craindre pour l’instant. Tant que tu ne quittes pas le dortoir pendant la nuit, tout se passera bien.
Elle relève la tête, lâche un soupir et essuie ses joues.
- Et toi ? Si tu le croises pendant tes parties de chasse ?
Je n’ai pas vraiment réfléchi à cette possibilité.
- J’imagine que je verrais ce que ça fait de se battre contre un autre vampire.
Son regard se voile d’inquiétude pour moi et ses sourcils se froncent de colère.
- Promets-moi que, si tu le croises, tu ne l’affronteras pas. C’est dangereux Mandy, tu es une vampire depuis trop peu de temps pour te battre contre un Faucheur. Il aura sans doute plus d’expérience que toi.
Je repense à mon agilité, ma vitesse, la dureté de ma peau. Seul un vampire peut me faire du mal, puisque nous sommes à forces équivalentes, mais je n’avais pas pensé qu’un adversaire de ma race aurait le dessus par son expérience, ce qui est pourtant entièrement logique. J’acquiesce alors d’un signe de tête.
- Promis. Je me tiendrais loin de lui.
Elle soupire d’aise, plus rassurée, puis me sourit. Je le lui rends, au moment où je sens Fred descendre de son dortoir et s’approcher de nous. Camille l’aperçoit du coin de l’œil et son visage se tourne dans sa direction, illuminé par la joie de le voir. Elle se lève et se jette dans ses bras. Fred, le visage défait, la réceptionne avec l’aisance de l’habitude, puis il la serre contre lui, cachant son visage dans ses longs cheveux blonds. Camille, certainement en réponse à ce qu’elle entend venant de son petit-ami, caresse les cheveux de Fred. Je cesse de les regarder, leur conférant un minimum d’intimité et retourne à la contemplation du ciel gris. Je ne sais pas trop quoi penser de ce qu’il vient d’arriver, je ne comprends pas l’attitude de ce Faucheur. Et, sans vraiment savoir pourquoi, j’ai l’impression que quelque chose cloche.
- Tu savais que le père de Betty travaillait au Ministère ?
Sans m’en rendre compte, j’ai laissé mon ouïe reprendre son niveau vampirique et capté la discussion de deux élèves de sixième année. N’ayant rien d’autre à faire et refusant de me prendre la tête a essayer de comprendre les agissements du meurtrier de Betty, je laisse mon corps se détendre. J’entends distinctement tout ce qu’il se dit dans la salle et capte les odeurs de tout ceux présents, mais séparés les uns des autres, pas dans un maelstrom. C’est assez déstabilisant. C’est la première fois que je me laisse aller en présence des autres.
- Non. Il travaille dans quoi ?
- C’est le secrétaire du Ministre. Il parait que c’est lui qui a lancé l’idée de protéger les lieux marchands avec de puissants sorts, alors que personne croyait à l’avènement de Tu-Sais-Qui. C’est ma mère qui m’en a parlé cet été.
- Ah oui, c’est vrai qu’elle travaille au Ministère, elle aussi.
J’ignorais que le père de Betty était aussi important.
- Elle faisait partie du club de bavboules, fait une jeune fille de quinze ans. On jouait souvent l’une contre l’autre, elle était plutôt douée.
Ça aussi, je l’ignorais. Mais je me rappelle vaguement avoir déjà vu Betty avec des bavboules un jour.
Les odeurs de Crow et Grayson se joignent aux autres, m’apprenant qu’elles sont descendus du dortoir. Je les vois s’asseoir sur deux sièges dans l’ombre de la statue de Rowena. Grayson a les yeux rouges et gonflés, preuve qu’elle a pleuré une bonne partie de la matinée. J’entends un ventre gargouiller quelque part dans la pièce, et lance un œil sur ma montre qui affiche midi et demi. Tout le monde va doucement descendre déjeuner.
- J’ai vu son petit frère tout à l’heure. John était complètement effondré, prononce d’une voix lente un troisième année aux cheveux très courts.
- Qui ne le serait pas ? Il vient de perdre sa sœur et personne ne sait comment elle est morte.
Je savais que Betty avait un frère mais ignorait son prénom. Je constate alors que, malgré que j’ai passé plus de six années de ma vie avec elle, dormant et mangeant à ses côtés, suivant les mêmes cours, je ne sais pas grand-chose de sa vie. Fidèle à moi-même, je n’ai jamais cherché à me rapprocher d’elle, à apprendre à la connaître. Et ce n’est qu’une fois sa vie terminée que je m’intéresse à ce qu’elle était. Je prends conscience que mon isolement voulu n’est pas quelque chose de bon avec le temps, que je perds sans doute plus que j’y gagne. Mon corps réagit à cette révélation et mes nerfs me lâchent. Un sanglot, suivit d’un autre, secoue mon être ; je tremble ; les larmes coulent. Je cache mon visage entre mes mains, refusant de montrer les sillons rouges qui marbrent certainement mes joues pâles, et ramène mes jambes contre mon buste avant de poser ma tête contre mes genoux. J’entends alors les pas de Camille s’approcher précipitamment et son corps m’enveloppe.
- Arrête, retiens-toi, souffle-t-elle très bas. Tu es en train de tout laisser s’échapper, tout le monde te regarde.
Je prends alors conscience du silence qui m’entoure, des cœurs qui battent plus forts, des respirations rapides. Je relève légèrement la tête, glisse un œil sous le corps de Camille. Effectivement, tout le monde me regarde. J’ignore pourquoi, mais Camille a vite fait de me l’apprendre.
- Ton charisme, il est trop fort !
Zut, ça m’a trop échappé apparemment. Je ferme les yeux, inspire profondément et remet tout à niveau humain. Une espèce de soupir collectif est poussé et tout le monde retourne à sa vie. Je perçois tout de même les interrogations murmurés des élèves, se demandant ce qu’il m’est arrivé. La plupart d’entre eux émettent l’idée que ma magie m’a échappé. C’est vrai, mais ce n’est pas la magie à laquelle ils pensent.
- Cam’, il ne faut pas que les autres me voient, fais-je d’une voix défaite, encore secouée. Tu veux bien m’accompagner au dortoir ?
Elle me pousse hors du divan, s’efforçant de me cacher du mieux qu’elle peut, puis Fred vient l’aider. Ils m’escortent jusqu’au pied des escaliers, et le jeune homme nous laisse, se trouvant dans l’impossibilité de monter. Camille me mène jusqu’à notre chambre où elle nous fait entrer avant de refermer la porte violemment. Je m’allonge sur mon lit en position recroquevillée, entends Camille s’allonger derrière moi puis serrer nos deux corps. Je laisse alors tout m’échapper de nouveau, sans crainte.

O0o0O

Ce dimanche après-midi là passe à une vitesse extraordinaire. Je n’ai pas quitté le dortoir de toute la journée après être montée. Camille m’a laissé seule au bout d’un moment, histoire d’apaiser son estomac grognant, puis est revenue. Elle n’a cessé de me demander pourquoi je m’étais mise à pleurer tout à coup, si c’était le contrecoup de la mort de Betty. Voyant que je ne répondais pas, elle m’a ensuite demandé si c’était autre chose qui n’allait pas mais je suis restée silencieuse. Je n’arrivais pas à mettre les mots justes sur ce qu’il m’arrivait, comment lui expliquer pour qu’elle comprenne parfaitement, alors je me suis tût tout simplement.
La pluie n’a pas cessé de tomber de la journée et, à l’heure où le soleil était couché depuis bien longtemps, et que les autres filles du dortoir se glissaient dans leurs draps, il pleuvait toujours. Tout doucement, les filles se sont endormies et il ne resta plus dans la pièce que le bruit de leur souffles apaisés. J’ai attendu encore plusieurs minutes, pour être certaines qu’elles étaient dans un sommeil profond, avant de quitter mon lit.
Je pose pied à terre, silencieusement. A travers les fenêtres, la lune presque pleine éclaire la pièce de sa lueur argentée, me permettant de voir comme en plein jour et de me diriger facilement dans la salle. Je passe dans la salle de bain sombre et jette un œil sur mon visage. Mes joues sont pleines de sang, j’ai l’air d’être blessée. Je passe un coup d’eau sur mon visage pour faire partir tout ça et le lavabo se teint peu à peu d’une couleur rouge. Heureusement que personne n’a remarqué mon état, bien enfuie sous mes couvertures. Seule Camille a pu le voir, et je la remercie chaleureusement de ne pas avoir fait de remarques sur mes larmes de sang.
Je quitte la salle de bain, et repasse dans la chambre. Je m’approche de ma valise, l’ouvre et en sors un jean noir et ainsi qu’un tee-shirt uni de même couleur. Je me débarrasse de mes vêtements chiffonnés et passe ceux que je viens de sortir, avant de quitter le dortoir. C’est à vitesse vampirique que je parcours les couloirs et les escaliers et que je rejoins la forêt interdite. Le silence règne en maître sur le parc et le lac, mais une fois sous le couvert des arbres, la vie reprend son cours. Des centaines d’animaux, rongeurs ou mammifères s’affairent. Je marche à travers les arbres, silencieusement, prenant mon temps. Je laisse mon corps s’abreuver des effluves de la forêt, repère un loup au loin, puis un lapin plus près. Je décide de m’en prendre d’abord à l’herbivore.
J’abandonne toute retenue et me précipite entre les arbres. Je slalome, évitant les troncs, colle une peur bleue à tous les animaux que je croise et que j’ignore, puis, voyant une banche brasse, l’attrape et me hisse dessus d’un mouvement fluide. Je ne m’y arrête que l’espace d’une demi-seconde avant de continuer ma course en sautant de branche en branche. L’une d’elle craque sous mon poids, mais je suis déjà loin quand elle finit par céder. J’arrête finalement ma course folle non loin du lapin, me laissant tomber souplement au sol. L’animal, attiré par mon odeur, redresse le corps et les oreilles, sur le qui vive. Je lui saute dessus, avant qu’il n’ait l’idée de s’enfuir et découvre son cou avant d’y planter mes crocs. Le sang s’écoule presque instantanément dans ma bouche et j’aspire vite et fort, comme si je n’avais pas bu depuis des jours. A ce rythme, je ne mets pas plus de deux minutes à le vider entièrement. Puis, je laisse retomber son corps inerte, avant de courir derrière ma prochaine proie.
A présent, la plupart des animaux sont en train de se terrer, conscients qu’un danger rôde. Le même depuis des jours. Je me demande si, avant la fin de ma scolarité, j’aurais vider la forêt de tous ses habitants. Mes pensées tournées sur le risque d’extinction animalière, je capte soudain une autre odeur, plus forte, plus présente. Ce n’est pas celle d’un animal. Accroupie sur une branche, je tourne la tête vers là d’où je viens et renifle profondément. Je reconnais l’odeur, mais n’arrive pas à mettre un nom dessus. Intriguée, je fais route inverse et saute d’arbres en arbres, me rapprochant peu à peu de l’odeur captée. Je constate assez rapidement que l’effluve du sang vient de l’orée de la forêt, dans le parc. Fronçant des sourcils, je m’arrête. Dans le parc, ce ne peut-être qu’un être humain, pourtant, l’odeur m’indique que cet être est plus - ou moins - que ça. Décidée à élucider au plus vite ce mystère, je finis par quitter la forêt et reprend allure humaine quand j’avance de quelques pas en avant.
Le parc est toujours éclairé par cette lune argentée presque pleine. Il n’y a pas un souffle, pas une brise qui ferait balancer les branches des arbres. Pourtant, dans ceux près du lac, il y a du mouvement, trop accentué pour que ce ne soit qu’un animal. Intriguée, j’avance vers l’arbre dans lequel j’ai repéré une présence. Lorsque je m’approche, je remarque alors l’imposante odeur de pourriture. Effrayée, je fais un pas en arrière et pose une main sur mon nez, tentative dérisoire pour empêcher l’ignoble effluve d’envahir mes sens. Soudain, quelque chose se laisse tomber lourdement à terre juste en face de moi. Malgré les ombres, je n’ai aucun mal à discerner les contours de la silhouette humaine et j’écarquille les yeux d’horreur quand je comprends ce qui m’était si familier dans l’odeur de cette personne. Et pourquoi il y a cette imposante sensation de mort dans son parfum.
Je recule de plusieurs pas pour mettre une certaine distance entre nous deux, mais la silhouette suit mon mouvement et un rayon de lune éclaire son visage, me prouvant que je ne me trompais pas. Betty est revenue à elle, mais pas humaine. Elle est devenue une Faucheuse. Son regard s’attarde sur moi. Ses prunelles noires sont à présents teintées d’un voile rouge, signe de sa soif de sang certainement. Je fais encore un pas en arrière. Betty n’a plus rien de l’humaine qu’elle était. Elle semble plus sauvage et plus dangereuse. Alors qu’en tant que vampire, j’ai gardé tout ce qu’il faisait de moi Amandine, il semblerait que les Faucheurs ne conservent rien de leur vie passée. Dans la position et le regard de celle qui me fait face, je ne reconnais rien de la jeune femme que j’ai connu. Pourtant, décidée à me donner tort, je lui adresse la parole.
- Betty ? Salut.
Un grondement s’échappe du gosier de la créature face à moi. Je sens alors son regard qui s’attarde dans mon cou, là où je sais que s’écoule mon sang à grands flots. Une espèce d’angoisse enserre mon cœur, alors qu’une interrogation s’impose à moi : les Faucheurs peuvent-ils boire le sang des membres de la Caste ? Betty fait un mouvement dans ma direction. Je crois que je n’aurais pas de réponse à mon salut. Puis, elle s’élance soudain dans ma direction en un formidable bond, mains en avant. Je m’écarte juste à temps et elle se réceptionne à terre avec une roulade. Elle revient aussitôt à l’attaque, grondant de rage et d’impatience. Je lui échappe à chaque fois, mais comme elle est aussi rapide et agile que moi à présent, ce n’est pas aussi simple qu‘avec un humain.
Alors qu’elle s’élance de nouveau sur moi, les yeux rivés sur mon cou, des odeurs pénètrent le parc. Je reconnais le professeur Dumbledore et l’infirmière, et d’un simple coup d’œil, je les vois venir vers nous en courant. Betty aussi les remarque. Elle m’abandonne alors et fonce droit sur eux. Le directeur pointe sa baguette dans sa direction et un jet de couleur rouge frappe Betty en plein bond. Le sort l’arrête et elle s’écroule à terre le temps d’une demi-seconde, avant de se redresser et de repartir à l’assaut. Je comprends alors que je suis sans doute la seule à pouvoir l’arrêter : les vampires ne peuvent mourir que d’un coup sec et brutal, sans aucune possibilité de régénération. Et avec la force et l’agilité de ma race, un simple sorcier n’a sans doute pas beaucoup de chances d’y parvenir.
Je prends mon élan et cours moi aussi dans la direction des deux adultes. J’arrive à rattraper Betty, au moment où elle s’élance sur Mme Pomfresh. Je saute sur la jeune femme, l’attrape par la taille et un son fort et grave résonne dans le parc quand nos deux corps entrent brutalement en contact. Mon intervention coupe Betty dans son élan, et elle retombe à terre, m’emportant dans son mouvement. Nous roulons au sol, juste avant que je ne la lâche. Son intention m’est alors de nouveau toute réservée.
- Partez, ordonné-je au professeur et à l’infirmière. Je m’en occupe.
Je ne vérifie pas s’ils font ce que je leur commande de faire, pour leur propre sécurité, et fonce droit sur Betty qui fait de même. Ses mains arrivent à agripper mes bras, plus fort que je ne l’aurais imaginé, et sa bouche se tend dangereusement vers mon cou. Je recule vivement la tête et sa mâchoire claque férocement tout près de ma chair. Quand elle constate qu’elle m’a raté, Betty gronde. Je profite de cet instant pour la repousser violemment contre l’arbre le plus proche. Le pauvre vibre sous la force de l’impact, tandis que Betty semble légèrement sonné. Je me précipite alors vers la jeune femme, ne lui laissant pas le temps de reprendre ses esprits, la plaque sauvagement contre le tronc puis enfonce mes propres dents dans la chair de son cou. Le goût de pourriture est tellement présente que la vraie saveur de Betty est caché. Dégoûtée, je recrache le sang présent dans ma bouche, alors que Betty, furieuse, s’ébroue afin de me faire lâcher prise. Je renforce ma poigne sur ses bras, tellement que j’en ai mal, sans doute plus qu’elle. D’un coup sec, je lui arrache alors les bras. Ses hurlements de douleur résonnent dans le parc et, incapable qu’elle est à présent de se défendre ou d’attaquer, j’en profite pour plaquer mes mains contre ses tempes, tourner sa tête de chaque côté de coups secs avant de tirer brutalement dessus et de la lui arracher.

O0o0O

Le soleil se lève doucement par delà la fenêtre du bureau. Il pare le lac d’une couleur orangé qui tire doucement sur le rose. De là où je suis, je peux voir l’endroit où Betty est morte, une seconde fois. Où je l’ai tué. Je ferme les yeux, détourne la tête alors que les larmes me montent aux yeux à nouveau. Je sais que je n’avais pas le choix, qu’empêcher Betty de poursuivre la voie du Faucheur était la meilleure solution, mais je me sens coupable. Je m’en veux de l’avoir tué, de lui avoir donné une seconde mort, plus atroce peut-être que la première. Et je me sens sale. Je n’avais jamais fait de mal à personne avant, pas de cette manière du moins, et pas volontairement.
Mon cœur se serre et un sanglot que je ne veux pas émettre obstrue ma gorge. Depuis que le professeur Dumbledore est venu me récupérer près du corps décapité de Betty, je n’ai cessé de pleurer. Il a été patient et d’un calme olympien devant mon désarroi. Il m’a ramené dans son bureau, où il m’a installé un divan sous la fenêtre, puis il m’a laissé pour terminer sa nuit. J’ai veillé tout ce temps.
Reniflant, je rouvre les yeux et constate que le soleil est au-dessus de l’horizon à présent et que, comme nous sommes lundi matin, les élèves ne vont plus tarder à rejoindre la Grande Salle pour prendre leur petit-déjeuner. Je ne commence personnellement les cours qu’à dix heures mais je me dis qu’il serait peut-être temps de rejoindre mon dortoir, même si je n’en ai pas envie. Soupirant, je repousse la couverture que j’ai posée sur moi, plus par habitude que par nécessité et pose pied à terre. La porte qui mène aux appartements du directeur s’ouvre alors, et le professeur sort de la pièce, fin prêt pour sa journée. Il me sourit.
- Miss Dawn, bonjour. Vous allez mieux ?
Je hausse des épaules, me lève et lui tourne le dos pour attraper la couverture que je plie avant de la déposer sur le divan.
- Merci pour cette nuit, professeur.
Son odeur dans la pièce m’indique qu’il se déplace jusqu’à son bureau. Je le regarde et il m’indique le siège en face de lui d’un signe de la main. Je m’y installe, puis pose sagement mes mains sur mes genoux.
- Ce serait plutôt à moi de vous remercier, miss. Sans vous, qui sait ce qui aurait pu se passer. Le nouvel état de miss Namib aurait pu avoir des conséquences funestes.
Je baisse la tête, toujours aussi mortifiée par mon geste. Je ne pense pas que des remerciements soient de rigueurs, pas pour un meurtre.
- Miss, je pense comprendre votre état en ce moment, mais il est bon que vous sachiez que dès l’instant où votre camarade s’est réveillé, elle n’était plus elle. Elle n’était plus qu’une Faucheuse, avide de se nourrir. Les humains transformés ainsi ne conservent pas leur personnalité précédente lors du processus de transformation, puisqu’ils sont morts. Leurs corps se retrouvent articulés par une force différente de tout ce que nous connaissons, une force dangereuse. Vous avez bien fait cette nuit, et je suis sûr que miss Namib aurait préféré que vous l’empêchiez de nuire, plutôt que vous la laissiez attaquer et tuer les élèves de l’école.
Je relève, surprise qu’il m’ait aussi bien percé à jour et légèrement rassuré par ce qu’il vient de me dire.
- Pourquoi est-ce que vous n’avez pas prévu la transformation de Betty ? Demandé-je. Avec moi, vous avez su immédiatement ce qui arrivait, et vous n’avez annoncé ma mort à personne.
- Vous connaissez les différences entre les Faucheurs et les membres de la Caste. A aucun moment votre cœur n’a cessé de battre, contrairement à miss Namib qui était bel et bien décédée. Cela a été une surprise de la voir se réveiller et se lever. Nous ne pouvons malheureusement pas prévoir une transformation en Faucheur, surtout quand nous ne connaissons pas l’agresseur.
J’acquiesce d’un signe de tête, l’esprit légèrement embrouillé, puis me lève de mon siège avant de prendre congé du directeur. Ce qu’il vient de dire me fait penser que, contrairement à ce que j’avais cru, Betty n’a pas été attaqué par un Faucheur. C’est un vampire de la Caste qui a fait le coup. Je prends l’escalier mobile qui m’amène jusqu’au couloir, alors que je repense à ma propre attaque. J’ai moi aussi été agressé par un vampire, et quelque chose me dit qu’il ait très rare de trouver deux vampires de la Caste différents dans le même secteur, alors j’imagine qu’il n’y en a qu’un seul. Mais, si c’est le cas, pourquoi m’avoir transformé en l’un de siens, et laissé Betty devenir une Faucheuse ?
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeVen 20 Mar - 11:22

Chapitre 13 : Rupture impromptue

Lorsque la cloche de quinze heures sonne, tous les élèves se ruent hors de la salle de classe en un brouhaha de discussions, de courses et de rires. Le professeur Stratford, qui nous enseigne la Divination, me presse de sortir lorsqu’il constate que je prends mon temps pour quitter la pièce. Je ramasse mon sac, le passe sur mon épaule et quitte la salle de classe juste avant lui. Je l’entends faire tourner la clé dans la serrure et il me dépasse quelques secondes plus tard dans les escaliers. Il pourrait me donner l’impression que je me traîne, si ce n’était pas fait exprès. De la buée blanche apparaît devant ma bouche lorsque j’exhale un peu fort. Constatant alors qu’il fait aussi froid que lors des deux mois précédents, je referme hermétiquement ma cape.
Deux deuxième années de Poufsouffle me passent devant en courant. Je devrais les rappeler à l’ordre, c’est mon devoir en tant que Préfète, mais je n’ai pas le cœur à le faire. Et puis, je connais l’insouciance de la jeunesse, et suis tout à fait d’accord avec ceux qui disent que cette règle est idiote : après tout, pourquoi interdire à des enfants pleins de fougues de se défouler autrement qu’en se tapant sur le bout du nez ?
Je quitte le couloir du cinquième étage et rejoins la foule qui se presse dans les escaliers mobiles. Certains rejoignent leur tour pour la fin de mercredi libre, d’autres se doivent d’être aux entraînements de Quidditch, tandis que le reste des élèves va sans doute s’éparpiller dans tout Poudlard pour flâner ou travailler. Je me retrouve collée à deux élèves de Gryffondor, des sixième années sans doute, qui discutent d’un sujet que je pensais dépassé, puisque tout s’est passé à la fin du mois de janvier, et que nous sommes déjà à la mi-mars.
- C’est un élève de Poufsouffle qui me l’a dit. Il est sûr de ce qu’il a entendu, il ne dormait pas à ce moment-là. Il est sûr qu’il y a eu une bataille, ou quelque chose dans ce goût-là, fait la première des deux filles, une brunette aux cheveux coupés courts.
- C’est vrai, il y en a quelques uns qui disent avoir été réveillés par des bruits bizarres, la même nuit, mais tous les autres dormaient. Et puis, s’il s’était passé quelque chose, tu ne crois pas qu’on nous l’aurait dit ? Répond la seconde, une rouquine aux multiples tâches de rousseur.
Sa copine hausse des épaules, en répondant :
- Tu crois bien que s’ils avaient arrêtés le meurtrier de Namib, ils ne nous auraient rien dit ! Je pense que ça a un lien, après tout, ça s’est passé la nuit suivant sa mort.
Je cesse là d’espionner leur discussion puisqu’elles disparaissent dans un couloir alors que je poursuis ma route dans les escaliers bondés. Baissant la tête sur mes bottes, je repense à la nuit dont elle parlaient. Je me suis peu à peu remise de la seconde mort de Betty, mais cela a été difficile. Les élèves et les rumeurs qui ont courus pendant des jours ne m’ont pas aidés. Malheureusement, les bruits de notre lutte ont étés entendus par certains, les chocs de nos corps durs comme la pierre ne sont pas passés inaperçus. Une majorité de Poudlard n’a pas arrêté d’en parler, y compris les maraudeurs. Camille aussi s’y est mise au bout d’un moment, surtout à cause de Fred et Bill qui ne cessaient d’y faire allusion. A cet époque, je me sentais encore trop coupable de mon geste pour en parler avec désinvolture, j’ai donc dû m’éloigner d’eux. Puis, une fois à peu près remise, mon amie a essayé de savoir ce qu’il se passait, sans réussir à m’arracher un seul mot. Je ne pouvais pas lui avouer mon geste, ni l’horreur de ce qui était arrivé à Betty. D’ailleurs, aucun professeur n’avait parlé de ce qu’il s’était passé cette nuit-là, personne n’a su pour la transformation. Je me demande pourtant assez souvent comment ils ont réussis à cacher le démembrement de Betty lorsqu’ils ont remis son corps aux autorités et à sa famille.
Je quitte les escaliers, la tête remplie des images de cette nuit-là. La mort de Betty assimilée, je n’ai ensuite cessé de penser à ce vampire qui en est l’origine. Je suis pratiquement sûre à présent que mon assaillant et celui de ma camarade sont une seule et même personne. Je sais que les vampires n’aiment pas suffisamment les humains pour être plusieurs à se retrouver dans les environs. Mais la question reste la même pour moi : pourquoi laisser Betty se changer en Faucheur, et me transformer en membre de la Caste ? Pourquoi m’avoir choisi, et m’offrir une autre vie ? Pourquoi Betty n’y avait-elle pas eu le droit ?
Parvenue dans le hall, je jette un coup d’œil à la pluie qui tombe à torrent du ciel. Le parc n’est plus qu’un immense champ de boue où peu de personnes se pressent. Je lève les yeux sur le ciel lourdement chargé de nuages gris et repense à ma promesse. J’ai juré à Camille de les encourager avant leur match contre les Gryffondor, qui aura lieu samedi. A la base, le match aurait dû se dérouler le week-end suivant la mort de Betty, mais le match a dû être décalé puisqu’il manquait une batteuse à l’équipe. Smith, le capitaine, a dû recruter un nouveau joueur, un second année et l’entraîner rapidement. James, capitaine des Gryffondor, n’a pas été difficile et a laissé Smith décider de la date qui l’arrangeait. Mais à présent, l’affrontement va avoir lieu. Je soupire, abaisse la capuche de ma cape sur ma tête et glisse mon sac sous mes vêtements avant de sortir me mesurer à la tempête. Un vent souffle fort et balaye les arbres. Je pense au match si le temps continue ainsi jusqu’à samedi, et plains sincèrement les joueurs. Surtout ceux qui sont sur le terrain en ce moment-même.
Lorsque j’arrive sur le terrain de quidditch, je suis trempée jusqu’aux os, malgré le fait que j’avais essayé de minimiser les dégâts en courant. Résultat, mes bottes sont pleines de boue et même le haut de mes chaussettes, qui m’arrivent à mi-cuisse, ont reçus des éclaboussures. Je fais abstraction de cela et lève les yeux au ciel. Il est difficile de distinguer quoi que ce soit dans cette purée de pois, mais j’arrive à apercevoir deux ou trois silhouettes, dont une qui ne m’est pas inconnue : celle de Fred devant ses buts. Je regarde ensuite autour de moi, cherchant un coin sec où m’installer. Je n’en trouve pas et soupire. Il est hors de question que j’assiste à cet entrainement avec ce temps. Smith peut faire subir à son équipe les pires horreurs, mais Camille ne se vengera pas sur moi. Je quitte le stade aussitôt.
Une fois de retour dans le hall du château, j’enlève ma capuche et agite tout mon corps pour faire partir le plus gros des gouttes accrochées. Puis, je sors mon sac de son abri de fortune mais constate qu’il est humide. J’espère que mes feuilles de parchemins n’ont rien et que mon encre n’a pas bavée.
- Ah, Mandy !
Interpellée, je relève la tête et croise le regard de Bill qui dévale l’escalier de marbre dans ma direction. J’ouvre ma cape et desserre mon écharpe.
- Salut, réponds-je. Tu as l’intention de sortir ?
Ma question n’est pas anodine puisqu’il s’est emmitouflé chaudement et a un parapluie à la main. Je lui jette un regard étonné. Il affiche un sourire confus et passe une main sur sa nuque.
- Ouais, j’ai dit à Fred que je passerais le voir pendant son entraînement. Je n’avais juste pas pensé que le temps ne se prêterait pas à ce genre d’escapades.
D’un même mouvement, nous jetons un œil dehors.
- J’ai fait la même promesse à Camille, lui confié-je, mais je suis rentrée à peine arrivée au stade. Il n’y a aucun moyen de se mettre à l’abri là-bas.
Bill soupire fortement. Je le comprends.
- Bon, tant pis, j’y vais quand même. A plus tard ! Dit-il en me faisant un signe de la main lorsqu’il passe à côté de moi.
Je reprends alors ma route la où je l’avais laissé et entame l’ascension de l’escalier de marbre, au moment où j’entends des éclats de voix qui viennent de la gauche. Le couloir qui mène au sous-sol crache des injures et des sorts. Visiblement, deux élèves se battent. Soupirant, je fais sens inverse et décide d’aller jeter un coup d’œil et d’accessoirement, enlever des points. Je reste prudente, de peur de me prendre un sort perdu et descends les trois marches qui mènent au couloir du sous-sol avant de glisser un œil à l’angle d’un mur. De dos, je vois un élève, brun, les cheveux mi-longs, faisant face à James. Ce sont ces deux là qui se battent. De ce que j’en vois, le Gryffondor doit s’attendre à un sacré coquard d’ici la fin de la journée, et la plaie ouverte sur ses lèvres va l’empêcher de trop parler pendant quelques jours.
James envoi un autre sort, et l’autre saute sur le côté pour l’esquiver. Je reconnais alors le profil de Severus Rogue, qui suit une grande majorité des mêmes cours que moi. Il n’est pas très doué en sortilèges, préférant les potions, ce qui explique qu’il soit plus amoché que son adversaire. Soupirant, je fronce des sourcils. Je vais devoir intervenir avant qu’un sort plus dangereux que les précédents leur face faire des bêtises. Je sors alors de ma cachette et clame :
- Vingt points en moins pour Gryffondor et Serpentard.
Les deux jeunes hommes se tournent vers moi. James affiche une grimace agacé quand il me reconnaît tandis que Rogue me fusille du regard. Aucun des deux ne pensent à me demander la raison de leur perte de points, puisqu’ils la connaissent parfaitement. Je croise alors les bras sous ma poitrine, mécontente.
- Vous pouvez rejoindre vos maisons maintenant, messieurs.
Rogue pince des lèvres et jette un regard noir à James avant de le dépasser en bousculant pour rejoindre sa destination initiale. Furieux, le Gryffondor relève sa baguette pour se venger de cet affront, mais je suis déjà à côté de lui et j’agrippe son poignet pour l’empêcher de bouger. C’est sur moi qu’il reporte son regard chargé de colère.
- Franchement, tu veux que je t’enlève encore des points ? Lui dis-je.
Il cligne des yeux, puis se calme. Je le relâche et jette un œil à Rogue qui disparaît à un tournant. Ce n’est pas la première fois que ces deux là se lancent des sorts et des insultes à la figure, c’est plutôt courant même. James et ses amis détestent les Serpentard et plus particulièrement Rogue. Peut-être est-ce en lien avec ce que m’a dit Sirius le soir du dîner dansant, sur ses ennuis avec les sang-pur ?
- Tu étais obligée de nous enlever des points ? Fait alors James. Tu aurais juste pu nous dire d’arrêter.
- Tu m’aurais écouté ?
- Sans doute pas, avoue-t-il de bonne grâce.
Je souris, amusée, en haussant des épaules.
- C’est quand même dommage qu’une simple préfète comme moi soit obligée de rappeler à l’ordre le Préfet en chef.
Il éclate de rire et passe une main gênée dans ses cheveux qu’il avait, pour une fois, bien coiffés. Mais son geste a tout remis en pagaille.
- C’est pour ça que j’ai eu le poste, parce que Dumbledore espérait me mettre du plomb dans la tête.
- Je dois avouer que son plan ne fonctionne pas très bien.
James et moi échangeons un regard amusé, puis nous remontons vers le hall. Je suis encore très surprise de la facilité avec laquelle je me suis rapprochée des maraudeurs. Je m’entends assez bien avec Remus et James, moins avec Sirius et Peter. Peter est un jeune homme effacé la plupart du temps, se contentant de suivre ses amis. Pourtant, je l’ai déjà vu faire preuve d’une certaine vivacité d’esprit lorsqu’il échange avec Camille sur certains sujets. Il gâche un peu son potentiel, je trouve.
Sirius est plus du style boute-en-train, grand joueur, éternel enfant. La plupart de leurs blagues viennent de lui j’imagine. Pourtant, comme l’atteste ses notes en cours, il est loin d’être bête. Je n’ai guère eu l’opportunité de passer du temps avec lui, malgré man plan de base, surtout à cause des filles qui lui tournent constamment autour.
James ressemble pas mal à Sirius sur certains points, bien qu’il soit plus posé. Je sais qu’il côtoie beaucoup Lily dernièrement, il semblerait qu’ils aient enfin trouvés un terrain d’entente, ce qui explique peut-être sa maturité. Et c’est un garçon très sensible. Il essaye de le cacher, mais je sens que c’est difficile pour lui à certains moment de contenir ses émotions.
Quant à Remus, c’est un peu par la force des choses qu’il m’est le plus proche des quatre garçons. Nous faisons toujours semblant d’être ensemble, ce qui fait que nous devons passer certains moment seuls tous les deux pour continuer la mascarade. Ce n’est plus aussi dérangeant qu’avant, puisque nous mettons ce temps à profit pour faire nos devoirs ou pour discuter. Des quatre, il est sans doute celui que je considère le plus comme un ami, ce qui a le don de réjouir Camille.
Dans le hall, James reprend la parole.
- On ne s’est pas vus depuis la fin des épreuves, comment tu t’en es sortie ?
J’hausse des épaules alors que nous prenons les escaliers mobiles.
- Ca a été je crois. Je verrais bien une fois que nous aurons les résultats. Et pour toi ?
- Je pense avoir foiré la métamorphose. Mais tout comme toi, j’aviserais avec les résultats. En tout cas, si les ASPIC’s blancs sont aussi dur que les vrais, j’ai intérêt de mettre les bouchées doubles pour les révisions.
- J’ai entendu dire que les blancs étaient toujours plus durs que les vrais, fais-je alors que les escaliers nous mènent jusqu’au cinquième étage.
Je m’arrête et James continue sa route, non sans m’adresser une dernière phrase :
- Espérons que tu aies raison. A plus !

O0o0O

- Bien, maintenant, il faut ajouter la racine d’asphodèle et remuer dans le sens des aiguilles du montre pendant trois minutes et quarante huit secondes.
Je fais ce que dit Camille et jette la racine dans le contenu rose bonbon du chaudron. Le tout vire immédiatement au carmin et Camille remue consciencieusement notre potion, alors que je compte religieusement les secondes. Tout autour de nous, le reste de la classe est tout aussi concentré que nous. Il faut dire que la récompense promise par le professeur Slughorn à celui qui réussira le mieux sa potion est alléchant : un petit flacon d’aiguise-méninge. En cette période de surcharge d’examens, cet extra est plus que le bienvenu, y compris pour la studieuse Serdaigle que je suis.
- Stop.
Camille cesse de remuer. La recette dit ensuite d’ajouter une pincée de sel, ce que je fais et la potion change de nouveau de couleur, adoptant un rose pâle. Camille et moi soupirons, soulagées. C’est terminé, il n’y a plus qu’à attendre le verdict. Le professeur Slughorn passe entre les tables, s’arrête devant chaque potion, commentant ou non. Lorsqu’une remarque fuse, c’est soit que la potion est une réussite, soit un désastre. Lorsque vient le tour de notre binôme, le professeur sourit. Camille et moi échangeons un regard complice. Puis, il passe à nos voisins. Ce n’est que quelques instants plus tard que le professeur Slughorn retourne à son bureau en se frottant les mains.
- Bien, fait-il, la plupart d’entre vous avez confectionnés de très jolie filtres d’amour. Crow, Grayson, vous étiez bien parties, mais malheureusement, vous avez oublié un élément important ce qui a rendu votre potion inefficace. Dommage. Lupin, Pettigrow, je suis étonné des progrès que vous avez fait et votre potion est une réussite. C’est donc à vous que revient le filtre d’aiguise-méninge.
La salle applaudit chaudement les deux gagnants. Je pense que Slughorn récompense surtout leurs progrès plutôt que leur réussite à cette compétition : Peter n’a jamais été très doué en potion de ce que j’en sais, et c’est l’encourager à poursuivre ses efforts que de lui remettre cette récompense.
La sonnerie de fin des cours retentit, et nous rangeons nos affaires. Camille vide notre chaudron pendant que je range le surplus d’ingrédients dans les armoires, puis nous quittons la salle. Dans le couloir, nous croisons James et Sirius, discutant alors qu’ils attendent les deux autres maraudeurs partis chercher leur récompense durement gagnée. Je constate que, comme je l’avais deviné, James affiche un coquard d’un joli vert. Sa bagarre avec Rogue la veille lui a laissé un joli souvenir.
- Tu n’as pas été voir Pomfresh ? Lui demandé-je en arrivant à sa hauteur, montrant de la main son œil enflé.
Il hoche de la tête avec une grimace.
- Si, et quand elle a appris comment c’était arrivé, elle m’a collé.
Je secoue la tête, sidérée. A la façon dont il l’a dit, c’est comme si la punition n’était pas méritée.
- Tu trouves ça injuste ?
- Ouais. Tu m’avais déjà enlevé des points, et Rogue n’a pas été puni. Nous étions pourtant deux à nous battre.
J’hausse des épaules.
- Peut-être que lui aussi a été collé, mais que tu ne le sais pas. Tu sais déjà ce que tu vas devoir faire ?
Sirius éclate alors de rire. Il pose une main sur l’épaule de son ami, qui l’assassine du regard.
- Patmol, c’est pas drôle, arrête de rire.
Camille et moi échangeons un regard. Bien sûr, comme je lui ai raconté pour l’altercation - après qu’elle m’ait traité de lâcheuse parce que je n’avais pas affrontée la tempête pour elle - elle sait de quoi nous parlons. J’imagine que Sirius aussi est au courant, puisqu’il n’a pas l’air décontenancé par la conversation et qu’il s’écroule littéralement de rire.
- Sa retenue est si honteuse que ça ? Demande Camille au moment où Peter et Remus nous rejoignent, fioles de potion en mains.
- Il devra nettoyer les cachots un à six vendredi soir.
Je regarde Remus, dégoutée. Ces cachots sont parmi les plus sales et les plus envahis de parasites de tout Poudlard. Je comprends pourquoi Sirius se marre, il se fiche de son ami.
- Bon courage, fait Camille, un air funeste sur le visage. Et reviens-nous en vie.
Le rire de Sirius redouble, accompagnée cette fois par celui de Peter et de mon amie. Seul Remus et moi avons pitié de James. Le pauvre, je le plains sincèrement.
- Et il n’a pas le droit d’utiliser la magie ! Rajoute Sirius. Tout à la main, comme les moldus !
James grimace. Je vois alors où est la grande difficulté de la retenue. James étant un sang-pur, il n’a sans doute jamais eu besoin de mettre la main à la pate et encore moins avec des produits moldus. Je lui tends un sourire désolé qu’il me rend. Puis, Camille, calmée, pose une main sur mon bras avant de dire :
- Les gars, on vous laisse, on va aller réviser.
- Bibliothèque ? Demande Remus.
J’acquiesce d’un signe de tête.
- J’ai aussi prévu d’y aller. Je peux me joindre à vous ?
Ce n’est pas comme si la question m’étonnait. Et la suite encore moins.
- Bien sûr, dit Camille comme je m’y attendais. Mais vu que je n’aime pas tenir la chandelle, je vous laisse en couple. Mandy, on se voit au dîner.
Je lève les yeux au plafond en soupirant tandis qu’elle nous quitte avec un signe de la main. Remus et moi partageons un regard las, mais au bout du compte, l’un comme l’autre, nous nous en fichons. Nous nous sommes habitués à ces manigances et être seul l’un avec l’autre n’est pas déplaisant. Remus est un excellent interlocuteur. Nous mettons en route, délaissant les trois autres, quand Sirius nous rattrape.
- Ça dérange si je me joins à vous ? J’ai besoin de faire des recherches pour mon devoir de Métamorphose.
C’est bien la première fois qu’il le fait. Et comme Remus n’est pas dérangé, je ne le suis pas non plus. A présent que je sais que l’Appel est contrôlable, je mets moins d’efforts à le repousser, mais Remus semble oublier la raison première de notre mise en couple. J’ai plus l’impression qu’il tente de m’éloigner de Sirius qu’autre chose. Il doit craindre ce que je lui veux, pour réagir ainsi. Mais je ne veux pas que les amis de Sirius sachent avant lui qu’il est mon Calice. Je trouverai ce geste très indélicat si je le faisais. C’est son droit le plus strict de l’apprendre en premier.
Nous arrivons à la bibliothèque où nous trouvons une place sous une fenêtre. Nous avons deux heures avant de rejoindre la Grande Salle pour le dîner, aussi nous nous y mettons aussitôt. Remus et Sirius disparaissent entre les étagères à la recherche de livres, tandis que je commence à travailler mon plan pour mon essai de Défense Contre les Forces du Mal. Par la fenêtre mal isolée, je sens l’odeur de la pluie qui tombe silencieusement, une odeur que j’aime beaucoup. Je ferme les yeux, installe mon menton dans une main et m’imprègne tout entière de ce qu’il se passe dehors. J’entends les feuilles des arbres qui bruissent, les oiseaux qui pépient, les gouttes qui touchent le sol, quelques élèves qui rentrent du cours de Botanique. Au plus, près dans la bibliothèque, des pages se tournent, des toux retentissent, des plumes grattent des parchemins, des pieds foulent la pierre, des étagères grincent, des portes se ferment. Les odeurs sont mêlées, sang des élèves, de professeurs, odeur d’encre, de parchemins, d’eau, de sucreries grignotées en cachette, de parfum envahissant, de moisissures, de poussières. Puis, plus proche l’odeur de mon Calice, d’un vieux grimoire et sa respiration apaisé alors qu’il s’assied à côté de moi. L’inspiration qu’il prend avant de prononcer quelques mots.
- Tu te sens bien ?
Je renvoies mes deux sens à échelle humaine, rouvre les yeux et hoche de la tête en le regardant, avant de replonger dans mon essai.
- Tu rêvassais ? Ce n’est pas sérieux pour une Serdaigle.
J’ignore sa remarque lorsqu’une paire d’yeux fixés sur ma nuque me dérange. En me retournant, je constate que Crow nous observe, mais elle retourne à ses affaires quand elle constate que je l’ai surprise. Ma camarade est aussi l’une des raisons qui font que je reste encore loin de Sirius. Depuis que je lui ai dit que j’avais été avec lui à la soirée de Slughorn, j’ai l’impression d’être constamment surveillée, ce qui est assez angoissant au bout du compte. Je n’ai guère envie d’avoir le fan-club de Sirius sur le dos, c’est pourquoi je limite les relations entre nous deux au strict minimum. Mais je n’ai pas toujours mon mot à dire, comme aujourd’hui.
Sirius, constatant mon attention détournée, finit par jeter un œil lui aussi sur Crow, qui est accompagnée de deux Poufsouffle que je connais seulement de vu. Il soupire alors, se remettant face à la table. Je me remets moi aussi à mon devoir, trempe ma plume sèche dans l’encre, et entame la rédaction de mon introduction. Sirius ouvre le livre qu’il a ramené de son expédition et commence à étudier en silence. Quelques minutes passent ainsi, avant que je ne m’inquiète de l’absence prolongée de Remus. Je relève la tête de mon parchemin, jette un œil autour de moi. Il n’est pas dans mon champ de vision, qu’il soit humain ou vampire. Je ferme alors les yeux et cherche son odeur parmi toutes celles de la pièce. Je perçois faiblement sa fragrance, plus loin que je ne l’aurais pensé. Je rouvre les yeux. Et constate que Sirius me fixe. Ca ne dure qu’une demi-seconde, avant qu’il ne replonge dans son devoir, mais ça a le don de me surprendre. Son regard était bizarre. Peut-être qu’il se doute de quelque chose, j’ai tendance à trop m’aller à ma vraie nature quand je crois qu’on ne fait pas attention à moi. Je devrais cesser.
- Je reviens, fais-je à Sirius en me levant de ma chaise. Je vais voir où est Remus, ça fait un moment qu’il est parti.
- Ne vous bécotez pas trop fort, il y a des célibataires parmi nous.
Je roule des yeux à sa remarque et disparais entre deux rangées d’étagères. Il fait tout de suite plus sombre, et j’ai l’impression qu’il fait nuit. Je dépasse la section Potion, puis celle de Métamorphose avant de me retrouver dans la Défense Contre les Forces du Mal. Je m’enfonce dans la section, avant de trouver Remus, assis par terre, dos contre le mur, absorbé par un bouquin. Il relève la tête avant même que je ne sois devant lui et affiche un air surpris, puis embarrassé. Il referme précipitamment son bouquin et se lève. J’ai vu assez souvent ce genre de réaction pour savoir que ce qu’il fait est en lien avec moi, et qu’il pense que ça ne va pas me plaire. Je jette un œil sur le livre qu’il tient entre les mains et qu’il ne cache pas assez vite dans son dos pour que je ne puisse pas en lire le titre.
- « Vie et mœurs de ces vampires dont on ignore tout » , fais-je en le regardant dans les yeux. J’imagine que ce livre parle des membres de la Caste.
- Entre autre, avoue-t-il.
J’hoche de la tête.
- Où l’as-tu trouvé ? Les vampires ne se mêlent pas suffisamment aux humains pour qu’un livre puisse être écrit.
Il se gratte le nez, avant de répondre :
- En fait, c’est un très vieux grimoire qui a sans doute été mal rangé. L’étiquetage dit qu’il devrait être dans la Réserve.
La Réserve de la bibliothèque est une section spéciale à laquelle on accède qu’avec l’autorisation d’un professeur. Les livres qu’on y trouvent sont, soit très dangereux, soit très rares. Celui-ci doit faire partie de la seconde catégorie.
- Et pourquoi l’as-tu lu ? Tu sais, si tu as des questions, tu peux me les poser. Je ne mords pas - du moins, pas les humains.
Il affiche un rictus à mon trait d’humour bancale et sors le livre de son dos avant de me le remettre.
- Je te rassure, dit-il, il semblerait que ce bouquin soit un ramassis d’âneries. Ils disent que les vampires peuvent se changer en chauve-souris. A moins que ce ne soit vrai ?
Je fronce des sourcils avant de feuilleter rapidement le livre et de trouver la page dont il parle. Effectivement, c’est écrit que les vampires sont capables de se métamorphoser en chauve-souris ou en loup, comme dans les légendes moldus. Je souris, amusée.
- Non, ça ne l’est pas. Nous sommes rapides et agiles par nature, aucun être humain ne nous battrait, alors pas la peine de se transformer en animal. Je devrais remettre ce livre à Mme Pince et lui dire qu’il était mal rangé. A moins que tu ne veuilles y aller ?
Il secoue la tête.
- Je vais plutôt arrêter de jouer et chercher le livre dont j’ai besoin. On se retrouve à la table.
J’hoche de la tête et, avant de partir, je me tourne une dernière fois vers lui.
- Remus, vraiment, si tu as des questions que tu veux me poser, n’hésites pas. Je ferais de mon mieux pour y répondre.
Il hoche de la tête, et je quitte l’espace entre les deux étagères avant de me diriger vers le bureau de Mme Pince. Elle ne s’y trouve pas, sans doute occupée à ranger des livres dans les rayons. J’hésite à laisser le livre sur son bureau, mais je pense que n’importe qui pourrait tomber dessus et ne trouve pas cette idée formidable. Je le ramène donc avec moi quand je retourne à ma place, décidant de le remettre à la bibliothécaire quand je partirai.
Une fois de retour à notre zone de travail, je constate que Crow discute avec Sirius. Elle semble joyeuse, lui plutôt déprimé. D’ailleurs, quand il avise mon arrivée, un grand sourire étire ses lèvres et il redresse son corps qu’il avait avachi sur la table. Interpellée par ce brusque changement de comportement, Crow se tourne vers moi. J’ignore son regard assassin et me rassis à ma place, posant le livre le plus loin possible de Sirius.
- Alors, tu l’as trouvé ? Me demande-t-il.
- Oui, il était accaparé par un bouquin. Il nous rejoint.
Il acquiesce un signe de tête puis se tourne vers Crow alors que je replonge dans mon devoir. Il fait comprendre à la Serdaigle qu’il est là pour travailler et qu’ils auront l’occasion de discuter une autre fois. Ma camarade se lève alors et rejoins son groupe de travail. Sirius soupire de contentement quand elle s’en va.
- Pourquoi tu ne lui dis pas clairement qu’elle t’embête ? Demandé-je, sans quitter mon parchemin des yeux.
- Je n’ai pas envie de la blesser, et pas envie qu’elle me fasse du mal en retour. Je l’ai fait une fois, et ça m’a suffit.
- Elles ne te lâcheront jamais, tu sais.
- Si, le jour où je serais avec quelqu’un et que ça durera.
- Je plains cette personne alors, parce qu’elle ne seront pas tendre avec elle. Tu as vu ce qui m’est arrivé ?
- Je ferais peut-être mieux de m’intéresser aux garçons alors.
Un rire m’échappe devant le saugrenue de la réflexion.
- L’homosexualité ne se choisit pas, Sirius. On l’est ou on ne l’est pas.
N’entendant pas de réponse, je quitte mon parchemin du regard et me tourne vers mon voisin. Il me regarde intensément. Gênée, je fronce des sourcils.
- Quoi ?
Il prend une brusque inspiration, avant de dire :
- Il ya une chose qui ma tracasse depuis quelques temps. Remus et toi, vous sortez vraiment ensemble ?
J’ouvre la bouche, prête à lui demande pourquoi cette question, mais il ne me laisse pas le temps d’en placer une.
- Non parce que, sans vouloir t’offenser, vous n’avez pas l’air d’un couple. Certes, vous vous voyez seuls de temps en temps mais . . . Ce n’est pas la grande passion.
Je papillonne des yeux, légèrement décontenancée.
- Et je n’ai pas souvenir de vous avoir vu vous embrasser une seule fois. Un vrai baiser, conclut-il.
Remus choisit ce moment-là pour revenir. A sa tête, je comprends qu’il n’a pas loupé une miette de ce que vient de dire son ami. Il pose alors son livre sur notre table, attirant l’attention de Sirius qui a la décence de paraitre gênée quand il comprend qu’il s’est fait attraper, et s’assoit en face de nous.
- Mandy, je pense qu’il est temps de dire à mon ami, ce qu’il ne semble pas avoir compris, dit Remus, regardant Sirius dans le blanc des yeux.
J’avoue ne pas du tout comprendre où il veut en venir. Qu’est-ce que Sirius aurait dû deviner au juste ? Que je suis un vampire ? Si il va sur ce terrain-là, je jure que, sang infect ou pas, je le mords !
- Sirius, Mandy et moi ne sommes plus ensemble.
Je lâche un soupir rassuré, qu’aucun des deux ne semble remarquer.
- Plus ensemble ? Mais pourquoi ?
Remus hausse des épaules.
- Incompatibilité caractérielle. Nous sommes mieux en tant qu’amis qu’en tant petits-amis. N’est-ce pas, Mandy ?
J’hoche de la tête, un peu perdue. Remus a le chique pour prendre des décisions me concernant, sans me prévenir au préalable. Charmant.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeSam 21 Mar - 10:15

Chapitre 14 : La retenue de James

En ce vendredi midi, la bibliothèque est complètement vide. J’aurais pourtant pensé trouver quelques septièmes années, mais non. Je m’approche du bureau de Mme Pince, « Vie et mœurs de ces vampires dont on ignore tout » en main. La femme aux cheveux châtains tenus par une pince sur l’arrière de sa tête, relève la tête et remonte ses lunettes sur son nez avant de me demander :
- Miss, que puis-je pour vous ?
Je pose le livre sur son bureau et lui explique :
- J’ai trouvé ce livre mal rangé hier. L’étiquetage dit qu’il devrait être dans la Réserve mais je l’ai pris à la section de Défense Contre les Forces du Mal. Je voulais le remettre hier mais je ne vous ai pas trouvé alors je l’ai pris avec moi pour éviter qu’il tombe entre les mains de n’importe qui.
Elle prend l’objet, le tourne en tous les sens, puis m’adresse un signe de tête sec, sans doute pour me remercier de lui avoir signaler l’erreur. Je prends ensuite congé d’elle et me dirige vers la Grande Salle où Camille et Fred m’attendent pour déjeuner. Je leur ai bien répété mille fois qu’il ne servait à rien de m’attendre, puisque de toute façon, je me mangeais pas, mais ils insistent pour faire comme d’habitude. En réponse à ça, il ne me reste plus qu’à leur dire qu’ils fassent comme bon leur semble.
A mi -chemin de la Grande Salle, je croise la route de Lily. A la façon dont elle marche, elle est pressée. Elle a les joues rouges et est essoufflée. Quand elle me voit, elle s’arrête pourtant et me sourit.
- Salut, Mandy. Comment vas-tu ?
- Ca va, et toi ? Tu m’as l’air pressée.
Elle hausse des épaules en rigolant.
- J’ai dit à Gabrielle que je serais à table à midi, mais ce ne sera pas le cas. Je suis déjà en retard.
Je jette un œil à ma montre. Effectivement, il est déjà midi et quart.
- J’étais plongée dans mes révisions et je n’ai pas vu l’heure tourner.
Je ne lui ai pas demandé d’explications, mais Lily est comme ça. Je n’y fais plus attention, me contentant d’écouter en silence. Elle me donne l’impression d’avoir constamment besoin de parler. Je la laisse donc me raconter qu’elle est restée coincé sur un essai d’Arithmancie particulièrement difficile et que ce n’est que quand elle a compris que la solution était à la bibliothèque, et non pas dans ses bouquins, qu’elle a prit conscience de l’heure. Je me contente d’hocher la tête de temps à autres, prouvant que je l’écoute, ce qui semble lui suffire. Jusqu’à ce que l’on arrive dans la Grande Salle et que, s’arrêtant devant la place qu’elle va prendre à la table des Gryffondor, Lily se tourne vers moi, sourcils froncés, et me demande :
- C’est vrai que tu n’es plus avec Remus ?
La question me prend au dépourvu, mais j’hoche de la tête, affirmant. Elle soupire alors, visiblement déçue.
- C’est dommage, vous étiez mignons ensemble. J’espère que vous ne vous êtes pas séparés en mauvais termes au moins ?
Je secoue la tête.
- Pas du tout, on a juste compris que nous étions de bons amis plus qu’autre chose, la rassuré-je.
Elle acquiesce et me souhaite un bon appétit avant de s’installer à sa place et de me laisser rejoindre la mienne. J’y retrouve Camille et Fred en . . . Pleine dispute. Surprise, je m’assieds silencieusement et essaye de comprendre le sujet de leur discorde, sans avoir l’air d’être indiscrète.
- Mais pourquoi tu ne veux pas me croire ? Enfin, quoi ? Tu ne me fais pas confiance ? Fait Camille, alors que j’emplie mon assiette d’une part de lasagne au bœuf.
- Excuse-moi de trouver que vous êtes un petit trop ensemble. Tu le vois plus que moi, et pourtant on est dans la même maison ! Réplique Fred, une fourchette menaçante à la main.
Camille soupire, exaspérée.
- C’est pour Mandy, que je fais ça, je te rappelle. Elle a besoin de parler régulièrement aux maraudeurs.
- Mais ça ne t’oblige pas, toi, à passer presque tout ton temps libre avec Peter !
Faisant semblant de manger, je comprends alors que Fred nous fait une crise de jalousie aiguë. Il reproche à Camille de passer beaucoup de temps avec Peter. Je comprends son ressenti, mais je comprends aussi Camille, qui pense par cette manifestation de colère, que Fred n’a qu’une faible confiance en sa fidélité. J’ai l’impression que, si quelqu’un n’intervient pas très vite, ça va tourner à la bataille rangée entre eux. Je suppose que je dois y ajouter mon grain de sel - en évitant si possible les dommages collatéraux.
- Excusez-moi ?
Fred soupire en revenant à son repas, tandis que Camille se tourne vers moi en roulant des yeux. Puis, un léger sourire étire ses lèvres.
- Mandy, désolée de t’infliger ça, dit-elle.
- Il n’y a pas de mal, juste que . . . Si ça dérange Fred tant que ça, tu n’es pas obligée de m’accompagner à chaque fois que je parle avec un des maraudeurs. Tu le fais déjà d’ailleurs, mais tu pourrais peut-être le faire plus souvent. Tu sais, je suis une grande fille maintenant.
Camille soupire en secouant la tête.
- Mandy, c’est gentil de vouloir nous aider, mais honnêtement, je préférerais que tu reste en dehors de ça. Ne plus côtoyer Peter ne réglera pas le problème.
- Si, il le réglera, fait Fred, visiblement en colère.
- Non, réplique fortement Camille. Le problème, ce n’est pas Peter, c’est toi et ta jalousie !
- Ma jalousie ? Parce que tu penses que je n’ai pas le droit d’être jaloux ? Comment tu réagirais toi, si une fille passait tout son temps avec moi, hein ? Tu ne serais pas jalouse ?
- Pas si je sais qu’il n’y a rien d’ambigu entre vous. Contrairement à toi, moi je crois en la réalité de l’amitié entre filles et garçons !
J’ai les sourcils haussés si haut que je si j’avais eu une frange, on ne les aurait plus vus. Visiblement, mon intervention n’a pas servi à grand-chose. Pire même, il semble avoir envenimer la dispute. Je lâche un soupir et me lève de table. Manger dans cette ambiance n’est déjà pas une partie de plaisir, alors, faire semblant, très peu pour moi. Je les laisse à leur problème de couple et remonte l’allée jusqu’aux portes, quand je suis hélé. Je me tourne vers la table des Gryffondor. James et Sirius me font signe de les rejoindre. Je fais demi-tour et me glisse entre les deux garçons qui se poussent pour me faire une place.
- Il y a quelque chose qui ne passe pas entre Camille et Fred ? Demande Peter, inquiet pour eux.
J’hausse des épaules, muette. Ce n’est pas à moi de lui dire ce qu’il se passe, surtout qu’il est au centre du problème - selon Fred.
- Peter, ça ne se demande pas à une tierce personne ça, le résonne James qui entame son dessert. Mandy, n’hésites pas à piocher dans les assiettes, on a bien vu que tu n’avais pas mangé.
- Tu me surveilles maintenant ?
Il secoue la tête, souriant.
- Vu le tapage que font tes deux amis depuis tout à l’heure, tout le monde a un œil qui s’égare par là-bas. Ca n’a pas été difficile de comprendre que tu n’étais pas restée assez longtemps avec eux pour avoir mangé convenablement.
Effectivement, les voix de Fred et Camille s’entendent parmi le brouhaha des conversations, mais pas assez pour comprendre ce qu’ils se disent. D’où je suis, je peux même voir que mon amie a viré au rouge furieux - et sans pousser mes sens à puissance vampirique. Je soupire et jette un œil sur l’assiette où séjourne une part de tarte aux pommes avec plein de crème chantilly que Sirius pousse vers moi. Je repousse la plat vers lui.
- C’est sympa, mais je n’ai pas faim. Je vais profiter de ce temps pour réviser encore un peu.
- Ah ces Serdaigle, râle gentiment James en levant les yeux au ciel. Toujours en train d’étudier. Faut s’amuser aussi dans la vie tu sais ?
- Qu’est-ce que tu as contre ceux qui pensent à leur avenir ? Intervient Remus, triturant sa glace à la vanille. Tu devrais plus prendre exemple sur elle que sur Sirius.
- Hey oh, qu’est-ce que tu me reproches ? S’insurge Sirius, la bouche entourée de chantilly.
- Ta flémingite aiguë, répond Remus, sérieux. Si tu crois que c’est en te tournant les pouces que tu vas recevoir tes ASPIC’s, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’au coude.
- Je suis un bon élève qui n’a pas besoin d’étudier, se défend le brun. Et tu veux bien arrêter de t’en prendre à moi ? On parlait d’Amandine.
Je lève les mains en signe de capitulation.
- C’est bon, je ne vois aucun inconvénient à ce que vous continuiez à m’ignorer.
Alors que je m’attendais à ce que l’échange vire à la dispute, les quatre amis éclatent de rire. Bon, j’ai compris, j’arrête d’essayer de les comprendre. James, toujours hilare, me frappe l’épaule avec sa main.
- Ah toi alors, tu me feras toujours rire.
Si ça lui fait plaisir.
- Ne t’inquiètes pas, dit Peter à mon encontre, Remus et Sirius s’amusent toujours à ce petit jeu. Ils essayent de convaincre l’autre que leur façon de faire est la meilleure. Et n’y parviennent jamais.
- Peut-être parce que les deux sont bonnes, réponds-je. Sirius a raison, quand on a des prédisposition pour l’apprentissage, il ne sert à rien d’étudier trop, le résultat fera que tout sera embrouillé. A contrario, certains ont besoin de travailler dur, comme Remus. C’est injuste, mais c’est comme ça.
Sirius, grand sourire aux lèvres, écarte les bras et brandit les poings en signe de victoire. Remus secoue la tête, se moquant de son ami avec un léger étirement des lèvres.
- Et voilà comment clôturer sept ans de débats puériles, dit James en rigolant.

O0o0O

Le professeur Flitwick passe entre chaque binômes, rectifiant les problèmes de visées ou d’incantations. Chacun d’entre nous possède un bloc de pierre pour deux, duquel il faut faire sortir une sculpture avec un sort informulé. Nous sommes peu à y parvenir parfaitement : pour l’instant il n’y a que Lily et Camille, qui sont en binômes. Je jette un œil à mon compagnon d’infortune, James. Sourcils froncés, lèvres serrées, il essaye désespérément de jeter son sort sans prononcer un mot. Je regarde autour de moi pour constater que tous sont plus ou moins aussi concentrés que mon binôme. Peter et Sirius s’entrainent à tour de rôle, Remus et Gabrielle Sanves révisent le mouvement de leurs baguettes ensembles, deux Poufsouffle ont abandonnés l’idée de l’informulé et tentent d’y réussir à haute voix avant de passer à l’étape suivante et un Serpentard, seul puisque nous sommes un nom impair, semble s’en sortir plutôt bien puisqu’une espèce de tigre a laissé place au bloc de pierre.
J’abandonne le reste de la classe pour me concentrer de nouveau sur le travail de James. Une forme sort peu à peu de la pierre. Je me lève de ma chaise et m’approche pour mieux regarder. Il semble que la forme soit humaine, bien que les finitions soient encore absentes. Manifestement, c’est une femme, livre à la main et une autre au niveau de son oreille. Peu à peu, les détails s’affinent et je reconnais le profil de Lily. La main qu’elle porte à son oreille est celle qui replace une mèche de cheveux et le livre qu’elle tient à la main est un exemplaire de « L’histoire de Poudlard ». J’imagine que cette représentation est un souvenir de James.
Mon attention s’échappe de la sculpture lorsque je sens approcher Sirius et qu’il s’arrête à côté de moi.
- Le contraire m’aurait étonné tiens, dit-il.
- De quoi tu parles ? Demandé-je en retour, bien qu’une idée m’effleure l’esprit.
- De la sculpture. Si elle avait représenté autre chose que Lily, je me serais inquiété de sa santé.
Je ne réponds pas tout de suite, trop occupée à contempler le résultat de James. Il a fait un bon travail et les finitions sont magnifiques. Le visage de la statue affiche un sourire hésitant, comme j’ai vu souvent Lily le faire. C’est une reproduction très fidèle, qui attire immédiatement l’intérêt du professeur qui s’empresse de venir commenter le travail de James avec le principal intéressé.
- Il est accro, hein ? Fais-je, sachant que Sirius comprendrait de quoi je parle.
Il acquiesce d’un air las.
- Depuis trois ans. Je ne sais pas comment il fait. Si une fille m’avait repoussé pendant aussi longtemps, j’aurais jeté l’éponge très vite.
J’hausse des épaules.
- J’imagine que tant qu’on ne sera pas nous-mêmes tombé amoureux au moins une fois, on ne comprendra pas.
Sirius tourne la tête vers moi, surpris.
- Tu n’es jamais tombé amoureuse ? S’exclame-t-il.
- Pas que je sache. Pourquoi, ça t’étonne ?
Je finis de poser ma question au moment où la cloche retentit. Tout le monde s’écarte de ses blocs de pierre, taillés ou pas, et rejoins sa place pour y récupérer ses affaires. Le professeur Flitwick nous informe que nous continuerons l’exercice au prochain cours et nous demande de nous entrainer sur du bois en attendant, avant de nous permettre de quitter la pièce. Je passe ma cape autour de mon cou, hisse mon sac sur mon épaule et file entre les tables pour rejoindre la porte. A la sortie, j’ai la surprise de constater que Camille est partie sans moi - ce qui me laisse penser qu’elle ne s’est sans doute pas réconciliée avec Fred - et qu’à l’inverse, Sirius se décolle du mur contre lequel il était adossé, et me rejoins.
- Où sont les autres ? Le questionné-je.
- Il sont partis devant, je leur ai dit que je les rejoindrai. Pourquoi ça ne devrait pas m‘étonner ? Ca devrait au contraire.
Je mets un temps avant de comprendre qu’il parle de notre précédente discussion. J’attrape la lanière de mon sac que j’agrippe et me met en route, décidée à rejoindre le parc où je pourrais m’entrainer immédiatement au sort de Taillage pendant que le cours est encore frais dans ma tête. Sirius m’emboite le pas, attendant visiblement une réponse.
- Non. C’est comme si à tes yeux, à mon âge, c’était obligé que je sois déjà tombé amoureuse de quelqu’un. Ce qui n’est pas le cas.
- Waouh. Je n’avais encore jamais rencontré une fille qui ne soit pas tombé amoureuse une seule fois , même un béguin.
- Ah, je t’arrête tout de suite, fais-je en levant une main alors que nous prenons les escaliers mobiles. Avoir un béguin et être amoureux n’est pas la même chose. L’intensité et la durée du sentiment ne sont pas les mêmes.
Sirius ouvre la bouche pour répliquer, mais rien ne sort. Je pense lui avoir coupé la chique. Puis, il reprend contenance après deux secondes d‘hésitations.
- Donc, tu avoues avoir au moins eu un béguin pour quelqu’un, dit-il avec un grand sourire, comme s’il avait réussi quelque chose.
Je fronce des sourcils.
- Oui, et alors ? J’ai dix-sept ans, c’est mon droit.
- Je le connais ?
Je m’arrête, Sirius fait de même deux pas plus loin et se retourne. Je croise les bras et le regarde intensément.
- Tu ne serais pas en train d’essayer de me faire avouer que j’en pince encore pour Remus ?
Son air joyeux disparait et il fronce des sourcils.
- Non, s’offense-t-il. Je suis juste curieux. Pourquoi, tu as encore des sentiments pour Remus ?
Je secoue la tête, dépassée.
- Non, il n’y a rien entre Remus et moi, fais-je en soupirant avant de reprendre ma route.
- Où tu vas ? Me demande-t-il quand j’arrive à sa hauteur et qu’il m’emboite de nouveau le pas.
- Dans le parc, réviser le cours de Sortilège. Le professeur Flitwick nous a dit de nous entrainer sur du bois, et ce n’est pas ce qu’il manque dehors.
- Alors ne passe par là, dit-il en m’attrapant le bras et en me poussant derrière une tapisserie que je ne savais même pas qu’on pouvait écarter.
- C’est un raccourci ? Demandé-je alors que j’allume ma baguette pour éclairer les lieux.
- Effectivement. Les gars et moi, on connait presque tous les passages secrets de Poudlard.
Il me passe devant dans l’étroit boyau de pierre et attrape ma main pour me guider. Son contact, que je n’avais pas senti depuis longtemps, m’électrise. Son odeur m’entoure et m’envahit plus que d’habitude dans un espace clos comme celui-ci et je le respire à plein nez. Il a vraiment un parfum magnifique. Y goûter devient de plus en plus tentant avec le temps. Il m’est à présent impossible de le côtoyer plus d’une heure sans que son odeur efface peu à peu la succulence de mes repas animales. Si, le jour où il apprend pour moi, il refuse d’être mon Calice, je devrais couper tout contact avec lui sous peine qu’il ne m’arrive ce qu’a prédit Lucinda.
Soudain, l’étroit passage descend abruptement et, surprise je ne peux que m’agripper au bras de Sirius pour éviter de tomber. Sa mains se resserre contre la mienne en réponse.
- Ça va ?
- Ouais, j’ai trébuché. Malgré ma baguette, je n’ai pas vu que ça descendait. Préviens-moi la prochaine fois s’il te plait.
- Ok.
Baguette pointée sur le sol, je vérifies maintenant qu’il n’y a pas d’autres dangers pour moi. Avec mon corps dur comme la pierre, c’est pas le moment de tomber au risque de défoncer un mur ou de blesser Sirius. Il faudra que je pense à apprendre à maitriser ma force en cas de surprise du genre. Soudain, un point de lumière apparait au loin et je comprends qu’on arrive au bout du tunnel. Le point ne tarde pas à devenir un rond de la taille d’un œuf puis, progressivement, à devenir plus haut qu’un homme. Un buisson masque la sortie du tunnel, mais Sirius n’est pas long à repousser le végétal et à m’aider à sortir. Nous sommes arrivés près du lac, bien loin de l’entrée du château.
- Eh bah dis donc, il est pratique ce passage. Il faudra que je pense à m’en souvenir.
Sirius sourit et me guide jusqu’à un arbre, entourés de branches mortes.
- Tu penses que ça fera l’affaire pour ton exercice ?
J’acquiesce d’un signe de tête.
- Et je peux me joindre à toi ? Ajoute-t-il avec un sourire malicieux.
- Tant que tu ne me déconcentres pas, je n’y vois aucun inconvénient.
Il se baisse pour ramasser un bout de bois et s’éloigne afin de me laisser un grand espace de travail. J’entame mes exercices avec enthousiasme. Je commence par jeter le sort à voix haute, sculptant des formes simples dans des branches de bois minces. Puis, une fois le mouvement et l’incantation bien en tête, je travaille sur des formes plus élaborées et dans du bois plus épais, avant de refaire la même chose mais avec le sort informulé. Au bout d’une heure, je suis entourée par une foule de sculpture toutes différentes les unes des autres, et je suis obligée d’allumer ma baguette pour voir dans le noir qui s’installe peu à peu. Il est bientôt sept heure et l’heure du dîner, je décide donc d’aller récupérer Sirius pour rentrer.
Je le découvre, à moitié allongé contre un arbre, yeux fermés et bras sur le ventre, entouré d’objets hétéroclites taillés grâce au sort. Je m’approche et m’accroupis, avant de détailler son visage. C’est vrai qu’il est beau garçon, plus que je ne l’avais remarqué jusqu’à maintenant, sans doute parce qu’il n’affiche jamais un visage aussi calme. Je remarque aussi un grain de beauté à peine visible près de son oreille. Bizarrement, je trouve ça mignon. Je tends une main et lui tapote les joues pour le réveiller. Il grogne en bougeant la tête pour m’échapper.
- Sirius, il est temps de rentrer, il fait nuit. Lève-toi.
Il inspire profondément, papillonne des yeux et me sourit quand il prend conscience de ma présence. Puis, il se redresse et s’étire en soupirant.
- Il est quelle heure ? Demande-t-il en se levant.
- Presque sept heures. Le dîner va bientôt être servi, réponds-je pendant qu’il récupère son sac par terre.
Nous remontons ensuite le parc jusqu’à l’entrée où nous croisons des élèves qui rentrent comme nous. Certains nous lancent des regards abasourdis et d’autres - majoritairement des filles - m’adressent des œillades assassines. Parmi celles-ci, Crow et Grayson, qui me fusillent du regard quand je leur passe à côté. Puis, nous pénétrons dans le château et grimpons l’escalier de marbre jusqu’aux portes de la Grande Salle.
- Hey, Sirius !
Nous nous retournons à l’interpellation. Il s’agit de Peter et Remus qui arrivent du couloir droit, revenant certainement de leur tour.
- James n’est pas avec vous ? S’étonne Sirius, lorsque ses amis s’approchent.
- Il est en retenue, il en a encore pour une heure, répond Peter.
- Oh mince ! M’exclamé-je alors, attirant leur attention.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Fait Remus.
- J’ai oublié que j’avais promis à James de passer lui donner deux ou trois tuyaux sur comment utiliser les produits moldus.
Les trois amis éclatent de rire. J’ignore s’ils se moquent de moi à cause de ma tête de linotte, où s’ils rient de leur ami qu’ils imaginent en train de se débattre avec des balais et des serpillières.
- Le pauvre, rigole Sirius. Tu devrais y aller maintenant, tu écourteras peut-être son supplice.
J’acquiesce d’un signe de tête et leur adresse un salut lorsque je redescends les marches qui mènent au hall d’entrée. Puis, je passe dans le couloir qui conduit aux cachots et prend le première tournant à droite avant de m’enfoncer dans le froid des sous-sols. Je ne mets pas plus de cinq minutes à parvenir au cachot numéro un qui, d’après l’odeur, a déjà été nettoyé de fond en combles. Visiblement, James a fini par se débrouiller tout seul. J’ouvre la porte et jette un œil dans la pièce. Il semble ne plus y avoir de nuisibles, et la poussière a disparu. Pas si mal pour un sang-pur. Je referme la porte, au moment où la voix de James résonne dans un cachot en un cri de surprise. Il a dû croiser une bestiole.
Amusée, je me dirige vers la provenance de la voix et ralentit progressivement quand je m’approche, interpellée par les odeurs que j’y découvre. Je reconnais le parfum de James, mais il y a quelqu’un d’autre avec lui, et ça m’étonne. Plus surprenant encore, cette personne possède un bouquet inconnu et pourtant reconnaissable. Ce soupçon de lilas imposant me rappelle Lucinda, pourtant ce n’est pas son odeur qui est avec celle de James. Soudain, un autre cri résonne, mais pas de surprise cette fois. De peur. Inquiète, je fonce jusqu’au cachot numéro cinq et ouvre la porte. Le spectacle qui s’offre alors à moi me cloue sur place.
James est acculé contre le mur du fond par un homme de haute taille, vêtu d’un long manteau marron. La personne se tourne vers moi à mon entrée et me permet de voir son visage. Il a le teint basané, des petits yeux marrons et une bouche aux lèvres fines. Ses cheveux bruns sont attachés sur sa nuque par une pince, une cicatrice lui barre la joue droite et par sa bouche ouverte, j‘aperçois les deux canines plus longues que la moyenne humaine. Son regard sombre croise alors le mien et il fronce des sourcils.
- Toi ? Murmure-t-il.
Mon sang se glace quand je comprends qui est cet homme. C’est le vampire, le membre de la caste qui m’a transformé. Il est aussi, par conséquent, le meurtrier de Betty. Mes yeux se posent ensuite sur ses mains, accrochées aux épaules de James qu’il plaque contre le mur. Ce dernier, totalement effrayé, a les yeux grands ouverts et le corps raidi. La colère grimpe en moi. Je voûte le dos, découvre mes dents et grogne :
- Lâche-le !
Il s’exécute immédiatement, ne me lâchant pas du regard. James glisse contre le mur, jusqu’à ce que ses fesses touchent le sol, toujours hébété. Le vampire profite alors du fait que je sois obnubilée par James pour courir hors du cachot. Il est rapide, bien plus que moi. Je décide alors de le laisser partir et de rejoindre James, en état de choc. Arrivée à sa hauteur, je pose une main sur son épaule.
- James, est-ce que ça va ?
Il tourne son regard vers moi, toujours dans le même état.
- Tu viens de me sauver la vie, lâche-t-il dans un murmure abasourdi. Si tu n’avais pas été là . . . Si tu n’étais pas descendu . . . Couic, plus de James !
Je presse son épaule, tentative dérisoire pour le réconforter. Je ne sais pas trop quoi faire pour lui, je suis encore sous le choc de ce qu’il vient de se passer et de la confirmation de mes doutes. Cet homme, puisqu’il m’a reconnu, ne peut-être que mon créateur. Mon cœur ce serre. Je viens de rencontrer la créature qui m’a attaqué, qui s’est nourri de moi, avant de me transformer en l’une des siens.
- Est-ce que . . .
Tirée de mes pensées, je porte mon regard sur James, l’incitant à poursuivre.
- Est-ce que tu veux bien me prendre dans tes bras ? Je crois que j’ai besoin d’un truc dans le genre.
Mal à l’aise, j’acquiesce. Je m’accroupis face à lui et passe mes bras autour de son cou, puis il niche son visage dans mon épaule, la respiration précipitée. Je lui caresse la base des cheveux tandis que ses mains agrippent fermement ma cape et qu’il s’y accroche avec la force du désespoir. Je comprends ce qu’il ressent. Être agressé par un vampire, c’est impressionnant. Savoir qu’on est en passe de devenir le repas de quelqu’un, ça colle une peur bleue.
Au bout de quelques minutes, James se calme et recule. Je m’écarte alors et m’assois face à lui, attendant de savoir ce qu’il veut faire ensuite. Comme il ne dit rien, se contentant de fixer le sol de pierre, je prends l’initiative.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demandé-je. Je t’ai entendu pousser un cri de surprise mais je n’ai pas pensé que tu étais en danger. Comment ça se fait qu’il n’ait pas eu le temps de te mordre avant que j’arrive ?
James redresse la tête et me raconte :
- Il est sorti de l’ombre d’un coin de la pièce. Je crois qu’il était là depuis un moment parce que je ne l’ai pas entendu rentrer. Puis tout d’un coup, il était sur moi et c’est là que j’ai crié. Ensuite, il m’a plaqué contre le mur, il m’a montré ses espèces de crocs et il m’a dit . . .
Il s’arrête. Je l’encourage à poursuivre.
- Il m’a dit qu’il était désolé.
- Désolé ?
- Oui. Il était désolé de devoir me tuer, complète James, totalement halluciné.
Je fronce des sourcils. Je pensais que le vampire attaquait pour se nourrir, pas pour tuer. Cela changeait tout. Il ne voulait pas transformer Betty en Faucheur, il voulait la vider de son sang, mais il a été interrompu par Grayson. Et il aurait fait la même chose à James si je n’étais pas intervenu. Mais, et moi dans l’histoire ? Il n’a pas cherché à me tuer, puisqu’il m’a transformé en membre de la Caste. Mais pourquoi m’avoir attaqué dans ce cas-là ? Et pourquoi devoir tuer James et Betty ? Sont-ils des cibles pris au hasard, ou des personnes désignées ? Et si c’est le cas, désignées par qui ? Et pourquoi ce vampire exécuterait ce « devoir » ?
- Tu le connais, fait soudain James à voix basse.
Je croise son regard. Il a les sourcils froncés, dans un souci de compréhension.
- Quoi ? Fais-je, trop étonnée pour prononcer autre chose.
- S’il n’a pas mené son attaque jusqu’au bout, c’est parce que tu es arrivée. Il te connait, il a dit « toi ? ». Il t’a reconnu. Comment tu connais un Faucheur, toi ? Et . . . Et . . . Pourquoi tu t’es mise à montrer les dents et à grogner ? J’étais peut-être totalement effrayé à ce moment-là, mais je me rappelle parfaitement ce que tu as fait.
J’ouvre la bouche, mais aucun mot n’en sort. Je la referme, avant de froncer des sourcils, cherchant une excuse valable pour expliquer ce qu’il s’est passé. Mais rien ne vient, sauf :
- Ce n‘était pas un Faucheur, c’était un vampire de la Caste.
James affiche l’air de celui qui ne comprend rien, ce que je ne peux pas lui reprocher. Il attendait une explication, mais je lui dis juste qu’il a tort sur la nature de son agresseur.
- Et comment tu peux savoir ça ?
Je me lève, lui tourne le dos et soupire en me pinçant l’arrête du nez. Tout comme avec Remus deux mois plus tôt, je n’ai plus le choix : je dois avouer la vérité à James sur ma véritable nature. Je lui fais alors de nouveau face et constate qu’il s’est relevé lui aussi. Je grimace alors qu’il plante son regard dans le mien, décidé à avoir les réponses à ses interrogations.
- Je le sais parce que je suis moi aussi un vampire de la Caste. L’homme qui t’a agressé est celui qui m’a transformé il y a deux mois.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeDim 22 Mar - 10:57

Chapitre 15 : Le début d’une amitié

Je soupire et referme la porte derrière moi. Je viens de déposer James à l’infirmerie. Cela n’a pas été difficile de le faire, il était tellement ébahi par ce que je lui ai appris qu’il m’a sagement suivi jusqu’à ce que Mme Pomfresh prenne le relais. Elle a été plutôt étonnée de me trouver là avec un Gryffondor en état de choc et j’ai dû lui expliquer ce qu’il s’est passé, et aussi que James sait à présent que je suis un vampire. Elle m’a alors recommandé d’aller voir le professeur Dumbledore. Trois attaques sur des élèves, dont seulement une n’a pas eu de répercussions, c’est beaucoup trop. Il va devoir prendre des mesures.
Parvenue devant la gargouille qui protège l’entrée du bureau directoriale, je murmure le mot de passe que j’ai entendu Lily utiliser, en espérant que le professeur ne soit pas encore descendu dîner. Malheureusement, quand je frappe trois grands coups contre la porte, seul un grand silence me répond. Je fais donc demi-tour, quitte l’escalier mobile et prends la direction de la Grande Salle. En chemin, je ne croise pas âme qui vive et mon esprit s’égare du côté du vampire. J’espère qu’il a quitté le château, voire le domaine. J’ignore si en le croisant de nouveau, je ne serais pas tellement furieuse que je lui sauterais à la gorge. Pourtant, ce ne serait pas intelligent puisqu’il m’a démontré qu’il était bien plus rapide que moi.
J’arrive devant l’entrée de la Grande Salle. Les conversation y vont bon train. C’est étrange, car totalement en contraste avec que nous vivons en ce moment, James et moi. C’est comme si je pénétrais dans une autre dimension. Je marche dans l’allée du milieu, me dirigeant vers la table des professeurs, perpendiculaire aux quatre autres, et les yeux fixés sur le professeur Dumbledore qui discute avec sa voisine, le professeur McGonagall. Il prend conscience de mon regard sur lui quand je m’arrête devant lui, mains sur la table et buste en avant pour ne pas avoir à parler par-dessus le vacarme des élèves.
- Excusez-moi, professeur, mais je dois vous dire que je viens de déposer James Potter à l’infirmerie : il a été attaqué par un vampire.
Les conversations des professeurs qui pouvaient entendre ce que je viens de dire s’interrompent instantanément, et tous se tournent vers moi. Le directeur, à présent inquiet, se lève de table, non sans recommander à ses collègues de faire comme si tout allait bien. Les conversations reprennent alors, plus basses et plus décousues. Le directeur fait le tour de sa table avant de me rejoindre et de me faire signe de le suivre.
- Vous avez trouvé Mr Potter où vous étiez présente au moment de l’attaque ? Me demande-t-il alors que nous remontons l’allée.
- Je suis arrivée au cours de l‘attaque, monsieur, avant qu’il ne le morde.
Sirius, Remus et Peter se lèvent de leur table au moment où nous passons devant eux. Je leur fais signe de se rasseoir, mais ils quittent leurs places pour nous suivre.
- Mandy, il est arrivé quelque chose à James ? Demande Remus.
Le professeur Dumbledore s’arrête et leur jette un regard avant de se tourner vers moi.
- Miss, Mr Potter est-il en danger ?
Je secoue la tête.
- Il n’est pas blessé, seulement en état de choc. Je suis arrivée à temps.
Il se tourne ensuite vers les trois maraudeurs.
- Messieurs, maintenant que vous êtes rassurés sur l’état de santé de votre ami, je vous prierais de retourner à vos places. Nous vous avertirons quand vous pourrez aller rendre visite à Mr Potter à l’infirmerie, si besoin ait qu’il y reste. Bon appétit.
Le professeur Dumbledore fait ensuite demi-tour dans un joli mouvement robe et quitte la Grande Salle d’un pas rapide. Je le suis, non sans faire signe aux maraudeurs pour les rassurer. Le directeur ne met pas plus de quelques minutes à rejoindre l’infirmerie. Il arrive essoufflé, moi pas. Quand nous entrons, nous découvrons Mme Pomfresh qui termine ses examens. James redresse la tête à notre entrée, et à son regard, je comprends qu’il a retrouvé toute sa tête. Je lâche un tout petit soupir : il va falloir que je m’explique maintenant. L’infirmière range sa baguette et se tourne vers le professeur Dumbledore.
- Mr le directeur, Mr Potter n’a rien, mise à part une grosse frayeur.
Le directeur soupire, soulagé.
- C’est aussi ce que m’avait dit miss Dawn.
Puis, il se tourne vers moi.
- Miss, pouvez-vous me dire ce qu’il s’est passé exactement ? Vous avez vu l’agresseur ?
J’acquiesce d’un signe de tête.
- Oui, je l’ai vu. Il fait dans les un mètre quatre-vingt, quatre-vingt cinq, brun, les yeux noisettes, il portait aussi un long manteau marron. Je l’ai senti aussi, c’est un membre de la Caste.
Je prends une grande inspiration et ajoute :
- C’est le même vampire qui m’a attaqué et transformé, alors je suppose que c’est aussi lui qui a tué Betty.
Du coin de l’œil, je vois James sursauter. Bien sûr, personne n’a jamais su les causes réelles du décès de ma camarade.
- Et monsieur, j’ai dit à James que j’étais un vampire.
Le directeur acquiesce.
- Ce qui explique que vous en parliez si librement devant lui. Mr Potter, ajoute-t-il en se tournant vers lui, si Mme Pomfresh n’y voit aucun inconvénient, vous pouvez rejoindre votre maison, cependant, je dois vous demander de garder le silence sur ce qu’il s’est passé ce soir. A vos amis qui s’inquiètent, vous direz que vous avez fait une mauvaise chute : je crois savoir que vous étiez en retenue.
James confirme.
- Bien, alors je compte sur vous. Pas un seul mot sur votre attaque, je me charge de cela, quant à miss Dawn, eh bien . . .
Il se tourne brièvement vers moi, avant de regarder de nouveau James.
- J’imagine que vous verrez ça ensemble. Pompon, puis-je vous entretenir un moment ? Quant à vous jeunes gens, je vous souhaite une bonne soirée, et ménagez-vous.
Sur ces mots, le directeur quitte l’infirmerie, Mme Pomfresh le suivant. La porte se referme derrière eux et un lourd silence pèse sur la pièce une fois qu’ils ne sont plus là. Mal à l’aise, je me tourne vers James, me promettant d’attendre quelques secondes, pour voir s’il me parle, avant de quitter la pièce. Le Gryffondor a le visage baissé, les yeux rivés au sol et les mains s’agrippant au bord du lit sur lequel il est assis. Je ne sais s’il a l’intention ou pas de m’interroger sur ce que je lui ai avoué, et j’avoue redouter un peu sa réaction.
Constatant au bout de quelques secondes interminables, qu’il n’a toujours pas ouvert la bouche, ni ne m’a adressé un seul regard, je me détourne de lui et me dirige vers la porte de l’infirmerie. C’est alors que ma main se pose sur la poignée que sa voix s’élève dans la pièce.
- Pourquoi Betty Namib est morte, et toi es-tu devenu un vampire ?
Je soupire, lâche la poigné et me retourne.
- Malheureusement, il faut que ta première question ne trouve aucune réponse. J’ignore pourquoi elle est morte, et moi transformée. Je ne le sais pas du tout, je n’ai même pas un soupçon sur la raison. Il n’y a que ce vampire qui pourrait te répondre.
Il acquiesce d’un signe de tête, les yeux toujours rivés sur le plancher. Je m’adosse à la porte, ne le lâchant pas du regard, et j’attends la prochaine question. Elle ne tarde pas à retentir dans le silence.
- Comment c’est arrivé ? Pour toi.
Je prends une profonde inspiration, et réponds :
- Ma retenue d‘il y a deux mois, avec le professeur Slughorn. Nous avons étés récoltés des plantes pour ces cours de potion dans la forêt Interdite, et c’est là qu’il m’est tombé dessus. Il m’a attaqué par derrière, alors je n’ai pas vu son visage à ce moment-là. Je ne me rappelle de rien après, seulement de mon réveil à l’infirmerie deux jours plus tard. C’est là que le professeur Dumbledore m’a appris que j’avais été transformé.
Il acquiesce de nouveau, silencieux. Puis, il décide enfin de m’adresser un regard et un sourire hésitant étire ses lèvres.
- Désolé pour . . . Ma réaction, fait-il, mais je suis un peu perturbé je dois avouer. Je ne m’attendais pas à un truc pareil. Mon attaque, puis toi qui me sauve . . .
Je me rapproche, m’assied à côté de lui. Il ne recule pas, ne sursaute pas à mon approche, ce que je prends comme un bon signe. Je ne lui fais pas peur, il réagit mieux que Remus.
- Est-ce que Remus sait pour toi ?
Je souris, amusée que nos pensées se soient tournées vers lui au même moment.
- Bien sûr, comment veux-tu le lui cacher, avec ses sens plus développés que la moyenne ? En plus, il ne supporte pas l’odeur des vampires, comme je ne supporte pas l’odeur des loups-garous.
James redresse la tête, interpellé. Je pourrais penser que c’est à cause de moi, et du fait que j’ai parlé du secret de Remus, mais je sais que les maraudeurs sont déjà au courant, puisque Remus m’a dit le leur avoir avoué il y a quelques années. Alors, c’est autre chose qui a attiré l’attention de James.
- Attends, si vous n’aimez pas vos odeurs respectives, pourquoi vous êtes sortis ensemble ?
Je grimace. Effectivement, j’ai fait une boulette.
- Disons que c’est compliqué.
- Je suis moins bête que la moyenne, je devrais pouvoir comprendre.
Je secoue la tête.
- Ce n’est pas que tu ne comprendrais pas, c’est que l’histoire est trop compliqué pour que je te la raconte. Du moins, maintenant, rectifié-je en voyant son regard dépité. Je te le dirais, si tu me promets de le garder pour toi. D’ailleurs, si tu pouvais éviter de parler de ma nouvelle nature à tes amis, ce serait sympa aussi. Je préférais le leur dire moi-même.
- Tu comptais le faire ? S’étonne-t-il. Même à moi ?
J’acquiesce.
- Une fois que j’aurais été sûre de pouvoir vous faire pleinement confiance, et sans vous faire fuir. Et, une fois que j’aurais été prête aussi. Ce n’est pas un sujet que l’on aborde facilement.
- Je comprends, répond-t-il.
Puis, il rigole et passe une main dans ses cheveux.
- Mince, si on m’avait dit qu’un truc pareil m’arriverait, je l’aurais jamais cru ! Et à ton avis, qu’est-ce que va faire le professeur Dumbledore contre ce vampire ? D’après le cours de Gray, ils ne sont pas faciles à abattre. D’ailleurs, pourquoi m’a-t-il attaqué ? Ajoute-t-il après un brin de réflexion. Je croyais que la Caste ne se nourrissait pas d’humains ?
Il se tourne vers moi, interrogateur.
- C’est le cas, moi-même je me nourris seulement d’animaux. Le sang humain a un goût répugnant pour les gens de la Caste, il n’y a que les Faucheurs qui l’apprécient. C’est pour ça que je ne comprends pas ce vampire. Je ne sais pas pourquoi il fait tout ça.
Je fais une pause avant de continuer :
- Et c’est vrai, un vampire n’est pas facile à tuer. Nous ne résistons pas aux sorts, mais nous récupérons très vite et, au corps à corps, nous sommes très puissants.
- Oui, Gray en avait parlé, je me rappelle. Ils sont - enfin vous êtes agiles aussi, non ?
J’acquiesce. Parler de combats entre vampires me rappelle Betty. J’essaye d’effacer son visage de ma mémoire, mais c’est difficile. Je regrette sa disparition.
- Quand même, en repensant à ce vampire et à ses attaques, fait James, on a eu de la chance que Betty soit restée morte. S’il ne l’avait pas vidé de son sang, elle serait devenue un Faucheur !
J’aperçois son air épouvanté, avant de tourner la tête pour lui cacher une quelconque émotion sur mon visage qui pourrait lui mettre la puce à l’oreille sur la vérité. Il n’a pas besoin de connaître les détails sanglants de cette attaque.
- Tu veux que je te raccompagne à ton dortoir ? Proposé-je alors.
- Pourquoi pas. Je me sentirais plus rassuré, et les gars doivent se faire du souci pour moi.
Il descend du lit, je le suis, puis nous sortons de la pièce. Dans le couloir, il me demande :
- Dis, pour les jours qui viennent, tu voudrais pas . . . Enfin, je me disais, avec toi à mes côtés, ça me rassurerait. Je dois avouer que . . .
Je le coupe avant qu’il ne s’embourbe avec ces mots.
- Pas de soucis, t’auras un garde du corps.

O0o0O

La foule explose en cris et en applaudissement, félicitant le but des Gryffondor. Seuls les Serdaigle, déçus par leur gardien, protestent. Le buteur, James, fait un tour d’honneur dans le stade, avant que le match ne reprenne son cours. Assise sur un banc au premier rang de la tribune de ma maison, je suis la rencontre, comme tous les autres. Pour l’instant, le score est serré, mais c’est Gryffondor qui l’emporte sur nous de dix points. Il faut égaliser avant la fin, qui peut arriver à tout moments.
Dean Matthews, le batteur qui remplace Betty, envoie un cognard dans la direction de James qui a le souaffle en main. La balle frôle le bras du Gryffondor qui, surpris, en lâche le souaffle. C’est Dan qui le rattrape et fonce vers les buts de Gryffondor. Une majorité des Serdaigle se lèvent pour encourager notre capitaine d’équipe, alors qu’il pousse son balai à vitesse maximale et qu’il évite les cognards envoyés par l’équipe adverse, dont un particulièrement vicieux de Sirius. Il lance le souaffle, mais la gardienne bloque le ballon. Les Gryffondor acclament, les Serdaigle rouspètent en se rasseyant. Le commentateur, un Poufsouffle, rappelle le résultat du match et précise que les attrapeurs sont au coude à coude pour le vif d‘or. La balle est remise en jeu et c’est James qui l’attrape. Ils foncent à son tour, est arrêté par un cognard, passe la balle à un équipier d’une quinzaine d’année et . . . Le commentateur explose nos oreilles en hurlant la fin de la rencontre sur la victoire de Gryffondor. Les rouge et or éclatent de joie dans les tribunes.
Délaissant les Serdaigle qui ruminent leur défaite, je me lève et quitte le stade. Comme à mon habitude, je rejoins les vestiaires après les matchs pour y attendre Camille. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, car je ne lui ai pas parlé depuis hier, lors de sa dispute avec Fred. Lorsque je suis rentrée de ma chasse, après avoir discuté avec James, elle dormait déjà, et ce matin, elle était partie de bonne heure pour le débriefing d’avant match. Je n’ai rien vu d’inhabituel entre Camille et Fred pendant la rencontre, mais cela ne veut rien dire, puisqu’ils sont tous les deux capables de s’ignorer royalement, sans que cela ne paraisse étrange.
Arrivée devant les vestiaires, je constate la présence d’autres personnes, qui ont été plus rapide que moi et sont sans doute venues en courant. Crow et ses amies du fan club font le pied de grue devant la porte, attendant certainement la sortie de Sirius. Il y a aussi Peter et Remus, adossés à un arbre, ainsi que quelques jeunes Serdaigle, qui attendent sans doute eux aussi leurs amis. Je me rapproche et m’arrête à distance respectable. Des gradins, me parviennent encore les cris de joies des Gryffondor ainsi que les pas de ceux qui quittent le stade.
Soudain, Crow se tourne vers moi. Ses yeux se plantent dans les miens et au regard qu’elle me jette, je comprends que mon rapprochement récent avec Sirius lui déplait. Je sens qu’elle recommencera, comme la dernière fois. Je rends son regard à la Serdaigle, décidée à lui faire comprendre que je ne me laisserai pas marcher sur les pieds. Après ce qu’il s’est passé, les conséquences qu’ont eus son geste, il est hors de question que je reste sans réagir cette fois-ci. Je suis même prête à passer à l’offensive la première, si cela peut la dissuader de faire quoi que ce soit.
J’intercepte ensuite les odeurs de Remus et Peter qui s’approchent de moi. Ils ont dû remarquer ma présence. Je lâche Crow du regard pour accueillir convenablement les deux Gryffondor, à qui j’adresse un sourire. Ils me saluent en retour.
- Comment allait James ? M’enquis-je auprès des deux jeunes hommes.
Je l’ai laissé devant la porte de sa maison hier soir, et il semblait encore un peu déboussolé à ce moment-là. J’espère que cela na s’est pas trop vu.
- Plus de peur que de mal visiblement, répond Peter. Il était un peu à côté de ses pompes. Mais le match de ce matin devrait l’avoir requinqué.
J’acquiesce au moment où les joueurs de Gryffondor arrivent aux vestiaires, suivis de leurs supporters. Nous sommes poussés sur le côté par les élèves et je me retrouve coincée entre Remus et le mur. Ce dernier m’adresse une grimace désolée, auquel je réponds par un mouvement de tête qui lui signifie qu’il n’a pas à s’en faire pour ça. Puis, il se retrouve subitement très éloigné de moi, tiré en arrière par James.
- Hey oh, Lunard, c’est pas cool ça, on ne fait pas des papouilles à une fille qui n’est pas sa petite amie !
Puis, il éclate de rire en lâchant l’encolure de Remus. Je me redresse et remet de l’ordre dans ma tenue débraillée, avant de m’adresser à James :
- Félicitation pour le match. J’espère que vous battrez aussi les Serpentard la prochaine fois.
- On va en faire de la pâtée pour dragons, ouais ! S’exclame Sirius qui accourt vers nous, ayant apparemment tout juste réussi à échapper à ses groupies, vue l’état de son maillot.
Il attrape James et Remus par la nuque et affiche un sourire grand comme le monde.
- Tu viens fêter ça avec nous ? Me demande-t-il ensuite. Ce sera l’occasion de te remercier d’avoir sauvé James hier. Il parait que t’as amorti sa chute quand il est tombé de l’échelle.
Il éclate de rire en même temps que Peter, et je me tourne vers James qui affiche un air penaud. Puisque lui et Remus ne rigolent pas, j’imagine que tous les deux savent que l’autre sait à mon sujet. Il ne reste donc plus que Peter et Sirius dans l’ignorance, parmi tout ceux que je côtoie activement.
- Merci, mais je ne pense pas. Camille m’en voudra sans doute de fraterniser avec l’ennemi par une journée pareille.
- Elle n’a qu’à venir aussi ! S’enthousiasme Sirius en s’approchant de moi et en passant son bras autour de mes épaules.
Je bloque ma respiration par réflexe, mais cela n’empêche pas des frissons d’électriser ma colonne vertébrale. J’intercepte le regard meurtrier de Crow et trouve là une excellente excuse pour virer Sirius. J’enlève son bras de mes épaules en disant :
- Sirius, je t’apprécie mais pas au point de risquer de nouveau ma vie. Garde tes distances, je te prie.
Ma remarque a vite fait de le surprendre, ainsi que de le blesser. Ne désirant pas qu’il se méprenne, je file un coup de pouce discret dans la direction de Crow. Il suit du regard ce que je lui indique et ses yeux s’illuminent de compréhension.
- Désolé, j’oubliais, s’excuse-t-il en s’éloignant en direction des vestiaires. James, tu viens ? On ne doit pas sentir la rose.
J’avoue ne pas avoir fait très attention à son odeur corporelle, mais maintenant, je remarque que sa délicieuse odeur est masquée par la sueur. J’aurais tout aussi bien pu éviter de frôler l’asphyxie. Constatant alors que James n’a pas réagi à l’appel de son ami, je me tourne vers lui. Il me fixe.
- Maintenant que j’y pense, fait-il d’un air absent, c’est à cause de Crow et de Sirius que t’as récupéré une retenue la dernière fois. Donc c’est un peu de leur faute si tu as été tr . . .
Vif comme l’éclair, Remus se jette sur son ami et le bâillonne avant qu’il ne prononce le mot fatidique en entier. Soulagée, je soupire. J’avais bien envisagée d’intervenir, mais mes interventions auraient été trop vampiriques pour passer inaperçues. Il faudra que je me souvienne de remercier Remus et d’apprendre à James à contrôler sa bouche.
- Lunard, qu’est-ce que tu fais ? S’étonne Peter, les yeux ronds, en voyant le lycanthrope s’attaquer à leur ami.
- Je crois qu’il l’empêche de parler, devine Sirius avec beaucoup trop de facilité. Qu’est-ce qui est de ma faute, au fait ?
- Absolument rien, réponds-je, James analyse très mal les choses. Vous n’étiez pas censés aller vous laver d’ailleurs ?
Sirius me regarde intensément, avant d’hausser les épaules et de récupérer James, que Remus a lâché, pour se rendre aux vestiaires. Peter nous scrute tous les deux, sourcils froncés. Il se doute qu’on cache quelque chose mais ne semble pas près à mettre le sujet sur le tapis. Alors, il fait comme si de rien n’était, et propose à Remus d’aller attendre leurs amis dans la salle commune et d’aider à préparer la fête en l’honneur de leur victoire. Nous nous adressons des signes d’au revoir quand ils s’éloignent, et je me retrouve seule, à surveiller l’arrivée de l’équipe des Serdaigle. Ils ne tardent pas à apparaitre d’ailleurs, dépités. Je m’avance vers Camille.
- Vous avez joué un bon match, fais-je à voix haute.
Camille relève la tête et me sourit.
- Merci.
Un ange passe, et je lui fais signe d’aller se changer. Elle m’enlace très rapidement avant de se précipiter vers les vestiaires. Je croise alors le regard de Fred qui me tend un sourire incertain. J’ignore s’ils sont en froid, s’ils se sont réconciliés, ou s’ils ont carrément rompus. Comme tous les autres joueurs, Fred me passe devant et pénètre dans les vestiaires d’où certains Gryffondor sortent déjà. Décidant d’attendre mon amie, je m’adosse à un arbre, tout proche de la porte et cache mes mains dans ma cape. Je constate alors que Crow, Grayson et deux Poufsouffle sont encore là. Je ne peux imaginer ce que Sirius vit avec elles, ni comment il fait pour les supporter. Quand je les vois lui tourner autour avec insistance et que je comprends qu’il n’arrive plus à les supporter, il m’arrive de m’imaginer en train de les envoyer voler à travers les couloirs de Poudlard. Ce serait tellement bon de le faire, rien qu’une fois.
Soudain, Crow se détache de ses copines et s’avance vers moi. Je la laisse venir sans lui montrer que j’ai la moindre intention de l’écouter. Elle s’arrête devant moi et croise les bras sous sa poitrine. Sa chevelure ondulée capte un rayon de soleil et je m’aperçois qu’elle est plus châtain que rousse. Encore une chose que, sans ma transformation, je n’aurais pas pu deviner.
- J’aimerais savoir une chose, Dawn. Quelle relation entretiens-tu exactement avec Sirius ?
J’hausse des épaules.
- Nous sommes justes copains. Je suis sortie avec Remus, c’est pour ça.
L’Œil gauche de Crow se crispe.
- Tu . . . Avec Remus ?
Je fronce des sourcils. Je ne comprends plus, je croyais qu’elle ne s’intéressait qu’à Sirius ?
- Oui, pourquoi ça pose un problème ?
Elle inspire profondément puis expire lentement.
- Non, pas du tout. Mais passer par Remus pour s’approcher de Sirius, c’est vraiment mesquin. Je te pensais au dessus de ça.
Je fermes les yeux deux secondes, n’en revenant pas, puis les rouvre.
- Crow, je dois avouer que je ne te suis pas. Je n’ai jamais, à aucun moment, fait preuve d’une quelconque attirance envers Sirius, alors pourquoi est-ce que tu t’obstines à penser que je lui tourne autour ?
Elle décroise ses bras, me lance un regard halluciné.
- Attends, tu ne sais pas ?
- Je ne sais pas quoi ?
Elle soupire, secoue la tête.
- Toutes les filles du fan-club te jalousent et veulent t’éloigner de lui. Sirius n’est sorti qu’une seule fois avec une fille à Poudlard, et tu lui ressembles sur beaucoup de points. Tu es tout à fait le genre de Sirius.
Un ricanement m’échappe, que je contrôle assez rapidement.
- Bien, si ça peut te rassurer, sache que Sirius n’est pas du tout mon genre.
Elle plisse des yeux.
- Vraiment ?
- Vraiment. Mais si un jour ça change, je te jure que tu seras la première au courant.
Sur ce, je m’éloigne d’elle, ayant capté l’effluve de Camille qui s’approchait. J’attrape mon amie par le bras, ce qui l’étonne, et nous guide vers le château. Je m’autorise alors un laisser échapper un soupir d’aise, contente d’être débarrassée de Crow et de ses suspicions.
- Qu’est-ce qui ne va pas ? Me demande Camille. C’était bien Crow avec toi à l’instant ?
J’acquiesce et lui rapporte ce qu’il s’est dit entre ma camarade et moi. Tout comme moi, Camille est surprise par la nouvelle.
- Elle est vraiment bouchée quand même, s’exclame Camille. Si Sirius te tournait autour, ça se serait vu, non ? Je pense qu’il te considère comme une bonne copine et que ça s’arrête là.
- On est d’accord là-dessus.
Nous éclatons de rire, encore retournées par l’absurde de la situation et pénétrons dans le château. Nous sommes encore en train de rire quand des bruits de course se rapprochent et que je capte les fragrances de Sirius et James. Ils doivent être pressés d’aller faire la fête, s’ils retournent à leur salle commune à cette vitesse. Puis, sans que je m’y attende quelqu’un m’attrape par le bras et me fait m’arrêter. Je me retourne, c’est James.
- Hey, espèce de lâcheuse. Où est-ce que tu vas comme ça ?
Je suis à deux doigts de l’envoyer paitre, quand je croise son regard et que je me souviens de ma promesse de la veille. Visiblement, il ne s’est toujours pas remis du choc, chose que je pensais avoir été accélérée par la liesse du match.
- Excuse-moi, fais-je avec calme, je pensais que ça allait mieux.
Il semble s’apaiser et sourit.
- OK, excuse-moi aussi, je n’aurais pas dû réagir comme ça.
Il lâche mon bras et Sirius s’approche.
- Tu ne veux toujours pas te joindre à nous pour la fête ? Poursuit James. Bien sûr, tu es la bienvenue Camille, ajoute-t-il en souriant à mon amie.
Je me tourne moi aussi vers elle. Elle joue avec sa natte droite, gênée.
- C’est-à-dire que Dan ne sera pas content s’il apprend que j’ai fêté votre victoire. Je préfère ne pas me mettre mon capitaine à dos.
James me regarde ensuite. Je suis sur le point de refuser l’invitation quand Camille se penche sur moi et me murmure à l’oreille :
- Vas-y. Je dois parler à Fred, et je pense que tu t’amuseras plus avec les maraudeurs. N’abandonne pas en si bon chemin, ils semblent beaucoup t’apprécier, surtout James. Il faudra d’ailleurs que tu m’expliques deux ou trois trucs.
Je soupire et accepte l’invitation de James d’un hochement de tête. Il sourit puis m’attrape par le bras pour me guider vers la tour de Gryffondor. Nous saluons tous les trois Camille, qui reste dans le hall, sans doute pour attendre Fred, puis nous disparaissons dans le couloir aux escaliers mobiles.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeLun 23 Mar - 9:18

Chapitre 16 : Nouvelle tragédie

Je quitte la salle commune des Gryffondor, pas mécontente de sortir enfin de la pièce bruyante et encombrée, après y avoir passé près de deux heures. J’abandonne ainsi James et Sirius, qui font le tour de la salle montés sur les mains des Gryffondor, et surveillés de près par Remus et Peter au cas où un faux mouvement enverrait l’un ou l’autre faire une rencontre douloureuse avec le plancher. Le portrait se referme dans mon dos, me coupant ainsi du brouhaha de la salle. Je secoue la tête, l’esprit encore envahie par tout ce que j’ai pu capter avec l’ouïe ou l’odorat, malgré que j’ai tenté de mettre mes sens à niveau humain. Mais avec l’alcool qui a circulé, parfois sans que je ne m’en aperçoive, mon contrôle était plus inégal qu’à l’habitude. Forte heureusement, il semblerait que les effets de l’alcool sur les vampires soient moins long que sur les humains et je commence à pouvoir récupérer la totalité de mes facultés.
Parcourant le couloir un petit peu plus vite que la moyenne, j’arrive aux escaliers mobiles en moins d’une minute et je me permets de souffler de soulagement. J’ignore quelle mouche a bien pu piquer Sirius et James, mais ils s’étaient visiblement fait passer le mot pour ne pas me laisser sortir de leur maison sans leur autorisation express. J’ai essayé à plusieurs reprises de leur fausser compagnie, sans succès. Je n’y suis parvenue qu’à la cinquième tentative, et seulement parce que Lily a lancé l’idée d’acclamer comme il se fallait l’équipe de Gryffondor au complet. Il faudra d’ailleurs que je pense à la remercier convenablement de m’avoir aidé sur ce coup-là, et de m’avoir aussi tenue compagnie pendant une bonne partie des deux heures. Quant à Remus et Peter, je crois qu’ils étaient encore plus étonnés que moi des réactions de leurs deux amis.
Les escaliers m’ayant déposé à l’étage voulu, je m’engage dans le couloir qui mène à la Grande Salle. Midi sonne à l’horloge de l’école, au moment où je pénètre dans la salle. Sans étonnement, la table des Gryffondor est vidée de ses élèves. Je me dirige donc vers celle des Serdaigle, où j’aperçois bientôt Camille en train de triturer son déjeuner d’un air absent. Je m’installe à côté d’elle, cherchant Fred du regard. Elle m’avait dit qu’elle devait lui parler, j’imagine que la discussion ne s’est pas déroulé très bien. Je me sers d’une part de gratin dauphinois, avant de me tourner vers mon amie qui ne semble pas avoir remarqué ma présence.
- Cam’ ?
L’interpellée relève la tête, un étonnement non feint peint sur le visage. Puis, elle m’adresse un sourire forcée avant de lâcher bruyamment sa fourchette dans son assiette.
- Ah, c’est toi, murmure-t-elle, cachant ses mains entre ses cuisses, comme pour les réchauffer.
- Oui. Quelque chose ne va pas ? C’est Fred ?
Sa mâchoire se crispe, ses yeux se plissent et s’embuent de larmes avant que je n’ai eu le temps de comprendre. Puis, elle étouffe un sanglot en mordillant sa lèvre inférieure. Je repousse mon assiette et passe un bras autour de ses épaules, guidant son visage vers ma poitrine pour qu’elle puisse y pleurer sans trop attirer l’attention. Elle s’agrippe à mon pull et sanglote, le temps de quelques secondes, le temps d’évacuer ce qu’elle a sur le cœur, avant de me raconter ce qu’il s’est passé. Je frotte son dos, et elle se redresse, essuyant les larmes de ses joues.
- Fred a rompu, m’apprend-t-elle alors. Il a dit qu’il préférait qu’on arrête là. Que de toute façon, ses sentiments envers moi avaient changés.
Je grimace, compatissant à sa douleur.
- Mince, c’est dur, fais-je en sortant un paquet de mouchoirs en papier de la poche de mon jean.
Elle hausse des épaules avec désinvolture, attrape le mouchoir que je lui tends, s’essuie les yeux, puis se mouche discrètement.
- En fait étrangement, je me suis sentie soulagé qu’il rompe. Je crois que moi aussi, mes sentiments avaient changés. Je le considérais plus comme un ami. Je restais sans doute avec lui par habitude.
Je ne fais aucune réflexion, mais j’avais déjà remarqué un changement entre eux. Sans parler du fait qu’ils passaient de moins en moins de temps ensemble depuis quelques semaines, ils n’avaient plus les petits gestes d’attention du départ. Ils réagissaient l’un envers l’autre, comme s’ils n’étaient effectivement que des copains. Peut-être que cette rupture est mieux pour eux.
- Si tu veux bien, j’aimerais ne pas trop en parler. J’ai encore du mal à me faire à l’idée.
J’acquiesce d’un signe de tête puis, après avoir pris une grande inspiration, Camille fait de nouveau face à la table et pioche dans son assiette avant de manger avec en train.
- Comment ça s’est passé avec les maraudeurs ? Me demande-t-elle.
Je mâchonne un morceau de pomme de terre avant de répondre.
- Pas trop mal. Mais si j’avais su, je n’aurais jamais promis à James de lui servir de garde du corps. J’ai eu du mal à revenir pour le déjeuner. Lui et Sirius n’arrêtaient pas de m’empêcher de quitter leur salle commune.
Camille fronce des sourcils.
- Servir de garde du corps à James ? J’ai dû louper un chapitre là.
Je me souviens alors que je n’ai pas raconté à Camille ce qu’il s’est passé hier soir, dans les cachots. D’ailleurs, personne ne sait que James a été agressé par un vampire, le professeur Dumbledore semble vouloir tenir cet incident secret. J’ignore pourquoi, mais j’espère qu’il aura mis les autorités au courant et que quelqu’un viendra veiller sur nous. Il ne faudra pas compter sur moi pour me battre contre mon créateur, vu qu’il est bien plus rapide que moi.
- Effectivement, tu as loupé quelque chose. Mais allons en discuter ailleurs, je ne voudrais pas avoir à faire à des oreilles indiscrètes.
Camille acquiesce, abandonne son assiette, chope deux petits pains plus une part de pudding ,et me suit jusqu’à la tour des Serdaigle, vide. Nous ne restons pas dans la salle commune et préférons monter jusqu’à notre dortoir, où nous nous installons sur mon lit. J’entreprends alors de lui raconter ce qu’il s’est passé.
- C’était hier soir, commencé-je, je suis allé voir James qui était en retenue dans les cachots. Je suis arrivé au moment où un vampire était à deux doigts de le mordre.
Camille, surprise, avale de travers. Elle se redresse, tousse, et parvient enfin à avaler convenablement son morceau de pain. Je fais apparaitre un verre d’eau d’un sort, puis le lui tend afin qu’elle fasse passer la douleur de sa gorge.
- Tu lui as sauvé la vie, donc ? Fait Camille.
- Effectivement, et comme il a un peu peur de se faire de nouveau attaquer, je lui ai promis de rester près de lui pendant quelques jours, jusqu’à ce que la menace soit écartée.
Camille fronce des sourcils.
- Pourquoi cela ? Le vampire n’attaque que de nuit visiblement.
- Certes, mais cela le rassure. Je ne peux décemment pas le lui refuser.
Elle acquiesce et avale son dernier morceau de pain. Je pense alors que je peux peut-être aussi lui faire part de mes déductions à propos de l’agresseur de James.
- Il faut que je te dise aussi : il y a de grandes chances que celui qui a attaqué James, soit celui qui a tué Betty. Il est trop rare que les vampires côtoies les humains pour que deux d’entre eux se retrouvent non loin de Poudlard. Et aussi . . .
Je prends une brusque inspiration.
- Contrairement à ce que j’ai cru, ce n’est pas un Faucheur qui fait le coup : c’est un membre de la Caste. En fait, c’est celui qui m’a transformé.
- Quoi ? S’exclame-t-elle, abasourdie.
- Il m’a reconnu, affirmé-je. Quand il m’a vu hier soir, il m’a tout de suite reconnu. Ca ne peut -être que lui, c’est le seul vampire, en dehors de Lucinda, que j’ai croisé durant toute ma vie.
Hébétée, Camille en oublie de manger son pudding qu’elle tient à la main.
- Mais, pourquoi il fait ça ? Murmure-t-elle. Pourquoi avoir tué Betty ? Pourquoi t’avoir transformé ? Je . . . Je ne comprends pas.
- Si ça peut te rassurer, tu n’es pas la seule. Je ne comprends pas plus que toi.
Camille lâche un soupir amusé.
- Ca ne me rassure pas en fait. J’aurais préféré que tu le saches.
- Il n’y a que lui qui pourrait nous dire ce qui lui passe par la tête. Mais je ne suis pas sûre qu’il soit prêt à le faire.
Camille secoue la tête, souriante.
- Je ne pense pas non plus. Et donc, à cause de tout ça, James veut que tu le protèges.
J’acquiesce d’un signe de tête. Je ne sais pas pendant combien de temps encore il va me demander de lui servir de protecteur personnel, mais j’espère qu’il va vite se rassurer et qu’il va se lasser de ma présence quasi permanente.
- Hey mais, attends ! Fait soudain Camille. S’il te demande à toi de le protéger, ça veut dire . . . Qu’il sait que tu es un vampire ?
Ah, j’ai oublié de lui préciser ce détail. Autant pour moi.
- Effectivement, et je lui ai fait promettre de garder ça pour lui.
Camille éclate de rire, me surprenant.
- Eh bien, si ça continue comme ça, tu ne vas pas le garder longtemps ton secret ! S’exclame-t-elle.

O0o0O

- Cavalier en E8, prononcé-je distinctement.
La figurine se retourne vers moi et brandit son épée.
- Non mais qu’est-ce que tu fais ? Meugle le cavalier depuis ses dix centimètres de haut. Envoie plutôt le fou, tu vas me déplacer d’une case stratégique. Regarde . . .
- J’ai dit EN E8 ! Crié-je, plus qu’exaspérée par tous ses pions de bois qui croient savoir jouer mieux que moi aux échecs.
Je vois le cavalier ouvrir la bouche et s’apprêter à riposter encore. Je le devance.
- Tu fais ce que je te dis et tu la boucles. Continuez comme ça et vous allez tous finir au feu !
En face de moi, Camille n’en peut plus, et le rire qu’elle a essayé de tenir secret tout ce temps finit par retentir avec force dans la salle commune. Une majorité des élèves présents se tournent vers nous avant de retourner à leurs affaires. Je fusille mon amie du regard.
- Tu peux me dire pourquoi est-ce qu’à chaque fois qu’on joue aux échecs, tu me refiles tes pièces pourries ? J’aimerais bien ne pas avoir à me battre avec mes pions à chaque tour pour une fois.
Camille, toujours écroulée de rire, parvient à prononcer quelques mots.
- C’est trop bon de te voir argumenter avec eux !
En ayant finalement plus qu’assez de passer pour la bonne poire, je balaye le plateau de jeu d’un revers de main et fait tomber tous les pions à terre, qui se mettent à gémir et s’apitoyer sur leurs sorts. Si j’étais méchante, je me lèverais et je les écraserais tous. Je me renfonce dans mon siège et croise les bras sur ma poitrine. Au moins, avec cette partie de jeu, j’ai pu faire rire Camille, et elle semble avoir oublié sa tristesse pour le moment. Mon regard se tourne vers la fenêtre, par laquelle j’aperçois le soleil qui se couche derrière une épaisseur conséquente de nuages gris. Il risque d’y avoir de l’orage cette nuit.
- J’imagine que la partie est finie, dit alors Camille en se baissant pour ramasser ses pièces et en les rangeant dans leur boite avec le plateau de jeu pliable.
- Effectivement, merci d’écourter mon supplice.
Camille sourit puis pose la boite pleine sur la table. Elle se retourne et attrape sa cape posée sur le dossier de sa chaise. Après notre discussion, nous avons profités des rayons de soleil qui arrivaient à traverser le ciel chargée pour aller faire un tour dans le parc. Nous avions profités d’un air frais, avions évités Dan Smith qui affichait un ait tellement abattu que si nous l’avions approchés, nous aurions eu le droit à ces jérémiades sur la défaite du match ; avions fait un large détour par une portion de parc que nous empruntions rarement pour que je puisse éviter de croiser les maraudeurs que nous avions aperçus puis, ayant croisés le chemin d’un Fred à l’air déprimé, nous avions décidés de retrouver notre maison. Après avoir travaillé un peu plus d’une heure sur un devoir de Botanique, nous étions passés aux échecs. Malgré que je me faisais avoir à chaque fois par Camille, j’aimais suffisamment ce jeu pour accepter chaque proposition. Je dois être un peu maso.
- Qu’est-ce que tu dirais de descendre dîner maintenant ? Propose Camille, m’arrachant au fil de notre après-midi. Il y aura moins de monde j’imagine à cette heure.
Elle est déjà levée et a mise sa cape. Il est près de sept heures du soir, le service commence à peine. Je pense que Camille a raison, il y aura moins d’élèves si nous y allons maintenant. J’acquiesce d’un signe de tête, me lève à mon tour de ma chaise et récupère ma propre cape avant de la passer sur mes épaules. Nous quittons ensuite la salle commune et prenons la route de la Grande Salle. A mi-chemin, voyant que Camille tremble un peu, je sors mon écharpe de ma poche et la lui passe autour du cou en prenant soin d’y envelopper aussi son nez que je sais très sensible a froid. Elle sourit.
- Merci, je n’ai pas pensé à prendre la mienne. C’est avec toi que je devrais sortir en fait.
Je rigole un peu, pour la forme, puis nous continuons notre route en silence. Nous arrivons dans la Grande Salle, où seuls quelques élèves, principalement des Poufsouffle, sont attablés. Nous prenons place au bout de la table des Serdaigle, côté porte, et piochons dans les plats. C’est alors que je suis en train de faire disparaitre discrètement la moitié du contenu de mon assiette qu’un brouhaha indique que les Gryffondor au complet descendent dîner. Ils envahissent la Grande Salle par le bruit et se regroupent à leur table. Ils sont suivis de quelques élèves de Serpentard qui ont décidés de descendre manger en même temps qu’eux. Alors que je regarde les Gryffondor s’installer, je repère les maraudeurs. Sirius me voit lui aussi et il m’adresse un signe de la main menaçant, mimant une fessée. Surprise, je cligne des yeux, puis me tourne vers Camille pour voir si elle a vu la même chose que moi, mais elle est plongée dans son choix de dessert. Je me retourne, pour constater que Sirius mime des mots avec sa bouche. Je plisse des yeux, mais rien à y faire, je ne sais pas lire sur les lèvres. Sirius hausse alors des épaules, plonge sous la table, farfouille dans son sac, en ressort un morceau de parchemin et une plume, puis inscrit quelques mots sur le papier avant de l’ensorceler et de l’envoyer dans ma direction. Je réceptionne le cygne de papier, le déplie et y lis les quelques mots qu’il y a griffonné :
« Tu es partie sans prévenir. Ca mérite une punition. »
Plus que surprise, je relève la tête avant de mimer à Sirius le geste qui signifie qu’il est complètement timbré. Ca le fait rire, ce qui attire l’attention de ses amis sur lui. Je suppose qu’à la manière dont ils se penchent les uns vers les autres, Sirius va leur rapporter notre échange muet.
- Mandy ? Qu’est-ce que c’est ?
Je me tourne vers Camille qui s’est décidée pour une boule de glace vanille. Elle a le regard fixé sur le parchemin que je tiens toujours à la main.
- Rien, juste une idiotie de Sirius, réponds-je en fourrant le papier dans la poche de ma cape. Tu as bientôt finie ?
Elle hoche de la tête et se dépêche de terminer son repas. Je remarque alors que son regard ne s’attarde jamais très longtemps sur quelque chose, et que ses yeux s’égarent régulièrement vers les portes de la Grande Salle. Je suppose qu’elle attend l’apparition de Fred.
- Arrête de le chercher, ça ne sert à rien, fais-je alors. Tu te fais du mal, laisse tomber. Je suis sûre que tu trouveras quelqu’un d’autre, et de bien mieux. Quelqu’un qui te fera pleinement confiance.
Elle me regarde, m’adresse un léger sourire en coin puis termine sa glace. Bill choisit ce moment pour venir s’asseoir à côté de moi.
- Salut les filles, vous n’auriez pas vu Fred ?
Si mes yeux avaient été des baguettes, il serait mort sous les Avada Kedavra.
- Non, on ne l’a pas vu, réponds-je assez sèchement.
Bill fronce des sourcils.
- C’est bizarre, on était censé se retrouver il y a une heure mais il n’est pas venu.
- On vient de rompre, intervient Camille d’une petite voix, alors il a peut-être oublié.
Bill redressa subitement la tête, yeux grand ouverts, regarde Camille et se tourne vers moi. Je confirme d’un mouvement de tête, et il grimace.
- Excuse-moi, si j’avais su, je ne serais pas venu vous demander.
Camille hausse des épaules et se lève de table.
- Ne t’inquiètes pas, ce n’est rien. Je te conseille d’essayer le parc, on l’y a croisé en début d’après-midi.
Bill hoche de la tête et quitte notre table pour se diriger hors de la salle. Je me lève à mon tour et suis Camille qui prend la direction de . . . La table de Gryffondor. Je fronce des sourcils, étonnée, mais continue de l’accompagner tout de même. Elle s’arrête alors dans le dos de Remus et s’adresse à Peter qui se trouve face à son ami.
- Peter ?
L’interpellé interrompt sa conversation et redresse la tête. Ses amis font de même.
- Tu voulais que je t’aide à réviser tes potions l’autre fois, poursuit Camille. J’ai du temps libre ce soir si tu veux.
Bien que visiblement surpris, Peter accepte et ils conviennent de se retrouver à la bibliothèque un peu plus tard. James, assis à côté de Remus, profite de ce que nos deux amis discutent pour tirer sur mon bras et abaisser mon visage au niveau du sien.
- Sirius a raison, ça mérite une punition.
Je le regarde, comme s’il était idiot.
- Tu oserais t’en prendre à moi ? Rétorqué-je en murmurant.
James se fixe le temps d’une seconde, puis un sourire nait sur ses lèvres.
- Même pas peur, répond-t-il sur le même temps. Et c’était pour plaisanter.
Je souris, amusée.
- J’avais compris, figures-toi. Mais met Sirius au courant, je ne voudrais pas qu’il me tombe dessus au détour d’un couloir sombre.
James éclate de rire.
- Il aurait une drôle de surprise ! S’exclame James en relâchant mon bras, m’épargnant le besoin de lui faire remarquer que la position infligeait des douleurs à mon dos.
Une surprise encore plus surprenante qu’il ne l’imagine même. Dans son esprit, jamais je ne pourrais boire le sang de son ami.
- Professeurs !
Tout le monde se retourne sur l’interpellation paniquée qu’un élève de cinquième année de Serpentard a crié en pénétrant en courant dans la Grande Salle. Le silence se fait dans la pièce. Mon odorat m’apporte alors l’odeur que dégage l’adolescent : son sang est saturé d’adrénaline. Il est sous l’effet d’une peur immense, que ses yeux reflètent.
- Mr Stevens, fait le professeur Dumbledore en se levant de son siège, qu’y a-t-il ?
- Il y a un élève, dans les toilettes du troisième étage. Je . . . Je crois qu’il est mort.
La salle se fige. Une espèce de frisson désagréable me coule le long du corps et je me tourne, paniquée, vers le corps enseignant qui quitte leur table en trombe. Tout autour de moi, les élèves se lèvent. Le professeur McGonagall nous dit de ne pas bouger jusqu’à nouvel ordre. Cela n’empêche pas les élèves de rester debout et de partager ce que nous venons d’apprendre. Je capte alors l’odeur du sang de James, dont la fragrance change peu à peu. Je pose une main sur son épaule, et il lève les yeux vers moi.
- Ne panique pas, chuchoté-je, rien n’est sûr.
Il acquiesce, mais ne peut empêcher l’adrénaline de se mêler à son sang. D’ailleurs, la même chose se passe chez la plupart des élèves. Je prends une grande inspiration, grimace légèrement parce que ce n’était pas plaisant, et expire pour calmer mon cœur. Peut-être deux morts en deux mois. Trois, si je n’étais pas intervenu pour James. Quatre, si on considère que j’aurais dû mourir. Décidément, il se passe quelque chose d’étrange à Poudlard. Rien ne se passe comme il le devrait.
Les jambes flageolantes, je m’assois entre James et Remus et échange un regard avec le lycanthrope. Il m’adresse un sourire d’encouragement auquel je réponds par un bref hochement de tête. Puis, Camille s’approche et attrape une de mes mains. Je l’enserre essayant de lui donner un peu de ma force. Nous attendons ensuite, sans parler, qu’un professeur revienne nous dire ce qu’il se passe, ou au pire, nous autorise à rejoindre nos maisons.
Un bon quart d’heure passe, avant que le professeur Flitwick n’apparaisse aux portes. Le silence se fait et mon directeur de maison fait voyager son regard sur la pièce, avant de fixer ses yeux sur moi.
- Miss Dawn, veuillez me suivre s’il vous plait.
Mon cœur s’arrête l’espace d’une demi-seconde avant de repartir au galop. Je me lève et m’arrache difficilement à la poigne de Camille qui, paniquée, ne consent pas à lâcher ma main.
- Je reviens tout de suite, lui dis-je.
Les yeux remplis d’effrois, elle me rend finalement ma main et je rejoins le professeur Flitwick. Je ne l’interroge pas sur ce qu’il me veut puisqu’il me mène droit vers le troisième étage. Je devine que je dois me rendre aux toilettes de cette étage. Dans le couloir, les professeur sont rassemblés, ils murmurent entre eux, effondrés. Je suppose que l’élève de Serpentard avait vu juste. Nous avons un mort de plus.
Le professeur Flitwick s’arrête, me demande d‘attendre là, puis rentre dans les toilettes. Fermant les yeux, j’inspire, guette une odeur qui ne serait pas celle des professeurs. Mais rien ne vient. Pourtant, quand Betty est morte, l’odeur de son sang saturait l’air. Je rouvre les yeux au moment où le professeur Dumbledore me rejoint.
- C’est encore lui, n’est-ce pas ? Demandé-je.
L’Œil bas, le directeur acquiesce.
- J’ai besoin de votre aide miss Dawn. J’imagine que miss De Tore vous a laissé une adresse où la contacter en cas de besoin.
Je ne réponds pas. Il poursuit.
- J’aimerais que vous preniez contact avec elle et que vous lui expliquiez ce qu’il se passe ici. Je pense que nous autres, sorciers, ne sommes pas à même de gérer cette crise : il nous faut l’aide de la Caste, seul eux pourront arrêter ce vampire. C’est urgent, miss Dawn. J’imagine que vous comprenez.
J’acquiesce.
- Je ferais ce qu’il faut, professeur. Je lui écrirais dès ce soir.
Il hoche de la tête et se détourne. Je le retiens.
- Monsieur, qui . . .
Je n’ose pas terminer ma question, de peur d’apprendre la réponse. Pourtant, je ne peux pas rester dans l’ignorance. Le directeur soupire, et répond à ma question informulé :
- C’est Frederick Nowacki.
Mon sang se glace. Les larmes me montent aux yeux. Je baisse la tête. J’entends le directeur m’interpeller mais c’est lointain. Fred . . . Impossible, pas lui. Pas Fred.
- Je . . . Je n’arrive pas à sentir son odeur, fais-je.
- Il n’y a rien à sentir miss, répond le professeur Dumbledore. Son agresseur l’a totalement vidé de son sang. Au moins, avons-nous l’assurance que Mr Nowacki ne reviendra pas sous une forme différente.
J’acquiesce et me détourne. Je me sens comme anesthésiée. Je ne pense qu’à une chose, prévenir Camille. Elle doit le savoir, même si c’est la pire nouvelle que je puisse lui annoncer à l’heure actuelle. Mais elle doit être au courant. Elle doit être parmi les premières à l’apprendre.
J’arrive à la Grande Salle sans même m’être rendu compte de ma route. Je suis réveillée par le silence qui se fait subitement dans la Grande Salle. Camille, assise, se lève lorsque j’entre. Je m’avance vers elle, ne la lâchant pas du regard, regroupant le peu de courage que j’ai pour me donner la force de lui annoncer la mauvaise nouvelle. Mains jointes, Camille attend que je m’arrête devant elle, les maraudeurs au complet debout dans son dos, pour prendre la parole.
- C’est lui ? Celui qui a attaqué Betty ? C’est la même chose ?
J’hoche de la tête. Tout autour de moi, les élèves réagissent. Je ne peux que fixer Camille. Le plus dur reste à venir.
- Cam’, fais-je d’une voix cassée, je suis désolée, c’est . . .
Elle m’interroge du regard, les yeux déjà embués par la nouvelle qu’il y a un nouveau mort dans l’école.
- C’est Fred, lâché-je dans un murmure. Il a tué Fred.
Camille interrompt tout mouvement, me fixe du regard. Puis elle secoue la tête.
- Non, lâche-t-elle dans un murmure. Impossible.
Mes yeux s’embuent de nouveau, mais je me refuse à verser une larme en présence des autres. Je verrouille, mes yeux, ma voix, mon cœur. Je pose alors mes mains sur les bras de mon amie.
- Je suis désolée, Camille, c’est la vérité. Le professeur Dumbledore lui-même me l’a dit.
Pour toutes réactions, Camille a les jambes qui cèdent et son tout premier sanglot démarre en un cri d’agonie.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeMer 25 Mar - 17:55

Chapitre 17 : Deux lettres


Chère Lucinda,
J’espère que ce courrier te trouvera en bonne disposition. J’avoue que cette lettre n’est pas écrite par courtoisie, comme j’aurais dû le faire il y a des semaines, rien que pour te remercier pour ton aide précieuse. Je te contacte car nous avons ici, à Poudlard, un problème d’ordre vampirique.
Il y environ deux mois, quelques jours après ton départ en fait, une de mes camarades de classe est décédée, pratiquement vidée de son sang, et les marques d’une morsure de vampire dans le cou. Nous avions pensé, à ce moment-là, qu’un Faucheur avait réussi à pénétrer dans l’école et s’était attaqué à elle avant d’être interrompu par une autre élève. Malheureusement, le réveil de ma camarade quelques heures plus tard en Faucheuse, m’a définitivement convaincu qu’un vampire était derrière sa mort. J’ai dû l’éliminer, pour éviter qu’elle n’attaque d’autres élèves.
Il s’est ensuite passé plusieurs semaines avant qu’un de mes amis ne se fasse à son tour attaquer, hier soir. Je suis arrivé à temps pour l’empêcher d’être mordu, mais j’ai découvert à cette occasion que le vampire responsable de ces deux attaques était celui qui m’avait transformé. A l’heure où je t’écris ces quelques mots, je suis en deuil. Ce vampire a attaqué de nouveau et un de mes amis les plus proches est décédé, vidé entièrement de son sang pour sa part. Je t’avoue que les autorités de l’école ne savent plus quoi faire, ils sont dépassés par les évènements. Moi-même, avec tout ce que tu m’as appris sur notre race, je ne comprends pas ce qui motive les actes de cet homme.
C’est un appel à l’aide que je te lance, Lucinda. Le professeur Dumbledore m’a demandé de te contacter afin que tu réfléchisses à la possibilité d’envoyer un ou plusieurs membres de notre communauté enquêter sur ces meurtres affreux. J’espère que tu répondras positivement à cette requête.
En attendant de te revoir, garde-toi bien,
Amandine.


Je replie la lettre et le glisse dans son enveloppe. Je pense avoir raconté le principal, suffisamment pour qu’elle s’inquiète et se déplace. Je glisse ensuite la lettre dans la poche de ma cape, puis je jette un œil sur Camille qui, les yeux rougis et gonflés, à fini par s’endormir d’épuisement sur mon lit. Il est près de minuit maintenant, la majorité des élèves sont couchés. Les professeurs sont revenus dans la Grande Salle peu de temps après moi, et ont confirmés ce que j’avais déjà dit, à savoir que Frederick a été retrouvé mort dans les toilettes du troisième étage. Cependant, le professeur tait toujours les causes des décès. J’imagine qu’il ne veut inquiéter personne.
Je quitte le dortoir, cape sur le dos et descend jusque dans la salle commune où le feu s’éteint. Il n’y a plus personne, tous sont au lit. Je sors alors de la tour, et prend la direction de la volière. J’ai eu du mal, tout à l’heure, à ramener Camille jusqu’à notre chambre. Elle était en plein crise de pleurs, et de nerfs aussi sans doute. Je ne peux imaginer comment elle se sent, comment elle va surmonter cette épreuve. Tout ce que je peux faire pour elle à présent, c’est de rester à ses côtés, de la soutenir du mieux que je peux et d’être là pour la faire sourire le jour où elle le voudra. C’est ce que je ferais.
Arrivée en bas de la tour aux hiboux, je m’arrête. Je capte une présence tout en haut, et il me parvient les odeurs de James et de Sirius. Je me demande ce qu’ils peuvent bien faire là-haut à cette heure. Je monte les marches deux à deux, et pousse la porte. Les deux jeunes hommes discutent et je les vois accouder à la fenêtre. Je m’approche, marchant sur les fientes d’oiseau et faisant craquer les squelettes de petits animaux sous mes pas. Ils se tournent, surpris et alertes. Ils se détendent quand ils constatent que ce n’est que moi. Nous nous adressons des signes de tête, sans mots, et je m’approche des volatiles, pour la plupart endormis. J’en choisis cependant un, encore éveillé, et lui fais signe de venir à moi. Sauf que, bien loin de me rejoindre, il prend son envol pour se nicher plus haut dans la volière. Je soupire. J’oubliais qu’avec ma condition, je suis un ennemi terrible pour les animaux.
- Tu veux un coup de main ? Fait alors la voix de James.
J’affiche un sourire confus.
- Ce n’est pas de refus. Les animaux ne m’aiment pas beaucoup, et j’ai un courrier urgent à envoyer.
James se décolle alors de la fenêtre et s’approche d’un oiseau endormi, sur l‘une des poutres basses. Il le réveille en chatouillant ses côtes et la chouette ulule en ouvrant deux grands yeux noirs. Son pelage doré est magnifique et en entendant James l’appeler Darcy, je devine qu’elle lui appartient.
- C’est une chouette très jolie.
James me regarde et me sourit.
- Merci.
Sirius se décolle alors à son tour de la fenêtre et s’approche de James.
- Je croyais que tu ne voulais pas la réveiller ? S’étonne Sirius.
- Mandy dit que c’est urgent, explique James. Et au moins avec Darcy, je suis sûr que le courrier arrivera un bon port.
Je pense alors subitement au danger que court la chouette, et décide qu’il serait de bon ton de prévenir Lucinda qu’elle n’est pas à moi et qu’elle s’appelle revient. Je sors ma lettre de ma poche et farfouille à la recherche d’une plume et d’un encrier mais je n’en ai pas sur moi. Je me tourne vers les deux jeunes hommes, dont l’un a à présent son oiseau sur le bras.
- Excusez-moi, est-ce que vous auriez de l’encre et une plume s’il vous plait ? J’ai oublié de préciser quelque chose sur ma lettre.
James et Sirius se regarde, et ce dernier me fait signe de le rejoindre. Il me guide vers le rebord de la fenêtre et sors ce dont j’ai besoin des poches de sa cape. Il les pose et je déplie ma lettre pour y ajouter ces quelques mots :

P.S. : La chouette ne m’appartient pas et je pense que son propriétaire aimerait la revoir. Si tu pouvais éviter de la croquer . . . Merci.

Je replie ma lettre et le glisse dans son enveloppe avant de faire face à James. Il tend la main et je lui donne le parchemin.
- Où doit-elle l’envoyer ? Me demande-t-il.
Je fronce des sourcils, puis je me dis que de toute façon, James et Sirius ne connaissent pas le destinataire, ni le contenu de la lettre, alors l’adresse ne les intéressera pas.
- A Vienne, en Autriche.
J’ignore les regards surpris des Gryffondor et attend que James fasse passer le message à sa chouette. Il ne met que quelques secondes à se remettre de sa surprise, puis il attache ma lettre à la patte de son animal et lui fait part de l’adresse, avant de la faire s’envoler par la fenêtre.
- Tu connais des gens en Autriche ? M’interroge Sirius. Et tu n’as pas de hibou ?
Je secoue la tête.
- C’est la première fois que j’écris à cette personne. Autrement, je n’adresse jamais de courrier. A qui d’ailleurs ? Je n’ai pas de famille, et mes amis se trouvent ici. Un hibou ne m’est d’aucune utilité.
- A qui as-tu écrit si ce n’est pas indiscret ? Me demande ensuite James.
Je baisse les yeux sur le parc, réfléchissant. Je m’interroge sur le bien fondé de les mettre au courant. Mais, puisque de toute façon, on risque de nous envoyer un vampire, et qu’il passera certainement par moi, autant le leur dire tout de suite.
- A Lucinda De Tore, répondis-je. Le professeur Dumbledore m’a demandé de lui écrire une lettre pour lui. Il a un service à lui demander.
Mentionner Lucinda, le directeur et un service a fait taire mes compagnons d’infortune. Visiblement, ca les intimide de demander plus et ils se taisent.
- Et vous, que faites-vous ici ?
- J’ai envoyé une lettre à mes parents, répond James. J’avais besoin de leur dire ce qu’il se passe ici, même si j’imagine que mon père est déjà au courant. Dumbledore a dû prévenir les autorités maintenant.
Je ne réponds rien à ça, car je sais que ce n’est pas le cas. C’est moi qui vient de les prévenir et le courrier n’arrivera pas avant un long moment.
- James m’a dit que les morts étaient des meurtres, fait Sirius. Toi qui a vu Betty et Frederick, tu penses que c’est vrai ?
Je tourne un regard furieux vers James, qui m’adresse une grimace désolée. Apparemment, monsieur a du mal à tenir sa langue.
- Je ne peux rien dire, réponds-je en me tournant vers Sirius. Je ne crois pas que ce soit à moi de t’apprendre ce qu’il se passe à l’école.
Il fronce des sourcils et regarde James qui évite ses yeux. Sirius se renfrogne alors. Je devine qu’il est blessé par le peu de confiance qu’il pense que nous ne lui accordons pas. Si seulement il savait que nous nous taisons pour sa tranquillité d’esprit.
Je soupire et étire mes bras en me décollant du rebord de la fenêtre.
- Bon, c’est pas le tout, mais je retourne à ma tour. J’ai peur que Camille ne se réveille en sanglots et qu’il n’y ait personne pour elle.
Les deux garçons acquiescent en silence et je quitte la volière en leur souhaitant une bonne nuit. A peine ai-je refermer la porte dans mon dos, que Sirius prend la parole.
- Qu’est-ce qu’il se passe, James ? Tu ne m’as jamais fait autant de cachotteries dans le passé. Et je sens que ça a un lien avec Amandine. Est-ce que . . . Est-ce qu’elle t’intéresse ?
- Quoi ! S’exclame James alors que j’ai descendu la moitié de l’escalier et que je compte sur mon ouïe vampirique pour continuer à écouter l’échange. Mais . . . Pourquoi cette question ? Bien sûr que non, tu sais très bien qu’il n’y a que Lily pour moi. Mandy est . . . C’est juste une bonne copine. Une amie même. Je l’aime bien et ça s’arrête là.
- Ah, est la seule réflexion, faiblarde, de Sirius.
- Attend, qu’est-ce que . . .
Je cesse là d’espionner leur conversation et remet mon ouïe à échelle humaine. Evidemment que Sirius se doute de quelque chose, il n’est pas un abruti complet. Mais j’espérais juste pouvoir donner le change encore quelques temps. Il semblerait que je doive me révéler d’ici peu, si je ne veux pas le blesser.
Je prends les escaliers mobiles et rejoins ma tour. Je pénètre la salle commune et monte jusqu’au dortoir. Mon premier réflexe est de regarder le lit de Camille, puis je me souviens qu’elle s’est endormi sur le mien. Elle est toujours là, mais elle est réveillée. Assise, les genoux ramenés contre son visage, elle pleure en silence. Je prends une inspiration douloureuse avant de me débarrasser de ma cape que je pose sur une chaise, puis je m’assied à côte de mon amie et je la prends dans mes bras. Elle sanglote légèrement contre moi, et je m’autorise enfin à verser moi aussi mes larmes. Dans les ténèbres de la nuit, personne ne remarquera le sang qui s’écoule de mes yeux.
Quelques minutes plus tard, nous sommes tous les deux calmées et Camille s’arrache à mon étreinte en reniflant et en essuyant ses yeux.
- Merci. Et désolée. Ce n’est peut-être pas ce dont tu as besoin en ce moment.
Je caresse son dos.
- Ne t’inquiètes pas pour moi, je vais bien. Fred ne m’était pas aussi proche que toi. Tu peux agir comme tu veux, je ne dirais rien.
- Tu subiras en silence ? Demande-t-elle en plaisantant.
J’acquiesce, souriante. Camille prend une profonde inspiration.
- Ça va. Je m’habitue peu à peu à l’idée. Ça passera, tu verras. Je vais bien.
Sur ces mots, elle se lève et rejoint son lit, avant de se glisser sous les couvertures. Puis, elle me souhaite une bonne nuit que je lui rends. Je la laisse glisser au pays des songes et jette un œil critique sur la tenue. Ce matin, j’ai mis une jupe d’uniforme et un tee-shirt, plus une veste en laine. Mais le tout est trop clair pour ce que je m’apprête à faire. J’ai bousillé assez d’affaires pour ne pas vouloir recommencer. Je me débarrasse donc de mes vêtements et farfouille dans ma malle pour en ressortir un jean noir et un tee-shirt bleu brodée de perles brillantes. Je souris en reconnaissant le haut que Camille m’a offert à mon dernier anniversaire. Nous l’adorons toutes les deux, et malgré la menace de le tâcher définitivement, je l’enfile, ainsi que mon jean. Je chausse ensuite une paire de Converse et noue mes cheveux en un chignon lâche.
Apprêtée, je quitte le dortoir, puis la tour de Serdaigle. Je me dirige vers le hall d’entrée, en silence, guettant le moindre élève qui ne serait pas couché à cette heure et qui parcourrait les couloirs frauduleusement, à l’instar de Sirius et James. Je ne rencontre personne et je file rapidement dans la forêt Interdite. J’attrape la première branche qui passe à ma portée lorsque j’atteins l’orée de la forêt et m’y hisse d’une traction du bras. J’y reste en équilibre, le temps de porter tous mes sens à leur niveau normal et je m’imprègne de la vie forestière. Je détecte, non loin, la fragrance d’un loup. Excitée par cette odeur peu coutumière mais pourtant si délicieuse, je saute au bas de l’arbre et fonce entre les arbres. L’animal a à peine le temps de me voir arriver et de comprendre ce qui lui arrive qu’il se trouve déjà entre mes bras et je lui brise la nuque au moment où il pousse un dernier jappement. Je me sustente ensuite.
Mon repas fini, je laisse la dépouille du loup là où je l’ai trouvé et je me redresse, essuyant le filet de sang qui coule au coin de ma bouche d’un coup de langue. Un ululement au dessus de ma tête me fait ensuite dresser les yeux au ciel et je vois passer un hibou entre deux arbres. Le volatile me rappelle Darcy, partie quelques minutes plus tôt. J’espère qu’elle me ramènera une bonne nouvelle.


O0o0O


Je raye les lettres d’un solide coup de plume, et jette un œil sur le mot suivant à repérer sur la grille du jeu de mots mêlés. Le bruit qui règne dans la salle commune ne m’empêche pas de me concentrer, mais j’avouerais que je ne serais pas contre un peu de tranquillité. Je glisse un œil de travers sur les troisièmes années qui braillent une chanson paillarde depuis bientôt dix minutes. L’envie me ronge de tous leur enlever des points pour leur apprendre à respecter un lieu public. Mais, comme Serdaigle est en tête de liste pour la coupe des quatre maison, je préfère nous laisser une chance. Surtout que Camille m’en voudrait de nous faire perdre des points.
Alors que Serdaigle était en quatrième position il y a encore un mois, Camille s’est subitement mise à répondre juste à toutes les questions en cours et à chasser les mauvais élèves en me traînant derrière elle pour que je leur enlève des points. Ce n’est que quelques jours après le début de son manège que j’ai voulu savoir ce qu’il lui prenait. Elle m’a alors avoué que Fred avait toujours voulu voir sa maison gagner la coupe (chose rare depuis quelques années puisque Serpentard et Gryffondor se la disputent continuellement), et qu’elle a décidé d’exaucer au moins ce vœu, même s’il n’est plus là pour le voir. Je l’ai donc suivi dans sa quête.
Après avoir rayé mon mot de la grille, je lance un autre regard sur la bande de braillards. Sérieusement, je ne sais pas comment je fais pour encore pouvoir me retenir. Est-ce que Camille m’en voudra beaucoup si je leur enlève ne serait-ce qu’un tout petit point chacun ? Ca ne ferait que cinq en tout, très rapide à rattraper. Je le ferais même personnellement si ça lui fait plaisir.
Essayant de faire abstraction des chants que, visiblement il n’y a pas que moi que ça agace, j’étire mes jambes et prend toute la place dans le sofa. Un rayon de soleil traverse la fenêtre et tombe sur mes pieds nus. Je sens la chaleur sur ma peau et je soupire d’aise. Le mois d’avril est finalement arrivé, apportant un bout de printemps. Après le froid et la pluie de février et mars, le ciel bleu était plus que le bienvenu. La professeur de Botanique elle-même s’est extasié de cet heureux retour. Au moins, grâce à cela, le match opposant les Serpentard aux Gryffondor a eu lieu à heure fixe, et nous avons pu assister à une victoire écrasante des lions, ce qui explique qu’ils soient en tête pour la coupe, avec cinquante point d’avance sur nous. Enfin pas que ça. Les maraudeurs ayant repérés le jeu de Camille, ils ont trouvés amusant de la concurrencer. Du coup, à chaque cours, Camille, James, Sirius, Remus et Peter ont les mains qui fusent vers le plafond à vitesse phénoménale, ce qui a eu le don de surprendre les professeurs au début, mais plus maintenant. D’ailleurs, ils ont à présent tendance à les ignorer et à interroger quelqu’un d’autre, choisi au hasard.
Le portrait masquant l’entrée de notre maison s’ouvre et le parfum de Camille pénètre la pièce. Je quitte des yeux ma grille des mots mêlées pour me tourner vers elle et l’accueillir avec le sourire.
- Quoi de neuf ? Lui demandé-je.
- Tu peux me faire une faveur ?
Je repose mon magazine et la regarde sérieusement, droit dans les yeux.
- Non Cam’, je n’irais pas enlever des points à de pauvres Poufsouffle effrayés, ni manquer de me prendre un sort par les Gryffondor ou les Serpentard. Tu te rappelles ce qu’il s’est passé mardi ? Tu as vu mes cheveux ?
Comme par hasard, à chaque fois qu’un sort fuse, faut que ce soit pour ma tignasse folle. Je savais bien que je n’aurais pas dû enlever des points à cet imbécile d’Evan Rosier. Mais Camille a insisté. En retour, j’ai eu le droit à une teinture verte gratuite, ce qui l’a bien fait rire. Il rigolait moins quand moi, je lui ai tondu la boule à zéro. Par contre, Camille, elle en pisse encore de rire. Comme maintenant.
- Allez, fait-elle, le corps encore secoué par un léger rire. Je te jure que tes cheveux ont retrouvés leur couleur normale, Lily est douée pour les sorts de soins. Et puis, la tête de Rosier, je crois que je pourrais en mourir de rire !
Elle part de nouveau en un grand éclat et je secoue la tête, blasée. Vaut mieux sans doute ça, à l’état apathique qu’elle eu les quatre jours qui ont suivis le décès de Fred. Au moins, maintenant, elle ressemble à la Camille Blaid que je connais. Elle nous a fait très peur sur le coup et j’ai dû aller voir Mme Pomfresh pour qu’elle me donne des conseils; Elle m’a dit d’attendre encore un peu, et effectivement, elle est revenue à la normale, plus sa lubie de la coupe. Mais je préfère.
- Bon, trêve de plaisanterie, dit soudain mon amie, je viens de croiser Peter, il va faire une bataille explosive avec les autres dans le parc. Il nous propose de nous joindre à eux.
Je la regarde comme si elle était une demeurée profonde.
- Quoi ? S’exclame-t-elle.
- Tu sembles oublier le comportement de James et Remus ces derniers temps.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé le soir de la mort de Frederick, mais trois des quatre maraudeurs ont commencés à avoir un comportement étrange depuis. Tout d’abord, inexplicablement, Sirius semble vouloir me coller comme une bernique à son rocher. Il m’est de plus en plus difficile de l’éviter (il me retrouve toujours avec une facilité plus que déconcertante), tout comme il m’est plus dur de passer sous les regards meurtriers de son fan-club. S’ajoute à cela que James et Remus font tout pour empêcher Sirius de passer un minimum de temps avec moi. Ca arrange mes affaires, mais je ne comprends pas ce qui leur prend, surtout qu’eux ne rechignent pas à me tenir compagnie. J’ai vraiment du mal à les comprendre.
- Quel comportement ? S’étonne Camille. Ils sont normaux.
- Et avec Sirius ?
- Ah, fait-elle en grimaçant, j’avoue que lui, c’est une autre paire de baguettes. Mais ne compte pas sur moi pour t’expliquer ce qui lui est passé dans le cerveau, je n’y comprends pas plus que toi.
Je rigole, puis soupire en m’asseyant convenablement dans le sofa. Les troisièmes années continuent de chanter en braillant de plus en plus fort, ce qui finit par attirer l’attention de Camille.
- Je peux leur enlever des points ? Juste un chacun, histoire de leur apprendre le respect.
Camille me lance un regard sec. Je ne flanche pas et soutiens son regard. Elle finit par rouler des yeux. Je prends ça pour un accord.
- Hey les chanteurs du dimanche, crié-je en m’approchant du groupe, les interrompant dans leur récital. Cinq points en moins pour vous apprendre à respecter ceux qui travaillent. Si vous voulez crier, utilisez le parc.
Puis, je me retourne, victorieuse, vers Camille qui rigole dans son coin. Ces temps-ci, je suis plutôt douée pour la dérider.
- Bon, on va les rejoindre ces maraudeurs ? Fais-je en l’attrapant par le bras. Faut que je file sa raclée à James.
Camille se lève et me suit hors de la salle commune. Dans les couloirs, nous croisons quelques élèves qui, comme nous, profitent du beau temps en ce vendredi soir. Nous voyons aussi des professeurs, mais seulement une fois arrivées dans le parc, qui discutent en marchant sur les allées qui bordent le château. Pour notre part, nous prenons la direction du lac, où Peter a dit à Camille qu’il se trouveraient. Il semblerait que leur lieu préféré du parc est un l’ombre d’un saule pleureur, dont les racines baignent dans l’eau. Nous les y rejoignons.
Arrivées à destination, nous constatons que les quatre garçons ont déjà entamés une partie, voire même plusieurs, si je me base sur l’état poussiéreux de Peter. Ils sont installés en cercle, un paquet de carte posée dans l’herbe au milieu du rond qu’ils forment, et d’autre en mains. Nous nous approchons, ce qui attirent leur attention. Aussitôt, Peter se lève, tout souriant.
- Ah, vous voilà, dit-il en s’avançant vers nous.
Derrière lui, Remus et James échangent un regard, avant de se tourner vers Sirius d’un même mouvement. Ce dernier se lève aussi pour nous accueillir.
- Salut les filles, Peter nous a dit qu’il vous avait invité. Prêtes pour une petite partie de bataille explosive ?
Peter installe Camille entre lui et Remus, et je me retrouve propulsée entre Sirius et James. Aucune de nous deux n’a eu son mot à dire et nous nous retrouvons bien vite avec des cartes en mains. Nous partageons toutes deux un regard interloqué. Plus ça va, moins leur comportement est compréhensible. Mais je ne m’intéresse pas plus à ce qu’il leur passe dans la tête, préférant me concentrer sur la partie de carte, et éviter celles qui menacent d’exploser. Nous enchainons trois parties, dans un calme relatif, seulement brisé par les bruits des explosions, avant que ne soyons interrompus.
- James, ce ne serait pas Darcy ? Fait Remus en pointant un doigt vers le ciel, main en visière pour se protéger les yeux du soleil.
Nous relevons tous le tête, et James se lève en affirmant que c’est bien sa chouette qui vole vers nous. Je me lève à mon tour, alors que l’oiseau se pose sur le bras tendu de son maître. Elle a une lettre attachée à sa patte.
- Ce doit être ta réponse, me dit James en détachant l’enveloppe de l’animal.
Il me tend ensuite la missive et gratouille la tête de sa chouette en la remerciant pour son travail. L’animal est partie tout de même près de trois semaines, elle a dû manquer à James. J’abandonne le Gryffondor à ses papouilles et m’éloigne un peu pour déplier la lettre et prendre note de ce que Lucinda y dit.

Chère Amandine,
C’est avec beaucoup de surprise que j’ai parcouru ta lettre. Tu as bien fait de m’avertir. Si un vampire joue avec la vie des humains, qu’ils soient sorciers ou moldus, nous devons intervenir. Comme je te l’ai déjà expliqué, notre reine souhaite garder notre existence et nos particularités le plus secret possible. Avec cet homme qui s’amuse à tuer ou à transformer de cette manière, nous serons bientôt trop à découvert. Malheureusement, j’ai des obligations à Vienne, qui font que je ne peux quitter l’Autriche pour l’instant. Cependant, je t’envoie un ami fidèle, qui saura mener l’enquête aussi bien que je l’aurais fait.
Il s’appelle Tony Esperanza et c’est un homme droit qui, tout comme moi, apprécie la compagnie des humains. A l’instant où je t’écris, il se prépare à partir pour l‘Ecosse. Il prévoit d’être à Poudlard dans la nuit du cinq au six avril. Il lui serait agréable qu’un membre de la Caste vienne l’accueillir à son arrivée, tout comme tu as été là pour moi. Si tu pouvais aussi être son guide dans vos contrées qu’il ne connait pas, je t’en serais grandement reconnaissante.
En espérant que tout se passe bien de ton côté et que je puisse te revoir d’ici peu dans notre magnifique Vienne,
Je t’embrasse,
Lucinda.

Je replie la lettre et jette un œil au ciel. Le soleil s’approche peu à peu de l’horizon. Et nous sommes le cinq avril. Darcy est revenue à temps pour délivrer son message. Il me faut à présent prévenir le directeur de l’arrivée imminente de ce Tony. Je glisse la lettre dans la poche de ma cape et me tourne vers les autres.
- Je suis désolée, mais je dois vous laisser. Camille, on se retrouve au dîner.
Elle affiche un air surpris, mais je ne lui laisse pas le temps de demander de plus amples explications, et je file vers le château. J’essaye de mettre le moins de temps possible pour monter jusqu’au bureau du professeur Flitwick, en espérant qu’il y soit. Je frappe alors à la porte. Quelques secondes plus tard, le directeur de ma maison apparait à la place de la porte.
- Miss Dawn ? Il y a un souci ? Demande-t-il de sa petite voix fluette.
- Non monsieur, j’ai juste besoin de voir le professeur Dumbledore, mais j’ignore le nouveau mot de passe. Pourriez-vous m’y accompagner ? J’ai eu une réponse à sa demande.
Le professeur semble comprendre mon allusion à la réponse et il sort de la pièce avant de la verrouiller et de me guider plus haut dans les étages. Parvenus devant la gargouille de pierre qui garde l’entrée du bureau directoriale, le professeur Flitwick prononce le mot de passe et nous montons l’escalier mobile. En haut, la porte est ouverte. Cela n’empêche pas mon directeur de maison d’y toquer deux coups et d’attendre l’invitation du directeur d’entrer, ce qui ne tarde pas.
Le professeur Dumbledore est debout près de son bureau, caressant le plumage d’un oiseau qui ressemble à s’y méprendre à un phœnix. Il est rare que ces créatures magiques s’attachent à un humain, pourtant, celle-ci semble bien vivre du haut de son perchoir. Quand il nous voit pénétrer dans la pièce, le directeur cesse de porter attention à son volatile, et s’assoit derrière son bureau.
- Filius, je vous remercie d’avoir amené miss Dawn, fait le professeur Dumbledore.
- De rien, Albus. Si vous permettez, je vais retourner à mes corrections.
- Faites donc.
Mon directeur de maison quitte la pièce et le professeur Dumbledore me fait signe d’approcher. Je m’avance vers le bureau, tout en sortant la lettre de ma poche. Je la lui montre, avant de la ranger de nouveau. Il ne semble pas s’offusquer du fait que je ne la lui passe pas. Tant mieux, car je ne peux le laisser la lire : Lucinda y fait mention de leur lieu de retraite.
- Je viens de recevoir la réponse de Lucinda à ma lettre, fais-je. Elle ne peut pas se déplacer elle-même, mais elle envoi un homme qui a toute sa confiance. Elle dit qu’il sera là cette nuit.
Le directeur se redresser.
- Nous n’avons eu la réponse que maintenant ? S’étonne-t-il.
- Oui, acquiescé-je. Lucinda vit loin d’ici. La chouette qui l’a ramené est arrivée juste à temps.
- Miss De Tore vous a-t-elle communiqué des informations sur l’ami qu’elle nous envoie ? Demande-t-il ensuite.
- Seulement qu’il s’appelle Tony Esperanza, réponds-je alors qu’il me propose un bonbon d’un mouvement de main.
Je refuse et enfouies mes mains dans mes poches.
- Lucinda demande à ce que je sois présente lors de l’arrivée de monsieur Esperanza, ajouté-je. Est-ce que ce sera possible ?
Souriant, le directeur pioche une sucrerie et le met dans sa bouche avant de me répondre :
- Bien entendu, miss Dawn. Vous êtes sans doute la seule qui pourra me dire si notre invité est un vampire de la Caste.
C’est même certain. Il n’y a qu’à leur odeur qu’on peut les différencier, surtout si le Faucheur en question est plutôt normal. Le directeur se lève et me rejoint.
- Je vais faire immédiatement préparer des appartements pour monsieur Esperanza. En attendant, retournons donc à vos occupations, je suis sûr que vos amis vous attendent avec impatience. Nous nous retrouverons ce soir devant le portail, à onze heure.
J’acquiesce et quitte le bureau en lui souhaitant une bonne soirée. Il ne reste plus qu’à attendre que ce Tony débarque en espérant qu’il pourra trouver des réponses à nos interrogations.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeJeu 26 Mar - 9:39

Chapitre 18 : Encore un vampire


J’étouffe un bâillement derrière ma main. Pas de fatigue, mais d’ennui. Il est près de deux heures du matin, et cela fait trois heures que j’attends, avec le professeur Dumbledore, que le vampire daigne se montrer. Dommage que Lucinda n’est pas précisé l’heure à laquelle il arriverait à Poudlard, cela nous aurait épargné une attente inutile. A moins qu’il ne se soit perdu en cours de route ? Après tout, elle a bien précisé qu’il ne connaissait pas l’Écosse.
Je jette un œil sur la forêt, non loin. Je n’ai pas encore chassé, et les effluves qui s’en échappent sont une invitation à se nourrir. Il devient de plus en plus difficile de me contenir, de rester sagement à attendre alors que je pourrais être en train de courir après mon gibier. Je soupire, lance un regard au directeur. Ce dernier semble tout entier captivé par les fleurs sauvages qui poussent le long de l’allée de gravier. Vue les rumeurs qui circulent sur sa personnalité, j’imagine que ce n’est pas ce que je crois, et qu’il doit réfléchir à un sujet important quelconque. Du moins, je l’espère, autrement nous sommes dirigés par un sacré phénomène.
Le ululement d’une chouette qui nous survole attire mon attention vers le ciel, puis le bruit d’un transplanage guide mon regard vers les grilles. Dans la pénombre, une haute silhouette masculine se dessine. Apparemment, notre invité s’est enfin décidé à arriver. Il s’approche, sortant du couvert des arbres. Un rayon de lune l’éclaire et je peux enfin voir à quoi il ressemble. Il mesure dans le mètre soixante-quinze et possède une silhouette fine mais non dépourvu de force. Alors qu’il s’approche, la couleur noir de ses cheveux, le regard brun de ses yeux et le teint halé qui apparaît sous sa peau pâle de vampire, indiquent une vie passée sous le soleil, et des origines loin de notre Écosse pluvieuse. Il porte un jean clair passé sous un tee-shirt blanc, l’ensemble complété par une veste en cuir âgée et des baskets dépassés. Ses cheveux courts sont trempés par la pluie qu’il a dû prendre durant son voyage.
A ma gauche, le professeur Dumbledore s’approche de notre invité, tandis que ce dernier pose un regard serein sur le vieil homme. Il accepte la main que le directeur tend dans sa direction et la serre poliment alors que le sorcier lui souhaite la bienvenue à Poudlard. Le professeur Dumbledore le guide ensuite jusqu’à moi et le vampire m’observe alors que je le salue.
- Bienvenu à Poudlard, monsieur Esperanza et merci d’avoir bien voulu nous aider.
Alors que son regard parcourt ma silhouette de bas en haut, me collant une inexplicable sensation de malaise, un sourire redresse la commissure de ses lèvres.
- Tout le plaisir est pour moi, miss, c’est la première fois que je viens en Écosse. Et j’avoue avoir grande hâte de voir par moi-même cette école si populaire qu’on en fait les louanges jusque chez moi.
J’acquiesce d’un signe de tête. Maintenant qu’il est tout proche de moi, je peux sentir son parfum. Il possède bien sûr cette pointe florale semblable à tous les miens, mais son sang renferme aussi une odeur de soleil et quelque chose ressemblant au souvenir que j’ai de la tomate.
- Monsieur Esperanza, j’ai préparé des appartements pour votre séjour chez nous. Vous êtes ici chez vous, aussi longtemps que vous le souhaitez. Laissez-moi à présent vous guider jusqu’à votre chambre, vous devez être fatigué après votre long voyage.
Le professeur Dumbledore s’adresse ensuite à moi.
- Miss Dawn, je vous remercie d’avoir patienté en ma compagnie. Je vous laisse à vos occupations. Bonne nuit.
- Bonne nuit, professeur. Monsieur Esperanza.
J’adresse un signe de tête aux deux hommes avant de reculer jusque dans la forêt Interdite alors qu’ils prennent la direction du château. Je parcours quelque mètres à pied sous le couvert des arbres, l’esprit tourné vers l’ami de Lucinda. Avec les évènements récents, j’avoue avoir du mal à accorder une confiance aveugle en ce vampire, ce qu’il devrait normalement ne pas poser de problèmes. Je m’inquiète un peu pour les élèves. Heureusement, une sortie à Pré-au-Lard est prévu pour demain, une majorité d’ente nous y sera. Cela me rassurera déjà.
Par réflexe, j’attrape une branche basse d’un chêne et m’y hisse, avant de monter plus haut dans l’arbre. Arrivée à une hauteur conséquente, je m’installe, collant mon dos au tronc, les jambes tombant de perte et d’autre de la branche. Bras croisés sous la poitrine, je jette un œil sur le ciel couvert. Mon esprit se tourne vers mon créateur. Où peut-il bien être en ce moment ? Que fait-il ? A-t-il tué d’autres personne que des élèves de Poudlard ?
Je prends une grande goulée d’air frais et soupire. J’aimerais tant avoir des réponses rapides à toutes mes questions, pouvoir me confronter à cet homme. J’espère que notre invité pourra nous aider à démêler tout ça et le plus vite possible.


O0o0O


Un bruit sourd me réveille. Surprise, je me relève dans mon lit et je constate que ce qui m’a réveillé est le livre de métamorphose que Crow a laissé tomber par inadvertance. Ronchonnant, je me recouche et m’installe en position de fœtus avant de refermer les yeux. Je sens que j’ai eu mon quota de sommeil, mais traînasser au lit un samedi matin n’a jamais fait de mal à personne. Toute décontractée que je suis, je ne peux m’empêcher d’espionner la conversation qu’ont Crow et Grayson à voix basse.
- Tu veux qu’on passe chez Zonko ? Demande ma meilleure ennemie.
- Oui, et aussi chez Gaichiffon, répond Grayson. J’ai besoin de racheter des chaussettes. Tu veux aller quelque part de spécial, toi ?
- Pas vraiment, mais si on a le temps, mais j’aimerais bien m’arrêter au Trois balais. Il y a longtemps que je n’ai pas bu leur bièraubeurre.
Leur conversation s’interrompt quand la porte de la chambre s’ouvre et que l’odeur de Camille entre dans la pièce. J’ouvre les yeux et la regarde s’approcher de moi. Elle s’assoit sur le bord du lit.
- Tu comptes te lever ? Me fait-elle.
J’acquiesce d’un signe de tête et m’étire avant de m’asseoir en repoussant mes couvertures. Je sors ensuite de mon lit, attrape des vêtements et file dans la salle de bain. Une fois douchée et habillée, je ressors de la pièce et constate que Camille m’a attendu, le nez plongé dans un livre de sortilèges. Je range mon pyjama à sa place et l’interpelle. Elle se tourne vers moi, referme son bouquin et nous descendons toutes deux dans la salle commune, avant de sortir dans le couloir.
- Tu es revenue tard hier soir, fait soudain Camille, au milieu des escaliers mobiles vides. J’ai cru t’entendre rentrer vers les six heures du matin.
J’acquiesce d’un signe de tête.
- Effectivement, j’ai été accueillir quelqu’un avec le directeur, mais la personne est arrivé tard, du coup, ça a retardé l’heure de ma chasse.
- On a un invité ? S’étonne Camille.
Bien sûr, je n’ai pas parlé à mon amie de l’arrivée imminente de monsieur Esperanza. J’attends de voir si le professeur Dumbledore fera part de sa présence aux élèves. Et si ce n’est pas le cas, je dirais tout ce que je sais à Camille.
- Oui, mais je veux voir si le directeur en parle avant de te donner de plus amples explications.
Elle acquiesce et nous parvenons dans la Grande Salle quelques minutes plus tard. A peine y avons-nous pénétrer, que Camille laisse échapper un soupir d’aise. Étonnée, je me tourne vers elle et constate son air émerveillé, avant de diriger mon regard vers ce qu’elle fixe de cette manière. Il se trouve que c’est le vampire arrivé cette nuit, calmement installé à table. Je jette ensuite un œil sur la pièce, et la majorité des filles bavent devant leur petit-déjeuner, sans le lâcher du regard, sous les regards quelques peu décontenancés et jaloux des garçons.
Je file un coup de coude à Camille, alors que nous nous installons à notre table. Elle se tourne vers moi, un peu perdue.
- Quoi ?
Je secoue la tête, affligée.
- Toi plus que tous les autres devrait être capable à résister à un charisme vampirique, chuchoté-je avec un regard éloquent en direction de la table des professeurs.
Elle papillonne des yeux, surprise, avant de jeter un autre œil sur monsieur Esperanza, puis de revenir à moi.
- La Caste ?
- La Caste, confirmé-je en me servant d’un peu d’œufs brouillés.
Immunisée à présent des effets du vampire, Camille entame son petit-déjeuner normalement, pendant que je réfléchis à une manière discrète de faire savoir à monsieur-j’éblouis-tout-le-monde d’abaisser la puissance de ces pouvoirs. J’ai une idée, et plonge les mains dans les poches de ma cape pour y récupérer ce dont j’ai besoin. Heureusement, j’ai un morceau de parchemin et une plume prête à servir. J’y trace ces quelques mots :

N’oubliez pas que vous êtes entourés d’être humains. Vous seriez aimable de mettre votre charisme en sourdine, ainsi que tout ce qui fait de vous un vampire. Les sorciers n’ont pas trop l’habitude de nous côtoyer.

Je signe de mon nom, et envois le message en le faisant léviter près du sol jusqu’à la table des professeurs. Le parchemin roulé en boule parvient au niveau de la jambe de monsieur Esperanza et frappe contre son tibia, jusqu’à ce qu’il se penche pour le ramasser. Je cesse de jeter mon sort et le scrute, alors qu’il déplie le message et qu’il le lit. Puis, il me regarde et acquiesce d’un signe de tête. Immédiatement, les jeunes filles de la pièce s’ébrouent et reprennent leurs esprits. Je remercie le vampire d’un sourire, avant de retourner à mon petit-déjeuner.
Camille l’a pratiquement englouti le temps que j’envoie mon petit bout de papier, et elle m’interroge du regard, avant de poser une question :
- Tu viens à la visite de Pré-au-Lard aujourd’hui ?
Je glisse un regard sur monsieur Esperanza avant de répondre.
- Non, je vais rester au château.
- Tu es sûre ? C’est notre dernière sortie avec Poudlard, tu sais.
Je lui tends un sourire contrit.
- Je sais, mais je préfère gagner un œil sur notre invité. D’après ce que je sais, il n’est pas habitué à côtoyer les humains, alors je préfère prévenir un incident.
Elle jette un œil dans mon dos avant de sourire et de dire :
- Je suis curieuse de voir leurs têtes quand tu vas le leur dire.
Je ne comprends sa phrase que lorsque je perçois les odeurs des maraudeurs s’avancer vers nous. Je me lève alors, invitant Camille à me suivre, et nous les rejoignons au milieu de la Grande Salle, nous saluant. Lily les accompagne, juste derrière. Je lui adresse un signe de main joyeux qu’elle me rend.
- On va aller faire un tour au village cette après-midi, fait James, vous voulez venir avec nous ?
Camille acquiesce avec plaisir. Je grimace. Le regard dépité qu’affiche alors Sirius me surprend, mais a le mérite de me faire comprendre qu’il a compris le pourquoi de ma grimace.
- Et Amandine ne vient pas, soupire-t-il.
- Quoi ? S’exclame James. Pourquoi ? Ajoute-t-il en se tournant vers moi.
J’hausse des épaules, comme si je ne savais pas moi-même la réponse à cette question, ce qui est entièrement faux. Si je reste à Poudlard, c’est uniquement pour garder un œil sur Tony Esperanza. Je sais bien qu’on m’a certifié que les humains ne craignent rien avec les vrais vampires, mais suite à ce que j’ai découvert sur mon créateur, j’ai beaucoup de mal à y croire. Je préfère être prudente et sacrifier ma dernière sortie à Pré-au-Lard.
- Ne vous en faites pas, je suis sûre que vous vous amuserez tout autant sans moi. Je vais en profiter pour réviser un peu mes ASPIC’s. Avec le calme qu’il y aura dans la salle commune, ce sera génial.
Les maraudeurs secouent la tête, dépités. Camille me tapote l’épaule et m’incite à les dépasser pour sortir de la Grande Salle, non sans leur donner rendez-vous à quatorze heure dans le hall. Nous quittons la pièce et Camille m’interroge :
- Et c’est quoi ta raison pour ne pas venir ?
Je lui explique mon point de vue et elle soupire, comme agacée.
- Mandy, tu loupes une super sortie par simple paranoïa ? Allez, laisse tomber ce vampire à deux noises et viens t’amuser avec nous.
Je secoue la tête, obstinément.
- Tu ne me feras pas changer d’avis. Je garde un œil sur lui. Et puis, si ça se trouve, le directeur va me demander de jouer les nounous, comme pour Lucinda. Il va sans doute profiter que je sois en week-end pour me le coller dans les pattes.
Camille éclate de rire.
- Eh bien, si c’est le cas, tu n’auras qu’à nous rejoindre.
- T’en démordras pas, hein ? Riposté-je au moment où nous pénétrons dans notre salle commune.
- Non, répond-t-elle en s’affalant sur le sofa moelleux qui fait face à la cheminée. Bon, tu veux faire quoi de ta matinée ? Et ne me répond pas les révision ou je t’arrache les yeux.
Je souris, amusée.
- En fait, j’allais te proposer de préparer nos vacances. C’est bien toi qui m’a invité à venir, non ?
Le visage de Camille s’éclaire.
- Tu t’es décidée ? S’écrie-t-elle, ravie, en se redressant dans le canapé.
Je m’installe à côté d’elle et dit :
- Quelques jours au soleil ne devraient pas me faire de mal, alors oui, j’ai décidée de venir. Je suppose que tu as déjà des idées sur quoi faire une fois arrivées en France ?
Elle m’attrape, me colle un bise sur la joue et file dans notre dortoir en m’annonçant qu’elle écrit à sa mère immédiatement pour lui faire part de ma réponse. Je secoue la tête, amusée par son comportement et m’installe confortement dans le sofa en attendant son retour. Quelques minutes plus tard, un élève de troisième année pénètre dans la salle commune, jette un œil dans la pièce et se dirige vers moi.
- Tiens, c’est pour toi, fait-il en me tendant une enveloppe portant le sceau de Poudlard.
Je le remercie et il ressort. Je décachette l’enveloppe, en sors la lettre, et lis les quelques mots tracés par la main du professeur Dumbledore.

Miss Dawn,
Je dois quitter Poudlard cette après-midi pour raisons personnels, ce qui fait que Mr Esperanza sera seul pendant plusieurs heures. J’ai pensé que vous pourriez peut-être lui servir de guide pendant ce temps : notre invité semble très intéressé par notre village sorcier et aimerait s’y rendre en votre compagnie.
J’attends votre réponse,
Albus Dumbledore.


Je soupire en refermant la lettre. Qu’est-ce que je disais ? Il a réussi à me le refiler. Je le sentais venir gros comme une maison, juste que je n‘avais pas deviné que cela me ferait aller quand même à Pré-au-Lard finalement. Je range la lettre dans ma poche, au moment où Camille me rejoint et me presse de la suivre jusqu’à la volière où se trouve sa chouette. Je lui emboîte le pas.
Je ne pense pas m’attarder avec ce vampire au village cette après-midi. Il y aura tellement d’élèves que ce serait prendre un risque pour rien. Je préfère nettement le savoir dans le château, même si c’est sans moi. J’ignore depuis combien de temps il est transformé, mais je doute pouvoir lui tenir tête. Seul quelqu’un qui aurait connaissance de puissants sorts pourrait le faire. J’espère juste que mon professeur de Défense Contre les Forces du Mal, monsieur Gray, ne sera pas très loin.



O0o0O


Dans le hall, à trois heures de l’après-midi, il n’y a plus grand monde. Tous, ou presque, sont déjà à Pré-au-Lard. Camille est descendue il y a déjà un bout de temps et à l’heure qu’il est, elle est sans doute déjà en train de s’amuser. Pour ma part, j’attends que monsieur Esperanza se ramène. Nous avons rendez-vous à quinze heure. Je n’ai pas dit à Camille où je l’emmenais, bien que lui ai appris que, comme supposés, j’allais jouer les nounous. J’espère réussir à convaincre notre invité d’aller voir autre chose qu’un banal village sorcier.
Du bruit et une odeur non loin me forcent à redresser la tête et quelques secondes plus tard, monsieur Esperanza apparaît en haut des marches de marbre. Vêtu d’un jean beige et d‘un tee-shirt blanc, il semble paré pour notre excursion. Seul bémol, il n’a pas remarqué la goutte de sang qui a coulé dans son cou. Il me salut en arrivant à ma hauteur
- Vous avez un reste de votre repas, juste là, fais-je en désignant la zone exact sur mon propre cou.
Étonné, il lèvre une main, caresse sa peau et passe sa main devant ses yeux. Il constate alors que j’ai raison.
- Excuse-moi, je pensais avoir été propre. La faim m’a fait sans doute me précipiter.
Il sort un mouchoir de sa poche et essuie le sang. Je roule des yeux. J’espère qu’il n’a croisé personne, parce que même si les élèves sont à présent au courant de présence ici et de sa nature, ils ne sont pas obligés d’assister à un tel spectacle.
Effectivement, au déjeuner, le professeur Dumbledore s’est enfin décidé à dévoiler aux élèves qui était l’homme assis à sa droite. Il a ainsi appris à l’école toute entière que monsieur Esperanza était un vampire de la Caste ( j’avais entendu un Serdaigle de septième année murmurer alors malicieusement qu’ils se faisaient moins rares ces temps-ci, pour une race qui se voulait discrète) et qu’il était là pour enquêter sur les morts suspectes de Betty Namib et Frederick Nowacki. L’annonce avait alors provoqué un brouhaha comme rarement dans l’histoire de Poudlard et le directeur avait dû hausser le ton pour terminer sa phrase. Il avait alors conclu par des recommandations, en nous demandant de signaler toute présence inhabituelle ou comportements suspects.
- Amandine, pouvons-nous y aller ?
Je suis tirée de mes pensées par le vampire qui se trouve à présent entre moi et la porte. Je décide alors de lui proposer une autre alternative à notre après-midi.
- Êtes-vous sûr de vouloir vous rendre à Pré-au-Lard ? Puisque vous n’êtes jamais venus au Royaume-Uni jusqu’à maintenant, pourquoi ne pas commencer par Londres ? Il y a beaucoup plus de choses intéressantes à voir qu’au village.
Un sourire éclaire le visage de l’homme, révélant une beauté caché. Je lui trouve alors un petit air italien, et me demande s’il n’est pas originaire de ce pays.
- Non, j’aimerais vraiment voir ce village. Je pense que votre créateur se trouve dans les environs.
Je grimace. Lucinda lui aura donc tout dit de moi, ainsi que du contenu de la lettre. J’avais imaginé qu’elle aurait gardé tout cela pour elle, et expliquer que le minimum à son ami pour l’enquête.
- C’est une impression où tu n’es pas à l’aise en ma présence ? Me demande soudainement le vampire.
Je fronce des sourcils, puis hausse des épaules.
- Je suis à l’aise, vous ne me faites pas peur ou quoi que ce soit d’autre. C’est juste que je ne vous fais pas confiance.
Il me fait face et glisse ses mains dans les poches de son jean.
- Je pense comprendre ce que tu ressens. En dehors de Lucinda, le seul vampire que tu ais côtoyé t’a transformé sans te demander ton avis et tue un à un tous tes camarades de classe, ce que sa nature devrait l’empêcher de faire normalement. Tu n’as donc qu’une confiance limité en la Caste. Tu as peur que je m’attaque à tes camarades, n’est-ce pas ?
J’en grince presque de dents. Comment a-t-il pu aussi bien deviner le fond de ma pensée ? Suis-je si transparente que cela ? Il sourit, calmement, et je le fusille du regard.
- Je t’assure, je n’ai jamais rien mordu qui ne soit pas animal, et ce n’est pas près de changer. Toi et moi savons que le sang humain a beau avoir une bonne odeur, cela ne donne pas envie d’y goûter.
- Sauf pour les Calices, ajouté-je, comme pour le mettre au défi.
Il affiche un air étonné.
- Lucinda t’a parlé de cela ? C’est surprenant, je n’y aurais pas donné une priorité, l’Appel est si rare pour les nôtres.
Finalement, elle ne lui aurait pas tout dit. Il ne sait donc pas que, dans cette école, il y a un être humain dont le sent me fait diablement envie. J’affiche un sourire en coin en évitant son regard. Loin de moi l’idée de lui confier cette particularité. Puisque c’est si rare qu’il le dit, il ne me croira sans doute pas si je lui mentionnais Sirius.
- Donc, Pré-au-Lard, dis-je. Je vais vous guider alors.
Je m’avance et arrive à sa hauteur. Il m’emboîte le pas.
- Si tu pouvais éviter les « vous » et m’appeler Tony, j’apprécierais. Nous n’avons pas une si grande différence d’âge que ça.
Je lui lance un regard de travers alors que nous passons dans la parc.
- Et quel âge as-tu ?
- Vingt ans, m’apprend-t-il avec un sourire amusé.
- Certes, en apparence, riposté-je, mais en vrai ?
Il se fait plus sérieux et répond :
- J’ai deux-cent soixante ans, si on compte depuis ma transformation.
- Si je calcule sur la même forme, j’ai donc trois mois. Je trouve que la différence est assez grande.
Il éclate de rire. Nous dépassons le portail gardé par les sangliers ailés et empruntons la route qui mène au village.
- C’est vrai, mais c’est toi qui a tenu à savoir cet âge là. Je n’aime pas penser que je suis aussi vieux, surtout en connaissant ma mentalité. Alors, fais comme si j’avais réellement vingt ans.
Je grimace et nous ne disons plus rien tout le long du chemin jusqu’à Pré-au-Lard. Je suis surprise par son allure enjouée. Je m’attendais à quelqu’un de plus sérieux, de plus mature. Ne faudrait-il pas au moins ça pour avoir l’étoffe de mener cette enquête, et arrêter le vampire ? Mais si Lucinda l’a envoyé, c’est qu’elle lui fait confiance. Je peux sans doute une chance de faire ses preuves.
Ragaillardie par l’idée de ne pas forcément devoir servir de baby-sitter à un vampire, je pénètre dans Pré-au-Lard, Tony sur les talons. Nous passons devant le Trois balais qui est déjà plein à craquer et nous nous arrêtons quelques mètres plus loin au niveau de la fontaine. Je me tourne alors vers lui.
- Il y a quelque chose en particulier que tu voudrais voir ? L’interrogé-je.
Il jette un œil autour de lui, scrute les filles en groupes qui gloussent, les élèves qui font du lèche-vitrines, quelques rares adultes qui font leurs courses. Puis, il se tourne vers moi.
- Commençons par nous promener, j’aviserai ensuite.
J’acquiesce d’un signe de tête et nous prenons la direction de la grande rue, fortement bondée. Je suis personnellement habituée à être entourée des effluves des élèves, mais j’avoue être curieuse de ce que pense Tony de ce bain forcé au milieu des humains. Je jette un œil à son visage. Aucune émotion particulière ne le traverse. Il regarde d’un air intéressé ce qui nous entoure, fait sans doute du repérage, mais ça s’arrête là. Il ne doit pas être particulièrement dérangé par le sang humain dont l’odeur nous entoure.
Soudain, l’une des fragrances qui me parviennent s’insinue en moi bien plus fortement que les autres, m’envahit. Sirius n’est pas loin. Je me retourne. Effectivement, en compagnie de ses amis, Lily et Camille, il sort de chez Zonko. James sort un pétard d’un sac en papier rempli et l’allume d’un coup de baguette. L’objet fuse dans les airs en laissant une trainée jaune derrière lui. Tony est attiré par mon arrêt soudain et observe à son tour l’objet pétardant.
- Des amis ? Demande-t-il.
- Oui, réponds-je en me remettant droite. Continuons.
Je reprends ma route en sa compagnie, mais j’ai à peine le temps de faire deux pas que Camille m’interpelle, sur un ton surpris :
- Mandy ?
Je me retourne, lui adresse un signe de la main. J’ignore son air ahuri et légèrement agacé. Ainsi que ceux des maraudeurs. Je me dis que je ferais tout aussi bien de reprendre là où je me suis arrêtée, mais quelque chose me dit que les autres n’apprécieraient pas. Alors je les laisse venir à nous.
- Je croyais que tu ne voulais pas venir ? Fait Camille sur un ton accusateur.
- Changement de dernière minute, rétorqué-je en haussant des épaules. Le professeur Dumbledore m’a demandé de faire visiter Pré-au-Lard à Tony.
Tous tournent alors leur intérêt vers l’homme qui m’accompagne. Tony les salut d’un signe de la main que tous lui renvoient, sauf Sirius. Ce dernier préfère le contempler d’un œil suspicieux. A-t-il peur des vampires pour réagir ainsi ? Ce serait bien ma veine, tiens.
- Ça tombe bien, dit James, vous n’avez qu’à faire la visite avec nous. On va aller faire une pause aux Trois balais, et après ce sera comme vous voulez. Il servent une bièraubeurre sublime là-bas, je suis sûr que vous allez adorer ! Ajoute-t-il ensuite à l’adresse de Tony.
- James, interviens-je, Tony est un vampire, il ne boit pas de bièraubeurre.
Il ouvre la bouche, sidéré, tandis que je secoue la tête, amusée. A la tête que tirent les autres, sauf Camille, ils avaient eux aussi oubliés ce détail.
- Je comprends mieux pourquoi c’est toi que le professeur Dumbledore a choisi pour lui servir de guide, fait Lily. C’était déjà toi la dernière fois, pour miss De Tore.
J’acquiesce d’un signe de tête.
- Effectivement, il semble qu’il ait pensé que ce serait plus sûr que je sois guide cette fois-ci encore.
- Et votre enquête, vous l’avez commencé ? Demande Peter directement à Tony.
Ce dernier hoche la tête.
- J’ai rendu visite aux familles des défunts ce matin, pour constater les morts de mes propres yeux, et leur cause. Dès demain, je m’entretiendrai avec les divers témoins des meurtres.
Peter, Lily et Remus sursautent. Les seuls qui ne sont pas au courant de la vérité.
- Des meurtres ? Répète Lily d’une voix blanche.
- Oui, réponds-je, prenant le relais. Tout porte à croire que Betty et Fred ont été mordus et vidés de leur sang par un vampire.
Remus porte immédiatement son regard sur moi. Je comprends qu’il ne m’accuse pas, mais qu’il sent qu’il y a un lien entre ma transformation et les meurtres. J’acquiesce d’un discret mouvement de tête et il prend une inspiration remplie d’effroi.
- Vampires, murmure Peter, c’est . . . C’est incroyable ! Des vampires, à Poudlard !
Tony lui lance un regard acéré. Peter se fait tout petit, conscient de sa bourde. Et encore, s’il savait pour moi ! D’ailleurs, James, Remus et Camille semblent avoir du mal à s’empêcher de sourire, si ce n’est d’éclater de rire.
- Bon, on y va au Trois balais ? S’exclame soudain Sirius en se frottant les mains. J’ai hâte d’y être.
Avant que l’un d’entre nous n’ait eu le temps de répondre il se poste à côté de moi et m’attrape par le bras pour m’inciter à entamer la marche. Surprise, je le fais, rapidement suivis par Tony et les autres.
- Comment ça se fait qu’il n’y ait aucun moldu dans ce village ? fait Tony pendant notre marche.
J’hausse des épaules.
- J’imagine qu’il doit y avoir un sort ou quelque chose comme ça.
Il acquiesce puis, sans crier gare, s’arrête et se tourne vers une rue adjacente. Je fais de même mais ne vois rien qui aurait pu attirer son attention. Je pense alors à ma vue humaine que je garde en permanence, et remets le tout à puissance vampirique. Je vois à présent qu’il y a un homme dans la rue, caché dans l’ombre d‘un porche. Un frisson me coule le long du dos lorsque je le reconnais, mais je ne peux prévenir Tony. Car c’est ce moment-là que choisit une de mes camarades pour pousser un hurlement strident.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeVen 27 Mar - 19:02

Chapitre 19 : Vampire contre loup-garou




Nous nous retournons tous vers l’origine du cri effrayé. Plus haut dans la rue, une fille d’une quinzaine d’années s’enfuit en hurlant, tente d’échapper à l’objet visqueux à l’image d’un serpent qu’un de ses copains lui plante sous le nez. Je soupire. J’ai cru que c’était autre chose. Je pose une main sur mon torse, ordonnant à mon cœur de cesser de battre la chamade. Ce n’était qu’une fausse alerte. Je me tourne ensuite vers Tony, mais il n’est plus à sa place. Je dirige mon regard vers la rue qu’il scrutait précédemment et aperçois deux silhouettes qui courent.

- Et merde ! Lâché-je en murmurant.

Seul Sirius semble m’entendre et il me lance un regard surpris. Puis, il constate à son tour que notre invité nous a faussé compagnie.

- Bah, où est-ce qu’il est ? S’étonne-t-il à voix haute en cherchant la trace de Tony autour de lui.

Les autres remarquent alors à leur tour la disparition du vampire et je soupire de nouveau. Je ne peux pas laisser Tony tout seul à la poursuite de mon créateur, même si je n’ai absolument aucune envie de me mettre à les suivre. Mais ce n’est pas comme j’avais le choix, puisque Tony ne connait pas le coin. Ce serait dommage qu’il se perde. Je me tourne vers Camille.

- Cam’, fais-je, je vais essayer de rattraper Tony. Allez au Trois balais, on vous rejoint.

Elle acquiesce, au moment où Lily s’étonne :

- Tu comptes rattraper un vampire ? Dois-je te rappeler qu’ils sont plus rapide que les humains ?

- Je sais, mais essayer n’a jamais tué personne, et Tony ne connait pas le coin, me mis-je à mentir pour éviter les questions indiscrètes. Je ne serais pas longue.

Je les abandonne alors et me précipite dans la rue ombrée par les hauts bâtiments. J’essaye de repérer par où sont partis les deux hommes avec mon odorat. La fragrance de Tony est encore présente dans mon esprit, c’est donc lui que je renifle, comme si j’étais en chasse. Loin du regard des autres, j’abandonne tout faux semblant humain et pique un sprint dans les ruelles de Pré-au-Lard, vide de vie forte heureusement. Il ne me faut alors que quelques secondes pour retrouver Tony, seul face à un cul-de-sac. Je m’arrête à deux pas de lui.

- Il a transplané, dit-il sans se retourner. Impossible de le suivre. C’était ton créateur, n’est-ce pas ?

Il se retourne au moment où j’acquiesce, puis il soupire.

- Tu le connais ? Demandé-je alors, prise d’un fol espoir.

Mais il secoue la tête.

- Rejoignons les autres, dis-je. Ils nous attendent au pub.

Il m’emboîte le pas et m’interroge :

- Lequel de ces amis est celui que tu as empêché de se faire mordre ?

Sur cette simple question, je comprends alors que Lucinda lui a bel et bien fait lire ma lettre.

- James, le brun à lunettes. Il était en retenue dans les cachots au moment où il s’est fait attaquer.

- Il faut que je l’interroge. Lui seul a survécu à l’attaque de ce vampire - en dehors de toi - il pourra sans doute me donner des informations précieuses.

- Je lui en toucherai deux mots, mais ne t’étonne pas si je suis présente à l’interrogatoire : je ne pense pas qu’il soit assez à l’aise avec les vampires pour rester seul avec toi.

- Pourtant, ta présence ne semble pas le déranger, remarque-t-il alors que nous revenons dans la rue principale. A moins qu’il ignore ton état ?

Je secoue la tête.

- Il le sait, mais je lui ai sauvé la vie, je pense que c’est pour ça qu’il me fait confiance. J’ai joué les gardes du corps pour lui pendant un moment après son agression. Il a eu peur d’être de nouveau sa cible.

Tony, le regard fixé au loin, acquiesce d’un air absent. J’imagine qu’il réfléchit déjà à l’enquête, essayant de regrouper les maigres informations en sa possession pour en retirer quelque chose. Je le laisse à ses pensées, le devance et pousse la porte des Trois balais. Je grimace alors sous l’assaut de bruits, les conversations qui me parviennent toutes à niveau audible, les verres qui s’entrechoquent sur la table, les pieds de chaises qui grincent, la musique trop forte. Les odeurs ne sont pas en reste et la présence d’hommes transpirant dans la salle me poussent à remettre mes sens à niveau humain.

D’un coup d’œil, je repère mes amis qui s’installent à une table qui se libère. Miss Rosmerta, la gérante du pub, passe un coup de chiffon sur la surface de la table pour la nettoyer rapidement et embarque les verres vides. Je fais signe à Tony de me suivre et nous nous glissons agilement entre les tables et les chaises pour rejoindre le fond de la pièce, sans déranger personne. Nous arrivons à l’instant où Remus se lève de table.

- Je vais passer la commande, je vous prends quelque chose ? Nous demande-t-il.

Tony refuse poliment, et je commande une bièraubeurre, histoire de continuer l’illusion. Tony me lance un drôle de regard lorsque nous nous installons et il prononce des mots à voix si basse que je sais qu’il n’y a que moi qui puisse les entendre.

- Pourquoi t’embêter avec des aliments humains dont tu n’as pas besoin ?

- Je fais en sorte que tout le monde me croit encore humaine. Seule une poignée de mes amis savent pour ma transformation. Les autres l’ignorent, réponds-je sur le même ton.

- Comptes-tu le leur dire un jour ?

Je jette un œil au reste de la table. Trois sur six savent déjà, dont deux par accident. Sirius devra le savoir, obligatoirement, à moins que je ne décide de ne rien lui révéler et d’abandonner l’idée d’avoir un Calice. Quant à Lily et Peter, proche comme ils sont avec les trois autres, je finirai sans doute par devoir le leur avouer.

- Certainement. Je verrais bien quand le moment sera le plus opportun.

Tony me sourit.

- Est-ce que tu voudras bien me raconter comment s’est passé ta transformation ? Lui demandé-je alors subitement. Je n’ai jamais osé le demander à Lucinda . . .

Tony affiche de nouveau un sourire, mais plus énigmatique celui-là.

- Elle ne te l’a donc pas dit, fait-il. Lucinda n’a pas été transformé, elle est née vampire. L’une des rares.

Mon étonnement doit se voir parfaitement sur mon visage. Lucinda n’a jamais fait mention de cette particularité. Je sais que les naissances naturelles sont assez rares chez les vampires, pour être soulignées, mais Lucinda ne m’en a jamais touché un mot. C’est dommage, j’aurais sans doute été très curieuse à ce propos.

- Je te raconterais pour moi, si tu veux, ajoute ensuite Tony. Je te propose de chasser ensemble ce soir, nous aurons tout le temps de discuter.

J’acquiesce d’un signe de tête au moment où Remus revient avec un plateau chargé de boissons. James se lève immédiatement pour lui filer un coup de main et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, chacun d’entre nous avons notre commande sous le nez et nous commençons à siroter nos boissons en silence. Pour ma part, j’avale une petite gorgée de bièraubeurre, tout en me retenant de grimacer. Difficile d’apprécier cette boisson quand on peut détailler chaque ingrédient avec une facilité inquiétante.

- James, c’est toi n’est-ce pas ?

Je relève la tête, surprise. Tony vient de s’adresser à mon ami et ce dernier acquiesce d’un signe de tête, tout aussi étonnée que moi.

- Est-ce que tu accepterais que je te pose quelques questions sur l’attaque que tu . . .

Comprenant très rapidement où la fin de la question de Tony va nous mener, je lui flanque un sévère coup de pied dans le tibia qui le fait grimacer. Puis il se tourne vers moi en se frottant la jambe. Je lui fais les gros yeux, sans qu’il ne comprenne. Je décide alors de terminer la question de Tony à sa place.

- L’attaque à laquelle tu as assisté James, celle de Betty, dis-je. Il veut le plus de détails possibles.

Puis, j’ajoute pour les seuls oreilles de Tony :

- Personne ne sait pour son attaque ! On doit garder le secret pour de ne pas divulguer le fait que je l’ai sauvé !

Tony acquiesce d’un mouvement imperceptible pour un humain, puis s’adresse de nouveau à James. Enfin, tente. Sirius le coupe dans son élan en posant bruyamment son verre sur la table.

- Bon, ça suffit maintenant ! Qu’est-ce que vous nous cachez ?

Sirius prononce ces quelques mots d’un ton froid et sec. Il est vrai que ces derniers temps, il m’est de plus en plus difficile d’être discrète, mais ce n’est pas entièrement ma faute. Entre les professeurs, mes amis et maintenant Tony, je n’ai pas vraiment d’aide à ce niveau-là. Mais je ne veux pas en parler ici et maintenant.

James, Remus et Camille échangent un regard inquiet avant de se tourner vers moi.

- Je comprends ce que Sirius veut dire, intervient Peter. Moi aussi, je me sens un peu l’écart. Et on sait que James et Remus sont au courant. Ils leur arrivent de chuchoter dans leur coin et de s’interrompre quand on arrive, ce qu’ils ne faisaient jamais avant.

Les regards se fixent sur moi. Je grimace.

- Je suis désolée, dis-je, mais il y a des choses que je préfère garder pour moi.

- James et Remus sont au courant, rétorque Sirius, les sourcils froncés, main crispée sur son verre.

- Par erreur. Ils l’ont deviné, plus ou moins.

Sirius regarde ses deux amis, comme blessé, avant de se lever brusquement de sa chaise et de quitter la table. Gênée, je me lève aussi et ouvre la bouche pour prononcer des mots qui le retiendraient, mais rien ne vient. Malheureusement, je comprends ce qu’il ressent. Et je ne peux rien y faire.




O0o0O




Un gloussement aigu retentit, suivit d’un rire grave. Celui de Sirius. Il est assis plus loin sur la table des Serdaigle, et dîne avec Crow et Grayson. Cette vision me donnerait envie de vomir si je pouvais encore le faire. En face de moi, Camille regarde le spectacle en secouant la tête d’un air affligé.

- Je ne comprends pas. Honnêtement, je ne le comprends pas, fait-elle. D’accord, il fait la tête à ses amis parce qu’il n’est pas dans le secret. D’accord aussi qu’il nous fasse la tête à nous pour la même raison. Mais qu’on m’explique le rapport avec cette peau de vache ! Quel besoin a-t-il de s’afficher ainsi avec elle alors qu’on sait pertinemment qu’il ne peut pas la sentir ?

Elle se tourne vers moi, interrogative. Comme si je pouvais avoir la réponse. J’hausse des épaules, patouille mon ragoût de mouton. Un peu plus loin dans la salle, là où le reste des maraudeurs dînent, j’entends les trois garçons se lever et quitter la pièce. Je leur jette un œil. James regarde Sirius avec insistance, mais celui-ci ne le voit pas, trop occupé qu’il est à rigoler avec Crow. Peter se détache alors des deux autres et s’approche de lui pour lui glisser quelques mots à l’oreille. Sirius finit par quitter les deux Serdaigle et rejoindre James et Remus qui ont déjà quittés la Grande Salle. Je me tourne de nouveau vers Camille qui tripote le grain de beauté qu’elle a au dessus de la lèvre. Je lui file un coup de fourchette sur le dos de la main pour lui faire cesser ce geste, devenue une manie.

- Sérieux, je comprends pas.

Sur ces mots, elle recule son assiette loin d’elle, signifiant par là qu’elle a perdu l’appétit. Ca m’aurait fait la même chose, je pense, si j’étais encore humaine. Je dois avouer que voir Sirius flirter - puisqu’il n’y a pas d’autres mots pour décrire son geste - avec Crow me fiche un sale coup. Surtout que je sais que c’est de ma faute. Enfin, de son point de vue. Mais n’empêche que j’ai du mal à le supporter, sans doute parce que c’est Crow ! Ah, si cette sale peste pouvait disparaître ! Je lâche ma fourchette qui retombe bruyamment dans mon assiette, puis je soupire en passant mes mains sur mon visage.

- Cette journée est une véritable catastrophe, dis-je. Je ne pense pas qu’elle puisse être pire.

Camille laisse échapper un rire cynique.

- Ne dis pas ça, c’est le meilleur moyen de passer au niveau supérieur sur l’échelle de la journée la plus pourrie du monde.

Un léger sourire en coin m’échappe et je laisse retomber mes mains alors qu’il disparaît, puis je croise les bras sur la table avant d’y poser ma tête. Mon regard se pose alors sur Tony et le professeur McGonagall qui discutent. Je constate que le vampire à un verre de sang à la main. Pas suffisamment pour le rassasier pour les prochaines vingt-quatre heure, mais assez pour qu’il n’ait pas besoin de chasser avant très tard dans la nuit. J’imagine que je vais devoir commencer sans lui car, pour ma part, la faim se fait déjà ressentir.

- Tu n’aimes pas ça, hein ? Dit Camille. Que Sirius soit fâché.

Je redresse la tête, pince des lèvres.

- Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est un peu de ma faute, que j’aurais dû lui dire pour moi, sans pour autant parler de l’Appel. Mais j’ai aussi peur de le faire. J’avoue m’être beaucoup attacher aux maraudeurs, et je n’aimerais pas que tout s’écroule à cause de mon accident.

Camille sourit tristement.

- Ouais, je comprends ce que tu veux dire. J’ai parlé un peu avec Peter quand on est rentré de Pré-au-Lard, et il m’a dit que personnellement, lui, il comprenait que tu ne leur dise pas tout. Mais apparemment, Sirius le prend assez mal.

- Peter t’a dit pourquoi Sirius réagit comme ça ?

Elle secoue la tête. J’imagine que le pauvre Gryffondor ne doit pas le savoir. Je me lève alors et mon amie fait de même. Nous quittons la Grande Salle et je nous guide jusqu’au parc, n’ayant pas le moins du monde l’envie d’aller m’enfermer dans la salle commune. Nous faisons quelques pas, avant de nous poser sur un banc le long du sentier. Je lève alors la tête vers le ciel rose où le soleil termine de se coucher au-delà de l’horizon. Camille pose ses coudes sur ses genoux et j’étends mes bras derrière moi, posant mes mains sur l’assise. Nous restons un moment dans cette position, sans parler. La nuit est presque tombée quand Camille prend la parole.

- J’ai eu des nouvelles de ma mère tout à l‘heure. Elle a parlé des vacances dans la lettre, et comme elle sait que tu ne retournes pas à l’orphelinat, elle te propose de t’héberger quelques semaines, le temps que tu trouves quoi faire.

Je souris.

- Ta mère sait que je suis un vampire ?

Camille rigole.

- Merlin, non, et heureusement, elle paniquerait autrement ! Même si mon père pourrait sans doute lui expliquer.

Camille est une sang-mêlée, sa mère est moldue. Son père travaille sur le Chemin de Traverse, il possède une petite boutique de confiserie, Au paradis des gourmands, où il vend aussi des pâtisseries et des glaces. J’imagine que, lors de sa septième année à Poudlard, monsieur Blaid a entendu parler de la Caste. Mais cela ne l’empêcherait pas d’être effrayé je pense. Après tout, les sorciers connaissent surtout les Faucheurs.

- Je préférerais qu’on ne le leur dise pas d’accord ? Je ne voudrais pas qu’ils se mettent subitement à avoir peur de moi. Je me débrouillerai pour manger.

- Ça veut dire que tu acceptes l’invitation de ma mère ? Me demande Camille en se redressant avec un grand sourire.

J’acquiesce et elle me saute au cou.

- Ça va être les meilleures vacances de toute ma vie ! S’exclame-t-elle.

Pendant l’heure qui suit, alors que la nuit est complète autour de nous, Camille et moi planifions bon nombre d’évènements pour nos vacances. Comme je n’avais pas particulièrement le droit de sortir les années précédentes à cause de l’orphelinat, Camille souhaite me faire voir les activités nocturnes. Elle prévoit donc d’essayer à peu près tous les bars à thèmes qui existent, d’aller dans une discothèque au moins deux fois, et de visiter musées, galeries marchandes et autres joyeusetés de Londres. Je ne peux m’empêcher de la suivre dans sa liesse et je suis toute aussi excitée qu’elle à l’idée de ce mois de folie, sans compter les deux semaines en France. J’ai à présent très hâte d’y être. Plus que trois mois. Dont les ASPIC’s. Qui me font paniquer plus qu’ils ne le devraient.

Camille se lève du banc et s’étire avant de se tourner vers moi et de m’annoncer qu’elle rentre à la tour. Je lui réponds que je vais en profiter pour aller chasser, et que je la rejoindrai une fois que j’aurais terminé. Elle s’éloigne alors, m’adressant un signe de la main, et je me lève à mon tour, prenant la direction de la forêt Interdite. Il est plus de neuf heure et le parc est vide à cette heure. Je jette un œil sur ma tenue, regrettant soudain de ne pas être passé dans le dortoir pour me changer : je risque de ruiner mon jean blanc.

Je passe sous la protection des arbres et, contrairement à mon habitude, je reste au sol, loin de l’altitude alléchante des chênes. Toutes mes pensées sont tournées vers Sirius et cette culpabilité que je ressens. Il est vrai que, depuis le nombre de semaines que je le connais, j’aurais pu lui dire ce que j’étais devenue récemment. De plus, qu’il sache pour la lycanthropie de Remus sans qu’il ne semble en être apeuré ou quoi que ce soit d’autre, aurait dû m’inciter à me confier à lui. Mais voilà, je n’accorde pas ma confiance facilement et c’est une chose sur laquelle je n’ai aucun contrôle.

Sans réellement y penser, je lève un bras, attrape une branche et m’en aide pour atteindre une autre branche plus haute, plus épaisse, sur laquelle je m’assieds, jambes balançant dans le vide. Malgré ma faim, je n’ai aucune envie de chasser, trop torturée que je suis par mes pensées parasites. Je ne peux enlever de ma tête l’image du visage de Sirius lorsqu’il a quitté les Trois balais. Mais il faut que je me nourrisse. Je relève alors la tête, ferme les yeux et prends une grande inspiration. Il n’y a pas grand-chose de sorti ce soir, je repère pourtant ce qui ressemble à un cerf. Je rouvre les yeux et quitte mon arbre pour sauter sur son voisin. Voyageant ainsi d’arbres en arbres, je me rapproche de l’odeur que j’ai senti. Puis, je m’arrête, interpelée par ce qui l’entoure. L’animal n’est pas seul, ce qui pourrait ne pas être étonnant, si je reconnaissais les odeurs qui l’accompagnent. Pourtant, à part un rat, l’autre odeur m’est inconnu, ou presque. Je sais que ça se rapproche du canin, mais c’est tout.

Je reprends ma route, prudemment, et curieuse. Puis, l’une des odeurs réveille en moi une soif extrême, une faim connue : celle de l’Appel. Je pile brusquement en sautant à terre. Qu’est-ce que Sirius fiche dans la foret Interdite ? Si je n’avais pas été sur mes gardes, je lui aurais certainement sauter dessus sans lui demander son avis, et ça aurait été la fin des haricots ! Je ferme les yeux, calme mon cœur et tente de comprendre ce qu’il se passe grâce à mon odorat et mon ouïe. Le cerf, le rat et l’animal inconnu sont toujours là. Avec Sirius. Je me concentre de nouveau. Il y a quelque chose d’étrange dans l’odeur de Sirius. Son sang est comme recouvert par autre chose.

Intriguée, je reprends ma route, prudemment et remonte dans les arbres, histoire d’avoir un excellent angle de vue une fois parvenue à destination. Je m’approche alors d’une clairière coupée par un ruisseau. Le cerf s’y abreuve et j’entends des bruits de grognements.

Je tourne la tête vers l’origine des sons au moment où l’émetteur regarde vers moi. Une frisson remonte le long de mon dos et, instinctivement, mes lèvres se retroussent sur mes dents, tandis que je grogne. Ce que je ne connaissais pas n’est autre qu’un loup-garou, créature qui s’approche de mon perchoir en courant, surprenant le cerf qui arrête de s’abreuver. Le loup fait près de deux mètres de haut, des membres fins lui assurent une rapidité et une agilité hors du commun pour un animal de cette taille et sa gueule ressemble beaucoup à celle de ses confrères non magiques. Je jette un œil sur le ciel. La lune est pleine. J’aurais dû y penser avant, vérifier quelle nuit nous étions. Je le fais toujours, histoire de ne pas tomber sur Remus au détour de ma route. Ces nuits-là, j’évite la forêt et je chasse au lever ou au coucher du soleil, quand il se métamorphose. Les évènements de la journée m’ont fait oublier cette prudence.

Soudain, l’arbre sur lequel je me trouve tremble. Surprise, j’ai le réflexe de sauter à terre, puis je m’éloigne de la créature, pénétrant dans la clairière. Le loup me suit, en position d’attaque. J’essaye de me contrôler, de penser que c’est Remus, que je ne lui veux aucun mal, mais mon sang vampire est plus fort que moi et je m‘accroupis en grondant furieusement. Sur ma gauche, j’entends alors les pattes du cerf lancé au galop dans notre direction. Il n’a pas le temps d’agir, le loup m’a déjà sauté au cou. Je recule la tête à temps et sa mâchoire claque tout près de mon oreille. Je tombe à la renverse, écrasée par le poids du loup. Il positionne ses pattes de part et d’autre de moi, charge de nouveau mais je stoppe sa gueule avec mes mains. Il grogne furieusement, se débat et m’échappe. Il recule et revient à la charge. J’ai juste le temps de me relever et de me déplacer sur le côté alors qu’il me saute de nouveau dessus. Il finit son bond dans la rivière, alors que j’assiste au spectacle, souriante. Puis le cerf se positionne devant moi, me tournant le dos, et les bois pointés dangereusement dans la direction du loup. Je reste estomaquée devant le comportement de l’animal : il y a longtemps qu’il aurait du fuir, effrayé aussi bien par moi que par le loup-garou. Puis, un rat bien portant au poil gris le rejoint, ainsi qu’un chien à la fourrure noire. Quand ce dernier apparaît et que son odeur m’entoure, j’ouvre la bouche, mais dans l’impossibilité d’émettre un seul son.

C’est Sirius ! Ce chien est Sirius !

Je ne vais pas plus loin dans ma pensée, le loup revient à la charge, tout trempé et je repousse d’un coup d’épaule le cerf sur la droite avant de courir moi aussi vers l’animal. Nous entrons durement en collision et j’attrape sa gueule avant qu’il n’essaye de me mordre et lui assène un puissant coup de boule. Étourdi, la créature fait deux pas en arrière et atterrit de nouveau dans la rivière. Je le suis, lui fais un croche-patte qui le fait tomber la tête la première dans l’eau et lui assène un violent coup de poing sur la tempe. Le loup perd conscience. Je me recule et me redresse, calmant les battements de mon cœur, excité par la bagarre. Puis, je vérifie que celui du loup bat toujours. Je l’entends, bien plus vite que la moyenne, ce qui est sans doute rassurant. Enfin, je fais face à la rive où, un rat, un cerf et un chien regardent le spectacle.

- Mais quel bande d’abrutis ! M’écrié-je, faisant s’envoler une nuée d’oiseau. Comment pouvez-vous être inconscients à ce point ? Et toi James, tu sais parfaitement que je chasse dans la forêt et des animaux qui plus est ! Tu aurais été bien loti si, excitée par ma chasse, je t’avais vidé de ton sang !

Ma tirade a relancé les battements de mon cœur et, vidée de mon énergie, je me lance tomber à terre et me retrouve avec les fesses dans l’eau. Peu importe, j’ai besoin de poser mon esprit deux secondes après ce qu’il vient d’arriver. Je n’arrive pas à croire que Sirius, James et Peter soient des animagus qui passent trois nuits par mois à vagabonder dans la forêt en compagnie d’un loup-garou. Ils sont complètement malades.

- Euh . . . Mandy ?

Je relève la tête. James a repris forme humaine et affiche un visage inquiet et effrayé. Je le fusille du regard, la colère reprenant le dessus.

- Est-ce que tu es conscient des risques que tu prends ? Dis-je. Et en plus, tu embarques Sirius et Peter, sans même les avertir de ce qui peut leur arriver ! Sous forme animal, James, ton sang m’attire tout autant que pour les autres créatures de cette forêt !

Son visage passe d’effrayé à terrorisée. J’ai peut-être été un peu loin. Je me relève, soupire et passe une main lasse sur mon visage avant de poser mes yeux sur le rat et le chien, tétanisés au milieu de la clairière.

- Vous pouvez reprendre forme humaine, Remus est KO pour un moment. Il ne vous fera rien.

Je sens les deux animaux hésiter l’espace d’une seconde puis, Peter et Sirius retrouvent leurs formes originelles. Tout deux semblent complètement hallucinés.

- Histoire de vous éviter des suppositions et des questions sans fins, fais-je, je vais vous dire exactement ce qu’il en est : je suis un vampire, un membre de la Caste, et vous trois auriez pu finir entre mes dents cette nuit.

Peter se met à trembler comme une feuille et s’accroche au bras de Sirius.

- Pourquoi ça ne s’est pas fini comme tu le dis ? Me demande James, apparemment rasséréné.

- Parmi vos odeurs, j’ai reconnu celle de Sirius. C’est ce qui m’a permis de me calmer et de réfléchir. Et heureusement pour toi, parce que tu étais ma proie pour cette nuit, je t’avais senti depuis l’entrée de la forêt.

Je l’entends déglutir. Ainsi que Peter. Seul Sirius reste totalement tétanisé. Ma colère pas encore calmée, je me tourne vers lui.

- Et alors, tu ne dis rien ? C’est pourtant toi qui m’a reproché d’avoir des secrets cette après-midi. Et bah voilà, tu es au même niveau que les autres maintenant.

Mon coup d’éclat semble le réveiller et il fronce des sourcils. Mais ce n’est pas contre moi, c’est contre James.

- Tu savais pour elle, et tu ne m’as rien dit ? Lui reproche-t-il.

- Sirius, c’était son secret, pas le mien. Ça aurait été comme si je lui avais parlé de la lycanthropie de Remus. Je n’avais pas le droit de le faire.

Je secoue la tête, détourne mon visage d’eux pour tomber sur la gueule du loup, encore évanoui. Vu la résistance d’un loup, j’imagine qu’il ne va pas tarder à récupérer ses esprits.

- Vous devriez reprendre vos formes animales. Il ne va pas être long à se réveiller, les loups se régénèrent presque aussi vite que les vampires. Nous reparlerons de tout ça demain, si ça vous intéresse, ajouté-je en les regardant de nouveau. Pour cette nuit, je vous conseille d’éviter la forêt, Tony et moi devons y chasser. De mon côté, j’essaierai d’être prudente.

James acquiesce d’un mouvement de tête alors que Peter a déjà repris son identité de rat et qu’il court s’enquérir de la santé du loup-garou. Sirius, quant à lui, me dévisage avec un regard indéchiffrable. James retrouve sa forme de cerf, m’assoiffant de nouveau, et je m’éclipse avant que Sirius ne fasse de même : j’ai l’impression que l’Appel est plus fort lorsqu’il est sous forme animagus.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeSam 28 Mar - 19:46

Chapitre 20 : Sirius s’intéresse




J’étouffe un bâillement derrière ma main, frotte mes yeux et change la page de mon livre avant de récupérer ma plume. Je lis le premier paragraphe qui me saute aux yeux, en récolte les informations qu’il me faut, et complète ma phrase sur le parchemin. Je suis dans la bibliothèque depuis son ouverture, à huit heures. Je suis venue directement ici après ma chasse avec Tony, sans repasser par ma maison. Après ce qu’il s’est passé cette nuit, j’avoue avoir besoin de calme et surtout, d’occuper mon esprit à d‘autres sujets. Le devoir de Botanique est une excellente occasion, même si je sais que, puisqu’il est près de midi, Camille ne va plus tarder à venir me chercher pour l’accompagner au déjeuner.

Je lève ma plume du parchemin, relis ce que je viens d’y noter puis retourne mon attention sur le livre. Mes pensées s’égarent du côté de la forêt Interdite. Après ma rencontre avec les maraudeurs, j’ai réussi à m’éloigner suffisamment pour pouvoir chasser en toute tranquillité. J’ai ensuite rejoins Camille comme prévu dans notre dortoir, où nous avons discutés. Enfin, où elle a parlé serait plus juste. Je n’étais pas très attentive à elle à ce moment-là, encore trop effrayée par ce que qui aurait pu se produire et par l’idée que Sirius est à présent au courant et que, de fil en aiguille, je vais devoir lui parler de l’Appel. Et je ne parle même pas de la santé de Remus. J’espère ne pas l’avoir frappé trop fort.

J’étouffe un second bâillement. Après ma soirée avec Camille, je suis retournée à la forêt Interdite, avec Tony cette fois-ci. Je lui ai expliqué que j’avais déjà chassé mais que ça ne me dérangeait pas de l’accompagner. C’est là qu’il m’a parlé de sa propre transformation. Et que j’ai découvert que ces dernières sont, depuis peu, très réglementées. Tony est né à la fin du dix septième siècle, près de Rome, en Italie. Il a grandi dans un village, travaillé auprès de sa famille dans la ferme familiale, et est parti à seize ans pour Rome, afin de voir la ville. C’est là-bas qu’il a rencontré son créateur, Stefano. Le vampire à l’époque était un grand décorateur et était demandé par les plus grandes familles bourgeoise pour « habiller » les maisons. Il a pris Tony comme apprenti et de fil en aiguille, lui a proposé de rejoindre la race des vampires. Stefano souhaitait garder auprès de lui un garçon aussi doué pour le dessin. Tony a accepté après quelques mois d’hésitation. Il m’a confié que sa décision coulait d’un triste évènement : sa famille avait été décimé par la maladie.

Un rire retentit dans la bibliothèque, m’arrachant à mes pensées. Je jette un œil autour de moi et vois des troisièmes années qui gloussent en quittant leurs places. Je soupire, repose ma plume et frotte mes yeux. Je n’ai pas pu dormir cette nuit, car la chasse s’est fini tard. Je suis donc venue ici étudier. Une chance pour moi que j’avais de quoi noter dans mes poches. Je récupère ma plume, replonge mon nez dans le bouquin et . . . Redresse rapidement la tête quand je sens Sirius s’approcher du lieu où je suis. Le cœur battant à toute vitesse, je le vois se diriger vers ma table. A la manière dont il me fixe, je sais que c’est moi qu’il est venu voir. Je repose ma plume, ferme le livre et roule mon parchemin. S’il est ici, c’est sans doute pour une explication. Il tire la chaise qui se trouve en face de la mienne et s’y installe, croisant les bras sur la table. Il me fixe toujours, sans mot dire, le visage impénétrable. Je ne sais pas trop quoi faire, ou dire. Je décide alors de le laisser prendre les devants.

N’osant le regarder droit dans les yeux comme il le fait, je détourne la tête et observe ce qu’il se passe autour de moi. Malheureusement, il n’y a que nous dans cette partie de la bibliothèque, et à l’heure qu’il est, s’il y avait eu du monde, les élèves seraient déjà en route pour le déjeuner. Je frotte mes yeux. Mon manque de sommeil commence à se faire sentir. Je vais devoir dormir cette après-midi si je ne veux pas m’écrouler en cours de journée.

- J’imagine que la moindre des politesses serait de commencer par te dire bonjour, alors . . . Salut.

Je me tourne vers Sirius qui s’est finalement décidé à prononcer des mots, et ce afin de former une phrase cohérente. Par forcément celle à laquelle je m’attendais, mais au moins, il reste civilisé.

- Bonjour.

- Bien dormie ? Demande-t-il ensuite.

- Je n’ai pas eu cette chance, réponds-je en le fixant droit dans les yeux. Ma nuit a été chargée.

Il acquiesce, et un sourire en coin hésitant retrousse ses lèvres.

- J’avoue ne pas savoir trop quoi dire. De plus, je ne suis pas le seul à . . . Avoir été surpris . . . La nuit dernière.

Il fait référence à Peter, bien sûr. Je me demandais justement pourquoi le quatrième maraudeur n’était pas avec lui.

- Il n’a pas voulu venir ? Demandé-je.

Sirius secoue la tête.

- Il n’est pas encore levé et je n’en pouvais plus de l’attendre. Je suis donc venu tout seul.

- Tu es si impatient que ça d’avoir des explications ? M’étonné-je en m’enfonçant dans mon siège, bras croisés sous la poitrine.

Cette fois-ci, son sourire est franc.

- Je pense qu’il faut que je commence par te dire que maintenant, je comprends pourquoi tu ne m’as rien dit. James m’a expliqué comment lui et Remus ont découverts ta vraie nature et, effectivement, c’était par hasard. J’imagine qu’annoncer à des gens qu’on ne connait que depuis quelques mois qu’on est un vampire est assez effrayant. De plus, aucun de nous ne t’avait dis que nous étions des animagus.

- J’imagine que c’est parce que vous n’êtes pas déclarés auprès du Ministère ?

Il acquiesce. J’aimerais lui demander comment ils ont fait, les sensations lors de la transformations et encore pleins d’autres chose, mais ce n’est pas le sujet de notre conversation. Je préfère lui laisser le temps de réfléchir et de poser ses questions.

- Alors, fais-je, que veux-tu savoir ?

Il fronce des sourcils, se frotte le front.

- Je ne sais pas trop. Je me souviens assez bien du cours du professeur Gray pour comprendre que l’appellation vampire ne signifie plus la même chose maintenant. Tu n’es pas une Faucheuse, tu n‘attaques personne, tu te nourris d’animaux, comme les humains en somme. Je n’ai aucune raison d’avoir peur, même si la nouvelle est déstabilisante.

Il fronce un peu plus des sourcils avant d’ajouter :

- Je ne sais même pas si je t’ai connu humaine. Tu es un vampire depuis quand ?

- Tu te souviens de la fois où j’ai balancé Crow dans le lac ?

Avec un léger rire, il hoche de la tête.

- Le soir même, lors de ma retenue avec le professeur Slughorn. Le vampire m’a attaqué ce soir-là.

Sirius cesse de rire et son visage devient grave. Je vois ses yeux s’égarer sur le côté, signe qu’il revit la scène, qu’il se souvient. Puis, il parait furieux.

- C’est parce qu’elle t’avait fait les pires crasses tout au long de la journée que tu étais énervée, je me rappelle. C’est un peu de sa faute alors.

- Camille a dit la même chose, fais-je en souriant. C’est pour ça que Crow s’est retrouvé dans la peau d’un bonhomme de neige peu de temps après. Camille m’a encouragé à me venger.

Il affiche des yeux ronds.

- C’était toi ?

J’acquiesce. Un sourire grand comme le monde illumine son visage, puis il éclate de rire.

- C’était du grand art, félicitation ! James a toujours voulu savoir qui avait lancé ce sortilège. Il y a pas à dire, t’es douée !

- Merci.

- Ne t’étonnes pas si on te pique l’idée un jour, ça pourrait être marrant, me prévient-il, toujours aussi souriant.

J’hoche de la tête, signe qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent de mon idée, puis ils se lève de table.

- J’ai faim, tu m’accompagnes jusqu’à la Grande Salle ?

J’accepte et le suis hors de la bibliothèque. Dans le couloir, je lui demande :

- Tu ne m’as pas dit ce que ça changeait de savoir que je suis . . . Différente, fais-je prudemment alors qu’un groupe de Poufsouffle nous dépasse.

- Absolument rien, dit-il avec la plus grande honnêteté. Pourquoi ça changerait d’ailleurs ? Tu es encore moins dangereuse que Remus, et lui je l’accepte sans problèmes. Que tu sois différente ne change rien entre nous. Je t’apprécies comme tu es.

En conclusion de ces mots, il m’attrape par les épaules et me serre contre lui. J’ai le réflexe de bloquer ma respiration, afin de ne pas respirer son odeur. Puis, gentiment, je l’éloigne de moi, adopte une distance raisonnable, et lui dis :

- Ca me rassure. Mais évite quand même de trop t’approcher, je ne supporte toujours pas les jalousies de ton fan-club.

Il se renfrogne et tourne la tête vers les rangées de fenêtres qui donnent sur le parc.

- Il faudra quand même que je pense à faire quelque chose pour celles-là aussi, l’entends-je marmonner dans sa barbe.

Sans vraiment savoir pourquoi, je souris, heureuse. Et je précise à Sirius :

- Au fait, n’oublies pas que tous mes sens sont beaucoup plus développés que les tiens, alors quand tu marmonnes, je te comprends aussi bien que si tu me parlais.

- Vraiment ? S’étonne-t-il en se tournant vers moi alors que nous passons dans les escaliers mobiles.

J’acquiesce d’un signe de tête.

- Oui et, effectivement, il serait temps que tu fasses quelque chose pour Crow et ses copines. Imagine que la fille qui t’es destinée ne fasse pas partie de ton fan-club et que donc, tes groupies l’empêchent de t’approcher. Ce serait bête pour toi.

Ce que je viens de dire le plonge dans une profonde réflexion. Je le laisse à ses pensées et nous guide jusqu’au rez-de-chaussée. C’est une fois non loin de la Grande Salle qu’il revient à la réalité.

- Tu as raison. Et il n’y a qu’une seule façon de leur faire comprendre que ce qu’elles font est sans espoir et qu’aucunes d’elles ne m’intéresse, ni ne m’intéressera un jour.

- Ah bon ? Et comment vas-tu t’y prendre ?

Il sourit, m’attrape par le bras et me stoppe au beau milieu du couloir qui mène à la Grande Salle.

- Il faut que je me trouve une petite amie.

Je ris.

- Ca ne devrait pas être trop difficile mais méfies-toi de ne pas tomber sur la mauvaise fille.

- Je sais déjà comment me prémunir de ça.

Intriguée, j’incline la tête sur le côté.

- Vraiment ? Et comment ?

Il ouvre la bouche, mais c’est une autre voix qui s’adresse à moi.

- Bonjour Mandy.

Je me retourne. Tony monte des cachots, accompagné du professeur Slughorn. J’imagine que l’homme a fait visiter les sous-sols du château au vampire. Le professeur nous adresse un signe avant de pénétrer dans la Grande Salle. Tony, quant à lui, s’approche de nous. Il adresse un signe de tête aimable à Sirius avant de poser sa main sur mon bras et de faire lâcher prise au Gryffondor. Puis, il me fait pivoter face à lui avant que je ne puisse comprendre et dépose un baiser sur ma joue. Un peu trop proche de mes lèvres pour être honnête. J’ouvre des yeux ronds. J’ai dû louper un chapitre à un moment ou à un autre de l’histoire.




O0o0O




Camille doit afficher à peu de choses près le même air que moi quelques minutes plus tôt. Sauf que elle, elle a aussi la fourchette qui stagne à deux centimètres de sa bouche. Nous sommes à table, et je viens de lui raconter ce qu’a fait Tony juste avant que je ne pénètre dans la Grande Salle.

- Mais, euh, fait Camille quand elle reprend ses esprits, qu’est-ce qui lui a pris ?

J’hausse des épaules.

- Comment je le saurais ? Je n’ai rien compris ! Et après, il est allé s’installer à la table des professeurs, comme si c’était normal.

- Et Sirius ?

- Quoi Sirius ? Répété-je, surprise.

- Comment il a réagi ?

Je fronce des sourcils. Je ne vois pas trop ce que la réaction du Gryffondor vient faire dans cette histoire. D’ailleurs, après cette scène, j’ai rejoins Camille sans lui adresser un regard, trop tourneboulée que j’étais.

- J’en sais rien moi, surpris sans doute, comme moi.

Camille glisse un œil dans mon dos et je sais que ce sont les maraudeurs qu’elle regarde.

- Sirius parle et les deux autres écoutent. Aux tête qu’ils tirent, il doit leur raconter ce que tu viens de me dire.

Pour ma part, j’imagine qu’il ne doit en être qu’à l’épisode de la bibliothèque. Il faudra aussi que je parle à mon amie de ce qu’il s’est passé dans la forêt Interdite, histoire qu’elle ne soit pas prise au dépourvue.

- Quand tu auras fini de manger, nous irons se poser dans le parc, lui fais-je. Il faut que je te raconte un truc.

- Encore ! S’exclame-t-elle. Mais, tu ne pouvais pas tout me dire d’un coup ?

- Je ne voudrais pas que des oreilles indiscrètes trainent.

Elle acquiesce, dépêche de terminer son repas, attrape une part de gâteau, l’enveloppe dans une serviette et nous guide hors de la Grande Salle. Au moment où nous descendons l’escalier de marbre pour passer dans le hall d’entrée, le parfum de Tony m’atteint. Je me retourne. Il sort de la Grande Salle et m’adresse un signe de la main avec un sourire. Je m’arrête, pose une main sur le bras de Camille pour qu’elle fasse de même, et nous regardons le vampire nous rejoindre.

- Bonjour Camille, salue-t-il mon amie en arrivant, avant de se tourner vers moi. Mandy, je pense qu’une discussion s’impose. Je ne voudrais pas que tu te méprennes sur mes attentions.

Je fronce des sourcils et croise les bras, mécontente.

- Je ne sais pas comment ça se passe en Autriche ou même en Italie, mais sache qu’en Grande-Bretagne, on n’a pas pour habitude d’embrasser le premier venu.

Il rigole, amusé. Ca ne fait que m’agacer encore plus. Je le fusille du regard.

- Loin de moi l’envie de te vexer, mais sache que je n’ai aucune intention te concernant. Je réalise juste . . . Une expérience.

Je comprends de moins en moins, ce qu’il semble remarquer, puisqu’il ajoute :

- Je sais bien que les humains sont encore très conventionnels lorsqu’il s’agit de sujets intimes, mais je vais quand même t’expliquer. Petit un, je n’ai jamais été attiré par le sexe féminin.

Dire que les bras m’en tombent serait encore loin de la vérité. Je dois exprimer la plus grande des surprises. Et à côté de moi, Camille n’est pas mieux. L’homosexualité, puisque c’est ainsi que cela se nomme, est assez mal vu aussi bien chez les sorciers que chez les moldus. Mais d’après ce que dit Tony, et la manière dont il en parle, ce n’est pas le cas chez les vampires.

- Cela amène au petit deux, poursuit-il, et donc que pour moi, tu pourrais être, au mieux, une précieuse amie et rien de plus.

Je fronce à nouveau des sourcils.

- Alors à quoi rimait ton spectacle tout à l’heure ?

- C’était pour mon expérience, répond-t-il le plus calmement du monde. Je testais ton ami.

Je ne vois qu’une seule personne à tester.

- Sirius ? M’exclamé-je, surprise. Qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans ?

Pour toutes réponses, Tony affiche un sourire mystérieux et remonte l’escalier avec un signe de la main. Moi qui n’aime pas quand on refuse de m’expliquer des sujets qui me concernent de près, je le prends plutôt mal.

- Tony ! L’appelé-je alors qu’il disparait à l’angle d’un couloir.

Il ne répond pas, bien sûr, se contente d’émettre un rire que seule moi peut percevoir. Je soupire et me tourne vers Camille.

- Ce vampire va finir par me faire virer chèvre, dis-je.

Puis, constatant l’air pensif que Camille arbore, j’ajoute :

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Je crois que j’ai compris ce qu’il voulait dire. J’ai moi-même des doutes à ce sujet. Je pense que Tony veut seulement te filer un coup de main.

Je ferme les yeux, inspire profondément et tente de calmer mon agacement de plus en plus grandissant.

- Et tu peux m’expliquer maintenant, ou je continue à patauger dans la semoule ?

- Il teste la jalousie de Sirius.

J’hausse des sourcils.

- A quoi ça sert ?

Camille roule des yeux, m’attrape par le bras et me force à reprendre notre route.

- J’avoue que tant que tu n’as pas de soupçons, c’est difficile de s’en percevoir, mais tu devrais quand même t’en être rendu compte. Sirius semble beaucoup t’apprécier, et je pense que ça va au delà de ça. Comme te l’avait dit Crow, physiquement parlant, tu es le genre de fille qui attire Sirius. Si, en plus, il apprécie ta personnalité, il se peut qu’il ait, hypothétiquement, un faible pour toi.

Je la regarde comme si une seconde tête lui était subitement poussée à côté de la première.

- Tu te drogues maintenant ?

Camille râle.

- Je ne vois pas ce qu’il y aurait d’étonnant dans le fait que tu attires un garçon, Mandy. Ce ne serait pas la première fois.

- Mais les autres ont pour habitude de ne pas m’approcher.

- Normal, tu les fais fuir.

J’ouvre la bouche, prête à répliquer, mais elle m’en empêche.

- Écoute, ce n’est qu’une supposition, ok ? Rien ne prouve que ce que je dis est vrai. C’est d’ailleurs pour ça que Tony teste Sirius. Alors ce que je te conseille c’est de le laisser faire, et de voir. Qu’est-ce que tu as à perdre de toute façon ?

Je ne préfère même pas répondre à cette question.




O0o0O




Installée à l’ombre d’un chêne, au beau milieu du parc, je profite entièrement des rayons chauds sur ma peau. A côté de moi, Camille dort. Nous nous sommes endormies toutes les deux un peu plus tôt dans l’après-midi, après que je lui ai parlé de ma discussion avec Sirius à la bibliothèque. Pour ma part, j’ai rattrapé mon heure en retard, mais Camille semble exténuée, ce qui explique sans doute sa longue sieste. J’attends qu’elle se réveille, me demandant si les vampires peuvent attraper des coups de soleils. Nous sommes insensibles aux changements de températures, donc j’imagine que non, ce qui est bien dommage puisque j’ai toujours rêvé de voir à quoi je ressemblerais en plus bronzée.

Une fois de plus, ma tranquillité est brisée par des élèves qui passent. Comme il fait très beau et que c’est dimanche, tout le monde profite du parc, ce qui fait qu’il m’est difficile d’être au calme, malgré mes sens à niveau humain. Les plus jeunes sont agités, courent et crient partout. Je ne sais pas comment Camille fait pour continuer à dormir. Je lui jette un œil. Elle est roulée en boule sur son flanc gauche, les mains près de sa tête. D’après les traits de son visage, elle fait un mauvais rêve. Je sais qui lui arrive encore de faire des cauchemars au sujet de Fred, à l’occasion, et c’est certainement le cas en ce moment. Malgré qu’elle ait fait son deuil et qu’elle ait récupéré sa bonne humeur, elle garde une part de tristesse au fond d’elle qui ne disparaitra sans doute pas dans l’immédiat.

Je quitte Camille des yeux quand je sens une odeur proche que je connais. L’effluve de Bill me parvient, alors qu’il passe devant nous, le nez plongé dans la Gazette du Sorcier, l’édition du jour certainement. Sentant mon regard sur lui, il redresse la tête et se tourne dans ma direction. Il me voit et nous rejoint. Quand il s’approche, je mets un doigt devant ma bouche pour lui intimer de ne pas faire de bruit, puis je lui indique Camille d’un mouvement de pouce. Il acquiesce, et s’installe en tailleur en face de moi.

- Salut, comment tu vas ? Me demande-t-il à voix basse, pour ne pas perturber le sommeil de mon amie.

- Bien, et toi ? Tu es tout seul.

Il acquiesce et agite la Gazette.

- T’as lu les nouvelles ?

Je secoue la tête.

- Je ne reçois pas le journal et Camille non plus. Il s’est passé quelque chose ?

Son regard se voile et il pince ses lèvres.

- On a eu beaucoup de chance hier. Lis par toi-même.

Il me tend la Gazette, et je l’attrape avant de porter mon regard sur la Une. Une photo d’une maison surmontée de la marque des ténèbres me saute aux yeux. Je comprends alors qu’il y a eu une attaque du mage noir ou de ses hommes.


Une nouvelle attaque !

Pour la première fois depuis le début de son règne de terreur, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a attaqué un village entier. Contrairement à son habitude, ce dernier n’était pas moldu puisque ses Mangemorts ont terrorisés les habitants de Pré-au-Lard hier soir . . .


Je relève la tête de l’article.

- Hier soir ? M’étonné-je. Après que nous soyons rentrés de la sortie ?

- Il semblerait, affirma-t-il avec gravité. Tu imagines s’il était venu un peu plus tôt ?

Il n’a pas besoin d’en dire plus, un frisson me descend déjà dans le dos. Je reprends ma lecture de l’article.

. . . hier soir à la tombée de la nuit. Certaines maisons ont étés épargné, d’autres totalement détruites et les autorités dénombrent pour l’instant douze morts et trente quatre blessés. Aucun Mangemorts n’a été appréhendés, ils se sont enfuis à l’arrivée des aurors. Nous en serons plus dans la journée de dimanche. Nos condoléances vont au familles des défunts.

Je replie la Gazette et la tend à Bill qui la récupère.

- On l’a échappé belle quand même, fait Bill en soupirant. J’y étais hier, et je suis rentré peu avant que la nuit tombe. J’aurais pu me retrouver face à face avec un Mangemort.

Il frissonne à la pensée d’avoir pu faire face à l’ennemi s’il s’était attardé à Pré-au-Lard. Je me souviens que nous aussi nous sommes rentrés assez tard. On aurait pu faire partie des victimes.

- Les professeurs ont réagis à la nouvelle ? Demandé-je. Je n’étais pas là au petit-déjeuner, je ne sais pas si le professeur Dumbledore a dit quelque chose.

- Non rien, dit Bill en secouant la tête. Ils ont vus l’article j’imagine, mais comme peu d’élèves reçoivent le journal, certains d’entre eux ne sont pas au courant, comme toi avant que je te donne la Gazette.

J’acquiesce d’un signe de tête. Ça explique pourquoi je n’ai rien remarqué qui sorte de l’ordinaire et qui aurait pu me mettre la puce à l’oreille. De plus, j’ai un peu évité les gens aujourd’hui. A côté de moi, Camille s’agite soudain, lui attirant notre attention. Elle s’étire et se réveille, ouvrant les yeux. Quand elle nous voit, elle sourit et se redresse, s’asseyant.

- Salut Bill, dit-elle. T’es là depuis longtemps ?

- Quelques minutes seulement. Je discutais avec Mandy.

- Vous discutiez de quoi ? Demande-t-elle, intéressée.

Je lui montre la Gazette.

- D’un article du journal. Il y a eu une attaque hier soir.

Elle fronce des sourcils.

- Encore, râle-t-elle. La dernière c’était il y a deux semaines, une famille de moldus qui avaient un fils sorcier.

- Cette fois-ci, ils ont attaqués Pré-au-Lard.

Camille nous scrute l’un après l’autre.

- C’est une blague ? Pré-au-Lard ? Mais, on y était hier !

J’acquiesce.

- Comme l’a dit Bill, on a eu de la chance. Ils ont attaqués au coucher du soleil, après que nous soyons rentrés. J’imagine qu’ils n’ont pas voulus prendre le risque de blesser ou tuer des futurs partisans, c’est pour ça qu’ils ont attendus l’heure de notre retour à Poudlard.

A côté de moi, Camille enserre sa poitrine entre ses bras et frissonne.

- Entre les Mangemorts et les vampires, on est cernés, fait-elle.
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeDim 29 Mar - 13:25

Chapitre 21 : Quelques heures




Je redresse mon sac sur mon épaule et accélère mon allure. Il est près de huit heures et j’ai rendez- vous avec Camille pour le petit-déjeuner, avant de devoir passer chercher James et Sirius, de rejoindre Tony dans le bureau du professeur McGonagall, et tout ça, en essayant de ne pas arriver en retard au cours de Flitwick à dix heures, alors que je ne sais même pas combien de temps le vampire va prendre pour interroger les deux Gryffondor. Ah, et si je peux, passer dire bonjour à Remus à l’infirmerie et m’excuser de l’avoir assommé samedi soir. J’aurais peut-être dû rester au lit ce matin, même si c’était juste pour glandouiller royalement.

Soupirant, je redresse un nouvelle fois mon sac et pénètre dans la Grande Salle presque vide. Je longe la table des Serdaigle et me laisse tomber sur le banc en face de Camille lorsque je la repère. Elle lève son regard bleu clair sur moi et me sourit en me tendant un muffin aux myrtilles. J’attrape la pâtisserie, non sans m’interroger sur sa santé mentale.

- Cam’, qu’est-ce que tu fais ? Tu sais bien que je ne vais pas le manger.

Elle secoue la tête, toujours son grand sourire aux lèvres, et dit :

- Donne le à Sirius quand tu le verras, je sais qu’il en raffole.

Agacée, je remets le gâteau dans son plat et fait peser un regard lourd de reproches sur mon amie.

- Camille, arrête avec ça s’il te plait. Tony et toi, vous pouvez tester Sirius autant que vous le voulez, mais vous ne me forcerez pas à rentrer dans votre jeu. Je campe sur mes positions : Sirius ne s’intéresse pas à moi, et Merlin merci, parce que je ne supporterais pas les représailles de son fan-club.

Camille soupire en râlant.

- Fais un effort, quoi ! Comment tu peux être sûre de ça, alors que tu n’es même pas curieuse de savoir si c’est vrai ou non ! Mets-y du tien.

Par réflexe, je glisse un œil sur la table des Gryffondor, où je repère Sirius, James et Peter qui déjeunent dans un silence relatif. James remarque mon regard dans leur direction et m’adresse un signe de la main que je lui rends, avant de reporter mon attention sur mon amie.

- Non, c’est non. Laissez le tranquille, c’est un bon ami, et je ne veux vraiment pas perdre ça si près du but. Maintenant qu’il sait qui je suis, je vais pouvoir lui parler de l’Appel. Si vous lui fichez la frousse avec vos histoires à dormir debout, il ne voudra sans doute plus me reparler.

Camille ne trouve rien à redire à ça, vue la manière dont elle râle en mettant son pancake nature en pièces, sans en manger un seul morceau. Avec mon ouïe surdéveloppée, je comprends ce qu’elle marmonne.

- Même pas drôle. Il y a déjà pas beaucoup d’occasions de s’amuser dans cette école, mais en plus faut qu’elle me retire un truc marrant à voir. Mince à la fin, je suis sûre qu’ils iraient bien ensemble. Et puis, quand même ça crève les yeux. S’il pouvait, Sirius l’aurait déjà coincé dans un coin sombre.

J’arrête là de l’espionner, je ne suis pas sûre que la suite me plaise. Et puis, m’imaginer dans un coin sombre avec Sirius a de quoi me déstabiliser. Autant éviter d’y penser. J’attrape le verre de jus de citrouille et y trempe légèrement les lèvres avant de le reposer sur la table. Camille continue à ronchonner dans son coin. Je suis tentée de la laisser bougonner toute seule, mais je ne veux pas la laisser seule, alors qu’elle va déjà passer une bonne partie de la matinée sans moi.

- Camille, arrête de ronchonner comme ça, t’as l’air d’avoir soixante-dix ans. Maintenant, mange avant que je me fâche.

Elle redresse la tête, me fusille du regard et pioche des morceaux de pancakes dans son assiette qu’elle mène à sa bouche sans grand enthousiasme. Dire que je suis obligée de la forcer à manger le matin parce qu’elle veut faire un régime. Qu’est-ce qu’elle a besoin de perdre au juste ? Ses muscles ? J’imagine bien la tête de Dan si elle n’était plus aussi performante que d’habitude aux entraînements.

Le reste du petit-déjeuner se déroule dans un silence quasi religieux, où les seuls mots qui sortent de ma bouche sont « Mange ! » ou « Je t’ai vu le cacher dans ton sac ! » ou encore « Tu veux que je t’en colle une ou quoi ? ». Bref, rien de bien réjouissant et à la fin du repas, j’ai plus l’impression d’être son ennemie que l’inverse. Je l’abandonne alors à ses menaces de morts ridicules et rejoins la table des Gryffondor. Il est huit heures vingt et nous devons rejoindre Tony dans dix minutes.

- Bonjour, les gars. Vous êtes prêts ?

Au teint pâle qu’affiche James, je dirais que non. Je ne sais pas si son agression ne lui a pas collé une phobie des vampires - à travers laquelle je serais la seule à passer.

- On peut y aller, dit Sirius avec entrain en attrapant son ami par le bras pour le forcer à se lever.

Nous adressons tous les trois un signe d’au revoir à Peter puis nous quittons la Grande Salle. Au moment où nous passons la porte, je vois que le maraudeur à rejoint Camille à notre table : au moins ainsi, elle ne sera pas toute seule, et ça a l’air de la réjouir de l’avoir avec elle. Je reporte mon attention sur les deux garçons, et plus particulièrement James. Je me demande si je ne devrais pas le rassurer.

- James, ne t’inquiètes pas, tu n’as rien à craindre de Tony. De plus, je suis là, non ? Même si je ne vais servir à rien.

Il m’adresse un sourire mitigé et j’échange un regard avec Sirius. Franchement, il faudrait trouver un moyen de résonner ce Potter. Nous arrivons au bureau du professeur McGonagall, dont la porte est ouverte. Seul Tony est présent, assis derrière le bureau de la directrice adjointe, et il nous fait signe d’entrer quand il nous voit. Je referme la porte dans notre dos, alors que le vampire se lève pour nous saluer, serrant la main des deux garçons et me collant deux bises aux joues. Quand il s’écarte de moi, je le fusille du regard, me promettant de lui toucher deux mots sur son petit manège.

- Asseyez-vous, je vous en prie, invite-t-il les deux garçons en désignant deux chaises. Mandy, tu peux venir par ici.

Il me montre le siège à côté du sien, et je m’avance pour le rejoindre alors que Sirius et James sont déjà assis. Apparemment, ce dernier a repris contenance, puisqu’il a de nouveau son teint habituel et qu’il pose un regard intrigué sur moi et Tony. Sirius, lui, semble plus enclin à bouder, allez savoir pour quelle raison. Je vire alors la main de Tony qui avait élue domicile sur la mienne, posée sur le bureau, sans que je m‘en rende immédiatement compte. C’est peut-être pour cette raison que Sirius fait la tête. Mais alors, ça confirmerait les soupçons de Camille et Tony. Mais ce n’est pas vraiment le moment d’y penser.

- Ne prends pas trop ton temps, Tony, nous avons cours dans une heure et demi, et je dois encore faire autre chose entretemps. Fais vite s’il te plait.

Il acquiesce, sérieux cette fois-ci et se tourne vers Sirius.

- Je vais commencer par toi si tu veux bien. Tu étais présent à la soirée du professeur Slughorn la nuit de la mort de miss Namib, n’est-ce pas ?

Sirius hoche de la tête.

- Te souviens-tu avoir vu ou entendu quelque chose d’inhabituelle ?

Il secoue la tête. Tony se tourne alors vers James.

- Et toi ?

James réfléchit quelques instants, avant de dire :

- Non, rien. Comme tout le monde, j’ai vu le corps de Betty allongée dans la salle et c’est tout. Le professeur Slughorn nous a ensuite demandé de nous éloigner.

A la tête qu’ils tirent, je sais que James et Sirius se repassent la scène, pas très reluisante. Tony acquiesce avant de noter quelques mots dans un calepin, puis se tourne vers moi.

- Et toi Mandy, avec tes sens, tu as peut-être remarqué quelque chose ?

Je repense à la soirée, à Grayson qui déboule en trombe dans la salle, à l’odeur du sang de Betty qui m’enveloppe, puis à son corps que je découvre dans la salle. Mais rien ne me vient, rien qui ne pourrait aider l’enquête à avancer. Alors, je secoue la tête à mon tour.

- Et le lendemain, quand tu l’as vu ? Y a-t-il quelque chose qui t’a interpellé dans sa façon d’être ou dans son odeur ?

Je fusille Tony du regard alors que Sirius et James, tous deux effarés, me regardent. Il n’avait pas besoin d’en parler devant eux, et pouvait très bien me poser ses questions en privé. Mais il s’amuse comme un petit fou.

- De quoi il parle ? Me demande James.

Je prends une brusque inspiration avant d’avouer :

- Betty a été transformée en faucheur cette nuit-là. Comme elle n’avait pas été totalement vidée de son sang, le venin avait agi. Je l’ai croisé dans la nuit du dimanche au lundi suivant, et j’ai dû . . . La neutraliser.

Je sens que les deux garçons brûlent d’envie de demander de plus amples explications, juste par curiosité, mais un certain respect envers les morts les poussent à se taire. C’est bien mieux ainsi, il y a des images que je n’ai pas envie que les autres imaginent. Je me tourne vers Tony, pour enfin répondre à sa question.

- Je ne me souviens pas de grand-chose. Elle n’était plus elle, totalement sous le contrôle de sa soif. Et son odeur était masquée par celle de la mort. Elle n’était plus la Betty que j’ai connu. Et rien en elle ne pourrait la relier à . . . à mon créateur.

J’avais buté sur le dernier mot. J’aurais voulu avoir un prénom, pour le nommer, au lieu de dire mon créateur. Je n’aimais pas ce lien entre nous, qui me semblait solide et éternel. Effrayant. Il faudrait peut-être que je me renseigne à ce propos.

Tony hoche de la tête, écrit de nouveau quelques mots, puis se tourne vers James.

- Nous allons parler de votre attaque à présent.

Je vois Sirius qui lève les yeux, surpris. Apparemment, James ne lui a pas parlé de ce soir-là, même maintenant qu’il sait pour moi. Le regard du Gryffondor navigue entre son ami et Tony, perdu. Puis, il s’exclame :

- Une attaque ? Quelle attaque ?

James se tourne vers lui avec une grimace d’excuse.

- Désolé, je ne vous en ai pas parlé à toi et Peter, parce que j’avais peur de vos réactions, et surtout, vous ne saviez pas pour Mandy.

Sirius me jette un œil, avant de de demander à son ami :

- Remus le sait ?

James acquiesce avant de faire signe à Tony de lui poser les questions qu’il souhaite.

- Racontez ce qu’il s’est passé, demande ce dernier.

James lève les yeux au ciel et commence son récit :

- J’étais en retenue dans les cachots. Je devais en nettoyer quelques uns. J’attendais aussi Mandy, parce qu’elle m’avait promis de passer pour me donner des tuyaux sur la manière de faire le ménage à la manière moldue. Ca faisait peut-être une heure que j’étais dans les sous-sols quand quelque chose m’a sauté dessus et m’a plaqué contre le mur. J’ai bien cru que ma dernière heure était arrivée quand il m’a montré ses crocs. Et puis, bizarrement, il s’est excusé de devoir me tuer. Et c’est à ce moment-là que Mandy est arrivé, qu’elle l’a vu et qu’elle lui a ordonné - enfin, grogné - de me lâcher. Il l’a fait et il est parti sans demander son reste.

Je fusille James du regard. Il n’était pas obligé de préciser que, sous la colère, j’avais agis comme un animal. Ce dernier hausse des épaules, amusé, puis regarde Sirius qui me fixe, bouche ouverte.

- T’as sauvé la vie de James ? S’exclame-t-il, abasourdi.

J’hoche discrètement de la tête, un peu embarrassée. Sirius s’apprête à dire autre chose, mais Tony l’interrompt.

- Vous réglerez tout cela plus tard, je vous prie. James, vous avez précisé que le vampire s’était excusé, qu’ont été ses mots exacts ?

James fronce des sourcils.

- « Excuse-moi. Ce n’est pas contre toi, mais tu dois mourir. »

C’est clair, net et précis, mon créateur est un malade mental. Je me tourne vers Tony. Il fronce des sourcils en griffonnant quelques mots sur son carnet. Puis, il me regarde avant d’écrire encore quelques mots.

- Tu as quelque chose à ajouter à son récit, Mandy ?

- Heu, non, je crois qu’il a tout dit. Enfin, sauf bien sûr, que le vampire m’a immédiatement reconnu et que, comme en dehors de Lucinda, le seul vampire à m’avoir croisé était mon créateur, j’en ai déduis que c’était lui.

Tony acquiesce de nouveau et se repenche sur son calepin. Je suis curieuse de savoir ce qu’il y écrit. Des pensées, des idées, ou simplement il relate ce que nous lui confions ? Je me tourne vers James et Sirius qui, comme moi, attendent que Tony cesse de griffonner.

- Et pour la dernière agression ? Demande Tony. Tu connaissais la victime, non ?

Je sers les dents. Il doit bien le savoir puisque c’était écrit dans la lettre que j’ai envoyé à Lucinda.

- Oui, je le connaissais, c’était un très bon ami. Je ne l’ai pas vu quand il est mort, et il ne s’est pas relevé le lendemain, il avait été entièrement vidé de son sang.

- Ça correspond à ce que les professeurs m’ont dit.

Je fronce des sourcils. Il interroge donc tout le monde, même si c’est pour entendre exactement les mêmes versions ? Tony ferme son calepin, pose sa plume et croise les mains sur le bureau.

- Ce sera tout, mais peut-être que par la suite j’aurais d’autres questions à vous poser, alors ne vous étonnez pas si je vous convoque de nouveau. Vous pouvez retourner à vos occupations, et merci pour votre aide.

James et Sirius se lève, je fais de même. Tony aussi, par pure politesse, et il nous guide jusqu’à la porte. Les deux Gryffondor sortent et Tony me retient par le bras, juste le temps de me murmurer quelques mots :

- Ce n’est pas parce que tu es un vampire que tu ne peux avoir d’aventures avec des êtres humains. Si ce Sirius te plait, saute sur l’occasion, tu l’intéresses visiblement.

Je me tourne vers lui, surprise.

- On se connait depuis à peine trois jours et tu te permets de te mêler de ma vie intime. Je trouve ça osé.

Il affiche un sourire calme.

- J’aime me mêler de la vie des autres. Et tu es encore jeune, tu ne connais pas toutes les subtilités de notre race, tu as encore beaucoup de choses à apprendre. Lucinda n’a pas pu tout te dire en l’espace de quelques jours. Je vais essayer de palier à quelques manques.

Il relâche mon bras et se retire dans la pièce, avant de refermer la porte sur moi. Exaspérée, je secoue la tête en soupirant. Entre lui et Camille, je devrais m’estimer heureuse que Sirius ne fuit pas la queue entre les jambes. Ces deux là ont visiblement décidés - et sans se concerter en plus - de me servir d’agence matrimoniale. Laissant là mes pensées, je rattrape les deux garçons en quelques foulées. Ils sont silencieux, ce qui est inhabituel.

- Je vais aller voir Remus à l’infirmerie, leur annonçai-je.

Sirius me regarde, intéressé.

- Je viens avec toi. Si tu débarques toute seule, Pomfresh va être suspicieuse et tu ne pourras peut-être pas le voir.

J’acquiesce et me tourne vers James. Ce dernier secoue la tête.

- Je vais aller voir Lily. A plus tard.

Nous nous séparons à l’angle d’un mur, et je continue ma route avec Sirius. Il reste toujours aussi silencieux. Je l’ai connu plus bavard. Je le laisse à ses pensées, faisant dériver mon regard sur les fenêtres et la vue du parc. Il pleut légèrement et quelques remous apparaissent sur le lac, signe que le calamar géant qu’il abrite est sorti des profondeurs de l’eau. Je me suis souvent demandé comment une telle créature s’était retrouvé à Poudlard, et s’il y en avait d’autres, toute aussi mystérieuse.

Je sors de mes pensées, en constatant que Sirius s’est arrêté de marcher. Je me retourne et le regarde, interrogative. Il affiche un air pensif. Puis, sans crier gare il avance à grands pas vers moi et m’enferme dans l’étau de ses bras . Surprise, je me raidis et bloque ma respiration alors que mon nez se trouve tout proche de son cou, tout proche de cette veine. Puis, je sens son souffle dans mon propre cou, qui fait voler quelques unes de mes mèches de cheveux.

- Merci, dit-il d’une voix basse.

Décontenancée, mon regard dérive sur la seule chose que je vois de lui, une oreille et sa masse de cheveux noirs. Je ne sais comment réagir.

- Pourquoi tu me remercies ? Demandé-je, me maudissant d’ouvrir la bouche alors que cela m’oblige à respirer son odeur.

- Tu as sauvé la vie de James. Tu n’imagines pas à quel point son amitié est vitale pour moi. Je te remercierais jamais assez d’avoir été là pour lui à ce moment-là.

- Heu, c’était il y a plus d’un mois, tu sais. Il y a prescription maintenant. Pas besoin de me remercier. Et puis, James est aussi mon ami, alors . . .

Sirius me repousse alors, mais laisse ses mains sur mes épaules. Il sourit. Moi aussi, soulagée de minimiser l’impact de son odeur sur moi. Bien que, à cette distance, ce n’était pas comme si il y avait beaucoup de différence avec juste avant, puisque nous sommes seuls dans le couloir.

- Tu sais, fait Sirius, je ne pensais pas qu’un jour tu nous considérerais comme tes amis. Tu avais l’air . . . Si différente de nous. Plus calme, plus studieuse. Je ne pensais pas que nos caractères puissent se supporter assez pour créer une amitié.

Je souris, un peu gênée.

- Oui, enfin . . . C’est pas comme si j’avais eu le choix, hein. Avec Camille et Remus . . .

Il fronce des sourcils.

- Ah oui, c’est vrai, tu es sortie avec Remus.

Ce souvenir ne semble pas le mettre particulièrement en joie. Je maudis Camille de m’avoir fichu cette idée dans la tête. Maintenant, j’ai l’impression que chaque réaction de Sirius envers moi est emprunt de ce qu’elle m’a dit, sur sa possibilité d’attirance envers ma personne. Il faut vraiment que j’efface cette idée de ma tête, avant de faire une bêtise que je pourrais regretter.

- Mais, euh . . . Qu’est-ce que Camille vient faire dans l’histoire ? Demande soudain Sirius, en me relâchant.

Oups, boulette.

Pour me donner une contenance, je redresse mon sac sur mon épaule, et me remet en route, forçant le Gryffondor à faire de même. J’’invente une histoire plausible en quelques secondes.

- C’est elle qui m’a convaincue d’aller vers Remus, en fait, d’aller lui confier que . . . J’étais intéressée.

Punaise, c’est tellement voyant que je mens ! Comment il pourrait gober ça ? A la manière dont il fronce de nouveau des sourcils, je sais qu’il se doute de quelque chose.

- Vraiment ? C’est étrange, j’étais sûr que c’était Remus qui avait fait le premier pas.

Paniquée, j’essaye de me remémorer l’ordre exact des évènements. Mais c’est tellement loin, maintenant, que j’ai un peu de mal.

- Eh bien, c’est lui qui est venu me voir ensuite donc, s’il ne t’a pas parlé de ma confession, c’est normal que tu penses que c’est lui qui a fait le premier pas.

Je me tais, voyant apparaître la porte de l’infirmerie. Merlin merci, je n’aurais plus à inventer d’excuses bidons. Je pousse la porte et la tiens ouverte pour permettre à Sirius de rentrer. L’infirmière vient vers nous immédiatement, et me lance un regard interrogateur.

- Nous sommes venus voir Remus, dit Sirius. Est-ce qu’on peut ?

Mme Pomfresh nous regarde à tour de rôle, perdue. Je sais que Remus passe les trois jours de pleine lune à l’infirmerie, caché dans un coin, et sert des excuses pour ceux qui s’interrogent sur ses absences. A Camille, il a déjà annoncé le décès de sa grand-mère et deux grippes carabinées. Je ne sais pas s’il va pouvoir lui en trouver à l’infini, il vaudrait peut-être mieux qu’il lui avoue être un loup-garou. Comme elle supporte bien mon état de vampire, elle ne devrait pas être trop regardante sur le sien.

L’infirmière semble s’être enfin décidée puisqu’elle nous indique une porte d’un mouvement de pouce. Sirius prend la direction indiqué, je le suis. A la porte, il frappe légèrement. Remus ne tarde pas à l’inviter à entrer. Sirius pousse la porte et nous pénétrons dans une pièce que je connais assez bien pour m’y être réveillée totalement changée. Remus, qui lisait un livre avant que nous n’entrions, nous regarde venir à lui avec un étonnement grandissant.

- Salut, dit-il. Qu’est-ce que vous faites là ? Et les cours ?

Sirius éclate de rire et passe sa main dans les cheveux de Remus, les lui mettant en pagaille. Je décide de répondre à sa question.

- Nous ne commençons qu’à dix heures. Nous sommes lundi, tu te souviens ?

Remus acquiesce et je m’approche à mon tour. Son visage a une plaie fine qui lui barre la joue gauche. Elle est recouverte d’une patte orange ce qui signifie que Pomfresh la soigne. J’imagine qu’il a d’autres blessures ailleurs.

- Ca va ? Lui demandé-je alors. Ta tête, ajouté-je en désignant son front.

Remus me regarde d’un air interrogateur. Il ne se souvient pas ?

- Je t’ai assommé samedi soir, lui dis-je alors. On s’est retrouvé face à face dans la forêt, tu m’as chargé et j’ai dû te mettre hors d’état de nuire.

Remus lance un regard apeuré à Sirius, puis passe une main sur son front.

- C’est donc de là que vient la bosse, dit-il.

Je grimace.

- Tu ne t’en souviens pas ? Fais-je.

Il secoue la tête, avant de m’expliquer :

- Je garde très peu de souvenirs de mes transformations, seulement des sensations et des sentiments. J’imagine que c’est de notre rencontre qu’est venu la rage que j’ai ressenti à mon réveil dimanche matin. Et, au fait j’y pense, tu sais pourquoi je sentais le chien mouillé ?

Sirius éclate de rire alors qu’un sourire m’échappe.

- Mandy t’a envoyé à la flotte !

Remus tourne un regard surpris sur Sirius, avant de reporter ses yeux sur moi.

- Attendez, tu veux dire que Mandy sait pour vous trois ?

Sirius acquiesce.

- Et Sirius et Peter savent à présent que je suis un vampire aussi, ajouté-je sous le regard halluciné du jeune homme qui se redresse dans son lit.

- Il y a encore d’autre trucs importants que j’ai loupé pendant que j’étais ici ? Grimace-t-il.

Sirius secoue la tête. Je lui jette un regard surpris. Il ne lit pas la Gazette ?

- En fait si, dis-je, m’attirant les regards des deux jeunes hommes. Vous-Savez-Qui a attaqué Pré-au-Lard samedi soir, après que nous soyons rentrés au château. C’était dans l’édition de la Gazette d’hier.

Tous les deux palissent d’un coup.

- Quoi ? S’étonne Sirius d’une voix blanche. Faut vraiment que je m’abonne à la Gazette moi, ajoute-t-il ensuite à sa seul attention.

- Il y a eu des dégâts ? Demande Remus.

- Quelques morts et des blessés, réponds-je. Il n’y avait pas beaucoup d’informations. Personne de Poudlard à ce que je sache.

Un silence s’en suit, le temps pour les deux garçons d’enregistrer l’information. Sirius s’assied ensuite sur le lit de Remus et soupire en passant une main sur son visage.

- Quand est-ce que cette guerre va se terminer ?

Remus et moi le regardons, incapable de répondre à cette question. Ce n’est pas comme si il y avait un seul homme à arrêter, il y aussi tous ses partisans, dont les identités de la plupart sont toujours inconnus. Il y a des suspicions, bien sûr, mais aucune preuve. Difficile donc, de ne serait-ce que freiner les ardeurs de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

Je jette un œil à ma montre, elle affiche près de neuf heures et demi. Puis, je regarde Remus, dont le regard abattu accentue la fatigue de son visage.

- On va te laisser te reposer Remus, fais-je. Les cours vont bientôt commencer.

Il acquiesce et Sirius se lève de son lit. Je m’avance alors vers le lycanthrope, me penche sur son visage en faisant fi de son odeur et lui murmure à l’oreille :

- Je suis désolée de t’avoir frappé, mais je n’avais pas le choix. J’espère que tu ne m’en voudras pas trop.

Je me recule au moment où il secoue la tête en me tendant un sourire. Je me penche alors sur sa joue et l’embrasse délicatement, occasionnant un air surpris sur son visage.

- A plus tard.

Je sors de la pièce sur un signe de la main qu’il me rend, toujours surpris mais avec le sourire en plus. Sirius m’emboite le pas et referme la porte derrière nous. Nous quittons l’infirmerie en saluant Mme Pomfresh, puis passons dans le couloir. En silence, nous rejoignons le couloir des Enchantements. Nous sommes les premiers à arriver devant la salle de classe vide du professeur Flitwick. Je pose mon sac par terre et m’adosse au mur, Sirius faisant de même. Il est si proche de moi que nos bras se frôlent, occasionnant ces frissons le long de mon dos. Je m’écarte légèrement, pour rompre le contact. Avoir son odeur autour de moi pendant plusieurs heures est déjà suffisant, inutile d’en rajouter.

- Dis, fais soudain Sirius, rompant le silence instauré entre nous depuis notre départ de l’infirmerie, est-ce que tu sors avec Tony ?

Je sursaute, surprise par la question. Mon premier réflexe est de nier véhément, mais j’ai cette petite voix au fond de moi (qui, étrangement, ressemble à celle de Camille) qui me murmure insidieusement que répondre par l’affirmatif serait un excellent moyen de tester Sirius. Je me secoue mentalement. Hors de question de rentrer dans le petit jeu de ces deux là.

- En aucun cas, je n’intéresse nullement Tony sur le plan sentimental.

- Alors, comment tu expliques ses baisers ?

Je fronce des sourcils. Je ne vais pas lui dire la vérité, alors il me faut une excuse.

- Tony n’est pas anglais, il est italien. Je crois que là-bas, il sont très portés sur les contacts corporels, alors j’imagine que c’est sa façon de me dire qu’il m’apprécie.

Sirius acquiesce d’un signe de tête, et j’aperçois son sourire ravi qu’il n’arrive pas à cacher. Intriguée par cela, je lui demande, au moment où des élèves de notre cours commencent à apparaitre :

- Pourquoi cette question ?

Il se tourne vers moi, comme surpris que je puisse poser la question. Puis, un étrange sourire étire ses lèvres et son regard se met à pétiller, parant son regard gris de reflets argentés. Inconsciemment, je me laisse entièrement subjuguer par son regard et une de mes mains quitte mon flanc pour monter vers le visage de Sirius, comme si je voulais le caresser. Mais il parle, rompant le charme et, apeurée par ma réaction, je laisse immédiatement retomber ma main.

- C’est plus simple pour moi si tu es célibataire.

A présent à nouveau maître de moi-même, j’écarquille les yeux. Qu’est-ce qu’il veut dire par là ? Mon cœur se met à battre la chamade, en rythme avec les paroles de Camille qui tournent en rond dans ma tête. Je capte sans y faire attention, les multiples fragrances qui nous entourent, signifiant que les élèves sont pratiquement tous là.

- Tu te rappelles, hier je t’ai parlé d’un plan pour éradiquer définitivement mon fan-club.

J’acquiesce, attendant la suite.

- Je serais très heureux, si tu voulais bien être la fille.

Je dois afficher à peu de choses près l’image d’un poisson hors de l’eau, lorsque quelqu’un passe à côté de nous et, accidentellement, donne un coup de pied dans mon sac qui tombe, s’ouvre et renverse son contenu au sol. Nos regards, à Sirius et moi, se dirigent par terre. Une dizaine de fins serpents s’échappent en sifflant de mon sac. Je laisse échapper un cri strident et tente de m’éloigner le plus possible de ces bestioles en sautant au cou de Sirius, qui a tout juste le temps de me réceptionner pour m’empêcher de me rétamer lamentablement. Je m’approche fermement à son cou, entourant sa taille de mes jambes.

- Fais quelque chose, je déteste ces bestioles ! Fais quelque chose !

Je ne pense pas qu’il ait le temps de réagir, je sens Camille qui s’approche et j’entends un « Finite Incantatem » qui retentit sous les rires de la classe présente dans le couloir. Le cœur battant, je n’ose même pas jeter un œil au sol pour voir si les machins visqueux ont disparus, et m’accroche désespérément à mon sauveur.

- Bah dis donc, elle tremble comme une feuille, entends-je Sirius dire, alors qu’il raffermit sa prise sous mes fesses, m’empêchant de glisser le long de son corps.

- Elle a la phobie des serpents. Mandy, c’est bon, il n’y a plus rien, tu peux le lâcher.

Je décolle mon visage du cou de Sirius, jette un œil et constate que mon amie dit vrai. Rassérénée, je laisse échapper un soupir, et je prends conscience de ma position. Mon visage, tout près de celui de Sirius, est alors déformé par une grimace désolée. Je tente de descendre de mon perchoir improvisé, mais Sirius me retient, sourire aux lèvres, et demande :

- Je dois prendre ça pour un oui ?

Heu . . .
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeLun 30 Mar - 10:18

Chapitre 22 : Une soirée mouvementée




Le professeur Stratford nous récite son cours de Divination d’une voix basse et monotone. A côté de moi, une élève de Poufsouffle, tête posée dans la main, dodeline légèrement. Son corps part en arrière, puis en avant et tombe douloureusement sur la table. Ça a de quoi la réveiller et elle jette un œil sur le professeur pour voir s’il la regarde. Mais, trop obnubilé par son livre, il n’a même pas entendu le bruit sourd de l’impact, au contraire des élèves qui rigolent tous silencieusement. La Poufsouffle, rougissante, cache sa tête derrière son livre de Divination.

Soupirant, je m’enfonce dans mon siège et jette un œil sur la pendule. Il ne reste plus que deux minutes avant la fin du cours. J’étouffe un bâillement d’ennui derrière ma main, prends ma plume et continue à griffonner sur mon morceau de parchemin. Inutile d’écouter ce cours, le professeur a décidé de nous lire le livre que nous avons tous. Apparemment, pour réussir ses ASPIC’s, il suffit de connaître ce fichu bouquin par cœur. Je passe une main dans mes cheveux en jetant un regard d’envie sur la porte. Dire que je pourrais quitter la pièce, et sans que personne ne le remarque en plus.

Quelqu’un tousse dans la pièce et je retourne à mon gribouillage. Sous ma plume apparaît peu à peu une représentation sommaire du parc. Ce n’est pas comme si j’étais naturellement douée pour le dessin. Mais je serais curieuse de voir ce que vaut vraiment Tony dans ce domaine. Je ferme les yeux, pose mon visage dans mes mains, les coudes posées sur la table, et appuie fortement sur mes paupières jusqu’à voir des étincelles argentées. Penser à Tony me ramène à Sirius. Depuis l’incident des serpents, je ne peux empêcher mon esprit de revenir constamment sur sa proposition. Mince, comment est-ce que j’en suis arrivée là ? J’ai rien vu venir !

La sonnerie retentit et c’est dans soupir général et soulagé que nous rangeons nos affaires et quittons la pièce. Je descends avec les autres, en prenant la direction de mon prochain cours, celui de Métamorphose. J’appréhende d’y être, car je ne pourrais pas échapper à Sirius cette fois-ci. Ce matin, après qu’il m’eut reposé à terre, le professeur Flitwick était arrivé et nous étions entrés en cours, ce qui m’avait abstenue de répondre au Gryffondor. A la fin des deux heures, je l’avais subtilement évité et j’avais lâchement abandonné Camille, seule dans la Grande Salle pour aller me planquer dans un coin du parc. Il était hors de question pour moi de faire face à Sirius, sans avoir quelque chose à lui répondre. Je ne savais même pas si sa proposition était sérieuse, ou si, tout comme Remus mais à d’autre fins, il me demandait de jouer la comédie. Le mieux était sans doute de lui poser directement la question, mais j’avais peur de la réponse. Quel qu’elle soit.

J’arrive devant la porte du professeur McGonagall en même temps que d’autres élèves qui suivent les mêmes cours que moi le lundi après-midi. D’un regard, je repère Camille qui discute avec Peter, James et Sirius. Je ferme brièvement les yeux, inspirant profondément, puis redresse mon sac sur mon épaule, comme pour me donner du courage. Je m’avance vers eux d’un pas conquérant, sans voir le pied qui se met en travers de ma route. Je m’étale lamentablement par terre, non sans avoir eu le temps de penser à éviter la chute et avoir pris la décision de ne rien faire qui pourrait attirer les soupçons. Je me retrouve donc avec mon menton qui entre douloureusement en contact avec le sol de pierre brut. La douleur ne dure qu’une seconde, puis je me relève et récupère mon sac qui a glissé sur le sol. Autour de moi, les rires des autres retentissent, mais j’entends surtout ceux de Crow et toute sa clique. Furieuse, je me tourne vers elles. Crow me tend un sourire amusé en remettant son pied en place.

- Comment as-tu trouvé mes petits compagnons ce matin ? Me fait-elle d’une voix mielleuse.

Je vois rouge quand je repense aux serpents sortant de mon sac. J’en ai une peur bleue de ces bestioles depuis que l’une d’elle m’a mordu lors d’une sortie de groupe avec l’orphelinat à l’âge de sept ans. La plaie s’était infecté par la suite, et j’aurais pu y perdre la jambe si l’une des filles de ma chambre n’avait pas vu ma blessure et rapporté le tout à la surveillante du dortoir. A l’époque, apeurée, je n’avais pu rien dire de mon accident dans la campagne anglaise.

Poings serrés par la colère, je fais deux pas dans la direction de Crow. Mais je suis arrêtée par James qui se met entre elle et moi, posant une main sur mon bras.

- Laisse Mandy, elle n’en vaut pas la peine, me dit-il.

Je jette un œil à la jeune femme, avant de reporter mon attention sur James. Je le sais, bien entendu, il a tout à fait raison, mais ça ne m’empêche pas de vouloir lui démolir le portrait pour lui apprendre à s’en prendre à moi de cette manière, surtout pour des raisons aussi idiotes et puériles. Puis, Sirius s’avance et passe son bras autour de mes épaules. Il fait peser sur le groupe de fille un regard lourd de menaces.

- Je vous prierais de cesser vos enfantillages les filles. Je risquerais de mal le prendre si je vous vois de nouveau vous en prendre à ma petite amie.

Je papillonne des yeux, peu sûre d’avoir bien compris. Je regarde autour de moi, mais force m’est d’admettre que je suis la seule personne qu’il tient fermement contre lui et que, par conséquent, c’est de moi qu’il parle sous le qualificatif de « petite-amie ». Je commence doucement à en avoir marre qu’on s’occupe de ma vie privée, sans que l’on me demande mon avis ! Mais je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit, puisque le professeur McGonagall nous prit d’entrer dans la pièce dont elle vient d’ouvrir la porte. Je m’y rue la première, heureuse d’échapper à une situation devenue incontrôlable. Je n’aurais sans doute pas assez des deux heures de Métamorphose pour trouver une solution au guêpier dans lequel on vient de me fourrer.

Je m’avance vers le fond de la classe, tire la chaise du dernier bureau et colle mon sac sur la seconde, histoire de dissuader qui que ce soit d’y prendre place. Je surveille d’un mauvais œil ceux qui s’approche de moi. Camille, avisant sans doute mon air tueur, a la bonne idée de s’asseoir à côté de Bill. Sirius, tout étonné de mon échappade s’avance fièrement vers moi. Je sors ma baguette de ma poche et me met à jouer avec, menaçant le Gryffondor du regard. Ce dernier échange un regard avec James et décide courageusement de rester loin de moi. Peter regarde ses amis, un peu perdu, avant de fixer son regard sur moi et sur la place à côté. Je constate alors que la seule autre chaise de libre est celle posée à coté d’un Serpentard. Soupirant, je laisse tomber ma soudaine animosité et fais signe à Peter de me rejoindre, en enlevant mon sac. Le pauvre, je comprends pourquoi il a peur des vert et argent, inutile de le mettre en face d’un cauchemar.

Le jeune homme, ravi, s’empresse de s’asseoir à côté de moi en me remerciant avec un grand sourire. Je me souviens alors que, tout comme Sirius, il a apprit ma véritable nature samedi soir mais que, contrairement à son ami, il n’est pas venu me parler. Pourtant, son comportement envers moi indique qu’il ne me craint pas. C’est sans doute une bonne chose. Le professeur McGonagall, derrière son bureau, intime le silence à la classe et entame son cours. Je sors mes affaires de mon sac et commence à prendre note. Quelques minutes passent, avant que la voix basse de Peter ne retentisse.

- Mandy ? Pourquoi tu faisais cette tête quand on est entré en cours ? Il s’est passé quelque chose dans le couloir ?

Je me tourne vers lui, surprise.

- Tu n’étais pas là ?

- Non, je suis arrivé un peu en retard. Il y avait la queue aux toilettes.

Malheureusement, je connais l’enfer des toilettes, peut-être même plus que lui, vu que celles des filles du troisième étage sont hantés et que son fantôme, Mimi Geignarde, nous en refuse généralement l’accès.

- Sirius a fait quelque chose qui m’a déplu et j’ai besoin de relativiser pour me sortir du merdier dans lequel il m’a fourré sans mon accord.

Peter affiche des yeux ronds. Il n’a pas dû tout comprendre. Je soupire, et note une phrase importante que vient de nous dire le professeur McGonagall.

- Tu peux expliquer ? Me demande Peter. Je ne suis pas sûr d’avoir tout suivi.

- Mr Pettigrow ! Claque soudain la voix sèche de la directrice-adjointe. Cinq points en moins pour Gryffondor et cessez d’importuner votre voisine je vous prie !

Peter laisse tomber sa tête sur son parchemin et note frénétiquement ce que le professeur raconte. Je grimace, désolée pour lui de s’être fait prendre ainsi. Et puis, ce n’était pas entièrement sa faute. Je lève la tête, attirée par la sensation que l’on me regarde. Un peu plus loin dans la rangée, Sirius s’est retourné pour me regarder. Il fronce des sourcils, l’air interrogateur. Je soupire en reposant mon regard sur le cours, peu désireuse de lui accorder de l’attention, et préférant réfléchir aux évènements.

Je suis à peu près certaine maintenant que Sirius ne m’a pas réellement demandé de sortir avec lui, mais seulement de jouer le rôle de a petite amie. J’ignore le drôle de pincement au cœur qui se manifeste à cette pensée. Lui et Remus ne sont sans doute pas amis pour rien : avoir la même idée à peu de mois de différence est étrange. A moins que Remus ne lui en ait parlé ? Non, ce serait étonnant. Ce qui m’a certifié dans mon choix est l’annonce de Sirius faite à son fan-club. Il a clamé notre soi-disant relation sur les toits, alors que c’est risqué pour la fille concernée. Sans doute qu’il n’aurait pas fait la même chose avec celle qu’il aurait réellement aimé.

Je soupire, pose ma plume et laisse tomber ma tête entre mes mains. Cette histoire va certainement finir par me filer une migraine atroce. J’aimerais pouvoir en parler avec quelqu’un qui pourrait réellement m’aider, parce que si je compte sur Camille . . . Je voudrais quelqu’un qui ne soit pas impliqué, ni d’un côté, ni de l’autre, et qui pourrait me conseiller en parfaite objectivité. Je relève subitement la tête, une idée lumineuse en tête, bloquant mon regard sur une longue chevelure rousse. Lily est certainement le meilleur choix. Bien qu’elle soit de plus en plus proche de James - à se demander s’ils n’ont pas finis par sortir ensemble - elle est assez extérieur à notre histoire pour avoir une vue objective. Il ne me reste plus qu’à réussir à lui parler seule à seule, sans qu’un indésirable se pointe. Ça devrait être dans mes cordes.




O0o0O




A la fin du cours de Métamorphose, je m’empresse de fourrer mes affaires dans mon sac, gardant Lily à l’œil. Je dois la stopper avant de la perdre de vue. Je ramasse mon sac posé à terre, me lève de ma chaise et ne peux faire que deux pas puisque Peter m’interpelle. Je me tourne vers lui, agacée.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

Il me rejoint, et me dit :

- Est-ce que tu voudrais bien . . . Enfin, je sais que tu as parlé avec Sirius à propos de samedi soir, mais il n’a pas voulu me dire grand-chose, alors . . .

Je vois, il veut mes explications. Je suis des yeux Lily qui quitte la pièce, et mes amis qui s’approchent de Peter et moi.

- Peter, j’ai quelque chose d’urgent à faire maintenant, mais si tu veux, on en parlera près le diner d’accord ?

Tout joyeux, il acquiesce et je lui fausse compagnie. Au passage, j’évite Camille, James et Sirius, et je sors de la salle de classe sans avoir eu à leur adresser la parole. Dans le couloir, Lily discute avec son amie, Gabrielle Sanves. Je grimace en constatant que je vais devoir les séparer. Remontant mon sac sur mon épaule, je cours derrière elle et les rejoins. Elles discutent de quelqu’un, mais je ne m’y intéresse pas et pose une main sur l’épaule de Lily. Etonnée, elle s’arrête et se retourne, avant de me sourire.

- Mandy, tu m’as surprise. Qu’est-ce qu’il y a ?

Je jette un œil sur Sanves, puis lui fait face.

- Je suis désolée de vous déranger, mais j’aurais besoin de ton aide. Tu veux bien m’accompagner dans le parc ?

Lily et son amie partagent un regard surpris, mais la Gryffondor accepte. Je soupire, rassurée, alors qu’elle dit à Sanves qu’elle la rejoindra plus tard. Nous faisons demi-tour, et passons devant la salle de Sortilèges au moment où Camille en sort.

- Je te rejoins plus tard, il faut que je parle avec Lily, lui dis-je sans ralentir.

- Pas de soucis. Si tu me cherches avant le dîner, je serais avec Tony, répond-t-elle en retour.

Sans m’arrêter, je me retourne avec un regard surpris. Elle n’y répond pas, se contentant de m’adresser un signe de la main. Je reporte ensuite mon attention sur ma route, une boule à l’estomac. J’ai peur de ce qu’il pourrait ressortir de la rencontre entre elle et le vampire, vu qu’ils ont tous les deux décidés de me coller avec Sirius. Mon cœur s’emballe de colère à cette pensée. Le Gryffondor a intérêt de rester loin de moi dans les heures qui viennent s’il ne veut pas se prendre une tarte dans la tronche. Je ferme les yeux et expire par la bouche pour tenter de calmer mes ardeurs. Je ne dois pas lui en vouloir, il fait ça pour lui, sans penser à mal. Du moins, je l’espère pour sa santé.

Lily et moi passons dans le parc. Elle nous dirige vers l’un des bancs qui bordent le sentier, et nous nous y installons. Autour de nous, d’autres élèves profitent du beau qui semblent être parti pour durer.

- Alors, de quoi voulais-tu me parler ? Demande Lily en posant son sac contre les pieds du banc.

Je pose mon propre sac sur mes genoux et y pose les coudes, avant d’enfoncer mon menton entre mes mains jointes. Je lui lance un regard dépité.

- J’ai un problème avec Sirius. Il m’a demandé de sortir avec lui, mais je ne sais pas si c’est par réelle envie ou seulement pour faire un pied de nez à son fan-club. Je ne sais pas quoi faire, surtout qu’il a accepté en mon nom sans même connaître ma réponse. Maintenant, toutes ses groupies vont me faire les pires misères. Comme si je n’avais pas assez de problèmes comme ça.

Lorsque je termine ma tirade, Lily a de grands yeux ouverts. Je soupire. Même elle, elle trouve ça complètement incroyable. Je l’entends déglutir, puis elle dit.

- Waouh. D’accord. Je vois. Et tu veux que je te conseille, c’est ça ?

J’acquiesce.

- Mais pourquoi tu ne demandes pas plutôt à Camille ?

Je grimace.

- Camille veut absolument me voir avec Sirius. Elle me dirait de foncer.

- Mais, et toi, qu’est-ce que tu veux ? Et qu’est-ce que tu penses que Sirius veut ?

Je la regarde, avant de baisser mon regard sur l’herbe pour réfléchir. Ce que je veux ? J’avoue ne jamais y avoir vraiment pensé. Je n’ai jamais eu l’occasion de prendre de réelles décisions, je me suis toujours laissé porter par les autres, alors ce n’est pas un réflexe chez moi. L’orphelinat, j’y suis née et j’y ai grandi. Ils ont choisis pour moi mon école primaire, puis mon inscription à Poudlard à été automatique puisque je suis une sorcière. Pour mes cours optionnels, j’ai pris ceux dans lesquels je m’en sortais le mieux, sans me préoccuper de rien d‘autre. Même mes amis ne sont mes amis que parce qu’ils l’ont voulus. Je n’ai jamais pris de vrais décisions de toute ma vie. Jusqu’à ma transformation en vampire. Alors, comment je suis censée savoir ce que je veux ?

Je relève les yeux et regarde s’agiter des troisième années un plus loin, qui trempe leurs pieds dans le lac. Les garçons commencent à arroser les filles, et ces dernières se mettent à courir en piaillant. Comment savoir ? J’ignore si Sirius m’intéresse ou pas. Bien sûr, je l‘aime bien, on s’entend bien, j’aime quand il s’intéresse à moi ou, comme ce matin, quand on passe un peu de temps seuls ensemble. Mais j’aime aussi faire ces choses avec tous les autres. Je ne pense pas ressentir plus que de l’amitié pour Sirius. Quant à lui, il peut sans doute avoir toutes les filles qui lui plaisent, pourquoi s’embarrasserait-il de moi ? C’est une idée stupide. De plus, entamer une relation intime avec une personne qui pourrait devenir ma seule source d’alimentation n’est peut-être pas une idée judicieuse. Au mieux, notre histoire continue tout au long de notre vie, au pire je perds mon Calice à jamais après avoir goûté son sang. Je ne veux même pas penser à cette éventualité.

Me redressant, je soupire et regarde Lily. Je lui souris.

- Merci, dis-je.

Elle affiche un air étonné.

- Tu m’a aidé à faire le point en me forçant à me poser les vrais questions. Je sais à présent ce que je dois faire.

Elle sourit.

- Je suis contente d’avoir pu t’aider. Maintenant, je te souhaite bon courage, fait-elle en se levant.

- Bah, pourquoi ? Demandé-je, surprise par son comportement soudain.

- Parce que Sirius arrive.

Elle me montre l’entrée de Poudlard d’un bref signe de la main. Effectivement, le Gryffondor vient de quitter les marches et s’avancent vers nous d’un pas décidé. Je me tourne vers Lily et lui souris de nouveau.

- Encore merci. Et désolée de t’avoir arraché à ton amie.

Elle fait un geste de la main, signifiant que ce n’est rien et s’éloigne. Lorsqu’elle croise Sirius, elle le salut de la main, sans un mot, puis continue son chemin. Le jeune homme me rejoint alors et s’assoit à côté de moi, son sac en bandoulière reposant sur le banc entre nous deux.

- Je crois que j’ai été très impoli tout à l’heure. Je tiens à m’excuser. J’aurais dû attendre ta réponse avant d’annoncer à toute la classe qu’on sortait ensemble.

Je suis d’abord surprise, puis touchée par son geste. Ca a le don de faire s’évanouir instantanément ma colère. Je lui fais un sourire hésitant.

- Je peux te donner ma réponse alors maintenant ?

- Oui, bien sûr, s’exclame-t-il, ravi.

- Je ne sortirais pas avec toi.

Son sourire fond comme neige au soleil. Les reflets argentés qui avaient parés ses yeux un peu plus tôt disparaissent aussitôt. Je m’empresse de poursuivre, avant de céder à son regard de chien perdu et de revenir sur ma décision.

- Ce n’est pas contre toi, je t’apprécie beaucoup, mais une relation intime n’est pas la solution à ton problème. Notre scolarité se terminera d’ici un peu plus de deux mois, et ensuite, tu ne reverras sans doute jamais plus ces filles. Tu dois juste être patient. Et hors de question pour moi de subir de nouveau leurs foudres.

J’ignore comment interpréter l’expression du visage de Sirius. Il semble aussi bien surpris, qu’abattu. Difficile à déchiffrer. Il papillonne des yeux au moment où le parfum de James me parvient. Je regarde dans la direction d’où me parvient l’odeur. James vient vers nous. Je me lève, au moment où Sirius dit :

- Attends, je ne suis pas sûr de m’être bien fait comprendre . . .

- Si, je t’ai parfaitement compris, l’interromps-je, peu désireuse de voir James fourrer lui aussi son nez dans mes affaires. Et ne t’inquiètes pas, rien ne change entre nous.

Je m’éloigne alors que Sirius se lève et que James le rejoint. Ce dernier fait voyager son regard entre son ami et moi, dépassé par les évènements.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? Demande-t-il.

Je lui souris et continue ma route sans répondre. Sirius s’en chargera bien. Je remonte le chemin de terre jusqu’au château, monte les escaliers, passe dans le hall puis prends les escaliers de marbre avant de m’avancer vers les escaliers mobiles. Je me fais arrêter en cours de route par Camille qui remonte des sous-sols. Elle a l’air complètement perdue.

- Mandy ! S’écrie-t-elle, soulagée. Viens vite, suis moi !

Elle me saute dessus, m’attrape le bras et me tire vers les cachots. Complètement dépassée, je me laisse faire.

- Cam’ ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

- C’est Tony, il est bizarre.

- Quoi ? Comment ça bizarre ?

- Bizarre, je te dis. Dépêche-toi, j’ai . . . J’ai peur qu’il ait fait une bêtise.

Soudain alerte, je me mets en mode vampire et m’échappe de la poigne de Camille pour courir sur la trace de Tony. Sa piste est encore présente, et je le retrouve en moins de deux secondes. Il est dans un couloir, mains en l’air, tenu en respect par quatre Serpentard qui le menacent de leurs baguettes. Derrière eux, j’aperçois Rogue son sac serré contre lui, avec l’air d’avoir eu la frousse de sa vie. Mince, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Par prudence, je sors me propre baguette. Je m‘avance alors et apparais aux yeux des autres.

- Baissez vos baguettes.

Aucun des garçons ne m’obéit. Tony me regarde, il a l’air soulagé de me voir.

- Je vous ai dit de baisser vos baguettes ! Tony, qu’est-ce qu’il se passe ?

- Ce malade a attaqué Severus ! S’écrie soudain l’un des garçons, le visage rougi par la colère.

Je le regarde de plus près. C’est un des amis de Rogue, Evan Rosier. Un de ceux qui adorent m’insulter sur mon sang moldu lorsque l’occasion se présente. Je pince des lèvres. Qu’est-ce qu’il s’est passé ici, nom d’un chaudron ? Je prends une profonde inspiration et m’interpose entre Tony et les Serpentard.

- Baissez vos baguettes, tout de suite.

Ils ne le font toujours pas. Tony chuchote alors :

- Utilise ton charisme.

Je ne comprends pas pourquoi, mais je le fais, débridant cette partie de mon être. Les quatre garçons semblent déstabilisés.

- Répète, me conseille Tony.

- Baissez vos baguettes.

Ils obtempèrent immédiatement, comme s’ils n’étaient plus là. Je me retourne pour jeter un regard abasourdi sur Tony. J’ignorais qu’un vampire pouvait avoir ce genre de pouvoir ! Lucinda aurait vraiment dû rester plus longtemps.

- Retournez dans votre salle commune, je m’occupe de ça.

- Mais c’est un vampire ! S’exclame Rosier.

Je l’assassine du regard, rangeant au placard mon charisme.

- Merci, je suis au courant, mais c’est moi son guide ici, alors faites ce que je vous dis. L’un de vous oserait-il défier l’autorité d’une préfète ? Vous voulez peut-être perdre des points ?

Je sens que Rosier meurt d’envie de répliquer mais, derrière lui, Rogue murmure pour qu’ils partent tous. Il ne veut pas rester une seconde plus dans ce couloir. Les autres, mécontents, obtempèrent avec des regards noirs dans ma direction.

- Ca se paiera sale sang-de-bourbe ! Hurle Rosier. Toi et ton suceur de sang, vous n’allez pas faire long feu ici !

Derrière moi, j’entends Tony grogner sourdement. Je pose un bras contre son torse pour le dissuader de faire quoi que ce soit. Je crois qu’il a assez fait parler de lui pour aujourd’hui. Lorsque les Serpentard ne sont plus visibles, je range ma baguette et fait face à Tony. Camille déboule à ce moment-là, essoufflée. Elle s’arrête au bout du couloir, pliée en deux et mains sur les genoux.

- Dis donc, j’avais jamais compris à quel point tu pouvais être rapide !

J’ignore sa réflexion et m’adresse à Tony.

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Tony semble complètement perdu maintenant que je fais attention à lui. Son regard s’égare régulièrement dans la direction où les Serpentard ont disparus, comme hypnotisé. Tout à coup, j’ai peur de comprendre. J’ouvre de grands yeux horrifiés.

- Ne me dis pas . . . Pitié, ne me dis pas que tu as ressenti l’Appel.

Tony me regarde, grimace et acquiesce d’un signe de tête. Je laisse échapper un gémissement d’horreur. Camille, qui nous a rejoint, semble tout aussi épouvantée que moi.

- L’Appel ? Fait-elle. Tu veux dire que Severus Rogue est le Calice de Tony ?

Je soupire. C’est vraiment une catastrophe. Je ne vois vraiment pas ce qu’on va pouvoir faire maintenant, surtout qu’on ne peut pas aller en parler au directeur puisqu’il n’est pas au courant pour les Calices.

- Attendez, fait soudain Tony, intrigué, semblant avoir récupéré la totalité de ses facultés. Comment t’as su que j’avais ressenti l’Appel ?

J’ouvre la bouche, prête à lui dire que ce n’était qu’une supposition, quand Camille me coupe.

- Elle a elle-même ressenti l’Appel, Sirius est son Calice.

Si mes yeux étaient des baguettes, elle serait en train de se tordre de douleur sous les Doloris. Camille semble remarquer mon regard et s’exclame :

- Quoi ?

- Non mais tu le fais exprès ou quoi !

- T’as un Calice ! S’écrie Tony. T’as même pas six mois et t’as déjà un Calice ! Ça fait deux cents ans que j’attends ce moment moi !

Je laisse échapper une exclamation abasourdie.

- Attends, tu crois que je l’ai choisi ? Je m’en serais bien passé, je te signale ! Ça m’apporte que des ennuis cette histoire !

Tony semble prêt à m’étrangler.

- C’est bien parce que tu n’as jamais eu à vivre sans la présence d’un Calice que tu dis ce genre de choses !

- Ok, temps mort ! Hurle soudain Camille d’un ton excédée. On s’en fiche de cette histoire à dormir debout, le plus important c’est : qu’est-ce qu’on fait ? Parce que, excuse-moi Tony, mais comme Calice, t’aurais pu choisir mieux. Rogue est un Serpentard, et dans cette maison, le racisme, ça va bon train. Il ne t’acceptera jamais.

Quand je vois le visage de Tony perdre peu à peu de sa gaieté, je chope Camille par le bras et le force à faire demi-tour.

- Camille, va voir ailleurs si on y est d’accord ? Je ne crois pas que tu l’aides là.

- Mais . . .

- Laisse nous régler ça entre vampires. Je te raconterais tout plus tard.

Elle acquiesce, lèvres pincés et visiblement vexée, puis quitte le couloir. Je soupire. Je m’occuperais de son égo plus tard, pour l’instant, Tony est le plus important. Je rebrousse chemin, prends la main de Tony dans la mienne et le guide vers une pièce abandonnée, sans meubles. Je sors ma baguette, et deux fauteuils apparaissent au centre de la salle. Je pousse Tony dans l’un et m’installe dans l’autre.

- Tony, comment ça s’est passé ?

Il secoue la tête, reprenant ses esprits, et raconte :

- Camille et moi sommes descendus pour nous promener. On a croisé ce jeune homme et . . . Et c’est comme si plus rien d’autre n’existait. Son odeur est si attirante. Elle me rappelle l’Italie, ma famille. C’est tellement . . .

Je lève une main pour le couper. J’ai compris le principal.

- Tu lui as sauté dessus ?

- Oui. Je me souviens que Camille a hurlé, c’est ce qui m’a permis de me reprendre. Elle est ensuite partie en courant, et c’est à ce moment-là que les autres sont apparus. Puis, tu as vu la suite.

- Ils t’ont jetés des sorts ?

- Ils ont essayés, mais ils étaient trop faibles pour être durables. Je suis un vampire trop vieux pour que les sorts d’adolescents puissent me faire réellement du mal.

J’acquiesce et soupire, laissant ma tête repose contre le dossier du fauteuil. Severus Rogue, Calice de Tony Esperanza. Merlin, mais dans quelle galère on vient encore de me fourrer ?
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeMar 31 Mar - 17:42

Chapitre 23 : Le Calice de Tony




Je papillonne des yeux et mon regard tombe sur les dais bleus roi de mon lit à baldaquin. A la luminosité de la pièce, je devine qu’il est encore assez tôt, le soleil se lève à peine. Je jette un œil sur le réveil posé sur ma table de chevet : il indique six heures passées du matin. Je me mets sur le dos et m’étire. Je suis la seule réveillée du dortoir à cette heure-là, je vais avoir tout le temps de me laver tranquillement, et traînasser sous la douche. Les autres ne diront rien, elles ont l’habitude me voir lever tôt, sauf cas exceptionnel. Ramenant mes bras le long de mon corps en soupirant d’aise, je m’assois dans mon lit. C’est alors que je remarque quelque chose d’étrange. J’ai l’impression d’être différente. Intriguée, je fronce des sourcils en jetant un œil sur moi. Pourtant, tout me semble à sa place.

Ne comprenant toujours pas, je m’apprête à sortir du lit, quand mon regard se pose sur mon matelas blanc. J’ouvre de grands yeux horrifiés. Il est recouvert de cheveux bouclés et bruns. Mes cheveux. Qui devraient être sur ma tête. Je prends dans l’une de mes mains tremblantes une mèche. Il y en a tellement. Ce n’est quand même pas . . . Laissant tomber les cheveux, je lève une main jusqu’à ma tête . . . Mon crâne lisse. Mon cœur s’emballe, ma respiration devient irrégulière et paniquée. Qu’importe où je passe ma main sur ma tête, c’est vide. Il n’y a plus un seul cheveu. Mes mains tremblent tellement que je ne les contrôlent plus. Ce n’est pas possible, c’est un cauchemar . . . Je vais me réveiller d’ici peu . . . C’est impossible . . .

Je pousse alors un cri de pur horreur, déchirant, réveillant totalement le dortoir. Les filles sursautent dans leur lit. Je me recroqueville sur mon matelas, complètement perdue. Tout ce à quoi je peux penser, ce sont à mes cheveux, près de moi, qui n’ont rien à faire là. Je sens une présence près de moi, mais je ne réagis pas.

- Oh Merlin, Mandy ! Tes cheveux . . .

Une respiration précipitée, inquiète. Camille semble à peine moins horrifiée que moi.

- Je vais chercher Flitwick !

Elle a à peine prononcer ces mots que la porte de la chambre s’ouvre et se referme en claquant. Des dizaines d’odeurs me parviennent alors. Des curieux, des autres dortoirs, qui m’ont entendus crier certainement. J’entends qu’on rouvre la porte. Non ! Je ne veux pas que d’autres personnes me voient ! Je relève la tête, les larmes au bord des yeux, que je refuse de laisser couler. C’est Grayson qui vient d’ouvrir la porte. Des visages se pressent dans l’embrasure, curieux. Je me tourne alors vers la seule autre fille de septième année. Crow me regarde avec un sourire ravie. Heureuse de ma réaction. Mon sang ne fait qu’un tour alors que j’additionne un et un. Elle ne me voit pas bouger que déjà je la plaque contre le mur d’une seule main. Elle laisse échapper un cri d’épouvante, reprit par les autres qui ne m’ont pas non plus vu me mouvoir.

- Tu le paieras, chuchoté-je contre son oreille. J’ai été patiente jusqu’à maintenant, mais tu le paieras.

Crow semble totalement épouvantée lorsque je me recule légèrement en le relâchant. Puis, après avoir jeter un regard sur ma tête, elle éclate de rire. Son visage moqueur amplifie d’avantage ma colère, chose que je n’aurais jamais pensé possible. Mes mains se remettent à trembler. Instinctivement, je plie les genoux et je découvre mes dents. Je ne me mets pas encore à gronder. Je ne veux pas qu’elle ait des doutes sur ma véritable nature. Ma colère ne m’aveugle pas. Pas encore. Pourtant, ma simple position coupe son rire. Je sens la peur qui s’insinue dans ses veines, dans celles des autres aussi. Ils sont surpris par mon comportement, ils ne savent pas comment réagir. Grayson fait un pas dans ma direction.

- Dawn, calme-toi, d’accord ? Eloigne-toi de Jessie.

Je l’ignore, mon regard rivé sur Crow. Je voudrais lui sauter à la gorge, la lui arracher, lui briser la nuque, la démembrer, l’éventrer, l’égorger. Je ne lui pardonnerai pas. Pas cette fois-ci. C’est la deuxième fois qu’elle s’en prend à mes cheveux. La première, avec la fiente de véracrasse, la seconde, le crâne totalement rasé. Non, aucun pardon. Je tiens beaucoup à mes cheveux, c’est la partie de moi que j’apprécie le plus malgré qu’ils soient indomptables. Et s’en prendre physiquement à moi pour une histoire de garçons. C’est la goutte de trop.

L’odeur de Camille refait son apparition dans mon environnement immédiat. Elle est accompagnée du professeur Flitwick. Je me redresse alors, cessant de menacer Crow qui semble pétrifiée de peur, et je fais deux pas en arrière jusqu’à buter contre ma malle. Je me laisse tomber dessus, tête baissée, la colère laissant place à l’abattement. Comment pourrais-je parcourir les couloirs avec cette coupe ? C’est une horreur.

- Retournez dans vos dortoirs ! S’écrie la petite voix fluette de mon directeur de maison. Retournez dans vos chambres, il n’y a rien à voir.

Le professeur pénètre dans la pièce au moment où je redresse la tête. Camille, derrière lui, se précipite sur moi et me prend dans ses bras. Elle caresse mon dos et mon crâne, comme si tout était normale. Le professeur regarde mon lit, les cheveux qui y sont toujours, puis pose son regard sur chacune de nous quatre avant de prendre la parole.

- Miss Blaid, accompagnez miss Dawn à l’infirmerie je vous prie. Je vous y rejoins tout de suite.

- Oui, professeur, répond Camille en s’écartant de moi. Allez, viens Mandy. On descend.

Je me lève tandis qu’elle récupère ma cape posée au pied de mon lit et qu’elle me la dépose sur les épaules. Puis, passant son bras autour de mon corps, elle me guide hors de la chambre et hors de la tour de Serdaigle. Les couloirs sont vides, bien entendu, mais ça ne m’empêche pas de passer ma capuche sur mon crâne lisse. Ce n’est qu’à ce moment-là, loin des regards des autres, que je m’autorise à verser la larme qui perle au coin de mon œil droit et qui dévale ma joue.

Nous arrivons à l’infirmerie en quelques minutes. Camille m’installe sur un lit, avant de courir vers le bureau de Mme Pomfresh, qu’elle réveille à grands renforts de tambourinements contre la porte. La femme, le regard encore ensommeillé, ouvre la porte et marmonne un « Qu’est-ce qu’il se passe ? ». Camille me désigne du doigt et Mme Pomfresh ferme sa robe de chambre sur sa longue chemise de nuit avant de venir à moi. Je repousse alors ma capuche. L’infirmière étouffe un petit cri de surprise, avant de froncer des sourcils.

- J’imagine qu’ils ne sont pas tombés tout seuls ? Fait-elle au moment où la porte de l’infirmerie s’ouvre pour laisser passer le professeur Flitwick, un sac à la main.

L’infirmière se retourne vers lui et elle attrape le sac qu’il lui tend. Elle l’ouvre, y jette un œil et pince des lèvres, le regard flamboyant.

- C’est bien ce que je disais. Typique d’un sortilège de Crâne chauve.

Elle secoue la tête et retourne vers son bureau. Camille s’assoit à côté de moi et caresse mon dos. Son regard exprime à quel point elle se sent désolée pour moi. Le professeur Flitwick s’approche à son tour, l’air particulièrement en rogne.

- Miss Dawn, nous savons que seules des élèves de Serdaigle ont pu vous jeter ce sort, et pendant que vous dormiez, ce qui laisse très peu de marge de manœuvre. Je pense que nous serons d’accord, si je soupçonne miss Crow et miss Grayson.

J’ignore laquelle des deux l’a fait - sans doute Crow - mais elles sont complices, aucun doute là-dessus. Alors, j’hoche de la tête. Le professeur plisse des yeux.

- Savez-vous pour quelle raison ?

Ma mâchoire se contracte.

- Pour une histoire de garçon, lâché-je du bout des lèvres. Elles ne supportent pas mon amitié avec Sirius Black.

- Ce n’est pas la première fois que vous avez un différend avec miss Crow, il me semble. Votre sortilège d’Expulsion sur elle au moins de janvier, était-ce pour la même raison ?

J’hoche de nouveau la tête. Le professeur grommelle quelque chose que je n’entends pas, trop occupée à tourner mes pensées vers Sirius. Cet incident est celui de trop. Il a intérêt d’annoncer à tout son fan-club que nous ne sortons pas ensemble.

- Nous prendrons des sanctions, miss Dawn, reprend le professeur Flitwick. Je ne peux tolérer de tels comportement dans ma propre maison. Vos camarades de dortoirs auront une punition exemplaire et qu’il soit bien dit que nous serons encore plus sévères si de tels actes pour des motifs aussi puériles venaient à se reproduire.

Mon cœur se remet à battre la chamade. Cette décision me met en joie. Plus aucune fille n’aura à subir ouvertement les médisances et les sorts vicieux de ce fichu fan-club à deux noises. C’est une grande avancée, mais ils auraient pu se décider un peu plus tôt.

- Puis-je m’occuper personnellement de Crow et Grayson, professeur ? Fais-je alors.

Il fronce des sourcils, mécontents.

- Hors de question. Et si il leur arrive quelque soit, j’en déduirais immédiatement que c’est de vous. La vengeance ne mène à rien, miss Dawn.

- Elles m’ont rasé le crâne, grondé-je, furieuse.

- Ce n’est pas irréversible, miss. D’ici une demi-heure, vous serez de nouveau comme avant.

Je cligne des yeux.

- Quoi ? M’exclamé-je, miraculeusement calmée.

Le professeur Flitwick laisse alors la place à Mme Pomfresh qui revient avec une bouteille de potion et un verre. Elle me jette un regard avant de remplir d’eau le verre et d’y verser quelques gouttes de sa potion rose, qui se dilue dans le liquide.

- Une goutte pour cinq centimètres, m’explique l’infirmière. Je viens de mesurer vos mèches pour savoir où vous en étiez à peu près.

Mon cœur s’emballe. Mince alors, personne ne me verra avec mon crâne lisse ? La magie m’apporte toujours de ces surprises, c’est un vrai bonheur !

- Ce sera comme si rien ne c’était passé ? M’enquis-je.

- Tout à fait. Buvez.

Je prends le verre qu’elle me tend, un peu réticente. Les potions ne sont pas réputées pour leur saveurs extraordinaires. Ou si, mais pas dans le bon sens du terme. Prenant mon courage à deux mains, je bois tout de même le verre en trois grandes gorgées, et grimace. Merlin, c’est déjà abominable en tant humaine, mais là, c’est pire que tout ! Je pourrais pratiquement décrire les ingrédients de la potion. Je pose le verre sur la table de chevet au moment ou des picotements me parcourent le crâne. J’imagine que ce sont mes cheveux qui repoussent.

- Maintenant, laissons-la tranquille, dit l’infirmière. Faire repousser ses cheveux va lui demander pas mal d’énergie et il vaut mieux qu’elle se repose. Filius, elle reprendra les cours cette après-midi. Je préfère la garder pour ma matinée, au cas où il y aurait des effets secondaires à cause de sa transformation.

Je me tourne vers elle, choquée. C’est maintenant qu’elle le dit ! Etrangère à mes pensées, Camille descend du lit et me fait une bise sur la joue avant de sortir de l’infirmerie en même temps que le professeur Flitwick. Mme Pomfresh m’ordonne alors de me mettre au lit, ce que je fais, et de me reposer. Le picotement est toujours présent sur mon crâne, et quand elle s’éloigne, contente de m’avoir mise sous les draps, je passe ma main sur ma tête. Un léger duvet commence déjà à la recouvrir. Je souris, soulagée. Cette histoire se terminera plutôt bien pour moi finalement. Quant à Crow, c’est une autre histoire.




O0o0O




L’ennui à l’infirmerie était tel que je me suis endormie. Je n’arrive pas à y croire. C’est bien la première fois depuis des semaines que je dors plus d’une heure par jour. J’ouvre les yeux et jette un œil sur la fenêtre. Le soleil est haut dans le ciel, il doit être aux alentours de midi. Je me redresse dans le lit et colle mon dos contre l’oreiller avant de passer mes mains sur ma tête. Mes cheveux sont de retour ! Je laisse mes mains glisser le long des mèches bouclés, jusque sur ma poitrine. Ma chevelure a retrouvé toute sa longueur et tout son éclat. J’en suis ravie.

Je repousse les couvertures et pose pieds à terre. Je constate alors que je suis toujours en pyjama, un ensemble caleçon et tee-shirt orange, et que quelqu’un - sans doute Camille - a déposé mon uniforme et mon sac de cours sur la chaise à côté du lit. Je me lève, ferme le rideau et me change, bien décidée à quitter l’infirmerie. Je viens à peine d’enfiler ma chemise quand j’entends la porte de l’infirmerie s’ouvrir. A l’odeur, je comprends que ce sont James, Sirius et Peter. Je m’interroge brièvement sur ce qu’ils font là, avant de me souvenir que Remus sort aujourd’hui de l’infirmerie, puisqu’hier soir était la dernière pleine lune du mois. Je termine de m’habiller, alors que les trois garçons remontent la pièce jusqu’à la chambre de leur ami, en silence.

Une fois terminé, j’ouvre mon rideau. Pomfresh entre à ce moment-là dans l’infirmerie. A l’odeur qui l’entoure, je devine qu’elle vient de déjeuner.

- Miss Dawn, vous êtes réveillée, soupire-t-elle, comme soulagée. Je commençais à me demander si la potion n’avait pas eu un effet indésirable.

Elle s’approche alors, me reconduit jusqu’au lit et sort sa baguette pour m’examiner.

- Tout semble en ordre. Vous pouvez y aller.

Je lui souris et me penche pour récupérer mon sac. James se met alors à brailler dans l’infirmerie :

- Mme Pomfresh ! Remus peut sortir maintenant ?

Je vois l’infirmière rouler des yeux, puis elle remonte la pièce en maugréant après James. Ce dernier éclate de rire en la remerciant. Mon sac sur l’épaule, je me décide aussi à sortir. Une fois proche de la porte, les odeurs des maraudeurs m’indiquent qu’ils sont sortis de la chambre de Remus.

- Amandine ? S’exclame Sirius.

Je n’ai pas le temps de lui répondre, ni même de me retourner pour lui faire face, que la porte de l’infirmerie s’ouvre et que je ne dois qu’à mes prodigieux réflexes de vampire de ne pas me la prendre en pleine face. Camille entre dans la pièce. Quand elle me voit, elle me saute dessus et me serre contre elle avant de se reculer pour regarder ma coiffure.

- Waouh, Pomfresh fait des merveilles. On dirait qu’il s’est rien passé cette nuit !

J’acquiesce, tout aussi contente qu’elle. Puis, Camille prend son air de conspiratrice.

- Crow et Grayson ont toutes les deux un mois de retenue et ont fait perdre soixante point à la maison. Je te dis pas comment tous les autres les regardent maintenant.

Je grimace.

- Dommage pour les points. Je sais à quel point tu voulais qu’on gagne la coupe.

Elle bat l’air de la main, comme si ce n’était pas grave.

- Avec le match contre les Poufsouffle dans deux semaines, ce sera facile à rattraper. Et je mettrais les bouchées doubles lors des cours. Le principal, c’est qu’elles se soient fait pincer !

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? S’enquiert alors Remus. Pourquoi tu étais à l’infirmerie Mandy ?

- Oh, s’étonne Camille, je ne vous avais pas vu.

- Sympa, fait James.

Je les ignore et répond à Remus.

- J’ai encore eu le droit à des petites douceurs de la part de Crow et Grayson. Je me suis réveillée totalement chauve ce matin.

Remus ouvre de grands yeux. J’en profite pour me tourner vers Sirius qui a l’air de vouloir tuer quelqu’un.

- Sirius, j’apprécierais que tu démentes ton annonce d’hier. J’ai bien failli tuer Crow tout à l‘heure.

Il plisse des yeux, acquiesce d’un mouvement sec de la tête et quitte immédiatement l’infirmerie, sous mon regard étonné. Ce n’était pas un ordre non plus, ça pouvait attendre cinq minutes. Je me tourne ensuite vers Remus, alors que nous quittons tous l’infirmerie pour nous rendre vers la Grande Salle.

- Comment tu te sens ?

Camille est devant, discutant avec Peter. James écoute notre conversation.

- Ça va, me rassure-t-il en souriant. Je n’ai plus mal à la tête si c’est ce qui t’inquiètes.

- Je n’ai rien dit à Camille sur toi. Je sais qu’elle ne le prendrait pas mal, mais je préfère que ce soit toi qui prenne la décision de l‘informer de ta nature.

Il acquiesce, l’air grave. J’en déduis qu’il ne le lui dira jamais. C’est son problème après tout. Nous continuons notre route vers la Grande Salle en discutant de tout et de rien. Lorsque notre conversation dérive sur Tony, je ne peux m’empêcher de repenser à ce qu’il s’est passé hier. Comme Tony veut absolument se rapprocher de Rogue - ce que nous avons essayés de le dissuader de faire, sans résultats - il veut que j’aille parler au Serpentard. Moi. La bonne blague. Je ne sais pas du tout comment je vais m’y prendre, ni comment va réagir Rogue, et surtout ses amis. J’ai l’impression d’être envoyée droit dans la gueule du loup.

Mes pensées se détournent de mon dilemme quand nous pénétrons dans la Grande Salle, devant un spectacle inattendu. Sirius est debout sur la table des Gryffondor, la voix magiquement amplifiée et proclame à qui veut l’entendre :

- Je n’ai qu’une relation amicale et platonique avec Amandine Dawn. La prochaine qui s’en prend à elle pour des motifs stupides aura à faire à moi.

Puis, il descend de la table. J’ai les yeux ronds. Quand je lui ai demandé de démentir l’annonce, je pensais à quelque chose de plus discret. Mais, visiblement, c’est beaucoup demander à un Gryffondor. James, hilare, s’approche de son ami et le félicite chaudement pour son numéro. Le professeur McGonagall s’approche alors de lui, furieuse, et lui enlève dix point pour exhibition déplacée, ainsi qu’une heure de retenue. Cependant, un sourire ravi s’étend sur mes lèvres. Un sourire que Sirius remarque et me rend, en très doux. Silencieusement, je forme le mot « merci » sur mes lèvres et accompagne Camille à notre table.




O0o0O




Lorsque la sonnerie retentit, je m’étire, range mes affaires dans mon sac et quitte la classe de Divination. Alors que d’habitude, je suis contente de terminer la journée du mercredi, aujourd’hui fait exception, pour plusieurs raisons. La première, Camille ne passera pas les deux dernières heures de libre avec moi, puisqu’elle a entrainement de Quidditch. Les maraudeurs restent entre eux, apparemment, ils préparent une de leur spécialité. Et surtout, puisque j’ai promis à Tony de faire quelque chose pour son Appel, et qu’il commence à s’impatienter, je me vois dans l’obligation de m’y mettre maintenant.

Je soupire en descendant les escaliers jusqu’au hall. Tony a ressenti son Appel il y a à peine deux jours, il pourrait être un petit peu plus patient, et faire comme moi. Mais à cause de l’attaque, et du fait que Rogue sache déjà qu’il est un vampire, ça rend les choses moins facile à ses yeux. Et il croit que ce sera plus simple pour moi ? C’est qu’il a mal compris le fonctionnement des maisons à Poudlard.

Une fois dans le hall, je descends jusqu’aux sous-sols. Je n’ai aucune idée d’où se trouve l‘entrée de leur maison, mais j’ai bon espoir de croiser un ou deux Serpentard dans le coin, et peut-être même un qui pourra me dire où trouver Rogue. Pas très fière de mon incursion, je garde la main dans la poche de ma robe de sorcière, prête à dégainer ma baguette au moindre mouvement suspect. Les couloirs sont pourtant curieusement vides. Et je croise plus de Poufsouffle (trois) que de Serpentard (zéro). Leur maison doit aussi se trouver dans les environs.

Enfin, au détour d’un couloir, je tombe sur deux jeunes filles d’une quinzaine d’années, vêtues de l’uniforme de Serpentard. Je les accoste poliment et leur demande si elles savent où je pourrais trouver Rogue. Je ne m’étonne qu’à peine des regards qu’elles me lancent, comme si j’étais une créature dégoutante qu’elles auraient écrasées par mégarde. Puis, elle me disent que si c’est le brun timide au nez crochu, il est certainement à la bibliothèque. Comme la description correspond à celui que je recherche, je remercie les deux Serpentard, et fais demi-tour.

En quelques minutes, j’arrive à la bibliothèque, particulièrement pleine. Le mois de mai approchant rapidement, et apportant avec lui le mois de juin et les examens, beaucoup d’élèves campent ici pendant leur temps libre. Je ne vais sans doute pas tarder à le faire moi-même. Mes notes de cours ne me servent plus à réviser, je les connais déjà et je vais avoir besoin de plus de référence aux ASPIC’s. Je me dois d’être parmi les meilleurs notes pour pouvoir enter à l’académie de Médicomagie de Londres à la rentrée prochaine, surtout si je veux pouvoir décocher une bourse. Sans elle, mon avenir s’arrêtera aux ASPIC’s.

Je m’immisce entre les rayons et me mets à fouiller frénétiquement. Je ne connais malheureusement pas l’odeur de Rogue, sinon je me serais servie de mon odorat pour le retrouver parmi tous ses livres. Je prends donc mon mal en patience et scrute la moindre personne aux longs cheveux bruns, espérant tomber rapidement sur le Serpentard. Heureusement, je finis par le trouver au bout de quelques minutes. Il est du côté des potions, assis par terre contre un rayonnage et le nez plongé dans un bouquin. Je m’approche, laisse tomber mon sac à côté de lui, ce qui attire son attention et m’assieds à sa droite. La manière dont il me regarde est assez équivoque. Il ne tarde d’ailleurs pas à me faire part de ses pensées.

- Qu’est-ce que tu me veux ? Demande-t-il d’un ton sec en refermant son bouquin bruyamment.

Je n’ose pas le regarder, préférant lire les titres des livres en face de moi. Mais je lui réponds tout de même :

- Te parler de Tony. Et m’excuser pour lundi soir. C’était un accident.

- Pourquoi il ne le fait pas lui-même ?

- Tu le laisserais t’approcher ?

Il ne répond pas, me laissant penser que je l’ai mouché. Pus, il dit :

- Le professeur Gray a dit que les membres de la Caste ne se nourrissait pas de sang humain. Ce n’est pourtant pas l’impression que m’a laissé ton . . . Ami.

J’imagine que je ne peux plus l’ignorer maintenant, alors j’inspire profondément et lui fais face. Son regard est prudent, hésitant, et son corps penché légèrement en arrière témoigne de son inquiétude vis-à-vis de moi. Avant de lui répondre, je prends le temps de le regarder de plus près. J’ai beaucoup entendu parler de lui en termes peu élogieux avec Sirius et James, principalement sur son physique désavantageux. Effectivement, il a un nez crochu et ses cheveux sont gras, mais je pense que c’est plus dû à un souci hormonale qu’à une réelle intention. En contre partie, il a un regard noir, profond comme un puits sans fin et une peau saine. J’ai déjà vu des adolescent avec des problèmes d’acné virulent, mais lui semble être passé entre les mailles du filet. Il a bien de la veine.

- Le professeur Gray ne sait pas tout sur les vampires, pas plus que la plupart des livres de la bibliothèque, ajouté-je en désignant le bouquin qu’il a entre les mains.

Sa main se resserre sur la tranche du document, mais j’ai déjà largement eu le temps de le lire : « Vie et mœurs de ces vampires dont on ignore tout ». Le livre que Remus avait trouvé et qui avait été mal rangé. Visiblement, Mme Pince fait mal son boulot. Ou alors, Rogue a trouvé un moyen de se faufiler dans la Réserve sans se faire choper.

- Et je suppose que toi, tu le sais, réplique-t-il, sarcastique en glissant le livre dans son sac.

J’hésite entre faire croire que non et jouer à la maligne. J’opte pour la première option.

- Moi non, mais Tony oui, et j’en sais suffisamment pour savoir que les vampires ne s’attaquent aux humains qu’exceptionnellement. Tu peux aller voir Tony, il ne sera pas un danger pour toi, et tu pourrais apprendre des choses qui . . .

Je m’arrête là, puisque de toute façon, il ne m’écoute plus. Il quitte le rayon, et je me lève en ramassant mon sac pour le suivre. Il faut que je le convainc d’aller voir Tony. Je risque d’en prendre plein la poire autrement. Rogue quitte la bibliothèque et je continue à le suivre. J’arrive à sa hauteur rapidement, et calque mon pas sur le sien. Cela semble l’irriter au plus haut point.

- Tu as volé le livre de la bibliothèque, dis-je pour rompre le silence.

- Et alors ?

- Si tu vas voir Tony, je promets de ne rien dire.

Rogue pile au milieu du couloir, surpris.

- Comment ça ?

- Je pense que tu as très bien compris. Je ne sais pas quelle est la punition pour un vol, mais ça ne doit pas le niveau le plus bas. Je promets de ne pas te dénoncer, mais en contrepartie, tu dois laisser une chance à Tony de s’expliquer sur son geste.

Rogue grimace, déformant encore plus son nez, ce qui n’est pas à son avantage.

- Si ça peut te rassurer, je resterais à proximité le temps de votre discussion. Au moindre signe suspect, je le neutralise.

- Les sorts n’ont pas beaucoup d’effets sur lui, je l’ai déjà vu.

Je roule des yeux, exaspérée. Il va me sortir toute les excuses qu’il pourra pour ne pas y aller. Mais je ne m’avoue pas vaincue.

- Je ne parlais pas forcément de magie. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, je pense que le professeur McGonagall sera ravie d’apprendre qu’un certain élève de Serpentard vole des livres à la bibliothèque de l’école.

Je m’apprête à faire demi-tour, mais Rogue me retient par le bras. Sa poigne est forte pour un humain. Il aurait pu me faire mal, si je n’avais pas été un vampire. Le visage du Serpentard trahit son hésitation et son appréhension. Il doit penser que je tiendrais parole, ce qui est le cas, bien que je ne sache pas vraiment comment je dois faire.

- D’accord, capitule-t-il soudain. Je lui accorde dix minutes.

- Ca devrait suffire, répliqué-je. Suis-moi, je sais où il est.

Je lui passe devant. Le son de ses pas me disent qu’il me suit bien et je l’emmène jusqu’à la tour Est, où Tony a ses appartements. Arrivée devant la porte qui garde l’entrée de sa chambre, je frappe deux coups. Je jette ensuite un œil dans mon dos pour m’assurer que Rogue est toujours là. Il a un teint crayeux, mais ça ne change pas beaucoup de d’habitude. Il serre aussi son sac contre lui, comme pour se protéger. La porte s’ouvre, et je reporte mon attention devant moi. Tony, habillé d’un jean et d’un débardeur blanc, ne semblait pas s’attendre a de la visite.

- Mandy ? Qu’est-ce que . . .

Puis, son regard se pose dans mon dos, sans doute alerté par l’odeur. Il écarquille les yeux.

- Tu m’as demande de te l’amener, c’est fait. Il te donne dix minutes pour que tu t’expliques, et je dois rester au cas où. Je serais toi, je me dépêcherais.

Puis, je jette un œil sur ma montre. Il est quinze heures trente. Avec un peu de chance, à seize heures, je pourrais être en train de réviser dans ma salle commune. Je regarde de nouveau Tony, avant de me décaler sur le côté pour faire signe à Rogue d’entrer. Le jeune homme hésite, alors Tony se décale à son tour et, très poli, l’invite à s’installer. Rogue, déglutissant, obtempère et pénètre dans la pièce. Je fais de même et referme la porte dans mon dos alors que Tony mène Rogue jusqu’à un sofa confortable de couleur vert.

Étonnamment, les appartements de Tony sont dans les tons vert et argent, très Serpentard. La pièce principale, où nous sommes, est un petit salon composé d’une grande cheminée, d’une énorme fenêtre qui donne sur le parc, d’une table basse, d’un sofa et de deux fauteuils. Aux murs, sont accrochés des tableaux de portraits en tout genres qui nous regardent nous installer d’un œil curieux.

Je prends place dans l’un des fauteuils, Tony fait de même en face. Rogue se retrouve seul sur le canapé, pas très sûr de lui, même s’il tente de le cacher. Je regarde Tony qui lui-même ne peut détacher ses yeux de son Calice. Je soupire. Je sens qu’on est pas sortis de l’auberge. Je me racle la gorge, histoire d’encourager Tony à dire quelque chose et d’arrêter de filer la peur de sa vie à Rogue. Le vampire est en train de le regarder comme s’il était la huitième merveille du monde, ça déstabiliserait n’importe qui. J’espère n’avoir jamais regardé Sirius de cette façon !

- Il y a déjà deux minutes de passé, fait soudain Rogue.

Son intervention sort Tony de sa léthargie.

- J’ignore par où commencer, fait ce dernier.

- Commencez par me dire pourquoi un vampire qui, normalement, ne doit se nourrir que de sang animal, a cru bon d’essayer de m’arracher la gorge.

Je grimace. Il dramatise un peu la chose. Comme Camille était là, j’imagine que l’Appel a été moindre. Tiens, maintenant que j’y pense, comment ça se fait qu’il l’ait ressenti si il y avait Camille pour faire rempart ? A moins qu’elle n’ait été trop loin pour masquer convenablement l’odeur ? Il faudra que me renseigne auprès de Tony.

- Il y a des exceptions à cette règle, répond Tony à Rogue, me tirant de mes interrogations. En général, nous ne nous nourrissons que d’animaux, effectivement, mas il existe ce que nous appelons l’Appel.

Rogue hausse un sourcil, signe de sa curiosité. Tony poursuit :

- L’Appel c’est quand un être humain possède un sang dont les propriétés attirent un vampire. Cet humain est ce qu’on appelle un Calice. Il n’y a qu’un seul Calice pour un seul vampire à travers les âges. Tu es le mien, c’est pour cela que j’ai eu cette réaction l’autre soir. Ton sang m’a appelé.

Je jette un œil sur Rogue. Malgré les explication succinctes, il semble avoir compris le principal, et ça ne lui fait pas plaisir. Il a l’air totalement terrorisé.

- Tu veux boire mon sang ? Fait-il à mi-voix.

- C’est un petit peu plus compliqué. Maintenant que j’ai ressenti le premier Appel, ce ne sera plus aussi incontrôlable. Je pourrais te côtoyer sans te sauter dessus. Je pourrais vivre sans boire ton sang si tu refuses d’être mon Calice. Mais si tu prends la décision de l’être vraiment, ce sera pour l’éternité. Enfin jusqu’à ma mort. Et je rappelle, au cas où, que je suis immortel et difficile à abattre. Mais je te promets qu’en tant que Calice, tu n’auras jamais à souffrir. Calice et vampire sont complémentaires, c’est union parfaite de corps et d’âmes. Tu n’auras jamais meilleur compagnon que moi.

Rogue tique en même temps que moi. Tony a bien dit « compagnon » ?

- Dans quel sens tu emplois le terme compagnon ? Demande Rogue, soupçonneux.

- En tant qu’amant, bien entendu, répond Tony. Un Calice ne nourrit pas que le corps de son vampire, il est aussi son âme sœur, son amant, son meilleur ami, l’amour de sa vie. Et c’est tout aussi valable dans l’autre sens.

D’où je suis, j’entends distinctement le cœur de Rogue se mettre à battre irrégulièrement et frénétiquement. Il est excité à cette idée, mais aussi apeuré. Tout autant que je le suis. Lorsque Lucinda m’a parlé des Calices et de l’Appel, elle n’a jamais laissé entendre que Sirius serait plus qu’un apport de sang. Elle n’a certes, pas dit grand-chose à ce sujet, mais j’aurais préféré.

- Mandy, est-ce que ça va ?

Je relève la tête, surprise par l’interpellation de Tony. Les deux hommes me regardent bizarrement. Tony semble inquiet de mon expression faciale alors j’entreprends de lui expliquer :

- Lucinda n’a jamais fait mention de . . . Sentiments entre le vampire et son Calice. J’ignore tout à ce propos.

Tony fronce des sourcils, puis son visage s’éclaire, comme illuminé d’une idée.

- C’est pour ça ! S’exclame-t-il. Tu refuses les avances de ton Calice, pas parce qu’il te laisse indifférente, mais parce que tu ne voulais pas mélanger sentiments et nourriture, ce qui, à tes yeux, il est seulement !

Mon cœur loupe un battement. Ça, il n’était pas censé le deviner !
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MessageSujet: Re: Love me tonight Love me tonight  Icon_minitimeVen 3 Avr - 11:52

Chapitre 24 : Dernières révélations




J’envoie mon sac valser dans ma valise, je me débarrasse de ma cape que je laisse tomber à terre, puis m’écrase sur mon lit, bras en croix, image même de la lassitude. J’avoue en avoir ras-le-bol de ma vie. Déjà que d’habitude j’ai l’impression de n’avoir aucune emprise dessus, ça devient de pire en pire depuis quelques jours. Depuis l’arrivée de Tony pour être honnête. Depuis qu’il s’est mis en tête de se mêler de ma vie amoureuse. Et que je dois me mêler de la sienne. Je soupire. Finalement Rogue a refusé d’être le Calice de Tony. Un refus catégorique. Ce qui n’est pas une surprise pour moi. Il a argué que partager son sang était l’une des dernières choses au monde qu’il avait envie de faire et qu’il n’était pas un distributeur automatique. Je ne suis pas sûre que Tony est compris cette dernière référence, mais il a tout à fait assimilé l’idée qu’il ne goûterait jamais au sang de son Calice. Ce qui l’a laissé dans un état assez lamentable. Je me retourne sur le dos et fixe les dais de mon lit. J’ai passé toute la soirée et toute la nuit a réconforter Tony. Je ne l’ai laissé que pour aller me nourrir à l’infirmerie. Je ne pouvais pas le laisser pour aller chasser, cela aurait été trop long, et j’ai pu lui ramener de quoi le sustenter.

Nous sommes jeudi matin, et j’ai bien l’attention de sécher entièrement la Botanique dont j’ai déjà raté une demi-heure, pour dormir un peu. J’étouffe un bâillement derrière ma main et me met au centre de mon lit, roulée en boule, les mains contre le visage. Je repense à la tête de Tony quand Rogue a quitté ses appartements sans un regard en arrière. C’était dur, même pour moi. J’ai trouvé ça très cruel, mais Rogue est inconscient du mal qu’il a fait à son vampire. Il n’est pas du bon côté de la barrière, il ne peut pas comprendre.

Je ferme les yeux, tentant d’effacer l’image de Tony de mon esprit. Mais je ne fais que voir son beau visage ravagé par des larmes sanguinolentes. Je ne le connais que depuis peu, mais le voir souffrir me fait horriblement mal. Comment est-ce que j’arrive à me lier aussi facilement aux vampires, alors que durant dix-sept ans de vie, j’ai été une vraie handicapée des relations sociales ? C’est une chose qui m’échappe. Pourtant, Tony et Lucinda me sont si proches. Je les considère comme ma famille. Et je me souviens que Lucinda m’appelait souvent petite sœur. Est-ce que tous les vampires ressentent ce lien ? Je roule sur le dos, m’étire en gémissant. Lucinda me manque. J’aimerais qu’elle soit là pour m’aider, nous aider. Tony est son ami, elle pourrait sans doute mieux l’épauler que moi pour supporter le rejet brutal de son Calice. Est-ce que j’agirais de la même manière, si Sirius refusait d’être le mien ?

Je grogne en m‘allongeant sur le ventre, enfouissant ma tête dans l’oreiller. Il ne faut pas que je pense à Sirius. Mon esprit est trop troublé par tout ce que j’ai appris. Mais une part de moi pense constamment à ce qu’a dit Tony. Plus j’essaye de l’éviter, plus elle s’impose à moi. Soupirant, je décide alors d’y penser convenablement. Sirius est mon Calice. Un Calice n’est pas qu’un apport de sang, il est aussi la personne idéale pour accompagner un vampire tout au long de son existence. Le vampire est aussi le compagnon idéal pour son Calice. Comment expliquer ça à un être humain sans le faire fuir ? Je comprends que Rogue ait pris ses jambes à son cou, surtout que dans son cas, c’est une relation entre hommes. Son vampire aurait été une femme encore, peut-être que . . .

Je presse mes mains contre mes paupières closes. J’aimerais dormir mais j’ai trop de choses en tête. Je n’arrive pas à faire le vide. Et le visage de Sirius n’arrête pas de s’imprimer devant mes yeux, qu’importe ce que je fais. Depuis que je sais . . . C’est comme une torture. Une douce torture. Il est là, dans mon esprit et j’adore ça. Mais il n’est pas physiquement là, et ça me tue. Je voudrais qu’il soit à mes côtés, tout contre moi, qu’il . . .

Je me redresse subitement, lèvres pincés. Il faut que j’arrête de penser ainsi à Sirius. Il n’est qu’un ami, rien de plus, et doit le rester. Je ne veux pas mettre notre relation en péril pour des chimères. J’ai peur de ce qu’il pourrait se passer entre nous. Nous sommes trop différents. Lui est exubérant, moi renfermée. Il est entouré de nombreux amis, je n’en ai qu’une poignée. Il est doué dans ce qu’il fait, je me dois de travailler pour être au niveau. Il est entouré de filles et je . . . Je suis banale, exceptée ma toute nouvelle particularité.

Je me relaisse tomber dans mes oreillers. Je dois arrêter de me torturer de cette manière. Sirius est un ami, un excellent ami, et je refuse de tout gâcher pour un caprice. De plus, perdre Sirius reviendrait à perdre les maraudeurs et je les adore, tous les quatre. Mon préféré est sans doute James. C’est lui qui m’a adopté en premier, il me fait rire, me donne confiance en moi. Puis, Remus, sa douceur et sa gentillesse, sa compréhension. Peter et son sourire facile, sa façon de ne pas juger les autres, la manière qu’il a de redonner le sourire à Camille. Je roule sur mon flanc droit, le cœur gonflé et les larmes au bord des yeux. Depuis quand ai-je autant de chance ? Que dois-je sacrifier pour garder une telle amitié avec ceux que j’aime ? Est-ce que renoncer à l’amour, est le prix à payer ?




O0o0O




Je me réveille en sursaut, alertée par l’odeur de Camille, son parfum chocolat, qui s’installe près de moi. Je jette un œil au réveil dans mon champ de vision, il indique dix heures passés. Le cours de Botanique a dû se terminer, c’est l’heure de la récréation et Camille est venu voir si je suis finalement rentrée. Je roule sur le dos et souris à mon amie qui affiche un air préoccupé et inquiet. J’en perds instantanément mon sourire jovial et je m’assieds. Elle mordille sa lèvre inférieure.

- Cam’ ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Quelque chose ne va pas ?

Subitement, je me demande s’il y a eu de nouveau un mort. Mon cœur s’emballe. Mon créateur a-t-il de nouveau frappé ?

- Camille ? répété-je, de plus en plus inquiète.

- J’ai croisé Tony, fait-elle alors.

Je soupire, rassurée. C’est sûr que vue son état, elle doit être inquiète.

- Ça passera, dis-je. Il ira mieux avec le temps.

Elle acquiesce, mais je sens que c’est quelque chose d’autre qui la turlupine. Je fronce des sourcils.

- Ce n’est pas Tony qui t’inquiète ?

Elle soupire.

- Je crois que tu devrais descendre dans le parc. Tony est en train de parler avec Sirius.

Mon cœur s’arrête de battre l’espace d’un instant, avant de repartir au galop, comme un cheval fou. Camille poursuit :

- Quand je l’ai croisé, il m’a dit ce que tu as appris hier sur les Calices, sur le fait qu’ils ne soient pas qu’un apport de sang, mais aussi un compagnon, comme il dit. Que tu as été surprise, parce que tu ne le savais pas et que tu étais vraisemblablement amour . . .

Elle a à peine le temps de terminer sa phrase, je suis déjà hors de la pièce. Je dévale les escaliers, traverse si vite la salle commune que les élèves présent n’ont pas dû me voir passer et me rends au rez-de-chaussée sans penser à adapter mon allure. Je suis dans le parc en moins de vingt secondes. Arrivée aux pieds de l’escalier, je fais fi du soleil radieux et ferme les yeux pour humer l’air. Très faiblement, je perçois la fragrance de Sirius. Je me dirige vers elle. Je traverse le parc et me rapproche du lac. J’aperçois alors Tony et Sirius en grande conversation, assis sur un banc face au lac. Je me rapproche et Tony se retourne, alerté sans doute par mon odeur.

Je décide de ne pas l’attaquer tout de suite, de peur que mes soupçons s’avèrent infondés.

- Tony, Camille m’a dit que tu étais dans le parc. Tu vas mieux ?

Il acquiesce d’un signe de tête, que je vois à peine. Mon regard est fixé sur Sirius, ses joues rougissantes et son regard fixe, totalement abasourdi. Mes soupçons s’avèrent fondés. Je vois rouge, et ma colère éclate comme une bulle.

- Qu’est-ce que tu as fait ? Hurlé-je au milieu du parc, m’attirant sans doute des regards surpris et faisant s’envoler une nuée d’oiseaux tout proche.

- Seulement lui dire la vérité, répond Tony, très calmement.

- La vérité ? Quelle vérité ? Tu n’avais rien à lui dire du tout ! Ce n’était pas à toi de le faire ! Et je suis assez grande pour prendre mes propres décisions ! Me remis-je à crier.

- Tu n’es pas consciente de la chance que tu as.

Ma colère enfle de secondes en secondes et je comprends tout juste que Sirius jette un sort d’Impassibilité autour de nous, pour éviter que mes cris ne se fassent comprendre de tous, avant d’éclater de nouveau.

- Comment je le pourrais, hein ? Je n’ai pas deux cents ans moi ! Je n’ai pas demandé à être ainsi ! Parler de l’Appel à Sirius, c’était à moi de le faire !

- Mandy, tu . . .

- Reste hors de ma vie ! Reste loin de moi !

Je fais demi-tour en courant. Je suis obligée de garder tête baissée, pour cacher les larmes de sang qui coulent sur mon visage. Je ne sais pas où je vais, ni même si je croise des gens. Peu m’importe, j’ai juste envie, j’ai juste besoin d’être loin, très loin de Tony et de tout le reste. Il n’avait pas le droit de parler de l’Appel à Sirius, il n’avait pas le droit de le faire à ma place. C’est injuste et douloureux. Comment l’a pris Sirius, que pense-t-il maintenant ? Avait-il vraiment besoin de l’apprendre tout de suite ? Il vient à peine de découvrir que je ne suis pas humaine, était-il nécessaire de lui ajouter l’angoisse de savoir son sang désiré par un vampire ?

Je m’arrête soudain de courir et je relève la tête. J’ai pénétré dans la forêt Interdite, assez profondément, puisque les arbres sont très hauts. Je regarde derrière moi. Le cours de Runes a sans doute commencé, mais je n’ai aucune envie de retourner au château. De croiser Sirius. Ou Tony. Pas envie du tout. Alors, je lève une main, attrape une branche basse et me hisse encore plus haut en m’aidant de mes pieds qui poussent sur le tronc. Mes mains agrippent une à une chaque branches qui se présentent, jusqu’à ce que j’en trouve une, solide et épaisse, qui puisse supporter mon poids. Je m’y installe, faisant pendre mes jambes de chaque côté.

Mon regard se porte sur ce qui s’offre à lui. Des arbres à pertes de vue, tous différents les uns des autres. Je laisse ma tête partir en arrière et laisse libre court à ma vraie nature, abandonnant tout faux semblants humains. J’entends alors les animaux qui vaquent à leurs occupations, les bruit du vent dans les feuilles, le bois qui craque, je sens les odeurs de chaque animaux, de la nature, je sens la texture du bois sous ma paume, rugueuse, je goûte sur ma langue le parfum du soleil, sucré et chaud. Il y avait longtemps que je ne m’étais pas laissé aller de la sorte. Ca fait un bien fou. Je fermes les yeux et profite des sensations. Entre les branches de l’arbre, des rayons de soleil passent et réchauffent les parties de moi qu’ils atteignent. Pour plus de confort, je desserre alors ma cravate, ouvre les premiers boutons de ma chemise et me débarrasse de ma robe de sorcière, qui tombe doucement au sol, quelques mètres plus bas.

Soudain, quelque chose craque dans la silence relatif de la forêt. Je rouvre les yeux, les sens en alertes. C’est un pas lourd qui s’avance entre les arbres, vers moi. Et l’odeur est celle de Sirius. Je l’entends même prononcer mon nom, m’appeler. Je le laisse venir, sans bouger, jusqu’à ce qu’il soit sous mon arbre et qu’il ramasse ma robe. Il regarde autour de lui, intriguée, mais ne lève pas la tête. Il m’appelle de nouveau, prononçant mon prénom. Je n’ai jamais compris pourquoi Sirius s’embête à utiliser mon nom en son entier alors que tous ont adoptés mon surnom depuis longtemps.

Bizarrement, Sirius ne bouge pas du lieu où je suis. Comme s’il savait que j’étais là, mais sans savoir où exactement. Je ramène mes jambes sur l’arbre, pose mes pieds sur la branche, entoure mes genoux de mes bras et pose ma tête dans le creux, sans quitter le Gryffondor des yeux. D’où je suis, je peux voir chaque détail de lui. Ses cheveux noirs, mi-longs, dont certaines mèches pendent devant ses yeux, ne parvenant pas à cacher la beauté de ses iris grises. Son menton carré, viril, ses lèvres fines et roses, son nez fin et ses pommettes hautes. Il porte l’uniforme de l’école, la cravate défaite pendant autour de son col, la chemise hors du pantalon et la robe ouverte. Il soupire et passe une main dans ses cheveux, les ramenant en arrière avant qu’ils ne reprennent leur place. Je l’entends prononcer de nouveau mon nom, se demandant où je suis.

Je soupire alors et décide de descendre. Je saute à terre, manière bien plus pratique de retourner à terre que de se laisser glisser le long du tronc. J’atterris si discrètement qu’il ne m’entend même pas, continuant à regarder droit devant lui. Merlin, si je le voulais, je pourrais l‘attaquer. Exactement comme mon créateur l’avait fait avec moi. Mais je suis bien moins sadique que lui. Alors, prenant mon courage à deux mains - ce qui signifie de ne pas s’enfuir en courant et laisser Sirius me chercher dans la forêt alors que je suis au chaud dans mon lit - je fais deux pas en arrière et toussote discrètement pour ne pas lui flanquer la frousse de sa vie.

Il sursaute et se retourne. Je fais un vague signe de la main et tente un sourire que je fais disparaitre bien vite tellement il me semble minable. Je ne sais pas comment réagir. Sirius se contente de me fixer. J’hausse des sourcils, surprise, mais il reste là, les bras ballants à me regarder. Ses yeux me détaillent, comme jamais auparavant, presque avec vénération. Je me souviens alors que j’ai relâché tous mes pouvoirs, et donc, mon charisme aussi. Je remets tout à niveau humain, et retrouve un visage normal. Sirius semble mieux respirer soudain et il me tend ma robe.

- Merci, fais-je en l’attrapant.

- Alors, c’est à ça que tu ressembles . . . En vampire, chuchote-t-il. Tu es magnifique.

Je pose ma robe sur mon bras, rougissante et gênée. Je ne sais pas comment il fait pour arriver à me complimenter avec ce qu’il sait. Un reste de charisme sans doute.

- Tu es blessée ? Me demande-t-il soudain en avançant une main vers mon visage.

Je fais un pas en arrière si vite, que son geste se suspend, puis, il laisse retomber son bras. Je monte alors ma propre main jusqu’à mon visage et caresse ma peau du bout des doigts. Quand je la retire, j’y vois du sang. Je secoue alors la tête.

- Non, j’ai pleuré. Les vampires versent des larmes de sang.

Il acquiesce.

- Je suis désolée pour tout à l’heure, je n’aurais pas dû réagir aussi excessivement.

Sirius hausse des épaules à mes excuses, comme si ce n’était pas important.

- Je me serais aussi énervé si quelqu’un avait fait la même chose avec moi. Mais Tony ne veut que ton bien-être.

Je laisse une exclamation de dédain franchir la barrière de mes lèvres. Sirius ne fait aucun commentaire. Je n’ose le regarder en face trop longtemps, alors je finis par porter intérêt à l’herbe verte.

- C’est quoi, l’Appel dont tu as parlé tout à l’heure ?

Je relève la tête, choquée.

- Quoi ? Mais enfin, Tony . . .

- M’a juste dit que, d’après lui, tu aurais des sentiments pour moi, autre qu’amicales.

Dépassée, je papillonne des yeux.

- Attends, tu veux dire que Tony n’a rien dit à propos de l’Appel ou des Calices ?

Sirius secoue la tête, visiblement intéressée par ce que je dis.

- Non, mais vu l’état dans lequel ça t’a mis de le croire, je te lâche pas tant que toi, tu ne m’en as pas parlé.

Je plaque mes deux mains sur ma bouche, les yeux écarquillés. Oh la gaffe !




O0o0O




Camille éclate de rire, éclaboussant d’eau tout ce qui l’entoure en recrachant ce qu‘elle vient de mettre dans sa bouche. J’arrive à éviter le plus gros du jet, mais reçois quand même quelques gouttes. Les autres la regardent, amusés, tandis que je fais peser sur elle un regard peu amène. Elle continue de rire, les élèves retournent à leurs occupations, et je pince des lèvres. Je sens alors un regard peser sur ma nuque, et je tourne la tête vers la table des professeurs. Le professeur Flitwick me fait signe de venir le rejoindre. Je constate alors qu’il est entouré des professeurs Chourave et Bubbling. Les deux enseignants dont j’ai séché les cours le matin-même. Je ne pense pas que ce soit bon signe pour moi.

Je me lève, prête à recevoir la punition qui s’impose. Arrivée près de mon directeur de maison, je le salue, et attends la suite. Il m’annonce exactement ce à quoi je m’attendais. Il demande en plus une explication, et j’annonce que j’ai eu un souci avec Tony, mentant un peu, mais pas totalement. Cela ne m’empêche pas de récolter quatre heures de retenue samedi matin. Je vais devoir nettoyer les serres trois, quatre et six de fond en combles. Je respecte leur décision, bien que l’angoisse prenne aussi une grande place. Je me souviens assez bien de ce qu’il m’est arrivé, la dernière fois où j’ai été en retenue.

Je retourne m’asseoir. Camille s’est calmée et se régale d’une minuscule part de gratin de pâtes. Agacée, je la ressers, m’attirant un regard tueur.

- Mange, et ne me regarde pas comme ça, dis-je. Je vois que tu as finis de te moquer de moi.

Un sourire étire ses lèvres, mais elle n’éclate pas de rire.

- Tu n’as plus le choix maintenant, tu vas devoir une explication à Sirius.

Je pince des lèvres. Après ma gaffe, je me suis enfuie en courant, seule solution possible à ce moment-là. J’ai dû pas mal le surprendre en disparaissant soudainement de sa vue, mais je m’en moque. Il sait ce que je suis à présent, et il fait avec.

- Loin de moi l’envie de lui expliquer ce qu’est l’Appel. D’ailleurs, je ne comptais pas le faire avant la fin de l’année.

Camille hausse des sourcils.

- Pourquoi cela ?

- Au moins de juin, on quitte l’école. Il n’aurait pas eu besoin de m’annoncer son refus. Je couperai les ponts avec lui après les ASPIC’s de toute manière.

- Quoi ! Mais pourquoi ? S’étonne-t-elle.

- Plus je reste près de lui, plus je m’imprègne de son odeur, et moins j’apprécie de chasser les animaux. Ca va devenir un véritable problème sur le long terme.

Camille mordille sa lèvre intérieure.

- Oui, mais et les autres ? A mon avis, ce sont les maraudeurs ensemble ou aucun d’eux. T’as vraiment envie de tout gâcher ?

Je baisse les yeux. Si je pouvais, je garderais chacun d’eux près de moi. Mais je suis aussi consciente que ce n’est pas possible. Je ne sais même pas si je vais pouvoir rester dans le monde sorcier après Poudlard. Peut-être les vampires exigeront-ils de me voir les rejoindre à Vienne. C’est une chose dont je n’ai pas encore parler avec Camille. Je ne préfère pas la rendre triste, sans être sûre de mes suppositions.

- Bien sûr que non, tu le sais bien, mais la situation est . . .

- La situation est simple, et tu la rends compliqué, m’interrompt mon amie. Honnêtement, va lui parler, explique lui, mets des mots sur ce que tu ressens et attends de voir sa réaction avant de condamner une relation qui pourrait bien voir le jour.

Son regard est tellement sérieux que je ne peux que détourner la tête, pour ne pas avoir à répondre immédiatement. Mes yeux tombent alors sur Sirius, qui mange, l’esprit ailleurs. Ses trois amis restent entre eux, et lui jettent parfois un regard inquiet. J’en déduis qu’il ne leur a pas parlé de ce qu’il s’est passé dans la forêt Interdite, et qu’ils ne savent pas pourquoi il a séché ses deux dernières heures de cours - enfin, s’il en avait. Je regarde de nouveau Camille, et soupire.

- D’accord, capitulé-je. Je vais lui parler. Mais il n’empêche quand même que j’aurais deux mots à dire à Tony ! Je ne sais même pas quels termes il a bien pu employer.

Camille étouffe un sourire derrière une main, et je me lève, résolue à ne pas flancher. Si je dois parler à Sirius, c’est maintenant. Ou jamais. Je m’approche de la table des Gryffondor, fais un signe de main à James, Remus et Peter et pose mon regard sur Sirius. Je prends une grande inspiration.

- Sirius ? Fais-je en attirant son attention. Si tu veux parler de ce qu’il s’est passé tout à l’heure, c’est maintenant.

Il affiche un air surpris, puis décidé, et se lève de table pour me suivre. Je nous envoies assez loin de la Grande Salle pour pas qu‘on puisse nous entendre, dans un couloir attenant, avant de m’adosser au mur, les bras croisés dans le dos. Je n’ose pas le regarder, préférant admirer les dalles du sol.

- Bon, l’Appel, c’est un truc propre aux vampires, commencé-je. Tu te souviens que nous ne buvons que du sang animal ?

Je redresse la tête, juste le temps de le voir acquiescer, avant de baisser de nouveau mon regard et de poursuivre.

- L’Appel est l’exception à cette règle. L’Appel, c’est lorsque le sang d’un être humain donne soif à un vampire. C’est un cas unique, à chaque être. Pour chaque vampire, il n’y a qu’un seul Appel. Cet humain dont le sang attire le vampire, c’est ce que nous appelons un Calice. Le problème avec les Calices, c’est qu’une fois que nous avons goutés à leur sang, il nous est quasiment impossible de chasser de nouveau des animaux. J’imagine que ça doit être comme une sorte de drogue. En bref, quand un Calice accepte de donner son sang à un vampire, c’est pour toujours, jusqu’à la mort du vampire. Et, malheureusement, dans mon cas, c’est toi le Calice.

Je tais tout le passage sur le compagnon. Je pense lui faire suffisamment peur avec cette histoire de sang pour ne pas vouloir en rajouter une couche tout de suite. Je redresse ensuite la tête pour voir sa réaction. Il n’affiche rien d’autre que de la décontenance, ce qui semble assez logique. Mais au moins, il me regarde, il ne se dérobe pas à mon regard. C’est peut-être une bonne nouvelle.

- Calice, murmure-t-il. Alors, tu . . . Enfin, j’imagine que c’est grâce à mon odeur que tu sais que je suis ton Calice, puisque tu ne m’as jamais . . . mordu.

J’acquiesce.

- Et depuis quand tu le sais au juste ?

- Le début, à deux ou trois jours près.

Il ouvre de grands yeux ronds, se décolle du mur auquel il était adossé en face de moi, et s’approche.

- Attends, tu veux dire que ça fait cinq mois que tu le sais ?

J’acquiesce.

- Et accessoirement, ajouté-je, histoire qu’il sache l’entière vérité, c’est aussi le temps que j’ai passé à éviter de te sauter à la gorge. Mais j’avoue qu’avec le temps, c’est plus simple. Une part de moi attend ton accord. Je ne pense pas pouvoir te mordre sans ça.

Il acquiesce, soudainement plus rassuré.

- Et c’est pour ça que tu en voulais à Tony quand tu as cru qu’il m’en avait parlé ?

J’évite son regard. Comme c’est pas exactement à cause de ça, je décide de lui dire toute la vérité sur les Calices, histoire qu’il soit fixé une fois pour toutes.

- Pas seulement. Je n’ai pas fini sur l’Appel. Un Calice n’est pas seulement un apport de sang, c’est aussi un compagnon de vie. D’après ce que m’a dit Tony hier soir, le Calice est tout ce qu’il faut pour son vampire, ami et . . . Amant.

J’ai buté sur le dernier mot. Réaction que je considère normale. Quant à lui, il semble encore plus surpris que tout à l’heure. Normal aussi. Il recule légèrement, cligne des yeux à plusieurs reprises. Je savais bien que cette dernière donne allait le faire fuir. Ce n’est pas pour rien que je ne voulais rien lui dire. Et en plus je ne sais pas ce que Tony lui a dit exactement ce matin.

- Et, heu, qu’est-ce que Tony t’a dit exactement tout à l’heure ?

- Que . . .

Il semble un peu gêné.

- Que tu es amoureuse de moi.

- Qu . . . Quoi ! M’écrié-je, offusquée. Non mais, c’est . . .

Je n’arrive même plus à trouver mes mots. Peut-être parce que je ne sais pas si c’est le cas ou pas. Il est vrai que depuis que je sais pour le côté « compagnon » du Calice, j’ai du mal à faire la part des choses. Je considère Sirius comme un excellent ami, mais je ne serais pas contre un changement, voir si notre relation peut évoluer en quelque chose de différent.

- Il ne faut pas croire tout ce que peut dire Tony. Il est un peu déboussolé en ce moment, fais-je alors.

Sirius a l’air de s’en fiche comme de sa première paire de chaussettes. Il s’approche et se penche vers moi, l’air décidé. Il ne va quand même pas faire ce que je crois ? J’hésite entre attendre pour voir et m’enfuir en courant. Mais je n’ai pas vraiment pas envie de partir. Alors je le laisse m’embrasser. Je ne constate qu’une seule chose, qu’il a les lèvres douces. Puis, c’est comme un feu qui prendrait vie au cœur même de mon être et je m’accroche désespérément à sa nuque, me plaque tout contre lui et l’embrasse sauvagement. Ça n’a pas l’air de le déranger, ce serait même plutôt le contraire puisqu’il me colle contre le mur et se presse ardemment contre moi.

Ses lèvres quittent alors ma bouche pour dériver dans mon cou. Il défait ma cravate et déboutonne les premiers boutons de ma chemise pour avoir un accès plus facile, et je passe mes mains dans ses cheveux. Ils sont aussi doux qu’ils en avaient l’air. Je descends les mains le long de sa nuque et sur le haut de son dos. Les baisers qu’il dépose dans mon cou me font un effet incroyable. Mes mains quittent son dos pour passer sur son torse et sa tête remonte jusqu’à mon visage pour m’embrasser de nouveau. Sa langue tente alors de se frayer un chemin jusqu’à ma bouche, ce que je lui accorde avec plaisir. Il glisse une jambe entre mes cuisses, et je baisse mes mains pour écarter les pans de sa robe et soulever sa chemise. Mes doigts rentrent en contact avec son ventre et frôle la ligne duveteuse de ses poils.

- J’ai mis la pierre de lune, mais je ne suis pas sûre de ce que j’ai marqué.

J’écarquille les yeux soudainement, au moment où Sirius fait de même et nos lèvre se séparent. Qu’est-ce que . . . ? Je repousse violemment Sirius. Peut-être un peu trop car il se retrouve à percuter le mur opposé. Nous échangeons un regard abasourdi. Merlin, qu’est-ce qu’il nous a pris ? Jamais je ne m’étais jeté sur un garçon de cette manière. Jamais avec autant de passion. C’est tout à fait inhabituel. Et sans l’intervention des deux filles qui passent entre nous, qui sait jusqu’où nous aurions été. A l’air qu’affiche Sirius, lui aussi ne s’était pas attendu à cela. Je ferme les yeux brièvement, attendant que les deux filles disparaissent du couloir. Puis je m’enfuis en courant. Ça me semble la meilleure des solutions.
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